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Ce que Victor Hugo nous a dit…

lundi 12 septembre 2016, par Robert Paris

« Tant qu’il existera, par le fait des lois et des moeurs, une damnation sociale créant artificiellement, en pleine civilisation, des enfers, ... tant qu’il y aura sur la terre ignorance et misère, des livres de la nature de celui-ci pourront ne pas être inutiles. »

Les Misérables, Victor Hugo

Ce que Victor Hugo nous a dit…

« Que suis-je ? Seul, je ne suis rien. Avec un principe je suis tout. Je suis la civilisation, je suis le progrès, je suis la Révolution française, je suis la révolution sociale. »

Victor Hugo, Choses vues, 1873

« Je suis né noble, devenu vicomte et pair de France, monarchiste, mais… mais j’ai connu le peuple, j’ai ressenti la force du peuple, j’ai ressenti la nécessité d’écrire comme la conscience du peuple et, que celui-ci m’ait aimé ou pas, je l’ai aimé… »

« Nous sommes dans le moment des peurs paniques. Un club, par exemple, effraie, et c’est tout simple ; c’est un mot que la masse traduit par un chiffre : 93. Et pour les basses classes, 93, c’est la disette ; pour les classes moyennes, c’est le maximum ; pour les hautes clases, c’est la guillotine. Mais nous sommes en 1830. »

Victor Hugo, Choses vues

« Les pères ont vu la révolution en France. Les fils verront la révolution en Europe. »

Victor Hugo, préfigurant en 1830 ce que sera la révolution de 1848

« Pauvres misérables bourgeois égoïstes qui vivent heureux et contents au milieu du peuple décimé tant que la liste fatale du choléra morbus n’entamera pas l’Almanach des vingt-cinq mille adresses (le Gotha de l’époque). »

Victor Hugo, Choses vues, 1838

« Saisir brusquement au collet la révolution, lui mettre les pincettes, la jeter dans un fourgon cellulaire et de là en prison, c’est faisable. Pour combien de temps ? Pour des années, soit. Et après ? J’en conviens : la force est la force ; cette politesse dite, je puis ajouter : l’idée reste l’idée… Le soleil finira toujours par sortir, même de Mazas. »

« Quel mot profond « le prolétaire » ! Ce mot contient la race et contient le labeur. Les prolétaires ! Quel mot ! C’est le mot vrai. Ni un reproche, ni une injure. Le passé, qui était insolent parce qu’il était le petit nombre, appelait le grand nombre : « les manants ». La question politique est résolue : la République est faite, rien ne la défera, reste la question sociale. Elle est plus simple et plus terrible. La voici : pourquoi y a-t-il des propriétaires ? Avez-vous réfléchi à ce mot prolétaires ? Pas un mot plus profond… D’où vient un tel homme qui peut dire à la société humaine… cette terre est à l’homme. »

Victor Hugo, Choses vues

« Prenez garde. Si vous voulez la monarchie et si vous rejetez la République, vous soulèverez Paris. Le soulèvement de Paris vous obligera à la répression de Paris. La répression de Paris vous amènera au désarmement des gardes nationales. Le désarmement des gardes nationales, c’est la dictature de l’obéissance passive, c’est la consigne supérieure à la loi, c’est l’abîme. Nous y voilà… »

Victor Hugo, début mars 1871, peu avant la proclamation de la Commune de Paris

« La Commune a « exécrablement » tué 64 otages. L’assemblée a riposté en fusillant six mille prisonniers… La Commune a tué au hasard ; ceux-ci, les communards, on les tue à coup sûr. On sait qui ils sont ; voilà l’avantage. »

« A la petite Roquette, on a fusillé environ deux mille enfants trouvés dans les barricades et n’ayant ni père ni mère. Comme ils étaient sans domicile on les a mitraillés. C’était la mitrailleuse qui fonctionnait pour ces tueries en masse. Beaucoup d’enfants criaient « Ma mère ! » pendant qu’on les enterrait. »

Victor Hugo, Choses vues, 17 juin 1871

« Ma protestation en faveur du droit d’asile a paru. Polémique… Ce soit, je suis rentré à onze heures et demie, par un hasard qui m’a sauvé peut-être, au lieu de rentrer par mon chemin ordinaire, la rue Sablonnière, je suis rentré par la rue Notre-Dame-aux-Nègres. Vers minuit et demi, comme je venais de me coucher et comme j’allais m’endormir, on sonne. J’écoute. On sonne. Je me lève, je passe mon caban. Je vais à la fenêtre et je l’ouvre, encore à demi endormi. « Qui est là ? » - Une voix me réponde : « Dombrowsky ». Je pense ou je rêve : « Est-ce qu’il ne serait pas mort, aurait-il lu ma lettre, et vient-il me demander asile ? Comme j’allais descendre pour ouvrir, une grosse pierre frappe le mur, et je vois une foule d’hommes dans la place. Je comprendsque c’est un guet-apens. Je m’avance à mi-corps hors de la fenêtre et je crie à ces hommes : « -Vous êtes des misérables ! » Puis je referme la fenêtre. En ce moment une pierre énorme broie la vitre-glace juste au-dessus de ma tête et vient tomber dans la chambre… J’entends ces cris : « - A mort Victor Hugo ! A mort Jean Valjean ! A mort Chancharlie ! A la lanterne ! A la potence ! A mort le brigand ! Tuons Victor Hugo ! » L’assaut de la maison a commencé en règle. Il paraît que la police - tant occupée ailleurs – n’avait pu se déplacer. C’était un guet-apens réactionnaire et bonapartiste que le ministère clérical belge tolérait un peu. Cela a duré deux heures. La porte a tenu bon… Quand tout a été fini, la police est venue… Trois jours après, midi, un huissier m’apporte mon ordre d’expulsion (de Belgique) commençant ainsi : « Il est enjoint au sieur Hugo, etc. » signé « Léopold ». »

Victor Hugo, réfugié en Belgique, venait de déclarer sa maison ouverte à tous les communards pourchassés par la bourgeoisie en Europe

« Ceux qui se débattent dans cette prison sont de grands coupables. Ce sont des communeux. Ce sont des partageux. Ils ont commis une foule de crimes de droit commun : vol, pillage, etc. Ils ne respectent aucune loi ni aucune institution. Ils sont même capables de pousser l’irrévérence jusqu’à leurs dernières limites à l’égard de la magistrature, du clergé et de l’armée. Je le répète, ces prisonniers sont les pires des communards. Cependant, comme ils sont faibles et désarmés, je propose à la chambre des poupées, au Sénat des polichinelles, et à vous, messieurs les bébés qui représentez ici le pouvoir exécutif, de discuter pour ces grands criminels l’amnistie pleine et entière. »

Victor Hugo, Choses vues, 1876

« Après tout, l’antagonisme fait saillir l’être. »

« Le néant des géants m’importune ; Moi j’admire, ébloui, la grandeur des petits. »

« Qui ne possède pas sa pensée ne possède pas son action. »

« La révolution littéraire et la révolution politique ont fait en moi leur jonction. »

« En littérature, je suis pour le grand contre le petit, et, en politique, je suis pour les petits contre les grands. »

« Dans ce siècle, qui a pour loi d’achever la révolution française et de commencer la révolution humaine, l’égalité des sexes fait partie de l’égalité des hommes. »

« L’homme n’est pas à lui seul l’homme : l’homme plus la femme plus l’enfant, cette créature une et triple, constitue la vraie unité de l’unité humaine. Toute l’organisation sociale doit découler de là. »

« La conscience est un instrument de précision d’une sensibilité extrême. »

Le poète dans les révolutions

Quoi ! mes chants sont-ils téméraires ?

Faut-il donc, en ces jours d’effroi,

Rester sourd aux cris de ses frères !

Ne souffrir jamais que pour soi !

Non, le poëte sur la terre

Console, exilé volontaire,

Les tristes humains dans leurs fers ;

Parmi les peuples en délire,

Il s’élance, armé de sa lyre,

Comme Orphée au sein des enfers. (…)

On dit que jadis le poëte,

Chantant des jours encor lointains,

Savait à la terre inquiète

Révéler ses futurs destins.

Mais toi, que peux-tu pour le monde ?

Tu partages sa nuit profonde ;

Le ciel se voile et veut punir ;

Les lyres n’ont plus de prophète,

Et la Muse, aveugle et muette,

Ne sait plus rien de l’avenir !

Chants du crépuscule

Dicté après juillet 1830

Frères ! et vous aussi, vous avez vos journées !

Vos victoires, de chêne et de fleurs couronnées,

Vos civiques lauriers, vos morts ensevelis,

Vos triomphes, si beaux à l’aube de la vie,

Vos jeunes étendards, troués à faire envie

A de vieux drapeaux d’Austerlitz ! (…)

Quand notre ville épouvantée,

Surprise un matin et sans voix,

S’éveilla toute garrottée

Sous un réseau d’iniques lois,

Chacun de vous dit en son âme :

« C’est une trahison infâme !

Les peuples ont leur lendemain.

Pour rendre leur route douteuse

Suffit-il qu’une main honteuse

Change l’écriteau du chemin ?

La parole éclate et foudroie

Tous les obstacles imprudents ;

Vérité, tu sais comme on broie

Tous les bâillons entre ses dents ;

Un roi peut te fermer son Louvre ;

Ta flamme importune, on la couvre,

On la fait éteindre aux valets ;

Mais elle brûle qui la touche !

Mais on ne ferme pas ta bouche

Comme la porte d’un palais ! (…)

Alors tout se leva. — L’homme, l’enfant, la femme,

Quiconque avait un bras, quiconque avait une âme,

Tout vint, tout accourut. Et la ville à grand bruit

Sur les lourds bataillons se rua jour et nuit.

En vain boulets, obus, la balle et les mitrailles,

De la vieille cité déchiraient les entrailles ;

Pavés et pans de murs croulant sous mille efforts

Aux portes des maisons amoncelaient les morts ;

Les bouches des canons trouaient au loin la foule ;

Elle se refermait comme une mer qui roule,

Et de son râle affreux ameutant les faubourgs,

Le tocsin haletant bondissait dans les tours !

rois jours, trois nuits, dans la fournaise

Tout ce peuple en feu bouillonna.

Crevant l’écharpe béarnaise

Du fer de lance d’Iéna.

En vain dix légions nouvelles
Vinrent s’abattre à grand bruit d’ailes

Dans le formidable foyer ;

Chevaux, fantassins et cohortes

Fondaient comme des branches mortes

Qui se tordent dans le brasier !

Comment donc as-tu fait pour calmer ta colère,

Souveraine cité qui vainquis en trois jours ?

Comment donc as-tu fait, ô fleuve populaire,

Pour rentrer dans ton lit et reprendre ton cours ?

O terre qui tremblais ! ô tempête ! ô tourmente !

Vengeance de la foule au sourire effrayant !

Comment donc as-tu fait pour être intelligente

Et pour choisir en foudroyant ?

C’est qu’il est plus d’un cœur stoïque

Parmi vous, fils de la cité ;

C’est qu’une jeunesse héroïque

Combattait à votre côté.

Désormais, dans toute fortune,

Vous avez une âme commune

Qui dans tous vos exploits a lui.

Honneur au grand jour qui s’écoule !

Hier vous n’étiez qu’une foule :

Vous êtes un peuple aujourd’hui !

Les Châtiments

La Révolution leur criait : - Volontaires,

Mourez pour délivrer tous les peuples vos frères !

Contents, ils disaient oui.

"La dernière raison des rois, le boulet. La dernière raison des peuples, le pavé."

Victor Hugo - Littérature et philosophie mêlées – 1830

A lire :

Histoire d’un crime

Choses vues — 1ère série

Choses vues — 2e série

Détruire la misère

Victor Hugo et la révolution

Lire en ligne : "Les Misérables" de Victor Hugo

La tribune de Victor Hugo

Le débat : face à face entre Victor Hugo et Edmond de Goncourt

Le roi s’amuse, pièce contestatrice de Victor Hugo

Lettre au capitaine Butler

Claude Gueux de Victor Hugo

A ceux qu’on foule aux pieds

Au peuple

Les siècles sont au peuple

Burg-Jargal ou la révolte des esclaves de Saint-Domingue

L’émeute et l’insurrection

Gavroche

Gavroche en marche

La barricade de la révolution

Sur une barricade, au milieu des pavés

Les deux barricades

La révolution de juillet

Quatre-vingt treize

La suite

Bien entendu, tout ce qui est dit plus haut n’empêche pas Victor Hugo d’être aussi tout le contraire, vus ses origines, son milieu social, son mode de vie et ses choix politiques. C’est un être contradictoire, il n’a cessé de le dire... Cela ne gênera que les non-dialecticiens qui pensent que les contraires s’annulent mutuellement et sont incompatibles...

Nous donnons ici exclusivement la parole à Hugo révolutionnaire, celui qui se voulait l’héritier de son père, sachant que tout le monde se charge de donner la parole à l’autre Hugo, celui qui était influencé par sa mère...

Messages

  • « Oui, tous tant que nous sommes, grands et petits, puissants et méconnus, illustres et obscurs, dans toutes nos oeuvres, bonnes ou mauvaises, quelles qu’elles soient, poèmes, drames, romans, histoire, philosophie, à la tribune des assemblées comme devant les foules du théâtre, comme dans le recueillement des solitudes, oui, pour tout, oui, toujours, oui, pour combattre les violences et les impostures, oui, pour réhabiliter les lapidés et les accablés, oui, pour conclure logiquement et marcher droit, oui, pour consoler, oui, pour secourir, pour relever, pour encourager, pour enseigner, oui, pour panser en attendant qu’on guérisse, oui, pour transformer la charité en fraternité, l’aumône en assistance, la fainéantise en travail, l’oisiveté en utilité, la centralisation en famille, l’iniquité en justice, le bourgeois en citoyen, la populace en peuple, la canaille en nation, les nations en humanité, la guerre en amour, le préjugé en examen, les frontières en soudures, les limites en ouvertures, les ornières en rails, les sacristies en temples, l’instinct du mal en volonté du bien, la vie en droit, les rois en hommes, oui, pour ôter des religions l’enfer et des sociétés le bagne, oui, pour être frères du misérable, du serf, du fellah, du prolétaire, du déshérité, de l’exploité, du trahi, du vaincu, du vendu, de l’enchaîné, du sacrifié, de la prostituée, du forçat, de l’ignorant, du sauvage, de l’esclave, du nègre, du condamné et du damné, oui, nous sommes tes fils, Révolution ! »

    Victor HUGO

  • « Entendons-nous, je suis un homme de révolution. »

    • Victor Hugo nous a dit aussi :" Pitié pour les malheureux, mais indulgence pour les heureux."

    • C’est d’autant plus remarquable qu’il glorifiait le sommet révolutionnaire de 1793 qui horrifie tous les nantis !!!

    • Je vous remercie pour cette précision mais j’avais déjà lu la conclusion avant d’écrire mon message et je me doutais que je gagnais aussitôt le droit à y être renvoyé. C’est précisément pour cette raison que je me suis permis d’intervenir. Et ça n’a pas raté ! Le bombardement immédiat de citations transgresse la règle d’expression valable pour mener des commentaires viables. Nécessairement, mon commentaire présent doit maintenant arriver au mauvais moment au mauvais endroit pour être complètement saisi. Ce n’est pas bien grave, je ne suis pas un démocrate absolu mais j’espère être lu et répondu convenablement, c’est-à-dire attentivement.
      Je tiens à préciser que ce commentaire ne recherche pas du tout l’invective facile. Bien au contraire ! Il est nécessaire de pousser la roue avec les forces dont on dispose, voilà tout !
      Par ailleurs, j’aime assez bien votre site internet.

      Par contre, je trouve que toutes ces cabrioles sur Victor Hugo (comme une unité des contraires) sont franchement invraisemblables. C’est de la sophistique. Je ne suis pas du tout d’accord, même si je crois comprendre l’intention. C’est tout à votre honneur d’ailleurs. En effet, il faut savoir être nuancé, mesuré et précis. Il faut être radical sans vouloir être absolument plus radical que la racine.

      Dans ce cas là, la bonne intention est intenable. Lisez la critique de Paul Lafargue, La Légende de Victor Hugo. Lafargue n’est pas n’importe qui et il n’a pas vécu n’importe quand non plus. Dans sa critique, le gendre de Marx, ne décrit pas seulement Hugo comme un personnage inconsistant, oscillant mais comme un être parfaitement égal à lui-même durant toute son existence, le type même du bourgeois égoïste, préoccupé par ses petits intérêts personnels, le bourgeois érigé au rang de miroir de la nation dans lequel la classe bourgeoise se contemple. Une légende bourgeoise, écrivain éternel de la misère ouvrière ...

      Vous dites :
      " Nous donnons ici exclusivement la parole à Hugo révolutionnaire, celui qui se voulait l’héritier de son père, sachant que tout le monde se charge de donner la parole à l’autre Hugo, celui qui était influencé par sa mère..."

      Hugo serait donc essentiellement le résultat d’un tiraillement entre ses deux géniteurs ? Et "Tout le monde" ne soulignerait que son « côté maternel ». Ainsi, il faudrait montrer au monde le révolutionnaire qu’était Hugo. C’est absolument indéfendable de présenter les choses ainsi.
      Dans l’étendue écrasante du discours officiel de la bourgeoisie, Hugo est systématiquement présenté comme une des grandes âmes qui aurait eu le courage d’oser soulever la question sociale ! En réalité, c’est un hallucinant charlatan d’envergure industrielle qui a bénéficié d’un débouché de masse pour répandre sa camelote anti-socialiste.
      Hugo n’est tout de même pas simplement une belle plume désintéressée. C’est un représentant bourgeois engagé dans la lutte politique, un symbole authentique de la bourgeoisie qui ne se réduit pas seulement à la littérature bourgeoise.
      Je sais très bien que vous n’osez pas mettre un commerçant de la phrase parfaitement égoïste et perfide, aux côtés d’authentiques révolutionnaires qui ont réellement lutté pour renverser les gouvernements bourgeois.

      Mais franchement, Qui est réellement Victor Hugo ?
      Il est "un des soixante représentants envoyés par la Constituante pour réprimer l’insurrection [de Juin 48] et diriger les colonnes d’attaques."

      Victor Hugo n’a jamais été un révolutionnaire. Parfaitement !

      L’unité des contraires, (quand bien même, en tous lieux et en tous temps), cela ne signifiera jamais participer à un accouplement posthume insensé entre Blanqui et Louis Blanc. Hugo est clairement bien au-dessus de toutes ces chimères abattues. Il a pour lui l’immortalité bourgeoise du Panthéon.

      Mais jusqu’où mène cette manière alambiquée de manier l’unité des contraires ? Hugo défendait donc tout de même les intérêts des ouvriers lorsque de facto ils les attaquaient inconditionnellement ? Est-ce cela qu’il faut comprendre ?
      N’est-ce pas bien plus profond de comprendre avec Lafargue que "Hugo est un héros de la phrase", un publicitaire bourgeois qui a fait sa richesse en enrobant la misère ouvrière avec des pamphlets remplis de charité et de romantisme libéral.

      Lisez attentivement Paul Lafargue La légende de Victor Hugo :

      "De 1848 à 1885, Hugo se comporte en "républicain honnête et modéré" et l’on peut défier ses adversaires de découvrir pendant ces longues années, un seul jour de défaillance.
      En 1848, les conservateurs et les réactionnaires les plus compromis se prononcèrent pour la république que l’on venait de proclamer : Victor Hugo n’hésita pas une minute à suivre leur noble exemple. "Je suis prêt, dit-il, dans sa profession de foi aux électeurs, à dévouer ma vie pour établir la République qui multipliera les chemins de fer... décuplera la valeur du sol... dissoudra l’émeute... fera de l’ordre, la loi des citoyens... grandira la France, conquerra le monde, sera en un mot le majestueux embrassement du genre humain sous le regard de Dieu satisfait." Cette république est la bonne, la vraie, la république des affaires, qui présente "les cotés généreux" de sa devise de 1837.
      — Je suis prêt continua-t-il, à dévouer ma vie pour "empêcher l’établissement de la république qui abattra le drapeau tricolore sous le drapeau rouge, fera des gros sous avec la colonne, jettera à bas la statue de Napoléon et dressera la statue de Marat, détruira l’Institut, l’Ecole Polytechnique et la Légion d’honneur ; ajoutera à l’illustre devise : Liberté, Egalité, Fraternité, l’option sinistre : ou la mort ; fera banqueroute, ruinera les riches sans enrichir les pauvres, anéantira le crédit qui est la fortune de tous et le travail qui est le pain de chacun, abolira la propriété et la famille, promènera des têtes sur des piques, remplira les prisons par le soupçon et les videra par le massacre, mettra l’Europe en feu et la civilisation en cendres, fera de la France la patrie des ténèbres, égorgera la liberté, étouffera les arts, décapitera la pensée, niera Dieu." "
      (...)
      "L’Evénement prenait cette devise, qui, après juin, était de saison : "Haine à l’anarchie — tendre et profond amour du peuple." Et pour qu’on ne se méprit pas sur le sens de la deuxième sentence, le numéro spécimen disait que l’Evénement "vient parler au pauvre des droits du riche, à chacun de ses devoirs." Le numéro du premier novembre annonçait "qu’il est bon que le National qui s’adresse à l’aristocratie de la République se donne pour 15 centimes, que l’Evénement qui veut parler au pauvre se vende pour un sou." Le poète commençait à comprendre que dans les petites bourses des pauvres, se trouvaient de meilleures rentes que dans les fonds secrets des gouvernements et les coffres-forts des riches."
      (...)
      "Des gens qui seraient de la plus atroce mauvaise foi, s’ils n’étaient des ignorants et des oublieux, ont prétendu que l’homme qui, en novembre 1848, écrivait que "l’insurrection de juin est criminelle et sera condamnée par l’histoire, comme elle l’a été par la société... ; si elle avait réussi, elle n’aurait pas consacré le travail, mais le pillage," (Evénement, nº 94) que cet homme avait déserté la cause de la sacrée propriété et pris la défense de l’insurrection du 18 mars. Et cela parce qu’il avait ouvert sa maison de Bruxelles aux réfugiés de la Commune. Mais dans sa bruyante lettre, tout chez Hugo est réclame, et plus tard dans son Année terrible, n’a-t-il pas protesté avec indignation contre les actes de guerre de la Commune ; n’a-t-il pas injurié les Communards aussi violemment qu’autrefois les Bonapartistes, les stigmatisant avec les épithètes de fusilleurs d’enfants de quinze ans, de voleurs, d’assassins, d’incendiaires ? "
      (...)
      Le Temps du 4 septembre 1885 fournit les renseignements suivants sur la fortune de Hugo : "La succession liquidée de Victor Hugo s’élève approximativement à la somme de cinq millions de francs. On pourra se faire une idée de la rapidité avec laquelle s’accroissait la fortune du maître quand on saura que celui-ci réalisa, en 1884, onze-cent mille francs de droits d’auteur.
      Ajoutons que celui des testaments de Victor Hugo qui contient la clause d’un don de cinquante mille francs aux pauvres de Paris est tout entier écrit de sa main, qu’il est terminé et daté, mais non signé."
      Donner 50000 francs aux pauvres, même après sa mort, dépassait ce que pouvait l’âme généreuse et charitable de Victor Hugo. Au moment de signer le cœur lui manqua. " (Paul Lafargue, La Légende de Victor Hugo)

      Nous avons déjà suffisamment de mal à mener la lutte de manière révolutionnaire contre l’idéologie bourgeoise. Nous n’avons pas besoin de chercher des révolutionnaires dans les idéologues bourgeois. Au contraire, il est nécessaire de flétrir les intrigants !

    • Cher lecteur,

      merci beaucoup pour ce commentaire critique. Je n’ignore pas l’écrit de Lafargue qui n’est pas n’importe qui mais seulement l’un de ceux, avec Guesde, dont Marx disait qu’au contraire d’eux, lui n’était pas marxiste !!!

      Hugo n’est pas un révolutionnaire, certes, mais il est un écrivain et comme tel il est contradictoire. C’est pour ne pas l’être, et donc pas dialecticien, que vous ne voulez pas le voir. Aucune citation ne permettra de vous en convaincre. C’est vrai. Cependant, Hugo était aussi attiré par la révolution qu’il en était repoussé.

    • Beau parleur, ce Lafargue, quand il s’agissait de s’indigner de la rente d’Hugo mais, à partir du moment où les Lafargue ont hérité du quart de la fortune de Friedrich Engels , lui et sa femme Laura Marx, se sont aussitôt achetés avec cet argent, une somptueuse demeure à Draveil où ils ont vécu en grands bourgeois.

      L’argent n’avait pas dicté les écrits de Lafargue ni ceux d’Engels ! Eh bien pas non plus ceux d’Hugo !

    • Les lettres d’Engels montrent qu’en dépit de la sincère et profonde amitié qu’il avait pour Laura Marx et son mari, il considérait les activités marxistes de Lafargue avec un net agacement et s’efforçait de le décourager des plus ambitieuses d’entre elles, en lui disant franchement qu’il ne comprenait rien aux théories qu’il prétendait défendre. Il critiqua sévèrement plusieurs ouvrages dont Lafargue était particulièrement fier. Si l’on en juge par la vivacité avec laquelle Engels attaqua dans cette période des écrivains comme Loria, en Italie, ses critiques de Lafargue eussent été bien plus amères s’il n’avait été retenu par les liens de l’amitié (Engels n’entretint-il pas le ménage Lafargue de 1883 à sa mort ?).

      De 1887 à 1890, il se plaignit à diverses reprises du boulangisme de Lafargue (et de Guesde et de Deville) auquel ils étaient conduits par leur inaptitude à distinguer le marxisme du blanquisme (une partie des boulangistes était blanquiste).

      Peut-on s’esclaffer sur les contradictions de Hugo et omettre celles de Lafargue ?!!!

    • Engels écrit à Bernstein le 2 novembre 1882 :

      « Marx a dit à Lafargue : « Ce qu’il y a de certain, c’est que moi je ne suis pas marxiste ». »

      En parlant de contradictions, Engels avait écrit à Marx le 6 novembre 1882 :

      « Les lettres de Lafargue à Malon contiennent des lubies du moment, contradictoires entre elles. »

    • Je ne vois pas pourquoi Marx et Engels auraient critiqué Lafargue qui diffusait en France leurs idées, les défendaient dans les organisations ouvrières, Lafargue qui s’était mariés à Laura, la fille de Marx, Larfargue qui a reçu l’héritage d’Engels, etc...

    • Lafargue se voulait disciple de Marx et Engels mais ces derniers n’estimaient pas qu’ils doivent prendre la responsabilité pleine et entière des idées de Lafargue...

      Lafargue entendait le marxisme comme un « déterminisme économique ».

      Voir notamment :

      Le matérialisme économique de Karl Marx

      Le déterminisme économique de Karl Marx, par Lafargue

      Les expressions « matérialisme économique » et « déterminisme économique » sont des inventions de Lafargue qui ttémoignent à quel point il défendait un marxisme qu’il s’était lui-même inventé.

      Marx et Engels se sont démarqués de ce type de « marxistes ». Voir, par exemple la lettre d’Engels à Borgius du 25 janvier 1894 :

      « Par les rapports économiques, que nous considérons comme la base déterminante de l’histoire de la société, nous entendons la façon dont les hommes d’une société donnée produisent leurs moyens d’existence et échangent entre eux les produits (dans la mesure où il y a division du travail). Il faut donc entendre par là l’ensemble de la technique de la production et des moyens de transport. Cette technique détermine aussi, d’après nous, le mode de l’échange, partant de la répartition des produits et aussi, après la dissolution de la société fondée sur la gens, la division en classes, partant les rapports de domination et de sujétion, l’Etat, la politique, le droit, etc. De plus, il faut entendre par rapports économiques la base géographique sur laquelle ceux-ci se passent et les survivances des stades antérieurs du développement économique qui se sont maintenues, souvent uniquement par tradition ou vis inertiæ, naturellement aussi le milieu qui entoure entièrement cette forme de société… Nous considérons les conditions économiques comme conditionnant en dernière instance le développement historique… Le développement politique, juridique, philosophique, religieux, littéraire, artistique, etc., repose sur le développement économique. Ils réagissent tous les uns sur les autres et sur la base économique. Il n’est pas vrai que la situation économique est la seule cause active et que tout le reste n’est qu’un effet passif. Mais il y a une action réciproque sur la base de la nécessité économique qui finit toujours par l’emporter en dernière instance. L’État, par exemple, agit par la protection douanière, par le libre échange, par de bonnes ou de mauvaises finances, et même l’épuisement et l’impuissance mortelle des petits bourgeois allemands qui ressortait de la situation économique misérable de l’Allemagne de 1648 à 1830, qui se traduisit d’abord par le piétisme, puis par un sentimentalisme et par une servilité rampante devant les princes et la noblesse, ne fut pas sans effet économique. Ce fut un des plus grands obstacles au relèvement et il ne fut ébranlé que le jour où les guerres de la Révolution et de Napoléon eurent rendu aiguë la misère chronique. Il n’y a donc pas, comme on arrive parfois à se le figurer, une action automatique de la situation économique ; les hommes font eux-mêmes leur histoire, mais dans un milieu donné qui les conditionne, sur la base de rapports réels préexistants, parmi lesquels les rapports économiques, si influencés qu’ils puissent être par les autres rapports politiques et idéologiques sont en dernière instance les rapports décisifs et forment le fil conducteur qui permet seul de la comprendre. Les hommes font eux-mêmes leur histoire, mais jusqu’ici pas avec une volonté générale suivant un plan d’ensemble, même lorsqu’il s’agit d’une société donnée et tout à fait isolée. Leurs efforts s’entrecroisent et, justement à cause de cela, dans toutes ces sociétés domine la nécessité dont le hasard est le complément et la manifestation. La nécessité qui se fait jour à travers tous les hasards, c’est de nouveau finalement la nécessité économique. Ici il nous faut parler des soi-disant grands hommes. Que tel grand homme et précisément celui-ci apparaît à tel moment, dans tel pays, cela n’est évidemment que pur hasard. Mais supprimons-le, il y a demande pour son remplacement et ce remplacement se fait tant bien que mal, mais il se fait à la longue. Que le Corse Napoléon ait été précisément le dictateur militaire dont la République française épuisée par ses guerres avait besoin, ce fut un hasard ; mais qu’en cas de manque d’un Napoléon un autre eût pris la place, cela est prouvé par ce fait que chaque fois l’homme s’est trouvé, dès qu’il était nécessaire : César, Auguste, Cromwell, etc. Si c’est Marx qui a découvert la conception matérialiste de l’histoire, Thierry, Mignet, Guizot, tous les historiens anglais jusqu’en 1850, prouvent qu’il y avait tendance à ce qu’elle se fasse, et la découverte de cette même conception par Morgan prouve que le temps était mûr pour elle, et qu’elle devait être découverte. Il en est de même pour tous les autres hasards ou prétendus tels de l’histoire. Plus le domaine que nous considérons s’éloigne du domaine économique et se rapproche du domaine idéologique purement abstrait, plus nous trouvons qu’il y a de hasards dans son développement, plus sa courbe présente de zigzags. Mais si vous tracez l’axe moyen de la courbe, vous trouverez que plus large est la période considérée et plus vaste le domaine étudié, d’autant plus cet axe tend à devenir presque parallèle à l’axe du développement économique… Je crois d’ailleurs que le bel exemple donné par Marx dans le 18 Brumaire sera pour vous une réponse suffisante. »

      P. Lafargue ayant envoyé à K. Kautsky un article intitulé La théorie de la valeur et de la plus-value de Marx et les économistes bourgeois (paru dans Le Socialiste n° 93 en 1892) pour qu’il soit publié dans la Neue Zeit, Kautsky avait trouvé que l’article, au titre prometteur, était superficiel voire bâclé et demandait à Engels de tirer un peu l’oreille à Lafargue, Engels répond :

      « Envoie-moi en recommandé et sous bande, comme manuscrit, l’article de Lafargue : je me charge de régler cette affaire. »

      Lafargue ne faisait pas seulement du faux radicalisme philosophique ou politique, comme les faux radicaux, il était parfois aussi sectaire et parfois opportuniste.

      Lettre de Engels à P. Lafargue, 22 novembre 1894 :

      « En vérité, vous vous êtes laissés entraîner un peu trop loin sur la pente opportuniste. »

      Et il rajoute : « Cela est le malheur de tous les partis extrêmes dès que l’heure approche où ils deviennent « possibles ». »

      Lafargue se laissa même un temps séduire par le boulangisme, qu’il appelait :« véritable mouvement populaire pouvant revêtir, selon lui, une forme socialiste si on le laisse se développer librement ». dans une lettre du 27 mai 1888, avant de se raviser.

    • « Chacun apprend à sa manière et si Paul apprend l’économie politique en se battant, c’est parfait du moment qu’il l’apprend. »

      Engels, à propos de Lafargue, dans une lettre du 23 novembre 1884

      voir ici comment Lafargue et Guesde s’estimaient assez marxistes pour ne pas étudier Marx et se contenter de diffuser en français leur propre « version »

      On demande à Lafargue pourquoi il n’essaie pas de diffuser en France une traduction du Capital :

      « Des socialistes l’ont lu… ils l’ont résumé dans ses parties essentielles et ont écrit des manuels du « Capital » pour les propagandistes, comme on fait des manuels de physique ou de chimie pour les jeunes gens qui préparent le bacchalauréat. Les popagandistes à leur tour simplifient ces manuels pour répandre dans les masses les enseignements du socialisme scientifique. »

      Même si Marx est publié en français, ce n’ets pas pour cela que Lafargue l’étudie…
      Un exemple de l’ignorance totale de Lafargue sur les textes qu’il commente :

      « Marx a importé dans l’histoire humaine la théorie des milieux – endormie depuis 1832 – en formulant sa théorie de la lutte des classes dans « Misère de la philosophie » publié en français en 1847. »

      Engels à Paul Lafargue, 27 mars 1889 :

      « Vous connaissez la formule de Hegel : tout ce qui a été gâté l’a été pour de bonnes raisons. Et vos amis parisiens se sont donnés le plus grand mal pour en démontrer la justesse. Voici les faits : après la disparition du Socialiste, votre parti s’est effacé de la scène internationale. Vous aviez abdiqué, et vous étiez morts pour les autres partis socialistes à l’étranger. C’était entièrement la faute de vos ouvriers, qui, ne voulaient ni lire, ni soutenir l’un des meilleurs organes que le parti ait jamais eu. Mais après avoir ruiné votre organe de communication avec les autres socialistes, il vous faut inévitablement subir les conséquences naturelles de cette action… Pour vous remettre sur pieds, il faut que votre congrès se réunisse, et peu importe alors qu’il soit un four aux yeux du public bourgeois. Pour reconquérir votre position en France, il faut qu’au plan international on vous reconnaisse et condamne les possibilistes. On vous l’offre - et vous faites la moue ! »

      Paul Lafargue fréquenta la maison de Marx et s’éprit de Laura, sa fille cadette. Marx, qui le jugeait “ très brave garçon, mais enfant gâté et par trop enfant de la nature ” (lettre à Engels, 23 août 1866)

    • Avec ses millions, sa propriété et son parc de Draveil, Lafargue avait suscité la réprobation de nombreux socialistes. C’est dans cette demeure que vivaient les Lafargue après l’avoir achetée au moyen de l’héritage de Friedrich Engels. On ne le voit pas sur la photo mais la belle demeure se situe dans un parc lui aussi somptueux, et qui n’était pas public à l’époque. Les Lafargue proprios n’autorisaient même pas les ouvriers de Draveil à venir s’y promener le dimanche. Les socialistes européens choqués, exprimèrent leur désapprobation en apprenant que les Lafargue avaient ainsi mis à leur profit personnel, l’héritage d’Engels.

      Engels, à propos de Guesde et Lafargue et autres marxistes qui se refusaient à étudier Marx tout en prétendant s’en revendiquer :

      « La conception matérialiste de l’histoire a maintenant beaucoup d’amis parmi ceux pour lesquels elle n’est pas plus qu’un prétexte pour ne pas étudier l’histoire. Marx avait dit, à la fin des années 1870, en se référant aux « marxistes » français : « Tout ce que je sais, moi, c’est que je ne suis pas marxiste » ».
      et encore :

      « Ce que l’on appelle « marxisme » en France est certes un article tout spécial, au point que Marx a dit à Lafargue : « Ce qu’il y a de certain, c’est que moi je ne suis pas marxiste » »

      « Marx et moi n’entretenons même pas de correspondance avec Guesde. Nous ne lui avons écrit qu’à l’occasion d’affaires déterminées. Ce que Lafargue a écrit à Guesde, nous ne le savons que d’une manière générale, et nous sommes loin d’avoir lu tout ce que Guesde écrit à Lafargue. Dieu sait quels projets ont été échangés entre eux, sans que nous n’en sachions absolument rien. Marx, comme loi, a donné de temps en temps un conseil à Guesde par l’intermédiaire de Lafargue, mais c’est à peine s’il a jamais été suivi. Certes, Guesde est venu ici quand il s’est agi de d’élaborer le projet de programme pour le Parti ouvrier français. En présence de Lafargue et de moi-même, Marx lui a dicté les considérants de ce programme, Guesde tenant la plume (…) mais combien peu Guesde était le porte-parole de Marx ressort du fait qu’il a introduit sa théorie insensée du « minimum de salaires ». »

      Engels à Bernstein, 25 octobre 1881.

      « Du vivant de Lassalle, je ne me suis pas engagé dans son mouvement. Mais cela ne saurait m’empêcher de le défendre, après sa mort, contre des canailles comme ce braillard de Karl Blind, surtout quand des personnes qui lui étaient proches me le demandent. »

      Lettre de Marx à L. Kugelmann - 29 novembre 1864

      « Lassalle s’est engagé sur cette fausse route parce que c’était un pragmatique. »

      Lettre de Marx à L. Kugelmann - 23 février 1865

      “Je ne suis pas marxiste,” stated Marx, rather annoyed, to his son-in-law Paul Lafargue, when the latter reported the doings of French “Marxists.” Engels had circulated this statement numerous times, including in letters to newspapers – definitely for public consumption. Marx’s distance from Marxists is also expressed in other comments. When he stayed in France in 1882, he wrote to Engels that “the ’Marxistes’ and ’Anti-Marxistes”’ […] at their respective socialist congresses at Roanne and St-Étienne” had “both done their damnedest to ruin my stay in France.” (MECW 46, p. 339)

      Rappelons que Lafargue s’est suicidé en laissant une lettre où il dit qu’il en avait pris la décision mais pas que sa femme s’était suicidé elle-même ni n’avait décidé de le faire… Il semble bien qu’elle ait été "suicidée" contre son gré !

    • Les lettres d’Engels montrent qu’en dépit de la sincère et profonde amitié qu’il avait pour Laura Marx et son mari, il considérait les activités marxistes de Lafargue avec un net agacement et s’efforçait de le décourager des plus ambitieuses d’entre elles, en lui disant franchement qu’il ne comprenait rien aux théories qu’il prétendait défendre. Il critiqua sévèrement plusieurs ouvrages dont Lafargue était particulièrement fier. Si l’on en juge par la vivacité avec laquelle Engels attaqua dans cette période des écrivains comme Loria, en Italie, ses critiques de Lafargue eussent été bien plus amères s’il n’avait été retenu par les liens de l’amitié (Engels n’entretint-il pas le ménage Lafargue de 1883 à sa mort ?). En outre, Engels commit l’erreur de penser que, puisque la majeure partie de l’œuvre de Lafargue n’avait rien à voir avec le marxisme, elle ne pouvait nuire sérieusement à la réputation de Marx. Finalement, il considéra que ce qui était dit en français sur le marxisme n’avait pas trop d’importance tant que la vraie doctrine était diffusée en Allemagne.

      Engels a « censuré » préalablement nombre d’ouvrages de Lafargue. Il avait insisté pour en voir certains ; Lafargue lui en avait transmis d’autres pour approbation. S’il ne pouvait y remédier lorsqu’elles ne correspondaient pas à un exposé du marxisme, il pouvait insister pour la correction d’erreurs flagrantes d’interprétation. Ainsi, lorsque Lafargue lui soumit pour révision une étude apologétique de la théorie économique de Marx, Engels [43], en guise de réponse (la plus dure de cette longue correspondance) recommanda à son correspondant de lire d’abord soigneusement le Capital : Lafargue avait tout simplement omis d’assimiler ce que Marx en avait dit. Il critiqua son appréciation de la gauche française en des termes qui supposaient que Lafargue ne savait pas reconnaître un socialiste lorsqu’il en voyait un [44]. De 1887 à 1890, il se plaignit à diverses reprises du boulangisme de Lafargue (et de Guesde et de Deville) auquel ils étaient conduits par leur inaptitude à distinguer le marxisme du blanquisme (une partie des boulangistes était blanquiste). Les social-démocrates allemands déplorèrent cette faiblesse des marxistes français, qui, selon Engels, faisait un « grand tort » à la cause marxiste. La réponse de Lafargue était significative : il ne fallait pas essayer d’« aller contre le courant ». Bien entendu, Engels répliqua que si, au cours de cette période, le marxisme n’allait pas contre le courant du socialisme éclectique, il n’avait plus de raison d’être. En apprenant à Lafargue que « les Possibilistes étaient considérés ici (c’est-à-dire à Londres) comme les seuls socialistes français ; et vous (c’est-à-dire Lafargue et les guesdistes) comme une clique futile et simplette d’intrigants », Engels exprimait sans doute une opinion que seule la politesse l’empêchait de prendre à son compte ; dans tous les cas, il n’était pas loin de la vérité.

      Toutefois, les nombreuses insuffisances de Lafargue en tant que politicien et tacticien marxiste nous intéressent moins ici (sauf pour relever que l’on ne saurait les taxer de réformisme et de centrisme) que son rôle d’interprète de la doctrine marxiste en France. Dans ce domaine, Lafargue était le fantaisiste du marxisme français de la première période. Ses relations avec Karl Marx pourraient suggérer une compréhension intime du sujet si le reste de ses activités intellectuelles, fortement dispersées, ne trahissait une incorrigible légèreté et une grande prétention.

      Marx écrivait :

      « Lafargue est en vérité le dernier disciple de Bakounine, en qui il avait entièrement confiance... Il mit longtemps pour saisir Bakounine, et encore ne l’a-t-il pas entièrement compris. Longuet, le dernier proudhonien, et Lafargue, le dernier bakouniniste ! Le diable emporte ces oracles patentés du socialisme scientifique ! »

      En fait, ce sont les deux prétendus « marxistes français », Lafargue et Guesde, que Marx tenait à se démarquer, considérant qu’ils avaient plutôt tendance à discréditer ses idées qu’à les diffuser.

      Lettre d’Engels à Bernstein du 25 octobre 1881 :

      « La lettre de Lafargue a été encore un de ces coups de tête [en fr.] dont les Français, notamment ceux qui sont nés au sud de la ligne Bordeaux-Lyon, ne sauraient se passer de temps à autre. Il était si sûr de faire un coup de génie et en même temps une gaffe qu’il n’en a parlé qu’après coup à sa femme (qui en empêcha plus d’une de ce genre). À l’exception de Lafargue, qui est toujours pour que l’on « fasse quelque chose », n’importe quoi [en fr.], nous étions ici unanimes contre une Égalité n° 3. Avec leurs 5 000 francs (s’ils y étaient), je leur promettais une durée de 32 numéros. Si Guesde et Lafargue veulent à toute force se faire à Paris la réputation de tueurs de journaux [en fr.], nous ne pouvons pas les en empêcher, mais c’est tout ce que nous ferons. Si, contre toute attente, le journal réussit mieux et devient réellement bon, nous pourrons toujours, dans un moment difficile, voir ce que nous pouvons faire. Mais il est absolument nécessaire que ces messieurs apprennent enfin à bien gérer leurs propres ressources. Le fait est que nos amis français, voulant fonder le parti ouvrier, ont, depuis douze à quinze mois, fait gaffe sur gaffe, et tous sans exception. La première, c’est Guesde qui l’a faite, lorsque, par un purisme absurde, il a empêché Malon d’accepter la rédaction de la rubrique ouvrière qu’on lui offrait à l’Intransigeant, avec des appointements de 12 000 francs. Voilà le point de départ de tout ce tapage. Ensuite, vint l’impardonnable sottise de l’Émancipation : Malon s’est laissé duper par les fausses promesses des Lyonnais (les plus mauvais ouvriers de France), et Guesde brûlait d’avoir à tout prix [en fr.] un quotidien. Après cela, la dispute à propos de la candidature, où il est très possible que Guesde ait commis l’erreur de forme que vous lui reprochez, mais où il est évident pour moi que Malon cherchait l’occasion d’une querelle. Enfin, l’entrée au Citoyen français de M. Bourbeau, alias Secondigné, aventurier notoire, puis sa sortie pour simple défaut de paiement des honoraires, sans motif politique. Puis l’entrée de Guesde, avec dès gens de toutes sortes, au Citoyen, dernière version, et celle de Malon et Brousse à ce pitoyable Prolétaire, qu’ils avaient toujours, Malon du moins, combattu sous main comme une vulgaire feuille de chou. »

    • Pour Lafargue, la bourgeoisie n’est que réactionnaire et il ne peut comprendre que Hugo soit, comme Michelet, l’émanation de l’époque de la bourgeoisie révolutionnaire.

      « La bourgeoisie a joué dans l’histoire un rôle éminemment révolutionnaire. Partout où elle a conquis le pouvoir, elle a foulé aux pieds les relations féodales, patriarcales et idylliques. Tous les liens complexes et variés qui unissent l’homme féodal à des supérieurs naturels, elle les as brisés sans pitié pour ne laisser subsister d’autre lien, entre l’homme et l’homme, que le froid intérêt les dures exigences du paiement au comptant. Elle a noyé les frissons sacrés de l’extase religieuse, de l’enthousiasme chevaleresque, de la sentimentalité petite-bourgeoise dans les eaux glacées du calcul égoïste. Elle a fait de la dignité personnelle une simple valeur d’échange ; elle a substitué aux nombreuses libertés si chèrement conquises, l’unique et impitoyable liberté du commerce. »

      Manifeste du parti communiste, 1885, Karl Marx et Friedrich Engels

  • " 93 ! J’attendais ce mot-là. Un nuage s’est formé pendant 1500 ans. Au bout de quinze siècles il a crevé. Vous faites le procès au coup de tonnerre."

  • "Désormais ce mot, Révolution, sera le nom de la civilisation."

  • « L’effet historique de la révolution a d’abord été horrible, puis terrible, puis discuté, puis grand, puis immense, puis sublime. »

    V. Hugo, "Choses vues"

  • « La Révolution, c’est la France sublimée. Il s’est trouvé un jour que la France a été dans la fournaise, les fournaises à de certaines martyres guerrières font pousser des ailes, et de ces flammes cette géante est sortie archange. Aujourd’hui pour toute la terre la France s’appelle Révolution. »

  • « Le bien s’est fait hydre. C’est ce qu’on nomme la Révolution. Rien de plus auguste. […] La Révolution, tournant climatérique de l’humanité, se compose de plusieurs années. Chacune de ces années exprime une période, représente un aspect ou réalise un organe du phénomène. 93, tragique, est une de ces années colossales. Il faut quelquefois aux bonnes nouvelles une bouche de bronze. 93 est cette bouche. Ecoutez-en sortir l’annonce énorme. Inclinez-vous et restez effaré, et soyez attendri. Dieu la première fois a dit lui-même fiat lux, la seconde il l’a fait dire. Par qui ? Par 93. »

  • Victor Hugo écrit :

    "Qui arrête la révolution à mi-côte ? La bourgeoisie. Pourquoi ? Parce que la bourgeoisie est l’intérêt arrivé à satisfaction. (...) Il y en a qui disent qu’il faut me tirer un coup de fusil comme un chien. Pauvre bourgeoisie. Uniquement parce qu’elle a peur pour sa pièce de cent sous. (...) Ouvriers de Paris, vous faites votre devoir et c’est bien. Vous donnez là un bel exemple. La civilisation vous remercie."

  • Aujourd’hui pour toute la terre de France s’appelle Révolution ; et désormais ce mot, Révolution, sera le nom de la civilisation jusqu’à ce qu’il soit remplacé par le mot Harmonie. Je le répète, ne cherchez pas ailleurs le point d’origine et le lieu de naissance de la littérature du dix-neuvième siècle.

    Oui, tous tant que nous sommes, grands et petits, puissants et méconnus, illustres et obscurs, dans toutes nos oeuvres, bonnes ou mauvaises, quelles qu’elles soient, poèmes, drames, romans, histoire, philosophie, à la tribune des assemblées comme devant les foules du théâtre, comme dans le recueillement des solitudes, oui, pour tout, oui, toujours, oui, pour combattre les violences et les impostures, oui, pour réhabiliter les lapidés et les accablés, oui, pour conclure logiquement et marcher droit, oui, pour consoler, oui, pour secourir, pour relever, pour encourager, pour enseigner, oui, pour panser en attendant qu’on guérisse, oui, pour transformer la charité en fraternité, l’aumône en assistance, la fainéantise en travail, l’oisiveté en utilité, la centralisation en famille, l’iniquité en justice, le bourgeois en citoyen, la populace en peuple, la canaille en nation, les nations en humanité, la guerre en amour, le préjugé en examen, les frontières en soudures, les limites en ouvertures, les ornières en rails, les sacristies en temples, l’instinct du mal en volonté du bien, la vie en droit, les rois en hommes, oui, pour ôter des religions l’enfer et des sociétés le bagne, oui, pour être frères du misérable, du serf, du fellah, du prolétaire, du déshérité, de l’exploité, du trahi, du vaincu, du vendu, de l’enchaîné, du sacrifié, de la prostituée, du forçat, de l’ignorant, du sauvage, de l’esclave, du nègre, du condamné et du damné, oui, nous sommes tes fils, Révolution !"

    Victor HUGO

  • Alors que les révolutionnaires de la Commune de Paris battus, arrêtés et assassinés et le peuple de Paris qui venait de tenter de prendre le pouvoir étaient pourchassés en France et honnis par toute la bourgeoisie européenne, Victor Hugo, réfugié en Belgique un pays qui refusait le droit d’asile aux réfugiés de la Commune, écrivait :

    "Quant à moi, je déclare ceci : cet asile que le gouvernement belge refuse aux vaincus de Paris, je l’offre ! Où ? En Belgique ! Je fais à la Belgique cet honneur. J’offre l’asile : qu’un vaincu de la commune de Paris frappe à ma porte ; j’ouvre ; il est dans ma maison ; il est inviolable... Si l’on vient chez moi prendre un fugitif de la Commune, on me prendra."

  • Victor Hugo écrivait le 19 mai 1848 :

    "La proclamation de l’abolition de l’esclavage se fit à la Guadeloupe avec solennité. Le capitaine de vaisseau Layrle, gouverneur de la colonie, lut le décret de l’Assemblée du haut d’une estrade élevée au milieu de la place publique et entourée d’une foule immense. C’était par le plus beau soleil du monde. Au moment où le gouverneur proclamait l’égalité de la race blanche, de la race mulâtre et de la race noire, il n’y avait sur l’estrade que trois hommes, représentant pour ainsi dire trois races : un blanc, le gouverneur ; un mulâtre qui lui tenait le parasol ; et un nègre qui lui portait son chapeau."

  • "La dernière raison des rois, le boulet. La dernière raison des peuples, le pavé."

    Victor Hugo - Littérature et philosophie mêlées – 1830

  • "Les grandes révolutions naissent des petites misères comme les grands fleuves des petits ruisseaux."

    Victor Hugo – Choses vues

  • « Il a été fait à Paris dans la nuit du 24 février 1848 1 574 barricades. En février 1848, il fut employé aux barricades dans Paris quinze milliards cent vingt et un millions deux cent soixante-dix-sept mille pavés et quatre mille treize arbres. (Relevé du colonel du génie Leblanc.) »

    cité par Victor Hugo, Choses vues

  • « En 93, selon que l’idée qui flottait était bonne ou mauvaise, selon que c’était le jour du fanatisme ou de l’enthousiasme, il partait du faubourg Saint-Antoine tantôt des légions sauvages, tantôt des bandes héroïques.

    Sauvages. Expliquons-nous sur ce mot. Ces hommes hérissés qui, dans les jours génésiaques du chaos révolutionnaire, déguenillés, hurlants, farouches, le casse-tête levé, la pique haute, se ruaient sur le vieux Paris bouleversé, que voulaient-ils ? Ils voulaient la fin des oppressions, la fin des tyrannies, la fin du glaive, le travail pour l’homme, l’instruction pour l’enfant, la douceur sociale pour la femme, la liberté, l’égalité, la fraternité, le pain pour tous, l’idée pour tous, l’édénisation du monde, le progrès ; et cette chose sainte, bonne et douce, le progrès, poussés à bout, hors d’eux-mêmes, ils la réclamaient terribles, demi-nus, la massue au poing, le rugissement à la bouche. C’étaient les sauvages, oui ; mais les sauvages de la civilisation.

    Ils proclamaient avec furie le droit ; ils voulaient, fût-ce par le tremblement et l’épouvante, forcer le genre humain au paradis. Ils semblaient des barbares et ils étaient des sauveurs. Ils réclamaient la lumière avec le masque de la nuit.

    En regard de ces hommes, farouches, nous en convenons, et effrayants, mais farouches et effrayants pour le bien, il y a d’autres hommes, souriants, brodés, dorés, enrubannés, constellés, en bas de soie, en plumes blanches, en gants jaunes, en souliers vernis, qui, accoudés à une table de velours au coin d’une cheminée de marbre, insistent doucement pour le maintien et la conservation du passé, du Moyen-Âge, du droit divin, du fanatisme, de l’ignorance, de l’esclavage, de la peine de mort, de la guerre, glorifiant à demi-voix et avec politesse le sabre, le bûcher et l’échafaud. Quant à nous, si nous étions forcé à l’option entre les barbares de la civilisation et les civilisés de la barbarie, nous choisirions les barbares. »

    signé Victor Hugo, dans La dernière barricade (Les Misérables)

  • Notre propos n’est pas de juger Hugo comme révolutionnaire ou comme non révolutionnaire mais de profiter du fait qu’Hugo, en tant qu’écrivain, s’est complètement immergé dans les révolutions vécues de son époque, et c’était une époque marquée par les révolutions, au point de savoir les rendre dans ses écrits et nous en faire partager les émotions.

    « Les révolutions sortent, non d’un accident, mais de la nécessité. »

    Victor Hugo, Les misérables - L’idylle rue plumet et l’épopee rue saint-denis

    « La misère, chargée d’une idée, est le plus redoutable des engins révolutionnaires. La misère est le canon, l’idée est le boulet. »

    Victor Hugo, Océan : Tas de pierres

    « Si vous voulez absolument rattacher la littérature de ce siècle à des hommes antérieurs à notre époque, cherchez ces hommes, non dans la littérature, mais dans l’histoire, et allez droit à Danton, par exemple. Mais ce mouvement vient de plus haut que les hommes. Il vient des idées. Il est la Révolution même. »

    Post-scriptum de ma vie

  • On réédite « Les Misérables » ! Rien d’étonnant : les misérables se multiplient dans les rues…

    Tant que les Thénardiers seront là, et au pouvoir, les Hugo et les Blanqui seront nécessaires, indispensables !!!

  • Hugo :

    DIALOGUE.

    — Je veux un système d’impôts qui ne dépouille pas le pauvre.

    — Vous êtes un ennemi de la propriété.

    — Je veux remédier à un ensemble de faits sociaux qui font fatalement du malheureux un misérable, et sous le poids desquels tant d’infortunées mères mettent au jour des filles pour le lupanar et des fils pour le bagne.

    — Vous êtes un ennemi de la famille.

    — Je veux le gouvernement régulier et pacifique de tous par tous et pour tous.

    — Vous êtes un ennemi de la société.

    — Je veux la suppression de la guerre.

    — Vous êtes un ennemi de l’humanité.

    — Je veux l’abolition de la peine de mort.

    — Vous êtes un buveur de sang.

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