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Les dernières chutes boursières sont-elle un signe que le capitalisme approche de sa fin ?

samedi 29 décembre 2018, par Robert Paris

« La catastrophique crise commerciale, industrielle, agraire et financière, la rupture des liens économiques, le déclin des forces productives de l’humanité, l’insupportable aggravation des contradictions de classe et des contradictions nationales marquent le crépuscule du capitalisme et confirment pleinement la caractérisation par Lénine de notre époque comme celle des guerres et des révolutions. »

Léon Trotsky, La guerre et la IVe Internationale, 1934

Crise de conjoncture et crise révolutionnaire du capitalisme

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La revue Capital : « Pour éviter que l’économie mondiale ne sombre dans la déflation comme en 1929, les Banques centrales, notamment la Fed américaine et la BCE européenne, ont fait marcher à plein régime la planche à billets après la crise des subprimes. Elles ont réduit le plus possible leurs taux d’intérêt et se sont mises à racheter de grandes quantités de titres avec de la monnaie créée de toutes pièces – on appelle cela le "quantitative easing". En tout, elles ont ainsi injecté plus de 7.000 milliards d’euros dans le circuit économique. Or, contre toute attente, ces sommes colossales ne sont pas, pour l’essentiel, venues se placer dans l’activité réelle : elles ont été largement aspirées par les marchés financiers, où elles sont venues nourrir la spéculation. Du coup, une multitude de bulles se sont formées, comme celles des actions, des obligations ou des prêts étudiants américains. Ce sont elles qui menacent aujourd’hui d’exploser. »

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Les dernières chutes boursières sont-elle un signe que le capitalisme approche de sa fin ?

Pour certains, le rebond spectaculaire de Wall Street serait un signe de bonne santé, mais cela a été immédiatement pour constater que ce rebond n’était dû qu’à une intervention centrale massive, et suivi d’une rechute. Que les bourses se redressent ou pas, le mal est bien plus profond que des aléas boursiers ou financiers, fussent-ils dramatiques. Une reprise boursière ne serait rien d’autre en effet que le produit d’une intervention étatique et de la FED tout aussi spectaculaire que peu durable. Ceux qui avaient pris des bénéfices en vendant massivement des actions en prennent en achetant massivement. Mais, au-delà de ces conjonctures bonnes ou mauvaises pour les spéculateurs, il y a l’ « économie réelle » qui donne des signes persistants de son incapacité à relancer la source même du véritable profit, l’exploitation de l’homme, la plus-value extraite du travail humain : l’investissement productif privé ne repart pas. Il continue de décliner. C’est là que réside la source de la situation transitoire actuelle, le capitalisme se tenant au bord du gouffre par des méthodes complètement artificielles alors que, naturellement, il est déjà mort.

Ce que les analyste retiennent généralement comme les chutes boursières, la hausse des dettes mondiales, la hausse de la spéculation, les peurs (on parle ici de celles des capitalistes), tout cela n’est que des effets de phénomène bien plus profonds que sont les mouvements des capitaux, leurs investissements et désinvestissements. C’est dans ce dernier domaine que le capitalisme n’est plus ce qu’il était et ne le redeviendra jamais.

Si on affirme que le capitalisme n’est plus en état de fonctionner normalement, on n’est ni magiciens, ni devins, ni diseurs de mauvaise aventure, ni oiseaux de mauvais augure ou liseurs dans les lignes de l’avenir : nous nous contentons d’analyser ce que nous voyons de nos propres yeux, en comparant cela à ce que le capitalisme nous a montré et démontré pendant toute son existence. Et ce que nous voyons depuis 2007-2008 ne nous semble nullement identique à tout le reste u fonctionnement habituel du capitalisme, qu’il soit en période de prospérité ou de récession, de calme ou de crise.

Nos contradicteurs nous disent que chaque crise a été différente et que celle-là est simplement différente. Ou encore, ils nous disent qu’elle est effectivement très grave mais que c’est encore une crise capitaliste classique et que rien n’empêchera le capitalisme de repartir comme il l’a fait tant de fois.

D’une manière générale, ils ne voient pas au nom de quoi on pourrait affirmer que le capitalisme ne parvient plus à se relever, plus du tout et pas difficilement.

Et il leur semble que le fait que le capitalisme se soit effondré en 2007-2008 et qu’il soit toujours en fonction dix ans après leur semble un argument déterminant. Mais nous allons voir ensuite que ce n’est nullement une particularité de cette fin définitive de ne pas être instantanée mais de durer quelques années. C’est seulement parce que la chute des systèmes sociaux, des modes d’exploitation, des régimes politiques et de tout autre système n’est jamais aussi instantanée qu’elle le paraît. Il y a un temps de résistance, puis un temps de rémanence, avant que la chute devienne définitive et parfois un temps aussi pour que cette mort devienne évidente, palpable. Un système structurellement, organisationnellement, fondamentalement mort peut ainsi sembler perdurer aux yeux de tous alors qu’on verra la moindre pichenette le faire chuter.

On a souvent donné l’exemple de l’arbre qui, une fois mort, continue de donner une apparence de vie, de continuer à produire même quelques feuilles, capable parfois de véritables redémarrages, mais aussi de morts occultées par les apparences.

L’exemple de la chute de l’empire romain est bien connu. Son véritable dynamisme était mort depuis belle lurette quand des attaques des « peuples barbares » l’ont fait chuter et il a encore longtemps laissé croire qu’il pouvait renaître de ses cendres mais c’était faux : il avait longtemps vécu et dominé mais il était cliniquement mort.

Certains imaginent la mort d’un système social et politique par l’apparition de son successeur mais, là aussi, ce n’est pas du tout ce que nous apprend l’Histoire des sociétés. La société féodale occidentale ne s’est pas développée directement à la suite de la chute de l’empire romain. La société capitaliste n’a pas succédé directement à la société féodale.

Les régimes politiques meurent eux aussi. La royauté, couronne de la féodalité, a longtemps été le régime incontournable de l’Europe, avant de fléchir et de mourir. Même si des royautés sont toujours en place en Europe, elles n’ont plus rien à voir avec la féodalité, laquelle n’est jamais réapparue quand elle était véritablement morte. Cependant, dans aucun pays, la royauté féodale n’est disparue en un jour, en un mois, en une année. Les mythes comme la prise de la Bastille n’expliquent en rien la chute de la royauté. Une journée révolutionnaire n’est que le produit de la chute et non sa cause directe.

Avec la chute du stalinisme en URSS et dans les pays de l’Est, on a assisté relativement récemment à la chute d’un système de domination d’une partie de l’Europe. Mais cela a représenté aussi une vague de luttes dans le monde entier. Bien d’autres régimes que ceux de l’Est ont été menacés ou renversés : de la Birmanie au Mali, et toute l’Afrique a connu une vague de révolte qui a menacé tous les dictateurs. Les régimes d’Afrique ont été contraints de se réformer, mettant en place le multipartisme et on a pu croire qu’ils avaient retrouvé de la stabilité et du crédit. C’est la dernière crise mondiale de 2007-2008 qui a révélé qu’à l’Est comme en Afrique aucun régime n’était considéré comme crédible par les masses pauvres. Les vagues de révolte s’y sont succédé et continuent encore. Ce n’est pas parce que l’alternative n’a pas été trouvée, que l’énergie révolutionnaire n’est pas suffisante pour mener au renversement des sociétés en place que cela signifierait que ces sociétés soient encore valides. Elles ne le sont nullement.

Certains ont cru que la répression permanente et le « pouvoir fort » étaient le signe de régimes solides et d’une exploitation incontestable. Egypte et Tunisie ont démontré en 2011 que cette analyse était fausse.

Le fait que l’explosion sociale démarre cette fois-ci en France, avec les gilets jaunes, puis s’étende à une bonne partie de la planète démontre que la situation commence à être mûre pour la domination du capitalisme mondial.

Pour ceux qui continuent d’imaginer la mort d’un système comme un événement instantané, isolé, au moins très rapide, la mort du capitalisme apparaît impensable, inconcevable, mais la mort d’aucune société n’aurait pu avoir lieu ainsi et aucune ne serait compréhensible ni explicable, analysable.

Nous ne disons pas que le capitalisme est mort parce que tels seraient nos souhaits. C’est depuis 1970 que nous avons commencé à être révolutionnaires et à souhaiter d’en finir avec le système mondial d’exploitation et d’oppression, mais c’est seulement en 2007 que nous avons affirmé que le capitalisme donnait des signaux de mort inéluctable. Car, si dans les années 2000, la crise profonde avait atteint le capitalisme aux USA et n’était repoussée que par le moyen artificiel des dettes et de leur titrisation, ce remède allait se révéler aussi dangereux que le mal. Il n’empêche que le véritable mal qui frappe le capitalisme, c’est… son succès, c’est d’avoir accumulé bien plus de capitaux qu’il n’est capable d’en investir de manière productive rentable.

Si nous ne suivions que nos souhaits, nous n’aurions cessé de voir la fin du capitalisme à chaque crise et il y en a eu suffisamment depuis la deuxième guerre mondiale !!!

Mais la différence entre ces crises et la situation actuelle est considérable. Les capitalistes eux-mêmes réagissent différemment. Ce qui caractérise le capitalisme finissant, c’est qu’il n’est plus capable de laisser les crises économiques se dérouler « normalement », c’est-à-dire purger les marchés, supprimer les canards boiteux, vu que ceux-ci se révèlent être en fait la totalité des banques et des trusts, la totalité des assurances et des financiers, des bourses et de tout l’appareil économique !!! C’est cela qu’a révélé l’effondrement de Lehman Brothers en 2008 et la réponse des capitalistes du monde nous a aussi révélé qu’ils considéraient cette seule crise comme « systémique », mettant pour la première fois de l’histoire en cause la pérennité du système capitaliste mondial. Et depuis, leurs interventions n’ont fait qu’accroître la taille de la catastrophe : non seulement les dettes sont multipliées par deux et demi mais la masse des capitaux, déjà trop grande par rapport aux capacités de l’absorption par les investissements productifs, s’est considérablement accru de toutes les aides étatiques et centrales.

Le capitalisme n’est pas malade, n’est pas menacé par une crise boursière, le ressort est déjà cassé et rien ni personne n’y peut et n’y pourra rien.

Messages

  • Dans un commentaire publié ce week-end, l’analyste financier Satyajit Das, nommé l’une des 50 personnalités financières les plus influentes du monde par Bloomberg en 2014, a averti que ce qu’il a appelé « la bulle de tout » se dégonflait et qu’une nouvelle crise était en train de se produire. Il a écrit que depuis 2008, les gouvernements et les banques centrales avaient stabilisé la situation, mais que les problèmes fondamentaux de niveaux d’endettement élevés, de faiblesse des systèmes bancaires et de financiarisation excessive n’avaient pas été réglés.

    Sans se référer directement aux débuts d’une montée en force de la classe ouvrière, qu’il qualifie de « déficit démocratique » dans les pays avancés et de « tensions politiques croissantes », il a souligné la « perte de confiance dans les prétendues capacités technocratiques des décideurs politiques », qui aggraverait les problèmes économiques et financiers.

    « L’économie politique pourrait alors s’accélérer vers le point critique identifié par John Maynard Keynes en 1933, où « nous devons nous attendre à la rupture progressive de la structure actuelle des contrats et des instruments d’endettement, accompagnée du discrédit total des dirigeants orthodoxes de la finance et du gouvernement, avec le résultat final que nous ne pouvons prévoir ». »

    Keynes n’a pas fait de prédiction, mais l’histoire a enregistré ce qu’il en a résulté : la détérioration des conditions économiques, la montée des formes de gouvernement fascistes et autoritaires, la guerre commerciale et les conflits économiques nationalistes, conduisant finalement à la guerre mondiale. Ces conditions reviennent maintenant rapidement.

    Quel que soit le résultat immédiat des turbulences actuelles sur les marchés financiers, elles établissent sans aucun doute le fait qu’aucune des contradictions insolubles du système capitaliste mondial n’ait été résolue

  • La Bourse de New York a fini en baisse vendredi, interrompant son rebond de mercredi et jeudi après trois semaines de correction et une chute spectaculaire à la veille de Noël…

    Les interventions centrales et institutionnelles massives ne règlent rien. Le capitalisme a du plomb dans l’aile et son vol devient hiératique...

    Préparons l’avenir...

  • Les banques centrales vont bientôt arrêter leur financement aux Etats et donc aux multinationales et à toutes institutions financières que comptent la planète.
    Les toubibs ont donc décidé à l’avance qu’il était temps d’arrêter les traitements divers . Ils ont prévenu les dirigeants des Etats depuis bien longtemps, car chacun se couvre dans ce monde ou la survie politique et professionnelle est de plus en plus limitées dans le temps. Les médecins n’ont aucun moyen car tout simplement , ils sont en train d’essayer de sauver un corps économique en phase de blocage du mécanisme d’apoptose depuis 10ans : les cellules du corps ne s’autodétruisent plus et ce processus bloqué conduit à la prolifération rapide des cellules cancéreuses. La crise de 2008 a été bloquée par l’intervention massive des Etats impérialistes et des banques centrales. Aucune multinationale n’a fait faillite après la Lehman Brother. Le mécanisme naturel de régulation du surplus de capitaux n’existent plus. L’équilibre des cycles croissance récession crise a été stoppé pour empêcher un effondrement systèmique total en 2008. Un des plus grand trust au monde , l’américain General Motors, a été nationalisé (GM recours d’abord à des désinvestissements massifs, l’État prenant le relais en décembre 2008 par 15 milliards de dollars de prêts d’urgence. Cette politique se poursuit au premier semestre 2009, sur fond d’effondrement des ventes, GM cherchant toujours à éviter une augmentation de capital. Mais en juillet 2009, un tribunal exproprie les actionnaires et les créanciers, au profit d’une nouvelle société, créée de toutes pièces et dotée de 60 milliards de dollars de capitaux propres, quasiment sans dette. Les États américains et canadiens en sont actionnaires dès sa création en août 2009. )
    La liste des sauvetages depuis 2008 jusqu’à aujourd hui est longue comme le chiffe de la dette irremboursable des Etats. la dette du secteur non financier (qui englobe les administrations publiques, les ménages et les entreprises non financières) a atteint 152 000 milliards de dollars. Soit le niveau le plus élevé de dette privée et publique jamais enregistré.
    Le rapport dette/PIB atteint aussi un niveau record, à 225% du PIB, contre 200% il y a 14 ans. chaque 100 Euros ou dollars de richesse produite s’accompagne d’une dette automatique de 225Euros.
    Donc au lieu de rembourser cette dette celle ci double et plus encore, chaque année. Autant dire que cette masse est ingérable du point de vue de l’économie ...
    Ce n’est plus un tonneau perçée, c’est le titanic qu’on essaye de sauver avec des sceaux quand l’eau envahi tous les ponts du navire !
    Pourquoi les capitalistes ont ils bloqué leur propre système ? Pour espèrer gagner du temps et se préparer à mater les révolutions sociales mondiales engendrées par ce chaos économiques. Ils nous préparent donc au final une 3eme guerre mondiale. La réponse des révolutionnaires anti stalinien doit être à la hauteur ou sinon la civilisation humaine connaîtra sa fin définitive et totale.

  • Le président américain a affirmé sur Twitter que 200 milliards de dollars de produits chinois seraient taxés dès vendredi à hauteur de 25%, contre 10% de droits de douane jusque-là.

    En Asie, l’indice Hang Seng de Hong Kong cédait 3,3% suite à ces déclarations.

    Vendredi, le CAC avait terminé en hausse de 0,2% dans le sillage de la publication d’un rapport sur l’emploi américain illustrant le dynamisme de l’économie des Etats-Unis.

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