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Le F-Haine n’est pas l’adversaire de l’UMP/PS mais son pire sous-produit

mercredi 16 octobre 2013, par Robert Paris

Edito – Le F-Haine n’est pas l’adversaire de l’UMP/PS mais son pire sous-produit

L’élection cantonale de Brignolles remportée par le FN de Mme Le Pen serait selon cette dernière le son de trompette de victoire du premier parti de France qui prétend être celui qui exprime la colère sociale. Il y a loin de la coupe aux lèvres et cependant le risque, en période de crise du capitalisme, qu’un parti d’extrême droite canalise le mécontentement est bien réel. Même si la comparaison lui déplairait, Le Pen ne fait ainsi que suivre la méthode des partis intégristes du monde arabe qui sont eux aussi une réponse d’extrême droite rigoriste, moraliste, nationaliste extrême, raciste même. Et, dans le monde arabe comme en Europe, les partis d’extrême droite prospèrent en surfant sur la révolte qui monte. Mais, pas mieux que les intégristes, les fascistes français ne sont porteurs de la moindre solution car ils cautionnent exactement le même système. N’en déplaise aux discours de Le Pen, la France ne vit pas sous le « système de l’UMPS » mais sous le système capitaliste. Et c’est ce système qui s’est effondré en 2007-2008. Comme UMP et PS, elle prétend avoir une solution nationale à un problème international : le système a atteint ses limites et ne peut plus qu’être soutenu à coups de subventions d’Etat. Qu’y peut madame Le Pen : absolument rien. Elle ne propose nullement de sortir du capitalisme ! Et pas même de faire payer aux capitalistes les frais de leur crise. Le repli sur soi, la sortie de l’Europe et de l’euro qu’elle propose ne seraient nullement une manière pour les couches populaires de cesser de payer la crise. Sans parler de faire repartir l’économie… française seule ! Quand les trusts licencient comme à PSA ou Air France, que propose Le Pen ? Interdire les licenciements ? Pas du tout ! Quand les patrons, sous prétexte de compétitivité, attaquent les emplois, le code du travail, le CDI, la charge de travail, les salaires, que propose Le Pen ? Rien du tout. Ce n’est pas les patrons qu’elle dénonce, c’est les travailleurs sous prétexte de dénoncer les syndicats. Alors d’où vient son petit succès actuel sinon du dégoût des autres partis politiciens et du fait qu’elle n’a pas eu à se discréditer au pouvoir puisqu’elle n’y participait pas.

Mais les partis de droite et de gauche ne font pas que donner des voix au FN parce qu’ils sont incapables, corrompus, et autres qualités diverses mais parce que leur discours lui-même et leurs actes ne font que prétendre lui donner raison. Gauche comme droite affirment face à la crise mondiale que leur solution, c’est « la France d’abord ».

Gauche comme droite font dans le sécuritaire, dans le plus de flics, plus de répression, plus de discours anti-Roms, plus d’expulsions d’immigrés, fabriquer plus d’irréguliers pour ensuite les dénoncer et les virer, y compris les lycéens sans papiers comme vient de le faire Valls, le principal pourvoyeur de voix au FN.

Chaque intervention de Valls dans les média est du pain béni pour Le Pen car il crédite à lui tout seul tous les mensonges du FN… Et ce n’est pas la droite d’Estrosi, tout aussi haineuse contre les étrangers, contre les Roms, contre les immigrés, qui va empêcher cette dérive des opinions d’extrême droite en France… C’est un politicien centriste UDI qui a été jusqu’à déclarer qu’Hitler aurait dû en finir avec le génocide des Roms. C’est dire comme la peur sociale, la décomposition de la société bourgeoise due à ses propres crises peut entraîner une décomposition morale d’une grande partie de la population, entraînant même ses scories puantes dans la classe ouvrière.

Et Le Pen a beau jeu ensuite de leur répliquer que les électeurs n’ont qu’à préférer l’original à la copie, tant il est évident que Valls-Estrosi sont seulement des pâles copies du fascisme de Le Pen.

Ce n’est pas spécialement en France mais dans le monde entier que les classes dirigeantes aimeraient bien détourner la colère sociale vers la haine des étrangers. On vient de voir comment à Moscou le pouvoir a organisé une ratonnade de masse contre les immigrés arrêtés et frappés par milliers après une chasse à l’homme soi-disant spontanée organisée par les nazillons locaux relayés par les forces de police sous le seul bruit qu’un assassinat aurait été causé par un « non-slave ». Ce genre de joyeusetés pourrait un jour être le résultat de la propagande sur les soi-disant crimes des « non-européens ». Comme s’il n’y avait pas aussi des criminels européens… ou slaves !

Orchestrer la haine contre les étrangers, Japon et Chine n’ont fait avec violences l’un contre l’autre avec des flambées de fascisme que l’on n’avait pas vues depuis longtemps. Voilà l’effet de la crise capitaliste que les classes dirigeantes préfèrent mille fois aux risques d’une vague révolutionnaire démarrée dans le monde arabe et au Maghreb.

Ceux qui s’indignent des excès violents des adeptes de la charia ne voient même pas qu’ils entonnent un discours qui le pendant de la charia, le discours d’exclusion symétrique fondé sur les mêmes discours démagogiques. Pour les uns le « non-européen » est cause de tous les malheurs et pour l’autre c’est l’européen. Pour l’un c’est le Musulman et pour l’autre c’est le non-Musulman !

Dans les deux cas, les peuples qui s’engouffrent dans ces impasses sanglantes se préparent des avenir qui ne le sont pas moins.

L’Europe n’est nullement à l’abri d’inventer à nouveau, après Mussolini, après Hitler, après Franco, après Salazar et les fascistes grecs ou après Pétain, ses charias à la mode européenne. Il suffit de voir monter à nouveau les haines entre catholiques et protestants en Irlande, entre flamands et wallons en Belgique. Il suffit de voir toute l’Europe de l’Est recommencer des pogromes violents contre les Roms.

Mais, n’en déplaise à toutes les extrêmes droites, à les intégristes, religieux ou pas, racistes ou pas, n’en déplaise à tous les politiciens, l’ennemi n’est pas le voisin, l’ennemi n’est pas le travailleurs d’à côté. Celui qui licencie, qui exploite, qui opprime, celui qui est en train de détruire toute la société n’est pas l’étranger mais le capitaliste et d’abord le trust ou la banque du pays lui-même. Et c’est aussi le gouvernement du pays lui-même.

C’est l’Etat français qui détruit les emplois publics en France. Ce sont surtout les patrons français qui détruisent les emplois en France. C’est un comble qu’il faille le rappeler alors que cela crève les yeux ! Air France, Total, PSA, Renault, les banques françaises suppriment massivement des emplois et ils n’appartiennent pas à des capitalistes indiens ni américains ou allemands !

Tous les politiciens essaient de cacher la responsabilité des classes dirigeantes sous des questions de nationalité. Ils prétendent que les travailleurs étrangers nous volent nos emplois mais il est presque comique de constater que partout dans le monde, ils tiennent le même discours car partout dans le monde, l’économie est la même économie mondiale sans avenir, sans perspective et tenue seulement par des ficelles artificielles des aides d’Etat.

Alors, si le code du travail, si les retraites, si les emplois, si les services publics, si le logement, si l’éducation, si la recherche sont menacés ici, ce n’est pas à cause des immigrés, ni des Roms ou des Musulmans mais à cause de la fin du capitalisme à laquelle nous assistons. Et la seule perspective porteuse d’avenir n’est pas de nous jeter contre les autres peuples, mais de nous préparer à remplacer le capitalisme failli par le pouvoir aux travailleurs. Fondamentalement, la cause réelle de la crise des années 2000 est la limite donnée au développement par la propriété privée des moyens de production et celle-ci ne portera pas plus avant la société humaine car elle empêche le développement économique du capitalisme lui-même. Voilà la raison objective qui poussera inévitablement la classe ouvrière à mettre en place la propriété collective des moyens de production.

C’est seulement si la classe ouvrière se détourne de son rôle historique que les partis nazis redeviendront une menace mortelle... Qu’ils soient issus de la gauche comme Mussolini-Valls, de la droite comme Pétain-Estrosi ou de l’extrême-droite comme Le Pen-Hitler.

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