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Mais si ! Nous avons un autre choix !

lundi 1er octobre 2018, par Robert Paris

édito

Mais si ! Nous avons un autre choix !

On ne cesse de nous présenter des alternatives affreuses, en affirmant que nous n’aurions pas d’autre choix. On nous dit que si nous voulons en finir avec la politique de Sarkozy, nous ne pouvons que nous jeter dans les bras de Hollande, puis dans ceux de Macron, puis dans ceux de Le Pen ou de Mélenchon… Il n’y aurait prétendument pas d’autre choix ! On nous dit que c’est la démocratie bourgeoise ou le fascisme, il n’y a pas d’autre choix. On nous dit que le terrorisme ou les guerres destructrices de l’anti-terrorisme, il n’y aurait pas d’autre choix. On nous dit que c’est l’Europe bourgeoise qui pille les nations les plus pauvres ou la rupture xénophobe contre l’Europe, il n’y aurait pas d’autre choix. On nous dit qu’obliger les peuples à migrer ou les contraindre à ne pas entrer en Europe, il n’y aurait pas d’autre choix. On nous que combattre les Musulmans ou laisser le terrorisme dominer, il n’y aurait pas d’autre choix. On nous dit que défendre la planète en faisant des sacrifices économiques ou la laisser périr en développant l’économie, il n’y aurait pas d’autre choix. On nous dit que le nucléaire ou le réchauffement climatique, il n’y aurait pas d’autre choix. On nous dit que si on s’engage dans la lutte contre le capitalisme car celui-ci a atteint sa phase de putréfaction et d’autodestruction, on tombera nécessairement dans le stalinisme. Dictature du grand capital ou dictature de la bureaucratie, on nous dit qu’il n’y a pas d’autre choix.

De Charybde en Scylla, c’est ce que l’on entend toute la journée. Ou on perd notre retraite ou on la livre aux financiers. Ou on perd notre emploi ou on accepte qu’il soit précarisé. Ou on supprime l’enseignement public ou on accepte qu’il soit réduit, fermé, privatisé. Ou on perd la Santé ou on lui impose des sacrifices drastiques. Ou on ferme les services publics ou on les privatise. Ou on suit les bureaucraties syndicales ou on supprime les syndicats. Ou on suit les journées d’action bidon ou on ne fait rien. Et on en passe des alternatives fausses, mensongères, trompeuses…
Ainsi, on n’aurait eu que le choix entre détruire la Libye toute entière, son peuple avec, ou la laisser entre les mains d’un dictateur, très ami de nos gouvernants !!! Pareil avec l’Irak de Saddam Hussein… Ou encore avec la Syrie d’Assad… Ou le Yémen, l’Afghanistan et on en passe…

Ou s’entendre avec des dictateurs ou sauver un peuple de la dictature, ce qui consisterait à le bombarder et à détruire entièrement le pays, le beau choix que voilà !!!

Toute l’idéologie dominante consiste à nous enfermer dans de fausses dichotomies, des fausses alternatives, des fausses oppositions, d’autant plus fausses, que si on nous tiraille entre les deux extrêmes de cette prétendue opposition, on peut remarquer que les deux termes de la fausse alternative sont inséparables et se nourrissent mutuellement. Ainsi, ce sont les guerres antiterroristes qui produisent le mieux le terrorisme. Ce sont les puissances qui refusent les migrants qui les poussent au départ en détruisant des pays entiers et en terrorisant les peuples. C’est la soi-disant démocratie qui pousse les peuples au fascisme. C’est le capitalisme lui-même qui produit ses soi-disant ennemis, comme Ben Laden, comme le capitalisme néo-stalinien chinois, comme l’Arabie saoudite, comme le terrorisme.

Nos faux amis ne sont pas moins des fabricants de fausses alternatives que nos ennemis. Ils cultivent le nationalisme comme fausse alternative au mondialisme de l’exploitation capitaliste. Ils développent le réformisme au moment même où le capitalisme est le moins capable de se réformer. Ils affirment qu’il faut bien voter aux élections au moment même où la démocratie bourgeoise elle-même mène à l’extrême droite.

Toutes ces fausses alternatives ont un point commun : effacer la seule vraie alternative, celle de la révolution sociale !

Il s’agit que les prolétaires oublient qu’ils sont eux-mêmes la force adverse du capitalisme, qu’ils sont potentiellement toute une autre société, tout un système social capable de remplacer avantageusement l’ancien mode d’exploitation, en supprimant l’exploitation de l’homme par l’homme en même temps que la propriété du grand capital, sa mainmise sur les entreprises et les capitaux, sur l’ensemble de richesses.

La principale fausse alternative qui nous est proposée : soit nous suivons les politiciens bourgeois, soit nous nous détournons complètement de la politique. Tout cela pour nous empêcher de faire nous-mêmes de la politique, celle du prolétariat révolutionnaire.

La seule vraie alternative : que la politique vienne de nous-mêmes, des travailleurs assemblés en masse dans les entreprises et les quartiers, discutant et décidant nous-mêmes des manières de la crise de la vieille société et des manières de faire face à la situation, puis appliquant nous-mêmes nos décisions, sans nous remettre à personne pour agir à notre place, et surtout à aucun Etat bourgeois, à aucun parti bourgeois, à aucune force bourgeoise, pas même aux élections bourgeoises.

Pendant de longues années, la fausse opposition entre « monde libre » et pays « communistes » (staliniens) a servi à détourner les prolétaires du communisme. Aujourd’hui, c’est le spectre du stalinisme qui tient lieu de repoussoir. Cependant, le régime stalinien chinois actuel nous démontre que le stalinisme ne s’oppose pas au capitalisme, mais s’entend très bien avec !!! La Chine actuelle est l’un des pays les plus dynamiques du monde capitaliste tout en maintenant le régime du parti unique stalinien le plus fort du monde ! Belle démonstration que capitalisme et stalinisme ne s’opposent pas plus mortellement que la démocratie bourgeoise ne s’oppose diamétralement aux fascismes, aux dictatures, aux terrorismes qui ne sont que des produits du capitalisme parvenu à son stade de putréfaction.

La seule force sociale mondiale capable réellement de s’opposer au capitalisme finissant et à tous ses crimes, c’est le prolétariat !

Assez de le prendre pour un assisté, pour une victime, pour un malheureux, pour un pauvre, pour un faible, ce qu’il lui faut c’est une politique, une perspective d’avenir, une véritable organisation de classe ! Et on reverra alors la Commune, les soviets, les conseils ouvriers.

Oui, le capitalisme n’est pas un horizon indépassable : nous avons le choix, nous pouvons passer à une société sans propriété privée des capitaux, sans exploitation de l’homme, sans domination par l’infime minorité de capitalistes, et c’est même le capitalisme qui n’est plus capable de fonctionner dans un carcan aussi étroit. C’est ce que démontre l’incapacité du capitalisme de sortir de son impasse économique, depuis l’effondrement de 2007-2008. En sortir, ce n’est pas une utopie, une rêverie tournée vers le passé, c’est de l’avenir, c’est même la seule perspective d’avenir pour l’humanité !

Messages

  • Trois questions :

    1° Si le prolétariat n’a pas conscience de son rôle, la révolution prolétarienne est-elle possible ?

    2° Le capitalisme est-il nécessairement dépassé ou en phase d’agonie pour que la révolution prolétarienne puisse triompher ?

    3° La révolution vise-t-elle nécessairement le changement du mode de production ?

  • 1° Oui, la situation objectivement révolutionnaire entraîne l’apparition brutale d’une conscience révolutionnaire

    2° Pour que le socialisme triomphe, oui, il est indispensable que le capitalisme soit dépassé

    3° Absolument, pas de changement de fond sans changement du mode de production

    Une réponse, celle de Marx :

    « Pas plus qu’on ne juge un individu sur l’idée qu’il se fait de lui-même, on ne saurait juger une telle époque de boule¬ver¬se¬ment sur sa conscience de soi ; il faut, au contraire, expliquer cette conscience par les contradictions de la vie matérielle, par le conflit qui existe entre les forces productives socia¬les et les rapports de production. Une formation sociale ne disparaît jamais avant que soient développées toutes les forces productives qu’elle est assez large pour contenir, jamais des rapports de production nouveaux et supérieurs ne s’y substituent avant que les conditions d’existence matérielles de ces rapports soient écloses dans le sein même de la vieille société. C’est pourquoi l’humanité ne se pose jamais que des problèmes qu’elle peut résoudre, car, à y regarder de plus près, il se trouvera toujours, que le problème lui-même ne surgit que là où les conditions matérielles pour le résoudre existent déjà ou du moins sont en voie de devenir. À grands traits, les modes de production asiatique, antique, féodal et bourgeois moderne peuvent être qualifiés d’époques progressives de la formation sociale économique. Les rap¬ports de production bourgeois sont la dernière forme contradictoire du processus de produc¬tion sociale, contradictoire non pas dans le sens d’une contradiction individuelle, mais d’une contradiction qui naît des conditions d’existence sociale des individus ; cependant les forces productives qui se développent au sein de la société bourgeoise créent en même temps les conditions matérielles pour résoudre cette contradiction. Avec cette formation sociale s’achè¬ve donc la préhistoire de la société humaine. »

    K. Marx (1859) Préface à Contribution à la critique de l’économie politique.

    Une autre réponse, celle de Lénine :

    « Pour un marxiste, il est hors de doute que la révolution est impossible sans une situation révolutionnaire, mais toute situation révolutionnaire n’aboutit pas à la révolution. Quels sont, d’une façon générale, les indices d’une situation révolutionnaire ? Nous sommes certains de ne pas nous tromper en indiquant les trois principaux indices que voici :

    1) Impossibilité pour les classes dominantes de maintenir leur domination sous une forme inchangée ; crise du "sommet", crise de la politique de la classe dominante, et qui crée une fissure par laquelle le mécontentement et l’indignation des classes opprimées se fraient un chemin. Pour que la révolution éclate, il ne suffit pas, habituellement, que "la base ne veuille plus" vivre comme auparavant, mais il importe encore que "le sommet ne le puisse plus".

    2) Aggravation, plus qu’à l’ordinaire, de la misère et de la détresse des classes opprimées.

    3) Accentuation marquée, pour les raisons indiquées plus haut, de l’activité des masses, qui se laissent tranquillement piller dans les périodes "pacifiques", mais qui, en période orageuse, sont poussées, tant par la crise dans son ensemble que par le "sommet" lui-même, vers une action historique indépendante.

    Sans ces changements objectifs, indépendants de la volonté non seulement de tels ou tels groupes et partis, mais encore de telles ou telles classes, la révolution est, en règle générale, impossible. C’est l’ensemble de ces changements objectifs qui constitue une situation révolutionnaire. On a connu cette situation en 1905 en Russie et à toutes les époques de révolutions en Occident mais elle a existé aussi dans les années 60 du siècle dernier en Allemagne, de même qu’en 1859-1861 et 1879-1880 en Russie, bien qu’il n’y ait pas eu de révolutions à ces moments-là.

    Pourquoi ? Parce que la révolution ne surgit pas de toute situation révolutionnaire, mais seulement dans le cas où, à tous les changements objectifs ci-dessus énumérés, vient s’ajouter un changement subjectif, à savoir : la capacité, en ce qui concerne la classe révolutionnaire, de mener des actions révolutionnaires de masse assez vigoureuses pour briser complètement (ou partiellement) l’ancien gouvernement, qui ne "tombera" jamais, même à l’époque des crises, si on ne le "fait choir".

    Telle est la conception marxiste de la révolution, conception maintes et maintes fois développée et reconnue indiscutable par tous les marxistes… »

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