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Le NPA sur le conflit ukrainien, une position qui tourne le dos à l’internationalisme et aux intérêts de classe du prolétariat

lundi 7 avril 2014, par Robert Paris

Le NPA sur le conflit ukrainien, une position qui tourne le dos à l’internationalisme et aux intérêts de classe du prolétariat

Pour le NPA, la mobilisation de la petite bourgeoisie nationaliste dont l’aile radicale était carrément fasciste serait un « soulèvement démocratique », un « printemps des peuples », une « lutte pour l’autodétermination ». voir ici

Et aussi là

Pour cette organisation, « la crise fut loin d’opposer deux camps ou programmes clairement délimités : elle a révélé des différenciations et hésitations parmi les oligarques et élites, même au sein du Parti des Régions (du président), et - en dépit de différences culturelles, sociales et politiques entre différentes régions historiques du pays-, l’émergence des masses comme un facteur indépendant exprimant leur « indignation » et défiance envers les partis politiques – que ce soit par l’implication directe dans le mouvement Maïdan (surtout dans l’ouest et le centre du pays) ou de façon passive (dominant dans l’est russophone). »

« L’émergence des masses » mais qui sont ces masses ? Les travailleurs ou les petits entrepreneurs dirigés justement par des patrons oligarques ! Cela, le NPA ne veut pas le voir.
« La crise fut loin d’opposer deux camps ou programmes clairement délimités », déclare le NPA mais c’est faux : cette « mobilisation » est dirigée d’un côté vers les impérialismes européens et occidentaux, notamment des USA, exactement comme le camp d’en face soutient l’impérialisme russe, là non plus le NPA ne s’en rend pas compte ou ne veut pas s’en rendre compte pour voir « en positif » la « mobilisation des masses ».

A croire le NPA, on devrait s’expliquer le rôle dirigeant de l’extrême droite par le fait que « Ce mouvement, depuis le début, a présenté des traits combinés, à la fois révolutionnaires (démocratiques, anti-hiérarchiques, auto-organisé) et réactionnaires – dont l’issue globale est et demeure tributaire de luttes politiques et sociales. »

A la fois démocratique et fasciste ? Curieux non ?
Le NPA affirme que ce qui motive ce mouvement, ce sont des « aspirations populaires à une vie décente et libre dans un Etat de droit débarrassé de son régime oligarchique et criminel ».

Mais qu’est-ce qui motive les oligarques et autre patrons qui sont à la base du mouvement ? Et qu’est-ce qui motive les grandes puissances qui le soutiennent à fond ? Le NPA ne le dira pas, ne le verra pas…

Certes, le NPA ne peut se permettre de dire que la victoire de Maïdan serait une victoire des travailleurs ou des masses alors, le NPA déclare que « l’issue globale est et demeure tributaire de luttes politiques et sociales. »

L’issue d’une lutte dirigée par l’extrême droite et les petits patrons liés à des grands patrons pro-occidentaux serait incertaine, pourrait basculer vers la révolution sociale, marquée, toujours selon le NPA, par l’auto-organisation !!!

La démagogie des fascistes, qui font semblant d’organiser des conseils populaires, prise au pied de la lettre par de prétendus révolutionnaires, il fallait le faire…

Et que fait le NPA de cette extrême droite qui ne se cache, qui exprime ouvertement son fascisme ?

Le NPA répond : « La chute de Ianoukovitch n’est pas un « coup » fasciste. Mais la composition et les orientations du « gouvernement d’union » soutenu par les puissances occidentales peuvent faire exploser l’Ukraine »

Tout juste si le NPA reconnaît du bout des lèvres que « Cette présence active de l’extrême droite, populaire dans un mouvement idéologiquement confus et de type « Indignés », a divisé et affaibli les forces de gauche. »
Pour ce groupe, c’est le fait que les masses se défient de tous les partis qui a donné du poids… au parti fasciste !!!
Le NPA ignore-t-il que c’est la droite et l’extrême droite qui dirigeaient cette prétendue révolte ? Même pas ! Le NPA écrit : « Alors que les principales forces politiques organisées étaient de droite ou d’extrême-droite, nous soutenons les forces sociales et politiques qui ont cherché à construire une opposition de gauche au sein de ce mouvement. »

Donc c’est vers l’extrême droite que se tournait ce mouvement que le NPA soutient en espérant le tourner à gauche. L’illusionnisme politique atteint là un sommet !

« C’est un mouvement populaire, se défiant de tous les partis… qui a donné du poids au parti Svoboda, célébrant toujours les bataillons SS et valorisant pour l’instant « l’Ukraine européenne » contre la Russie. De même ont été populaires les militants de Pravyi Sektor, camouflant leur xénophobie dans une logique « anti-système ».
Pourquoi ce conflit s’est-il porté sur la signature ou la non signature d’un accord avec l’Europe ou avec la Russie ? Un aveugle saurait que c’est bel et bien un conflit inter-impérialiste dans lequel les travailleurs n’ont pas à prendre parti.

Mais le NPA prétend que la chute de Ianoukovitch signifie « le droit du peuple ukrainien tout entier à décider et contrôler les accords internationaux négociés – ou rompus – en son nom, que ce soit avec la Russie ou avec l’UE. Avec une pleine transparence sur leurs effets politiques et socio-économiques. »
Le NPA essaie verbalement d’imaginer comment un lutte menée par l’extrême droite et les pro-impérialistes occidentaux va se changer en révolution et le feu en eau…
Il écrit ainsi : « L’aspiration démocratique doit transformer les défiances « anti-système » en assemblées citoyennes, comme en Bosnie, mettant à plat les privatisations qui ont démantelé les droits sociaux. Il faut dénoncer la dette comme illégitime contre les plans d’austérité du FMI. »

Le NPA est obligé de reconnaître que, suite à la chute de Ianoukovitch, ses prétentions à transformer le mouvement en révolution sociale n’ont aucun sens et il l’explique ainsi : « Après la chute du régime Ianoukovitch, le mouvement de masse lui-même, n’a pas de programme progressiste basé sur des revendications démocratiques nationales et sociales ou de force politique et syndicats indépendants implantés parmi les travailleurs – tout en étant imprégné d’espoirs de réels changements politiques et sociaux. »

De toutes ces analyses, ou prétendues telles, la crise du capitalisme qui frappe l’Ukraine est complètement absente, les classes dirigeantes et leurs aspirations sont complètement absentes, les impérialismes et leurs calculs sont complètement absents.

C’est vraiment un sommet de l’illusionnisme du prétendu « anticapitalisme » !

Vous pouvez lire ici notre point de vue :

Ukraine : quand l’affrontement Est-Ouest et la menace de guerre civile servent les classes dirigeantes en faillite pour détourner de la lutte des classes

Vous pouvez lire ensuite comment l’illusionnisme du NPA atteint la "Fraction de Lutte Ouvrière au sein du NPA :

Sous les pavés de Maïdan, la colère sociale ?

Ceux qui se sont mobilisés pendant plus de trois mois sur les barricades de Kiev fêtent la victoire. Ils ont chassé le sinistre Ianoukovitch, représentant de cette lignée de nouveaux riches nés du croisement entre ex-bureaucrates de l’Est et capitalistes de l’Ouest. Depuis l’indépendance de l’Ukraine, de grandes fortunes comme la sienne et celle de ses fils se sont érigées sur des coups tordus mais surtout sur l’exploitation des travailleurs. Quand ceux de Maïdan ont organisé le week-end dernier la visite de son palais somptueux aux environs de Kiev, les familles venues là avec leurs gosses, et qui pourtant savaient, n’en croyaient pas leurs yeux.

100 morts pour un simple retour à la case départ ?

Cela dit la victoire a son goût amer, car ceux qui s’installent maintenant au pouvoir sont des khalifes qui briguent la place du khalife. Il existe une grande défiance à leur égard tant ils montrent d’empressement à ce que les manifestants de Maïdan rentrent au plus vite chez eux. Ce à quoi ils sont poussés par les puissances occidentales et le régime russe, qui craignent la rue, disent vouloir préserver l’unité et l’intégrité de l’Ukraine, mais veulent surtout préserver cet ordre mondial nécessaire à la bonne marche de leurs affaires. Car Obama et l’Union européenne d’un côté, Poutine de l’autre, s’ils ont fait monter la mayonnaise entre eux à propos de la mobilisation en Ukraine, sifflent maintenant ensemble la fin de la partie. L’opposition ukrainienne, coalition d’opposants politiques qui vont de nos centristes à l’extrême droite, est donc chargée d’assurer le retour au calme et s’y emploie. En tant que nouvelle majorité au parlement, elle a annoncé des élections présidentielles et législatives pour mai prochain. Elle a libéré Ioulia Timochenko, femme d’affaires et ex-ministre jetée en prison par Ianoukovitch parce qu’elle rivalisait de corruption avec lui. La même opposition a décidé du retour à la

Constitution de 2004, instaurée par cette révolution orange prétendue démocratique qui a conduit… à la situation actuelle.

À juste titre, ceux de Maïdan n’ont pas une grande confiance dans les Klitschko, Iatsenouk (ami de Timochenko) ou caïds d’extrême droite qui n’ont pas grand-chose à leur offrir.

La révolte de Maïdan a éveillé d’autres espoirs. Les classes populaires d’Ukraine, qui n’avaient pas la belle vie à l’époque de l’URSS, ont vu leur vie encore bousculée par l’installation du capitalisme. Aujourd’hui 30 % de la population connaît une situation misérable, dont des millions de travailleurs qui ont été licenciés et sont sous la menace de nouvelles mesures d’austérité – celles précisément que l’UE et le FMI exigent pour débloquer des aides. Au point qu’aujourd’hui encore les cadeaux certes très intéressés de Poutine semblent plus avantageux ! Et oui, les nationalistes à tout crin, dont cette extrême droite du parti Svoboda, ont menti comme des cochons en laissant croire que l’« Occident » serait moins rapace que « l’ogre russe ».

…Ou pour un avenir vers une Europe des travailleurs en lutte ?

Il y a eu le Maïdan des podiums et des estrades, de ceux qui ont tenu le haut du pavé. Mais sous les pavés pourtant il y avait la colère sociale semblable à celle des bonnets rouges bretons ou des travailleurs grévistes de Bosnie. Les opposants politiques ukrainiens se sont évertués à la laisser enfouie, sous les prières et l’hymne national, et ont laissé au vestiaire les revendications d’emploi, de salaire, a fortiori les encouragements au contrôle populaire sur les biens accaparés par les oligarques. À commencer par cette extrême droite qui trépigne mais cherche aussi et surtout sa place dans un gouvernement.

À l’heure où nous écrivons, le bras de fer n’est pas terminé. La mobilisation qui a renversé un tyran peut davantage encore. Et pourquoi pas, à plus ou moins court terme, se muer en élan populaire massif, non pas vers l’Europe des Merkel ou Hollande, mais vers celle de millions de travailleurs de France, d’Italie ou de Grèce, soumis aux mêmes diktats de l’oligarchie capitaliste.

Éditorial du 24 février 2014 des bulletins d’entreprise L’Étincelle de la Fraction de Lutte Ouvrière au sein du NPA

En somme, à en croire la Fraction de Lutte Ouvrière au sein du NPA, voilà une mobilisation pro-impérialismes occidentaux, qui est sensée donner des idées positives de lutte à la classe ouvrière, bien qu’elle soit dirigée par des patrons petits et grands et s’’inscrive dans les développements vers la guerre mondiale !!!

Messages

  • En 2009, l’alliance militaire de l’OTAN, dominée par les Etats-Unis, avait absorbé dans ses rangs presque tous les pays de l’Europe de l’Est qui appartenaient jadis à la sphère d’influence de l’Union soviétique. Mais les tentatives d’incorporation des anciennes républiques soviétiques dans l’OTAN ont échoué – à l’exception de trois Etats baltes, l’Estonie, la Lituanie et la Lettonie – du fait de l’opposition de Moscou. L’Ukraine, avec ses 46 millions d’habitants et son emplacement stratégique entre la Russie, l’Europe, la Mer noire et le Caucase, s’est toujours trouvée au centre de ces efforts.

    Dès 1997, l’ancien conseiller américain à la sécurité nationale Zbigniew Brzezinski avait écrit que sans l’Ukraine, toute tentative entreprise par Moscou de reconstruire son influence sur le territoire de l’ancienne Union soviétique était vouée à l’échec. La thèse centrale énoncée dans son livre Le Grand Echiquier était que la capacité de l’Amérique à exercer une prédominance mondiale dépendait de la question de savoir si l’Amérique était en mesure d’empêcher l’émergence d’une puissance dominante et hostile sur le continent eurasiatique.

    En 2004, les Etats-Unis et les puissances européennes avaient soutenu et financé la « Révolution orange » en Ukraine, qui avait amené au pouvoir un gouvernement pro-occidental. En raison de conflits internes, le régime s’était toutefois rapidement effondré. La tentative de 2008 d’attirer la Géorgie dans l’OTAN en suscitant une confrontation militaire avec la Russie avait aussi échoué.

    Actuellement, les Etats-Unis et leurs alliés européens sont déterminés à utiliser le coup d’Etat en Ukraine pour déstabiliser une fois de plus les anciennes républiques soviétiques en les attirant dans leur propre sphère d’influence. Ce faisant, ils risquent de déclencher un conflit armé ouvert avec la Russie.

    Le groupe de réflexion Stratfor, qui entretient d’étroits liens avec les services secrets américains, a écrit, sous le titre « Après l’Ukraine, l’Occident se tourne vers la périphérie russe » : « L’Occident veut miser sur le succès d’avoir soutenu les protestataires anti gouvernement en Ukraine pour mener une campagne plus générale dans la région entière. »

    Stratfor, signale qu’« Une délégation géorgienne actuellement en visite à Washington, ainsi que le premier ministre du pays, Irakli Garibashvili, doivent rencontrer cette semaine le président américain Barack Obama, le vice-président Joe Biden et le secrétaire d’Etat John Kerry. » Il est également prévu que le premier ministre moldave Iurie Leanca se rende le 3 mars à la Maison Blanche pour rencontrer le vice-président américain Joe Biden. « La perspective de l’intégration occidentale de ces pays – en d’autres termes, comment les rapprocher davantage des Etats-Unis et de l’Union européenne et les éloigner de la Russie – occupe une place importante dans le programme des deux visites. »

    Lilia Shetsova, de la fondation américaine Carnegie pour la Paix internationale (sic) à Moscou (Carnegie Endowment for International Peace), explique également que le coup d’Etat en Ukraine doit être étendu aux autres pays et à la Russie même. « L’Ukraine est devenue le maillon le plus faible dans la chaîne post-soviétique, » a-t-elle écrit dans un commentaire rédigé pour le journal allemand Süddeutsche Zeitung. « Nous devrions garder à l’esprit que des soulèvements identiques sont possibles dans d’autres pays. »

    Shetsova souligne une caractéristique de la révolution ukrainienne qu’elle souhaite préserver à tout prix : la mobilisation de forces fascistes pugnaces. « La chute d’Ianoukovitch est essentiellement attribuable aux ‘éléments radicaux’ sur le Maïdan, y compris entre autres, au Secteur droit qui est devenu une force politique sérieuse. » Elle a poursuivi en disant : « L’avenir de l’Ukraine dépendra du fait que les Ukrainiens peuvent maintenir le Maïdan. »

    Les « éléments radicaux » que Shetsova veut préserver à tout prix sont les milices fascistes armées qui se basent sur les traditions les plus viles de l’histoire ukrainienne : les pogroms et les meurtres de masse des Juifs et des communistes commis durant la Seconde Guerre mondiale. Le rôle futur de ces milices fascistes sera celui de terroriser et d’intimider la classe ouvrière.

    Il n’aura fallu que quelques heures pour que le réactionnaire fond social du soulèvement en Ukraine devienne évident. Les « valeurs européennes » que le l’éviction de l’ancien régime aurait soi-disant apportées au pays consistaient en attaques massives contre une classe ouvrière déjà appauvrie. Comme condition préalable à l’accord de prêts dont le pays a grandement besoin pour éviter une faillite imminente, le FMI exige la mise en flottement du taux de change de la hryvna, un brutal programme d’austérité et une augmentation du sextuple du prix du gaz domestique.

    Le flottement de la monnaie du pays conduira à une inflation galopante, une augmentation correspondante du coût de la vie et la destruction de toutes les économies restantes des Ukrainiens ordinaires. Le programme d’austérité visera essentiellement les retraites et les dépenses sociales et la hausse des prix du gaz signifiera qu’un grand nombre de familles ne pourront plus chauffer leurs logements.

    L’Ukraine doit être réduite à un pays où des travailleurs bien qualifiés et les membres des professions libérales gagnent des salaires qui se situent bien en dessous de ceux versés en Chine. Ce fait est d’une importance capitale pour l’Allemagne, le deuxième partenaire commercial de l’Ukraine (après la Russie) et, avec 7,4 milliards de dollars, le second plus important investisseur du pays.

    Tandis que pour les Etats-Unis l’isolement de la Russie se trouve au premier plan, l’Allemagne est intéressée à bénéficier économiquement de l’Ukraine qu’elle a déjà occupée militairement par deux fois, en 1918 et en 1941. Elle veut exploiter le pays en tant que plateforme de main d’œuvre bon marché en l’utilisant pour tirer les salaires encore plus vers le bas en Europe de l’est et même en Allemagne.

    D’après les statistiques de l’Institut de l’économie allemande (Instituts für deutsche Wirtschaft) les coûts de main-d’œuvre se situent au bas de l’échelle mondiale. Avec un coût de 2,50 dollars par heure travaillée, le coût horaire moyen (salaires bruts, plus d’autres coûts) des travailleurs et des employés se situe d’ores et déjà en-dessous de celui la Chine (3,17 dollars), de la Pologne (6,46 dollars) et de l’Espagne (21,88 dollars). En Allemagne, une heure travaillée coûte 35,66 dollars, c’est-à-dire 14 fois plus.

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