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Faut-il être pour ou contre l’Europe, plutôt que pour ou contre le capitalisme, ou pour ou contre la lutte des classes ?

mardi 6 mai 2014, par Robert Paris

Faut-il être pour ou contre l’Europe, plutôt que pour ou contre le capitalisme, ou pour ou contre la lutte des classes ?

Il ne cesse d’y avoir des élections en France. Et bien des questions vous taraudent : être pour ou contre le soutien massif aux banques et aux trusts sur argent public, par exemple. Ou encore, l’investissement massif dans des guerres extérieures de l’Afrique à la Syrie en passant par l’Europe de l’Est (puisque la France vient d’y envoyer son aviation face à la Russie). Ou encore, le droit des patrons de supprimer des emplois, de faire des chantages à l’emploi pour dégrader les salaires et les conditions de travail. Ou encore le droit de l’Etat de casser la sécu, les retraites, les services publics et le code du travail.

Eh bien, aucune de ces élections ne portera sur ces questions cruciales ! D’ailleurs, il n’y a aucune divergence entre les équipes politiciennes sur ces questions ! Aucune ne s’oppose qu’on finance sur fonds publics les bourses, les spéculateurs, les banques et les trusts. Aucune n’est contre l’intervention française en Afghanistan. Aucune n’est contre qu’on suive le système capitaliste inexorablement en train de couler depuis 2007. Etc, etc…

Et tous sont d’accord que l’on pose à la population de fausses questions sur lesquelles elle va pouvoir faire semblant d’exercer son droit démocratique à décider de l’avenir social, économique et politique. Mais justement ces questions ne décideront de rien. Du genre : préférez-vous Hollande ou Sarkozy, Le Pen, Guéant ou Valls, ou, éventuellement, Eva Joly ou Mélenchon ? Ou encore : êtes-vous pour ou contre l’Europe ?

On aurait pu demander aussi : préférez vous le fromage de chèvre ou le camembert et faire voter là-dessus. Cela aurait autant de rapport avec les vraies questions dont vont dépendre notre avenir, notre emploi, nos salaires, notre santé, notre logement et l’avenir de nos enfants !

Que ce soit tel ou tel qui préside, cela n’empêchera pas que ce sont les possesseurs de capitaux qui décident, cela n’empêchera pas que les emplois reculent, cela n’empêchera pas que le capitalisme est incapable de se sortir de sa crise qui témoigne qu’il a dépassé par son succès sa capacité d’absorption d’une telle masse de capitaux dans des investissements rentables et est entré dans une phase nécrophile où il se détruit de lui-même. Cela n’empêchera pas que, dans ces conditions, les classes dirigeantes vont favoriser la montée des sentiments fascistes et guerriers, que la planète retentit déjà de nouvelles menaces de guerre et que tous ces partis sont pour toutes les guerres passées comme pour toutes les guerres à venir…

On va encore nous bassiner pendant des semaines sur l’Europe. Etes-vous pour ou êtes vous contre. Pour plus ou pour moins d’Europe ?

Comme si l’Europe était le problème ou la solution de la question qui se pose de plus en plus à nous : que faire face à un système dominant en bout de course ?

Tous les moyens sont bons pour ne surtout pas poser les vraies questions.

Est-ce que l’Europe est une protection ou une menace face au chômage, à l’effondrement économique, au fascisme ou à la guerre ? Ni l’un ni l’autre ! Ce n’est pas d’Europe qu’est partie la crise mondiale mais des USA. Ce n’est pas l’Europe mais le monde qui est resté dans la crise depuis 2007. Le monde entier n’en est pas sorti. L’Europe n’a pas protégé les emplois mais pas le reste du monde non plus. L’Europe n’est pas contre les guerres et les autres pays impérialistes comme les USA, le Japon, la Russie ou la Chine non plus.

L’Europe n’est pas plus à nous, aux peuples, aux citoyens, que ne l’est la France.

Ceux qui disent que la France est nôtre nous mentent ! Elle appartient, comme le reste du monde, aux possesseurs de capitaux. Si, pendant quelques années, notre niveau de vie avait progressé et nos emplois aussi, si nous pouvions espérer que les emplois et la santé suivraient, ce n’est plus le cas aujourd’hui et ce n’est pas à cause de l’Europe comme le prétend Le Pen : c’est à cause de l’effondrement du capitalisme qui n’a été que retardé depuis 2007 par des méthodes artificielles et sans avenir. Le simple fait que Le Pen cache cela démontre qu’elle au service d’exactement les mêmes intérêts capitalistes que ses confrères qu’elle appelle l’UMPS. Le fait que les Verts ou Mélenchon le cachent aussi démontre la même chose.

Est-ce qu’aucun de ces partis a dénoncé les scandales les plus criants de cette société ? Non ! Ils ont tous cautionné l’organisation du génocide par la France de Mitterrand-Balladur au Rwanda en 1994. Tous cautionnent aussi la guerre de la France en Afghanistan. Tous ont cautionné l’intervention militaire internationale contre Haïti avec une occupation qui perdure jusqu’à aujourd’hui sans qu’aucun ne veuille expliquer que c’est la révolte populaire qui en est cause et pas le séisme. Etc, etc…
Tous les mensonges qui sont des fondements du monde actuel s’effondrent en même temps que le capitalisme mais tout est fait pour tenter de ravauder un édifice lézardé et qui menace de tomber. Les appareils syndicaux participent du même mensonge social et politique. On vient de voir Le Paon de la CGT déclarer qu’on devrait mener une autre politique si on voulait développer la concertation sociale au lieu de nous dire quelle politique syndicale mener pour développer la lutte des classes des travailleurs face à la celle qui devient plus dure de la part du patronat et du gouvernement.

Ce n’est pas au travers des élections européennes, pas plus que des élections nationales que les travailleurs, que les peuples peuvent réellement s’exprimer.

Les institutions, qu’elles soient nationales ou européennes, ne sont nullement faites pour permettre aux peuples de participer aux décisions de la société. Il s’agit seulement de couvrir la dictature du capital d’un voile.

On ne peut pas plus facilement infléchir les décisions nationales que les décisions européennes. Et les unes et les autres vont exactement dans le même sens car les Etats nationaux sont tout aussi à la botte du grand capital que l’est l’Europe.

L’Europe n’est pas davantage pacifique que les Etats. On voit qu’elle sert de ferment de guerre en Ukraine. Elle avait déjà agi dans le même sens en Yougoslavie ou en Syrie.

Gauche ou droite, Europe ou pas, Sarkozy ou Hollande, c’est nous demander à quelle sauce on veut être mangés. La réponse est : on ne veut pas et ce n’est pas dans des élections qu’organisent nos ennemis qu’on peut l’exprimer.

Pour que les travailleurs et les peuples puissent exprimer leurs choix politiques et sociaux, il leur faut le faire hors des institutions de la bourgeoisie, au travers de conseils de travailleurs que nous aurons nous-mêmes mis en place. C’est de cela que dépend notre avenir et pas du résultat des élections bourgeoises ni de l’action des partis bourgeois ou des centrales syndicales inféodées au système.

Et notre avenir sera en dehors de la propriété privée des grands moyens de production, en dehors du système d’exploitation capitaliste et pas en son sein !!!

Messages

  • Les institutions, qu’elles soient nationales ou européennes, ne sont nullement faites pour permettre aux peuples de participer aux décisions de la société. Il s’agit seulement de couvrir la dictature du capital d’un voile.

    Lénine dans "L’Etat et la révolution" :

    "Les démocrates petits-bourgeois, ces pseudo-socialistes qui ont substitué à la lutte des classes leurs rêveries sur l’entente des classes, se représentaient la transformation socialiste, elle aussi, comme une sorte de rêve sous la forme, non point du renversement de la domination de la classe exploiteuse, mais d’une soumission pacifique de la minorité à la majorité consciente de ses tâches."

    la conscience de la lutte des classes n est pas à comprendre dans un rapport binaire mais dans sa présence constante des enjeux des stratégies et des choix de société.

  • Après avoir dit aux électeurs que les élections avaient pour but de voter contre la droite Juncker, la gauche européenne appelle à voter pour le candidat Juncker !!!

    La candidature du Luxembourgeois Jean-Claude Juncker (droite) est soutenue par les neuf dirigeants sociaux-démocrates de pays de l’Union européenne, a déclaré samedi François Hollande à l’issue d’une rencontre qui les a réunis à Paris. Le choix de soutenir un conservateur à la présidence de la Commission devrait avoir pour contrepartie la nomination d’un social-démocrate pour succéder au président du Conseil, le Belge Herman Van Rompuy.

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