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Guerre et révolution

jeudi 27 mars 2014, par Max

Guerre et révolution

De nombreuses situations de l’histoire ont montré à quel point guerre et révolution sont imbriquées de même que les deux s’opposent. Dans ces situations de crise, guerre ou révolution sont des alternatives et des contraires dialectiques car, si la révolution ne l’emporte pas, si la guerre éclate, elle est alors elle-même menacée par la révolution, tout particulièrement en cas de défaite. La guerre peut se transformer en révolution comme la révolution en guerre.

D’abord, la guerre est un moyen de retarder, d’éviter, d’écraser les potentialités de la révolution. Ensuite, la révolution est une issue de la guerre.

La raison en est que les guerres n’ont pas que des motifs nationaux, économiques ou ethniques, ils ont d’abord des motifs de classe et guerre et révolution sont les opposés dialectiques dans la lutte de classes.

Nous avons assisté ces dernières années à la transformation en guerre de multiples situations de crises révolutionnaires dans plusieurs pays, et inversement, de la Côte d’Ivoire (crise en 1999 et guerre en 2001) à la Syrie (crise 2011 en et guerre depuis 2012), de la Libye (crise en janvier 2011 et guerre en mars 2011) au Mali (guerre en janvier 2012 et crise en mars 2012) et du Liban (crise en 1975 et guerre en 1976) à l’Algérie (crise en 1988 et guerre en 1990). Et ce ne sont que des exemples. On pourrait également citer certains pays d’Asie et d’Amérique du sud.

La guerre est un dérivatif classique des situations révolutionnaires, celles où les classes dirigeantes ne peuvent plus diriger. Quand Napoléon III se lance dans la guerre franco-allemande, quand la Prusse en fait autant, les deux font le choix risqué de la fuite en avant guerrière car les deux se retrouvent devant une montée du mouvement ouvrier et socialiste qui menace directement la domination de la bourgeoisie. L’échec de Napoléon III et sa chute provoque plusieurs révolutions à Paris, et finit par mener au pouvoir ouvrier de la Commune en 1871.

Quand la Russie entre en guerre avec le Japon, en 1904, la menace révolutionnaire monte et elle va réapparaitre après la guerre, en 1905.

Quand la bourgeoisie européenne fait le choix de la guerre mondiale en 1914, la révolution monte dans tous les empires (russe, austro-hongrois et ottoman) et c’est face à une nouvelle crise économique, alors que la catastrophe de la précédente manifeste pleinement ses effets notamment en Allemagne qu’elle décide de casser momentanément les risques révolutionnaire par l’entrée en guerre. La fin de la guerre verra réapparaitre la révolution sociale, particulièrement dans tous les pays vaincus, notamment l’Allemagne, l’empire ottoman et les faux vainqueurs comme l’Italie.

Transformer la révolution sociale en guerre est tout aussi classique comme politique des classes dirigeantes et c’est ce que l’on a remarqué lors de la révolution espagnole. C’est en prétendant qu’il fallait interrompre la révolution sociale pour mener une guerre classique contre franco que les partis républicain, socialiste et stalinien ont cassé l’élan révolutionnaire et permis le triomphe du fascisme. Un exemple plus ancien est la tentative des girondins de casser l’élan révolutionnaire en poussant à la guerre contre les puissances européennes.

L’autre lien, classique lui aussi, c’est la guerre qui se transforme en révolution. Là aussi, on trouve l’exemple dans la révolution française avec la révolution jacobine qui découle de la révolte du peuple contre les trahisons des Girondins dans la guerre contre les puissances européennes. On l’a vu aussi en Russie, en 1905, suite à la défaite militaire contre le Japon. On l’a vu dans la vague révolutionnaire en Europe à partir de 1917, pendant la guerre mondiale inter-impérialiste. C’est même la révolution prolétarienne qui a contraint les bourgeoisies européennes à arrêter leur guerre, ce qui n’a pas empêché l’éclatement des révolutions dans les pays vaincus. On l’a vu dans la vague révolutionnaire en Asie après la deuxième guerre mondiale, suite à la défaite japonaise.

Dès que la crise de la domination capitaliste atteint son sommet, l’alternative guerre ou révolution devient inévitable.

La question se pose dès maintenant. Après l’effondrement du capitalisme en 2007-2008, les classes dirigeantes n’ont pas trouvé d’issue à la crise autre qu’une intervention financière massive pour retarder la chute et préparer ainsi tous les moyens de détourner les révolutions, même si celles-ci ont quand même éclaté dans le maillon faible, au Maghreb, dans le monde arabe et en Afrique. L’un des dérivatifs à la lutte des classes, le principal même est la préparation de la guerre mondiale qui prend la forme d’un affrontement entre les deux blocs impérialistes, les anciens impérialismes USA-Europe-Japon-Canada-Australie et les nouveaux Chine-Russie-Inde-Iran-(peut-être le Brésil ou l’Afrique du sud).

La guerre n’est pas causée par des buts territoriaux en soi mais par l’impossibilité pour la bourgeoisie de gouverner durablement sans risques de soulèvements révolutionnaires incontrôlables. Du côté de la Russie et de la Chine, la fuite en avant économique vers la domination n’est pas un choix mais une nécessité. Les entourer, les diminuer, les attaquer est aussi une nécessité pour le camp occidental.

A terme, la guerre entre les deux blocs capitalistes est absolument inévitable.

La seule alternative est que la révolution prolétarienne démarre avant et que le prolétariat y joue un rôle dirigeant, ce qui n’est pas encore le cas au Maghreb et dans le monde arabe, ni en Afrique.

L’ouvrage de Léon Trotsky (tome 1)

L’ouvrage de Léon Trotsky (tome 2)

Le point de vue de Lénine

Le socialisme et la guerre

Le point de vue de George Haupt

Le texte de Kautsky

Le point de vue de Marceau Pivert

Guerre et révolution dans la Révolution française

Guerre de 1870 et révolution de 1871

Guerre russo-japonaise de 1904 et révolution de 1905

Montée révolutionnaire en Europe : cause de la première guerre mondiale de 1914

De la première guerre mondiale à la révolution

Révolutions de 1917-1923 en Europe après la deuxième mondiale

Guerre et révolution dans l’Espagne de 1936

Les révolutionnaires et la deuxième guerre mondiale

Révolutions en Asie après la deuxième guerre mondiale]

Messages

  • La Côte d’Ivoire a transformé sa crise révolutionnaire de 1999-2001 en guerre entre le Nord et le Sud, entre l’Est et l’Ouest, entre clans de la bourgeoisie, guerre civile qui dure toujours. L’Algérie et l’Egypte ont transformé leurs crises révolutionnaires, respectivement de 1988 et 2010, en guerre entre l’armée et les islamistes.

  • Léon Trotsky en 1917 :

    La guerre et la révolution se succèdent souvent dans l’histoire.

    Dans les temps ordinaires, les masses ouvrières font passivement la dure corvée quotidienne, se soumettant à la force puissante de l’habitude. Ni les contremaîtres, ni la police, ni les geôliers, ni les bourreaux ne pourraient retenir les masses assujetties, si elles n’avaient pas cette habitude – véritable servante du capital.

    La guerre, qui déchiquette les masses et les massacre, est dangereuse aussi pour les gouvernants, précisément parce que, d’un coup, elle ébranle le peuple en les faisant sortir de son état habituel, éveille avec son tonnerre les éléments les plus arriérés et les plus ignorants et les force à se regarder et regarder ceux qui les entourent.

    Tout en poussant des millions de travailleurs dans le feu, les dirigeants doivent mettre des promesses et des mensonges à la place de l’habitude. La bourgeoisie embellit sa guerre avec tous les traits qui sont chers aux cœurs magnanimes des masses populaires : guerre pour « la liberté », pour « la justice », pour « une vie meilleure » ! En remuant les masses jusqu’au plus profond, la guerre finit inévitablement par les tromper : elle ne leur apporte que de nouvelles blessures et de nouvelles chaînes. Pour cette raison, la tension des masses trompées, provoquées par la guerre conduit fréquemment à une explosion contre les dirigeants ; la guerre donne naissance à la révolution.

    C’est ainsi que ça s’est passé il y a vingt ans, au cours de la guerre russo-japonaise : elle a immédiatement accentué le mécontentement du peuple et a conduit à la révolution de 1905.

    Voilà comment il y a 46 ans en France : la guerre franco-prussienne de 1870-1871 aboutit au soulèvement des ouvriers et à la création de la Commune de Paris.

    Les ouvriers de Paris furent armés par le gouvernement bourgeois, sous la forme de la Garde nationale, pour défendre la capitale contre les troupes allemandes. Mais la bourgeoisie française avait plus peur de ses prolétaires que des troupes des Hohenzollern. Après la capitulation de Paris, le gouvernement républicain tenta de désarmer les ouvriers. Mais la guerre avait déjà éveillé en eux un esprit d’indignation. Ils ne voulaient pas retourner à l’usine comme les mêmes ouvriers qu’ils avaient été avant la guerre. Les prolétaires parisiens ont refusé de rendre leurs armes. Un affrontement s’est produit entre les ouvriers armés et les régiments gouvernementaux. C’était le 18 mars 1871. Les ouvriers sortirent victorieux, devenaient les maîtres de Paris et le 28 mars – sous le nom de Commune – établirent un gouvernement ouvrier dans la capitale. La Commune ne dura pas longtemps. Le 28 mai, ses derniers défenseurs sont tombés après une résistance héroïque contre l’assaut des hordes bourgeoises. Puis ont commencé des semaines et des mois de représailles sanglantes contre les participants de la révolution prolétarienne. Cependant, malgré sa brève existence, la Commune est restée le plus grand événement de l’histoire de la lutte prolétarienne. Basé sur l’expérience des ouvriers parisiens, le prolétariat mondial a vu pour la première fois ce que c’est qu’une révolution prolétarienne, ce que sont ses objectifs et ses voies.

    La Commune commença par confirmer tous les étrangers élus au gouvernement ouvrier. Il déclara : « La bannière de la Commune est la bannière de la République Mondiale ».

    Il purgea l’État et les écoles de la religion, abolit la peine capitale, renversa la colonne Vendôme – monument au chauvinisme – et transféra tous les devoirs et les postes à de véritables serviteurs du peuple, fixant leur salaire au salaire d’un ouvrier.

    Elle se mit à faire un recensement des usines et des fabriques qui avaient été fermées par les capitalistes effrayés pour y commencer la production avec un financement public. C’était le premier pas vers une organisation socialiste de l’économie.

    La Commune n’a pas réalisé tous ses plans : elle fut écrasée. La bourgeoisie française, avec l’aide de son « ennemi national », Bismarck, devenu immédiatement son allié de classe, noya dans le sang le soulèvement de son véritable ennemi, la classe ouvrière. Les plans et les tâches de la Commune ne se sont pas concrétisés. Mais ils entrèrent dans l’âme des meilleurs fils du prolétariat du monde entier ; ils sont devenus l’héritage révolutionnaire de notre lutte.

    Et maintenant, le 18 mars 1917, l’image de la Commune se lève devant nous plus clairement que jamais : car nous, après un grand intervalle de temps, sommes de nouveau entrés dans l’époque des grandes batailles révolutionnaires.

    La guerre mondiale a arraché des dizaines de millions de travailleurs de leurs conditions habituelles de travail et de végétation. Jusqu’à présent, cela ne s’est produit qu’en Europe ; demain cela se produira en Amérique aussi. Jamais les masses ouvrières n’avaient reçu de telles promesses ; jamais auparavant on ne leur a dessiné de tels objectifs radieux ; jamais ils n’ont été aussi flattés que dans cette guerre. Jamais auparavant les classes possédantes n’ont osé demander tant de sang au peuple, au nom de ce mensonge qu’on appelle « la défense de la patrie ». Et jamais les ouvriers n’avaient été trompés, trahis et crucifiés comme aujourd’hui.

    Dans les tranchées débordant de sang et de boue, dans les villes et villages affamés, des millions de cœurs sont remplis d’indignation, de désespoir et de rage. Et ces sentiments, combinés à la pensée socialiste, se transforment en enthousiasme révolutionnaire. Demain sa flamme éclatera à la surface dans des soulèvements puissants des masses ouvrières.

    Le prolétariat de la Russie est déjà sorti sur la grande route de la révolution et, sous son offensive, les bastions des plus honteux despotismes tombent et s’effondrent. La révolution en Russie, cependant, n’est que le précurseur des soulèvements prolétariens à travers l’Europe et le monde entier.

    « Rappelez-vous la Commune ! » – dirons, nous les socialistes, aux masses ouvrières insurgées. La bourgeoisie vous a armés contre l’ennemi étranger ? Refusez de rendre vos armes à la bourgeoisie, comme les ouvriers parisiens l’ont fait en 1871 ! Pointez ces armes, comme Karl Liebknecht vous a appelés à faire, contre votre véritable ennemi, contre le capitalisme ! Arrachez de ses mains la machine d’État, transformez-la d’une arme de violence bourgeoise en appareil d’auto-gouvernement prolétarien. Vous êtes maintenant incomparablement plus forts que vos prédécesseurs ne l’étaient à l’époque de la Commune. Détrônez tous les parasites. Prenez la terre, les mines et les usines et gérez-les vous-mêmes. Fraternité au travail, égalité dans le partage des fruits du travail !

    La bannière de la Commune est la bannière de la République mondiale du Travail !

    Novy mir, le 17 mars 1917.

  • Contre la guerre, révolution !

    Comme en 1914 les chefs d’État impérialistes de tout poil - de Trump à Macron en passant par beaucoup d’autres- peuvent préférer la guerre à la confrontation sociale et à la crise de leur pouvoir. Soulevons-nous : c’est la voie de la survie contre le capitalisme, la guerre et le réchauffement. En agissant pour la grève générale, pour chasser Macron, nous agissons aussi pour cela.

    L’élimination, ce 2 janvier, de Qassem Suleiymani (un bourreau que l’on ne va pas regretter), chef de la garde prétorienne du régime iranien, est un coup d’État de Trump, qu’il a pu mener à bien parce que cette fois-ci ça redore son état-major que, lors de son précédent coup, il avait squeezé en lançant Erdogan – et Poutine- sur les régions kurdes de Syrie du Nord. Le coup vise le Congrès US et vise à instaurer à Washington un pouvoir présidentiel sans précédent, déséquilibrant les fondamentaux constitutionnels US. Il « compense » aussi la non-réaction US au bombardement de la plus importante raffinerie saoudienne voici quelques semaines.

    Mais la suite de ce coup consiste dans la guerre contre l’Iran sur le terrain irakien – au moins. Trump et les mollahs ont un intérêt commun à se faire la guerre : leur ennemi commun, le peuple irakien, soulevé dans tout le Sud du pays, est celui qu’il s’agit de faire taire et d’étouffer.

    Mettre la guerre à la place de la révolution, voila leur programme dans la mesure où ils en ont un.

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