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Considérations sur les gilets jaunes. Il n’y a pas que Paris qui brûle...

mercredi 24 juillet 2019, par Robert Paris

Nous recevons de Tridni Valka ce texte de camarades de Prolétaires internationalistes que nous publions bien volontiers :

Il n’y a pas que Paris qui brûle…

Quelques considérations sur les gilets jaunes

Présentation

Des manifestants qui rompent un cordon policier. Des manifestants qui lancent des pierres sur les CRS jusqu’à ce que ces derniers prennent la fuite. Des manifestants arborant le drapeau tricolore qui chantent à tue-tête la Marseillaise. Des manifestants qui organisent une barricade pour piller les magasins de luxe. Des images redondantes qui reflètent la nature confuse et contradictoire du mouvement.

En effet, dans n’importe laquelle des manifestations des gilets jaunes on trouve des revendications en faveur du RIC et du Frexit, qui s’accompagnent d’une attaque constante contre la propriété privée. On tisse aussi des liens de solidarité, on s’approprie d’espaces de rencontre et d’association prolétarienne : bref, on remet en question d’une façon pratique la démocratie. Mais la nation et ses symboles, dont la Révolution française, est omniprésente, agissant à la fois comme un symbole de fierté nationale et de soulèvement contre la tyrannie et la misère.

Les gilets jaunes sont ― si certains en douterait encore ― un mouvement prolétarien. Comme dans tout mouvement prolétarien, il s’y exprime à la fois le prolétariat réellement existant et le monde qu’il anticipe. La confusion actuelle du prolétariat, sa faiblesse en tant que classe, son manque de mémoire que les vainqueurs lui ont expropriée ne l’empêchent pas de lutter instinctivement et inévitablement pour ses besoins contre le capital, qui le nie pour se reproduire. À son tour, il nie le capital et son contrôle sur sa vie. Dans cette lutte, le prolétariat est obligé de se nier lui-même, de se réaffirmer en tant que communauté de lutte contre sa propre existence isolée, citoyenne et démocratique. Cette contradiction, essentielle au capitalisme, inhérente à sa propre reproduction, est ce qui nous permet même de penser à la possibilité d’une révolution. Elle devient matérielle, physique, étrangère à nos volontés et à nos consciences individuelles. C’est ainsi que le prolétariat anticipe un autre monde dans son combat, tout en continuant à traîner une partie de sa merde, qui deviendra la base de sa propre défaite s’il ne parvient pas à la surmonter.

Quoi qu’il en soit, cette contradiction ne peut être ignorée par aucune analyse militante qui considère sérieusement les caractéristiques du mouvement, ses avancées et ses limites, ainsi que le rôle que les minorités révolutionnaires peuvent y jouer. Deux approches ― les deux faces d’une même pièce ― reviennent souvent dans l’analyse de notre classe et nous empêchent de comprendre cette contradiction. La première est idéaliste et réduit le mouvement à ce qu’il dit et pense de lui-même. Elle omet ce que le mouvement fait pour conserver le drapeau qu’il brandit et le rejette à la moindre revendication sociale-démocrate qui s’affiche sur ses banderoles. La seconde est objectiviste et vise à comprendre la nature du mouvement en fonction de sa composition sociologique. Tel un chirurgien, le scalpel à la main, elle prend individu par individu et les place dans l’une ou l’autre colonne en fonction de leur revenu, de leur position dans le système productif, du quartier où ils habitent ou des études qu’ils ont menées. Une fois démembré, statistiquement elle recoud tous les fragments et prétend avoir reconstitué le tout. Nous avons ici un mouvement petit-bourgeois qui a réussi à se mettre un prolétariat abruti dans la poche pour défendre l’économie nationale : voilà son mouvement des gilets jaunes.

Parallèlement à ces deux approches, qui souvent vont de pair, il en est apparu une troisième au cours de ces derniers mois : celle-ci de nature antifasciste. Elle reprend cette vision idéaliste et objectiviste et elle se scandalise lorsqu’elle voit autant de drapeaux français qu’elle entend de Marseillaise. Elle réduit le mouvement aux petits groupes d’extrême-droite qui font la cour au mouvement et se souvient avec nostalgie des bonnes vieilles processions d’antan, nettement de gauche, lorsque la CGT livrait les manifestants cagoulés à la police et les « insoumis » sortaient ― cette fois-ci, sans se scandaliser ― leurs drapeaux français pour obtenir une nouvelle république.

Certes, affirmer le caractère prolétarien du mouvement, malgré toutes les idéologies et tous les drapeaux qui flottent sur ses protagonistes, ne signifie pas que ses faiblesses n’ont aucune importance ou ne sont pas finalement déterminantes. Tout au contraire, sur la base de la pratique réelle qui détermine le mouvement et lui donne son caractère de classe, nous percevons et critiquons toutes les forces de l’ennemi qui agissent pour piéger le mouvement, le neutraliser et lui donner une direction bourgeoise, même si celle-ci s’oppose aux besoins et intérêts qui déterminent le propre mouvement. Sans cette compréhension de la réalité, rien n’est fait si ce n’est de projeter des images déformées du mouvement pour le réduire à un mouvement petit-bourgeois, de classe moyenne, citoyen, de défense du « vrai peuple français », dirigé par des groupes de droite, etc. Bien entendu, nous n’allons pas collaborer à cette projection spectaculaire qui rejoint tous les efforts de la bourgeoisie pour liquider ce mouvement. Notre intention, justement, est de contribuer à promouvoir la puissance prolétarienne que contient la lutte des gilets jaunes et à dénoncer toutes les forces qui entravent son développement.

Ce que le mouvement fait

À la fin du mois d’octobre 2018, on commence à ressentir un malaise social suite à l’annonce du gouvernement Macron d’augmenter les taxes sur l’essence. Des blocages autour des ronds-points commencent s’organiser contre la tentative de la bourgeoisie de nous faire payer la catastrophe écologique et sociale sur laquelle est basée sa domination. Notons que le mouvement écologiste appelle alors à troquer la voiture pour le vélo si la hausse du prix de l’essence fait tellement mal. Bien sûr, aller au boulot à vélo à 40 km à 6h du matin est tout à fait évident, tout comme faire les courses mensuelles pour toute la famille l’est tout autant, mais qu’importe.

Le début du mouvement, centralisé pour la première fois dans les mobilisations du 17 novembre, déconcerte tout le monde. Le grand nombre de personnes qui manifestent et qui bloquent effraie la bourgeoisie. Les ronds-points deviennent des lieux de rencontre et de discussion. Commencent également les premières tentatives pour séparer le prolétariat : on parle d’une révolte de la campagne contre la ville, de la petite bourgeoisie de province ― par essence poujadiste ― contre le bobo citadin, de la réaction du partisan du pétrole contre l’écolo progressiste et bienveillant, et, de manière plus marquée, du blanc contre le noir et l’arabe, de la France blanche-d’en-bas contre le migrant entassé dans la banlieue des grandes villes. Dans le même temps, Le Pen et Mélenchon tentent de capitaliser le mouvement et lui déclarent leur soutien. Lorsque le mouvement commencera à se développer et atteindra son apogée par une combativité toujours plus grande, ils garderont un silence gêné.

Mais tous ces efforts resteront vains. S’il y a quelque chose qui caractérise ce mouvement, c’est bien sa vitalité, sa capacité à résister à la répression physique et idéologique, du moins la plus directe. Chaque samedi, les « Actes » s’organisent sous forme de manifestations sauvages ― ni convoquées ni convocables par aucun appareil d’État ― manifestations qui vont rapidement dépasser la question de la lutte contre la taxe sur l’essence. Le mouvement commence à se généraliser. On commence à parler de la vie qui est trop chère, de salaires trop bas, de misère et de précarité permanente qui ne laissent personne respirer et qui remettent en question la possibilité de survie dans ce monde. Mais on ne fait pas que parler. Certains blocages passent de la route aux plates-formes logistiques, souvent avec le soutien d’une partie des travailleurs. Les premières manifestations ont lieu dans les quartiers bourgeois des grandes villes, ce qui donnera l’occasion de s’attaquer à la propriété privée des plus riches. Sur l’île de la Réunion, la lutte acquiert une intensité plus grande, bien que plus courte, étant plus vite réprimée. Pendant deux semaines, les gilets jaunes bloqueront le port, générant la pénurie sur l’île accompagnée de pillages et d’émeutes, occasionnant la fermeture de magasins, d’écoles et d’universités. La situation devient tellement incontrôlable que le gouvernement doit imposer un couvre-feu et envoyer l’armée pour réprimer la mobilisation.

Devant les expressions racistes et anti-migrants qui émanent d’une partie du mouvement et auxquelles font écho les groupes d’extrême droite, les luttes à la Réunion donneront l’exemple, en donnant la primauté de l’unité de la classe contre les tentatives de séparations entre « races ». Après les premières manifestations le comité Adama Traoré va appeler à la participation à l’Acte III, la manifestation du 1er décembre, qui deviendra une bataille acharnée contre la police. Les barricades, les pillages, les voitures brûlées et les attaques de magasins et de banques ravagent les quartiers riches de Paris. L’Arc de Triomphe, l’un des plus grands symboles nationaux de la République, est pillé et est tagger sur la façade « Les gilets jaunes triompheront », « Macron démission », « Augmenter le RSA » ou « Justice pour Adama ». C’est le scandale. En même temps, les forces de police s’acharnent contre les manifestants. À Paris, ce jour-là, se sont tirés plus de flahsballs que sur toute l’année 2017. Le bilan est de 250 blessés, plusieurs yeux et mains arrachées, un homme dans le coma, et plus de 300 arrestations, chiffre qui passera à près de 2 000 lors de l’Acte IV. Après cette manifestation, l’agitation s’étend aux lycées contre la réforme Blanquer et plusieurs d’entre eux sont bloqués, notamment dans le nord de la banlieue parisienne. Au cours des prochaines semaines, plusieurs centaines de lycées sont bloqués ou du moins sérieusement perturbés.

La carotte et le bâton. Le 5 décembre, Macron retire l’augmentation de la taxe sur l’essence et le 6 décembre Castaner annonce que 90 000 CRS seront mobilisés pour l’Acte IV, ainsi que des véhicules blindés, ceux-là mêmes utilisés lors de l’expulsion de la ZAD à Notre-Dame-des-Landes. Le lendemain, une vidéo devient virale dans laquelle la police humilie plusieurs dizaines de lycéens à Mantes-La-Jolie, les mettant à genoux mains sur la tête. La répression de la manifestation du 8 décembre est si brutale que la stratégie du gouvernement consistant à distinguer les casseurs des bons citoyens pacifiques est de moins en moins convainquant. Le mouvement commence à s’organiser contre la répression. Des réseaux de soutien juridique s’organisent pour défendre les interpellés et des groupes de street-médics sont créés, composés de personnes qui connaissent les premiers secours et qui participent aux manifestations pour apporter leur aide aux blessés. Le mouvement recense plus de 2 000 blessés dont plusieurs dizaines ont perdu un œil par flashball ou une main arrachée par une grenade assourdissante. Le niveau de répression dépasse de loin les limites de ce qui est habituel dans une région européenne, ce qui pousse au développement massif de solidarité avec les blessés. C’est pour exprimer sa solidarité et pour dénoncer les violences policières qu’un grand nombre de manifestants portent des bandages tachés de faux sang sur les yeux ou sur la tête.

Le 10 décembre Macron annonce une augmentation du SMIC qui finit par devenir une augmentation de la prime d’activité. Le lendemain, DAESH revendique l’attentat de Strasbourg que Macron essaie d’utiliser pour stopper le mouvement, appelant sans succès, à ne plus manifester le samedi et augmentant la présence des forces de police dans la rue. Cependant, les mobilisations se poursuivent et le gouvernement doit verser 300 euros de prime à chaque policier pour qu’ils continuent leurs efforts de répression contre les manifestants. Manifestants qui oscillent souvent entre affrontements directs et violents contre les CRS et appels à se solidariser avec le mouvement.

Contrairement à toutes les voix qui annoncent la fin du mouvement, suite à l’augmentation de la prime d’activité et l’annulation de la taxe carbone, ainsi que la répression brutale et les plusieurs milliers de d’arrestations, les gilets jaunes ne faiblissent pas. L’année 2019 débute par une manifestation au cours de laquelle plusieurs manifestants enfoncent la porte du ministère du Secrétaire d’État à l’aide d’un engin de chantier, causant quelques dommages. Le secrétaire d’État a dû être évacué. En appelant à une grève le 5 février, les syndicats vont essayer de capitaliser le mouvement, mais l’appel sera très peu suivi et la présence de gilets jaunes sera plutôt rare. Quelques jours plus tard, samedi 9 février, un appel est lancé pour retrouver les manifestations sauvages du début du mouvement. Il s’agissait d’une volonté de rompre avec la démocratisation et la pacification des actes antérieurs, qui se déroulaient hors des quartiers riches. S’il y a quelque chose qui se dit et se redit au cours de l’acte XIII est que, pour être entendu, la confrontation est nécessaire.

Le mouvement apprend. Les manifestations suivantes vont retourner aux les quartiers riches de l’ouest parisien et vont connaître leur apogée dans l’acte XVIII du 16 mars. Cet appel est lancé à l’issue de la fin du Grand Débat, processus de démocratie participative ouvert par Macron pour tenter ― sans succès ― de calmer le mouvement. Au début, le Grand Débat suscite les moqueries, mais à présent, il commence à souler. L’acte XVIII a pour slogan « Ultimatum », ce qui prend un sens tout à fait littéral : Paris deviendra le théâtre d’une bataille acharnée comme on ne l’avait jamais vu auparavant. Les gilets jaunes essaient de reprendre l’Arc de Triomphe et lorsque la police parvient à les en empêcher, leur colère se dirige contre les boutiques de luxe et les restaurants des Champs-Élysées, qui vont être pillés et brûlés toute la journée.

Mais la bourgeoisie apprend aussi. La situation sera tellement incontrôlable que Macron limoge le préfet de la police parisienne quelques jours plus tard et confie la direction à Didier Lallement, réputé pour ses qualités répressives dont il a fait preuve à Bordeaux. Parallèlement, les CRS sont renforcés par l’opération Sentinelle, un corps militaire créé après l’attaque de Charlie Hebdo en janvier 2015 et spécialisé dans la lutte contre le terrorisme. Depuis lors, toute manifestation qui se produit dans les environs des Champs-Élysées est interdite et durement réprimée. Cependant, bien que la présence de la police augmente dans les rues et que la répression s’intensifie, dans les semaines suivantes on appel à « un 1er mai jaune et noir », en référence à l’action conjointe des gilets jaunes et du black block. Paris brûlera à nouveau. Selon le ministère de l’Intérieur, le nombre d’arrestations s’élève actuellement à 8 700 personnes et à près de 2 000 condamnés, dont 40% en prison ferme. À cela, il faut ajouter l’application de la loi anticasseurs, qui scandalise même certaines fractions de la bourgeoisie. Cette loi autorise l’arrestation préventive de personnes soupçonnées de vouloir commettre un crime pendant la manifestation ― un clin d’oeil truculent au film Minority Report.

Évidemment toute cette révolte ne sort pas du néant. Elle n’est non plus une création unique et absolument spontanée des gilets jaunes. En fait, la forte combativité et la capacité de résistance et d’entraide dont le mouvement fait preuve sont le fruit d’un apprentissage préalable du prolétariat en France. Ainsi, le souvenir de la révolte des banlieues de 2005 et les formes d’organisation déployées à cette époque sont toujours vivants1

. D’autre part, les luttes contre la Loi Travail de 2016 ont généré une série d’expériences et d’apprentissages au sein du black block, dans lequel des nouvelles personnes commencent à participer.2

Parallèlement, au cours de ces derniers mois, en plus des occupations des ronds-points, des assemblées se forment dans tout le pays. Celles de Saint-Nazaire et de Commercy sont un moteur dans ce processus, appelant à la création d’assemblées et à l’appropriation d’espaces de réunion et d’association prolétarienne. Un appel fondamental, non seulement pour la discussion et la réflexion commune, mais également pour la consolidation des liens de solidarité avec les interpellés et les blessés. Les 26 et 27 janvier, et compte tenu de la nécessité de centraliser le mouvement, un processus de coordination entre différentes assemblées est engagé, ce qui conduira à la première « assemblée des assemblées » à Commercy et à une deuxième à Saint-Nazaire du 5 à 7 avril.

Ce que le mouvement dit

Ce que le mouvement dit et pense de lui-même est très hétérogène et confu. Ce qui est naturel et relève de son caractère massif et authentique, mais aussi cela nous montre la situation de faiblesse dans laquelle notre classe se trouve. L’absence de mémoire prolétarienne fait que les gilets jaunes s’identifient plus comme le peuple contre « l’oligarchie » que comme le prolétariat en lutte contre la bourgeoisie et ses chiens de garde. Cela ne les empêche pas de se battre en tant que prolétaire, comme on l’a vu, car leur propre développement les pousse à la confrontation avec l’État et la propriété privée, mais c’est évidemment un drapeau qui pèse lourd sur notre tête et qui ouvre la porte à différentes formes de récupération bourgeoise.

Toutefois, il est important de ne pas réduire le mouvement à son courant majoritaire, en oubliant toute lutte en son sein pour clarifier et imposer nos intérêts. Sans aucun doute, l’idéologie dominante est l’idéologie de la classe dominante, même dans un processus de lutte contre celle-ci. Cependant, la vitalité d’un mouvement est aussi mesurée par les minorités qui tentent de signaler et de lutter contre les pièges de la (social-)démocratie, tout en approfondissant la radicalité de celui-ci contre le système. Pour cette raison, il est important de mettre en avant des voix qui se font entendre, notamment l’Appel de « Gilets Jaunes » de l’Est Parisien, où est clairement dit que

Nous ne sommes pas cette « communauté de destin », fière de son « identité », pleine de mythes nationaux, qui n’a pas su résister à l’histoire sociale. Nous ne sommes pas français.

Nous ne sommes pas cette masse faite de « petites gens » prête à s’allier avec ses maîtres pourvu qu’elle soit « bien gouvernée ». Nous ne sommes pas le peuple.

Nous ne sommes pas cet agrégat d’individus qui ne doivent leur existence que par la reconnaissance de l’État et pour sa perpétuation. Nous ne sommes pas des citoyens.

Nous sommes ceux qui sont obligés de vendre leur force de travail pour survivre, ceux dont la bourgeoisie tire ses profits en les dominant et en les exploitant. Nous sommes ceux que le capital, dans sa stratégie de survie, piétine, sacrifie, condamne. Nous sommes cette force collective qui va abolir toutes les classes sociales. Nous sommes le prolétariat.3

Il est également important de remarquer que si une chose caractérise le mouvement des gilets jaunes est le rejet de toute forme de représentation. C’est l’un des facteurs qui entretient la vitalité du mouvement. En premier lieu, le rejet des médias est total. Leur rôle dans la propagande idéologique du gouvernement est dénoncé avec véhémence. Certains gilets jaunes vont jusqu’à expulser des manifestations des journalistes des grands médias, notamment de BFM, que les manifestants n’hésitent pas en cœur de traiter de « bouffe-merde ». Notons qu’une partie de ces journalistes doivent se déplacer entourés des gardes du corps s’ils veulent continuer à sillonner les manifestations.

Parallèlement, le mouvement refuse toute représentation politique ou syndicale. Le rejet des syndicats est d’autant plus remarquable que ces derniers ont un poids considérable dans la politique française. Cela est vrai quand bien même les voix les plus visibles du mouvement ont pu l’appel à la grève « générale » du 5 février de la CGT. Celle-ci a généré une contradiction chez ceux qui auparavant avaient rejeté la présence des syndicats et qui accueillaient alors favorablement cet appel, croyant étendre la lutte jusqu’aux lieux de travail. Cependant, la grève a été très peu suivie et le nombre de gilets jaunes dans la manif promenade syndicale cet après-midi-là était assez faible. Au cours des dernières années de mobilisations, notamment pendant les luttes contre la Loi Travail en 2016, un tel rejet n’avait jamais été vu, bien que la formation des cortèges de tête pouvait annoncer la recherche d’une certaine autonomie à leur égard, même de manière minoritaire. Dans les manifestations des gilets jaunes et à l’exception de SUD-Solidaires, les syndicats n’osent pas se montrer ni apparaître avec des banderoles ou des autocollants. Les banderoles préfabriquées sont en réalité plutôt rares, les différentes revendications s’exhibant sur le dos de chaque gilet jaune à l’aide d’un feutre. Le besoin de défendre l’autonomie du mouvement est très présent parmi les manifestants et les tentatives de le récupérer politiquement ont été de réels échecs, comme celle de créer une « liste électorale de gilets jaunes » pour les élections européennes ou, encore, celle de collecter des « cahiers de doléances » au sein des mairies ― un clin d’œil à la Révolution française ― afin d’organiser le Grand Débat.

En revanche, ce refus de représentation a sa contrepartie. Bien qu’il puisse être un cordon sanitaire contre l’encadrement bourgeois classique, il renferme aussi une négation de la communauté de lutte, de notre être collectif prolétarien. L’individu isolé ne peut être représenté que par lui-même, en niant l’expression collective et ses différentes manières de se matérialiser. Finalement, le seul moyen d’organiser cet ensemble d’individus isolés consiste à recourir à des formes de démocratie directe, de vote et de processus formels, des revendications vides pour qu’aucun individu ne soit laissé de côté : il s’exprime dans l’assembléisme le plus castrant pour l’action du mouvement.

D’un autre côté, ce même refus de représentation trouve son expression idéologique, comme nous l’avons dit, dans un discours populiste au détour duquel le peuple doit faire valoir sa souveraineté pour fonder une nouvelle forme de démocratie. C’est là que le RIC se montre comme un excellent outil de récupération. « Plus de guerre d’ego, plus de guerre de pouvoir, avec le RIC, plus personne n’a le pouvoir, c’est la population entière qui a le pouvoir », explique Maxime Nicolle, l’un de ceux que la presse a proclamé « leader » du mouvement. L’idéologie démocratique est en elle-même l’une des forces bourgeoises les plus profondément enracinées, l’un des derniers obstacles que nous devrons surmonter dans le processus de constitution en classe. Elle revêt une vigueur nouvelle dans le contexte de faiblesses où nous nous trouvons, dans la difficulté à se reconnaître comme prolétaires et à se sentir une seule classe dans le monde. En outre, la défense de la souveraineté démocratique est renforcée par l’identification de la catastrophe capitaliste au « phénomène de mondialisation » et par le repli nationaliste que la social-démocratie ― qu’elle soit de droite ou de gauche ― donne comme réponse.

Malgré l’adhésion majoritaire au RIC, les voix qui avertissent du risque de récupération qu’elle contient ne manquent pas. C’est le cas des gilets jaunes de Toulouse qui parlent de « RICupération » dans leur journal Le Jaune :

C’est sur cette illusion que le RIC a surfé. Il faut avouer qu’à première vue, la proposition était séduisante. On nous disait qu’avec ça, on allait enfin pouvoir être entendus directement, qu’on pouvait reprendre le pouvoir sur notre vie. C’est nous qui déciderions de tout. Et sans lutter en plus, sans risquer sa vie sur les ronds-points et dans les manifs, juste en votant, sur son ordi dans son salon, les pantoufles au coin du feu qui crépite ! Mais dans le commerce, quand on a un produit à vendre, on ment : « Oui, une fois qu’on a le RIC, on peut tout faire passer ! ». C’est faux. Déjà, quel comble de demander l’avis aux bourges pour savoir s’ils sont d’accord pour nous augmenter ! Un vote qui irait contre l’intérêt des capitalistes, par exemple l’augmentation du SMIC/horaire, serait retoqué purement et simplement. Il suffit de se rappeler du referendum de 2005. Et ça, c’est sans compter l’intense propagande qu’on subirait pour voter contre, seuls devant nos écrans.4

On peut voir un exemple des effets négatifs de l’idéologie démocratique sur le mouvement dans la légalisation des manifestations à partir de l’acte IX (12 janvier), puisque jusque-là les appels étaient spontanés et anonymes. La légalisation suppose qu’il doit exister des personnes responsables devant les autorités pour les dommages qui peuvent se produire, ce qui pousse les organisateurs à pacifier et à maintenir l’ordre pendant la manifestation. De plus, cela oblige les gilets jaunes à suivre un parcours déclaré à l’avance et connu de la police et à organiser un service d’ordre. Comme nous l’avions déjà avancé, poussées par le courant le plus démocratique du mouvement, les manifestations à Paris vont se déplacer des quartiers riches de l’ouest aux quartiers de l’est, sauvant ainsi les boutiques de luxe de l’expropriation prolétarienne. De plus, on éloigne les manifestants des symboles du pouvoir tels que l’Élysée ou le MEDEF. Dans ces manifestations, l’idéologie citoyenne commence à peser et les manifestants eux-mêmes interviennent contre les groupes qui cassent ou tout simplement taguent des vitrines. Cette tendance du mouvement à s’éteindre démocratiquement a cependant été remise en question par l’Acte XIII (9 février), qui a été organisé dans la volonté proclamée d’en découdre, c’est-à-dire de ne pas déclarer le parcours à la préfecture. À partir de janvier et au cours des mois qui suivront, les gilets jaunes vont vivre des flux et des reflux. Des flux qui expriment clairement un caractère plus combatif et une négation de l’ordre établi ; et des reflux qui se montrent des moments de pacification et de démocratisation dans lesquels le courant majoritaire décrit précédemment arrive à s’imposer.

Un autre risque pour le mouvement est qu’il soit pris au piège de l’idéologie assembléiste. Le processus de création d’assemblées et leurs tentatives de coordination sont très positifs, car il répond à un besoin du mouvement d’acquérir des structures d’association plus stables, de se défendre contre la répression, de réfléchir ensemble et de créer des mécanismes de centralisation au niveau de tout le pays. Cela implique souvent, comme dans le cas de Saint-Nazaire, de squatter ces espaces de rencontre. Cependant, la pression exercée pour formuler des revendications concrètes, exprimées à l’unanimité sur papier et qui représentent les gilets jaunes au niveau national, pèse sur cet effort de centralisation. Elle peut avoir pour effet de sortir les manifestants de la rue pour les introduire dans des salles fermées où ils discutent pendant des heures et des heures sur la façon de formuler une phrase qui représente tout le monde. Les assemblées ne peuvent plus faire avancer le mouvement et sont susceptibles d’être récupérées et tomber dans l’idéologie assembléiste. En fait, c’est le ressentiment des nombreux gilets jaunes qui sont sortis de la deuxième « assemblée d’assemblées » (5-7 avril), où l’unité d’action exprimée dans les manifestations a été complètement diluée et où tout est devenu une jonglerie pour obtenir des feuilles de revendications concrètes où « tout le monde rentre ».

Le poids du national-populisme dans le mouvement, complément nécessaire du discours démocratique, est une conséquence de l’absence de conscience internationaliste. Ce qui est paradoxal, puisque les prolétaires d’autres pays ont repris les gilets jaunes pour exprimer leur propre lutte contre leurs conditions de misère. Cela s’est notamment produit en Belgique, où l’identification est plus immédiate en raison de la proximité géographique et linguistique, mais aussi en Égypte, où le gouvernement a dû empêcher la vente de gilets jaunes devant l’appel lancé par différents groupes pour célébrer l’anniversaire de la révolte de 2011. Des gilets jaunes sont également apparus lors des manifestations en Bulgarie et en Serbie ― également contre la montée de l’essence ― et celles en Irak, initiées par l’empoisonnement de dizaines de milliers de personnes en raison d’un mauvais traitement de l’eau. Cependant, dans des pays comme l’Allemagne, les Pays-Bas ou l’Espagne, les gilets jaunes ont été portés par des groupes d’extrême-droite ― ainsi que par quelques groupes sociale-démocrates ― sans grand succès de mobilisation. Dans ce contexte, malgré la nature internationaliste du mouvement, qui est reconnue par les prolétaires d’autres régions du monde, le mouvement français semble se concentrer sur lui-même, et rester au niveau national. L’absence de références au prolétariat d’autres pays est criante, contrairement à ce qui s’est passé lors de la vague internationale de luttes de 2010-2013.

Cela nous permet de comprendre la présence dans le mouvement de groupes d’extrême-droite ― qui ont tout de même diminué leur présence au cours de ces mois ―, ainsi que les expressions initiales antisémites et contre l’immigration. Bien que ces expressions aient un poids très relatif, les appels à la défense de l’industrie et du commerce national, symbolisés par le petit commerce, ont un poids plus important et sont véhiculés par la revendication du Frexit. Là où beaucoup voient le rôle de la classe moyenne ou de la petite bourgeoisie, qui dirigeraient le mouvement ou, du moins, réussiraient à présenter leurs propres revendications, nous ne voyons qu’un prolétariat qui se réveille à peine. Il démontre ― signe des temps actuels― en même temps une capacité évidente d’auto-organisation et de confrontation contre l’État et la propriété privée, et une énorme difficulté à se reconnaître au niveau mondial dans une classe, contre un seul ennemi : les rapports sociaux capitalistes incarnés et défendus par la bourgeoisie.5

Mais au sein du mouvement il y a une lutte contre ces tendances nationalistes, de sorte qu’au cours des derniers mois, elles se sont affaiblies. De plus en plus des voix se font entendre pour revendiquer le caractère international du prolétariat. Ainsi, par exemple, fin décembre, une assemblée de centaines de personnes s’est tenue à Caen, dans un bâtiment squatté par des sans papiers pendant la grève des cheminots de 2018. Ce qui est une évidente identification de la lutte des gilets jaunes et du prolétariat immigré contre le même État et le même système capitaliste. D’autre part, Le Jaune, dans son deuxième numéro, met en garde contre les tentatives de séparation du prolétariat :

Ensuite, d’autres viennent te proposer des solutions de gestion de la crise qui reviennent à écraser les prolos venus d’ailleurs pour continuer à exploiter celles et ceux d’ici : gestion dure des flux migratoires (déjà fait), chasse aux sans-papiers sur le territoire (déjà fait), Frexit etc. Ils nous proposent de nous enfermer à double tour, de barricader la porte comme si le loup capitaliste n’était pas déjà dans la bergerie française. Quand on propose une réponse nationale à un problème mondial, c’est qu’on est prêt à se défendre au dépend des autres galériens de cette Terre et c’est précisément ce que les capitalistes du monde entier espèrent de nous en ces temps tumultueux : être divisés et contrôlables.6

Quelques perspectives provisionnelles

Les tâches et activités assumées par les révolutionnaires ne sont ni inscrites ni fondées sur des possibilismes, mais sont déterminées par les besoins immédiats et historiques de la lutte de notre classe. Nous sommes conscients que le mouvement des gilets jaunes va probablement s’épuiser, soit parce que toutes les limites que nous avons critiquées finissent par prendre le contrôle du mouvement, soit à cause de l’usure et du repli des protagonistes. Cependant, notre action consciente en faveur de la révolution sociale, pour l’abolition du capitalisme, nous pousse à considérer ce mouvement comme un petit épisode de la lutte historique contre le capital. Et au sein de tous ces épisodes, les minorités révolutionnaires sont celles qui tentent de pousser le mouvement à ses conséquences ultimes.

Ce petit texte s’inscrit dans cette impulsion. Une impulsion qui est le besoin de notre classe de faire le bilan de cette lutte, d’exprimer ses véritables actions contre les falsifications de tous les porte-paroles du capital, de pointer du doigt toutes les forces de notre ennemi, d’apprendre des forces et des limites que nous avons.

S’il y a quelque chose de particulier dans ce mouvement, c’est qu’il a marqué un certain changement dans les caractéristiques des luttes de ces dernières années. De l’Argentine à la Grèce, de l’Afrique du Nord à la France elle-même, du Brésil aux banlieues des États-Unis, etc., nous avons vécu plusieurs moments de luttes importantes qui partagent un trait commun : elles sont apparues comme des fortes explosions qui se sont arrêtées rapidement. Le prolétariat est entré violemment dans la rue, poussé par l’aggravation de la catastrophe capitaliste, et il s’est attaqué aux ennemis les plus visibles. Cependant, après les premiers instants, les premiers jours, les premières semaines, lorsque l’instinct de classe ne suffisait plus, quand ils ne savaient pas trop comment continuer, la bourgeoisie a présenté toutes sortes de mesures (alternance politique, gestionnisme, repolarisation entre fractions bourgeoises, répression, guerre impérialiste…) pour rétablir l’ordre. Il est vrai que ces mesures d’apaisement social suscitaient de plus en plus la résistance du prolétariat, mais pas au niveau de la résistance et de la permanence du mouvement des gilets jaunes après sept mois du début du mouvement. Avec des flux et des reflux, le mouvement a pour l’instant résisté à la répression, aux différentes tentatives de canalisation et il ne s’est pas laissé séduire par les miettes offertes par l’État français.

D’autre part la bourgeoisie, qui jusqu’à récemment était en mesure de clore les luttes dans leurs États nationaux, voit comment les barrières qui lui permettaient de faire face aux luttes, paquet par paquet, s’écroulent. Comme nous l’avons déjà dit, il est vrai que le prolétariat français a beaucoup de difficultés à assumer explicitement le caractère internationaliste de sa lutte, mais dans d’autres régions du monde, l’identification avec la lutte des gilets jaunes exprime ouvertement ce caractère internationaliste. Cette réalité montre clairement que les conditions de vie du prolétariat mondial ont tendance à être homogénéisées au fur et à mesure que la catastrophe capitaliste progresse. Mais le processus n’a fait que commencer.

Bien entendu, comme nous le disions dans un texte d’il y a quelques années, il est aujourd’hui d’une importance primordiale que les minorités prolétariennes d’ici ou de là-bas avancent dans cet indispensable processus de coordination et de centralisation internationales, que nous brisions les divisions entre des pays ou, pire encore, entre des villes. C’est pourquoi nous devons reconnaître que la force des minorités révolutionnaires n’a jamais été aussi petite, que le prolétariat n’a jamais été aussi déboussolé, qu’il n’y a jamais eu une opposition aussi grande entre le besoin de révolution et l’incapacité d’assumer ce besoin. Il est évident que renverser la situation est une nécessité vitale pour la perspective révolutionnaire.

En tout cas, il n’y a aucun doute que le mouvement des gilets jaunes fait partie d’un processus d’éveil international de notre classe, après la défaite de la vague de luttes des années 70. Quand ce mouvement s’éteindra, s’il ne se produit pas une récupération bourgeoise à la hauteur de ce qu’il a vécu et combattu, on peut espérer qu’il laisse des liens de solidarité. Peut-être même des structures ou des expériences de lutte qui permettent de tirer quelques leçons, quelques personnes qui, après avoir vécu ces moments de luttes dans le mouvement, rejoindront l’activité des minorités révolutionnaires malgré un retour à la « normale ». Notre classe apprend, construit sa propre mémoire, se réveille.

Nous n’attendrons pas qu’un prétendu prolétariat métaphysique, libéré de tout péché terrestre, pur au plus profond de son âme, se présente pour annoncer la fin du capitalisme et l’arrivée d’un monde nouveau. Nous n’attendrons pas non plus que le capitalisme lui-même se dévore pour gérer son désastre. Laissons ces prophéties religieuses à tous les fervents militants, à toutes les familles sacrées de gauche et de l’extrême gauche du capital. Le prolétariat ne descendra pas du ciel, le capitalisme ne s’abolira pas par lui-même, mais, comme toujours, l’alternative révolutionnaire apparaît et apparaîtra dans la lutte de notre classe, polluée par la nocivité capitaliste, par tout le poison qui suppure cette société. C’est dans cette lutte contre tout ce qui nous empêche de vivre, contre tout ce qui nous empêche de nous affirmer en tant qu’être humain, en tant que communauté humaine, où les poumons peuvent prendre un peu d’oxygène au milieu de tant de pollution. C’est là aussi que la communauté humaine se préfigure comme communauté de lutte contre la communauté de l’argent. Le prolétariat est obligé de détruire le capitalisme à la racine s’il ne veut pas que notre monde entier soit détruit par lui. Ce prolétariat profane et corrompu ne descendra pas du ciel, mais prendra le ciel d’assaut.

En conséquence, nous agissons et encourageons tous les camarades et groupes à défendre nos intérêts de classe et à combattre l’encadrement bourgeois dans ces manifestations ; à la structuration et à l’organisation contre toutes les tentatives de canalisation démocratique et nationaliste ; renforcer et élargir les contacts entre nous, créer des réseaux organisationnels à tous les niveaux, structures pour se défendre de la répression et discuter de la manière d’assumer telle ou telle tâche.

Prolétaires Internationalistes

Juin 2019

1 Voir notre livre La flamme des banlieues sur www.fr.proletariosinternacionalistas.org

2 Nous disons cela sans oublier toutes les limites des black blocks, en tant que pratique militante hyperspécialisée. Ils accordent tant d’importance à la confrontation physique avec la police qu’ils tombent facilement dans le spectacle de la violence ― une violence vide de contenu de classe et donc facilement récupérable. C’est ce qu’on a vu dans les anti-sommets successifs des deux dernières décennies (voir l’article « Contre les sommets et anti-sommets » dans Communisme nº52 sur http://gci-icg.org/french/communisme52.htm#sommets). Ceci est également signalé par un tract distribué le 1er mai de cette année : « rien de plus normal et logique, rien de plus sain et salutaire, il serait même affligeant que rien de tout cela ne se passe. Mais il serait aussi tout autant affligeant (pour d’autres raisons, certes) et nuisible pour la suite de notre mouvement d’opposition à l’ordre des choses présent que tout cela se passe simplement et qu’on en reste là, qu’on se limite à une violence de classe risquant de se transformer en spectacle de la violence, qu’on n’aille pas plus loin, qu’on n’approfondisse pas la brèche, le gouffre qui nous sépare d’eux, nous l’humanité en lutte et eux les capitalistes et leur monde, fait de misère, d’exploitation, de guerre, de souffrances » (Gilets jaunes (ou pas). Pour un 1er mai de combat. Action directe anticapitaliste sur https://lille.indymedia.org/IMG/pdf/gilets_jaunes_ou_pas_mayday.pdf)

3 Voir paris-luttes.info/appel-de-gilets-jaunes-de-l-est-11521

4 Voir jaune.noblogs.org/files/2019/01/Jaune1-web.pdf

5 Nous disons cela non pas parce que la petite bourgeoisie n’existe pas en tant que « classe » sociologique, mais parce qu’elle n’a jamais joué de rôle comme classe au sens du mouvement historique, au sens d’une force sociale, de parti. Les deux seules forces sociales sont la bourgeoisie et le prolétariat, la révolution et la contre-révolution, constamment en opposition comme les deux pôles de la contradiction capitaliste

6 Voir jaune.noblogs.org/files/2019/02/Jaune-2.pdf

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info[arroba]proletariosinternacionalistas.org

Tridni Valka

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