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Le tournant d’extrême droite de la bourgeoisie turque

dimanche 13 novembre 2016, par Robert Paris

Le tournant d’extrême droite de la bourgeoisie turque

Tout d’abord, l’origine de cette politique de réaction violente, la révolte populaire, notamment celle de 2013

Des manifestations massives font trembler le gouvernement turc en 2013

Par Alex Lantier

Les manifestations dans plusieurs villes de Turquie ont fait trembler le gouvernement islamiste du premier ministre Recep Tayyip Erdogan vendredi et au cours du week-end, dans un contexte de mécontentement de plus en plus fort face à sa politique intérieure et à son soutien à la guerre par procuration des États-Unis en Syrie voisine.

Les manifestations se sont développées rapidement après une répression policière dure vendredi matin dans le parc Gezi d’Istanbul puis sur la place Taksim. Le sit-in avait commencé mardi, des parlementaires et des responsables du Parti kurde pour la paix et la démocratie (BDP), rejoints ensuite par le Parti républicain du peuple (CHP) de l’opposition bourgeoise, manifestaient contre le projet d’Erdogan de redessiner le parc Gezi, qui est adjacent à la place Taksim. Le sit-in rassemblait au départ des dizaines de personnes puis des centaines.

Erdogan envisage de construire une mosquée dans la zone et de reconstruire des casernes datant de l’Empire Ottoman, détruites en 1940, pour les transformer en centre commercial, tout en détruisant un centre culturel proche qui porte le nom du dirigeant nationaliste bourgeois turc, Kemal Atatürk.

Ce projet de transformation est une provocation, étant donné l’association historique de la place Taksim aux manifestations ouvrières et populaires. Le massacre du Dimanche sanglant de 1969 des manifestants qui s’opposaient au déploiement de la sixième flotte américaine en Turquie avait eu lieu tout près, et des dizaines de personnes avaient été tuées sur cette place durant la répression contre une manifestation du premier mai en 1977.

Vendredi, la police a initialement réprimé violemment les manifestants, les poussant vers la place Taksim, puis les a attaqués brutalement à nouveau. La manifestation prenant de l’ampleur, les hélicoptères et les équipes de la police ont tiré de grandes volées de gaz lacrymogènes dans des zones résidentielles et dans le métro ; une vidéo montre un véhicule blindé de la police heurtant un manifestant en fonçant dans une barricade.

« La police est partout, et les hélicoptères surveillent nos mouvements. Chaque fois que la police nous voit manifester, ils viennent et nous gazent… Nous avons été gazés, nous nous sommes dispersés, puis nous nous sommes rassemblés à nouveau, » a déclaré un manifestant.

Des manifestations de solidarité se sont répandues dans tout le pays, avec des milliers de personnes au parc Kugulu à Ankara et plus de 10 000 dans la marina d’Izmir.

Les manifestants chantaient « Taksim est partout » ou « Erdogan le chimique », référence à l’usage intensif des lacrymogènes, mais aussi une critique implicite du soutien apporté par Erdogan aux fausses accusations selon lesquelles le régime syrien s’est servi d’armes chimiques, afin de fournir un prétexte à Washington pour attaquer directement la Syrie.

D’après un rapport du ministre de l’intérieur Muammer Guler samedi, 939 personnes ont été arrêtées dans 90 manifestations distinctes dans tout le pays. Les médecins ont indiqué avoir traité plus de 1000 manifestants blessés à Istanbul, et plusieurs centaines dans la capitale Ankara. Amnesty International a indiqué que deux manifestants ont été tués.

Samedi, des dizaines de milliers de manifestants ont à nouveau affronté la police à Istanbul et Ankara, les manifestants chantant « Epaule contre épaule contre le fascisme » et « Démission du gouvernement. »

Dans un discours télévisé samedi, Erdogan a pris la responsabilité de la répression violente de la police. Il a dit, « La place Taksim ne peut pas être une place où les groupes extrémistes se promènent, » tout en admettant cyniquement « des erreurs dans les actions des forces de sécurité, en particulier en ce qui concerne l’usage des sprays au poivre. »

Il a juré que les projets de transformation du parc continueraient sans consulter les partis d’opposition, ajoutant : « Là où ils seront 100 000, j’en apporterais un million de mon parti. »

Mais la police s’est retirée de la place Taksim samedi en fin de journée, pendant que les responsables publics essayaient de calmer la colère populaire contre la répression violente des manifestations par Erdogan. Le ministre de l’Intérieur turc a annoncé des plans pour « enquêter » sur l’usage excessif des lacrymogènes, pendant que le président turc Abdullah Gül appelait au calme.

Hier, des dizaines de milliers de gens ont manifesté dans les quatre plus grandes villes de Turquie – Istanbul, Ankara, Izmir et Adana. Le ministre de l’Intérieur a annoncé que 1700 personnes ont été arrêtées, et que 235 manifestations ont eu lieu dans 77 villes Turques.

Le développement des manifestations de masse contre Erdogan et le Parti de la Justice et du développement (AKP) au pouvoir a rapidement révélé la faiblesse et l’impopularité de son gouvernement, ainsi que l’hypocrisie des prétextes avancés pour justifier la guerre actuelle pour le compte des États-Unis en Syrie.

Washington et ses alliés avaient saisi la répression des manifestations en Syrie à l’été 2011 pour lancer une guerre par procuration afin d’obtenir un changement de régime en Syrie, mais maintenant ils lancent des critiques mouchetées, pour la forme, contre la répression sanglante d’Erdogan à Istanbul. Le ministère américain des Affaires étrangères a exprimé des inquiétudes dans sa déclaration concernant le nombre de blessés, pendant que l’Union européenne a dit qu’elle « condamnerait tout usage excessif et disproportionné de la force. »

Derrière ce contraste flagrant entre les réactions des États-Unis et de l’UE aux deux répressions, il y a les intérêts impérialistes qui déterminent la politique des grandes puissances en Syrie et en Turquie. Si le régime syrien apparaît comme un obstacle à la volonté de l’impérialisme de restructurer le Moyen-Orient en se fondant sur un changement de régime à l’instigation des États-Unis dans l’Iran riche en pétrole, Erdogan au contraire fonctionne comme un allié essentiel des États-Unis.

Les responsables syriens ont fait remarquer cette contradiction, demandant la démission d’Erdogan après sa répression brutale des manifestations. Samedi, la télévision syrienne a cité le ministre syrien de l’Information Omran Zoabi : « Les demandes du peuple turc ne méritent aucune violence. Si Erdogan est incapable d’avoir recours à des moyens non-violents, il devrait démissionner. » Zoabi a dit que la répression brutale de la part d’Erdogan montre qu’il est « détaché de la réalité. »

Il y a tout juste deux semaines, le 16 mai, Erdogan avait rencontré le président américain Barack Obama à Washington et participé à une conférence de presse conjointe à la Maison Blanche. Les principaux sujets abordés lors de cette réunion auraient été la guerre en Syrie et les liens économiques entre les États-Unis et la Turquie.

Les responsables américains ont refusé de s’exprimer sur l’hypocrisie de leur alliance avec le régime sanglant d’Erdogan, tout en poursuivant une politique étrangère s’appuyant sur une guerre prétendument « humanitaire » en Syrie.

L’ambassadeur américain en Turquie Francis Ricciardone a déclaré sur CNN Türk, « Bien sûr, personne ne pourrait se réjouir de voir ces images attristantes. Je ne m’en réjouis pas non plus. Je souhaite une rapide guérison aux blessés. Mais si vous me parlez de la politique étrangère américaine, comme vous le savez, la liberté d’expression, la liberté d’assemblée, et le droit à des manifestations pacifiques sont fondamentaux dans une démocratie. Je n’en dirais pas plus. »

Erdogan a soutenu avec enthousiasme la guerre en Syrie, au mépris de l’opposition massive que cela suscite en Turquie. D’après des sondages récents, seul un quart de la population turque soutient la politique d’Erdogan consistant à armer l’opposition islamiste d’extrême-droite qui combat le régime Syrien.

Il y a un profond mécontentement en Turquie – en particulier parmi la minorité Alévis, dont de nombreux membres ont participé aux manifestations – au sujet des conséquences en Turquie de la collaboration d’Erdogan avec l’opposition islamiste sunnite d’extrême-droite en Syrie. Les responsables du CHP ont déjà accusé Al Nusra, le groupe de l’opposition syrienne affilié à Al-Qaïda, d’être à l’origine du récent attentat à la voiture piégée à Reyhanli en Turquie (lire en anglais : Reports suggest Syrian opposition involvement in Turkish bombings).

Le gouvernement Erdogan a mis ces attentats sur le compte du gouvernement Syrien, accentuant davantage encore le risque de guerre. Ces accusations ont depuis été démenties. En effet le groupe de Hackers turc RedHack a publié des documents des services de renseignement turcs montrant les voitures impliquées dans l’attentat de Reyhanli en train d’être préparées pour l’opération par Al Nusra.

Le régime d’Erdogan a répondu en réprimant ces révélations. Le ministre de l’Intérieur Erdogan a confirmé qu’un membre d’une unité de gendarmerie qui aurait fourni le document à RedHack a été mis en détention.

Les lois d’inspiration islamiste de plus en plus à droite prises par Erdogan en Turquie affectent également la vie quotidienne du pays et provoquent l’opposition. La semaine dernière, le parlement a approuvé la loi qui interdisait la vente et la consommation de boissons alcoolisées entre 10 heures du soir et 6 heures du matin.

Turquie : Les grèves s’étendent alors que deux personnes sont tuées lors de manifestations

Par Bill Van Auken

Alors que les fonctionnaires étaient en grève dans toute la Turquie lundi, une deuxième grande fédération syndicale turque a demandé à ses membres de mener une grève nationale le 5 juin pour s’opposer à la répression policière exercée par le gouvernement du premier ministre Recep Tayyip Erdogan contre des manifestants pacifiques.

Le nombre de morts de cette répression brutale est passé à deux mardi avec la mort d’Abdullah Cömert, un membre de 22 ans des jeunesses du CHP, le Parti républicain du peuple formant l’opposition, et qui a été tué dans la ville méridionale d’Antakya, près de la frontière avec la Syrie. Les premiers rapports laissaient entendre qu’il aurait reçu une balle à la tête, mais une autopsie a révélé que c’est plutôt la blessure causée par l’explosion d’une grenade lacrymogène qui a entraîné sa mort. La police a régulièrement tiré ses grenades à courte portée, visant les manifestants à la tête, entraînant dans un certain nombre de cas des fractures du crâne ou la perte d’un oeil. Le Hürriyet Daily News rapporte que dans ses derniers messages sur Facebook, Abullah Cömert avait écrit qu’il avait « échappé à la mort » pour la troisième fois au cours des manifestations et, bien qu’il soit fatigué, serait « dans les rues pour la révolution ». Des milliers de personnes ont participé à l’enterrement de Cömert, qui a eu lieu mardi.

Lors d’un incident plus tôt, Mehmet Ayvalıtaş, un membre de 20 ans de la Plate-forme solidarité socialiste (SODAP), a été renversé et tué par un véhicule alors qu’il participait à une manifestation dans un quartier ouvrier d’Istanbul.

Selon l’Association médicale turque, dimanche et lundi seulement, quelque 3200 personnes ont été blessées lors des attaques de la police contre les manifestants, 26 d’entre eux étant toujours dans un état critique.

L’Association des droits de l’homme de Turquie rapporte quant à elle qu’au moins 3300 personnes ont été arrêtées à la grandeur du pays au cours des quatre premiers jours des manifestations. La plupart ont été libérées depuis.
La place Taksim

Les dirigeants de la DISK, la Confédération des syndicats révolutionnaires de Turquie forte de 350.000 travailleurs, a appelé ses membres à se mobiliser pour une marche à 13 heures, mercredi pour se rendre à la place Taksim, l’épicentre de la révolte nationale déclenchée par la décision du gouvernement de raser le parc Gezi, l’un des derniers espaces verts dans le centre d’Istanbul, pour le remplacer par un centre commercial.

« Le pouvoir issu de la production prendra sa place dans la lutte », peut-on lire dans une déclaration de la direction de la DISK.

Faisant référence à la mort de deux jeunes manifestants, la déclaration de la DISK tourne les propres mots d’Erdogan contre lui en citant sa demande pour que le président syrien Bachar al-Assad démissionne : « Un dirigeant qui tue son propre peuple a perdu sa légitimité. » Bien que le gouvernement Erdogan soit un allié clé de Washington pour fomenter une guerre pour un changement de régime en Syrie, cette intervention est opposée par l’écrasante majorité du peuple turc.

La Confédération des syndicats des travailleurs du secteur public (KESK) a déclenché une grève de deux jours, à midi, lundi, les enseignants sortant des écoles et des universités et les fonctionnaires des bureaux et autres lieux de travail. En tout, 250.000 membres du syndicat vêtus de noir et portant des rubans noirs en signe de protestation contre la répression se sont mobilisés.

Le syndicat avait appelé à une grève pour protester contre les attaques sur les travailleurs du secteur public, mais a devancé la date de celle-ci afin de joindre son action avec les manifestations de la place Taksim. Dans un communiqué, la KESK a averti que « le terrorisme d’État exercé contre les manifestations pacifiques se poursuit d’une façon qui menace la vie et la sécurité des civils », ajoutant que la répression a exposé « l’hostilité à la démocratie » du gouvernement Erdogan.

À Istanbul, les manifestants se sont à nouveau rendus par milliers à la place Taksim mardi soir. Des foules similaires se sont rassemblées au Square Kizilay, dans la capitale Ankara et autres grandes villes de partout au pays. La police anti-émeute a massivement entouré le bureau du premier ministre dans le quartier Besiktas d’Istanbul, où les manifestants avaient défilé lors des manifestations précédentes, et des véhicules blindés équipés de canons à eau ont été déployés dans le centre d’Ankara pour ce qui semblait être la préparation d’une autre nuit de répression.

CNN rapporte qu’« à Istanbul, les foules ont défilé en scandant “Tayyip démissionne !” », faisant référence à Erdogan et « Coude à coude contre le fascisme ».

Ce qui a commencé comme un sit-in de quelques dizaines de manifestants contre la destruction d’un parc s’est transformé suite à l’indignation de masse devant la répression policière subséquente en un élan de colère national contre le gouvernement du Parti pour la justice et le développement (AKP) d’Erdogan. Au cœur de ces manifestations se trouve le ressentiment populaire face à l’autoritarisme croissant du parti islamiste et de l’utilisation du pouvoir d’État pour enrichir une clique de capitalistes foulant du pied les intérêts sociaux de la grande majorité des travailleurs.
Manifestation au parc Gezi

Le malaise croissant au sein du gouvernement et de la classe dirigeante en Turquie devant les manifestations et les grèves qui s’étalent a été exprimé mardi dans une déclaration publique du vice-premier ministre turc Bulent Arinc, en remplacement du premier ministre Erdogan qui est en tournée de quatre jours en Afrique du Nord en compagnie d’hommes d’affaires turcs.

Arinc a déclaré que les premières manifestations pour protéger le parc Gezi de la Place Taksim étaient « justes et légitimes », et a présenté des excuses pour la violence de la police qui a attaqué les manifestants pacifiques avec du gaz lacrymogène, du poivre de Cayenne et des canons à eau, en plus de mener des charges à la matraque.

« L’utilisation d’une force excessive contre les personnes qui ont commencé cette protestation était erronée et injuste, a déclaré Arinc, ajoutant, “je m’excuse auprès de ces citoyens." »

Il a déclaré que le gouvernement allait rencontrer les manifestants écologiques, tenir compte de leurs préoccupations et pourrait même soumettre les plans du projet de construction du parc à un référendum.

« Je tiens à exprimer en toute sincérité, a-t-il poursuivi, que le mode de vie de chacun est important pour nous et que nous sommes sensibles aux préoccupations. » La remarque semblait destinée à apaiser le ressentiment amer chez les Turcs laïques et des minorités religieuses face aux tentatives du gouvernement de l’AKP de légiférer des restrictions islamiques sur l’alcool, l’avortement et dans d’autres sphères de la vie.

Bien qu’il ait décrit les premières manifestations comme étant « justes et légitimes », il a néanmoins ajouté, « je ne pense pas que nous devons des excuses à ceux qui ont causé des destructions dans les rues et qui interfèrent avec la liberté des gens. »

Les excuses d’Arinc surviennent après une rencontre avec le président turc Abdullah Gul, qui a fait sa propre déclaration lundi, louant les manifestants et déclarant que « La démocratie, ce n’est pas seulement voter. Le message a été reçu. Ce qui est nécessaire sera fait. »

Ces déclarations sont en contraste frappant avec les vues exprimées par Erdogan, qui a publié une diatribe paranoïaque avant de partir en tournée au Maghreb, décrivant les manifestants comme « un groupe de pillards » et d’« extrémistes sauvages », suggérant même qu’ils aient été organisés par des puissances étrangères innommées ainsi que par le parti d’opposition laïque, le CHP.

Interrogé par des journalistes lors d’une conférence de presse au Maroc si son gouvernement avait reçu le « message » des protestations, pour reprendre le terme utilisé par Gul, il a répondu avec colère : « Quel message ? Je voudrais bien que vous me le disiez ! »

Le ministre des Finances du gouvernement, Mehmet Simsek, a aussi dénoncé les manifestations, écrivant sur Twitter mardi : « Ces méfaits affectent évidemment les marchés financiers. » Le marché boursier de la Turquie a en effet perdu 10 pour cent de sa valeur lundi, alors que la livre turque est tombé à sa valeur la plus basse en 16 mois en réaction à l’agitation croissante. Le prix des actions composaient environ la moitié des pertes de mardi.

Le désarroi apparent au sein du gouvernement reflète les craintes que les manifestations de masse vont enflammer un mouvement plus large au sein de la classe ouvrière turque contre les inégalités sociales et les attaques contre les emplois et le niveau de vie, ce qui pose une menace directe pour la survie à la fois du gouvernement de l’AKP et du capitalisme turc.

Le gouvernement turc tente de détruire le parti parlementaire kurde HDP

Par Alex Lantier

Le 4 novembre, la police turque a arrêté au moins 11 membres de haut rang du parti populaire démocratique kurde (HDP), y compris les coprésidents Figen Yüksekda& ; et Selahattin Demirtaş.

Des parlementaires turcs de premier plan ont été agressés dans tout le pays, arrêtés et amenés manu militari aux commissariats de police. La police a saisi Demirtaş après avoir ravagé sa maison dans la capitale, Ankara, et a pris d’assaut la résidence de Yüksekda& ; à Diyarbakır, la plus grande ville du sud-est de la Turquie à majorité Kurde. Ferhat Encü, Leyla Birlik, Selma Irmak, Abdullah Zeydan, İdris Baluken, Sırrı Süreyya Önder, Ziya Pir, Gülser Yıldırım et Nursel Aydo& ;an ont également été arrêtés.

Une foule a manifesté autour de la maison de Baluken à Diyarbakır pendant que la police l’arrêtait et tentait de le faire entrer de force dans son véhicule. « Lâchez-moi ! Je représente des milliers de voix. Vous ne pouvez pas pousser ma tête et me prendre comme ça », a lancé Baluken aux policiers avant qu’ils le mettent de force dans le véhicule et l’emmènent en détention.

Alors que les responsables du HDP se faisaient arrêter, une voiture piégée a explosé à Diyarbakır, tuant deux policiers et sept civils et blessant plus de 100 personnes. L’attaque, revendiquée par le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), interdit, aurait visé un bâtiment de police. Le HDP nie avoir des liens avec le PKK.

L’intervention pour décapiter le HDP, un parti parlementaire majeur en Turquie, montre que l’état d’urgence imposé en réponse au coup d’État raté en juillet contre le président Recep Tayyip Erdo& ;an transforme rapidement la Turquie en dictature présidentielle. Ces pouvoirs seront, tôt ou tard, tournés contre l’opposition sociale et politique de la classe ouvrière. Les combattants nationalistes kurdes en Turquie et en Syrie se heurtent déjà aux forces turques. De plus, l’arrestation des hauts fonctionnaires du HDP ne fera qu’augmenter les tensions ethniques et l’effusion de sang au Proche-Orient.

Après que Demirtaş a affiché une déclaration sur Twitter indiquant que « la police est à ma porte avec un mandat pour m’emmener de force », les sites de médias sociaux, dont Twitter, Facebook, WhatsApp, Instagram et YouTube ont été bloqués en Turquie. Ars Technica a rapporté que Skype était également étouffé à l’intérieur du pays. Les autorités turques ont souvent bloqué l’accès à Internet après des crises majeures, dont les attentats d’octobre 2015 à Ankara et les arrestations de deux maires adjoints de Diyarbakır le mois dernier, afin de censurer l’information et de limiter les protestations sociales.

Yüksekda& ;, Demirtaş et les autres responsables du HDP ont été arrêtés pour avoir refusé de témoigner dans le cadre des enquêtes sur leur prétendu soutien au terrorisme. Ces accusations portent sur la bataille d’octobre 2014 entre les forces kurdes et celles de l’État islamique (ÉI) à Kobane, en Syrie ; sur une réunion du Congrès pour une Société Démocratique (DTK) en décembre 2015 dans la province de Diyarbakır, où les responsables du HDP avaient exigé une large autonomie pour les régions kurdes de la région ; et sur des liens supposés avec le Groupe des communautés du Kurdistan (KCK), interdit.

Les membres du HDP auraient publié une défense commune contre ces accusations, qui a été préparée lorsque le Parlement turc a voté pour lever sa propre immunité en juin afin de faciliter l’écrasement du HDP.

« Seules les personnes qui m’ont élu peuvent me questionner sur mes activités politiques », déclare la défense commune. « Nous sommes les représentants élus du peuple. Nous représentons non pas nous-mêmes, mais les gens qui ont voté pour nous. Je suis devant vous en tant que représentant parlementaire et député en toute impunité. Jamais je ne laisserai quelqu’un manquer de respect à l’identité que je représente et à la volonté de mon peuple ». La défense ajoute que les responsables du HDP ne seront pas des « figurants dans une pièce de théâtre judiciaire commandée par Erdo& ;an ».

Le Premier ministre turc Binali Yıldırım a appuyé les arrestations d’hier, en insistant sur le fait que les représentants devraient « payer le prix » pour les activités de « terrorisme ». Il a confirmé que l’État avait délibérément bloqué l’Internet à des fins de « sécurité », ajoutant que les blocages étaient temporaires.

Les arrestations ont eu lieu quelques jours seulement après l’arrestation lundi d’une douzaine de journalistes de haut niveau, y compris l’éditeur Murat Sabuncu, du journal d’opposition Cumhuriyet. Ils font face à des accusations d’avoir travaillé pour le PKK et pour Feithullah Gülen, un prêcheur musulman exilé aux États-Unis qu’Erdo& ;an accuse d’avoir lancé le coup d’État contre lui en juillet.

Des responsables américains et européens ont condamné la répression du HDP, le porte-parole de la Maison-Blanche, Josh Earnest, déclarant que Washington était « profondément perturbé » par les événements en Turquie.

La diplomate en chef de l’Union européenne (UE), Federica Mogherini, a publié une déclaration indiquant que les co-dirigeants du HDP étaient des « interlocuteurs de confiance et de valeur » de l’UE. Elle a ajouté que les arrestations « compromettent la démocratie parlementaire en Turquie et exacerbent la situation déjà très tendue dans le sud-est du pays ».

Les avertissements des États-Unis et de l’UE sur l’effondrement accéléré de la démocratie parlementaire turque sont hypocrites et faux, et dépeignent les puissances impérialistes comme des défenseurs de la démocratie en Turquie. Ces puissances ont surtout travaillé à miner la démocratie parlementaire en Turquie, en ne critiquant les politiques d’Erdo& ;an que du point de vue de leurs intérêts impérialistes.

Il y a moins de quatre mois, Washington et Berlin ont tacitement soutenu un coup d’État qui a failli renverser Erdo& ;an, organisé à partir de la base aérienne turque d’Incirlik utilisée par l’OTAN. Tandis que les combattants d’Incirlik et les troupes de l’armée tentaient d’assassiner Erdo& ;an et de s’emparer des infrastructures principales de la Turquie – reprenant les plans des coups soutenus par l’OTAN en Turquie de 1960, 1971, et 1980 – les responsables américains et européens n’ont fait que des déclarations insipides appelant à la « continuité » en Turquie. Le coup d’État visait avant tout à rompre les liens qui se développaient entre Erdo& ;an et la Russie ainsi que la Chine.

Erdo& ;an, qui n’en a réchappé que de justesse, lance maintenant une large répression en Turquie, visant tous les partisans supposés de Gülen, les groupes nationalistes kurdes et les médias.

La politique poursuivie par Erdo& ;an est sans aucun doute profondément réactionnaire. Cependant, il n’y a pas besoin d’avoir une profonde perspicacité politique pour voir qu’il est avant tout en train de réagir aux crises provoquées par la guerre syrienne, pour laquelle les États-Unis et les puissances européennes portent la responsabilité principale.

Lorsque Washington et l’UE ont exercé des pressions sur Erdo& ;an pour abandonner sa politique étrangère de « zéro problème avec les voisins » et pour accepter leur guerre pour le changement de régime en Syrie il y a cinq ans, cela s’est avéré avoir des conséquences immenses et imprévues. La Turquie est devenue un point de transit important pour l’approvisionnement des milices d’opposition islamistes soutenues par l’OTAN en Syrie comme l’État islamique (ÉI) et le Front Al Nusra.

Surtout, la précarité de la paix en Turquie entre Turcs et Kurdes s’est effondrée lorsque Washington a cherché à utiliser les milices kurdes syriennes comme des forces par procuration sur le terrain en Syrie. En nourrissant les aspirations séparatistes des Kurdes en Syrie et dans les régions voisines de la Turquie, lesquelles ont aussi été victimes des attentats terroristes perpétrés par des réseaux de l’ÉI en Turquie, la guerre par procuration de l’OTAN en Syrie a entraîné la Turquie elle-même dans une guerre civile.

L’intervention militaire agressive actuelle du gouvernement d’Erdo& ;an en Syrie et en Irak, qui était principalement une tentative de bloquer l’émergence d’un état kurde séparé le long de sa frontière méridionale, va de pair avec la tentative d’écraser l’opposition interne.

Les deux aggravent également les tensions avec les puissances impérialistes. Alors que Erdo& ;an se heurte à Washington sur le refus du gouvernement Obama de permettre aux troupes turques de participer pleinement à l’assaut mené par les États-Unis contre Mossoul, les tensions entre Erdo& ;an et les responsables de l’UE se multiplient aussi.

Jeudi, Erdo& ;an a violemment attaqué la chancelière allemande Angela Merkel, qui avait dit la veille que la détention des journalistes de Cumhuriyet était « très alarmante », et il a accusé l’Allemagne de soutenir le terrorisme.

« La terreur, c’est comme un scorpion. Finalement, il mordra celui qui le porte. Je ne vois pas un avenir brillant pour l’Allemagne. C’est devenu un endroit où les terroristes se réfugient. Il y a des attaques racistes contre les Turcs en Allemagne. Il est inacceptable que l’Allemagne protège les terroristes », a déclaré Erdo& ;an, ajoutant : « Si l’Allemagne doute que l’organisation Gülen soit un groupe terroriste, je les invite à venir visiter les édifices du Parlement turc et des Forces spéciales qui ont fait l’objet d’un attentat le 15 juillet ».

Messages

  • Après la courte victoire du "oui" au référendum en Turquie, sur le renforcement des pouvoirs présidentiels, les opposants aux amendements constitutionnels sont descendus dans les rues. Dans la capitale Ankara, les sympathisants du principal parti d’opposition CHP se sont réunis autour du slogan "côte à côte contre le fascisme".

  • Des irrégularités de vote généralisées ont provoqué des manifestations dans certaines villes turques ainsi que de vives critiques de l’Union européenne.

    Dimanche soir et lundi, des milliers d’électeurs du Non se sont rendus dans les rues d’Istanbul, d’Ankara, d’Izmir et de Samsun pour protester contre le résultat, tandis que les foules pro-Erdogan ont chanté le nom du président et ont crié : « Dieu est grand ! »

    Au cours de la campagne référendaire, organisée sous un état d’urgence, le Parti de la justice et du développement (AKP) d’Erdogan a mobilisé toutes les ressources du gouvernement, y compris ses ressources financières et son pouvoir sur les médias, pour promouvoir la campagne du Oui en travaillant à intimider et à perturber l’opposition. Au cours des neuf mois écoulés depuis l’imposition de l’état d’urgence après une tentative de coup d’État manquée de juillet 2016, le gouvernement de l’AKP a fermé plusieurs dizaines de médias de l’opposition et a emprisonné des milliers de personnes, parmi lesquelles 13 députés du Parti démocrate du peuple pro-Kurde (HDP) et quelque 150 journalistes soupçonnés « de liens avec des organisations terroristes ».

  • La bourgeoisie voudrai que la population paie pour ses manipulations financières et économiques !!!

    Sortez les dollars et les euros de sous votre oreiller et allez les changer en livres turques. C’est le message à ses concitoyens du président Recep Tayyip Erdogan, devant la crise granndissante de la monnaie nationale en Turquie.

    La livre turque s’est fortement dépréciée ces derniers mois, perdant plus de 16% de sa valeur, sur fond d’inquiétudes des marchés face à l’interventionnisme du président Erdogan, qui a délaré hier :

    "Nous sommes au courant du jeu qui est joué contre nous et nous nous battons avec les outils dont nous disposons. Etre citoyen turc signifie aujourd’hui que vous devez d’abord protéger votre monnaie. C’est la demande que je formule à mon peuple : ne croyez pas les rumeurs et protégez votre devise nationale".

  • Washington mène sadiquement une guerre commerciale avec la Turquie, même si l’effondrement financier déchire son économie. Les prix des produits de première nécessité doublent ou triplent à mesure que la lire turque s’effondre, mais les banques et le gouvernement Erdogan annoncent néanmoins des mesures visant à attaquer davantage les travailleurs.

    Le ministre turc des Finances, Berat Albayrak, a annoncé jeudi, lors d’une conférence téléphonique avec 6.000 investisseurs internationaux, son intention d’imposer des réductions budgétaires de 10 à 30 % à tous les ministères.

    Même si Erdogan a prétendu qu’il mène une « guerre nationale pour l’indépendance » contre l’administration Trump, il est évident que cette guerre cible principalement les travailleurs. Albayrak s’est engagé à ne pas imposer de contrôles de capitaux afin de rassurer l’aristocratie financière en montrant qu’Erdogan ne prendra aucune mesure menaçant ses intérêts. Tandis que certaines rumeurs laissent croire que la Turquie pourrait se tourner vers un plan de sauvetage du Fonds monétaire international (FMI), qui serait fondé sur les « réformes structurelles » et l’austérité du FMI, il a indiqué que la Turquie avait établi « des contacts normaux » avec le FMI.

    Les engagements d’Albayrak n’ont cependant pas réussi à satisfaire les banques. Le Financial Times de Londres, la voix du capital financier européen, a déclaré qu’il « ne parvenait pas à annoncer d’autres plans que les stratèges ont jugés essentiels pour stabiliser durablement l’économie. Les analystes estiment qu’il faudra une forte hausse des taux d’intérêt pour mettre un terme à la hausse de l’inflation qui devrait s’aggraver cette année, mais le président Recep Tayyip Erdogan s’oppose depuis longtemps aux taux d’intérêt élevés. »

    Avec des taux d’intérêt à 17,75 % et une inflation à 16 % dans le contexte de la chute de la lire, la presse financière réclame une hausse des taux d’intérêt pour stimuler les profits des investisseurs et réduire les emplois.

    « La Turquie doit augmenter ses taux de 5 ou 10 points de pourcentage pour atteindre quelque 25 % afin de créer un “vrai” taux d’intérêt au-dessus du taux d’inflation », a écrit Business Insider-Germany. « L’inconvénient, bien sûr, est que la réduction des liquidités en circulation entraînerait également une augmentation du chômage... »

    Une décennie après le krach de Wall Street en 2008, les conflits économiques et militaires du capitalisme mondial sont encore plus difficiles à résoudre. Il y a le danger croissant d’un krach en Turquie qui pourrait propager l’instabilité financière sur les marchés des changes à l’échelle mondiale et provoquer la propagation rapide de la guerre au Moyen-Orient, notamment en Irak et en Syrie et aussi les menaces de guerre des États-Unis contre l’Iran. La seule voie progressiste à suivre est la lutte des classes.

  • Alors que la monnaie turque plonge après les premières mesures de guerre commerciales des États-Unis visant ses exportations d’aluminium et d’acier aux États-Unis, Washington promet de nouvelles sanctions. Alors que le gouvernement turc du président turc Recep Tayyip Erdogan tente d’attaquer les travailleurs en réponse à l’effondrement de la lire, Washington annonce son intention d’étrangler l’économie de la Turquie et de réaliser cette fois-ci le changement de régime qui a échoué en 2016.

    Mercredi, Washington a confirmé que les tarifs de l’acier, imposés nominalement en réponse à l’incarcération en Turquie du pasteur américain Andrew Brunson accusé de complicité dans le coup d’État, resteraient en vigueur, que Brunson soit libéré ou non. « Les tarifs en vigueur sur l’acier ne seraient pas levés avec la libération du pasteur Brunson. Les tarifs sont propres à la sécurité nationale », a déclaré la porte-parole de la Maison-Blanche, Sarah Sanders.

    Même si Sanders a clairement indiqué que la demande de Washington pour la libération de Brunson ne servait que de prétexte à la guerre économique contre la Turquie, le secrétaire américain au Trésor, Steven Mnuchin, a menacé jeudi d’imposer de nouveaux tarifs à Ankara. « Nous avons d’autres projets que nous prévoyons s’ils ne le libèrent pas », aurait déclaré Mnuchin lors d’une réunion du cabinet.

    La politique d’attaque de la Turquie, nominalement alliée de l’OTAN des États-Unis, bénéficie d’un large soutien au sein de l’établissement politique américain, bien au-delà de l’administration Trump. Dans un éditorial intitulé « Trump a raison de faire pression sur la Turquie, mais il s’y prend mal », le Washington Post a insisté sur le fait que l’effondrement de la lire était dû à « M. Erdogan lui-même ». Tout en reconnaissant que « l’utilisation des tarifs comme une arme politique est une violation dangereuse des normes politiques », il a toutefois plaidé pour une ligne plus dure.

  • La valeur de la livre turque a encore chuté de 10 pour cent à cause de la crainte des marchés en Asie, en Europe, et aux États-Unis que la crise turque allait se propager aux autres économies émergentes et aux banques européennes détenant des milliards de dollars de dette turque.

    La lire a dégringolé au niveau historiquement bas de 7,24 contre le dollar et 8,12 contre l’euro, se redressant légèrement après l’annonce par la Banque centrale turque de mesures visant à calmer les marchés, avant de retomber en fin de journée à environ 7 livres pour un dollar.

    La monnaie a perdu 45 pour cent de sa valeur au cours de l’année, faisant grimper le coût des importations et alimentant un taux d’inflation supérieur à 15 pour cent qui érode continuellement le niveau de vie de la classe ouvrière turque.

    Les craintes de contagion sur les marchés se sont transformées dans le monde entier en une prophétie qui s’auto-réalise ; la roupie indienne a atteint un bas niveau record et les monnaies sud-africaine, mexicaine, brésilienne et celles d’autres marchés émergents ont fortement chuté. Le gouvernement argentin a annoncé lundi soir qu’il portait son taux d’intérêt de base au taux stupéfiant de 45 pour cent, le peso ayant également chuté à un niveau record, alors qu’on craint des pressions accrues du marché.

    Vendredi dernier, le président américain Donald Trump avait annoncé l’imposition à la Turquie de nouvelles augmentations des tarifs sur l’acier et l’aluminium, les doublant respectivement à 50 pour cent et 20 pour cent. Les mesures, promues dans le cadre de la politique de guerre commerciale « l’Amérique d’abord » de l’Administration Trump, ont porté un dur coup à Ankara qui devait faire face à la crise de sa monnaie.

  • Dans un article publié lundi par le New York Times, Erdogan a également dénoncé : « les actions unilatérales contre la Turquie par les États-Unis, notre allié depuis des décennies », tout en avertissant que Washington devait « renoncer à la notion que notre relation peut être asymétrique et se rendre compte que Turquie a des alternatives ». Si les États-Unis ne parvenaient pas à changer de cap, a-t-il poursuivi, la Turquie « commencerait à chercher de nouveaux amis et alliés ».

    Erdogan lançait cet avertissement alors que le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, allait arriver à Ankara pour des entretiens avec le gouvernement turc. La Russie et la Turquie auraient discuté de plans pour commencer à faire du commerce dans leur propre monnaie plutôt que d’utiliser le dollar américain.

    La Chine a indiqué qu’elle fournirait une aide à Ankara en matière d’obligations libellées en yuans ainsi que de nouveaux investissements.

    Ankara, de son côté, a indiqué qu’elle allait défier les sanctions américaines sur le pétrole et le gaz iraniens qui devraient entrer en vigueur en novembre.

    L’affrontement contre la Turquie vise en fait Chine et Russie...

  • Lundi, le président Trump a promulgué la Loi d’autorisation nationale de défense (NDAA) de 716 milliards de dollars pour l’année 2019, qui comprend une formule appelant à « une évaluation de l’achat potentiel du système de défense antimissile de la Fédération de Russie, le S-400, par le gouvernement turc, et les effets potentiels de ces achats sur les relations bilatérales entre les États-Unis et la Turquie, y compris une évaluation des incidences sur d’autres systèmes et plates-formes d’armes américaines exploités conjointement avec la République de Turquie ».

    L’achat du système de défense aérienne russe a été invoqué comme motif pour exclure Ankara du programme d’avions de combat F-35 de Washington, ainsi que pour restreindre le partage des renseignements avec son allié ostensible de l’OTAN.

  • En annonçant début octobre que les Américains se retireraient du nord de la Syrie, Donald Trump a ouvert grand la voie à une invasion turque. Recep Tayyip Erdogan n’attendait que ça. Et comme le cynisme n’a plus de limite, l’opération a été baptisée “Source de paix”. Moins d’une semaine plus tard, des dizaines de civils ont été massacrés, victimes de frappes aériennes aveugles et d’exactions commises par les supplétifs de l’armée d’Ankara. Des exactions saluées par certains médias turcs, qui, à l’image de l’ensemble de la classe politique du pays, affi chent un nationalisme à toute épreuve. La guerre au service de l’unité nationale et le nationalisme au service de la guerre, c’est ce que dénonce Arti Gercek, l’un des rares sites turcs opposés à l’intervention en Syrie… Mais il faut dire que celui-ci, dont le siège est en Allemagne, rassemble des journalistes de gauche exilés, souvent prokurdes. Il y eut le massacre des Kurdes par le régime de Saddam Hussein en 1988, la répression en Turquie depuis des années et enfi n cette nouvelle guerre en Syrie. Les Kurdes semblent les otages perpétuels d’un grand jeu qui se joue contre eux. Et pourtant. Ils ont combattu contre Daech, contre Bachar El-Assad. Ils ont
    hérité des milliers de djihadistes dont l’Occident ne veut pas entendre parler mais dont il va bien devoir se préoccuper un jour. C’est peut-être la seule chance des Kurdes, pouvait-on penser jusqu’au week-end dernier. À l’annonce de l’off ensive turque, des voix,
    nombreuses, ont condamné Ankara mais, concrètement, il ne s’est rien passé. Et devant l’urgence, les Kurdes ont dû se résigner et se ranger derrière leur ennemi d’hier, Assad, comme l’espérait Poutine, nouveau maître du MoyenOrient. Les voix qui s’étaient élevées pour les défendre seront-elles moins audibles ? C’est bien le risque. Car ce qui se joue sur le dos des Kurdes, c’est le retour en grâce d’Assad, le retour à l’unité syrienne, et peut-être le retour des réfugiés syriens – ils sont plusieurs millions à s’entasser en Turquie, et Erdogan voudrait les renvoyer dans le nord de la Syrie. Au risque d’un désastre humanitaire provoqué par la versatilité de Trump (qui ose aujourd’hui menacer la Turquie de sanctions). Et si la presse américaine n’en fi nit plus de se lamenter sur l’inconséquence de ce dernier, le peuple kurde, lui, n’en fi nit plus d’agoniser.
    Extrait de l’article "Silence on tue" dans Courrier international du 17/10/2019

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