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Les USA sonnent le glas du système capitaliste

mercredi 21 août 2019, par Robert Paris

Capitalism = end

édito

Les USA sonnent le glas du système capitaliste

Une fois de plus, comme en 2007-2008, c’est du centre même du système, des USA, que vient le signal indiquant que la domination de l’économie capitaliste a atteint ses limites, que l’effondrement vient de manière inéluctable. Si Trump avait prétendu sauver le capitalisme américain par sa politique protectionniste favorisant la production et le commerce américains au détriment de ceux du reste du monde, il n’a tenu que la moitié de son programme : en plombant les économies concurrentes mais sans nullement favoriser celles des USA. Il a certes multiplié les artifices comptables, financiers, fiscaux et autres pour faire croire à une relance économique américaine, mais ce genre de mesure ne sont qu’à courte portée. Elles peuvent d’autant moins se multiplier et se pérenniser que l’Etat américain est dans le rouge vif du fait de son endettement massif. Et, en contribuant à la chute de l’économie mondiale, elles reviennent ensuite en boomerang sur l’économie américaine et même sur le grand capital et sur les trusts qui n’ont prospéré que dans une économie mondialisée et certainement pas dans une économie mondiale bloquée par des protectionnismes.

Tous les signaux économiques indiquent déjà que le programme de Trump ne permet même plus de cacher le recul économique qui arrive à toute vitesse, une fois que toutes les techniques trompeuses de l’Etat ne peuvent plus que cacher le déclin. Le Dow Jones n’a jamais connu autant de chutes successives en un an. La dette nationale est au maximum. Les cadeaux aux trusts sont tous épuisés. La guerre commerciale, lancée par Trump contre de multiples pays dont en premier la Chine, bat son plein mais, même si elle est tournée contre la Chine et le monde entier, elle finit par se retourner contre les trusts américains eux-mêmes. En misant sur le déclin des pays concurrents, Trump favorise aussi le recul du commerce américain et donc son industrie.

Le grand capital estime maintenant de manière générale que les signaux indicateurs sont au rouge pour les USA avec les conséquences que l’on a vu pour le Dow Jones et pour toutes les bourses du monde. Tout indique la chute : les bulles spéculatives sont au plus haut, les valeurs financières et boursières sont considérées comme largement surévaluées du fait de la spéculation, les dettes publiques et privées sont au plus haut, l’économie « réelle » est menacée dans tous les domaines, à commencer par l’automobile et tous les secteurs industriels, etc.

Aux USA, comme partout dans le monde y compris la Chine et l’Inde, ce qui frappe c’est la désaffection envers l’investissement industriel qui est pourtant le moyen essentiel d’accumuler de la plus-value extraite du travail humain, seule source de richesse permettant ensuite de rétribuer l’ensemble des autres capitaux. Les banques centrales peuvent distribuer des richesses fictives par un jeu du type Madoff, de cavalerie financière, mais un tel jeu n’est pas éternel et n’enrichit, ne crée aucune valeur supplémentaire.

Les interventions des banques centrales et des Etats sont incapables d’améliorer durablement la situation de l’économie mondiale. Pire même, leurs injections de fonds, leurs aides aux capitalistes et aux banquiers, leurs taux d’intérêts bas ou négatifs ne font qu’aggraver les causes de fond de la catastrophe puisqu’ils augmentent, certes fictivement, le capital total alors que celui-ci était déjà en excès catastrophique.

C’est cet excès de capitaux, par rapport au total des capitaux capables de s’investir dans l’économie réelle, qui les entraîne à se lancer dans des spéculations sur le chute des économies plutôt que dans leur développement. On en arrive à ce paradoxe que, pour l’intérêt du grand capital, il vaut mieux détruire que construire. Et aussi à cet autre paradoxe que les dividendes des capitalistes augmentent et que les grandes fortunes augmentent alors que l’économie recule, que les investissements reculent, que la production recule. Le capital en excédent, qui n’est plus une faible fraction de celui-ci mais une part essentielle, ne peut que se tourner vers des investissements spéculatifs destructifs, nocifs, pervers et nécrophiles.

Le grand capital est ainsi devenu le principal danger mortel pour le système capitaliste mondial !!!

Les gouvernants sont contraints de surveiller leurs propres capitalistes, leurs propres banques, leurs propres trusts, comme on surveille le lait sur le feu !!!

Les Etats et les banques centrales sont prêts à tout pour aider les grands capitalistes alors que ceux-ci sont prêts à tout, y compris tout détruire, pour profiter au maximum, telle est la cause de l’effondrement actuel : des quantités de milliards se jettent sans cesse avec avidité sur tous les moyens de s’enrichir au maximum à court terme dont la plupart s’avèrent des moyens de détruire l’économie !!! Tout ce que peuvent faire les banques centrales et les Etats, pour répondre à ce danger, c’est d’offrir des moyens artificiels de capter le surplus de capitaux, de le tenter par des cadeaux multiples, de lui offrir des dividendes en échange pour obtenir que ce surplus de capital ne se jette pas en trop grande quantité dans des opérations destructives !!!

En offrant des masses colossales d’argent au grand capital, les organismes centraux détournent momentanément le danger mais ils l’aggravent en même temps puisqu’ils augmentent la masse de capitaux en circulation, alors que la source même du mal était le trop haut niveau de ces capitaux par rapport à ceux que les investissements productifs rentables étaient capables d’absorber. Pire encore, ils augmentent la rentabilité de la sphère financière et spéculative, alors que la sphère productive n’arrivait déjà pas à proposer des dividendes suffisamment concurrentiels pour une activité économique dans laquelle les capitaux sont bloqués pour longtemps.

Il faudrait de longs ouvrages pour décrire toutes les méthodes incroyables par lesquelles les capitaux enregistrent des profits fabuleux sans rien produire et il en faudrait une encore plus longue série pour décrire les moyens des banques centrales et des Etats pour faire des cadeaux au grand capital et capter ainsi une partie du surplus de capital dû à la suraccumulation. Toutes ces techniques sont super-sophistiquées et se cachent derrière des terminologies qui sont inaccessibles au commun des hommes. Elles signifient à terme la destruction de toute la société, sucée jusqu’au sang par ces rapaces sans limites.

Le capitalisme ne peut pas s’en tenir aux profits qu’il a déjà réalisé car ce serait alors la mort de ce qui fait son existence : le profit tiré du capital. Il ne peut pas se calmer. Il ne peut pas éviter de courir à encore plus de profits, quitte à aller vers sa propre mort. Les gouvernants et les banques centrales font semblant qu’ils gouvernent le système mais cela est faux : c’est le système qui, en aveugle, les gouverne et y compris qui gouverne les individus possesseurs de capitaux, sans que ceux-ci n’y puissent rien. Aucun être humain ni groupe d’êtres humains ne peut rien empêcher à la férocité du dragon-capital qui n’a rien à voir avec des buts humains, fusse même la rapacité individuelle des capitalistes. C’est la loi du capital qui gouverne le monde et pas la loi des seuls individus capitalistes.

Dans ces conditions, impossible pour le capitalisme de s’en sortir puisque le seul fait de voir le capital augmenter est une cause de catastrophe. Impossible que les profits spéculatifs cessent d’être plus rentables que les profits industriels ou productifs en général, dans un monde où les dettes sont plus immenses que jamais et sont le principal moyen de s’enrichir rapidement. Impossible de distribuer durablement des dividendes au capital puisque la plus-value extraite du travail humain se réduit en même temps.

Les prétendues « mesures économiques », aides incitatives, travaux financés par l’Etat, mesures financières ou bancaires, ne sont que des subterfuges qui peuvent seulement retarder une chute de plus en plus clairement annoncée. Il n’existe aucun plan réel de sauvetage du capitalisme car les gouvernants savent qu’il ne peut pas en exister. Il y a seulement des plans d’agression violente contre les exploités qui se préparent et qui se déploieront dès que la catastrophe sera là.

Ce qui importe, ce n’est pas de se faire ou pas du souci pour notre avenir, c’est de se soucier de le diriger nous-mêmes. Ce n’est pas de s’inquiéter des conséquences qu’aura la chute du capitalisme mais de s’inquiéter de construire l’avenir qui lui suivra.

Ce qui permet de jauger les organisations qui se revendiquent de la classe ouvrière et de la révolution, c’est à quel point elles posent la vraie question d’avenir : l’auto-organisation du prolétariat en vue de la construction d’une société débarrassée de la propriété privée capitaliste et de l’exploitation des travailleurs par la minorité de ses possesseurs. Les organisations réformistes et opportunistes, politiques, syndicales et associatives, ne sont que des détourneurs de révolutions sociales et ne servent ainsi que les intérêts politiques et sociaux des classes possédantes, même si elles prétendent le contraire. Elles se gardent de préparer le prolétariat a son rôle de construction d’une société nouvelle et en particulier, son rôle de formation d’un Etat aux mains des travailleurs en détruisant les bases de l’Etat capitaliste.

La seule solution à la crise du capitalisme, c’est d’en finir avec les fondements mêmes du capitalisme !

Messages

  • Si les USA prétendent reprendre la main, dominer à nouveau le monde, c’est en construisant de nouvelles armes de destruction massive, de nouveaux missiles dits de portée intermédiaire, qui visent Chine et Russie, et signent le lancement de la course à la troisième guerre mondiale !!!

  • Les autorités russes et chinoises ont rapidement réagi, mardi 20 août, à l’annonce par Washington d’un test de missile de portée intermédiaire effectué dimanche au large de la Californie, le premier depuis la guerre froide. La réalisation de cet essai « aura de graves conséquences négatives pour la sécurité régionale et internationale », a averti devant la presse le porte-parole de la diplomatie chinoise, Geng Shuang, mettant en garde Washington contre « une escalade des confrontations militaires ».

    En Russie, le vice-ministre russe des affaires étrangères, Sergueï Riabkov, a considéré mardi que « les Etats-Unis [prenaient] de manière flagrante le chemin d’une escalade des tensions militaires, mais nous ne céderons pas à la provocation », dans des déclarations reprises par les agences de presse russes. L’essai américain intervient moins d’un mois après la sortie de la Russie et des Etats-Unis du traité de désarmement FNI – ou INF en anglais, pour Intermediate-Range Nuclear Forces – qui abolissait les tests et l’usage de toute une série de missiles d’une portée variant de 500 à 5 500 kilomètres.

  • « Il y a une croyance répandue selon laquelle les banques centrales peuvent toujours faire plus pour augmenter la croissance. Elles ont fait ce qu’elles pouvaient, et il y a très peu de marge de manœuvre », estime M. Rajan, l’ancien gouverneur de la banque centrale de l’Inde (2013-2016), qui ajoute que, « avec des taux d’intérêt si bas depuis longtemps, l’efficacité d’une baisse des taux a considérablement diminué ». Surtout lorsque le ralentissement est provoqué, non pas par le resserrement monétaire de la Fed en 2018, mais par les guerres commerciales provoquées par les seuls USA...

  • L’économie mondiale repose maintenant sur un fil. L’instabilité est évidente. Des remontées brutales suivent des chutes brutales. Les bourses mondiales ont subi leur pire revers de l’année, simplement en s’affolant d’un tweet de Donald Trump promettant de nouvelles sanctions commerciales contre la Chine.

  • La presse capitaliste elle-même le reconnaît : "En voulant les aider, Trump plombe les maillons faibles (les trusts) de l’économie américaine."

    Lire ici

  • La croissance américaine a ralenti les trois derniers trimestres, marquant les limites des aides d’Etat de Trump.

  • Excellent édito qui nous rappelle les fondements du marxisme qui peuvent se résumer en fin de compte par " Guerre ou Révolution "et confirme sa vision catastrophiste de l’évolution du capitalisme .
    Avec tous les réformateurs du système devenus aujourd’hui des "contre réformateurs" la bourgeoisie n’ a d’autre choix face à la baisse tendancielle mais inexorable du taux de profit que l’attaque désespérée contre les conditions de vie du prolétariat dans un premier temps et la préparation de la destruction des forces productives et de la force de travail excédentaire dans un second .
    Au prolétariat de relever le défi et de se préparer à la lutte de classe ouverte et sans concession jusqu’à l’instauration de sa dictature internationale .

  • Les rendements des obligations à 10 ans du Trésor américain sont brièvement tombés sous ceux des bons à deux ans- l’inverse de ce qui est censé se produire.

    Cet "inversement de la courbe" des taux est un phénomène statistique qui, dans le passé, a été le signe précurseur d’une récession.

    Ajoutez à cela les craintes grandissantes des retombées de la guerre commerciale sino-américaine, les avertissements de l’Allemagne quant à un ralentissement et le chaos britannique autour du Brexit et surgit alors le grand mot de "Récession" qui fait de nouveau partie des conversations.

    Sauf si vous vous appelez Donald Trump.

    "Le mot +récession+ est inapproprié", a lancé le président américain devant des journalistes à la Maison Blanche mardi.

    "Nous sommes très loin d’une récession", a-t-il assuré.

    Effectivement, ce n’est pas une simple récession mais un effondrement économique mondial qui n’est occulté que par des artifices incroyables des institutions capitalistes, subterfuges qui n’ont aucune chance de durer bien longtemps.

  • Wall Street, dont les trois indices phare avaient ouvert en hausse, a basculé dans le rouge après la publication de l’indice ISM qui a montré que l’activité manufacturière s’était contractée en septembre aux Etats-Unis à son niveau le plus faible depuis près de dix ans dans un contexte de détérioration de la conjoncture économique et de tensions commerciales entre la Chine et les États-Unis.

    Les coups de bluff de Trump, les aides financières et les cadeaux d’impôts, la politique protectionniste, rien de tout cela n’augmente la production aux USA.

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