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Léon Trotsky, chef de l’armée rouge

dimanche 18 juin 2017, par Robert Paris

Léon Trotsky, chef de l’armée rouge, d’après Isaac Deutscher

Quand, au milieu de mars 1918, Trotsky fut nommé commissaire à la Guerre et président du Conseil supérieur de la guerre, il ne déposa même pas l’épée pour prendre la plume, il se servit des deux.

Il entreprit de faire naître une armée de ce qui semblait un néant. Les forces armées de l’ancien régime avaient disparu. Sur le Don et dans le nord du Caucase, quelques détachements pro-bolcheviks continuaient encore à affronter les premiers Gardes Blancs. Mais ils étaient si dépourvus de toute valeur militaire que le gouvernement préféra les dissoudre, sans essayer de les récupérer pour la nouvelle armée, si grande était sa peur que les restes de l’ancienne armée communiquassent à la nouvelle ses vices anarchiques. Toute l’énorme puissance militaire de l’ancien temps se trouvait ainsi mise au rebut. Le seul élément de valeur qui en restait était la division de fusiliers lettons du colonel Vatzetis.

Il n’y avait autrement que les Gardes Rouges, composés d’ouvriers et de groupes de partisans pleins d’enthousiasme et, parfois, assez indisciplinés, mais peu ou pas entraînés ou organisés. Leur nombre n’avait rien d’impressionnant. En octobre 1917, les Gardes Rouges de Petrograd ne comprenaient pas plus de quatre mille et ceux de Moscou pas plus de trois mille hommes, armés et bien entraînés. Depuis octobre, leur nombre s’était accru de façon appréciable. Tels furent les modestes débuts de l’Armée Rouge, qui, deux ans et demi après, comptait cinq millions de soldats.

Les chiffres ne donnent qu’une faible idée des difficultés qu’il y eut à surmonter. Les plus grands obstacles furent d’ordre moral et politique. Quand il commença à mettre sur pied l’Armée Rouge, Trotsky donna l’impression de brûler tout ce qu’il avait adoré et d’adorer tout ce qu’il avait brûlé. Les Bolcheviks avaient dénoncé le militarisme, encouragé le soldat à se révolter contre la discipline et à voir en l’officier un ennemi. S’ils avaient agi ainsi, ce n’était pas par hostilité de principe envers l’armée, mais parce qu’ils voyaient en elle la servante d’intérêts ennemis. Leur propagande avait rencontré un succès écrasant qui jouait maintenant contre eux. Pour créer une armée capable d’assurer véritablement leur défense, ils furent donc obligés de combattre l’état d’esprit qu’ils avaient eux-mêmes créé.

La mentalité populaire était faite de tendances diverses : horreur pacifiste de la guerre, conviction que la révolution pouvait s’appuyer sur les Gardes Rouges et les partisans et n’avait pas besoin d’armée régulière, croyance que c’était un droit inaliénable des soldats d’élire leurs chefs et des comités de soldats.

Lorsque Trotsky se mit, pour la première fois à dire que les comités de soldats ne pouvaient conduire les régiments au feu, qu’une armée avait besoin d’être centralisée et fortement disciplinée, ses paroles sonnèrent comme une profanation des tabous révolutionnaires.

En outre, tout l’appareil gouvernemental avait été si complètement anéanti que vouloir créer une nouvelle armée paraissait désespérément utopique. Trotsky prit l succession d’un inefficace Collège de trois commissaires, Podvoysky, Antonov-Ovseenko et Dybenko. Depuis novembre, il était en titre président du « Collège panrusse pour l’administration des affaires du ministère de la Guerre », mais la crise de Brest l’avait empêché de prendre sérieusement en main cette nouvelle responsabilité.

Le Collège prépara le décret du 15 janvier 1918, sur la création d’une armée de volontaires. Comme la plupart des lois et ordonnances de cette période, ce décret était avant tout une déclaration de principe sur la base duquel le gouvernement était encore incapable d’agir. Il n’existait encore aucun organisme administratif pour recruter des volontaires, les héberger, les habiller et les nourrir ; il n’y avait ni officiers, ni sous-officiers pour entraîner les recrues. Ce n’est qu’en avril, c’est-à-dire un mois après son entrée en fonction, que Trotsky créa des services régionaux et locaux de son commissariat, c’est-à-dire des centres de recrutement. Mais il restait encore tout à faire pour mettre à exécution le décret. Cinq mois après l’insurrection d’octobre, le seul résultat tangible était que, dans quelques villes, plusieurs centaines de Gardes Rouges avaient commencé à s’entraîner au commandement.

Les premières déclarations que rédigea Trotsky en tant que commissaire à la Guerre contiennent les principaux éléments de sa politique militaire. Il y a fait avant tout appel aux membres du parti et des Soviets ; car ce n’est qu’avec leur aide qu’il espère mener à bien sa tâche. Il s’applique à leur faire comprendre que la Révolution doit passer de sa phase initiale, destructive, à sa phase suivante, constructive. Il dit : « Le travail, la discipline et l’ordre sauveront la République Soviétique. » Il explique que le passage à la nouvelle phase doit se faire d’abord dans le domaine militaire, car c’est de lui qui dépend le salut de la Révolution. Il ne dénigre pas de façon opportuniste la phase destructive, car elle a, dit-il apporté « le grand réveil de la personnalité en Russie », et c’est en cela que résident sa grandeur et sa portée historiques… « Hier l’homme de la masse était encore un néant, un esclave du tsar, de la noblesse, de la bureaucratie, un rouage de la machine… une bête de somme… S’étant libéré lui-même, il a maintenant une conscience très poussée de sa personne et il commence à se prendre pour le centre du monde. »

C’était donc le devoir du parti d’accoutumer la personnalité réveillée à une nouvelle discipline sociale, librement consentie. Pour cela, le parti devait combattre en son sein les déviations antimilitaristes ; trop nombreux étaient les membres du parti qui voyaient encore en toute armée un instrument contre-révolutionnaire.

Il était encore trop tôt pour créer un appareil militaire complet, il fallait plutôt, pour le moment, s’attacher à former le noyau du futur appareil. Le gouvernement décréta que la formation militaire serait obligatoire pour tous ; mais, dans l’immédiat, seuls des volontaires seraient recrutés et entraînés. (…)

L’Armée Rouge devait faire appel aux services des anciens officiers tsaristes. Dans le domaine de la défense nationale, le courage, l’enthousiasme révolutionnaire et l’esprit de sacrifice ne pouvaient suffire. « De même que l’industrie a besoin d’ingénieurs, l’agriculture d’agronomes qualifiés, la défense nationale a un besoin impératif de spécialistes militaires. »

Si ceux qui avaient fait la Révolution répugnaient profondément à recevoir des ordres des généraux et des colonels de l’ancien régime, les généraux et les colonels ne répugnaient pas moins à mettre leur habileté et leur expérience au service des Bolcheviks. Les exceptions sont rares. Le premier militaire d’envergure qui accepta d’aider les Bolcheviks fut le général Bonch-Bruevitch, ancien commandant des troupes du front nord, qui avait été gagné à la cause par son frère, le célèbre écrivain bolchevik. Trotsky confia au général la tâche d’organiser l’état-major général, tâche qui eût été bien au-delà des capacités du lieutenant Krylenko qui, aux premiers jours de la Révolution, avait été nommé commandant en chef.

Mais très peu d’officiers suivirent Bonch-Bruevitch. Et ceux qui le firent abordèrent leur travail avec les habitudes intellectuelles du soldat régulier, entraîné à travailler dans le cadre rigide et bien défini d’une armée normale ; ils étaient mal à l’aise dans le climat de la Révolution.

Radek a raconté comment se passèrent en avril 1918 les premières rencontres de Trotsky avec ces officiers. Pendant plusieurs jours, les officiers exposèrent et discutèrent leurs idées, tandis que Trotsky écoutait en silence. Toutes sortes de moyens pour galvaniser l’ancienne armée furent proposés, mais aucun ne tenait compte des récents bouleversements psychologiques. Alors Trotsky exposa les grandes lignes de son plan pour le recrutement des volontaires. Il n’obtint pour toute réponse qu’un silence embarrassé et un haussement d’épaules. Les officiers attribuaient l’effondrement de l’ancienne armée au manque de discipline, et ils étaient convaincus qu’il ne pouvait y avoir de discipline dans une armée de volontaires. Les projets de Trotsky leur semblèrent l’invention fantaisiste d’un révolutionnaire dilettante.

Mais, dans la manière de voir de Trotsky, la politique commandait le programme d’action militaire. Il fallait tout d’abord enrôler les enthousiastes de la Révolution, car eux seuls s’imposeraient une discipline de fer, et c’est sur eux que l’on pourrait compter pour imposer, par la suite, aux autres la discipline.

Même l’enrôlement des volontaires n’était pas chose facile. Les aventuriers et les coureurs de médailles se précipitaient dans les bureaux de recrutement et il fallait les éliminer soigneusement.

Ce n’est que vers la fin de l’été 1918 que Trotsky eut recours à la conscription ; il appela sous les drapeaux un petit nombre d’ouvriers industriels de Moscou et de Petrograd. L’enrôlement des 10.000 premiers fut salué comme un exploit. Le nombre de recrues augmenta graduellement, bien que, à mesure que la conscription s’élargissait, l’opposition ouvrière commençât à se manifester.

Mais la persuasion et l’appel à la solidarité de classe virent, la plupart du temps, à bout des résistances. Ce ne fut que lorsque l’armée eut un solide noyau prolétarien que Trotsky appela les paysans, d’abord les paysans pauvres, ensuite les serednyaks (paysans moyens). Ceux-ci désertèrent souvent en masse et les fluctuations de la guerre civile eurent de violentes répercussions sur leur moral.

Les koulaks, comme la bourgeoisie urbaine, ne furent recrutés que dans les services auxiliaires et les détachements du travail. (…)

Si, en dépit du manque chronique de munitions, d’uniformes et de bottes, en dépit aussi de la faim et des épidémies, l’Armée Rouge tint bon, ce fut parce qu’elle fut constituée par une série d’anneaux concentriques de plus en plus grands, correspondant chacun à une couche sociale différente et représentant chacun un degré différent de loyalisme envers la révolution. Dans chaque division, dans chaque régiment, le noyau des Bolcheviks entraînait à sa suite les éléments prolétariens, et, par leur intermédiaire la masse hésitante et peu sûre des paysans.

Le 22 avril 1918, Trotsky exposa son plan devant l’Exécutif central des Soviets. Le décret que Trotsky déposa devant l’Exécutif commençait ainsi : « L’une des tâches fondamentales du socialisme est de délivrer l’humanité du militarisme et de la sauvagerie des conflits sanglants entre les nations. Le but du socialisme est le désarmement général, la paix permanente, la coopération fraternelle de tous les peuples qui habitent la terre. »

A cette occasion, l’Exécutif approuva aussi le texte du serment de l’Armée Rouge, rédigé par Trotsky :

« Moi, fils du peuple, travailleur et citoyen de la République soviétique, je prends le titre de soldat de l’Armée des paysans et des ouvriers.

Devant les classes ouvrières de Russie et du monde entier, je m’engage à porter ce titre avec honneur, à apprendre consciencieusement le métier des armes…

Je m’engage à observer strictement et inlassablement la discipline révolutionnaire…

Je m’engage à ne jamais commettre et à empêcher que soient commises par mes camarades des actions qui pourraient blesser ou dégrader la dignité d’un citoyen de la République soviétique et de mettre tous mes actes et toutes mes pensées au service de l’intérêt supérieur de l’émancipation de toutes les classes ouvrières.

Je m’engage à répondre immédiatement à l’appel du Gouvernement des Ouvriers et des Paysans pour défendre la République Soviétique… Dans la lutte pour la République Soviétique Russe et pour la cause du socialisme et de la fraternité de tous les peuples, je n’épargnerai ni mon énergie ni ma vie.

Si, par malheur, je devais manquer à cette promesse solennelle, que je sois méprisé par tous et que je sois puni par le bras inflexible de la loi révolutionnaire. »

Les mencheviks poussèrent des cris… Leurs accusations ne convainquirent pas grand monde, venant d’un parti qui avatit presque livré la Révolution à Kornilov… Pour les socialistes-révolutionnaires de gauche, le plan de Trotsky ne valait même pas la peine d’être discuté. Mais l’opposition la plus persistante et la plus puissante vint du sein du parti bolchevik lui-même.

Cette opposition invoquait les motifs les plus divers. La plupart des communistes de gauche qui s’étaient opposés à la paix de Brest repoussèrent la politique de Trotsky au nom de l’esprit libertaire de la Révolution. Ils se refusèrent à cautionner la création d’une armée permanente et centralisée, sans parler bien entendu d’une armée confiée aux généraux et aux colonels du tsarisme. (…)

L’autre tendance de l’opposition se composait d’hommes qui appartenaient à la hiérarchie interne du parti bolchevik. Ces hommes étaient en général partisans de la centralisation des pouvoirs et d’une discipline stricte, et ils considéraient les communistes de gauche comme de bruyants irresponsables. Ils n’étaient pas fondamentalement opposés aux plans militaires de Trotsky, mais ils ne le voyaient pas sans crainte solliciter le corps des anciens officiers. (…) Certains étaient jaloux des hautes positions qu’ils venaient d’acquérir et qu’on leur demandait maintenant de partager dans l’armée avec leurs ennemis de naguère.

La jalousie et la suspicion se combinèrent en un puissant sentiment d’opposition qui s’exprima au Comité Central du parti. (…)

Ces deux tendances de l’opposition se rejoignirent pour former une coalition ambigüe. Ils se gagnèrent le soutien des commissaires et des commandants de Gardes Rouges et des groupes de partisans, simples ouvriers et sous-officiers qui s’étaient distingués pendant les premières semaines de la Révolution, qui étaient entourés d’un halo d’héroïsme et que blessait cruellement l’idée d’avoir à obéir à des généraux tsaristes ou à toute autre autorité militaire. (…)

La coalition des groupes qui tenta de faire échec à la politique de Trotsky fut d’autant plus redoutable que Lénine, pendant longtemps, réserva son jugement sur l’emploi des officiers, bien qu’il intervînt avec beaucoup d’insistance pour que les « spécialistes » civils fussent traités avec tact et considération.

La branche militaire du parti, dont dépendait tant la coopération avec les officiers, était fermement opposée à la politique de Trotsky. Le conflit éclata au grand jour quand Lachevitch, chef de la section militaire du parti, membre du Comité Central et ami intime de Zinoviev, proclama publiquement que le parti ne se servirait des anciens généraux que « pour les presser comme des citrons et les rejeter ensuite ».

Zinoviev parla sur le même ton, comme s’il cherchait à blesser l’amour-propre des officiers et à briser dans l’œuf toutes les tentatives de Trotsky pour les enrôler.

Trotsky répondit : « Ces anciens généraux, qui travaillent consciencieusement dans les difficiles conditions du moment, méritent, même s’ils sont d’esprit conservateur, infiniment plus de respect de la part de la classe ouvrière, que les pseudo-socialistes qui passent leur temps à intriguer… » (…)

Trotsky essaya lui-même de convaincre les officiers de la grandeur morale de la Révolution …

« Ceux qui ne sont pas habitués à la Révolution et à sa psychologie… peuvent naturellement considérer avec une certaine horreur… cette anarchie tumultueuse, têtue, violente qui bouillonne à la surface des événements révolutionnaires. Pourtant, dans cette anarchie tumultueuse, même dans ses manifestations les plus négatives, lorsque le soldat, l’esclave d’hier, se trouve, tout soudain, dans un compartiment de première classe et qu’il arrache le velous des banquettes pour s’en faire des bandes molletières, même dans un acte aussi destructeur se manifeste le réveil de sa personnalité. Le paysan russe maltraité, foulé aux pieds, habitué à être frappé au visage, abreuvé des pires injures, c’est peut-être la première fois de sa vie qu’il se trouve, tout soudain, dans un compartiment de première classe. Il voit les garnitures de velours, et dans ses bottes il n’a que des chiffons malodorants. Alors, il déchire le velours, en se disant qu’il a bien droit, lui aussi, à quelque chose de bon. Au bout de deux ou trois jours, d’un mois, d’un an – non, au bout d’un mois – il prend conscience de la laideur de sa conduite. Mais sa personnalité réveillée… la personnalité humaine restera vivante en lui pour toujours. Notre tâche est d’adapter cette personnalité à la communauté, de l’amener à se sentir non un numéro, non un esclave, comme auparavant, et non seulement un Ivanov ou un Petrov, mais Ivanov-Personne humaine. » (…)

Trotsky adjoignit aux officiers des commissaires. Pour ce, comme pour beaucoup d’autres institutions, la Révolution française avait offert des précédents. Kérenski avait déjà nommé des commissaires aux armées. Mais jusqu’ici les commissaires n’avaient été attachés qu’aux postes supérieurs de commandement et leur rôle avait été assez vague. Trotsky en nomma à tous les degrés de la hiérarchie militaire, du commandant de compagnie au général en chef. Il s’efforça aussi de définir les responsabilités et les devoirs respectifs du commandant militaire et du commissaire… Aucun ordre militaire n’était valable s’il n’était signé par les deux… Les officiers étaient révoltés par le contrôle des commissaires, et les commissaires refusaient de se plier aux directives qui faisaient des généraux et des colonels leurs inférieurs sur le plan politique et leurs supérieurs sur le plan militaire...

Dans l’ensemble, son plan, tout en provoquant des frictions, donna des résultats satisfaisants ; de toute façon, il n’y avait aucune solution de rechange à proposer. Confiée sans contrôle à l’autorité des anciens officiers, l’Armée Rouge se serait effondrée politiquement ; laissée sous le commandement des amateurs bolcheviks, elle aurait sombré sur les champs de bataille. Et personne ne rendit au système de Trotsky un hommage aussi éclatant et involontaire que le général blanc Dénikine, qui en fut la victime : « Le gouvernement des Soviets peut être fier de l’habileté avec laquelle il a embrigadé la volonté et l’intelligence des généraux et des officiers russes, dont il a fait, malgré leur répugnance, ses instruments dociles… » (Dénikine, Ocherki Russkoi, vol III, p. 146).

Il restait encore à doter l’Armée Rouge d’un pouvoir centralisé et d’un commandement unique. Trotsky continua à dissoudre les Gardes Rouges et les groupes de partisans…

Il y avait un an que Trotsky occupait le Commissariat à la Guerre, mais sa politique militaire n’avait toujours reçu la bénédiction du parti. C’est de sa propre initiative qu’il la mettait à exécution. Ses adversaires se préparaient fiévreusement à mettre sa politique en accusation au prochain congrès du parti, qui devait avoir lieu en mars 1919. Lénine était, au moins aussi fermement que Trotsky, partisan d’une centralisation et d’une discipline rigoureuses, mais il n’avait pas encore pris position sur le problème de l’emploi des officiers. Les trahisons étaient fréquentes et l’opposition avait beau jeu de s’en servir. Peu de temps avant le congrès, Lénine suggéra à Trotsky de licencier tous les officiers et de nommer Lachevich, ancien sergent de l’armée tsariste, commandant en chef. Il fut extrêmement surpris quand Trotsky lui apprit que plus de 30.000 officiers servaient déjà dans l’Armée Rouge. Ce n’est qu’alors que Lénine comprit toute l’ampleur du problème et il reconnut que, par rapport au nombre d’officiers employés, les cas de trahison étaient peu nombreux. Il admit aussi qu’il était impossible de renvoyer les officiers, et il exprima publiquement son admiration pour l’originalité dont faisait preuve Trotsky pour « bâtir le communisme », en récupérant les briques de l’édifice détruit de l’ancien régime » (Lénine,Sobranie Sochinem’y, vol XVI, p. 73.

Encore sous l’impression de ce que Trotsky venait de lui apprendre, il eut une discussion avec Gorki qu’il cherchait à gagner au bolchevisme : « Montrez-moi un autre homme capable de mettre sur pied, en un an, presque une armée modèle, et conquérir le respect des experts militaires. Nous possédons un pareil homme. » (Maxime Gorki, « Lénine et le paysan russe », p. 95-96) (…)

Après l’intervention de Lénine, la défaite de l’opposition était prévisible. Staline et Zinoviev cherchèrent tous deux à donner l’impression que leurs vues étaient identiques à celles de Lénine, mais leur soutien de la politique de Trotsky manqua de chaleur. Ils firent à l’opposition quelques concessions mineures, juste ce qu’il fallait pour assombrir le triomphe de Trotsky…

L’opposition ne recueillit qu’un tiers des voix… Par un vote public, le congrès approuva pleinement l’activité de Trotsky et adopta ses thèses. Mais il apporta des réserves à son approbation, dans une instruction transmise secrètement par la section militaire du parti, qui enjoignait à Trotsky de faire plus attention à l’opinion des communistes dans l’armée, de tenir des réunions mensuelles avec les commissaires importants, etc. Ainsi, tandis que le grand public apprenait que le parti avait pleinement cautionné la politique de Trotsky, ses adversaires à la direction du parti pouvaient être satisfaits, puisqu’il n’avait pas été lavé, sans équivoque, de toutes les accusations portées contre lui…

Trotsky apprit que le congrès avait pleinement approuvé sa politique par un télégramme de Staline qui lui parvint, le 22 ou 23 mars, sur le front. Bientôt après, il reçut du Comité Central un message écrit de Zinoviev, qui l’informait des concessions faites à l’opposition et lui enjoignait de les considérer comme un « avertissement ». Trotsky refusa d’accepter l’ « avertissement ». Il répondit qu’il n’était pas possible de rappeler du front, tous les mois, les commissaires, pour tenir des réunions avec eux. « L’avertissement, dit-il, était, de toute façon, dicté par une « déviation plébéienne, grossière, scandaleuse », qui était à la source de toutes les attaques de Vorochilov…

Mais l’opposition dans la hiérarchie du parti, dirigée par Staline et Zinoviev, était toujours aussi forte. Elle changea simplement de terrain et se reporta sur les problèmes de stratégie et de plans opérationnels.

La stratégie de la guerre civile était commandée par le fait que l’Armée Rouge devait combattre sur des fronts dont la longueur totale s’élevait à plus de 8.000 kilomètres. Même une armée nombreuse, bien équipée et magnifiquement entraînée n’aurait pu tenir simultanément tous ces fronts. Les opérations consistaient en une succession de violentes poussées locales effectuées par les Gardes Blancs vers l’intérieur du territoire bolchevik et contre-attaques des Rouges encore plus violentes.

Après la défaite de la Légion tchécoslovaque, l’année 1919 connut trois campagnes principales : l’offensive de Koltchak, à partir des bases sibériennes, vers la Volga et Moscou, au printemps ; l’avance de Dénikine dans le sud, orientée aussi vers Moscou, pendant l’été ; enfin l’attaque de Youdenitch pour prendre Petrograd, en automne. Si toutes ces offensives avaient convergé simultanément sur les centres du pouvoir des Soviets, la contre-révolution l’aurait peut-être emporté. Mais les Gardes Blancs opéraient sur « les lignes externes » et des milliers de kilomètres les séparaient les uns des autres. Les armées blanches se développaient indépendamment les unes des autres et à un rythme différent ; leurs chefs étaient surtout préoccupés de se conquérir des lauriers personnels. L’Armée Rouge, au contraire, avait pour elle d’opérer sur « les lignes internes ». Elle pouvait déplacer ses forces d’un front à un autre pour assurer la supériorité en un point donné. Ses opérations, en fin de compte, obéissaient à un plan d’ensemble et ses ressources étaient contrôlées à partir d’un centre unique. Mais il était fatal que la fixation des priorités stratégiques donnât lieu à des frictions et des controverses, d’autant plus que chaque décision, ou presque, impliquait un choix politique autant que stratégique. (…)

Le 3 juillet, le Comité Central se rangea à l’opinion de Staline contre Trotsky : Vatzetis, commandant en chef de l’armée que soutenait Trotsky, fut renvoyé avec tous les honneurs et S.Kamenev, le commandant du front Est de l’Armée Rouge, ancien colonel de l’armée tsariste, que soutenaient Vorochilov, Staline et Zinoviev, fut nommé commandant en chef de l’Armée Rouge à sa place… Le Comité Central décida de réorganiser le Conseil Révolutionnaire de Guerre de la République. Trotsky en restait le président, mais ses amis dans ce conseil, Smirnov, Rosenglotz et Raskolnikov, laissaient la place à Smilga et Gousev, les commissaires qui avaient défendu le nouveau commandant en chef contre Trotsky et dont les candidatures avaient été soutenues par Staline.

Ces deux coups furent si douloureux pour Trotsky qu’il démissionna sur-le-champ du Politburo, du Commissariat à la Guerre et du Conseil de Guerre. Mais le Politburo ne pouvait permettre que le conflit éclatât au grand jour. Quels que fussent les reproches qu’on avait pu faire à Trotsky dans les conseils intérieurs du Kremlin, il restait, pour le pays, le dirigeant de l’insurrection d’Octobre, le fondateur de l’Armée Rouge et l’artisan de ses victoires. Sa démission, alors que la situation était alarmante, aurait consterné l’armée et le parti. Et Lénine, en tout cas, voulait très sincèrement que son gouvernement ne se passât pas des services de Trotsky.

Sur la proposition de Lénine, le Politburo refusa la démission de Trotsky et adopta à l’unanimité une résolution solennelle, assurant Trotsky de son profond respect et son entière confiance, lui demandant de poursuivre « ses tâches extrêmement difficiles, dangereuses et importantes » sur le front Sud. Ce fut aussi à cette occasion que Lénine, manifestement remué par l’incident, tendit à Trotsky, en signe de confiance, une approbation en blanc de tout ordre qu’il pourrait donner. Trotsky retira sa démission. (…)

Trotsky venait juste d’arriver à son quartier général de campagne, à Kozlov, qu’il reçut un message énigmatique, portant les signatures de Dzerjinsky, Krestinsky, Lénine et Slyansky, l’informant que le commandant en chef (Vatzetis) avait été arrêté pour trahison. Le message ne précisait pas les motifs de l’accusation, il indiquait seulement qu’elle reposait sur les dépositions d’un autre officier arrêté. Le coup fut terrible. Il venait de Staline, qui avait déjà dénoncé Vatzetis comme un traître et il visait manifestement Trotsky… Trotsky défendit vigoureusement l’accusé… Quelques jours plus tard, Vatzetis fut relâché et réhabilité… Une fois libéré, Vatzetis continua à assumer de hautes fonctions dans l’armée, jusqu’à une date avancée du règne de Staline. Son arrestation, en 1919, n’eut donc d’autre but que d’ajouter une humiliation aux récentes déconvenues de Trotsky. (…)

Ce fut dans la plus sinistre des atmosphères que se réunit le Politburo, le 15 octobre 1919. A Orel, la bataille faisait encore rage, et de son issue dépendait le sort de Moscou. Il n’y avait pas grand espoir pour la défense de Petrograd. La situation apparaissait sous de si funestes auspices que Lénine proposa d’abandonner Petrograd et de rassembler toutes les forces disponibles autour de Moscou. Il envisageait même l’éventualité de la chute de Moscou et d’un repli des Bolcheviks sur l’Oural.

Trotsky protesta vigoureusement. Petrograd, le berceau de la Révolution, ne devait pas être abandonné aux Gardes Blancs. La perte de cette ville aurait des effets désastreux dans tout le reste du pays. Il proposa d’aller lui-même assurer la défense de Petrograd. Il soumit au Politburo une série de décrets d’urgence pour mobiliser tout ce qui pouvait l’être : que les multiples et, pour le moment, inutiles ministères et bureaux gouvernementaux de Moscou soient mis en vacances, dit-il, et qu’on appelle tout le monde aux armes. Il fallait faire converger, en toute hâte, sur Petrograd des troupes des points extrêmes du front, des côtes de la Mer Blanche et des Marches de Pologne. (…)

Le Politburo adopta les décrets soumis par Trotsky et nomma une commission de quatre membres (Lénine, Trotsky, Kemenev, Krestinsky) pour les mettre en application. Il autorisa Trotsky à partir pour Petrograd, mais il réserva son jugement sur le plan qu’il suggérait pour défendre la capitale. (…)

A Petrograd, de mauvaises nouvelles l’attendaient. Youdénitch avait pris Krasnoïé Sélo, aux abords de la ville. Les défenses de la ville se trouvaient affaiblies par suite d’un transfert de troupes sur le front sud ; la trahison d’officiers supérieurs de l’état-major avait jeté la confusion dans l’armée. Zinoviev, chef de la « commune du Nord » était dans la consternation et son irrésolution gagnait ses subordonnés. Mais, de Moscou arriva une note de Lénine annonçant à Trotsky que le Politburo avait approuvé son plan et l’autorisait à continuer les combats, si besoin était, à l’intérieur de Petrograd. (…)

De nombreux témoins oculaires ont décrit les effets de l’intervention de Trotsky. Les lignes qu’on va lire sont de Lachevich qui, à cette époque, était tout, sauf favorable à Trotsky, et qui joua lui-même un rôle important dans ces événements :

« Tout comme l’arrivée en renfort de troupes fraîches, la présence de Trotsky eut des effets immédiats : une vraie discipline fut rétablie, les bureaux militaires et administratifs se mirent au travail. Les incapables furent congédiés, le personnel de commandement supérieur et subalterne fut remanié. Les ordres de Trotsky, clairs et précis, n’épargnant personne et exigeant de tous les maximum d’efforts et de soins, et une exécution rapide des ordres de combat, montrèrent immédiatement qu’une main ferme dirigeait… le redressement intérieur avait commencé. Les bureaux furent remis en état de fonctionnement. Les liaisons, jusque-là défectueuses, devinrent satisfaisantes. Les services d’approvisionnement commencèrent à fonctionner sans accroc. Les désertions au front diminuèrent de façon radicale. Dans tous les détachements, siégèrent des tribunaux de campagne… Chacun commença à comprendre qu’une seule route restait ouverte, celle de l’avant. Toutes celles de la retraite avaient été coupées. Trotsky s’intéressait aux moindres détails, appliquant à chaque point de son travail son énergie bouillonnante, infatigable et son étonnante persévérance. » (Lachevich, Borba za Petrograd, p 52-53)

Une semaine après l’arrivée de Trotsky, les défenseurs passèrent à l’offensive. Pour le second anniversaire de la Révolution, qui était en même temps le quarantième anniversaire de Trotsky, celui-ci était de retour à Moscou pour annoncer la victoire à l’exécutif central des Soviets.

Le dernier acte de la guerre civile avait commencé. Sur le front sud aussi, les Gardes Blancs reculaient et se désagrégeaient.

Personne n’a expliqué les raisons de l’effondrement des armées blanches avec une franchise plus brutale que Dénikine lui-même : « La libération par nos troupes d’énormes territoires aurait dû provoquer un soulèvement de tous les éléments hostiles au pouvoir soviétique…La seule question qui se posait était de savoir si les masses populaires avaient assez du bolchevisme…. Le peuple marchera-t-il avec nous ?.. Sa réponse fut tout d’abord indécise, puis négative. » (Dénikine, Ocherki Russkoi Smuty, vol V, p. 118)

« Les troupes de l’armée du sud n’échappèrent pas à la maladie générale et ternirent leur réputation en se livrant à des pogroms de Juifs… Les abcès internes crevèrent dans l’atmosphère de haine. Les pogroms éprouvèrent douloureusement les Juifs, mais ils affectèrent aussi l’esprit des troupes, les pervertirent et ruinèrent la discipline….. » (même source, p. 146)

Et voici comment Wrangel, général en chef de l’Armée des Volontaires dresse le bilan moral de la campagne :

« L’Armée des Volontaires s’est discréditée elle-même par ses pillages et ses violences. Nous avons tout perdu. Nous ne pouvons même pas essayer de marcher une nouvelle fois le long des mêmes routes, derrière le même drapeau. »

Dénikine écrit : « Les munitions anglaises et le pain du Kouban nous parvenaient encore de nos bases d’approvisionnement, mais les bases morales avaient été détruites ».

En décembre 1919, au septième congrès des Soviets, Trotsky dressa un bilan de la guerre civile ; car si les combats continuaient, leur issue n’était plus douteuse… Il parla avec une chaleur toute particulière des succès remportés par trois chefs d’armée : Frounzé, l’ouvrier, Tchoukahtechewsky, l’officier des Gardes, et Sokolnikov, le journaliste révolutionnaire. Puis, il envisagea l’abolition future de l’armée permanente et sa transformation en milice démocratique inspirée de l’idéal socialiste…

Comme d’autres Bolcheviks, Trotsky envisageait un apaisement dans le domaine de la politique intérieure, apaisement qui permettrait aux partis, au moins à ceux de l’opposition socialiste, de reprendre ouvertement leurs activités. La diminution des pouvoirs de la Tchéka et l’abolition de la peine de mort, en janvier 1920, furent les premières mesures destinées à ouvrir cette nouvelle voie. Mais ces espoirs optimistes ne devaient pas se réaliser… »

La suite

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  • La patrie socialiste est en danger !

    Décret du Conseil des Commissaires du Peuple - 21 février 1918

    Afin de mettre le pays épuisé et martyrisé à l’abri des nouvelles épreuves qu’entraînerait la guerre, nous avons consenti un immense sacrifice et informé les Allemands que nous acceptions de signer leurs conditions de paix. Le 20 (7) février au soir, nos parlementaires ont quitté Réjitsa pour Dvinsk, mais jusqu’à présent pas de réponse. Visiblement, le gouvernement allemand ne se presse pas de répondre. Il ne veut manifestement pas faire la paix. Répondant aux injonctions des capitalistes de tous les pays, le militarisme germanique entend étouffer les ouvriers et les paysans russes et ukrainiens, restituer les terres aux grands propriétaires fonciers, les fabriques et les usines aux banquiers, le pouvoir à la monarchie. Les généraux allemands veulent instaurer leur « régime » à Pétrograd et à Kiev. La République socialiste des Soviets court un très grave danger. Jusqu’à l’heure où le prolétariat d’Allemagne se lèvera et triomphera, le devoir sacré des ouvriers et des paysans de Russie est de défendre avec abnégation la République des Soviets contre les hordes de la bourgeoisie impérialiste d’Allemagne. Le Conseil des commissaires du peuple arrête :

    1. Toutes les forces et ressources du pays sont mises à la disposition de la défense révolutionnaire.

    2. Il est du devoir de tous les Soviets et organisations révolutionnaires de défendre chaque position jusqu’à la dernière goutte de sang.

    3. Les organisations des chemins de fer et les Soviets intéressés sont tenus de s’opposer de toutes leurs forces à l’utilisation par l’ennemi de l’appareil des transports ferroviaires ; en cas de retraite, de détruire les voies, de faire sauter et d’incendier les bâtiments des chemins de fer ; d’évacuer sans délai tout le matériel roulant - wagons et locomotives - vers l’Est, dans l’intérieur du pays.

    4. Tous les stocks de blé et, en général, de vivres, de même que tous autres biens de valeur qui risquent de tomber entre les mains de l’ennemi, doivent absolument être détruits ; les Soviets locaux veilleront à l’exécution de ces mesures, sous la responsabilité personnelle de leurs présidents.

    5. Les ouvriers et les paysans de Pétrograd, de Kiev et de toutes les villes, bourgades, villages et hameaux se trouvant sur la nouvelle ligne du front mobiliseront les bataillons pour creuser des tranchées sous la direction de spécialistes militaires.

    6. On incorporera dans ces bataillons tous les membres de la classe bourgeoise aptes au travail, hommes et femmes, sous la surveillance des gardes rouges ; les récalcitrants seront fusillés.

    7. Toutes les publications qui s’opposent à la défense révolutionnaire et prennent le parti de la bourgeoisie allemande, ainsi que celles qui cherchent à utiliser l’invasion des hordes impérialistes pour renverser le pouvoir des Soviets, sont interdites ; leurs rédacteurs et autres collaborateurs aptes au travail sont mobilisés pour le creusement des tranchées et autres travaux de défense.

    8. Les agents de l’ennemi, les trafiquants, les pillards, les voyous, les agitateurs contre-révolutionnaires, les espions allemands, pris sur le fait, doivent être fusillés.
    La Patrie socialiste est en danger ! Vive la Patrie socialiste ! Vive la Révolution socialiste internationale !

    Le Conseil des commissaires du peuple.

    Le 21 février 1918, Pétrograd.

    « Pravda », n° 32, 22 février 1918

    Note Smolny :

    La paternité de ce décret a traditionnellement toujours été attribuée à Lénine selon l’historiographie officielle et les volumes des Œuvres de ce dernier, dont les notes attachées au document sont des modèles de hargne anti-trotskiste et anti communistes de gauche. Il semblerait bien pourtant que ce soit à Trotski que l’on doive le premier jet de ce décret révolutionnaire. Cf. :

    — Cinnella Ettore, État « prolétarien » et science « bourgeoise ». In : Cahiers du monde russe et soviétique, vol. 32, n° 4, Octobre- Décembre 1991, pp. 469-499 ; et plus précisément page 471 ainsi que la note n° 9

    source : le site Smolny

  • Le général blanc Denikine, après sa défaite cuisante, adressa involontairement la plus grande marque d’admiration à Léon Trotsky :

    « Le gouvernement des Soviets peut être fier de l’habileté avec laquelle Trotsky a embrigadé la volonté et l’intelligence des généraux et des officiers russes, dont il a fait, malgré leur répugnance, ses instruments dociles… »

  • « Ce n’est pas par la terreur que l’on fait des armées (...). Pour notre armée, le ciment le plus fort, ce furent les idées d’Octobre. »

    (Léon Trotsky)

    Trotsky publie l’ordre du jour n° 158 exigeant le respect de la vie des prisonniers :

    « Camarades soldats de l’Armée rouge ! Épargnez les prisonniers ! Recevez amicalement les transfuges. Dans l’armée blanche, les ennemis vénaux, corrompus, sans honneur, les ennemis du peuple travailleur sont une insignifiante minorité. La majorité écrasante est faite d’hommes dupés ou mobilisés de force. Une part importante même des officiers de la Garde Blanche combat contre la Russie soviétique sous la menace de la trique, ou parce qu’elle a été trompée par les agents des financiers russes et anglo-français et des propriétaires. » Et Trotsky souligne plus loin que son appel « ne s’adresse pas seulement aux simples soldats, mais aussi aux officiers ».

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