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Toute l’Afrique (et une bonne partie du monde) a les yeux fixés sur la révolution au Soudan

jeudi 16 mai 2019, par Robert Paris

Malgré les mensonges et fausses perspectives des réformistes, les forces de répression sont prêtes pour le bain de sang !

Toute l’Afrique (et une bonne partie du monde) a les yeux fixés sur la révolution au Soudan

Pour beaucoup de Soudanais, « la révolution soudanaise est une femme ».

Depuis le 19 décembre, les femmes sont à la tête de la révolution au Soudan.

Des milliers de femmes soudanaises qui réclament leurs droits en manifestant dans un pays où les femmes étaient il y a peu jugées pour le simple fait de mettre un pantalon. Les femmes participent activement aux manifestations et elles en sont le fer de lance !

Au Soudan, les femmes, à la pointe de la révolte, clament : « On ne veut pas juste changer ce dictateur, on veut changer le monde ».

Majoritaires dans les manifestations, les « kandakas » mènent la contestation et réclament davantage de place dans la société soudanaise.

Alaa Salah, une étudiante de 22 ans est devenue le symbole de l’insurrection des femmes.
Elles chantent la révolte en poésie populaire :

« Leur non-sens

Révolution !

Ils nous brûlent au nom de la religion

Révolution !

Ils nous tuent au nom de la religion

Révolution !

Ils nous emprisonnent au nom de la religion

Révolution !

Mais la religion n’a pas à être accusée

Révolution !

La foule en refrain :

Thawra ! Thawra (c’est-à-dire : Révolution ! Révolution ! )

La balle ne tue pas

Ce qui tue,

c’est le silence de l’homme

Ma bien-aimée est une Kandaka

Depuis le début du mouvement de protestation, les manifestantes sont désignées comme « Kandaka ».

Kandaka désigne la beauté et la lutte pour les droits des anciennes reines nubiennes.

Le soulèvement, visant la fin du régime du président Omar el-Béchir, a commencé en décembre dernier, déclenché par la hausse du prix du pain.

Il a consisté en un rassemblement de plus en plus massif bloquant le quartier général de l’armée et appelant les soldats à les rejoindre. Plus les forces de police ont employé la violence pour les déloger, plus la population a commencé à rejoindre le mouvement, campant en masse face à l’armée.

Ils ont obtenu le départ du dictateur El Béchir mais pas le soulèvement de l’armée ni le départ de la hiérarchie militaire du pouvoir.

Les revendications politiques ont maintenant pris le pas sur les demandes économiques. Et pourtant c’est bien cette crise économique et monétaire installée depuis de longues années qui a poussé la population à bout.

Le mouvement dépasse largement la capitale du pays, Khartoum. Il a d’ailleurs commencé en province et a embrasé toutes les régions favorisées du Soudan. Les manifestations se sont rapidement propagées dans les principales villes du Soudan, y compris dans la région riveraine du nord – réputée être le bastion du régime – et dans la capitale, Khartoum, où des manifestants ont incendié les locaux du parti, à Dongola. Ceux qui ont connu une relative prospérité il y a dix ans ne supportent plus la déliquescence de l’économie dont le symptôme le plus criant et le plus douloureux est l’inflation. Elle est aujourd’hui à 70%.

À Khartoum, la population était surtout exaspérée des pénuries d’argent cash dans les distributeurs qui l’empêchait de recevoir les salaires pour en vivre.

Les manifestations avaient commencé le 19 décembre, suite au triplement du prix du pain et des pénuries de carburant dans la ville d’Atbara (nord-est) où des manifestants ont incendié les locaux du parti au pouvoir, le Parti national du Congrès. Atbara est connue comme la « ville de l’acier et du feu » en raison de son importance historique pour le réseau ferroviaire et de la présence d’un syndicat combatif de travailleurs des chemins de fer, démantelé sous le régime militaire dans les années 1980.

La fin du régime militaire apparaît comme la première nécessité politique afin d’en finir avec le pillage des richesses par une minorité de corrompus liés au pouvoir et qui détournent l’argent tiré de l’or, du pétrole, des activités agricoles et autres.

Si des porte-paroles autoproclamés du mouvement ont commencé à négocier avec la dictature militaire pour un compromis, le mouvement lui-même ne les a pas cautionnés et a même plusieurs fois manifesté pour les désapprouver.

Ces prétendus représentants du mouvement sont des partis et associations réformistes regroupés au sein d’un front appelé « les Forces pour la Déclaration de liberté ».

Ces forces ont signé un accord avec le Conseil Militaire de Transition qui a remplacé El Béchir au pouvoir. L’accord prévoit la mise en place d’une façade civile du pouvoir avec des ministres technocrates et le maintien de la hiérarchie militaire au sein du pouvoir.

Mais, en fait, c’est la petite clique de milliardaires qu’il faut dégommer et pas seulement l’armée et c’est aux exploités qu’il revient d’être la force capable d’en finir avec les exploiteurs et leurs défenseurs de la hiérarchie militaire.

La jeunesse et la population travailleuse sont descendues dans la rue pour en finir avec tout l’ordre social et pas pour un replâtrage de façade et ils ont suffisamment compris les erreurs du mouvement en Egypte pour ne pas vouloir retomber dans la même ornière. Il n’y a pas de compromis possible avec les chefs militaires et c’est une tromperie qui ne peut qu’être finalement sanglante.

D’ailleurs, l’Egypte voisine est très présente dans l’insurrection, le général-président égyptien al Sissi soutenant le Comité Militaire de Transition soudanais et craignant follement que l’insurrection soudanaise gagne l’Egypte…

Dénonçant les mouvements soudanais et algérien, il a déclaré : « Toutes ces histoires de protestation ont un prix, celui de l’absence de stabilité, que le peuple, les jeunes et les générations futures devront payer ».

Et il n’est pas le seul, les dictateurs tchadien ou camerounais et bien d’autres ont les mêmes craintes tant l’insurrection soudanaise a eu des échos extraordinaires partout sur le continent, alors que l’insurrection algérienne a déjà enthousiasmé les masses travailleuses.

« Rappelez-vous qu’une demi-révolution est un suicide complet, professe sur Facebook Gamal Eid, une figure du mouvement de défense des droits de l’homme égyptien. Ne laissez pas l’armée confisquer les fruits de votre combat. »

Les manifestations égyptiens avaient effectivement cru à l’union du peuple et de l’armée qui avait précipité la chute de Moubarak et, en février 2011, les mutins de Tahrir avaient abandonné la place, ouvrant la voie à la mise en place du régime du général Abdel Fattah Al-Sissi, aujourd’hui président de l’Egypte, qui gouverne par la terreur et par la mort.

L’accord entre le pouvoir militaire et l’opposition soi-disant démocratique est fragile. Ils ne sont pas tombés d’accord sur tout. Le CMT exige : « À notre avis, la charia et les normes et traditions de la République du Soudan doivent servir de bases à la législation », ce que l’opposition ne se sent pas prête d’imposer au mouvement de masse !!! Appliquée sous le régime d’Omar el-Béchir, la charia a conduit notamment à la flagellation de nombreuses femmes pour "comportement indécent" et jamais les manifestants n’accepteront de rester sous cette loi anti-femmes.

D’autre part, les chefs militaires veulent conserver la haute main sur la répression. Notamment, le général Chamseddine Kabbachi a déclaré que, de l’avis du CMT, le pouvoir de décréter l’état d’urgence dans le pays devait incomber à une autorité souveraine et non au gouvernement, sous-entendu une autorité militaire…

Même en se gardant de poser la question sociale, même en acceptant une démocratie de façade, même en conservant la hiérarchie militaire au sein du pouvoir avec des pourcentages en discussion au sein d’un futur « Conseil souverain », les réformistes de négociation, opposition de sa majesté, ne sont toujours pas parvenus à un accord avec l’armée ! Et surtout pas à un accord qu’ils pourraient espérer défendre auprès des révoltés qui conspuent les négociations elles-mêmes.

Pour continuer de payer les forces armées et de police, ainsi que paramilitaires et forces spéciales d’intervention répressive, le pouvoir militaire a reçu le soutien de la bourgeoisie mondiale, notamment occidentale mais surtout saoudienne et émiratie. Sans cette aide internationale, le pouvoir militaire serait déjà tombé.

La répression, momentanément abandonnée, a repris avec ses morts mais le peuple soudanais a répliqué en bloquant les routes…

La révolution soudanaise s’en prend aux trois pouvoirs : armée et forces répressives, chefs religieux et milliardaires. Elle veut virer du pouvoir ces trois forces oppressives insupportables. Les forces de compromis sont incapables de faire accepter à la révolution l’abandon de ces trois objectifs, même en faisant miroiter un gouvernement partiellement civil et l’abandon immédiat de la répression.

Tous les peuples du Maghreb et d’Afrique ont les yeux fixés sur les révolutions du Soudan et d’Algérie. Dans les deux cas, le dictateur est tombé, ici Omar el Béchir, là Bouteflika. Dans les deux cas, le peuple veut en finir avec la dictature militaire mais ne veut pas s’en prendre à l’armée pour éviter le bain de sang. Mais comment en finir avec la dictature si on laisse à l’armée son pouvoir sur les soldats et ses liens avec les classes possédantes ? Le pilier principal de la dictature des classes possédantes est la hiérarchie militaire et ceux-ci ne vont pas y renoncer volontairement ni pacifiquement. Si l’armée, reste intacte, les soldats continuant à obéir à la hiérarchie, demain, ils devront y obéir quand celle-ci dictera de tirer sur le peuple. Sous prétexte de pacifisme, certains des manifestants contre le régime croient pouvoir négocier avec la dictature militaire et beaucoup croient pouvoir laisser en place l’armée tout en mettant au pouvoir un gouvernement civil. Ils ont complètement oublié que c’est exactement cette erreur mortelle qu’avaient faite les révoltés du Rwanda contre la dictature d’Habyarimana et que cela avait mené à un gouvernement civil des opposants politiques démocratiques, avant que les classes possédantes enclenchent le massacre contre la révolution, un vaste crime fasciste sous des prétextes ethniques, en 1994.

Les peuples travailleurs du Soudan et d’Algérie viennent encore de remettre la révolution sociale et politique des opprimés dans l’actualité brûlante. Ils ont proclamé qu’ils ne voulaient pas seulement changer de dictateur mais en finir avec la dictature. Ils ont rejeté d’abord tous les petits arrangements que leur ont proposés les chefs militaires soudanais et algériens qui ont remplacé le dictateur, démis soi-disant par les chefs de l’armée, en réalité par le soulèvement populaire. Mais l’armée, en Algérie comme au Soudan, poursuit ses contacts avec la révolte, refuse bien entendu de quitter le pouvoir, continue de proposer des « sorties de crise » avec une perspective de gouvernement civil sous surveillance militaire. Le peuple n’a pas cautionné ces manœuvres mais le risque existe toujours que, le temps aidant, l’armée parvienne à ses fins. On a déjà vu de tels scénarios dans le passé et cela a mené à des désillusions sanglantes. L’Algérie elle-même a déja payé cher, très cher, des années de la « guerre civile » des années 1990 dans laquelle le pouvoir militaire a fait payer sa peur d’un bain de sang massif, et ce massacre a été le prix des illusions de l’ouverture démocratique du pouvoir algérien après l’explosion de la révolte de 1988, dans laquelle le peuple travailleur s’était gardé de se heurter directement, dans la rue, au pouvoir militaire, acceptant la démocratisation mise en place par le pouvoir militaire et notamment le multipartisme. L’Egypte aussi paie aujourd’hui très cher les mêmes illusions d’entente avec l’armée, suite à la chute de Moubarak que le peuple travailleur égyptien avait renversé, avec la répression du sanglant maréchal Sissi et ses crimes de masse contre les masses populaires égyptiennes.

Ce n’est pas rendre service aux peuples travailleurs que de cultiver leurs illusions sur la nature même du pouvoir d’Etat au service des classes exploiteuses. C’est ce que font bien des prétendus amis des révolutions qui se déroulent dans le monde, qu’il s’agisse des révolutions du Soudan et d’Algérie, des révolutions du Yemen, de Syrie, de Tunisie ou d’Egypte, des révolutions arabes, du Maghreb, du Brésil, de France ou d’ailleurs. L’une des illusions particulièrement tenace est cela de la possibilité d’une démocratisation interne des régimes, du renversement des tyrans sans changement de système. Ces fameux « amis » des révolutions cultivent les illusions démocratiques parce qu’elles tiennent par-dessus tout à ne pas soutenir un mouvement qui ramènerait dans l’actualité la dictature du peuple travailleur exerçant tout le pouvoir directement par lui-même. Comme si la démocratie était seulement une forme que l’on peut juxtaposer, ou pas, sur la société civile, sans changer fondamentalement celle-ci, sans changer la mainmise sur les richesses, sans renverser la classe possédante, comme si la dictature n’était pas d’abord nécessaire aux classes possédantes pour les protéger des débordements du peuple travailleur !

Les révolutions égyptienne et tunisienne ont-elles aussi échoué, faute d’avoir renversé le pouvoir militaire. Les généraux Sissi et Haftar sont le produit de ces deux révolutions qui sont restées en chemin… Dans le passé d’autres peuples travailleurs en révolution ont fait la même erreur de s’arrêter en chemin, de ne pas s’en prendre à l’armée, de ne pas casser le pouvoir de la hiérarchie militaire en organisant les petits soldats aux côtés du peuple travailleur, et de chercher l’entente avec elle, comme au Mali et en Birmanie en 1991, comme en Côte d’Ivoire en 2001 ? Va-t-il en advenir de même des révolutions algérienne et soudanaise ? Jusqu’à quand allons-nous laisser les forces armées exercer le véritable pouvoir et nous contenter de renverser le pouvoir factice des hommes politiques, fussent-ils des dictateurs ? Déjà Victor Hugo, grand observateur des révolutions en France, affirmait qu’une révolution qui ne va pas jusqu’au bout dévore ses enfants !

Victor Hugo écrit :
« Qui arrête la révolution à mi-côte ? La bourgeoisie. Pourquoi ? Parce que la bourgeoisie est l’intérêt arrivé à satisfaction. (...) Il y en a qui disent qu’il faut me tirer un coup de fusil comme un chien. Pauvre bourgeoisie. Uniquement parce qu’elle a peur pour sa pièce de cent sous. (...) Ouvriers de Paris, vous faites votre devoir et c’est bien. Vous donnez là un bel exemple. La civilisation vous remercie. »
« Désormais ce mot, Révolution, sera le nom de la civilisation. »
« Des républicains de l’espèce dite « républicains farouches » ne sont autres que des autocrates retournés. Ils disent : « La République, c’est nous ! » absolument comme Louis XIV disait : « L’Etat, c’est moi ! »
« Oui, tous tant que nous sommes, grands et petits, puissants et méconnus, illustres et obscurs, dans toutes nos oeuvres, bonnes ou mauvaises, quelles qu’elles soient, poèmes, drames, romans, histoire, philosophie, à la tribune des assemblées comme devant les foules du théâtre, comme dans le recueillement des solitudes, oui, pour tout, oui, toujours, oui, pour combattre les violences et les impostures, oui, pour réhabiliter les lapidés et les accablés, oui, pour conclure logiquement et marcher droit, oui, pour consoler, oui, pour secourir, pour relever, pour encourager, pour enseigner, oui, pour panser en attendant qu’on guérisse, oui, pour transformer la charité en fraternité, l’aumône en assistance, la fainéantise en travail, l’oisiveté en utilité, la centralisation en famille, l’iniquité en justice, le bourgeois en citoyen, la populace en peuple, la canaille en nation, les nations en humanité, la guerre en amour, le préjugé en examen, les frontières en soudures, les limites en ouvertures, les ornières en rails, les sacristies en temples, l’instinct du mal en volonté du bien, la vie en droit, les rois en hommes, oui, pour ôter des religions l’enfer et des sociétés le bagne, oui, pour être frères du misérable, du serf, du fellah, du prolétaire, du déshérité, de l’exploité, du trahi, du vaincu, du vendu, de l’enchaîné, du sacrifié, de la prostituée, du forçat, de l’ignorant, du sauvage, de l’esclave, du nègre, du condamné et du damné, oui, nous sommes tes fils, Révolution ! »

Hugo a raison. Toutes les tentatives, celles des réformistes comme celles des contre-révolutionnaires, militaires et fascistes de toutes sortes, d’éradiquer la révolution sociale ne mènent qu’à des bains de sang catastrophiques. Eviter la révolution, éviter que les travailleurs renversent la bourgeoisie, ce n’est pas éviter les affrontements, les morts et la misère. On vient de le voir dans les « printemps arabes », où les exploités n’ont pas été jusqu’au bout, jusqu’à contester le pouvoir des classes possédantes, leur mainmise sur l’armée et sur les entreprises notamment. Si la lutte des travailleurs se développe demain, face à l’effondrement économique capitaliste, mais ne va pas jusqu’au bout, jusqu’à la révolution sociale, toutes les horreurs que le monde capitaliste sera capable de déverser tomberont sur nos têtes.

La suite

Lire aussi

La leçon de l’Egypte

Un autre exemple : le Mali

Messages

  • Se déclarant "exaspérés" par la montée en force des manifestants à Khartoum où le peuple n’a cessé de prendre de la place, les généraux soudanais au pouvoir ont suspendu "pendant 72 heures" les discussions sur la formation d’institutions devant conduire le pays à un pouvoir civil.

    L’armée veut tenter de disperser la foule à Khartoum pour avoir un rapport de forces lui permettant d’imposer ses vues à l’opposition réformiste.

    Un groupe des Forces Soudanaises de "Soutien Rapide" (des forces spéciales violentes de répression) ont entamé la dispersion du sit-in devant le siège du commandement de l’armée à Khartoum.

    Des témoins oculaires ont affirmé à Anadolu que des membres du « Soutien rapide » ont enlevé les barrages en béton devant le portail du siège du commandement des forces navales provoquant des affrontements avec les manifestants. Ces affrontements ont fait un blessé dans les rangs des manifestants qui a été pris en charge par les unités médicales détachées sur les lieux du sit-in.

    Des soldats de l’armée soudanaise se sont interposés en mettant l’accent sur le caractère pacifique du sit-in.

  • L’opposition réformiste et le CMT se rejettent la faute mais aucun ne veut rompre définitivement les pourparlers, montrant ainsi l’hypocrisie des deux camps et leur impossibilité pour le moment de se donner une autre perspective que cette fausse négociation.

    Les violences dans la capitale jettent une ombre sur les discussions menées par le CMT et la "Déclaration des forces de la liberté et du changement" (DFLC), alliance d’organisations d’opposition et de la société civile, afin de sceller un accord sur la structure d’une autorité de transition après le départ forcé du président Omar el Béchir en avril.

    Représentants de l’opposition et de l’armée se sont mutuellement accusés d’être à l’origine des violences.

    "Nous tenons l’armée pour responsable des attaques contre les civils", a déclaré à Reuters un porte-parole de l’Association des professionnels soudanais, cheville ouvrière de la contestation. "Ils utilisent les mêmes méthodes que le précédent régime face aux rebelles", a ajouté Amjad Farid.

    Le chef du CMT, le général Abdel Fattal al Burhan, a reproché aux manifestants d’avoir rompu une entente sur une désescalade pendant la tenue des négociations et a déclaré que des contestataires perturbaient la vie de la capitale en bloquant des routes situées en dehors des zones autorisées.

    Dans un discours télévisé diffusé dans la nuit de mercredi à jeudi, il a annoncé que le CMT avait décidé de suspendre les discussions avec l’opposition pendant 72 heures, précisant attendre une "atmosphère plus propice à la conclusion d’un accord".

    Un journaliste de Reuters et des témoins ont rapporté que des soldats, à bord de véhicules siglés du logo du groupe paramilitaire FSR, ont lourdement fait feu près du siège du ministère des Affaires étrangères, dans le centre de Khartoum, afin de disperser des manifestants.

    Ce qui rend impossible un accord entre armée et opposition, c’est l’irruption des masses soudanaises mais c’est aussi la profondeur de la crise économique et sociale qui n’est pas prête de se calmer !!!

    Il n’y a pas d’autre alternative : ou faire chuter la dictature militaire en gagnant les soldats ou le bain de sang.

  • Entre autres points inacceptables, le CMT avait annoncé mardi que leur chef Abdel Fattah al-Burhane dirigerait lui-même le futur conseil conjoint avec les civils en maintenant la charia et en maintenant l’austérité contre les plus pauvres. Les réformistes n’ont même pas osé dire au peuple ce que leur avaient dit les militaires !!!

  • Les réformistes n’ont pas le jeu facile pour mentir au peuple. La hiérarchie de l’armée ne peut pas quitter le pouvoir sans prendre des risques énormes pour les classes possédantes : la révolte sociale est considérable. Si l’exécutif militaire transitoire consentait à s’effacer, ses généraux risqueraient leur vie ne serait-ce que parce qu’ils sont impliqués dans les exactions perpétrées au Darfour et dans le Sud-Kordofan, théâtre depuis 2012 d’une rébellion armée et guetté par le spectre de la partition. Quant à la charia, jamais les femmes en lutte et les manifestants n’accepteront son maintien !

  • Entre autres points inacceptables, le CMT avait annoncé mardi que leur chef Abdel Fattah al-Burhane dirigerait lui-même le futur conseil conjoint avec les civils en maintenant la charia et en maintenant l’austérité contre les plus pauvres. Les réformistes n’ont même pas osé dire au peuple ce que leur avaient dit les militaires !!!

  • Drôle de militaire pacifiste, le général Burhan a défendu les unités controversées de la Force de soutien rapide (RSF) accusées d’interventions musclées contre les manifestants qui ont fait huit blessés mercredi et six tués – cinq civils et un militaire – lundi soir. « La RSF a joué un rôle de premier plan en temps de guerre et de paix et a pris la défense du peuple et contribué au succès de sa révolution », a-t-il affirmé. Il a souhaité pendant la période de 72 heures une levée des barricades à Khartoum, la réouverture d’une ligne de chemin de fer reliant la capitale au reste du pays qui a été fermée, selon lui, par les manifestants et la fin de leurs « provocations » à l’égard des forces de l’ordre.

    On sent dans ses propos l’impuissance des forces armées mais en même temps leur volonté violente d’en finir avec le peuple et son pouvoir. Il n’y aura pas de conciliation entre les deux !

  • Les femmes et les manifestants :

    Ils nous brûlent au nom de la religion

    Révolution !

    Ils nous tuent au nom de la religion

    Révolution !

    Ils nous emprisonnent au nom de la religion

    Révolution !

  • Un point à remarquer : le Soudan était déjà en tête, mondiale !, pour la part des richesses nationales utilisées dans les forces de répression de la population !!!

  • Les islamistes, qui ont gouverné le Soudan pendant trente ans, peuvent-ils disparaître du jour au lendemain ? A travers les « comités populaires » établis dans chaque village et chaque quartier, ils contrôlaient, en collaboration avec les agents du Niss, la vie sociale dans ses moindres détails. Ils réglaient les questions de voisinage, délivraient des permis d’installation, des autorisations de travail, des certificats de bonne conduite, faisaient œuvre de charité et surtout espionnaient les faits et gestes de la population. « Ces racines-là vont être difficiles à arracher, reconnaît un analyste soudanais. Mais les membres du NCP ne sont plus idéologisés, cela n’a rien à voir avec les années 80. Tout le monde a pu constater le fossé entre leur discours de pureté et l’étendue de la corruption… L’adhésion au NCP, ces dernières années, était uniquement une question d’accès aux postes et aux ressources. » Les islamistes, qui ont gouverné le Soudan pendant trente ans, peuvent-ils disparaître du jour au lendemain ? A travers les « comités populaires » établis dans chaque village et chaque quartier, ils contrôlaient, en collaboration avec les agents du Niss, la vie sociale dans ses moindres détails. Ils réglaient les questions de voisinage, délivraient des permis d’installation, des autorisations de travail, des certificats de bonne conduite, faisaient œuvre de charité et surtout espionnaient les faits et gestes de la population. « Ces racines-là vont être difficiles à arracher, reconnaît un analyste soudanais. Mais les membres du NCP ne sont plus idéologisés, cela n’a rien à voir avec les années 80. Tout le monde a pu constater le fossé entre leur discours de pureté et l’étendue de la corruption… L’adhésion au NCP, ces dernières années, était uniquement une question d’accès aux postes et aux ressources. »

    Déjà, dans certains quartiers, les comités révolutionnaires nés pendant le soulèvement sortent de la clandestinité pour tenter de supplanter les comités populaires du NCP.

  • Les chefs de la contestation au Soudan appellent à la « désobéissance civile ». L’Association des professionnels du Soudan (SPA) veut faire pression sur les militaires au pouvoir, accusés de répression brutale contre les manifestants. Cet appel survient aussi cinq jours après la violente dispersion par les forces de sécurité d’un sit-in organisé depuis le 6 avril devant les quartiers généraux de l’armée à Khartoum, dans le prolongement du mouvement de contestation déclenché en décembre. Qualifiée de « massacre » par la contestation – au moins 108 personnes sont mortes – cette dispersion a été suivie d’une vague de répression cette semaine. Selon des habitants, un climat de « terreur » s’est emparé de la capitale.

  • Une grève générale illimitée à l’échelle nationale a pratiquement paralysé les villes du Soudan dimanche, près d’une semaine après que les forces de sécurité ont lancé un bain de sang contre-révolutionnaire en attaquant un sit-in de masse devant le quartier général du ministère de la Défense à Khartoum. Le Comité central des médecins soudanais estime que 118 manifestants ont été tués, dont quatre dimanche, et que 784 autres ont été blessés depuis le début de la répression lundi dernier.

    Des dizaines de milliers de Soudanais se rassemblaient régulièrement depuis des mois à l’extérieur du ministère de la Défense et protestent dans tout le pays dans le cadre du mouvement populaire qui a commencé en décembre 2018 pour exiger la fin du régime militaire et le transfert du pouvoir à un gouvernement démocratiquement élu.

    Le Conseil militaire de transition (TMC) a pris le pouvoir lors d’un coup d’État le 11 avril, évinçant le président Omar el-Béchir après des mois de protestations massives, dans le but d’empêcher un renversement révolutionnaire de l’ensemble du régime militaire, au pouvoir depuis trois décennies.

    Dirigées par le chef adjoint du TMC, le lieutant général Hamdan « Hemeti » Dagalo, qui aspire à prendre la place d’Al-Bashir en tant que dictateur, les paramilitaires des Force de soutien rapide (RSF) ont dispersé le sit-in le 3 juin à l’aide de tirs à balles réelles et de grenades assourdissantes.

    Des dizaines de manifestants ont été expulsés ou jetés du pont du Nil Bleu par les RSF, certains avec des blocs de béton attachés à leur corps pour s’assurer qu’ils se noient et qu’on ne retrouve pas leur corps. Les RSF, formées de la tristement célèbre milice Janjaweed, a déployé les mêmes tactiques brutales au cœur de Khartoum qu’elles ont utilisées pour réprimer les rébellions au Darfour et dans l’est du pays.

    Ce déchaînement de violence fait suite à la visite de Dagalo chez le prince héritier Mohammed bin Salman en Arabie saoudite et aux voyages du général Abdel Fattah al-Burhan, chef du TMC et dirigeant de facto du Soudan, à Abu Dhabi et au Caire, où il a reçu des conseils du dictateur égyptien, le général Abdel Fattah Al-Sissi, sur comment noyer une révolution dans le sang.

  • L’armée a cherché à briser le mouvement de grève en bloquant les médias sociaux, en coupant l’accès mobile à Internet et en arrêtant des « employés essentiels », y compris des cadres de banques et des employés des aéroports et des services publics d’électricité, et en les forçant à travailler sous la menace d’une arme.

    Malgré cet effort d’intimidation, les travailleurs et les professionnels ont exprimé leur détermination à poursuivre la grève jusqu’au départ de la junte. « Nous ne retournerons pas au travail tant que le syndicat [du SPA] n’aura pas annoncé la fin de la grève », a déclaré à Reuters Ahmad al-Noor, un employé de 46 ans d’une entreprise alimentaire privée. « Le Soudan doit être gouverné par un gouvernement civil. »

    « Les barrages routiers m’ont empêché d’aller au marché pour acheter des légumes », a déclaré à l’AFP Hassan Abdelrahim, vendeur de légumes. « Cela aura un impact sur mon revenu, mais quand je regarde ces jeunes qui sont dans la rue depuis six mois, je ne suis pas en colère même si je perds mon revenu. »

    Une déclaration publiée par la SPA déclarait que la campagne de désobéissance civile se poursuivrait jusqu’à ce qu’ « un gouvernement civil s’annonce au pouvoir à la télévision publique ». La SPA fait partie de l’alliance civile d’opposition populaire des Forces pour la déclaration de liberté et de changement (FDFC), qui a engagé des pourparlers avec le TMC sur un transfert du pouvoir.

  • Le massacre du 3 juin à Khartoum a montré le vrai visage du Conseil militaire de transition. Son agenda s’inscrit dans la continuité des méthodes de l’ancien régime : un gouvernement militaire sans partage imposé par la terreur.

    Les militaires prétendaient se donner un air démocratique sans rien changer sur le fond. Mais le lundi 3 juin, le masque est tombé. Les miliciens du RSF sous le commandement de Hemetti ont attaqué le sit-in démocratique qui était installé depuis deux mois devant le ministère des Armées pour réclamer la passation du pouvoir aux civils. Ils ont mis le feu aux tentes, brûlant vifs les dormeurs, tirant à balles réelles sur les jeunes qui tenaient les barricades et sur ceux qui essayaient de s’enfuir, fouettant et violant tous ceux qui se trouvaient sur leur passage. Rien qu’à Khartoum, ils auraient tué plus d’une centaine de personnes et blessé plus de 500 autres, selon le Comité central des médecins soudanais. Des centaines de personnes sont encore portées disparues. Des cadavres continuent de remonter à la surface du Nil. Ce massacre est une réplique des massacres commis sous le commandement du même général Hemitti dans les villages du Darfour.

    Depuis une semaine, des millions de Soudanais vivent en état de siège. A Khartoum, les miliciens du RSF s’introduisent dans des maisons au hasard pour agresser et piller les habitants. La résistance pacifique continue. Les Soudanais ont lancé dimanche un grand mouvement de désobéissance civile : grève générale, reconstruction permanente des barricades pour entraver le mouvement des milices, marches pour demander la passation du pouvoir au peuple.

  • Le Conseil militaire de transition (TMC) au pouvoir au Soudan a reconnu pour la première fois, jeudi 13 juin, avoir ordonné la dispersion d’un sit-in de manifestants début juin devant le QG de l’armée à Khartoum, qui a fait cent morts.

  • En dépit des difficultés à accéder à internet coupé par le pouvoir militaire, le mouvement de contestation soudanais a réussi à faire circuler un appel à une reprise des manifestations nocturnes dans la capitale et partout ailleurs dans le pays, à partir du mardi 18 juin 2019.

  • Les habitants sont déjà descendus dans les rues les nuits précédentes jusqu’au petit matin, lançant ce que le mouvement qualifie de "troisième vague" de la révolution soudanaise. "La marche de votre révolution victorieuse dans les villes, villages et campagnes s’organise à nouveau, réaffirmant notre engagement auprès de nos chers martyrs qui ont méprisé la mort et qui vivent désormais éternellement en nous", affirme le communiqué de l’ALC.

  • Au Soudan, plusieurs milliers de manifestants sont sortis dans les rues de la capitale, Khartoum, dimanche 30 juin, pour réclamer le transfert du pouvoir – détenu par les militaires – aux civils, à l’appel de l’Alliance pour la liberté et le changement (ALC), fer de lance de la contestation.
    La police a répliqué par des tirs de gaz lacrymogènes sur les centaines de manifestants qui marchaient en direction du palais présidentiel, tandis que les redoutés paramilitaires des Forces de soutien rapide (RSF) ont été appelés en renfort.
    Au moins cinq manifestants ont été tués dans les rassemblements, a annoncé un comité de médecins proche de la contestation. Quatre morts ont été rapportés à Omdourman, ville voisine de Khartoum, et une cinquième victime dans la ville d’Atbara, dans le centre du pays. « Il y a également de nombreux blessés graves touchés par les balles des milices du Conseil militaire », dans les hôpitaux de la capitale et des provinces, selon le comité.
    Dans trois quartiers de Khartoum – Bari, Arkaweit et Al-Mamoura –, la police a tiré des gaz lacrymogènes sur les manifestants qui criaient « Pouvoir civil ! Pouvoir civil ! », selon des témoins. Les forces de sécurité ont également tiré des gaz lacrymogènes dans la ville de Gadaref, dans l’est du pays, ont indiqué d’autres témoins.
    Brandissant des drapeaux soudanais et faisant le signe de la victoire, hommes et femmes ont envahi les rues du quartier d’Al-Sahafa à Khartoum.

  • Des paramilitaires soudanais ont empêché, samedi 29 juin, la tenue d’une conférence de presse organisée par un acteur majeur du mouvement de contestation, à la veille d’une grande manifestation contre les généraux au pouvoir, ont annoncé les organisateurs.

    Une de ses composantes majeures, l’Association des professionnels soudanais (SPA), devait organiser samedi soir une conférence de presse pour aborder le rassemblement du lendemain, mais des paramilitaires des Forces de soutien rapide (RSF) ont interdit l’événement, selon un chef de la contestation, Ahmed Al-Rabie.
    « Avant le début de la conférence, trois véhicules des RSF, avec à leurs bords des hommes armés, sont venus à notre bâtiment et nous ont dit de ne pas organiser » le briefing, a-t-il dit à l’AFP. Ils ont « ordonné à tous ceux qui étaient présents de quitter » les lieux, a-t-il ajouté, rappelant que deux responsables du mouvement avaient été interpellés vendredi.

  • Le bras de fer continue entre le Conseil militaire de transition et l’ALC...

    L’ALC, principal acteur de la contestation au Soudan, organise le 13 juillet une manifestation pour commémorer la dispersion du sit-in du 3 juin. Le mouvement appelle également à une journée de désobéissance civile dans tout le pays dès le lendemain.

    Le conseil militaire transitoire au Soudan continue à souffler le chaud et le froid. Il empiète une nouvelle fois sur plusieurs points des accords déjà signés avec les réformistes et veut recommencer les négociations. Après avoir déclaré dimanche qu’il a répondu à la médiation conjointe Éthiopie-Union africaine, le voilà qui réclame d’occuper d’une manière permanente la présidence du futur conseil souverain. Selon les accords et l’initiative commune, le conseil souverain devait être composé de 15 membres, 7 civils de l’opposition, 7 militaires et une personnalité civile neutre. Quant à la présidence de ce conseil souverain, elle sera tournante.

  • Malgré les violences contre-révolutionnaires de l’armée au pouvoir, les réformistes persistent et signent dans leur volonté de négocier la démocratie avec eux...

    Au Soudan, généraux et leaders de la contestation trouvent un accord sur l’instance de transition.

    Le numéro deux du Conseil militaire, le général Mohammed Hamdan Daglo, surnommé « Hemeidti », a salué l’accord en prenant la parole après le médiateur. « Nous voulons rassurer toutes les forces politiques (…) et tous ceux qui ont participé au changement, a-t-il dit. Cet accord sera complet, il n’exclura personne et inclura toutes les ambitions du peuple. »

    Selon un plan de transition établi par les médiateurs de l’UA et de l’Ethopie, le Conseil souverain devait initialement être présidé par un militaire pendant dix-huit mois, avant qu’un civil ne prenne la relève jusqu’à la fin de la transition.

    Mais il y aurait toujours des militaires au pouvoir, toujours la charia, toujours aucun pouvoir au peuple...

  • Depuis, la répression a fait 136 morts, dont une centaine dans la seule dispersion du sit-in, selon un comité de médecins proche de la contestation. Les autorités parlent de 71 morts. Des dizaines de personnes avaient déjà été tuées dans la répression des manifestations lancées en décembre, après la décision du gouvernement de tripler le prix du pain.

    L’opposition réformiste continue de trahir en pactisant avec l’Etat-major !!!

  • Un peu plus de trois mois après la chute du président Omar Al-Bachir, les généraux au pouvoir au Soudan et les meneurs réformistes, qui se réclament du mouvement de contestation sans en soutenir la plupart des buts, ont signé un accord. avec les chefs de l’armée, accord qui ne donne pas le pouvoir aux civils, qui ne supprime pas la charia, qui ne supprime pas le pouvoir des religieux, qui n’accorde pas la liberté aux femmes, qui ne s’attaque pas à la misère, qui ne s’en prend pas aux riches, etc...

  • Au Soudan, le peuple travailleur veut toujours gouverner lui-même mais les traîtres réformistes ont magouillé un accord avec la dictature de partage du pouvoir qui ne contient pas les revendications du mouvement révolutionnaire.

    « Pouvoir civil », ont-il scandé, promettant de venger ceux qui ont péri dans la répression des manifestations. Ils n’ont pas scandé : partage du pouvoir avec les militaires, ni maintien de la charia, ni maintien en prison des manifestants et blanchiment des militaires assassins !!! Et surtout pas pouvoir des exploiteurs maintenu !!!

  • Les autorités de transition soudanaises ont ordonné, jeudi 28 novembre, la dissolution du parti du président déchu Omar Al-Bachir et le « démantèlement » de son régime, qui a régné sans partage pendant près de trente ans. « Le Parti du Congrès national est dissous » et tous ses biens sont confisqués, proclame une loi intitulée « démantèlement du régime du 30 juin 1989 » adoptée par le nouveau Conseil souverain au pouvoir et par le gouvernement du premier ministre, Abdallah Hamdok. « Aucun symbole du régime ou du parti n’est autorisé à s’engager dans quelque activité politique que ce soit pendant dix ans », ajoute le texte.
    L’armée a pris le pouvoir et est parvenue à se faire cautionner par des réfomsites entrant dans le gouvernement et elle se garde de remettre en cause la classe possédante, les forces armées, l’état-major notamment, et tous les moyens de répression !!!

    Le Conseil souverain a également approuvé jeudi l’abrogation d’une loi sur l’ordre public, en vertu de laquelle des milliers de Soudanaises ont été condamnées au fouet, à de la prison ou à de lourdes amendes pour « tenue indécente » – comme le simple port du pantalon – ou pour avoir fait la fête. Mais il ne remet pas en cause la charia comme le demandaient les manifestants !

  • C’est le 19 décembre 2018 que la colère éclate partout. D’abord dans la cité ouvrière d’Atbara, dans le Nord, puis la ville voisine de Dongola, à Port-Soudan, dans l’est du pays, à El Obeid dans le centre, et évidemment à Khartoum, la capitale. On manifeste, on défile dans les rues. Mais surtout, on s’organise autour de chez soi, avec un mot d’ordre central.

    « Au début, l’objectif était vraiment la chute matérielle et effective du régime, raconte Sarra Majdoub. Ils scandaient "Tasgot bas !", c’est-à-dire : "Tu t’en vas, c’est tout." Il fallait que le régime chute, point final. On s’organisait surtout la nuit. Les gens se retrouvaient, faisaient le bilan au jour le jour de la mobilisation, de ce qui se passait ici ou là, des reflux de la répression. »

    Si les personnalités de l’Association des professionnels soudanais, l’aile politique de la contestation, mène la bataille de l’organisation, elle s’appuie sur les comités, où les Soudanais débattent, se disputent parfois, se mettent d’accord sur les prochaines étapes à franchir. « C’est vraiment un modèle très intéressant, enchaîne Sarra Majdoub. Leur travail consistait à décider comment s’organiser concrètement, quelle tactique développer, quelle méthode utiliser pour occuper telle place, pour se rendre à telle marche. C’était vraiment, à la fois logistiquement et politiquement, le lieu-clé de la mobilisation. »

    La suite est désormais connue. Le 11 avril, Béchir est renversé par une révolution de palais, un coup d’État militaire mené par plusieurs généraux, appuyés par les omniprésentes Forces de soutien rapide de l’ancien chef janjawid Mohamed Hamdan Dagalo, dit « Hemeti », qui se révèle l’homme-clé de la manœuvre. Du coup, les militaires - les paramilitaires, surtout - prennent la situation en main. Ils répriment dans le sang, début juin, le rassemblement festif et politique qui se tenait devant le quartier général de l’armée, épicentre de la révolution, depuis des semaines.

    Comme toujours dans les révolutions populaires, depuis 1789 en France jusqu’à 2019 au Soudan, la flamme mettant le feu à tout un système peut paraître anodine. En l’occurrence, il s’agit de la hausse du prix du pain, dans un Soudan déjà durement touché par l’isolement politique et économique d’un régime qui n’avait, à ce moment-là, plus beaucoup de marge de manœuvre.

    C’est alors qu’ont surgi sur la scène politique ces acteurs anonymes appelés dans le pays les « comités de résistance de quartier », rassemblant des citoyens familiers, vivant dans le même pâté de maison ou dans la même rue. « On voyait toutes sortes de gens, explique la chercheuse Sarra Majdoub, qui a passé plusieurs mois cette année auprès d’eux. Mais on va dire que ceux qui prenaient les devants étaient des jeunes hommes et des jeunes femmes, avec des capacités, des réseaux et une certaine agilité. Ce ne sont pas des gens qui avaient des ambitions de carrière militante. Ils avaient surtout un savoir-faire, né comme ça, du bas, de la pratique quotidienne de la ville, de la mobilisation, de la désobéissance civile, répondant à des questions comme : "Comment va-t-on faire ? Comment va-t-on se protéger contre la répression au quotidien ?" »

  • La population résiste au coup d’état militaire au Soudan !

    Au Soudan, l’appel à la grève générale les comités de résistance populaire et soutenu par les syndicats après le coup d’État de lundi 25 octobre semble largement suivi. La capitale Khartoum était totalement à l’arrêt mardi et des manifestations ont eu lieu dans plusieurs villes de province. Malgré les restrictions du réseau téléphonique, les partisans de la résistance passive commencent à s’organiser. Du côté des alliés des militaires, c’est le silence. Le Premier ministre Abdallah Hamdok a été ramené chez lui.

    « Les comités de résistance se sont organisés, explique Abdelkhalik, membre du comité de résistance de Taef. De nombreuses barricades ont été montées car ils y a eu plusieurs attaques des Forces de soutien rapide. À chaque fois, ils les détruisent et nous les reconstruisons. Ces jeunes-là qui les tiennent sont là depuis 6h du matin, et resteront jusqu’à minuit, dans tous les quartiers. »

    Les comités de résistance appellent à une marche du million samedi prochain. « Le 30 octobre sera un jour de mobilisation massive à travers le pays pour faire chuter le gouvernement des généraux et les restes du régime d’al-Bachir. Nous sommes en contact avec nos homologues dans toutes les régions et gouvernorat du pays », assure Abdelkhalik. « Aujourd’hui personne n’est allé à l’université, ni au travail, témoigne un autre habitant. On se prépare. On ne bougera pas d’ici tant que nos demandes ne seront pas entendues. Je n’ai pas peur. Des martyrs de ma génération sont tombés. Aujourd’hui, soit on respecte mes droits soit je suis prêt à mourir. »

  • Négocier avec les militaires ne sert à rien à part tromper le peuple travailleur et éteindre la révolution mais cela n’empêche pas les réformistes de continuer à la prôner

    https://news.google.com/articles/CAIiECAOvadomVX8MbHU72_ECboqFwgEKg4IACoGCAowlvAqMIeOATCL1ssG?hl=fr&gl=FR&ceid=FR%3Afr

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