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Ceux qui ne sont rien, soyons tout !

vendredi 16 mars 2018, par Robert Paris

Edito

« Ceux qui ne sont rien », n’hésitons pas, pas de demi mesure : soyons tout !!!

Chacun de nous connaît les petites phrases méprisantes de la grande bourgeoisie et de ses représentants au pouvoir politique à l’encontre des prolétaires, traités de "sans-dents", de "radicalisés" et autres gentillesses. Nous savons tous comment ils ont présenté comme des bandits les ouvriers qui défendaient leur emploi à Goodyear, les ouvriers qui répliquaient aux provocations patronales en déchirant la chemise du DRH à Air France, de la même manière qu’ils ont calomnié les ouvriers de France, d’Espagne, d’Inde, de Chine, d’Afrique du sud, du Brésil, des travailleurs qui se défendent traités d’« éléments radicalisés », traduisez : des terroristes, des voleurs, des assassins, des bandits, des voyous, des sauvages qui ne respectent pas la paix civile, qui ne respectent pas la démocratie, qui ne respectent pas le vote des citoyens, qui ne respectent pas l’opinion publique et on en passe, comme des privilégiés qui prennent le pays en otage, qui le bloquent pour continuer à profiter de l’argent public…

Et ils ont appelé les travailleurs, les ouvriers, les habitants des quartiers populaires, « ceux qui ne sont rien » !

Rien en effet dans ce système social parvenu à une impasse historique, incapable de faire autre chose que déchirer le consensus social de la démocratie bourgeoise, de faire reculer tous les acquis sociaux, d’abandonner tous les progrès du niveau de vie de la population, tous les droits sociaux et démocratiques.

Rien effectivement pour le prolétariat : rien comme part du profit, rien comme part de la propriété capitaliste, rien comme part du pouvoir dans l’entreprise et hors de l’entreprise, rien comme droit politique, rien comme droit d’expression, au travail comme hors du travail, aucune représentations parlementaire, gouvernementale, institutionnelle, administrative, dans les conseils d’administration, chez les boursicoteurs, chez les spéculateurs, chez les banquiers, dans les trusts. Dans tout ce qui compte en règne capitaliste, le prolétariat ne représente rien qu’un poids lourd, une gêne, une menace, un coût, un risque social et politique. C’est parce que le prolétariat est redevenu « une classe dangereuse » à leurs yeux qu’ils veulent la frapper, démontrer qu’ils sont capables de la battre, qu’ils veulent en découdre, qu’ils provoquent, mènent des attaques multiples, lancent des déclarations accusatrices et menaçantes.

Parmi leurs provocations, il y a la prétention à présenter les travailleurs comme des sangsues de l’argent public alors que les travailleurs ne sont rien parmi les profiteurs de la dette d’Etat, rien dans le monde des financiers, rien parmi ceux qui sucent de l’aide financière d’Etat, rien parmi les profiteurs du crédit d’impôt, rien parmi les bénéficiaires de la suppression de l’ISF, rien par les assistés au nom de l’aide à l’économie, à l’exportation, à l’innovation, à la recherche, au développement, à l’emploi, à l’industrie, à la… grande bourgeoisie… !

Rien non plus au sein de l’entreprise : pas le droit d’y prendre la parole, de s’y réunir, d’y rédiger et distribuer des tracts, rien pour y élire des délégués, les réunir, les coordonner entre les secteurs et les entreprises (les appareils syndicaux reconnus par patronat et gouvernement en ont le monopole), rien pour discuter de leurs points de vue, pour échanger des avis sur la situation et la manière d’y faire face.

Les prolétaires ne sont rien ! Rien dans le gouvernement, rien dans les trusts, rien dans les banques, rien dans la part de richesse, rien dans le capital, rien dans les décisions, rien dans le pouvoir !

Rien dans les lobbys, rien dans les ministères, rien dans les communes, dans les départements, dans les régions, dans l’Etat, dans la justice, dans l’administration, dans le pouvoir !

Mais le fait que tous ceux qui vivent de leur travail ne soient rien, loin de calmer les appétits et les violences de la classe dirigeante, ne fait que les accentuer, que les accroître, que les pousser à l’extrême. Car, dès qu’un effondrement économique sera devant nous, les possédants et les dirigeants ne peuvent imaginer « ceux qui ne sont rien » que comme un danger politique et social de grande ampleur. Tant qu’ils n’ont pas violemment cassé le prolétariat, tant que celui-ci n’est pas détruit par la répression, tant qu’il n’est pas à genoux, y compris ses organisations réformistes complètement discréditées et détruites, les exploiteurs seront inquiets et pressés d’en finir avec un prolétariat pas encore réduit à l’esclavage, pas encore enchaîné, toujours capable de sursauts, de révoltes et même de révolutions…

Voilà pourquoi les classes possédantes estiment que nous, les prolétaires, en avons encore trop : trop d’argent, trop de sécurité, trop de santé, trop d’avantages, trop de libertés, trop de droits et ils s’attaquent à tout cela sans discontinuer, sans limite, sans modération, sans prudence même…

Si la grande bourgeoisie tient tant à nous appeler « prolétaires », ce qui signifie justement « ceux qui n’ont rien », ceux qui ne sont pas liés à la propriété du capital, qui ne sont pas liés à la propriété des moyens de production qui n’ont pas de liens d’intérêt de classe dans le système capitaliste, c’est bien parce qu’elle s’estime obligée de radicaliser la lutte des classes.

C’est pour cela qu’ils veulent ramener à RIEN les aides sociales, les garanties d’emploi, les avantages locaux, les retraites, les chômage, l’emploi à vie, le CDI, l’emploi fonctionnaire, le statut cheminot, et même le droit d’accès au service public !

Et, devant cette décision des classes possédantes de remettre en question le calme social, le consensus social, l’entente sociale, la démocratie sociale, les prolétaires ne vont plus pouvoir que constater que, pour rester tout simplement des êtres humains, pour ne pas devenir de la chair à travail, de la chair à misère, de la chair à boucheries guerrières, de la chair à fascismes, de la chair à terrorismes bourgeois de toutes sortes, il va falloir la mener, nous aussi, la lutte des classes, la lutte en tant que prolétaires.

Cela suppose de cesser complètement de pleurnicher que l’on veut discuter, que l’on veut négocier, que l’on veut être entendus, que l’on veut faire des propositions, que l’on veut être écoutés, que l’on veut être entendus, que l’on est pour l’entente de classes, que l’on est pour la collaboration de classe, que l’on est pour l’intérêt général, national, qui unirait prolétaires et capitalistes, il faut faire cesser ces balivernes !

Ceux qui ne sont rien, soyons tout, c’est là que réside la seule réponse d’avenir.

Et il est loin d’être trop tard pour réagir ainsi, c’est maintenant qu’il est vital de réagir ainsi, en tant que classe.

Cela suppose que nous nous réunissions pour débattre entre nous de la situation, pour prendre des décisions, pour élire des délégués chargés de les mettre en œuvre, de mettre en place les liaisons, les contacts, pour populariser et diffuser les prises de positions du prolétariat.

Cela suppose que nous cessions de demander pour enfin imposer, que nous cessions de supplier pour affirmer, que nous cessions de craindre pour nous faire craindre.

Cela suppose que les classes possédantes ne puissent plus nous diviser, nous opposer, nous discréditer aux yeux du grand public sans réponse, sans riposte, sans que ces classes profiteuses ne le paient cher.

La seule chose que nous puissions opposer au « rien » auquel ces classes exploiteuses nous vouent est le « tout » auquel mène l’organisation de masse du prolétariat, sous forme de comités, de conseils, de coordinations, de collectifs, d’assemblées de toutes sortes et toutes formes que les travailleurs décideront de mettre en place sur les lieux de travail et d’habitation, ainsi que dans les lieux publics.

La seule manière pour le prolétariat de se faire respecter, c’est que rien ne puisse plus fonctionner sans son accord, que rien ne soit plus en activité quand les organisations de masse du prolétariat n’en donnent pas l’autorisation.

Puisqu’ils veulent faire de nous des esclaves, mettons des chaînes aux esclavagistes, enlevons-leur le pouvoir, désarmons-les, retirons leur le sacro-saint droit sur les capitaux et les entreprises, retirons leur le pouvoir d’Etat, le pouvoir médiatique, le pouvoir administratif, le pouvoir judiciaire et le pouvoir social !

Sur la défensive, sous la coupe des réformistes, nous ne sommes rien, organisés par nous-mêmes, soyons TOUT !!!

Messages

  • Un an depuis que les tribunaux indiens ont condamné les travailleurs de Maruti Suzuki à la prison à vie après un coup monté…

    Le seul « crime » des treize est de s’être rebellés contre les conditions misèrables qui prévalent dans l’industrie automobile indienne mondialement intégrée. Parmi ces treize, figurent les douze membres du Comité exécutif du Syndicat des travailleurs de Maruti Suzuki (MSWU).

    Les travailleurs de l’usine d’assemblage de voitures Maruti Suzuki à Manesar, dans l’Haryana avaient crée le MSWU en 2011-12 dans une lutte militante, rythmée par des débrayages et des grèves sur le tas, contre la société transnationale japonaise et le syndicat jaune pro-patronal reconnu comme interlocuteur par le gouvernement.
    Le défi relevé par les travailleurs de Maruti Suzuki de s’opposer aux salaires de misère, aux emplois précaires et aux conditions de travail brutales devint un point de ralliement pour l’opposition ouvrière à travers le bassin industriel géant de Manesar-Gurgaon, à la périphérie de la capitale de l’Inde, Delhi.

    C’est précisément pourquoi Maruti Suzuki, l’élite patronale de l’Inde, leurs policiers, leurs tribunaux et leurs mercenaires politiques étaient déterminés à éradiquer le MSWU et à intimider et persécuter les travailleurs de Manesar.

    Ils se sont emparés de l’occasion lors d’une querelle provoquée dans l’usine par la direction le 18 juillet 2012 suivie d’un incendie, dont les origines restent mystérieuses, qui a provoqué la mort par asphyxie d’un cadre de l’entreprise, pour monter une vendetta contre les travailleurs de Maruti Suzuki.

    Sans aucune information judiciaire en règle et en collusion illégale avec la direction de Maruti Suzuki, ce que même la cour a dû admettre, la police a ciblé des centaines de travailleurs pour les arrêter. Pendant ce temps, le gouvernement de l’État dirigé par le Parti du Congrès a aidé Maruti Suzuki à purger et à remplacer 2400 travailleurs permanents et temporaires, soit presque toute la main-d’œuvre de l’usine d’assemblage de Manesar.

  • Rappelez-vous aussi « les fainéants » !!!

    Pour les dégommer, faut se mettre au boulot...

  • Les ressources de la planète peuvent nourrir 12 milliards d’humains, mais la spéculation et la mainmise des multinationales sur les matières premières créent une pénurie. Conséquence : chaque être humain qui meurt de faim est assassiné, affirme Jean Ziegler, ancien rapporteur spécial de l’ONU pour le droit à l’alimentation. Il dénonce cette « destruction massive » par les marchés financiers. Des mécanismes construits par l’homme, et que l’homme peut renverser.

    Tous les cinq secondes, un enfant de moins de 10 ans meurt de faim. Près d’un milliard d’humains sur les 7 milliards que compte la planète souffrent de sous-alimentation. La pyramide des martyrs augmente. À cette faim structurelle, s’ajoute un phénomène conjoncturel : les brusques famines provoquées par une catastrophe climatique – comme en Afrique orientale, où 12 millions de personnes sont au bord de la destruction – ou par la guerre comme au Darfour. En raison de la crise financière, les ressources du Programme alimentaire mondial (PAM), chargé de l’aide d’urgence, ont diminué de moitié, passant de 6 milliards de dollars à 2,8 milliards. Les pays industrialisés ne paient plus leurs cotisations car il faut sauver la Grèce, l’Italie et les banques françaises. Une coupe budgétaire qui a un impact direct sur les plus démunis. Dans la corne de l’Afrique, le PAM est contraint de refuser l’entrée de ses centres de nutrition thérapeutique à des centaines de familles affamées qui retournent dans la savane vers une mort presque certaine.

    Et les financiers continuent de spéculer sur les marchés alimentaires. Les prix des trois aliments de base, maïs, blé et riz – qui couvrent 75 % de la consommation mondiale – ont littéralement explosé. La hausse des prix étrangle les 1,7 milliard d’humains extrêmement pauvres vivant dans les bidonvilles de la planète, qui doivent assurer le minimum vital avec moins de 1,25 dollar par jour. Les spéculateurs boursiers qui ont ruiné les économies occidentales par appât du gain et avidité folle devraient être traduits devant un tribunal de Nuremberg pour crime contre l’humanité.

    Le rapport annuel de la FAO (Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture) estime que l’agriculture mondiale pourrait aujourd’hui nourrir normalement 12 milliards d’humains, presque le double de l’humanité. Au seuil de ce nouveau millénaire, il n’y a plus aucune fatalité, aucun manque objectif. La planète croule sous la richesse. Un enfant qui meurt de faim est assassiné. Il n’est pas la victime d’une « loi de la nature » !

    Tous les mécanismes qui tuent sont faits de main d’homme. La fabrication d’agrocarburants brûle des millions de tonnes de maïs aux États-Unis. L’océan vert de la canne à sucre au Brésil mange des millions d’hectares de terres arables. Pour remplir un réservoir de 50 litres de bioéthanol, vous devez brûler 352 kg de maïs. Au Mexique ou au Mali, où c’est l’aliment de base, un enfant vit une année avec cette quantité de maïs. Il faut agir face au réchauffement climatique, mais la solution ne passe pas par les agrocarburants ! Il faut faire des économies d’énergies, utiliser l’éolien, le solaire, encourager les transports publics.

    Autre élément : le dumping agricole biaise les marchés alimentaires dans les pays africains. L’Union européenne subventionne l’exportation de sa production agricole. En Afrique, vous pouvez acheter sur n’importe quel étal des fruits, des légumes, du poulet venant d’Europe à quasiment la moitié du prix du produit africain équivalent. Et quelques kilomètres plus loin, le paysan et sa famille travaillent dix heures par jour sous un soleil brûlant sans avoir la moindre chance de réunir le minimum vital.

    Et la dette extérieure des pays les plus pauvres les pénalise. Aucun gouvernement ne peut dégager le minimum de capital à investir dans l’agriculture, alors que ces États ont un besoin crucial d’améliorer leur productivité. En Afrique, il y a peu d’animaux de traction, pas d’engrais, pas de semences sélectionnées, pas assez d’irrigation.

    Enfin, le marché agricole mondial est dominé par une dizaine de sociétés transcontinentales extrêmement puissantes, qui décident chaque jour de qui va vivre et mourir. La stratégie de libéralisation et de privatisation du Fonds monétaire international (FMI), de la Banque mondiale et de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) a ouvert la porte des pays du Sud aux multinationales. La multinationale Cargill a contrôlé l’an dernier 26,8 % de tout le blé commercialisé dans le monde, Louis Dreyfus gère 31 % de tout le commerce du riz. Ils contrôlent les prix. La situation est la même pour les intrants : Monsanto et Syngenta dominent le marché mondial – donc la productivité des paysans.

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