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Quand la social-démocratie allemande pactisait avec le Haut-Etat Major et les corps francs fascistes contre la révolution prolétarienne

mercredi 29 janvier 2014, par Robert Paris

La révolution ouvrière de 1918 en Allemagne fait chuter l’Empire et vaciller la bourgeoisie. L’armée allemande, démoralisée par la guerre, la défaite et la démobilisation, est incapable de réprimer la révolution. La social-démocratie va faire appel aux troupes fascistes pour cela.

Le chancelier social-démocrate Ebert qui a fait semblant de représenter la révolution prolétarienne avant d’organiser son assassinat

Le "conseil des commissaires du peuple" (terme reprenant mot pour mot le nom du gouvernement révolutionnaire russe pour tromper les travailleurs) avec notamment Ebert, Scheideman, Landsberg et Noske en janvier 1919 au château de Weimar. Les sociaux-démocrates de gauche, dits indépendants, l’ont quitté. Ils l’avaient crédibilisé puisque c’est en grande partie leurs militants qui dirigeaient l’action révolutionnaire et étaient dans les soviets allemands...

Le social-démocrate Noske ("le chien sanguinaire" comme il s’est nommé lui-même) et le Haut Etat-Major

Confronté aux Mutineries de Kiel, Noske gagne d’abord la confiance des Conseils ouvriers et préserve comme il le peut les institutions militaires ; puis, nommé gouverneur de Kiel par le nouveau gouvernement en 1919, il réprime durement l’insurrection et s’impose comme l’un des appuis les plus solides du nouveau régime. Il est nommé ensuite ministre de la Guerre (Reichswehr, l’armée de la République de Weimar) dans le gouvernement du chancelier Scheidemann et réprime l’insurrection spartakiste de Berlin (la « Semaine sanglante » de Berlin, du 6 au 15 janvier 1919), recrutant aussi des éléments des Corps francs. Au cours de cette semaine, les deux meneurs du parti communiste, Karl Liebknecht et Rosa Luxemburg, anciens dirigeants de l’aile gauche du SPD, sont assassinés par les corps francs dépendants de Waldemar Pabst, sur ordre de Noske. Il déclare alors : « Il faut que quelqu’un fasse le chien sanguinaire : je n’ai pas peur des responsabilités ».

Les corps francs fascistes qui vont assassiner la révolution en 1918 sur ordre du gouvernement social-démocrate

Les fascistes ont exécuté les révolutionnaires mais c’est la social-démocratie qui dirigeait la manoeuvre

Et ce sont encore les dirigeants sociaux-démocrates Ebert et Schiedemann qui ont ordonné l’assassinat des dirigeants comme Karl Liebnecht et Rosa Luxemburg

Photos de la révolution prolétarienne en Allemagne

Quand, sous la menace de la révolution prolétarienne en 1918, la direction de la social-démocratie allemande se concertait avec le Haut Etat-Major de l’armée allemande et les corps francs fascistes pour détourner puis assassiner la révolution…

Le sort de la vague révolutionnaire en Europe commencé en Russie s’est joué essentiellement en Allemagne. C’est un parti d’origine ouvrière appuyé sur la bureaucratie syndicale qui a organisé méthodiquement et consciemment la contre-révolution en structurant la liaison entre le parti ouvrier qui conservait la tête de la révolution et les forces de répression du Haut-Etat Major et des corps francs, troupes fascistes.

Lire sur la révolution allemande

Pierre Broué rapporte dans « Révolution en Allemagne » :

« C’est à Ems, le 1° décembre, que le haut commandement connaît sa première défaite politique au sein de l’armée. Le grand quartier-général y a en effet convoqué le congrès des conseils de soldats du front, auquel il veut faire adopter son propre programme politique : convocation rapide de l’Assemblée constituante, suppression des pouvoirs des conseils et rétablissement de l’autorité des officiers, désarmement des civils sous contrôle des officiers. Mais Barth, inopinément présent au congrès, retourne en partie la situation : les délégués décident d’envoyer des représentants à l’exécutif de Berlin et adoptent des résolutions subversives réclamant la suppression des marques extérieures de respect en dehors du service, et la réélection des conseils de soldats.

Le haut-commandement s’inquiète, car la décision du congrès d’Ems montre que les conseils de soldats sont en train de lui échapper. L’inquiétude qui grandit dans le camp contre-révolutionnaire inspire les initiatives du 6 décembre, elles-mêmes puissant facteur de radicalisation des masses berlinoises et de leur hostilité croissante au gouvernement Ebert. Une troupe de la garnison de Berlin - théoriquement placée sous les ordres de Wels - marche le 5 décembre sur la chancellerie et y acclame Ebert, auquel le sous-officier Suppe proclame l’attachement des soldats et leur soutien dans la lutte contre la « réaction » et le « terrorisme ». Ebert remercie, au nom du gouvernement. Le lendemain, vers 16 heures, une troupe de soldats armée, dirigée par le sous-officier Fischer, occupe le local de l’exécutif des conseils et met ses membres en état d’arrestation. Une autre commandée par le sous-officier Spiero, se rend à la chancellerie et proclame son intention de nommer Ebert président de la République. Enfin, dans la soirée, des soldats de la garnison tirent à la mitrailleuse sur une manifestation de la Ligue des soldats rouges.

Pauvrement menée, avec des hommes de troupe incertains, qu’un discours suffit à désorienter, l’opération n’a sans doute pas grande signification en soi. Mais elle est symptomatique d’un certain état d’esprit. Suivie le lendemain d’une arrestation de Liebknecht dans les locaux même de Die Rote Fahne, elle soulève une inquiétude qui se manifeste à travers l’ampleur de la réaction dans les journées qui viennent : une centaine de milliers de manifestants le 8 décembre, et des expéditions punitives organisées par des travailleurs. Les résultats de l’enquête menée par Eichhorn accroissent l’inquiétude et orientent les soupçons vers l’entourage d’Ebert : il semble que soient compromis non seulement le comte Wolf-Metternich, que la protection de Wels a placé pendant quelques jours à la tête de la « division de marine du peuple », mais aussi Colin Ross lui-même, qui démissionne à cette époque, et le secrétaire particulier d’Ebert, Moser. Les majoritaires du gouvernement, accusés jusque-là de faiblesse, commencent à être soupçonnés de complicité.

Or, Ebert est au même moment soumis à de fortes pressions de la part des chefs militaires qui s’impatientent, et il cède à une partie de leurs exigences tout en s’efforçant de le dissimuler. C’est ainsi que sur une intervention pressante de Hindenburg, par une lettre du 8 décembre, il accepte l’entrée dans la capitale de dix divisions provenant du front et parfaitement tenues en main par leurs officiers. Leur chef, le général Lequis, a tracé un programme de combat : désarmement des civils, ratissage des quartiers peu sûrs, exécution immédiate de toute personne « exerçant illégalement des fonctions d’autorité ». Mais Ebert proteste contre ce qui pourrait déclencher à Berlin des combats dont l’issue serait alors incertaine, et le major von Schleicher élabore un compromis selon lequel les militaires se borneront pour le moment à un défilé en bon ordre dont ils attendent un « choc psychologique », le désarmement étant remis à une date ultérieure. L’entrée solennelle des troupes fournit à Ebert l’occasion d’un discours dans lequel il affirme que l’armée allemande n’a pas été « vaincue par l’ennemi » - caution de poids à la légende selon laquelle elle aurait été « poignardée dans le dos » par les révolutionnaires. Mais, très rapidement, les généraux doivent renoncer à appliquer leur plan, car les troupes leur échappent. Le général Groener expliquera plus tard :

« Les troupes avaient une telle envie de rentrer chez elles qu’on ne pouvait rien faire avec ces dix divisions. Le programme qui consistait à épurer Berlin des éléments bolcheviques et à ordonner la remise des armes ne pouvait être réalisé. »

Rentrée du front en bon ordre, l’armée en effet ne résiste ni à la lassitude ni à l’atmosphère de l’arrière, celle de Berlin en particulier, et le général Lequis. confessera même que « l’influence de l’extraordinaire propagande des spartakistes s’est fait sentir ». Benoist-Méchin écrit :

« Sitôt arrivées à Berlin, les divisions se disloquent et s’effondrent. (...) Gagnés par la contagion, un à un, les régiments passent à la révolution. »

Il est clair que l’armée ne saurait être utilisée dans les combats de rues ; il faudra trouver un autre instrument.

En Allemagne, « la contre-révolution, en janvier 1918, trouve précisément ce qui manque aux révolutionnaires, une direction capable d’analyser le rapport des forces, un instrument, une troupe entraînée et disciplinée. Son chef n’est plus Ebert, bousculé par la tornade de décembre, mais un membre de son parti, un député social-démocrate qui, depuis de longues années, jouit de la confiance du corps des officiers, Gustav Noske ; celui-ci entre au gouvernement, avec Rudolf Wissell et Paul Löbe pour remplacer les indépendants démissionnaires. Cet homme est décidé. « L’un de nous, déclare-t-il, doit faire office de bourreau ».

Il n’est plus question de compter sur l’armée traditionnelle pour rétablir l’ordre : elle n’existe plus depuis la mésaventure de Lequis. Prévoyant cependant cet effritement, des officiers se sont depuis plusieurs semaines employés à sauver du désastre des unités d’élite. A la suite d’une conférence qui s’est tenue le 6 décembre au Q.G. du général Sixte von Arnim, un général de division, Maercker, a constitué au sein de son unité un « corps franc des chasseurs volontaires » semblables à ceux qui se constituent à l’est pour lutter contre le bolchevisme. Les troupes formées par Maercker sont destinées à la guerre civile, organisées, armées et instruites dans ce but. Les hommes qui les composent, volontaires touchant des soldes élevées, sont préparés à des tâches précises :

« Occupation des gares et régulatrices, protection des dépôts de matériel et de munition, police des ports, défense d’édifices publics, nettoyage des rues et des places, prise d’assaut des bâtiments. »
Ils prêtent en entrant un serment spécial, « au gouvernement provisoire du chancelier Ebert jusqu’à ce que l’Assemblée nationale ait constitué un gouvernement définitif » . Le 24 décembre, au moment où éclate à Berlin le conflit du Marstall, le général Maercker dispose déjà de 4 000 volontaires, installés près de Berlin, mais loin de ses foules, au camp du Zossen. Le 4 janvier, invités par le général von Lüttwitz - qui a succédé à Lequis -, Ebert et Noske passent ensemble en revue ces hommes qu’ils considèrent avec émerveillement parce que ce sont « de vrais soldats ». Noske se penche vers Ebert et lui dit : « Sois tranquille : à présent tu vas voir que la roue va tourner ! ».
A cette date, c’est de plus de 80 000 hommes que dispose autour de Berlin le général von Lüttwitz : il ne fait aucun doute que leurs chefs comptent les utiliser dans la capitale [55]. Le temps travaille peut-être pour la révolution : il s’agit, pour ses adversaires conscients, de ne pas le laisser faire et de frapper de façon décisive pendant qu’ils en ont les moyens. »

(Extrait de Broué – Révolution en Allemagne)

Lire sur les débuts de la révolution en Allemagne

Extraits de l’Histoire de l’armée allemande de Benoist-Méchin

Novembre 1918 en Allemagne

N’OUBLIONS JAMAIS QUE LA RÉVOLUTION ALLEMANDE A ÉTÉ ASSASSINÉE PAR L’ALLIANCE POLITIQUE ET MILITAIRE DU FASCISME ET DU RÉFORMISME ET QUE L’ISOLEMENT DE LA RÉVOLUTION RUSSE QU’ELLE A PROVOQUE EST LA PRINCIPALE CAUSE DU STALINISME

Messages

  • Ukraine, Hongrie, Syrie, Libye, Irak : les chiens sanguinaires se préparent

    La révolution européenne qui a suivi de près la révolution d’Octobre 1917 en Russie n’est plus dans les mémoires et pourtant elle était déterminante pour l’avenir du capitalisme et du socialisme. Son point crucial était l’Allemagne où en 1918 le prolétariat renversait le kaiser, terminant la première guerre mondiale. Les conseils de travailleurs se développaient là comme ils s’étaient développés en Russie mais, contrairement à la Russie, ils ne prenaient pas le pouvoir car la social-démocratie allemande, prenant fait et cause pour la bourgeoisie dont elle avait cautionné la guerre, mettait en place un gouvernement pseudo-révolutionnaire détournant la lutte ouvrière et préparant le massacre des éléments les plus avancés du prolétariat allemand, les spartakistes et les indépendants, ceux qui avaient lancé et dirigé les soviets en Allemagne. C’est à cette occasion que le social-démocrate Noske lançait sa fameuse phrase où il se déclarait le « chien sanguinaire », selon lui indispensable à l’Allemagne contre la révolution.

    Confronté aux Mutineries de Kiel où les marins se joignent aux ouvriers, forment des conseils révolutionnaires et démettent les autorités puis étendent le mouvement à tout le pays, le social-démocrate Noske gagne d’abord la confiance des Conseils ouvriers et préserve comme il le peut les institutions militaires ; puis, nommé gouverneur de Kiel par le nouveau gouvernement en 1919, il réprime durement l’insurrection et s’impose comme l’un des appuis les plus solides du nouveau régime. Il est nommé ensuite ministre de la Guerre (Reichswehr, l’armée de la République de Weimar) dans le gouvernement du chancelier Scheidemann et réprime l’insurrection spartakiste de Berlin (la « Semaine sanglante » de Berlin, du 6 au 15 janvier 1919), recrutant aussi des éléments des Corps francs. Au cours de cette semaine, les deux meneurs du parti communiste, Karl Liebknecht et Rosa Luxemburg, anciens dirigeants de l’aile gauche du SPD, sont assassinés par les corps francs dépendants de Waldemar Pabst, sur ordre de Noske. Il déclare alors : « Il faut que quelqu’un fasse le chien sanguinaire : je n’ai pas peur des responsabilités ».

    Les corps francs fascistes vont assassiner la révolution en 1918 sur ordre du gouvernement social-démocrate. Puis, suite à la Finlande et à l’Allemagne, toute l’Europe de l’Est va connaître la terreur blanche sur ordre de la gauche social-démocrate alliée aux fascistes. Un véritable bain de sang de la part de ceux qui affirment s’opposer aux révolutions car elles seraient trop sanglantes… La gauche va donc organiser et armer les fascistes. La leçon doit rester dans les mémoires…

    Et aujourd’hui ? Eh bien, les mêmes causes entraînent les mêmes effets. La crise du capitalisme, qui avait autrefois entraîné la première guerre mondiale, pousse maintenant à la troisième. Les fascismes montent aussi, favorisés par les « gauches ».

    Qui a soutenu les fascistes ukrainiens aujourd’hui au pouvoir à Kiev ? Les Hollande et les Valls ! Qui soutient Victor Orban de Hongrie, le fasciste au pouvoir en Hongrie, qui a a caution de toute l’Europe et qui s’attaque violemment aux Roms, aux immigrés, aux travailleurs, aux libertés ? Les mêmes ! Ce sont les prétendus démocrates, de gauche et de droite, des gouvernements européens, de Hollande à Merkel et à Cameron !

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