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Une discussion avec Roche-Hempel sur la crise du capitalisme et ses conséquences

vendredi 20 juin 2014, par Robert Paris

Une discussion avec Roche-Hempel sur la crise du capitalisme et ses conséquences

Nous reproduisons ici la contribution écrite de Jean-Louis Roche (ou Hempel) qu’il nous a transmise à l’occasion de la dernière réunion ouverte organisée par La Voix des Travailleurs le 1er juin à Paris sur le thème quelle crise du capitalisme et quelles conséquences (guerres, fascismes ou révolutions) et qui y a été lue et discutée.

Nos désaccords, que nous ne souhaitons ni minimiser ni effacer car ils sont très importants et portent sur des questions fondamentales, n’empêchent pas des débats sérieux et, éventuellement, des collaborations (comme l’article en commun contre le prétendu économiste Fabra). Les désaccords ne nécessitent nullement de présenter nos contradicteurs comme des ennemis, comme des idiots ou comme de faux communistes. Il nous semble particulièrement important, dans la situation actuelle du prolétariat international, de ne pas nous enfermer chacun dans une chapelle et présenter la défense d’une forteresse assiégée comme le nec plus ultra de la construction du parti communiste révolutionnaire. Cela ne signifie nullement que nous renoncions à cette perspective mais qu’elle ne coïncide pas avec l’idée de la construction groupusculaire. La première des constructions qui mène au parti et au prolétariat est la lutte pour les idées communistes qui nécessite un débat ouvert et le refus des anathèmes et des accusations de toutes sortes entre militants communistes, du moment qu’ils ne versent pas dans la caution des trahisons réformistes et opportunistes, électoralistes et syndicalistes, point sur lequel il nous semble trouver une certaine convergence, malgré des désaccords tactiques, avec notre camarade Roche-Hempel. Les critiques dont nous faisons suivre son texte sont fraternelles, même si nous ne pensons nullement que les désaccords soient censés s’aplanir en un ou plusieurs débats. Nous pensons que nous marchons séparément et que c’est bien ainsi, mais cela n’empêche pas de penser qu’au moment venu, il sera sans doute possible de frapper ensemble l’ennemi commun. Le débat ne nous semble pas nécessaire par simple souci démocratique mais indispensable pour approfondir les idées. Nous avons besoin des critiques extérieures à notre courant. Nous en avons besoin pour développer nos analyses. La fermeté de la critique de camarades qui ne sont pas issus du même courant nous semble un moyen d’accéder à un véritable effort scientifique sur les idées communistes, effort absolument indispensable après des années d’obscurantisme stalinien et de discours abrutissant des groupes dits révolutionnaires officiels, soi-disant trotskistes ou autres.

Nous ne pensons nullement que la seule confrontation d’idées des individus, des petits groupes ou des plus grands suffise à régler les questions théoriques et politiques qui nous divisent. Nous ne prétendons même pas savoir comment les situations politiques et sociales révolutionnaires pourront les résoudre mais nous souhaitons qu’elles soient débattues non dans des petits comités mais devant de larges masses réunies en soviets, en conseils, et discutant démocratiquement de leurs propres orientations. Les exclusives lancées par des groupes d’extrême gauche ne permettent nullement de faire avancer ces débats et ne servent généralement qu’à les éviter pour rester dans la chaleur douillette du groupe et pour couvrir souvent des choix opportunistes que la critique pourrait ébranler.

CONTRIBUTION DE JEAN-LOUIS ROCHE (blog Le Prolétariat Universel, 28 mai 2014)

CRISE, IMMIGRATION ET FASCISME

Un salut amical d’abord à tous les camarades présents à la réunion où je regrette de ne pouvoir être présent, coincé que je suis dans ma province arriérée. Je tenais tout de même à apporter ma contribution sur les trois sujets majeurs qui sont proposés par Robert Paris : quelle crise ? conséquences de cette crise : guerres ? fascismes ? et enfin destruction des acquis de la classe ouvrière.

1. Sur la Crise :

Tout le monde sait que le capitalisme est en crise. Il le dit lui-même par les mille voix baveuses de son hydre de Lerne médiatique. Pour certains, assez superficiels, Cassandre au petit pied, à la Paul Jorion le Capital est au bord de l’effondrement et ils le souhaitent afin qu’il se régénère pacifiquement. Pour d’autres, économistes chevronnés ou du dimanche, le Capital ne s’en sort pas trop mal : les bulles financières se gonflent et se dégonflent, les pays émergents deviennent détergents comme le Brésil qui a cassé sa tirelire en écoulant ses matières premières chez l’acheteur chinois sans songer à préserver ses arrières, et peine à assurer la coupe du monde footeuse. Les faibles révolutionnaires maximalistes psalmodient dans leur coin leur conviction journalière de la chute finale. On peut donc discuter des heures sur la crise, ses interprétations pessimistes ou optimistes, comparer les politiques de New Deal d’avant-guerre à l’ultra-libéralisme aujourd’hui, mais on n’en saura pas plus, d’un point de vue marxiste sur les échéances de l’effondrement du système d’exploitation mondiale. La stagnation des salaires, qui s’est étendue du secteur exposé à la concurrence internationale à l’ensemble de l’économie, c’est la concurrence de la Chine et des nouveaux pays industriels. Le quasi disparition de l’inflation, c’est la pression permanente sur les prix exercée par ces économies à faible coût. L’abondance des produits de grande consommation à des prix relativement bas, pour le grand profit des consommateurs européens, c’est la montée des importations de pays devenus les ateliers du monde. L’explosion de l’endettement des particuliers, c’est le substitut trouvé par les banques avec la complicité des Etats, pour maintenir la consommation en dépit de la stagnation ou de la baisse des revenus salariaux, préparant ainsi la crise de 2008. La montée des inégalités, en particulier celle entre les revenus du capital et ceux du travail, c’est l’écart considérable entre les gagnants et les perdants de la mondialisation. Des gauchistes bon teint à la gauche gouvernementeuse (et sa fée croissance) tous proclament que c’est la faute aux banquiers ces méchants agioteurs qui trafiquent dans le dos des électeurs. Or ce simplisme dans la dénonciation du capitalisme « financier » est inopérant politiquement et faux en réalité et protègent finalement la complicité des partis politiques et l’ordonnancement des Etats bourgeois. L’Etat continue sans hésiter à faire baisser les salaires des prolétaires en général (et souvent ne peut rien lui non plus contre les « destructions d’emploi », mais il répartit et étale la misère tant qu’il le peut et le pourra.
Les aides et reversements sociaux de toute sorte – sans oublier les allocations familiales, source de revenus incontestable et offerte au tout venant – évitent désormais les explosions émeutières dans les pays non plus les plus développés mais les plus anciens, en Europe en particulier. Des révolutionnaires qui au nom d’une soi disant « même attaque » de toute la classe ouvrière - « Comme tous ceux qui prétendent avoir dans leur poche une panacée contre les souffrances des masses » (dixit Marx) - laissent de côté ce constat ne peuvent rien comprendre à l’atonie, au manque de solidarité et aux divisions communautaires qui paralysent le prolétariat en une époque que l’on peut nommer réactionnaire, c’est-à-dire où la bourgeoisie fait la pluie et le beau temps sans pouvoir être encore menacée politiquement par la classe révolutionnaire historique. Mais pas réactionnaire comme la période qui suivit la défaite de la Commune de Paris ou la dissolution du bolchevisme dans le stalinisme. Une période où les idées dominantes les plus réactionnaires – croyances religieuses, culte du fric et de la réussite sur le dos des autres, ostracismes divers, etc. – tiennent le haut du pavé, et vont de pair, si je puis dire avec les bas salaires. L’idéologie est aussi basse en ce moment que sont bas les salaires et aussi navrante que la grande faiblesse des ouvriers à se défendre eux-mêmes !

Revenons partiellement à la question économique. Régulièrement reviennent à la mode les théories les plus éculées. Comme l’inexistence du prolétariat on nous ressort aussi qu’il n’est rien sans les patrons, et des pervers comme Paul Fabra ont même été jusqu’à imaginer que la loi de la valeur de Marx ne tenait pas debout. On trouve actuellement des gens qui nous assurent que les ouvriers ne rapportent plus rien, qu’on leur fait en quelque sorte la charité en leur donnant du travail. Outre la confusion avec les « assistés » - couches les plus pauvres et souvent assez réactionnaires qui votent Sarkozy ou Le Pen – ce raisonnement pue le mépris de l’ancienne classe nobilière qui vécut si longtemps sur le dos des esclaves.

Concernant Fabra j’ai demandé à Robert Paris de démontrer l’inanité de ses élucubrations de notre point de vue marxiste. Il s’en est acquitté au-delà d’une simple réplique mieux que je n’aurais pu le faire, comme certains ont pu le lire sur mon blog et sur le site Matière et Révolution. Robert n’est pas le premier en France du point de vue marxiste et révolutionnaire à remettre à sa place un auteur quelconque qui prétendait réfuter Marx en son entier et qui prétendait que la méthode marxiste n’était pas scientifique, en outre que la théorie de la valeur était « erronée » fausse, considérant enfin comme « marginaliste » le concept de « force de travail ».

Robert Paris va à l’essentiel avec une bonne couche d’explications de Marx dans la réfutation d’un intellectuel économiste hors des réalités capitalistes (un temps à la mode dans les écoles de l’élite bourgeoise, barristes en particulier) et en grande partie tombé dans l’oubli vu… la toujours pertinente méthode marxiste en économie saluée même par les plus grands économistes bourgeois contemporains comme « basique » pour la compréhension de la crise hors des fadaises d’un Thomas Picketty ou de feu Raymond Barre.

La force de travail, la transformation du produit du travail en valeur d’échange, toutes ces notions renvoient à la classe productrice et à sa place centrale dans la marche du système. C’est pourquoi les questions économiques fondamentales nous ramènent toujours à la lutte des classes.

2. RELATIVISER UN PONCIF : LA CRISE CAUSE DE TOUT

Les politiciens bourgeois dans leur discours radoteurs et ampoulés ne cessent d’évoquer Madame la Crise et son frère fainéant le chômage, comme dans l’Antiquité on invoquait les dieux méchants qui provoquaient les tempêtes. La crise finit par expliquer tout et rien, on vient de le voir dans la navrante électorale campagne européenne. Avant on disait c’est pas ma faute, c’est la faute à l’autre. Maintenant c’est pas notre faute mais celle de la crise. Cela sonne creux et c’est inoffensif.

Ce que Adam Smith et Marx disait de l’abêtissement de l’ouvrier parcellaire est un peu comparable au prolétaire consumériste de nos jours. Pour limiter cet abêtissement Smith recommandait des doses homéopathiques d’instruction ; et Marx parla de « pathologie industrielle ». Plus que la crise en soi – dont l’aspect premier, économique, aboutit à dynamiser la lutte de classe – l’abêtissement politique auquel est parvenu le système pose de sérieuses questions sur la capacité de la classe ouvrière à s’émanciper. Le long repli sur soi et les fausses théories socialisantes sur l’Etat d’assistance les nationalisations, les remboursements de la Sécurité sociale, etc. ont abouti à infantiliser – même pas à démoraliser – un grand nombre de prolétaires. Claude Bitot l’a dit justement dans son dernier livre : on réclame un dû à papa l’Etat, on ne voudrait surtout pas le culbuter. On se lamente sur la perte des « acquis » (les syndicalistes anarchistes et trotskiens) mais outre que ces acquis (garantie d’emploi dans le public, retraites avancées pour les fonctionnaires, etc.) n’ont jamais bénéficié qu’à une minorité de travailleurs, ils partent en lambeaux ; sous notre nez, grâce au cirque syndical la retraite disparaît peu à peu elle aussi. Le capitalisme est logique : no futur no garantie mes bien chers frères d’en bas !

Croire encore à cette stupidité propagandiste gauchiste (que j’avais entendue lors de votre précédente réunion) selon laquelle la bourgeoisie attaquerait de la même façon la classe ouvrière, est une imbécilité simpliste. Si c’était le cas, on aurait déjà fichu en l’air le système.
Les révolutionnaires ont toujours le souci de la rupture et lorsqu’elle survient ils en sont les premiers surpris souvent par des causes auxquelles ils n’avaient pas pensé. Aujourd’hui, plutôt que de vaticiner, il faut à mon avis creuser les causes et origines des divisions, en particulier sur la question fourre-tout de l’immigration – qui est systématiquement barrée par des leçons de morale hystérique afin d’en attribuer la paternité diabolique au seul FN. Et ainsi de la laisser au fond du tiroir comme MM Hollande et Merkel. Le pendu en Europe n’est pas le chômage mais l’immigration, autant ne pas parler de la… corde du pendu !

Personne ne semble plus s’étonner de l’expansion des comportements communautaristes, les coutumes folkloriques, pour ne pas dire arriérées que subit la population en France (et pas que les français de souche) et dont se moquent les élites : les revendications de droits outranciers aux guichets des services sociaux, les piscines pour femmes voilées, les hôpitaux avec docteurs femmes uniquement, crèches avec Belphégor sage-femme etc. Toutes ces exigences ou requêtes, à « tolérer » selon l’hypocrisie étatique servent à annihiler tout esprit de classe et de solidarité.

Cela va plus loin lorsque les « théoriciens » du code identitaire musulman, des groupes islamistes organisés, ouvertement antisémites, défilent dans la rue, comme n’osent plus le faire nos fachos à béret incliné d’avant-guerre. Si les extrémistes musulmans étaient des fascistes, on pourrait dire qu’on laisse à nouveau le fascisme à sa guise dans la rue. Le fascisme était basé sur une des principales puissances industrielles de la planète par sur le chef de bande divinisé Mahomet ou les rois du pétrole.

Notons comment le groupe anarchiste Reflex pose le problème sans le résoudre dans une attitude de fiers à bras « antifascistes » mais pas assez musclés pour aller policer les « barbus » qu’ils nomment aussi « tordus » ou « cinglés d’Allah » :

« Les militants antifascistes ont toujours eu beaucoup de mal à appréhender les phénomènes en France du racisme, du néo-conservatisme et du fascisme autre que celui à base « nationale » ou européenne, et principalement ceux de culture musulmane : pouvions-nous ou non, par exemple, vider nous-même des manifs pro-Palestine les « barbus » islamistes ou les groupes suspects utilisant la symbolique Magen David = Svastika. Ne passerions-nous pas pour des racistes ou des « suppôts du sionisme » à décider de dégager tel individu ou tel groupe politiquement marqué, hors les habituels négationnistes autoproclamés « de gauche » ou tel chefaillon identitaro-nationaliste imprudemment égaré dans la rue ? Les derniers débats sur le voile ont permis de faire un peu de ménage, mais se sont accompagnés aussi de lourds contentieux pas encore réglés. Des éclaircissements demeurent nécessaires ».

J’ai été présent à ces manifs à Paris (2004 et 2006) et sidéré par les cris racistes et meurtriers que j’entendais, je vous laisse imaginer ce qu’un électeur du FN ou les passants de souche du quartier auraient pu penser. Comme on était encore sous le règne de Sarkozy j’ai pensé que ce laissez-faire était intentionnel, voulu par l’Etat pour encourager non pas tant le racisme qu’une hostilité diffuse envers tout ce qui est arabe. Je ne préconise pas comme les anars de Réflex le coup de poing contre ce qu’ils n’osent pas appeler nouveaux fascistes, mais une réflexion sur l’intrusion de la religion et surtout de religieux hard dans la vie civile et plus étonnant encore dans les boites (la revendication d’une sale de prière est-elle une revendication de classe ?). En milieu prolétaire il faudrait discuter de tout cela et pas laisser les gens sous le contrôle de divers gourous ou imams improvisés, qui se répandent comme l’écrit encore Réflex : « Cette politique de l’appel à l’imam, utilisée tant par les pouvoirs de droite que « degôche », consistait dans les périodes de troubles dans les quartiers périphériques, à prendre comme interlocuteur et médiateur un imam, et si cette solution ne marchait pas, on envoyait les flics. Les « frankenstein » au petit pied se rendaient-ils compte alors qu’ils répétaient au calque le scénario utilisé dans les anciennes colonies ? Une ligne toujours suivie actuellement, qui n’est pas sans conséquence dans la formation d’une croyance. Cette pratique est aussi une méthode de division de la population, en créant, ou légitimant, une « troisième force » en fait plus supplétive qu’autre chose contre les associations de quartiers et autres éducateurs forcément soupçonnés de connivences « gauchistes ». On a vu cette politique à l’oeuvre dans tout le monde musulman, et pas seulement par les services américains : des régimes ont aidé à l’éclosion et/ou au développement de groupes islamistes pour écarter ou réduire l’influence communiste ou simplement progressiste dans la région. Ceux qui ont joué à ce jeu-là s’en mordent aujourd’hui les doigts : Les Frères Musulmans, Ben Laden, les Talibans ou le Hamas n’auraient pas l’importance qu’ils ont aujourd’hui s’ils n’avaient pas reçu l’aide intéressée de divers services occidentaux (ou israéliens dans le cas du Hamas, pour casser l’OLP) dans les années 70 et 80, au nom de l’affrontement Est/Ouest. En France, cette politique a puissamment aidé au développement des premières structures intégristes et islamistes. On comprendra le terme islamiste sur sa définition du « politico-religieux » versus l’adjectif islamique, uniquement religieux. (…)

Ils essaiment : « … les Témoins de Jéhovah de l’Islam. Leur célébrité médiatique doit beaucoup à leur apparence : barbe plus ou moins longue selon leur ancienneté dans le mouvement, djellaba ou gandoura blanche, calotte sur la tête et une paire de Reebok ou de Nike aux pieds. Ils sillonnent tous les quartiers habités par les populations d’origines musulmanes pour ramener les jeunes paumés sur le « droit chemin » d’Allah. leur vision de l’Islam, très fermée, se veut strictement apolitique, moraliste, non violente, de tradition mystique et soufie ».

En résumé on assiste au spectacle du repli national face au repli… identitaire. On ne sortira pas de cette ornière ni par un coup de gourdin de l’oligarchique FN ni par la tolérance œcuménique, ni par les prières, ni par les seules grèves économiques face à un nouvel et étrange nouvel « ennemi intérieur » qui détruit toute unité du prolétariat, car la dynamique historique de la lutte a toujours été ouvriers français et immigrés même combat), par des pratiques avérées sans fard à la « Youssef al-Qaradhawi, mentor des Frères musulmans et chef du Conseil européen de la fatwa et de l’institut de formation des imams de l’UOIF (qui) souhaiterait la restauration du califat dans les pays musulmans et bloquer tout effort d’adaptation pour les musulmans vivant en Europe » (ibid texte de Réflex). Jusqu’à un certain Farid Smahi conseiller régional FN en Ile de France, les deux extrémismes, musulman comme FN, se ressemblant comme deux gouttes d’eau finalement. Bénite ou pas.

3. GUERRE ET FASCISME :

Je serai plus bref sur ces deux questions. Concernant l’Ukraine, il est évident que personne ne veut de la 3ème boucherie mondiale. L’affaiblissement de la France électorale est bienvenu pour Poutine et Merkel – qui se fichent des supplétifs « populistes » - et veulent continuer leu relation commerciale privilégiée, même si cela déplaît à Obama. Obama également se fiche du résultat ponctuel et limité du FN. Les grands bourgeois méprisent complètement les excroissances populistes sans avenir et sans ossature réelle qui leur servent en fait de contre-poids, de faire valoir selon les circonstances et d’exutoire aux laissés pour compte.

L’élection dite « honteuse » en France a mis en lumière ce qu’on savait déjà, même avec les rond de jambe de Sarkozy, c’est l’Allemagne qui porte le chapeau en Europe quoiqu’elle ait besoin d’une France pas trop minable, preuve en est que certains responsables allemands espèrent que le désastreux Hollande n’ira pas jusqu’à son terme.

Quant au fascisme supposé, envisagé ou imaginé c’est du pipeau pour analphabètes politiques. L’immense abstention a concerné des eurosceptiques, et aussi chez les électeurs honteux du FN même s’ils étaient focalisés et sidérés par les expressions les plus caricaturales outrancières et visibles des « cinglés d’Allah », ce en quoi on ne peut leur donner tort.

Le fascisme fut un des instruments de la bourgeoisie pour finir d’abattre la vague révolutionnaire du prolétariat, même pas la contre-révolution comme le dit Trotsky, puisque la social-démocratie avait déjà fait le sale boulot . Aujourd’hui le prolétariat ne s’est pas encore vraiment mis en colère. La social-démocratie n’ose plus dire son nom. Tout est inédit. Les partis populistes type FN font du yoyo et sont constamment menacé de disparition parce qu’il n’y a rien derrière ni réel parti ; le FN fonctionne comme une oligarchie sans démocratie et avec un parrainage clanique, il ne pourra jamais encadrer la population comme le parti nazi ni atteindre un petit peu de la ferveur dont jouissait le parti hitlérien. La comparaison donc laissons-là aux ignorantins et aux maquilleurs d’opinion.

La dite vague brunette en Europe – France et Angleterre en tête – renvoie à la problématique confuse, pudibonde ou scandaleuse de l’immigration, ou plutôt des immigrations et de l’impuissance des gérants du capitalisme à solutionner les exodes de population et les agressions. En ouvrant large mais en laissant la plupart dans la plus cruelle misère.

En espérant que quelqu’un fera la synthèse des débats, recevez mes cordiales salutations.

1 - Cf. le dernier attentat dit « antisémite » en Belgique est un concentré de tout ce que la propagande bourgeoise est capable pour généraliser la confusion tout azimuts : le type chopé à la descente de train en France se serait « radicalisé » en prison, après une trajectoire de petit dealer il serait devenu un fervent propagandiste du « djihad », etc. En réalité ce pauvre mec (« loup solitaire » terme à la mode) peut tout aussi bien avoir été manipulé à la fois par les services secrets des pétromonarchies, la CIA et les sbires de l’Etat « juif » de Netanyaou ; au bout du compte, l’attentat criminel sert à « faire voter massivement » face au « danger de l’antisémitisme » en même temps qu’il criminalise l’ensemble de la population arabe, et les prolétaires parmi eux., générant une arabophobie délirante. Ambiance frileuse de préparation à la guerre ? (ajout après écriture du texte)

2 - La vieille chnoque de LO Arlette, vu la platitude de sa secte et de la gourde qui lui a succédé, n’a pas trouvé mieux que de s’aligner sur la débilité politique de la famille des saltimbanques gauche caviar Bedos père & fils. Il lui fallait frapper fort en effet car tout un chacun a pu être frappé par la faconde très arlettienne adoptée par la grosse Le Pen depuis un bout de temps : elle pose à sa façon presque gouailleuse « à la représentante des travailleurs… franchouillards »… Pour l’ancienne tronche de Lutte ouvrière (qui était pas née à l’époque) "on a connu ça avec Hitler dans les années 1930. La montée de l’hitlérisme en Allemagne a reposé sur une thématique à la fois contre les juifs, et en même temps en faisant toute une démagogie pour dire qu’ils sont ’social’ et qu’ils feront des choses pour les travailleurs. On a vu ce que ça a donné, on a vu la montée vers la guerre." C’est la nième fois que la comparaison était faite. Après tous les gauchistes et anars ordinaires, en décembre dernier, papy Guy Bedos affirmait : "Marine Le Pen fait la campagne de Hitler. Elle a simplement remplacé les juifs par les arabes et les nègres". Quant à son rejeton, Nicolas, il a été blanchi par la justice pour l’avoir traitée de "salope fascisante". Comme on meurt d’ennui face à la pauvreté politique de la scène française, la grosse conne oxygénée ne va pourtant pas redonner du jus à la tricherie institutionnelle bourgeoise ; ils mentent tous, pas seulement Hollande et en plus ils rackettent grands patrons et maquereaux pour remplir leurs salles électorales. (Vu à la télé) (2ème ajout aussi post écriture).

3 - La victoire du Front national ne s’appuie pas sur une vague particulièrement remarquable. Les électeurs du FN ont été près de deux millions moins nombreux dimanche que lors du dernier scrutin d’envergure nationale (4 711 000 dimanche contre 6 421 000 lors du premier tour des présidentielles de 2012).

La réponse de Robert Paris à Jean-Louis Roche :

Bien des points d’accord avec Roche face aux divers mensonges qui nous sont assénés sur la situation du capitalisme depuis 2007. Comme lui, nous ne pensons nullement que les banques ou la finance serait seule en cause et qu’il faudrait seulement l’en accuser. Nous ne joignons pas nos voix à tous ceux qui, en faisant semblant d’accuse les banques ou le capital financier, blanchissent l’ensemble du grand capital, comme le font tous les réformistes de gauche ou de droite, écolos, syndicats, gouvernants, média et même le pape ! Nous ne pensons pas non plus qu’il faudrait se contenter de s’accrocher à l’Etat-providence qui a été, dans les pays riches, le moyen de détourner de la lutte des classes. Nous ne faisons nullement partie des groupes gauchistes qui ont érigé en dogme l’immigration en prétendant qu’elle serait plus révolutionnaire ou plus combative en soi que le reste du prolétariat. Pour nous, le prolétariat ne se découpe pas en prolétariat français, maghrébin ou européen. Bien sûr, nous savons parfaitement que l’idéologie dominante (y compris parmi les exploités) est généralement celle de la classe dominante et ce n’est que partiellement remis en cause dans les éruptions volcaniques que sont les révolutions prolétariennes dans des conditions historiques exceptionnelles. Par conséquent, les travailleurs peuvent parfaitement en ce moment s’imaginer que la division la plus importante serait entre Français et étrangers. Ils peuvent avaler éventuellement les bobards de leur impérialisme quand il fait la guerre en Afrique ou quand il développe des diatribes contre le capital russe représenté par Poutine ou contre le capital chinois. Ce sont des bêtises réactionnaires mais elles sont assenées avec toute la force des média et sans la moindre réponse publique d’un seul groupe politique d’importance. Cela ne signifie pas que nous basculions dans le pessimisme sur ce que va pouvoir faire le prolétariat. Bien sûr, sa fraction des pays riches qui a connu l’emploi fixe, le salaire fixe, le lieu de travail fixe, le système social lié à l’Etat a cru que cet Etat était le sien et cette erreur est capitale pour démolir les potentialités révolutionnaires du prolétariat. Mais la réalité est entêtée et ce qui est faux finit toujours par se prouver. La « chute du mur de Berlin » a été présentée comme la fin du communisme puisque le stalinisme avait mensongèrement été présenté comme le communisme. Mais la facilité avec laquelle les responsables de l’Est ont basculé dès le feu vert de l’impérialisme démontre une fois de plus que la division des blocs était une politique voulue par ce même impérialisme pour gérer les lutte de classe planétaires en se servant du stalinisme comme d’une béquille contre-révolutionnaire. Tout cela a eu ou aura une fin. La croyance en l’Etat providence, comme la croyance dans un capitalisme éternel, comme la croyance en des identités nationales protectrices, comme celle dans les syndicats ou la gauche qui, en allant au gouvernement, pourrait permettre un monde équilibré entre patrons et salariés, entre riches et pauvres. Toutes ces balivernes, propagées par les réformistes au sein de la classe ouvrière y ont trouvé un écho parce que la classe ouvrière n’est pas et n’a jamais été en permanence révolutionnaire, qu’elle n’a pas et n’a jamais eu en permanence l’idée de gouverner elle-même toute la société, ne croit pas spontanément et n’a jamais naturellement cru à l’unité internationale des prolétaires. Même sous la Commune de Paris, les idéologies petites bourgeoises nationalistes avaient largement cours. Même pendant la révolution d’Octobre, les prolétaires rouges étaient souvent racistes, nationalistes ou xénophobes. Il n’y a pas de bonne nature des prolétaires et nous ne repeignons pas en rouge ou en rose les travailleurs. Si ceux-ci le décidaient, du jour au lendemain, les bureaucrates syndicaux n’auraient qu’à se taire et à laisser la parole aux travailleurs et c’est d’abord et avant tout parce que les travailleurs ne leur demandent aucun compte et même souhaitent qu’ils jouent les avocats, les tampons, qu’ils abandonnent tout principe de classe que la trahison complète des syndicats est possible.

Venons-en à la question de la crise du monde capitaliste et à ses conséquences possibles.

Ce n’est pas une question simple car il ne nous suffit pas des analyses de Marx ou de quiconque pour nous y retrouver. Nous pensons, pour notre part, que c’est une crise du système inédite dans l’Histoire, un peu comme l’équivalent de la chute de l’Empire romain. Les armées islamistes dans ces conditions représentent l’équivalent des attaques des armées dites « barbares » face à l’Empire romain décrépi, corrompu, déliquescent et en chute libre, n’ayant plus aucune confiance dans ses propres forces, détruit de l’intérieur par le fait qu’il avait atteint ses propres limites et n’était plus capable d’aller de l’avant. Bien entendu, comme tous les parallèles historiques, celui-ci a ses limites mais il permet de comprendre qu’un système qui est fini peut perdurer encore quelques dizaines d’années sans plus avoir le moindre ressort, par simple force conservatrice, mais il n’est plus alors que l’ombre de lui-même, sa force motrice n’existant plus (et pas de la faute de ses faux adversaires que seraient les armées barbares). Il ne chute pas non plus du fait des opprimés, les esclaves dans le cas de l’Empire romain. Non, il chute du fait que ses propres capacités économiques, sociales et politiques ont atteint leurs limites et qu’elles ne peuvent plus que s’effondrer. Son succès même, sa richesse, deviennent des facteurs d’effondrement. La raison en est que la technologie peut bien progresser sans limite et que la richesse des capitalistes n’est pas coincée par la taille des coffres-forts mais que la taille des investissements productifs est coincée, elle, par les limites des possibilités d’investir de manière suffisamment rentable aux yeux du grand capital, qui, elle est limitée, malgré tous les efforts de diminuer le coût du Travail, malgré toutes les aides étatiques ou bancaires à l’endettement des particuliers.

Bien sûr, un grand nombre d’évolutions politiques ou sociales actuelles ne datent pas de la crise de 2007-2008 et tout le monde actuel n’est pas un produit de cet effondrement-là, notamment les développements du mouvement islamiste dans le monde. Par contre, les effondrements des Etats du Maghreb et du Monde arabe datent de cette crise. Et ils sont le signe de la chute de la partie la plus faible de la chaîne des bourgeoisies. La montée des forces islamistes est, elle aussi, un signe des faiblesses de la bourgeoisie locale de certaines régions du monde, faiblesses dont les bourgeoisies dominantes du monde se servent pour menacer les peuples et les terroriser.

Certes, le courant intégriste islamique est un mouvement d’extrême droite menaçant mais le courant d’extrême droite des pays occidentaux, Europe comme USA notamment l’est aussi, comme l’est encore l’extrême droite en Inde, au Japon ou en Corée du sud.

En fait, ce n’est pas telle ou telle région, telle ou telle religion qui tourne à l’extrême droite. Ce n’est nullement seulement le FN qui est d’extrême droite. Soral-Dieudonné l’est tout autant. Valls-Guéant le sont tout autant.

L’extrême droite, quand elle menace de devenir le signe d’un mode de gestion de la société capitaliste, est menaçante parce que les classes dirigeantes ont alors besoin d’un nouveau mode de gestion de la société, sans les syndicats et sans les formes démocratiques bourgeoises. Ce n’est pas alors tel ou tel courant d’opinion qui en est la cause mais un choix du grand capital.

C’est cela qu’il nous semble nécessaire de souligner auprès des travailleurs qui croient dénoncer le gouvernement en votant Le Pen (ou même en faisant d’elle un président de la République) ou de ceux qui croient que la montée électorale de Le Pen (très relative comme tu le signales) est un danger mortel alors que le vrai danger se situe ailleurs : par exemple dans des luttes détournées par les appareils syndicaux (avec l’aide de l’extrême gauche officielle). En effet, c’est une classe ouvrière battue dans les luttes sociales qui peut être donnée en pâture au fascisme, pas une classe ouvrière combative et qui n’a pas été d’abord défaite grâce aux appareils réformistes.

Il ne faut pas qu’une montée, réelle ou inventée, de courants d’extrême droite mène une fraction des travailleurs à se regrouper derrière des appareils réformistes, politiques et syndicaux, et staliniens et derrière l’Etat bourgeois en croyant que ceux-ci vont la protéger. L’exemple du nazisme en est une sanglante illustration.

Le fascisme est un danger qu’il ne faut pas nier, même si ce dernier dépend exclusivement des choix de la grande bourgeoisie. Le prolétariat ne doit pas considérer que la démocratie bourgeoise le défende mais il ne doit pas non plus rester inerte devant de telles évolutions. Certes ni les parlements ni les syndicats ne défendent les intérêts des prolétaires mais les travailleurs ne doivent pas rester indifférents si la grande bourgeoisie choisit de les supprimer et de gérer la société par la terreur.

Messages

  • L’économie chinoise faiblit, celle de la zone euro est à l’arrêt, l’activité s’est fortement contractée au Japon, la déflation salariale menace en Grande-Bretagne et les Etats-Unis tournent au ralenti.

    Les préoccupations géopolitiques - crise ukrainienne, montée en puissance de l’Etat islamique en Irak et en Syrie, épidémie de fièvre Ebola en Afrique de l’Ouest - ont relégué la croissance mondiale au second plan. Elle montre pourtant de plus en plus de signes d’affaiblissement en dépit de liquidités toujours très abondantes et de taux d’intérêt à des plus bas record.

    "Nous pensons qu’il y a un fort risque que l’année 2015 ne soit pas meilleure pour l’économie mondiale que l’année 2014, la compréhension de cette absence d’amélioration conduit déjà et va conduire à une correction des marchés financiers : baisse de taux d’intérêt sur les dettes sans risque, hausse des primes de risque, baisse des cours boursiers", prévient Patrick Artus, économiste de Natixis.

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