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Avec Hollande, la classe ouvrière n’ira pas au paradis… ni fiscal, ni social !

jeudi 14 avril 2016, par Robert Paris

Avec Hollande, la classe ouvrière n’ira pas au paradis… ni fiscal, ni social !

Le président français François Hollande, peu accoutumé à de telles déclarations, a affirmé qu’il était fier et content de l’action du « lanceur d’alerte » qui a divulgué les « Panama Papers », déclarant que c’était une bonne nouvelle pour la transparence financière et une bonne nouvelle pour les finances publiques du pays car il s’engageait à poursuivre pénalement les fraudeurs du fisc français et leur faire des procès.

Tiens donc ! Hollande, pas plus que ces prédécesseurs au pouvoir, n’a jamais levé le petit doigt en faveur des lanceurs d’alerte, quels qu’ils soient, qu’ils divulguent des secrets des détourneurs du fisc, des spéculateurs, des services secrets, de la diplomatie ou de la guerre. Il n’a pas dit un mot pour défendre par exemple le lanceur d’alerte qui va bientôt être jugé pour avoir divulgué les pratiques de camouflage de fonds au fisc pratiquées par le Luxembourg et cautionnées par l’Europe.

Autre motif d’étonnement : il n’a pas fallu une semaine pour que le gouvernement lance une enquête contre la banque française Société Générale citée par les Panama Papers pour pratiques illicites sur les comptes cachés au fisc. Là encore, c’est tout à fait nouveau : Hollande, pas plus que ses prédécesseurs au pouvoir, n’a jamais relevé les pratiques douteuses de la Société Générale comme des autres grandes banques. On se souvient en particulier des affaires douteuses de Paribas et autres du Crédit Lyonnais ou encore celle de la Société Générale contre Kerviel, toutes affaires dans lesquelles les gouvernants avaient couvert les banquiers, juridiquement, politiquement, financièrement. Lors des investissements douteux des banques françaises dans les investissements pourris de la crise de 2007, l’Etat français n’avait pas plus rechigné que les autres de la planète à avoir caisse publique ouverte aux banques, leur faisant entièrement confiance au moment même où aucune banque ne se fiait plus à l’autre !

Il s’agit d’un effet d’annonce : l’Etat va enquêter, l’Etat va juger, l’Etat va condamner les riches qui fraudent. Car il faut être très très riche pour bénéficier des aides de juristes, d’avocats, de créations de sociétés écrans, etc… Mais, à part l’opération de com, a-t-on des raisons sérieuses de croire que le gouvernement va réellement punir les riches coupables. Tout le passé démontre le contraire : les gouvernants successifs ont toujours négocié avec les gros fraudeurs du fisc et ne leur ont jamais fait payer cher leurs tricheries qui se montent pourtant à des milliards. Ils ne les ont jamais trainé en justice et ont toujours cherché avec eux des arrangements à l’amiable. Bien sûr, cela n’empêche pas les patrons de se plaindre et de pleurnicher que les impôts rendent l’investissement en France complètement impossible comme ils se plaignent du code du travail ou encore des taxes, des procès en prud’hommes et on en passe. C’est connu : ceux qui font le plus la tête, qui ont les airs les plus mécontents, qui se plaignent sans cesse d’être volés sont les plus riches : ce sont les exploiteurs, les saigneurs !

Quant aux gouvernants, quelque soit leur couleur politique, ils ont toujours servi loyalement la classe exploiteuse et, notamment, ils n’ont jamais sérieusement combattu les « paradis fiscaux » à part ceux des puissances concurrentes. La France dénonce volontiers les paradis fiscaux américain ou anglais mais jamais les siens propres, bien entendu. La France, soi-disant en lutte contre les paradis fiscaux, fait comme les autres : elle défend les siens comme Monaco, Andorre, Maurice, Saint-Martin, Saint-Barthélémy, Tahiti, Wallis-et-Futuna … Elle espère ainsi attirer des investisseurs étrangers et courtise, comme toutes les puissances capitalistes, le grand capital mondial !

C’est d’autant plus remarquable dans le cas de cette gauche gouvernementale qui a le pouvoir politique en France qu’elle mettait particulièrement en avant sa volonté de réformer la fiscalité pour « instaurer une véritable justice fiscale », chargée, paraît-il, de « rééquilibrer l’édifice social menacé par l’aggravation des inégalités » et de « mieux répartir les richesses », comme le disaient les projets de cette gauche social-démocrate.

Belle hypocrisie : l’impôt, qui est moins payé par les riches que par les pauvres, devrait permettre d’introduire plus de justice sociale ! On aurait du mal à lister toutes les lois, tous les décrets du type du « crédit-impôt » qui permettent aux capitalistes, sans même planquer son capital au Panama, de le protéger contre l’impôt, contre les taxes, contre les lois. Et l’exemple vient d’en haut : les trusts du Cac40 comme Total n’ont quasiment jamais payé d’impôts et cela sans se cacher alors que ce n’est pas les profits qui leur ont fait défaut toutes ces dernières années !

Chaque fois qu’il y a eu un scandale à ce propos dans les comportements des trusts, il a suffi d’un simple rendez-vous chez le ministre pour le régler. Car, voyez-vous, si on vous présente à vous, salarié, simple exploité, le paiement de l’impôt comme la base de l’édifice politique et social, la base de « la république pour tous », eh bien il n’en va pas de même pour les possesseurs de capitaux. Pour eux, le ministre a le droit de décider qu’on privera tel ou tel capitaliste, sous tel ou tel prétexte ou parce qu’on sympathise, du paiement de ses impôts. Il suffira par exemple à celui-ci d’assurer qu’il aidera financièrement le parti politique en question lors des prochaines échéances électorales. Quand on voit avec quelle sévérité l’administration des impôts traite le tout petit contribuable qui a simplement commis une erreur ou cherché à frauder un tout petit peu le fisc !!!

Eh oui ! Ce sont les riches qui ont les moyens de frauder le fisc et pas les salariés ou les petits travailleurs indépendants. Il est évident que pour profiter des services des cabinets du type Fonseca de Panama ou d’ailleurs, il faut disposer de fortunes. Pour se servir des arguments de l’emploi, de l’exportation, de la recherche ou de l’art afin de négocier avec le ministère des impôts, il faut être riche. Sinon, vous écopez des pénalités maximales avec l’administration du fisc !

Cela fait frémir de voir comment il suffit d’un petit bonjour d’un grand capitaliste au ministre pour ôter des sommes colossales au trésor public ! Un DSK, autrefois ministre des finances, s’était constitué ainsi toute une clientèle de patrons qui obtenaient de lui l’effacement de toutes les dettes fiscales sans passer par aucun cabinet de fiscalistes, d’avocats ni de juristes. Il était lui-même avocat d’affaires et donc défenseur des intérêts des possesseurs de capitaux comme Sarkozy ou Le Pen, comme Obama ou comme tous les autres politiciens qui parviennent au pouvoir, comme tous ceux formés par l’école des fonctionnaires d’Etat à l’image des Hollande, des Ségolène Royal ou à l’école des banques comme Macron.

L’Etat n’est nullement indépendant des puissances du grand capital. Il est le bras politique, policier et militaire de la classe capitaliste. Le domaine de l’impôt n’est nullement un cas à part. le recouvrement de l’impôt que Hollande-Sapin ont décidé de privatiser ne se distingue pas du service des transports par rail et cars que Hollande-Pépy ont également privatisé ou encore du service de santé que Hollande-Hirsch-Touraine privatisent également. L’Etat public est entièrement aux mains des patrons comme le clament, à juste raison, dans les rues travailleurs et jeunes, mobilisés contre le loi El Khomri.

Mais la conclusion à tirer de cela n’est pas de lutter pour réformer l’Etat, n’est de pas se contenter de réclamer le retrait d’une seule loi, de refuser seulement une des privatisations alors que tout le service public est en voie de privatisation, la conclusion à tirer est de retirer le pouvoir d’Etat aux possesseurs de capitaux, comme la conclusion à tirer du chômage de masse et des licenciements qui se multiplient est de retirer leur pouvoir sur les entreprises aux possesseurs de capitaux.

Il ne suffit même pas de clamer « grève générale » si le but de celle-ci reste l’utopie réactionnaire de la réforme du capitalisme !

La seule conclusion à tirer, pour les travailleurs, les jeunes et tous les milieux populaires, est la nécessité de la révolution sociale !!!

Que ceux qui n’ont aucune garantie pour l’avenir prenne l’intégralité du pouvoir et devienne les véritables décideurs de la société !

Au lieu de pleurnicher « nous valons mieux », il faut clamer : « Nous ne sommes rien, soyons tout ! »

Au lieu d’être des « indignés », soyons des révolutionnaires et le monde est à nous !

Messages

  • Renault est-il dans les Panama Papers ?!!

    Renault paie 3% d’impôt dans le monde sur ce qu’il gagne. Et ce n’est encore rien : Renault est largement bénéficiaire dans ses relations avec le trésor public car la firme touche de l’argent sur tous les tableaux. Elle engrange des aides multiples et copieuses pour la voiture électrique, pour financer l’innovation, pour le développement de l’hybride, pour l’emploi, etc… Le bilan est largement positif pour Renault et négatif pour l’argent de nos impôts !!! Renault n’a pas besoin d’aller à Panama pour ne pas payer d’impôts correspondants à ses profits !!!

  • Crédit Agricole et BNP Paribas sont cités dans de nouveaux documents produits par « Le Monde ».

    Au moment même où Frédéric Oudéa, le directeur général de la la banque française, était entendu par la commission des finances du Sénat, mercredi matin, afin de s’expliquer sur la création de sociétés offshore pour le compte de ses clients, le quotidien « Le Monde » publiait de nouveaux documents braquant les projecteurs sur ses concurrents français. Selon le journal, le groupe Crédit Agricole aurait été l’un des plus gros clients français du cabinet Mossack Fonseca, spécialisé dans la domiciliation de sociétés offshore et à l’origine de l’affaire des « Panama papers ».

    Le Crédit Agricole aurait administré 1.129 sociétés offshore enregistrées auprès du cabinet panaméen depuis les années 1990, davantage que les 1.005 entités créées depuis 1977 par la Société Générale avec ce même cabinet. BNP Paribas aurait confié la gestion de 468 sociétés offshore à Mossack Fonseca et Crédit Mutuel en aurait administré 64 via sa filiale suisse, la banque Pasche.

    De son côté, la Société Générale indique que 66 sociétés offshore, mises sur pied avec Mossack Fonseca, sont actives à ce jour. Et 6 d’entres elles se situent au Panama. La banque indique pour l’instant poursuivre ces activités, lorsqu’elles sont en conformité avec les exigences des différentes administrations fiscales. Ceci en dépit du risque d’image élevé au regard du faible niveau de revenus générés par ces activités, « environ 2 millions d’euros par an », a rappelé Frédéric Oudéa.

    Selon « Le Monde », les banques françaises ont privilégié l’externalisation de « l’offshore à des cabinets privés ». Ainsi, après avoir cédé son bras armé pour l’offshore Crédit Agricole Suisse Conseil au groupe mauricien NWT Conseil, Crédit Agricole Suisse aurait conservé de liens avec la société, tout comme BNP Paribas qui a cédé fin 2010 BNP Trust Company SA tout en continuant de travailler avec ses équipes. Cette version est toutefois contestée par la banque de la rue d’Antin, qui précise que l’ex-BNP Trust Company SA « conduit ses activités en propre ». Le Crédit Agricole de son côté atteste avoir cessé toute activité d’offshoring y « compris au travers de prestataires externes ». Mercredi soir, le ministre des Finances a demandé des « explications » et précisé qu’il verrait les présidents de BNP Paribas et de Crédit Agricole « dans les tous prochains jours ».

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