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Pourquoi le capitalisme s’autodétruit de manière irrémédiable et pourquoi il est inutile de chercher à le réformer

jeudi 31 octobre 2013, par Robert Paris

Pourquoi le capitalisme s’autodétruit de manière irrémédiable et pourquoi il est inutile de chercher à le réformer

Ce ne sont pas les travailleurs, ni ceux des USA ni du reste du monde, qui ont causé l’effondrement du capitalisme en 2007-2008, aux USA puis dans le monde, avec notamment la crise en Europe. Ce ne sont pas non plus les milieux populaires et pas même les milieux de la petite bourgeoisie qui en sont la cause. Non ! C’est le grand capital lui-même qui a scié la branche sur laquelle il était assis. C’est lui qui a produit la déstabilisation économique et ses conséquences sociales et politiques. C’est lui qui progressivement déstabilise le monde et détruit l’économie et la société.

Ce ne sont pas les travailleurs qui ont empêché toute véritable reprise économique. C’est le fonctionnement du système lui-même et ce malgré les interventions massives des Etats et des banques centrales. Ce qui empêche tout redressement et toute réforme, ce n’est nullement un groupe marginal ou un mécanisme accessoire du capitalisme mais son fondement même : la nécessité pour les capitaux privés de rechercher le profit maximum. C’est cette seule force, la même qui a conduit pendant des années à produire sans cesse davantage, à bâtir plus d’usines, à employer plus de salariés en capitalisant la plus-value extraite de leur travail, qui le conduit aujourd’hui curieusement à faire exactement l’inverse. On parle beaucoup de titres toxiques, d’investissements pourris, de tous types de subprimes et d’achats de titres de dettes publiques et privées. C’est dans ce domaine que le capital privé peut espérer faire le maximum de profit. Et c’est en retirant ses capitaux de l’investissement productif qu’il devient destructeur pour le système lui-même. En effet, le fondement de la création de richesses n’en reste pas moins la plus-value extraite du travail humain. Et plus les capitaux privés se retirent de la production, plus cette production de richesses se trait. Les échanges, les prêts financiers permettent de répartir la plus-value mais pas de la produire. La source qui enrichissait le capitalisme se tarit donc progressivement et sans l’intervention des Etats et des banques centrales, elle serait déjà complètement tarie.

Certes 2007 est très loin d’être la première crise capitaliste du monde et même loin d’être la première crise mondiale. Le système en a connu de multiples et de toutes sortes de gravité, ce qui amène bien des gens à penser que le fonctionnement trouvera certainement une issue.

Pourtant, de nombreux indices nous amènent à penser que cette fois c’est différent. Il ne s’agit pas d’une crise parmi tant d’autres. Ce n’est pas juste une crise grave. Ce n’est pas simplement une crise dangereuse. Tâchons de partir des constats de la situation pour comprendre ce qui se passe….

Nous constatons que, depuis 2007, il n’y a pas de reprise alors que les injections de capitaux publics à eux seuls représenteraient en nombre un effet de reprise. Certes, cette intervention des Etats et des banques centrales a sauvé tous les trusts, toutes les grandes assurances et toutes les grandes banques. Mais justement cela nous montre déjà que nous ne sommes pas dans une « simple » crise. Le mécanisme même des crises consiste à réguler un fonctionnement aveugle en supprimant, de temps à autre, les « canards boiteux » en faillite. Jamais, dans aucune crise capitaliste, on n’a sauvé des trusts, des banques, des assurances et des financiers sous le slogan « trop gros pour chuter ». Au contraire, dans les crises capitalistes précédentes, c’est leur chute qui a permis au système de retrouver son fonctionnement dynamique après une phase de récession. Ce que nous connaissons aujourd’hui n’est pas une phase de récession après une série de faillites. S’il y a faillite, ce n’est pas celle de quelques entreprises, de quelques pays, de quelques secteurs, c’est la faillite générale. C’est très différent et il convient de se demander pourquoi.

Autrefois, on nous expliquait que l’Etat devait laisser faire l’économie, que son rôle n’était pas de sauver les fameux « canards boiteux », non pas au nom de l’idéologie du libéralisme mais du caractère implacable et incontournable des lois économiques du capitalisme. Comment se fait-il que l’action des Etats soit capable (ou le prétende) d’empêcher le fonctionnement des lois du système ? Bien entendu, elle ne le peut toujours pas. Le capitalisme a toujours les mêmes lois et, si les Etats s’en libèrent, c’est uniquement pour faire durer la situation, pas parce qu’ils ont réussi à créer un nouveau fonctionnement du capitalisme libéré de ses propres lois ! Si, en 1929, les Etats ne pouvaient pas sauver les banques et les trusts qui chutaient lamentablement, ce n’est pas parce que les gouvernants étaient moins avisés qu’aujourd’hui.

Nous constatons d’abord que, six ans après la chute, la banque centrale américaine, la FED, affirme elle-même qu’il n’est toujours pas possible d’arrêter les injections massives et mensuelles de capitaux publics sous peine de risques systémiques. Et la politique de la FED dicte celle des autres banques centrales du monde… Sans ces milliards de dollars, très vite, le capitalisme ne serait plus qu’un lointain souvenir.

Nous constatons que tous les trusts, toutes les assurances, toutes les bourses, toutes les banques contiennent aujourd’hui essentiellement des investissements issus de capitaux publics et non de capitaux privés, situation qui ne s’est jamais produite, même de 1929 à la deuxième guerre mondiale ni pendant la reconstruction de l’après-guerre malgré des interventions massives de l’Etat du New Deal de Roosevelt à la politique économique étatique dictée par Hitler ou le Japon. C’est une première. Sans ces capitaux publics, toutes les grandes entreprises capitalistes du monde seraient aujourd’hui à terre… Si les Etats et les banques centrales retiraient brusquement leur argent des trusts automobiles, sidérurgiques, des banques et des bourses, il n’en resterait pas même les ruines ! S’ils cessaient de financer à fonds perdus le secteur du Bâtiment, des trusts pharmaceutiques (sur le dos de la Santé), de l’informatique et du nucléaire, ils s’écrouleraient irrémédiablement et on n’en entendrait même plus parler ! Et ces interventions étatiques ou centrales vont à contre-tendance économique. Elles sont contre-profitables. C’est pour cela que les capitaux privés s’en détournent alors qu’auparavant elles se jetaient sur tous ces investissements productifs.

On peut se dire que si ces Etats agissent ainsi, c’est qu’ils espèrent redresser le système et le relancer mais c’est complètement erroné. Cette intervention a, au contraire, l’effet inverse. L’essentiel de l’argent des Etats et des banques centrales permet de racheter les titres pourris, de payer les intérêts des dettes privées et publiques, donc rend encore plus rentable l’investissement dans les titres pourris et le désinvestissement du capital productif…

Il est remarquable que Bush ait été accusé par son propre camp, par le parti républicain, de communisme lorsqu’il a lancé le plan Bush-Paulson qui revenait à commencer de mettre toute l’économie privée sous contrôle d’Etat. Depuis, les plans du même type se sont multipliés et l’Automobile n’est plus le seul secteur, avec les banques, à être entièrement aux mains de l’Etat. On peut considérer que l’économie mondiale est étatisée pour l’essentiel, même si le pouvoir reste aux mains de pro-capitalistes et même à cause de cela. Nous constatons que ce ne sont pas des hommes politiques étatistes qui ont décidé ces interventions massives des Etats mais, au contraire, des libéraux comme les Bush ou les dirigeants anglais, japonais ou allemands… Obama n’a pas agi différemment ni Hollande différemment de Sarkozy. Ce n’est pas un manque d’imagination politique ou économique mais parce que la situation dicte de manière impérieuse la politique.

Bien entendu, ni Bush ni Obama, pas plus que Sarkozy ou Hollande ne sont communistes quand ils interviennent dans l’économie. Ils ne croient pas que les capitaux publics puissent faire fonctionner le système à la place des capitaux privés. Ils ne visent pas à retirer de l’argent des capitalistes ni leur enlever la mainmise sur la société. Ils visent, au contraire, à casser par avance tout développement de la lutte des classes. S’ils laissaient faire « les lois aveugles de l’économie capitaliste », comme ils l’avaient toujours plus ou moins fait auparavant, on ne reparlait plus du capitalisme que comme un vieux souvenir d’une société balayée par l’Histoire. L’effondrement de 2007, sans intervention des Etats, aurait donné l’équivalent de la révolution du monde arabe mais à l’échelle mondiale et dirigée par le prolétariat mondial. C’est ce spectre qui hante aujourd’hui la classe capitaliste et les gouvernants. Ils se servent des interventions étatiques pour retarder l’effondrement et profiter du délai pour semer les ferments de guerre entre les civils afin de détourner des risques de la guerre civile révolutionnaire des opprimés contre les oppresseurs capitalistes.

Et l’intervention des Etats, si elle est dictée par l’économie, est avant tout politique. Elle vise des buts politiques de classe de fond, c’est-à-dire de préserver l’avenir même des classes dirigeantes.

On ne peut parler encore de capitalisme qu’au sens où c’est toujours la même classe dirigeante qui reçoit les profits mais ceux-ci sont de plus en plus uniquement ponctionnés directement sur la population et non produits par l’expansion de l’échelle de la production et des échanges. Le capitalisme s’autodétruit…

Le capitalisme avait consisté en l’appropriation privée des moyens de production, permettant l’appropriation privée de la plus-value extraite du travail humain. Le succès de ce système l’a porté à de nombreuses avancées économiques. Depuis les années 2000, ce système a atteint ses limites et il ne se maintient plus que par des méthodes totalement artificielles, des méthodes mondiales à la Madoff, de cavalerie financière, non pas privée comme un Madoff, mais publique et générale, mondiale.

Quelle peut bien être l’utilité des interventions étatiques financières massives ? Aider l’économie ? Faire repartir la machine productive ? Relancer l’activité ? Remettre en fonction le système ? Ces sommes colossales qui inondent les marchés font exactement l’inverse : elles permettent au capital privé de participer profitablement à des investissements dans les dettes, dans les montages purement financiers, dans la titrisation des destructions économiques, monétaires ou financières, miser sur la chute et non sur le développement. Car les interventions d’Etat maintiennent la rentabilité de toutes ces opérations de peur que la non-rentabilité de celles-ci emportent le tout… Ces investissements, qui sont ainsi sécurisés momentanément par les Etats, ne se déversent nullement à un moment donné dans la production, contrairement à ce qui se passait quand le système fonctionnait, même à ses pires moments de crise. Ces types d’investissements nécrophiles (nécrophages qui se nourrissent de tout ce qui décline et meurt et qui produisent et propagent la mort – donc propagateurs de nécrose) se développent et empêchent toute relance sérieuse des investissements productifs. Le capital nécrophile a succédé au capitalisme misant sur le développement industriel, l’accumulation du capital fondé sur l’exploitation du travail humain.

En fournissant des profits de plus en plus importants aux investissements non productifs, les Etats ne font que rendre la fin du système plus irrémédiable. Par contre, ils retardent l’effondrement social et politique pour profiter du délai afin de casser le moral des travailleurs.

Pendant ce temps, les classes capitalistes et les gouvernants ne sèment pas des investissements productifs d’avenir : ils sèment la haine partout parmi les peuples, les dressant les uns contre les autres pour que la colère ne se tourne pas contre les classes dirigeantes et les Etats à leur service.

La raison de ce choix est le fait que le système n’a pas une simple maladie soignable, un défaut qu’il s’agirait de redresser, une réforme difficile à mettre en œuvre. Il n’est pas en recul ou momentanément affecté. Au contraire, le capitalisme a connu son plus grand succès. Il a ainsi atteint ses limites au point qu’il est passé de la spirale ascendante à la spirale descendante.

Détourner le prolétariat de la voie révolutionnaire, c’est d’abord le lancer dans toutes les croyances absurdes sur la possibilité de réformer, c’est ensuite diviser la classe ouvrière en multiples catégories opposées. Cela consiste à faire croire qu’il faut s’accrocher chacun à son emploi, chacun à son travail, chacun à son entreprise, à son site, à son secteur de production, à son patron, à son pays, à sa nationalité, à son gouvernement. Et, pendant ce temps là, les classes dirigeantes aidées par les gouvernants font campagne pour semer des ferments de haine entre prolétaires, entre peuples, entre régions, entre religions, entre hommes et femmes, entre jeunes et vieux, entre nationaux et immigrés, entre réguliers et sans papiers, entre public et privé, entre contrats précaires et non précaires, entre salariés et chômeurs et on en passe…

En 2007, Greenspan, directeur de la banque fédérale américaine, la FED, déclarait : « j’ai vue un abime s’ouvrir sous nos pieds ». L’abime est plus grand que jamais et s’ouvre sans cesse plus, et à mesure les Etats agrandissent la taille de la bâche chargée de couvrir le trou. Nul ne peut dire quand l’ensemble s’écroulera mais, comme à Fukushima, ce n’est qu’une question de temps.

Certains se diront : le capitalisme qui coule, c’est une catastrophe assurée pour tous les travailleurs : quand une entreprise déjà coule, c’est les salariés qui trinquent. Bien sûr, cela ne veut pas dire que les lendemains vont être faciles. Mais c’est la chance de léguer à nos enfants et petits enfants un monde libre. Aujourd’hui, nous sommes toujours des esclaves, des prolétaires. Certes, on pouvait l’oublier si on vivait depuis longtemps dans un pays où un salarié en fixe avait une vie à peu près potable. Du jour au lendemain, on peut nous reprendre ce que l’on croyait avoir gagné définitivement : une vie juste correcte. Mais, même là où l’exploitation pesait le moins dur, nous n’étions que des prolétaires et n’avions que nos chaînes et nos illusions à perdre. Nous n’avons rien à pleurer de la fin du système d’exploitation. Que le système meurt, ce n’est pas notre société qui meurt, la société humaine. Dans les pays les plus riches, parmi les travailleurs un peu mieux traités, on a pu croire que cette société était la nôtre mais la situation ne fera que révéler chaque jour davantage que cela n’a jamais été vrai. On a pu croire qu’il y aurait un développement continu des richesses, du bien-être et de la démocratie mais cela est faux : la propriété privée des moyens de production ne permet pas un tel développement illimité. Il y a une limite à la capitalisation des profits et elle est atteinte. L’existence d’un capitalisme dynamique est de l’histoire passée. Comme les plus grands arbres ne croissent pas jusqu’au ciel, le capitalisme a lui aussi ses limites. Il n’est ni éternel ni ne peut croitre indéfiniment du fait des limites qu’imposent la capitalisation privée des profits.

Le but de la politique des gouvernants n’est nullement de relancer l’économie, nullement de sauver le système économique, nullement de retrouver la croissance, nullement de permettre aux capitaux privés de retrouver leur rôle économique dynamique, nullement non plus de sauver les emplois, d’aider les peuples à retrouver la sécurité et le bien-être. Toutes ces fables doivent être démontées. Le but est seulement d’entraîner le prolétariat dans le même gouffre que le capitalisme lui-même. C’est un but social et politique.

Inversement, les prolétaires doivent ne pas se contenter de se défendre sur le terrain économique mais se battre sur le terrain social et économique, en contestant pied à pied chaque orientation politique de la bourgeoisie. Cela suppose de relier le sort des travailleurs d’un pays à celui des travailleurs du monde. Cela suppose de relier le sort des travailleurs de toute entreprise à celle des autres travailleurs. Cela suppose de relier les luttes des chômeurs et des salariés. Cela suppose de donner un caractère politique aux luttes ouvrières. Et ce caractère politique consiste fondamentalement à dire : si la classe capitaliste n’est plus capable de gérer la société, si elle n’a plus d’avenir à offrir à la jeunesse, si elle ne propose aux peuples que misère et dictature, le prolétariat, lui, a toutes ses capacités et peut parfaitement offrir une alternative dans laquelle ce sont les banques, les trusts et les financiers qui soient sacrifiés définitivement aux intérêts unis des prolétaires et des couches intermédiaires sacrifiées elles aussi par la grande bourgeoisie. Ce qui a manqué ces dernières années, ce n’est pas les promenades et les journées nationales syndicales, ce n’est pas les promesses politiciennes et la recherche éternelle d’un sauveur politicien. Ce qui a manqué, c’est que la classe ouvrière affirme ses propres perspectives comme dirigeante de toute la société. L’incapacité des classes dirigeantes rend indispensable que la classe ouvrière s’affirme comme une future classe capable de diriger toute la société. La seule chose qui peut l’y préparer, c’est qu’au travers des crises sociales et politiques qui ne vont pas manquer dans cette phase d’effondrement général, elle s’auto-organise et se dirige elle-même, qu’elle décide aussi elle-même de ses orientations, sans accepter aucune mainmise par des partis et des syndicats liés au système, aux classes dirigeantes et au gouvernement.

Que le capitalisme ait atteint ses limites n’est nullement une mauvaise nouvelle. Bien sûr, cela ne signifie nullement que le socialisme va arriver tout seul sans l’intervention spontanée et auto-organisée (soviets) des prolétaires, ni sans une lutte politique consciente et organisée des révolutionnaires (deux éléments aussi indispensables l’un que l’autre – inutile de séparer l’un des deux éléments de la dialectique de l’intervention révolutionnaire du prolétariat, l’élément spontané et l’élément conscient). Mais le premier des éléments d’une situation révolutionnaire – que la classe exploiteuse ne parvienne plus à faire fonctionner son propre système – est d’actualité. L’occasion historique est là : aucun révolutionnaire ne peut pleurer avec les réformistes ou les centristes en se plaignant que les travailleurs et les milieux populaires en pleine plein la figure. Il n’y a pas de révolution dans les périodes calmes : inutile de se plaindre que la période soient aux coups, apprenons seulement à les rendre. Inutile de se plaindre aussi des montées de la contre-révolution qui accompagnent les montées de la révolution aussi immanquablement que dans toutes les époques du passé. L’alternative n’est pas réforme ou recul mais révolution ou contre-révolution sociale. Tout courant qui prétend qu’on doit se faire entendre des classes dirigeantes, qu’on doit juste montrer notre force agit en ennemi du prolétariat. Aujourd’hui, les prolétaires se retrouvent devant une situation historiquement nouvelle qu’ils vont progressivement apprendre à connaitre : celle où les luttes économiques sont dépassées et où toute lutte efficace doit devenir une lutte à mort contre le système. Chaque combat doit y préparer. Chaque revendication doit élever le prolétariat à cette conscience. Il ne s’agit pas de lutter pour une amélioration économique, pour éviter que les capitalistes s’enrichissent sur notre dos. Il s’agit d’une lutte à mort entre un système qui menace de nous enterrer avec son Titanic qui coule et des passagers qui refusent d’être engloutis. C’est une lutte de classe politique. On conçoit dès lors que l’analyse de la crise actuelle soit fondamentale et indispensable pour apprécier le sens et les moyens des combats du prolétariat. La nécessité de l’auto-organisation des prolétaires en collectifs, conseils, comités, assemblées générales, coordinations, etc., provient du fait que la lutte revendicative doit se transformer sans cesse en lutte politique, doit franchir sans cesse les limites de la légalité bourgeoise, doit franchir sans cesse les barrières de la propriété privée, doit s’affranchir de toutes les barrières des institutions de la bourgeoisie à commencer par celles derrière lesquelles ont enferme les luttes ouvrières, celles des centrales syndicales réformistes et celles derrière lesquelles on enferme l’intervention politique du prolétariat, celles du parlementarisme dit démocratique. Vive l’intervention directe des travailleurs ! Vive l’auto-organisation des prolétaires ! Vive la perspective du renversement de toute exploitation et de toute oppression dont les conditions objectives sont maintenant réunies ! Tous ceux qui appellent le prolétariat à pleurer sur ce qu’il est en train de perdre avec la période calme du capitalisme n’ont aucune vocation à développer une perspective dans les situations qui viennent. Vive la mort du capitalisme et vive la vie de l’humanité libérée de ce système d’exploitation et d’oppression ! A mort le pessimisme des politiques qui regardent vers le passé avec regret ! Assez des pleureuses qui voient dans le prolétariat une classe qui ne fait que souffrir, que prendre des coups, que payer et se faire battre, alors que c’est une classe d’avenir que les anciennes classes dirigeantes craignent avec raison ! Assez des discours dans lesquels on prétend donner des solutions aux travailleurs à leur place, alors que la solution, c’est justement le prolétariat révolutionnaire organisé lui-même !

Messages

  • Encore un texte qui éclaire sur la situation, qui donne des perspectives révoutionnaires, qui permet de comprendre les enjeux de la période.

    En effet, le système se mord la queue. Il fait payer aux travailleurs les frais de ses contradictions, cherche à leur casser le moral pour éviter une crise révolutionnaire. La crise peut être profonde, systémique, mais les dirigeants ne lâcheront pas le pouvoir, ne lâcheront rien, quitte à nous entrainer dans la barbarie. On a rien à gagner à trouver des solutions à ce système bourgeois, on a rien à gagner à se sacrifier pour le faire perdurer. Le capitalisme a fait son temps, il est dans une situation critique, dans une situation favorable à son renversement. A nous d’en profiter pour la révolution socialiste. Il est fragilisé par le poids de ses propres contradictions, à nous de le faire plier pour de bon. Le capitalisme semble malade, en tout cas mal en point, tant mieux, on a rien à perdre, juste nos chaines, mais un monde à gagner. Le peuple, les travailleurs, ayons confiance en nos propres forces.

    C’est nécessaire que ces idées soient entendues. Les "masses" n’en sont pas encore là, ont du mal à entendre que le système s’effondre, qu’il peut être renverser. J’espère que les évènements se précipiteront, que la crise s’amplifiera et donnera raison à ces idées.

    En tout cas, merci à vous les gars pour ce site.

  • Selon les dernières études de l’Insee, on n’observe aucune remontée de l’investissement. Aujourd’hui, on a un niveau de profit record qui est rendu à l’actionnaire sous forme de dividendes ou de rachats d’actions et qui ne va pas à des choses utiles.

    Pourquoi ces profits ne servent-ils pas à investir ?

    La mondialisation génère ça, avec les délocalisations, la montée du chômage industriel. Elle affaiblit le pouvoir de négociation des salariés et fait disparaître les besoins d’investissement. Les entreprises n’ont pas besoin de capacités supplémentaires sur leur territoire, elles préfèrent les transférer dans les pays à bas salaires, où le coût des investissements est plus faible.

    Le fond du problème, c’est le niveau de rendement, au moins 15 pc, demandé aux entreprises par les actionnaires. Avec de telles exigences, les grands groupes cotés n’ont plus la possibilité de faire des investissements normaux. C’est l’arrêt de la recherche, la renonciation à des projets à horizon long. La mondialisation fait croire un temps que ce type de rendement peut être obtenu. C’est un leurre. Quand le patron de Deutsche Bank se fixe pour objectif un taux de 25 pc, cela n’a plus aucun sens. Le capitalisme est en train de s’autodétruire avec ce genre d’exigence.

  • Lors de la crise de 2008-2009, le surplus financier a crée un problème pour la classe fortunée : il n’y avait plus assez d’opportunités pour investir. Les grands investisseurs avaient de l’argent à ne plus savoir qu’en faire. Ils ont alors versé d’immenses sommes sur des marchés immobiliers fictifs et autres aventures hasardeuses, dans les rusés hedge funds, dans des produits dérivés, dans du leveraging, que sais-je encore.

    Parmi leurs victimes, on comptait d’autres capitalistes, de petits investisseurs et les nombreux travailleurs qui ont perdu des milliards de dollars d’économies et de retraites. Le prince des voleurs était probablement Bernard Madoff. Décrit comme « un des plus brillants depuis longtemps dans le domaine de la finance », Madoff avait monté un fonds d’investissement frauduleux qui a prélevé 50 milliards de dollars chez de riches investisseurs, qu’il payait avec de « l’argent qui n’existait pas », selon ses propres termes. La ploutocratie dévore ses propres enfants.

    Au sein de la crise, lors d’une audition devant le Congrès (US) en octobre 2008, l’ancien président de la Réserve Fédérale et adepte du libéralisme Alan Greenspan a avoué qu’il s’était trompé en pensant que le système - soumis aux énormes tensions d’un immense capital accumulé qui ne cherchait qu’à être investi - finirait par s’autodiscipliner.

  • Capitalistes et entrepreneurs, désormais alliés, encouragèrent la création d’un abysse de dettes contractées par les entreprises et par les travailleurs. Le processus était condamné à s’interrompre aussitôt qu’ils seraient tous insolvables, stade qui fut atteint en 2007. Plutôt que d’enrayer la crise de la seule manière possible, c’est–à–dire en redéfinissant la donne entre rentiers, entrepreneurs et travailleurs, les gouvernements ont choisi d’encourager entreprises et travailleurs à s’endetter encore davantage, produisant ainsi de nouveaux intérêts dont bénéficient les rentiers, tandis que les banques centrales se voient confier parallèlement la tâche de créer de toutes pièces la montagne d’argent qui sera déversée dans l’abysse toujours plus profond de la dette. Captif désormais d’une rétroaction positive, autrement dit auto-renforçante, le capitalisme est entré dans une phase d’autodestruction.

  • Nous sommes entrés dans la crise systémique. Elle n’a encore déroulé que sa première phase et le pire est à venir. Mais il n’y aura pas que des souffrances à venir pour les opprimés : il y aura aussi une occasion à saisir. Car l’ère des crises est aussi l’ère des révolutions, des contre-révolutions et des guerres mondiales. Si c’est une période violente qui vient parce que les classes dirigeantes sont affaiblies, elles n’en sont que plus voraces, corrompues, et elles montrent leur peur par une répression bien plus dure. La civilisation montre son vrai visage : un système d’exploitation barbare et tous les moyens deviennent bons pour des classes dirigeantes complètement déstabilisées : y compris les camps de la mort…

    Mais la crise actuelle n’est-elle pas une crise conjoncturelle plutôt qu’une crise révolutionnaire, une crise développant des contradictions permettant la remise en cause la mainmise de la classe dirigeante ? La question signifie un pronostic qui peut paraître hasardeux à tous ceux qui voient la situation comme le développement de difficultés économiques et financières très compliquées et imprédictibles. Mais, dans ce cas, il ne s’agit pas d’une simple crise économique, et encore moins des seules retombées d’un crise financière. C’est une crise qui va nécessairement saper les fondations objectives de la domination de la classe capitaliste sur le monde. Ces conditions objectives sont celles qui vont mener soit à la révolution sociale soit aux dictatures, aux fascismes et à la guerre mondiale. Il s’agit donc de tout autre chose que d’une des crises de régulation, de l’espèce de respiration du capitalisme, comme l’étaient les crises cycliques de l’époque de Marx. Tout d’abord, il convient de sortir de l’image d’une crise provoquée par les crédits hypothécaires et la titrisation des dettes immobilières ou financières, même s’il est vrai que la crise a pris cette forme. Ce n’en est ni le début ni la cause. Ces opérations hasardeuses et folles n’ont d’ailleurs été que le dernier moyen trouvé pour retarder une crise qui remonte à beaucoup plus loin et remet en cause non pas la finance et sa dérégulation mais la domination mondiale du système capitaliste. C’est au milieu des années 80 que le système capitaliste s’est retrouvé dans une première impasse grave et a pris une décision historique : changer son mode de domination de la planète. La montée des luttes de la classe ouvrière dans tous les pays piliers de la politique des blocs, à l’ouest comme à l’est (en Pologne comme en Corée du sud, en Yougoslavie comme en Turquie, en Algérie, en Amérique latine et en Afrique du sud) s’est déroulée alors que le capitalisme atteignait un palier dans sa capacité à se développer, à investir, à échanger, en définitive à exploiter les travailleurs. Il y avait à la fois crise sociale, politique et crise économique. Le tournant a été général et profond. C’est la fin de la politique des blocs appelée « chute du mur de Berlin ». C’est le début de la financiarisation massive de l’économie mondiale. C’est le début de la politique dite « mondialisation » qui a ouvert des possibilités aux bourgeoisies des pays pauvres et à celles qui voudraient se construire à l’Est. De là est sorti le monde actuel avec le rôle de la finance et celui des pays émergents. Le capitalisme a aussi engrangé des victoires sociales et politiques contre la classe ouvrière, même si les régimes staliniens n’avaient jamais rien eu à voir avec les intérêts et l’organisation de la classe ouvrière. Les luttes ouvrières ont été dévoyées. Le monde a cru à la nouvelle perspective qui était offerte d’en finir avec les dictatures staliniennes, de développer le globe et la démocratie. C’est ce choix qui a atteint ses limites en 2000 avec la crise américaine. Sans les avions qui ont percuté, « miraculeusement » pour le grand capital, les tours du world trade center, tous les économistes annonçaient pour les semaines à venir la plus grande crise financière dans ce même centre de la finance américaine et mondiale… Merci Ben Laden devraient dire les capitalistes, si tant est qu’ils n’étaient pour rien dans ce coup fourré, ce qui n’est pas prouvé. Cette affaire a permis aux USA de prendre le tournant, de mobiliser des moyens financiers invraisemblables dans la production d’armes, de mobiliser les Etats du monde à leurs côtés dans leu soi-disant « guerre contre le terrorisme » qui était d’abord et avant tout une guerre contre une crise économique qui allait entraîner une crise sociale sans précédent aux USA mêmes, dans le plus grand centre du système mondial. Le coup a été écarté et les USA ont pu retarder leur propre perte de quelques années. Les guerres d’Afghanistan et d’Irak n’ont pas eu d’autre but que de permettre de détourner la crise intérieure américaine en mobilisant toute la population au nom de la défense de sa propre sécurité. Retarder ne voulait dire qu’aggraver les conditions de la crise. La misère a grandit aux USA et les classes dirigeantes américaines n’ont pas trouvé d’autre moyen de dériver le coup une fois de plus que de recourir aux crédits hypothécaires. En même temps, le « Patriot act » soi-disant anti-terroriste permettait d’encadrer les réactions de la population. Les crises sont des modes de régulation indispensables au système. Aujourd’hui, tous les commentateurs économiques et politiques, adeptes du capitalisme de droite et de gauche, nous bassinet avec la nécessité d’introduire des régulations. La crise actuelle est le produit de dizaines d’année pendant lesquelles l’objectif général du pouvoir capitaliste était d’empêcher la crise mondiale d’éclater. Quelle est la cause fondamentale de cette crise qui fait qu’elle ne devrait pas éclater selon les dirigeants de l’impérialisme ? Toutes les années de 1985 à 2000 ont été marquées par la nécessité de produire plus de plus-value par rapport au capital investi. On peut dire que cela a été un succès marquant. Cela a signifié la concentration du grand capital uniquement sur les investissements ultra-rentables. Donc la diminution des possibilités de réinvestissement rentable relativement à l’accroissement du capital total. Du coup, il a fallu développer massivement des investissements factices de substitution très rentables eux aussi de type financiers et boursiers. Mais, on est rentrés là dans une spirale car il fallait que le capital productif permette d’extraire de plus en plus de plus-value totale pour payer les revenus de tous ces capitaux là. Les possibilités d’investissements suffisamment rentables se sont encore réduites et la course à la rentabilité est devenue plus difficile. D’où la crise actuelle qui est une crise de suraccumulation du capital. De l’argent, la classe capitaliste n’en a jamais eu autant dans toute l’histoire du grand capital. Les capacités productives totales n’ont jamais été aussi grandes quantitativement et qualitativement (technicité, rapidité et efficacité de la production et de l’exploitation de la main d’œuvre). Mais justement ce succès excède maintenant les capacités d’investissement suffisamment rentables des capitaux. Les tentatives un peu folles de créer des investissements financiers sur des bases totalement vides provient de la nécessité absolue pour le grand capital, sous peine de mort, que ses fonds s’investissent quelque part. L’affolement impressionnant du grand capital en 2008 n’a pas d’autre base. Les « solutions » qui ont permis de retarder la crise ont atteint leurs limites et le monde est maintenant gouverné à vue, sans projet, sans issue. En même temps, la crise prend de l’ampleur avant d’éclater à nouveau dans la sphère financière. La prétention du plan Paulson d’être capable d’absorber les « actifs pourris » a fait long feu. Il y a plus de quarante mille milliards de dollars de titres bidon sans aucune valeur. Ce n’est pas avec 700 milliards de dollars que cela peut être réglé. La crise n’est pas seulement économique mais sociale et politique, et mondiale dors et déjà. La population américaine a perdu confiance dans sa classe dirigeante et dans ses gouvernants et peut-être même un peu dans le système capitaliste. L’épicentre de la crise, les USA, sont probablement le centre de la déstabilisation des classes dirigeantes. L’élection d’Obama a reflété indirectement ce discrédit même si cela traduit aussi la capacité du système d’incarner le besoin populaire de changement par un homme de la grande finance et de la grande banque. Mais les classes dirigeantes savent bien que cette illusion ne durera pas. Il faudra d’autres « solutions » à cette crise sociale de grande ampleur qui se profile aux USA. Il ne suffira pas non plus d’une guerre au Moyen Orient ni de dire que les USA sont menacés par les Musulmans et le terrorisme. L’ampleur de la crise et des sacrifices exigent des « solutions » plus violentes pour les classes dirigeantes. Les méthodes actuelles ne sont que des moyens de gagner du temps. Il faudra sans doute détourner la crise sociale en crise raciale : contre les noirs. Et aussi, il faudra sans doute engager la guerre mondiale, probablement contre la Russie et la Chine. Même si on n’en est pas encore là, il faut être prévenu. Mais c’est du côté du prolétariat américain qu’il faut aussi regarder car il peut aussi ouvrir un tout autre avenir pour tous les peuples de la planète qui commencent à se révolter. Dans des pays comme l’Islande, les classes dirigeantes sont conspuées régulièrement massivement dans les rues par des manifestations. En Chine et en Inde, la crise a à peine frappé que la classe ouvrière est entrée en lutte massivement et fortement. Et elle a été souvent réprimée violemment. Les fermetures d’usines en Chine sont gardées par l’armée. Les manifestations massives ont parfois été attaquées en Chine par des policiers avec chiens. Et ce n’est encore que le début. La crise vient à peine de commencer à frapper. Les « ateliers du monde » n’ont nullement un marché intérieur capable de remplacer les achats des pays capitalistes en crise. La crise va donc être particulièrement violente dans les « pays émergents ». La Chine est une dictature féroce contre la classe ouvrière et elle l’a toujours été. La nouvelle classe ouvrière est jeune, récemment issue de la paysannerie. Elle est combative et elle l’a montré ces dernières années. Elle peut, elle aussi, renouer avec les plus glorieux actes révolutionnaires du passé, notamment avec la Commune de Paris de 1871 et la révolution d’octobre 1917 en Russie. C’est là qu’est l’avenir pour toute l’humanité.

  • « La véritable barrière de la production capitaliste, c’est le capital lui-même : le capital et sa mise en valeur par lui-même apparaissent comme point de départ et point final, moteur et fin de la production ; la production n’est qu’une production pour le capital et non l’inverse : les moyens de production ne sont pas de simples moyens de donner forme, en l’élargissant sans cesse, au processus de la vie au bénéfice de la société des producteurs. Les limites qui servent de cadre infranchissable à la conservation et la mise en valeur de la valeur-capital reposent sur l’expropriation et l’appauvrissement de la grande masse des producteurs ; elles entrent donc sans cesse en contradiction avec les méthodes de production que le capital doit employer nécessairement pour sa propre fin, et qui tendent à promouvoir un accroissement illimité de la production, un développement inconditionné des forces productives sociales du travail, à faire de la production une fin en soi. Le moyen ‑ développement inconditionné de la productivité sociale ‑ entre perpétuellement en conflit avec la fin limitée : mise en valeur du capital existant. Si donc le mode de production capitaliste est un moyen historique de développer la force productive matérielle et de créer le marché mondial correspondant, il représente en même temps une contradiction permanente entre cette tâche historique et les rapports de production sociaux qui lui correspondent. »

    Karl Marx, Le Capital, livre Trois

  • Il n’est pas concevable que les exploités et les exploiteurs élaborent des "solutions" communes à la crise actuelle. Tous ceux qui prétendent en chercher, ou en négocier, ne sont que des adversaires déguisés.

    Cela signifie que la lutte entre le Capital et le Travail devient impitoyable.

    Tous les moyens vont être bons pour détourner les travailleurs de la défense de leurs intérêts et de ceux de l’humanité. Les vernis "démocratiques" des sociétés capitalistes tombent. Avec eux, se dévoilent tous les mensonges du développement et du bien être en système capitaliste.

    La première conséquence de la crise du capitalisme est : le droit de vivre en travaillant et de faire vivre une famille va devoir être placé au dessus du droit de détenir un capital et de l’exploiter.

    La deuxième conséquence est : il n’est plus possible de laisser les classes dirigeantes et leurs hommes politiques gouverner la planète. C’est, pour les exploités, une question de vie ou de mort de les déposséder du pouvoir.

    Plus tôt, les travailleurs auront conscience de cette tâche inévitable, moins l’humanité paiera de souffrances ce changement incontournable.

  • Même si on suit votre analyse, ce qui n’a rien d’évident et encore moins de facile à défendre parmi les travailleurs, à quoi cela servirait de faire ainsi les oiseaux de mauvais augure, de faire des militants révolutionnaires les catastrophistes ? En quoi cela donnerait une politique à la classe ouvrière ? Est-ce que cela ne risque pas, au contraire, de casser encore plus le moral des travailleurs ?

    • Comment chercher quelle politique devrait être celle de la classe ouvrière ? Il faut commencer par chercher à comprendre la politique des classes dirigeantes. Pour cela, ce n’est pas ce que ressentent les travailleurs qui peut nous guider mais il faut, presque au contraire, essayer de se mettre à la place des classes exploiteuses. Si vous faisiez partie des classes dirigeantes, que feriez-vous si vous constatiez que l’économie capitaliste est incapable de dépasser le mur de capitalisation, qu’elle a atteint un sommet du haut duquel elle ne peut plus que chuter, quelle seront vos préoccupations, quelle sera votre politique et comment pouvez-vous vous servir du pouvoir politique que vous détenez encore pour défendre vos intérêts de classe ? Telle est la première question que doivent se poser des révolutionnaires qui constatent que le capitalisme chute irrémédiablement.

      Plusieurs objectifs des classes dirigeantes viennent à l’esprit :

      1°) Faire croire que les questions de classe ne comptent pas face à une situation catastrophique et que tout le monde (c’est-à-dire les exploiteurs et les exploités) doit se serrer les coudes, au sein de l’entreprise, au sein du secteur, au sein du pays, au sein d’une nationalité, d’une ethnie, d’une religion ou d’une région (Europe par exemple). Contre qui ? Eh bien contre les autres groupes, c’est-à-dire les autres entreprises, les autres pays, les autres peuples… Donc développer les questions identitaires en prétendant que l’insécurité vient de là, que la déstabilisation de la société vient de là, que l’effondrement social vient de là… Avec ensuite le but de transformer la crise économique et sociale en crise raciale, en crise religieuse, en crise ethnique. On se souvient que les classes dirigeantes avaient agi de même quand elles craignaient la révolution bourgeoise comme dans le massacre de la Saint-Barthélemy. On se souvient que la bourgeoisie avait agi de même lors du fascisme, lors des années qui ont suivi 1990 en Algérie, lors du génocide rwandais ou dans les guerres raciales de Yougoslavie.

      2°) Faire croire que les Etats sont là pour sauver les peuples, pour lutter pour la reprise économique, pour défendre les entreprises, pour défendre les emplois et les salaires alors qu’ils sont là uniquement pour défendre les intérêts de la classe exploiteuse, intérêts qui ont justement besoin de licencier, de casser les salaires, de détruire toute confiance en eux-mêmes des travailleurs et des milieux populaires et toute capacité pour eux d’apparaître comme un pôle social et politique des opprimés, des révoltés, des jeunes, des chômeurs, des banlieues, des petits bourgeois eux-mêmes menacés.

      3°) Casser le moral des travailleurs en leur faisant croire, avec l’aide des bureaucraties des appareils syndicaux, que les travailleurs sont sans force du moment que le chômage augmente, sans force face aux licenciements, face aux politiques d’austérité, face à la casse des retraites, des services publics ou du code du travail. La meilleure démonstration de faiblesse des travailleurs consiste dans les politiques syndicales comme les journées d’action qui n’ont absolument aucune action sur les classes dirigeantes, soi-disant pour contrer les attaques. La meilleure manière consiste aussi à isoler les salariés qui sont en butte aux attaques et surtout à ne pas relier leur lutte avec les autres en cours ou à venir. Casser les moral consiste aussi pour ces appareils à se battre contre toute tentative autonome des salariés pour prendre eux-mêmes les décisions dans leurs luttes, pour constituer leurs propres comités de lutte. Casser le moral, c’est passer son temps à dire à ceux qui mènent une action syndicale limitée que tout va mal du fait des travailleurs qui n’ont pas été convaincus de la nécessité ou de l’efficacité de ce type d’action ou des gens qui la dirigeaient. Casser le moral des travailleurs, c’est ce que font aussi les centrales syndicales en participant aux négociations qui mènent ouvertement à des reculs, à des attaques, à des contre-réformes. Casser le moral des travailleurs, c’est leur affirmer à chaque attaque partielle que si on n’y va pas cette fois, c’est qu’on est foutus, qu’on a perdu, que c’est trop tard, qu’on ne pourra plus régir, etc… Casser le moral des travailleurs, c’est contribuer à faire croire que le problème vient de l’étranger. Casser le moral des travailleurs, c’est leur répéter qu’ils doivent compter sur d’autres que sur eux-mêmes : sur les appareils syndicaux, sur les élections démocratiques, sur l’Etat, sur les patrons eux-mêmes. Casser le moral des travailleurs, c’est refuser à ceux-ci toute intervention dans un autre sens que purement économique, apolitique, purement légaliste, sans lien avec les luttes des travailleurs des autres pays, sur un terrain purement nationaliste, corporatiste, sectoriel et même individualiste. Casser le moral des travailleurs, c’est leur faire croire qu’ils ne sont pas une classe révolutionnaire crainte des classes dirigeantes à condition qu’ils agissent de manière autonome des institutions bourgeoises, à condition qu’ils s’organisent eux-mêmes, à condition qu’ils ne s’arrêtent pas aux barrières de la légalité bourgeoise, à condition qu’il ne demandent pas à leur pire ennemi politique, l’Etat bourgeois, de les sauver…. Casser le moral des travailleurs, c’est faire croire que les travailleurs ne peuvent pas vivre sans devenir des esclaves des patrons. Casser le moral des travailleurs, c’est les tourner en ennemis des travailleurs d’à côté : non Musulman contre Musulman, jeunes contre vieux, hommes contre femmes, tous contre les Roms, avec papiers contre sans papiers, travailleurs contre chômeurs, CDI contre CDD, privé contre public, Européens contre non Européens, Français contre Européens, tous contre les Grecs et on en passe… Casser le moral des travailleurs, c’est faire croire qu’il existe quelque part quelqu’un, un homme politique, un financier, un dirigeant syndical qui aurait « la solution » alors que la seule solution, c’est la classe ouvrière, ce sont les exploités s’organisant, se réunissant, décidant, agissant par eux-mêmes, se construisant comme une force d’avenir, affirmant leurs programmes. Casser le moral des travailleurs, c’est les faire passer pour faibles, pour victimes, pour des pauvres que d’autres devraient défendre alors qu’ils sont la principale force sociale face au capitalisme finissant et failli. Ceux qui cassent le moral des travailleurs ne sont pas seulement les bourgeoisies et les politiciens et Etats à leur service. Ce sont d’abord les faux amis de la gauche, de la gauche de la gauche, des syndicats y compris les plus à gauche, des groupes d’extrême gauche qui accompagnent les politiques syndicales et, pour certains, qui accompagnent les gauches. Une caractéristique commune à tous ces casseurs du moral des travailleurs : ils plaignent la classe ouvrière, pleurent, crient, hurlent et trépignent mais ils n’expliquent jamais ce qui se passe ni pourquoi, ils refusent d’analyser la crise comme un effondrement définitif, ils refusent d’admettre que le capitalisme n’est pas éternel. Ils parlent même de révolution nécessaire en disant en même temps que le système n’a pas de limite comme si un système pouvait céder la place alors qu’il disposait encore des moyens de subsister, alors que les classes dirigeantes seraient encore capables de le diriger et non dans l’impasse… Comme si les révolutions sociales ne provenaient pas des conditions objectives mures, comme si les révolutionnaires devaient seulement dénoncer plaintivement et pas armer politiquement les exploités. Casser le moral des travailleurs, c’est s’appuyer sans cesse sur la prétendue opinion publique populaire pour faire reculer le niveau de conscience en disant que les travailleurs sont très loin d’avoir une telle conscience, très loin d’avoir une telle organisation, très loin d’avoir une telle mobilisation. Au lieu de rendre fiers les travailleurs de leur passé et de leur avenir, ils se servent des étapes présentes pour les opposer à ce qui serait nécessaire. Ils leur répètent « vous n’en êtes pas là, vous en êtes loin, vous êtes mauvais, vous êtes insuffisants, vous êtes faibles, vous n’êtes pas en lutte suffisante, vous n’êtes pas assez syndicalistes, vous n’êtes pas assez communistes même ». Eh bien, les communistes révolutionnaires doivent diffuser un message parmi les travailleurs qui va dans le sens inverse : tout ce que font les Etats, tout ce que font les gouvernants, tout ce que font les classes dirigeantes visent à faire croire aux travailleurs qu’ils ne sont pas une force parce que tous ces adversaires du prolétariat ont, dans la situation mondiale qui vient, une peur panique des opprimés, la plus grande force sociale du monde face à un monde capitaliste sans force et sans perspective d’avenir.

  • Abandonner le programme révolutionnaire sous le prétexte que la révolution n’est pas encore prête dans les consciences et dans l’action est aussi absurde que d’abandonner les projets de l’enfant adolescent sous le prétexte qu’il est encore trop jeune. C’est au cours de la révolution elle-même que les masses acquièreront une conscience révolutionnaire et pas avant et si les révolutionnaires ont abandonné avant la défense de cette perspective sous prétexte de ne pas affoler les masses, on est bien avancés :

    « Pour produire massivement cette conscience communiste aussi bien que pour faire triompher la cause elle-même, il faut transformer massivement les hommes, transformation qui ne peut s’accomplir que dans un mouvement pratique, dans une révolution. La révolution est donc nécessaire, non seulement parce qu’il est impossible de renverser autrement la classe dominante, mais encore parce que seule une révolution permet à la classe qui renverse de balayer la vieille saleté, et de devenir capable de fonder la société sur des bases nouvelles. »

    Karl Marx, Idéologie Allemande

  • « Il suffit de citer les crises commerciales qui, revenant périodiquement, remettent en question et menacent de plus en plus l’existence de la société bourgeoise tous entière. Chaque crise anéantit régulièrement une grande partie non seulement des produits existants, mais même des forces productives déjà créées. Avec les crises éclatent une épidémie sociale qui serait apparue à toutes les époques antérieures comme une absurdité : l’épidémie de la surproduction. La société se trouve brusquement ramenée à un état de barbarie momentanée ; on dirait qu’une famine, une guerre générale d’anéantissement lui ont coupé tous les moyens de subsistance : l’industrie, le commerce semblent anéantis, et pourquoi ? Parce qu’elle possède trop de civilisation, trop d’industrie et trop de commerce. Les forces productives dont elle dispose ne servent plus à faire progresser la civilisation bourgeoise et les rapports de propriété bourgeois ; au contraire, elles sont devenues trop puissantes pour ces rapports, elles sont entravées par eux ; et dès qu’elles surmontent cet obstacles, elles désorganisent toute la société bourgeoise, elles mettent l’existence de la propriété bourgeoise en péril. Les conditions bourgeoises sont trop étroites pour contenir les richesses qu’elles ont produites. – Par quel moyen la bourgeoisie surmonte-t-elle les crises ? D’une part en imposant la destruction d’une masse de force productive, d’autre part en conquérant de nouveaux marchés et en exploitant plus les fonds anciens. Par quel moyen donc ? En ouvrant la voie à des crises plus étendues et plus violentes et en diminuant les moyens de les prévenir. »

    Karl Marx, Manifeste du Parti Communiste

  • Les deux manières de mourir du capitalisme

    Il y a la mort qui permet de renaître ensuite plus solide et plus fort, celle des crises cycliques, dans laquelle les crises sont suivies de reprises et ont permis de supprimer les « canards boiteux », de faire faillite aux entreprises qui n’ont plus assez de profitabilité, plus assez de débouchés ou qui ne font plus assez de profits. Dans ce cas, non seulement on laisse les entreprises faillies chuter et disparaître mais le capitalisme lui-même favorise leur chute, ne fait rien pour les retenir.

    Il y a la crise actuelle, depuis 2007, dans laquelle on ne laisse aucun trust ni aucune banque chuter, pourtant toutes sont en faillite. C’est donc une autre sorte de mort que celle pour renaître… Dans les crises précédentes, on n’a jamais sauvé l’ensemble des banques et des trusts. Jamais !

    C’est une autre sorte de phénomène auquel on assiste donc. Car il y a une autre sorte de mort qui, loin de permettre une renaissance, propage partout autour d’elle la mort, qu’elle soit économique ou autre.

    La biologie connaît ces deux sortes de mort : l’apoptose et la nécrose.

    L’apoptose permet aux cellules vivantes qui ne sont plus nécessaires ou ne sont pas à leur place de disparaître en s’auto-détruisant. Le tissus en ressort d’autant plus sain et plus capable de se développer, même si un très grand nombre de cellules ont été détruites au passage. C’est un processus aussi indispensable à la dynamique du vivant que la crise cyclique est indispensable à la dynamique du capitalisme.

    La nécrose, au contraire de l’apoptose, loin de détruire des cellules bien choisies, celles qu’il convient de détruire, sans danger pour les cellules voisines saines, propage la mort de part en part, dès qu’une cellule se nécrose. La mort d’une cellule entraîne la dispersion de poisons internes, entraînant la nécrose des cellules voisines.

    Dans l’une de ces formes de mort, c’est la vie qui l’emporte et dans l’autre, c’est la mort. Dans l’une, les poisons sont détruits, dans l’autre, ils se dispersent partout dans le reste du corps.

    Dans le capitalisme nécrosé, plus le capital se retire du fonctionnement permettant de produire de plus en plus de plus-value, de l’investissement productif, plus ce capital s’enrichit sur des bases purement spéculatives, plus il détruit la rentabilité du capital investi dans la production, plus il développe des formes nécrophiles d’investissements, titrisations de dettes privées ou publiques et autres titres pourris fondés sur des effondrements économiques, monétaires ou étatiques.

    L’apoptose détruit des individus pour favoriser le fonctionnement général. Si on conserve des cellules nécrosées, elles vont contaminer toutes les autres, détruisant progressivement l’ensemble du fonctionnement.

    Pourquoi le capitalisme ne peut pas se relever de sa chute en 2007. parce qu’il n’avait pas chuté, buté, été en crise, mais parce qu’ayant atteint ses limites d’investissements productifs rentables face aux investissements spéculatifs, il est complètement nécrosé et les interventions consistant à sauver ses cellules nécrosées, ne fait que généraliser la nécrose économique menant inéluctablement à la mort générale.

    Il ne faut pas dire qu’on a déjà vu qu’il était capable de se sortir de ses crises car personne n’a jamais vu un capitalisme nécrosé. C’est la première fois et on ne le verra pas se relever.

    L’humanité par contre peut s’en relever ou en mourir. Personne ne peut dire ce qui va se passer. On peut seulement choisir de se mentir ou se dire la vérité pour se préparer à un autre avenir…

  • 1- Il n’y a aucune origine accidentelle à la crise actuelle. Pour les capitalistes, loin d’être une surprise, elle est une catastrophe annoncée. C’est seulement pour le grand public, et particulièrement pour les travailleurs, qu’elle est tout ce qu’il y a de plus étonnant : le système qui domine le monde, sans une puissance capable de le renverser, sans une classe sociale qui semble lui contester ce pouvoir, est en train de s’effondrer et de se détruire lui-même.

    2- Ce n’est pas une crise conjoncturelle. Ce n’est pas une crise américaine. Ce n’est pas une crise immobilière. Ce n’est pas une crise financière. Ce n’est pas une crise bancaire. Ce n’est pas une crise pétrolière. Ce n’est pas une crise de confiance. Ce n’est pas une crise inflationniste. Ce n’est pas une crise de l’endettement. Ce n’est pas une crise due à une simple récession. Bien sûr, il y a tout cela à la fois mais cela n’explique pas le fondement de la crise. C’est le système capitaliste tout entier qui est en crise. Le terme « systémique » pour caractériser la crise signifie que c’est le fondement, le principe même, du capitalisme qui est mort.

    3- C’est l’accumulation du capital qui ne peut plus fonctionner. Et ce pour une raison simple. Le mécanisme d’accumulation du capital a atteint sa limite.

    4- Cela signifie que le capitalisme n’a pas subi une maladie, ni un défaut, ni un comportement défaillant de tels ou tels de ses acteurs. Non, le capitalisme meurt parce qu’il a été au bout de ses possibilités. C’est son succès lui-même qui provoque sa fin. Il n’y a pas moyen d’inventer suffisamment d’investissement vu la quantité de capitaux existant dans le monde. Tous les cadeaux des Etats et des banques centrales au capital ne peuvent qu’être des palliatifs d’une durée de plus en plus limitée.

    5- L’accumulation du capital est le but même de la société capitaliste. Produire, exploiter, vendre des marchandises, tout cela n’est qu’un moyen. Faire de l’argent, s’enrichir n’est aussi qu’un moyen. Le but même est de transformer cet argent en capital, c’est-à-dire trouver les moyens de l’investir et de lui faire rendre du profit, lequel profit doit lui-même encore être investi.

    6- C’est ce mécanisme qui ne fonctionne plus. Il n’est pas grippé. Il n’est pas menacé. Il est mort. Il a été maintenu en survie pendant un temps déjà très long par des mécanismes financiers et eux-mêmes viennent d’atteindre leurs limites. On ne peut pas maintenir le mourant tellement longtemps même en inventant de nouvelles techniques de survie artificielle. Bien entendu, aujourd’hui tout le monde accuse le système financier et ses « folies « , mais c’est oublier que ce sont ces prétendues folies, des politiques pratiquées parfaitement consciemment, qui ont permis au système de perdurer au-delà de ses limites.

    7- Les guerres locales comme celles d’Irak, celle d’Afghanistan, mais aussi de Yougoslavie et du Timor ont été aussi des moyens de faire durer le système. Mais, là aussi, les limites sont atteintes.

    8- Quel moyen aurait le système de se redresser vraiment ?

    Celui de détruire une très grande partie des richesses et des marchandises accumulées. Il ne lui suffit pas de détruire les richesses fictives de la finance. Il lui faut, pour repartir, détruire une partie de la planète comme il l’a déjà fait, dans des circonstances semblables, lors de deux guerres mondiales.

    9- De là découle l’alternative pour les classes ouvrières et les peuples. Entre le Capital et le Travail, il y a maintenant une question de vie ou de mort. Même si la classe ouvrière ne souhaite pas consciemment se préparer au renversement définitif du système et à la fondation d’une société reposant sur la satisfaction des besoins collectifs des peuples de la planète, c’est le capitalisme lui-même qui va la contraindre à choisir.

    10- Les mécanismes politiques et sociaux de domination sont désormais dépassés. On va voir du nouveau. Les « démocraties » occidentales vont montrer toute leur barbarie aux populations qui y sont le moins préparées : celles de leurs propres pays. Les dictatures, les fascismes vont revenir au goût du jour.

    11- Il est urgent de préparer l’avant-garde aux situations à venir. Il n’y a rien de plus urgent que de comprendre la crise actuelle et ses conséquences et de les faire comprendre autour de nous. Ce qui est à l’ordre du jour n’est pas seulement de se défendre contre des attaques. C’est de se défendre contre une attaque idéologique de grande ampleur. Les gouvernants vont tâcher de donner leur propre interprétation des événements pour nous convaincre qu’eux seuls peuvent faire revenir l’époque passée. Ils mentent. Elle ne peut pas revenir. Ils vont chercher ainsi à nous empêcher de nous organiser entre nous pour comprendre, discuter et répondre aux situations. La crise de confiance des peuples dans le système est dangereuse si les opprimés, si les peuples se mettent à s’organiser, et déjà à se réunir pour confronter les points de vue, pour donner leurs avis sur la signification de ce qui se passe et sur les moyens d’y faire face.

    12- Ce que souhaite la classe dirigeante, c’est que chacun se retrouve face à ses peurs, face aux problèmes matériels touchant sa vie, celle de sa famille, et se demande seulement quel dirigeant bourgeois va pouvoir le sauver. Des sauveurs suprêmes, des Hitler ou des chefs civils ou militaires dictatoriaux prétendants tenir la solution, on va en voir défiler. La première des tromperies qui va se présenter à nous sera celle des réformistes de tous poils qui auront quantité de prétendues solutions pour sauver à la fois le système et la population. Le seul effet de leurs discours sera de démobiliser les opprimés et d’éviter tout risque révolutionnaire aux exploiteurs afin de leur permettre de préparer leurs vraies solutions violentes : dictatures et guerres. D’avance il faut se préparer à n’avoir confiance qu’en nous-mêmes.

    13- Au lieu de se protéger, ce qui ne sera pas possible, il faut saisir l’occasion. Le capitalisme est atteint dans ses fondements. Profitons-en pour en finir avec ce système d’exploitation. Nous sommes des millions de fois plus nombreuses que les exploiteurs et bien plus forts que le système si nous en sommes conscients. La fin du capitalisme ne sera une catastrophe et un recul massif que si nous nous contentons de nous défendre, catégorie par catégorie, pays par pays, groupe social par groupe social. Cela peut être le prélude d’une avancée historique de l’humanité si nous décidons d’en finir avec l’esclavage salarié

  • Pour opprimer une classe, il faut pouvoir lui garantir des conditions d’existence qui, au moins, lui permettent de vivre dans la servitude. (...) Il est donc manifeste que la bourgeoisie est incapable de remplir plus longtemps son rôle de classe dirigeante et d’imposer, à la société, comme loi régulatrice, les conditions d’existence de sa classe. Elle ne peut plus régner, parce qu’elle est incapable d’assurer l’existence de son esclave dans le cadre de son esclavage, parce qu’elle est obligée de le laisser déchoir au point de devoir le nourrir au lieu de se faire nourrir par lui. La société ne peut plus vivre sous sa domination, ce qui revient à dire que l’existence de la bourgeoisie n’est plus compatible avec celle de la société.

    Manifeste du parti communiste

  • « La force productive déjà existante et acquise sous la forme de capital fixe, les conquêtes de la science, le sort des populations etc., bref les immenses richesses et les conditions de leur reproduction dont dépend le plus haut développement de l’individu social et que le capital a créées dans le cours de son évolution historique - cela étant on voit qu’à partir d’un certain point de son expansion, le capital lui même supprime ses propres possibilités. Au delà d’un certain point, le développement des forces productives devient une barrière pour le capital ; en d’autres termes, le système capitaliste devient un obstacle pour l’expansion des forces productives du travail. Arrivé à ce point, le capital ou plus exactement le travail salarié, entre dans le même rapport avec le développement de la richesse sociale et des forces productives que le système des corporations, le servage, l’esclavage et il est nécessairement rejeté comme une entrave. »

    Karl Marx dans "Principes d’une critique de l’économie politique"

  • L’argent public aura servi à la famille Peugeot pour se désinvestir à moindre frais.

    Les ministres des Finances et de l’Economie, Michel Sapin et Arnaud Montebourg, se félicitent du bon déroulement de l’augmentation de capital de PSA Peugeot Citroën qui a été sursouscrite. L’Etat est donc désormais l’un des actionnaires-clés du constructeur automobile, à égalité (14,1%) avec les sociétés du groupe familial Peugeot et du constructeur chinois Dongfeng.

    La participation de l’Etat dans le capital de Peugeot est détenue via la SOGEPA, dont la gestion est confiée à l’APE (Agence des participations de l’Etat). Les ministres rappellent que les accords conclus entre actionnaires ont par ailleurs permis de mettre en place une gouvernance efficace et équilibrée pour l’avenir de Peugeot. L’État dispose de deux représentants au conseil de surveillance de l’entreprise, Bruno Bezard et Florence Verzelen.

    Environ 288,5 millions d’actions nouvelles ont été souscrites lors de l’augmentation de capital ouverte au public. Ces actions seront admises aux négociations demain. Dès vendredi, le capital de Peugeot sera ainsi composé de 783.088.675 actions. La capitalisation boursière de Peugeot va donc retrouver de la hauteur à environ 7,5 milliards d’euros.

  • "Une montagne de dettes allume les craintes d’une nouvelle crise".

    Financial Times, Debt mountains spark fears of another crisis by Ralph Atkins

    The world is awash with more debt than before the global financial crisis erupted in 2007, with China’s debt relative to its economic size now exceeding US levels, according to a report.

    Global debt has increased by $57tn since 2007 to almost $200tn — far outpacing economic growth, calculates McKinsey & Co, the consultancy. As a share of gross domestic product, debt has risen from 270 per cent to 286 per cent.

    McKinsey’s survey of debt across 47 countries — illustrated in an FT interactive graphic — highlights how hopes that the turmoil of the past eight years would spur widespread “deleveraging” to safer levels of indebtedness were misplaced.

    The report calls for “fresh approaches” to preventing future debt crises.
    “Overall debt relative to gross domestic product is now higher in most nations than it was before the crisis,” McKinsey reports. “Higher levels of debt pose questions about financial stability.”

    Overall, almost half of the increase in global debt since 2007 was in developing economies, but a third was the result of higher government debt levels in advanced economies. Households have also increased debt levels across economies — the most notable
    exceptions being crisis-hit countries such as Ireland and the US.

    “There are few indications that the current trajectory of rising leverage will change,” the report says. “This calls into question basic assumptions about debt and deleveraging and the adequacy of tools available to manage debt and avoid future crises.”

  • La Deutsche Bank serait en train de dévisser prétextant la politique euroseptique italienne et à cause des taxes de 25% sur les exportations de métaux vers les USA ...belle feuille de vigne pour faire croire qu ’il y a des responsables ailleurs que dans la machine capitaliste au bout du rouleau !

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