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Assemblée générale interprofessionnelle du 1er mai à Paris

vendredi 24 avril 2015, par Robert Paris, Tiekoura Levi Hamed

ASSEMBLEE GENERALE INTERPROFESSIONNELLE DU PREMIER MAI A PARIS

PERSONNE NE PEUT LUTTER, DECIDER ET GAGNER A NOTRE PLACE !

FORMONS NOS COMITES DE TRAVAILLEURS

COORDONNONS-NOUS, CONTROLONS ET DIRIGEONS NOS LUTTES !

Il ne suffit pas de manifester, de se mobiliser, rejoignez-nous pour une
ASSEMBLEE GENERALE INTERPROFESSIONNELLE

Discutons de nos luttes, de nos conditions de vie, de travail et des moyens d’organisation

VENDREDI 1er MAI A PARTIR DE 18H

SOUS LA GRANDE HALLE DE LA VILLETTE

METRO PORTE DE PANTIN LIGNE 5

Lire ici la suite :

Messages

  • Compte-rendu de la réunion du comité Interpro de l’Est-Parisien du 23 avril 2015

    L’assemblée a réuni environ 25 personnes, dont de nouveaux participants. Deux salariées ex-grévistes de Radio-France ont rejoint la réunion.

    BILAN DES ACTIONS

    BNF

    Après deux semaines, la grève a été victorieuse sur presque toutes les revendications (sauf sur l’obtention d’un 13è mois) (à noter que 3 embauches ont été annoncées (CDD et CDI)).
    Un camarade a pris l’initiative de lancer une caisse de grève sur un site web (potcommun.fr). Celle-ci a été relayée par le site de L’Humanité. En 24H la somme de 755,30 euros a été recueillie ainsi que de nombreux mots de soutien (avant que le compte ne soit bloqué). L’initiative du camarade a amené une discussion avec le syndicat Solidaires-Culture qui encadrait les grévistes. Cette démarche a d’abord été perçue comme une "arnaque à la caisse de grève". Il s’agit maintenant de remettre l’argent aux grévistes.

    Nettoyage

    Une information est donnée sur une grève du nettoyage aux Finances Publiques. Une coordination de grévistes des centres des 2è, 11è, 17è et 20è arrondissements a été mise en place.

    Groupe Vivarte (La Halle aux Vêtements, La Halle aux Chaussures, André, Kookaï…)

    Le camarade rappelle le plan de licenciement du groupe qui concerne plus de 1500 salariés.
    5 magasins ont été visités dans l’Est parisien. Les salariés ne sont pas très mobilisés et l’accueil a été mitigé. Il faut être nombreux (5 personnes) pour entrer dans un magasin et discuter avec les salariés sans que les gérants puissent interférer.

    Contact a été pris avec un délégué CGT. La ligne des syndicats sera de se battre pour des indemnités extra-légales maximales, considérant que se battre pour le maintien de l’emploi est peine perdue.

    Il faut opposer des revendications qui remettent en cause la logique d’entreprise où tout se décide en fonction de qui a la propriété. Une manifestation est prévue devant le siège du groupe le 28 avril.

    Radio-France

    Deux camarades sont allés sur place et ont pu échanger avec 7 personnes. Deux camarades sont venues à la réunion.

    Il y a un choc de la défaite, les grévistes estiment avoir été trahis par les syndicats mais cela n’est pas affirmé de manière aussi claire.

    Alors que les négociations avec le médiateur se faisaient en présence des grévistes (et salariés), la dernière réunion du lundi précédant la fin de la grève, la ministre, le président et les syndicats se sont enfermés à huis clos. Le lendemain 4 syndicats puis le 5° un jour après (CGT) levaient les préavis. Les syndicats n’ont fait voter que leurs adhérents, donc des grévistes et des non grévistes (réciproquement des grévistes non syndiqués n’ont pas pu voter), alors que tout s’était jusque là décidé en AG.

    Il s’agit maintenant de gérer l’après. Un collectif est né (Le meilleur des ondes, avec une web radio) et les ex grévistes créent une « coopération ».

    Le fait qu’il n’y ait pas eu de comité de grève est clairement identifié comme un point faible.
    Les suppressions de postes sont toujours d’actualité mais les syndicats affirment que si la grève s’est arrêtée c’est pour mieux négocier…

    Le 24 avril a lieu une réunion entre direction, organisations syndicales et médiateur. Cette fois, les salariés y sont « invités »

    Sans papiers du Kremlin-Bicêtre

    Des camarades rendent compte d’une intervention dans une lutte de sans-papiers (un piquet de "grève") d’ouvriers licenciés qui étaient entièrement encadrés par les syndicats, dans le secteur du nettoyage. Le dialogue et la confiance établie par la présence auprès de ce piquet a permis de les aider à mieux "s’auto-organiser" et à dépasser la barrière que mettait les syndicats à une négociation directe. A la suite d’une action plus offensive (blocage des camions) ils ont pu obtenir satisfaction. Il s’agissait aussi d’arriver à prendre la parole directement, à la place de leurs "représentants" (LDH...)

    DEBATS

    Plusieurs points sont abordés.

    Syndicalisme

    La discussion reprend les thèmes des autres réunions avec en gros deux grandes tendances.

     Une critique du syndicalisme en tant que tel, comme organe de pacification et de compromission de classe

     un appel à faire la distinction entre l’organe, ses militants et ses « « cadres »

    La montée d’un syndicalisme plus offensif (comme le syndicalisme révolutionnaire au début du 20° siècle) n’est pas dissociable du développement de la lutte des classes.

    Nature des revendications

    Il y a un endormissement généralisé des travailleurs. Personne ne demande l’abrogation de la loi Macron. On a un retour au 19° siècle qui se profile, mais ce n’est pas le premier pas, ni le dernier. Le capital vise la "chinisation" des prolétaires.

    Que faut-il revendiquer par rapport aux licenciements ?

    Il y a des positions sur l’indemnisation par l’argent (primes extra-légales), d’autres sur le maintien dans l’emploi quel que soit le prix pour le patronat ; ce n’est pas au prolétariat de payer le prix de la gestion capitaliste.

    Dans le rapport capital/travail il y a inévitablement le chômage, c’est une des armes du capital et de l’aliénation au travail. Relier le maintien de l’emploi au temps de travail.
    La question du travail est soulevée à cette occasion : faut-il défendre des emplois de « merde » ? Les prolétaires sont contraints de travailler quoi qu’il arrive.

    Faut-il revendiquer la prise des moyens de production lorsqu’une activité n’est plus assurée ?
    Le mouvement coopératif a joué un rôle dans le mouvement ouvrier, sans illusions sur sa portée profonde sur la rupture avec le capitalisme.
    Il ne s’agit pas seulement du contenu des revendications, mais aussi des moyens de luttes. Certaines défaites peuvent apporter plus que des victoires, en termes d’apprentissage de la lutte et de traces pour les conflits futurs.

    L’importance des caisses de grève a été soulevée. Les grévistes ne devraient pas à avoir à cesser leur combat pour cause de manque d’argent.

    Rôle du comité

    Le comité n’a pas à se poser en donneur de leçons sur les revendications. Il faut accompagner la dynamique des luttes, qui ont toutes leur mouvement propre. C’est un lieu d’échange, de discussion et d’information, qui peut apporter des idées et aider à tisser des liens entre les travailleurs.

    Discussion du tract

    Plusieurs points de vue sont exprimés.

    Certains camarades pensent que le tract est réducteur dans la mesure où il semble pointer uniquement la responsabilité des directions syndicales et que par ailleurs il faudrait le rendre plus "positif" en exprimant des revendications plus concrètes ou en évoquant directement les notions de solidarité.

    D’autres camarades se déclarent en accord avec le texte qui rompt avec le discours ambiant et qui appelle à une AG de rupture.

    Une discussion a lieu sur le fait de seulement citer, ou au contraire de mettre au premier plan le mot d’ordre de retrait (ou d’abrogation) de la loi Macron.
    Il n’y a pas de vote formel sur le tract, mais l’assemblée déclare que ceux qui veulent en faire une déclinaison le fassent, trois personnes sont volontaires. Le texte circulera sur la liste de diffusion.

    Proposition de thèmes pour les prochaines réunions.

    Trois thèmes qui ont fait l’objet d’échanges tout au long de l’assemblée sont proposés pour des discussions plus structurées lors des prochaines réunions :

     le syndicalisme

     la stratégie vis-à-vis des licenciements

     la question du travail

    Financement des tracts

    Certains camarades ont la possibilité de tirer de nombreux exemplaires. Une enveloppe circulera lors des prochaines assemblées pour le financement du matériel pour tracts (cartouches, ramettes...).

  • Ceci est un compte-rendu résumé de l’AG interpro du 1er mai à la halle de la Villette à Paris qui sera suivi, dès que possible, d’un compte-rendu plus détaillé des diverses interventions. L’AG a réuni 30 personnes, dont une part importante sont venues pour la première fois, une bonne partie des participants précédents étant absents de Paris le 1er mai. Il n’y avait par exemple presque personne de la réunion précédente de préparation. Cependant, nous avons tâché d’avancer dans la recherche d’une compréhension commune de ce qui manque actuellement à la classe ouvrière, compréhension indispensable à la mise en commun de nos forces afin d’intervenir parmi les travailleurs en lutte ou pas encore en lutte. Bien sûr, la discussion a encore tourné en bonne part sur le rôle actuel des directions syndicales comme désorganisateur général, comme démobilisateur (la journée du premier mai en était une démonstration vivante), comme démolisseur de conscience collective et d’organisation collective. Il apparaît des divergences et des convergences. La nécessité de contrer les politiques des directions syndicales est commune mais le rôle du comité interpro ou de l’AG interpro continue de se chercher. La dénomination, la définition, les objectifs et les actions sont en discussion en même temps que des interventions ont déjà commencé et sont rapportées et discutées. Le tract qui a été largement distribué à la manifestation du premier mai (aux côtés d’une banderole de la coordination interpro appelant à notre assemblée) a été plutôt généralement apprécié, chacun relevant du coup qu’un tract qui reprenait l’historique des trahisons récentes n’avait pas été fait jusque là. De nouveaux participants à notre initiative ont relevé à la fois la filiation avec des ag interpo des mouvements précédents et le caractère original de celle-ci. Personne n’a semblé trouver l’initiative inutile. Un courant politique présent a souligné son reproche d’un caractère trop abstrait selon lui du reproche général aux syndicats, estimant que, s’il y avait reproche, il devait être précisé et démontré sur place dans chaque lutte, en y intervenant et en y participant, et même en y poussant et en se battant contre ceux qui, sur place, empêcheraient la lutte d’avancer, de se structurer. D’autres participants ont davantage souligné la nécessité de dépasser l’activisme radical et propager l’idée de constituer partout des comités de travailleurs, quelle qu’en soit la forme, comités de grève mais aussi collectifs de préparation, d’organisation, de surveillance, de mobilisation, de coordination des luttes. En ce sens, le terme « interpro » a paru utile pour montrer qu’on veut faire converger les luttes et les consciences des luttes mais insuffisant car cela suppose que tous les participants soient « pro », ce qui sembleraient exclure précaires, chômeurs, retraités, jeunes, banlieues, quartiers et autres divers alors qu’on veut, au contraire, les unir. Le mode d’intervention du comité interpro dans les luttes en cours est aussi à préciser. Faut-il qu’il donne une direction aux travailleurs d’une entreprise ou qu’il appelle ces travailleurs à s’auto-organiser, en assemblée générale mais aussi eux-même en comités, notre assemblée (ou comité interpro) n’ayant pas vocation de se substituer aux travailleurs en lutte. La confiance dans la capacité des travailleurs à s’auto-organiser, du moment qu’ils en verront la nécessité et que les circonstances montreront le besoin d’entrer dans l’action, ne doit pas être remise en cause par la faiblesse actuelle des luttes ou celle, apparente, du niveau de conscience général. Certains ont rappelé que, dans le passé, des travailleurs, précédemment apparemment passifs, avaient d’un seul coup, mis en place des collectifs, des coordinations et des comités de grève. Si ce qui manque actuellement est certainement la coordination, la convergence et la généralisation des luttes sociales, ce n’est pas parce qu’il n’y a pas de luttes mais parce qu’elles ne trouvent pas de mode de jonction, de moyen d’accorder leurs violons. L’AG interpro peut partiellement y œuvrer sans pour autant se considérer comme un chef d’orchestre. Nous avons fait le point des interventions précédentes dans les mouvements, que ce soit à Radio France où de nombreux travailleurs ont estimé s’être fait voler la direction de leur grève par les appareils syndicaux et ont commencé à mettre en place un comité de lutte, que ce soit dans d’autres grèves et mouvements divers. Les participants étaient d’ailleurs venus de toutes sortes de secteurs de la classe ouvrière, étaient syndiqués ou militants syndicalistes comme non syndiqués, certains militants d’organisations révolutionnaires (au moins six ou sept différentes) et d’autres pas, et tous ont eu à se confronter aux politiques des centrales syndicales. Tous reconnaissent l’existence d’un blocage des appareils mais certains relevaient que là où il n’y a pas d’appareil syndical dans la classe ouvrière, cela ne signifiait pas que les luttes y explosent spontanément ni ne s’y radicalisent davantage. Certains estimaient devoir mener le combat dans le syndicat en même temps que dans la classe ouvrière elle-même et d’autres pensaient qu’une intervention en s’adressant directement aux gens entraînait les syndicalistes qui vont dans le même sens et qu’ils ne prenaient pas nécessairement contre eux les critiques des appareils syndicaux. D’autres pensaient que faire des critiques générales et abstraites des syndicats ne faisait pas avancer notre influence, le problème étant plus vaste et concernant la conscience et la combativité même de l’ensemble de la classe et pas seulement la trahison des appareils. On a convenu d’une prochaine réunion le 7 mai prochain dont l’heure et le lieu seront à confirmer, et transmise par le réseau de mail, la salle n’ayant pas encore été trouvée. Cette réunion devra faire avancer la question de la dénomination de l’ « AG interpro » ou du « comité interpro », donner un court texte de définition et de buts, mettre en place des actions et interventions. Deux propositions ont été retenues par l’assemblée du 1er mai et votées : l’une en direction des salariés d’André-Hall aux vêtements- Vivarte qui a annoncé 1600 suppressions d’emplois dans ses établissements et où les syndicats ont plutôt retardé l’entrée en lutte avec un rendez-vous lundi prochain pour rédiger un tract du comité interpro en direction de ces salariés. Cette proposition a donné lieu à motion votée (13 pour, une abstention, un contre et plusieurs ne participent pas au vote). Il y a eu aussi pour la suite la proposition de rédaction d’un tract en direction de l’ensemble des services publics afin de montrer qu’il y a une attaque générale des services publics, et pas d’un côté la SNCF, d’un autre les hôpitaux, d’un troisième Radio France, et d’une quatrième La Poste, et ainsi de suite. Cette proposition a donné lieu à une motion votée (17 pour, zéro contre, zéro abstention et plusieurs ne participant pas au vote). Une proposition de rendez-vous pour rédiger le tract suivra. Des exemples de tentatives de convergences des luttes en cours (par exemple entre enseignants et postiers du 92) ont été rappelés. Des propositions diverses d’intervention du comité dans plusieurs directions ont été avancés. On peut citer les manifestations des jours prochains par rapport à des assassinats par les forces de l’ordre dont celle de Bouna Traoré et Zyed Benna à Clichy-sous-bois pour le rendu du jugement des flics. La mise en place du « grand Paris » a été également avancée comme un moyen d’intervenir sur un mode général s’adressant à toutes sortes de travailleurs et d’habitants, puisque ce plan va concerner un très grand nombre de salariés et d’habitants et est déjà l’objet de luttes sociales et de grèves. Bien entendu, ce résumé « oublie » un certain nombre de points et ne donne pas le détail des interventions. Comme je le disais, un compte-rendu plus détaillé suivra, d’autant plus nécessaire pour avancer que nombre d’entre nous n’ont pas pu se rendre à chaque assemblée. Tout correctif de mon compte-rendu par l’un des participants est bien entendu le bienvenu.

  • Compte-rendu de l’AG interpro du 1er mai à la halle de la Villette à Paris.

    L’AG a réuni 30 personnes, dont une part importante sont venues pour la première fois, une bonne partie des participants précédents étant absents de Paris le 1er mai. Il n’y avait par exemple presque personne de la réunion précédente de préparation. Cependant, nous avons tâché d’avancer dans la recherche d’une compréhension commune de ce qui manque actuellement à la classe ouvrière, compréhension indispensable à la mise en commun de nos forces afin d’intervenir parmi les travailleurs en lutte ou pas encore en lutte. Bien sûr, la discussion a encore tourné en bonne part sur le rôle actuel des directions syndicales comme désorganisateur général, comme démobilisateur (la journée du premier mai en était une démonstration vivante), comme démolisseur de conscience collective et d’organisation collective. Il apparaît des divergences et des convergences. La nécessité de contrer les politiques des directions syndicales est commune mais le rôle du comité interpro ou de l’AG interpro continue de se chercher. La dénomination, la définition, les objectifs et les actions sont en discussion en même temps que des interventions ont déjà commencé et sont rapportées et discutées. Le tract qui a été largement distribué à la manifestation du premier mai (aux côtés d’une banderole de la coordination interpro appelant à notre assemblée) a été plutôt généralement apprécié, chacun relevant du coup qu’un tract qui reprenait l’historique des trahisons récentes n’avait pas été fait jusque là. De nouveaux participants à notre initiative ont relevé à la fois la filiation avec des ag interpo des mouvements précédents et le caractère original de celle-ci. Personne n’a semblé trouver l’initiative inutile. Un courant politique présent a souligné son reproche d’un caractère trop abstrait selon lui du reproche général aux syndicats, estimant que, s’il y avait reproche, il devait être précisé et démontré sur place dans chaque lutte, en y intervenant et en y participant, et même en y poussant et en se battant contre ceux qui, sur place, empêcheraient la lutte d’avancer, de se structurer. D’autres participants ont davantage souligné la nécessité de dépasser l’activisme radical et propager l’idée de constituer partout des comités de travailleurs, quelle qu’en soit la forme, comités de grève mais aussi collectifs de préparation, d’organisation, de surveillance, de mobilisation, de coordination des luttes. En ce sens, le terme « interpro » a paru utile pour montrer qu’on veut faire converger les luttes et les consciences des luttes mais insuffisant car cela suppose que tous les participants soient « pro », ce qui sembleraient exclure précaires, chômeurs, retraités, jeunes, banlieues, quartiers et autres divers alors qu’on veut, au contraire, les unir. Le mode d’intervention du comité interpro dans les luttes en cours est aussi à préciser. Faut-il qu’il donne une direction aux travailleurs d’une entreprise ou qu’il appelle ces travailleurs à s’auto-organiser, en assemblée générale mais aussi eux-même en comités, notre assemblée (ou comité interpro) n’ayant pas vocation de se substituer aux travailleurs en lutte. La confiance dans la capacité des travailleurs à s’auto-organiser, du moment qu’ils en verront la nécessité et que les circonstances montreront le besoin d’entrer dans l’action, ne doit pas être remise en cause par la faiblesse actuelle des luttes ou celle, apparente, du niveau de conscience général. Certains ont rappelé que, dans le passé, des travailleurs, précédemment apparemment passifs, avaient d’un seul coup, mis en place des collectifs, des coordinations et des comités de grève. Si ce qui manque actuellement est certainement la coordination, la convergence et la généralisation des luttes sociales, ce n’est pas parce qu’il n’y a pas de luttes mais parce qu’elles ne trouvent pas de mode de jonction, de moyen d’accorder leurs violons. L’AG interpro peut partiellement y œuvrer sans pour autant se considérer comme un chef d’orchestre. Nous avons fait le point des interventions précédentes dans les mouvements, que ce soit à Radio France où de nombreux travailleurs ont estimé s’être fait voler la direction de leur grève par les appareils syndicaux et ont commencé à mettre en place un comité de lutte, que ce soit dans d’autres grèves et mouvements divers. Les participants étaient d’ailleurs venus de toutes sortes de secteurs de la classe ouvrière, étaient syndiqués ou militants syndicalistes comme non syndiqués, certains militants d’organisations révolutionnaires (au moins six ou sept différentes) et d’autres pas, et tous ont eu à se confronter aux politiques des centrales syndicales. Tous reconnaissent l’existence d’un blocage des appareils mais certains relevaient que là où il n’y a pas d’appareil syndical dans la classe ouvrière, cela ne signifiait pas que les luttes y explosent spontanément ni ne s’y radicalisent davantage. Certains estimaient devoir mener le combat dans le syndicat en même temps que dans la classe ouvrière elle-même et d’autres pensaient qu’une intervention en s’adressant directement aux gens entraînait les syndicalistes qui vont dans le même sens et qu’ils ne prenaient pas nécessairement contre eux les critiques des appareils syndicaux. D’autres pensaient que faire des critiques générales et abstraites des syndicats ne faisait pas avancer notre influence, le problème étant plus vaste et concernant la conscience et la combativité même de l’ensemble de la classe et pas seulement la trahison des appareils. On a convenu d’une prochaine réunion le 7 mai prochain dont l’heure et le lieu seront à confirmer, et transmise par le réseau de mail, la salle n’ayant pas encore été trouvée. Cette réunion devra faire avancer la question de la dénomination de l’ « AG interpro » ou du « comité interpro », donner un court texte de définition et de buts, mettre en place des actions et interventions.

    L’AG a débuté par une introduction afin de rappeler dans quelles conditions sont nés le comité interpro de Paris-Est et l’assemblée interpro à l’initative de militants de la SNCF de Paris-Est ainsi que d’autres militants de cette même zone de la capitale, militants ouvriers, retraités, chômeurs, jeunes et étudiants ainsi que militants sur la base des quartiers. Cette intiative est partie d’un constat commun : les directions syndicales font partie intégrante de la bureaucratie d’Etat et, loin de situer dans le camp des travailleurs et de la population, n’aident en rien les travailleurs à mener leurs luttes. Le but qui s’est donc dégagé, et sur lequel les participants sont tombés d’accord dans les diverses réunions qui ont suivi, est de se regrouper sans passer par les centrales syndicales pour s’organiser en vue des grèves et luttes à venir en refusant de laisser ces combats être éparpillés, pour tenir le tableau des grèves en cours, pour mettre en contact les salariés en lutte. Au départ, on s’est organisés sur une base géographique, celle de la zone Nord-Est de Paris mais l’assemblée interpro est bien sûre ouverte à des personnes d’autres secteurs.

    Voici un résumé des interventions qui ont suivi :

     Ce que nous mettons en avant : faire en sorte que les luttes des travailleurs se joignent, que les travailleurs prennent eux-mêmes en mains leurs luttes et que ces luttes prennent autant que possible le caractère d’une lutte de classe.

     Dans les entreprises que nous avons contactées comme Radio France, nous avons rencontré des salariés qui nous ont dit avoir l’impression d’être dépossédés de leur lutte et de ne plus contrôler leur action. L’un des intérêts du comité interpro est de lutter pour que les travailleurs eux-mêmes prennent les décisions les concernant, prennent la parole eux-mêmes qu’ils soient déjà ou pas encore en lutte et, surtout, de ne pas exclure ou isoler les chômeurs, les retraités, les groupes de quartiers, les jeunes, les sans papiers, etc…

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     Nous ne devons pas exclure non plus les militants syndicalistes les plus combatifs qui ont un rôle à jouer et qui peuvent, à la faveur des expériences concrètes locales, partager nos points de vue. Nous avons le besoin de partager des expériences avec d’autres militants. Pour mener les grèves de manière plus radicale, il ne faut pas craindre de combattre sur le terrain tous ceux qui s’y opposent, afin d’offrir une politique combative.

     Nous ne faisons pas que militer pour des grèves revendicatives radicales. Rien ne prouve que le capitalisme parvienne à se redresser et à aller vers une reprise économique. Rien ne prouve qu’il ait les moyens financiers étatiques pour faire face à la prochaine crise financière, boursière et spéculative. Dans ces conditions, il importe que notre comité ou nos comités ou assemblées interpro militent pour que les travailleurs organisent eux-mêmes leurs luttes. Les appareils syndicaux peuvent parfaitement s’adapter si le climat se radicalise et faire mine d’adopter y compris une vraie grève générale ou se généralisant, comme en 36 ou en 68, et s’ils en prennent la tête, ce sera pour l’envoyer dans l’impasse comme ils l’ont alors fait dans le passé. Nous organiser aujourd’hui en comités anticipe peut-être sur la montée des luttes mais cela est peut-être nécessaire pour éviter de nous retrouver trompés comme les travailleurs en 36 àu en 68.

     Les directions syndicales nous volent notre autonomie, nous empêchent de nous exprimer, nous volent nos luttes. Elles revendiquent le droit de nous empêcher de faire grève en imposant leur monopole des préavis de grève. Elles prétendent décider à notre place des revendications. Elles négocient dans le dos des grévistes, en refusant à ceux-ci de participer aux négociations et d’en contrôler le cours. Elles décident et imposent les fins de grève. Elles divisent et isolent les luttes en monopolisant les liaisons inter-secteurs et en refusant d’appeler à des luttes d’ensemble face à des attaques d’ensemble. Elles présentent des défaites pour des victoires et empêchent les travailleurs d’échanger leurs expériences et les leçons de leurs luttes en les dépossédant ainsi de la conscience collective pourtant indispensable. Et c’est nous qui payons leurs stratégies et les échecs de nos luttes qui en découlent ! Il en résulte que nous échiner à réformer les syndicats est une perte de temps. Il faut nous organiser de manière indépendante sans les directions syndicales et, si nécessaire, contre elles.

     Est-ce que l’expression « interpro » du comité ou de l’assemblée est suffisamment claire ? Il ya des personnes qui nous ont dit se demander si cela s’adressait vraiment à eux puisqu’ils sont chômeurs, retraités, jeunes, habitants des banlieues mais ne sont pas « pro » d’aucun secteur de la classe ouvrière, alors que, bien entendu, leur participation serait nécessaire au comité et à l’assemblée. D’autres questions se posent pour les gens sur ce qu’est et ce que veut l’interpro : est-ce que nous sommes pour ou contre les syndiqués et, en somme, qu’est-ce que nous voulons. Faire un petit texte du type « qui nous sommes et que voulons-nous » semble nécessaire à ce stade. On y préciserait par exemple qu’on est pour que les travailleurs conduisent eux-mêmes leurs luttes de bout en bout, en décidant y compris quel est ce bout. On peut avoir des divergences entre nous sur les limites et les trahisons du syndicalisme mais, si nombre d’entre nous militent dans des syndicats, nous affirmons tous une défiance totale vis-à-vis des bureaucraties syndicales. Mais ce point n’est pas la seule raison de notre existence : même s’il se trouvait que tous les syndicats étaient très corrects et combatifs, même s’ils n’étaient pas aux mains de bureaucrates liés au patronat et à l’Etat, de tels comités seraient indispensables quand même pour prendre la tête des luttes car ils seront indispensables ensuite pour prendre la tête de toute la société. D’ailleurs, si parfois, il peut sembler que les syndicats ont une attitude correcte, ne torpillent pas la lutte, cela peut être un calcul momentané. Ainsi, on a vu, lors de la grève de Radio France, des syndicats qui paraissaient corrects, torpiller ensuite la grève en faisant venir voter les non-grévistes, en rameutant leurs adhérents anti-grèves pour faire reprendre le travail malgré une assemblée ouvertement pour la continuation de la grève. Donc même là où les syndicats sont corrects, il faut des comités indépendants des appareils syndicaux. Les syndicalistes corrects pourront très bien y participer sans y imposer leur direction.

     Actuellement, nous, travailleurs, n’avons plus l’habitude de nous organiser. Cela fait tellement longtemps que nous avons complètement désappris. Nous n’avons plus du tout le réflexe simple de nous réunir, de nous parler, d’échanger nos avis, de discuter pour décider ensemble. Il faut retrouver ces modes de fonctionnement. Les comités doivent être un moment pour se parler, pour s’organiser, pour décider ensemble, pour s’informer aussi. On remarque par exemple bien des fois, lors des attaques, que les dirigeants syndicaux étaient au courant bien avant et se sont bien gardés de nous en informer et de nous permettre de discuter et de décider nous-mêmes de ce que nous en pensions. Même dans cette manifestation du premier mai, aussi petite soit-elle, les appareils syndicaux se sont bien gardés de mélanger les manifestants, de mêler les cortèges, les syndicats, les secteurs d’activité. Bien sûr, au sein de notre assemblée, on peut être en désaccord sur bien des points mais ce qui doit nous rassembler c’est la volonté de construire des lieux où on peut débattre et converger.

     On a beaucoup discuté de la question syndicale mais il n’y a que 8% de syndiqués en France. Les syndicats ne sont pas tout le problème et les problèmes que nous avons avec les syndicats, nous les avons aussi avec les travailleurs eux-mêmes. Bien des travailleurs refusent la solidarité ouvrière. Il y a des travailleurs qui votent Le Pen. On ne peut pas tout mettre sur le dos des syndicats, de manière aussi générale et abstraite alors qu’il y a des syndicalistes et des syndiqués très bien et des non syndiqués qui sont pourris. Certains salariés se moquent que d’autres soient précaires ou perdent leur emploi alors que les syndicats se battent parfois pour tous les salariés et défendent tous les salariés que leurs camarades de travail ont parfois abandonnés. Les syndicats peuvent se battre pour l’emploi pour tous. Les syndicats sont un cadre. C’est à nous d’y mettre un contenu, celui du droit au travail pour tous par exemple, celui de la répartition des revenus.

     On ne revendique pas seulement du salaire, de l’emploi, du travail. On veut changer les rapports sociaux. On veut se battre pour une autre société. C’est compliqué, bien sûr, parce que nous ne sommes pas organisés dans ce but. C’est cela qu’il s’agit de réapprendre et de reconstruire.

     Nous ne voulons pas seulement des grèves mais que les luttes prennent un caractère de lutte de classe et c’est très différent.

     On fait tous le même constat : dans les grosses mobilisations, on se retrouve sans contrôle sur notre lutte et on n’arrive pas à unifier même les luttes en cours et encore moins à faire en sorte qu’elles entraînent d’autres travailleurs dans la lutte. La sabotage syndical a mille formes : journées d’action sans lendemain (quelle est la suite du 9 avril ?), grèves par secteur, par corporation, par site, etc, etc… Voilà l’objet de l’assemblée interpro : sortir du cadre étouffant imposé par les syndicats en permettant aux luttes de s’entraider, de s’unir, de se contacter, de travailler à l’extension. Pour cela, il faut qu’il y ait des minorités militantes organisées et coordonnées qui défendent l’unité de la lutte. Bien sûr, il peut être difficile de maintenir en vie ce type de comité et cela peut dépendre de l’ampleur des mobilisations en cours mais c’est un travail qui a de l’avenir.

     On n’est pas là pour remplacer les syndicats. Nous ne voulons pas que le comité ou l’ag interpro dirigent les luttes à la place des travailleurs. Si nous critiquons les syndicats, ce n’est pas parce que nous avons une solution miracle d’un syndicalisme correct. Si les syndicats sont devenus partout et toujours ce qu’ils sont aujourd’hui, cela a des causes objectives et pas seulement subjectives. Certains camarades pensent que notre action peut suffire à transformer ou entraîner les syndicats. D’autres pensent que non. En tout cas, que l’on milite ou pas dans les syndicats, il faut favoriser une organisation des travailleurs indépendante des appareils.

     Un camarade travaillant à l’INSEE donne l’exemple d’une grève à laquelle il a participé et qu’il a estimé conduite jusqu’à la victoire par les syndicats de manière correcte, les revendications yant été globalement satisfaites. Il estime que, dans ce cas, le syndicat est un organe efficace de la lutte et donc qu’il ne faut pas partir en guerre d’une manière générale contre les syndicats. Il estime qu’aujourd’hui les luttes pâtissent plus du fait que les travailleurs sont démotivés que du frein des syndicalistes. Il nous appelle, si nous en sommes capables, de prouver que nous faisons mieux qu’eux.

     S’organiser peut se faire de différentes manières, à différents niveaux et à divers moments de la lutte. Il y a le comité interpro qui réunit d’abord des minorités militantes dont un grand nombre de militants révolutionnaires de divers groupes. On le voit bien au fait que sortir du capitalisme est une position qui est majoritaire dans le comité interpro. Au cours d’une lutte, il y a le comité de grève. Même avant la grève, il peut y avoir un comité de mobilisation. Face aux politiques gouvernementales et patronales, on peut mettre en place des comités de surveillance, de contrôle, de solidarité. Mais, dans tous cas, on s’organise pour se fixer des objectifs et des perspectives face aux plans de nos adversaires et ces objectifs de mobilisation peuvent nous permettre entre autres d’unir syndiqués et non syndiqués.

     Il ne s’agit pas d’être contre les syndicalistes, contre les syndiqués. Nous n’avons jamais dit cela. Nous sommes contre toutes les bureaucraties syndicales et contre la manière dont elles mènent les luttes. Cela ne nous assimile pas à des anti-syndicalistes et d’ailleurs nombre de camarades du comité sont eux-mêmes syndiqués, syndicalistes militants ou élus et parfois responsables syndicaux. Mais les syndicalistes membres du comité, comme ceux qui ne sont pas syndicalistes, affirment que les appareils syndicaux ne doivent pas diriger les luttes à la place des travailleurs eux-mêmes. La vraie question, c’est que le comité vise à regrouper tous ceux qui ont confiance dans les capacités des travailleurs à s’organiser eux-mêmes, à discuter eux-mêmes, à décider eux-mêmes. L’analyse partagée par les militants du comité interpro, c’est que les bureaucraties syndicales divisent nos luttes et les font échouer.

     Un camarade cite l’exemple d’une grève à Keolis où un responsable syndical se charge d’empêcher tout contact des grévistes avec d’autres salariés de Carrefour en grève juste à côté. Résultat : isolement de la grève et son échec après plusieurs jours de grève. On ne peut pas nier le rôle très négatif des dirigeants syndicaux et de la bureaucratie. Bien entendu, cela ne signifie pas fermer la porte à tous les militants syndicalistes mais leur permettre de ne pas dépendre entièrement de l’appareil de leur syndicat.

     Les syndicats sont pourris, ce n’est pas une nouveauté et ce n’est pas une découverte. On est obligés de compter sur nous-mêmes même si on est conscients que cela signifie s’attaquer à une tâche immense et dans une situation qui, pour le moment, peut sembler défavorable. Ce que l’on fait avec le comité interpro, c’est petit mais il faut bien commencer par un bout. Bien sûr, cela peut sembler plus un espace de psychologie collective où chacun exprime ses espoirs et ses déceptions plus qu’à un début de véritable centre d’information, d’intervention et d’organisation. Cependant, même à ce stade, il faudrait se donner les moyens de tester ce que nous sommes capables de faire. Cela nécessiterait d’utiliser ce moyen pour intervenir dans des luttes. Par exemple, on pourrait participer à des mobilisations comme celle contre des flics qui ont tiré une balle dans le dos d’un jeune et celle face aux flics qui sont intervenus à Clichy-sous-bois et lors de l’énoncé du jugement dans l’assassinat de Zied et Bouna. Il y a des moments comme cela où on peut se retrouver avec des gens que l’on ne voit pas dans les cortèges syndicaux, des gens des banlieues dont on ne parle pas mais qui se battent avec courage, des gens comme ceux du nettoyage qui ont une combativité et une solidarité parfois supérieure aux milieux plus favorisés de la classe ouvrière que cultivent les syndicats. En dehors de mouvements de lutte, une assemblée n’est qu’un espace de discussion.

     Un militant de la CGT du Livre affirme que oui, il s’agit d’une aristocratie ouvrière et il en fait partie, oui, les syndicats sont depuis longtemps non seulement pas révolutionnaires et même contre-révolutionnaires mais ils se veulent efficaces pour limiter les attaques anti-sociales et la révolution n’étant pas pour le moment à l’ordre du jour, ne sont-ils pas le contre-poids le plus efficace face à ces attaques ? C’est un rôle objectivement réactionnaire mais qui permet aus salariés, au jour le jour, d’obtenir quelques satisfactions à leurs revendications. Résultat : c’est quand même là où il y a des syndicats que les travailleurs sont le moins attaqués et qu’ils obtiennent des aménagements plus favorables, pas là où il n’y en a pas du tout. C’est quand même mieux qu’il y ait des syndicats forts. Et, pour le moment, personne, pas même les classes dirigeantes, ne peut prévoir quand reviendra une situation révolutionnaire. Donc on ne peut pas être contre les syndicats.

     Une fois de plus, personne n’a dit que le syndicat est inutile et nous ne disons pas aux gens de ne pas aller dans les syndicats ni même d’être, d’une manière générale, contre les syndicats. Nous disons que nous refusons qu’ils confisquent les luttes. Nous ne devons plus nous laisser voler nos grèves. Dans une période pré-révoluionnaire aussi, il est très important de dépasser les limites qu’imposent les syndicats, des limites corporatistes, des limites qui les maintiennent dans le cadre de la conservation du capitalisme et des limites qui, en empêchant les travailleurs de diriger eux-mêmes leurs luttes, ne leut permet pas de se défendre efficacement comme de préparer l’avenir.

     Un participant rappelle qu’il est chômeur et que le comité interpro c’est le moyen aussi d’associer les chômeurs, ce qui n’est pas le cas avec les appareils syndicaux. Il rappelle quelques leçons du dernier conflit à Radio France, conflit qu’il appelle à étudier et à en diffuser les leçons de cette défaite systématiquement organisée par les appareils syndicaux. Par exemple, c’est les sydicats qui ont imposé le médiateur. C’est eux qui ont imposé le cadre des négociations et pas les grévistes. Il y a des travailleurs de Radio France qui ont commencé à tirer les leçons de cette lutte et de cette défaite et qui ont commencé à s’organiser dans ce but. Ils ont conscience de la nécessité de faire un travail pour se réapproprier nos luttes. D’autres tentatives ont lieu en ce sens comme une convergence entre des postiers en grève du 92 et des salariés de Carrefour Market en lutte. Des efforts à faire connaître, à poursuivre et à amplifier.

     Un participant nous a dit que nous avons le syndicat que nous méritons. Comme si la situation actuelle du mouvement syndical reflétait d’abord des défauts des travailleurs eux-mêmes ! Mais en quoi méritons-nous ces appareils syndicaux et leurs comportements bureaucratiques ? Nous sommes dans un secteur où les travailleurs se sont mobilisés massivement, se sont solidarisés. En quoi ont-ils mérité d’avoir un appareil syndical qui les trahit ? En quoi sont-ils responsables des décisions de cet appareil de lancer et d’arrêter les grèves quand bon leur semble. Comme si on pouvait aisément faire grève sans avoir de préavis de grève et sans risquer de perdre son emploi !

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  • suite et fin...

     Un camarade souligne qu’à son avis des syndicats ont mené des luttes radicales comme à PSA Aulnay, comme le leader syndicaliste Xavier Mathieu de Continental et de rappeler ses propos radicaux contre Bernard Thibaut. Et il appelle plutôtqu’à critiquer de manière générale les syndicats à rallier à nous les franges les plus radicales des travailleurs, syndicalistes et non syndicalistes.

     Un autre camarade affirme que l’on doit tenir compte du fait que le niveau de conscience des travailleurs est très affaibli et que la conscience syndicaliste est déjà un fait positif, un progrès relatif. Selon lui, il y a une crise subjective de la classe ouvrière dans laquelle le syndicat a un rôle ainsi que la lutte à mener en son sein. On doit prendre la mesure de recul et de cette crise au sein de la classe ouvrière et en déduire la nécessité de faire prendre confiance en défendant un projjet social collectif capable de satisfaire les besoins humains. Pour lui, l’interpro ne peut avoir de sens que pour aider à la lutte, aider les organisations syndicales à dépasser leurs limites actuelles quand elles manquent de capacités de lutte. On organise l’intervention à la Halle, André en ce sens pour qu’un comité prenne la direction de la lutte. Arrêtons de parler, agissons, dit ce camarade. Arrêtons de critiquer les syndicats et menons le combat sur le terrain pour les emplois et les salaires.

     Nous ne faisons pas que souhaiter et préparer la convergence des luttes et la transformation de la défensive actuelle en offensive, nous voulons que les luttes préparent les travailleurs à apparaître, d’abord à leurs propres yeux, comme une force sociale capable de proposer un autre avenir que la société capitaliste en faillite. C’est pour cela que les comités interpro sont indispensables. Se réunir pour discuter de la situation et de la manière d’y faire face, ce n’est pas seulement plus efficace pour les luttes actuelles mais aussi c’est la seule manière de préparer un autre avenir que le capitalisme, ce dernier ne semblant plus en état de se maintenir durablement. Et il ne naîtra pas une société socialiste sans que naissent des comités par lesquels les travailleurs détiendront le pouvoir en l’ayant enlevé aux capitalistes. La conception lutte de classe du comité et de l’assemblée interpro, c’est un combat contre les trahisons des syndicats mais pas seulement : contre toutes les sortes de réformisme qui remplacent l’action directe des travailleurs, la tromperie du bon syndicat, comme celle du bon Etat ou celle du bon gouvernement, sans parler de celle du bon patron.

     Un participant se félicite de cette initiative plutôt inédite bien qu’elle aille dans le même sens que d’autres assemblées initiées aussi par des cheminots de gare de l’Est au cours de mouvements précédents. Il souligne qu’il y a une morosité ambiante et que, dans ces conditions, faire preuve de volontarisme comme nous le faisons peut avoir d’autant plus d’importance. Il rappelle les luttes actuelles dans les écoles, luttes auxquelles il a participé avec des AG enseignants-parents. Il rappelle les attaques actuelles contre l’école, notamment dans les ZEP.

     Un camarade rappelle la nécessité de se donner des objectifs concrets, de fixer des actions à venir.

     Un camarade rappelle que, dans ce but, une réunion aura lieu jeudi prochain 7 mai et que l’heure et le lieu seront transmis par les voies habituelles

     Un camarade qui rappelle qu’il n’a jamais eu que des boulots précaires affirme qu’il n’a jamais été soutenu par les syndicats qui se gardaient bien d’unifier la lutte avec les précaires, les non titulaires, les non professionnels et les isolaient même volontairement. Le boulot des syndicats, c’est toujours de faire accepter les soubresauts du capitalisme au sein des travailleurs. C’est cette gauche (notamment syndicale) qui fait passer les attaques, qui cautionne les reculs. Les gens sont capables de s’organiser. On l’a vu maintes fois. Par exemple, dans les grèves de 1986-1987. Dans les coordinations, il y avait des syndiqués et des non syndiqués. Pour avancer, il faut effectivement intervenir devant les entreprises et faire des compte-rendus de ces interventions pour en tirer le bilan.

     Les syndicats sont devenus des gestionnaires de la force de travail. Neutraliser les bureaucraties syndicales est indispensable car elles combattent systématiquement les efforts d’auto-organisation. On peut se donner des objectifs qui permettent d’avoir un impact en dénonçant les plans patronaux et gouvernementaux, les plans internationaux, nationaux et régionaux ; par exemple, le « grand Paris » est une opération qui concerne des milliers de travailleurs de tous les secteurs d’activité et en même temps d’habitants. Il y a déjà eu des grèves liées au Grand Paris. Il y a tout un combat à mener là-dessus. On peut s’adresser à la fois aux salariés et aux habitants.

    Deux propositions ont été retenues par l’assemblée du 1er mai et votées : l’une en direction des salariés d’André-Hall aux vêtements- Vivarte qui a annoncé 1600 suppressions d’emplois dans ses établissements et où les syndicats ont plutôt retardé l’entrée en lutte avec un rendez-vous lundi prochain pour rédiger un tract du comité interpro en direction de ces salariés. Cette proposition a donné lieu à motion votée (13 pour, une abstention, un contre et plusieurs ne participent pas au vote). Il y a eu aussi pour la suite la proposition de rédaction d’un tract en direction de l’ensemble des services publics afin de montrer qu’il y a une attaque générale des services publics, et pas d’un côté la SNCF, d’un autre les hôpitaux, d’un troisième Radio France, et d’une quatrième La Poste, et ainsi de suite. Cette proposition a donné lieu à une motion votée (17 pour, zéro contre, zéro abstention et plusieurs ne participant pas au vote). Une proposition de rendez-vous pour rédiger le tract suivra. Des exemples de tentatives de convergences des luttes en cours (par exemple entre enseignants et postiers du 92) ont été rappelés. Des propositions diverses d’intervention du comité dans plusieurs directions ont été avancés. On peut citer les manifestations des jours prochains par rapport à des assassinats par les forces de l’ordre dont celle de Bouna Traoré et Zyed Benna à Clichy-sous-bois pour le rendu du jugement des flics. La mise en place du « grand Paris » a été également avancée comme un moyen d’intervenir sur un mode général s’adressant à toutes sortes de travailleurs et d’habitants, puisque ce plan va concerner un très grand nombre de salariés et d’habitants et est déjà l’objet de luttes sociales et de grèves. Bien entendu, ce résumé « oublie » un certain nombre de points et ne donne pas le détail des interventions. Comme je le disais, un compte-rendu plus détaillé suivra, d’autant plus nécessaire pour avancer que nombre d’entre nous n’ont pas pu se rendre à chaque assemblée.

    Pour les interventions que je n’ai pas pu noter en détail, je demande aux participants concernés de m’en excuser. Tout correctif de mon compte-rendu par l’un des participants est bien entendu le bienvenu.

  • Remarquons que les centrales syndicales ont fait une journée du 9 avril à peu près réussie et ensuite plus rien...

    Et n’attendons plus rien de positif de leurs initiatives, même si nous nous en servons pour contacter et organiser des gens ! Ce n’est pas d’elles que viendra le plan d’action de la riposte mais de nous-mêmes ou de personne...

  • jeudi 7 mai à 18h

    réunion de l’assemblée interpro

    Salle de commission 3 à l’annexe Varlin

    29, boulevard du Temple

    (métro république)

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