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La tentative réformiste de Tibérius Gracchus et Caïus Gracchus de défendre les petits paysans romains contre l’aristocratie des patriciens, grands propriétaires terriens

dimanche 6 octobre 2019, par Robert Paris

La tentative réformiste de Tibérius Gracchus et Caïus Gracchus de défendre les petits paysans romains contre l’aristocratie des patriciens, grands propriétaires terriens

Les « Gracques » est le nom donné à deux frères et hommes d’État romains, Tiberius Gracchus et Caius Gracchus, connus pour leur tentative infructueuse de réformer le système social romain en réduisant la richesse et la force des grands propriétaires patriciens romains au profit des petits paysans. Cette politique a été menée en pleine crise économique et sociale, en même temps que se levait la révolte des petits paysans propriétaires romains. Les deux Gracchus se sont fait les porte-paroles politiques à Rome d’une lutte de classes violemment opposées qui débutait et qui a duré un siècle.

Rome, qui sort d’une troisième et harassante guerre contre Carthage, est au bord de la faillite : les finances sont asséchées, les populations en quête de travail s’agglutinent dans les insulae de la capitale, et la corruption règne à la tête de l’État.

C’est dans ce climat économique trouble que deux frères, Tiberius et Caius Gracchus, prennent le parti du peuple et tournent le dos aux idéaux conservateurs des classes dirigeantes dont ils sont issus. En faisant voter une série de lois remettant le peuple au centre du débat public et révélant les manœuvres politiciennes d’un Sénat corrompu, les deux hommes se placent à la tête d’un mouvement d’insurrection inédit dans l’histoire de la République romaine mais en lui donnant un sens légaliste. Leurs adversaires ne le seront pas...

Lire d’abord "Histoire des guerres civiles de la république romaine"

La question agraire soulevée par Tibérius et Caïus Gracchus

Au 2ème siècle av. J.-C., les Romains étaient déjà maîtres de l’Italie, d’une partie de l’Afrique du Nord et de l’Espagne, de la Grèce, de la Macédoine et d’une partie de l’Asie Mineure. La grande masse de la population ne tira nul profit de ces conquêtes.

« Les Romains avaient coutume de vendre une partie des terres qu’ils avaient conquises sur les peuples voisins, d’annexer les autres au domaine et de les affermer aux citoyens qui ne possédaient rien, moyennant une légère redevance au trésor public. Les riches avaient enchéri et évincé les pauvres de leurs possessions : on fit donc une loi qui défendait à tout citoyen d’avoir en fonds plus de 500 arpents [125 hectares] de terre. Cette loi contint quelque temps la cupidité des riches et vint au secours des pauvres, qui par ce moyen conservèrent chacun la portion qui leur était échue dès l’origine des partages. Dans la suite, les voisins riches se firent adjuger ces fermes sous des noms empruntés ; et enfin, ils les prirent ouvertement à leur nom. Alors, les pauvres, dépouillés de leur possession, ne montrèrent plus d’empressement pour faire le service militaire, et ne désirèrent plus élever d’enfants. Ainsi l’Italie allait être bientôt dépeuplée d’habitants libres, et remplie d’esclaves barbares, que les riches employaient à la culture des terres, pour remplacer les citoyens qu’ils en avaient chassés...

« …Caïus Gracchus, dans un mémoire qu’il a laissé, rapporte que Tibérius son frère, en traversant la Toscane pour aller de Rome à Numance [en Espagne] vit ce beau pays désert, et n’ayant pour laboureurs et pour pâtres que des étrangers et des barbares ; et que ce tableau affligeant lui donna dès lors la première pensée d’un projet qui fut pour eux la source de tant de malheurs. Mais ce fut, en fait, le peuple lui-même... qui le détermina à cette entreprise, en couvrant les portiques, les murailles et les tombeaux d’affiches par lesquelles on l’excitait à faire rendre aux pauvres les terres du domaine...

« Tibérius Gracchus propose donc en 133 av. J.-C une loi agraire très modérée, ordonnant aux riches de rendre les terres sur lesquelles ils avaient mis la main abusivement, tout en les déchargeant de toute redevance pour les 500 arpents qui leur restaient.
« Si limitée que fût cette réforme, le peuple s’en contenta et consentit à oublier le passé, pourvu qu’on ne lui fît plus d’injustice à l’avenir ; mais les riches et les grands propriétaires, révoltés par avarice contre la loi et contre le législateur, par dépit et par entêtement, voulurent détourner le peuple de la ratifier ; ils lui peignirent Tibérius comme un séditieux, qui ne proposait un nouveau partage des terres que pour troubler le gouvernement et mettre la confusion dans toutes les affaires...

Leurs efforts furent inutiles : Tibérius soutenait la cause la plus belle et la plus juste avec une éloquence qui aurait pu donner à la plus mauvaise des couleurs spécieuses. Il se montrait redoutable et invincible lorsque, du haut de la tribune, que le peuple environnait en foule, il parlait en faveur des pauvres :

« Les bêtes sauvages, qui sont répandues en Italie, disait-il, ont leurs tanières et leurs repaires, où elles peuvent se retirer, et ceux qui combattent, qui versent leur sang pour la défense de l’Italie, n’y ont d’autre propriété que la lumière et l’air qu’ils respirent ; sans maison, sans établissement fixe, ils errent de tous côtés avec leurs femmes et leurs enfants. Les généraux les trompent quand ils les exhortent à combattre pour leurs tombeaux et pour leurs temples ; dans un si grand nombre de Romains, en est-il un seul qui ait un autel domestique et un tombeau où reposent ses ancêtres ? Ils ne combattent et ne meurent que pour entretenir le luxe et l’opulence d’autrui ; on les appelle les maîtres de l’univers et ils n’ont pas en propriété une seule motte de terre. »

Ce discours qu’il prononça avec un grand courage et une émotion sincère, transporta le peuple, qui trépignait d’enthousiasme, et aucun de ses adversaires n’osa le contredire. »

Plutarque, dans « Vie de Tibérius et de Caïus Gracchus »

Chronologie des Gracques

134 Av. J.-C. Les esclaves de la Sicile se soulèvent contre leurs maîtres romains, sous la conduite du Syrien Eunus. Ils s’emparent d’Enna, d’Agrigente, de Tauroménium, de Messine.

133 Av. J.-C. En Sicile, prise de Messine contre les esclaves par le consul Pison.

En 133 av. J.-C., Tibérius soumet une proposition de loi agraire connue sous le nom de Rogatio Sempronia qui reprend le principe de l’anadasmos, prévoyant la limitation au droit de possession individuelle et la redistribution aux citoyens pauvres des terres récupérées. Cette proposition va à l’encontre des intérêts des sénateurs, qui s’opposent à cette loi et achètent un autre tribun de la plèbe, Octavius, pour qu’il fasse usage de son intercessio (droit de veto). Tiberius en appelle au peuple pour destituer Octavius, une première, et la loi est votée.

Tiberius se représente à un second tribunat, lors de l’été 133 av. J.-C., pour l’année 132 ; ce nouveau mandat lui est refusé. Il décide de faire pression sur l’assemblée avec quelques partisans. Une émeute conduite par le Grand Pontife Scipion Nasica éclate, au cours de laquelle Tiberius est tué ainsi que 300 de ses partisans. Le corps de Tiberius sera jeté dans le Tibre.

132 Av. J.-C. Le consul Rupilius met fin à la guerre des esclaves révoltés en Sicile.

131 Av. J.-C. Tribunat de Tibérius Gracchus. Il propose une nouvelle loi agraire par laquelle il laisse aux citoyens riches, détenteurs du domaine public, jusqu’à 750 arpents de terre, et leur accorde une indemnité, payée par le trésor public, pour les domaines qu’ils abandonneront. — Les riches gagnent le tribun Octavius, qui oppose son veto aux propositions de Tibérius ; celui-ci fait destituer son collègue par le peuple, et brise ainsi lui-même l’inviolabilité tribunitienne. La loi agraire est votée. Les riches n’en continuent pas moins leur opposition, et lorsque Tibérius demande le tribunat pour l’année suivante, il succombe le jour des comices tribunitiens dans une sédition dirigée par P. Corn. Scipion Nasica.

132 Av. J.-C. Le consul Rupilius met fin à la guerre des esclaves en Sicile.

130 Av. J.-C. En Egypte, Ptolémée Physcon, devenu odieux par ses crimes et sa tyrannie, est chassé par une révolution du peuple d’Alexandrie.

129 Av. J.-C. Caïus Gracchus, Carbon et Fulvius, nommés triumvirs pour l’exécution de la loi agraire, commencent leurs opérations. Ils distribuent une fraction des terres publiques à une partie du peuple. Le Sénat profite des violences et des injustices dont ils se rendent coupables, ou dont on les accuse, pour suspendre leurs pouvoirs et l’exécution de la loi agraire. Le deuxième Africain qui a appuyé cette mesure est trouvé mort dans son lit.

En 127 Av. J.-C. Caïus, frère de Tibérius Gracchus, est nommé Questeur (=magistrat chargé de gérer les fonds publics)

126 Av. J.-C. Caïus est envoyé en Sardaigne comme questeur du consul L. Aurélius. et on l’y retient 3 ans.

En -124, le tribun de la plèbe Caius Sempronius Gracchus, frère de Tiberius, restitue à la commission triumvirale chargée d’appliquer la loi agraire ses prérogatives (droit de délimitations) ralentie par la loi de -129. Il renforce la loi agraire en redistribuant l’ager publicus (domaine public) aux Romains comme aux Italiens, en Italie comme en Afrique ; il institue des distributions de blé à prix réduit (pour lutter contre la corruption électorale), décide la fondation de nouvelles colonies à Tarente, Capoue, Carthage et Corinthe, fait construire des routes, des greniers en Italie, mesures destinées à soulager la misère du petit peuple. Caius Gracchus, qui se heurte à l’oligarchie et aux Sénateurs, s’appuie sur la plèbe, les Italiques et l’ordre équestre dont la puissance économique et politique s’accroît.

123 Av. J.-C. Premier tribunat de Caïus Gracchus. Il fait passer diverses lois, qui ont pour objet de venger son frère, de flatter le peuple et de miner l’autorité du Sénat. 1° Il défend de poursuivre à l’avenir criminellement un citoyen sans un ordre précis du peuple, et sans un jugement capital rendu préalablement ; il ordonne de poursuivre tout magistrat coupable d’avoir banni un citoyen sans observer les formalités ordinaires de la justice. Il ordonne enfin de n’élever à aucune nouvelle charge un magistrat déposé par le peuple. 2° Il confirme la. loi agraire et assigne annuellement des terres aux citoyens les plus pauvres. Il ordonne de leur vendre tous les mois, au-dessous du prix d’achat, une quantité déterminée de grains. Il affecte à leurs besoins la succession d’Attale. Il établit diverses colonies à leur profit. Il ordonne de ne pas les enrôler avant dix-sept ans et de leur fournir des habillements sans diminution de solde.

Caïus ambitionne de diminuer les pouvoirs du Sénat romain et d’accroître ceux des comices afin de relever la République. Il s’alloue les faveurs de la plèbe et les chevaliers, principaux opposants au Sénat, avec plusieurs lois dont ils sont bénéficiaires.
Il tente dans un second temps de faire passer sa réforme agraire, qui va dans le même sens que celle de son frère :

• la juridiction des triumvirs, supprimée en 129 av. J.-C., est rétablie ;

• les assignations de terre passent de trente à deux cents jugères pour permettre aux citoyens pauvres d’améliorer leur condition sociale ;

• la création de colonies afin de soutenir son projet : deux en Italie et une à Carthage.

Cela lui procure une grande popularité et lui permet de se faire réélire tribun de la plèbe en 123 av. J.-C. Pour lutter contre lui, le Sénat utilise le tribun Marcus Livius Drusus, qui surenchérit sur les lois de Caius, détournant l’attention du peuple, et fait voter une loi supprimant les vectigales (redevances de l’ager publicus), exonérant les grands propriétaires et donc beaucoup de sénateurs.

Caius réplique en proposant la création d’une colonie de six mille hommes sur le site de Carthage et l’octroi de la citoyenneté romaine complète aux Latins et partielle (sine suffragio) aux Italiens afin de s’attirer leurs faveurs. Mais les propositions de Caius sont trop avancées pour la Rome de l’époque. Caius perd l’appui d’une partie du peuple et celui du consul Caius Fannius Strabo, dont il avait soutenu l’élection.

Il semblerait que la loi frumentaire de 123 av. J.-C. établie par Caius Gracchus, frère de Tiberius Gracchus et élu tribun de la plèbe pour l’année 123 av. J.-C. fut influencée par différents problèmes survenus les dernières années avant son tribunat. En effet, outre les problèmes d’approvisionnement de la ville de Rome en blé, la cité est confrontée à un problème d’ordre social. Ces années sont marquées par différentes révoltes serviles survenues en raison des conditions de vie et de maltraitances des esclaves. Il est ainsi probable que les approvisionnements de Rome furent bousculés par ces rébellions et causèrent de graves préjudices.

122 Av. J.-C. Deuxième tribunat de Caïus Gracchus. Il transfère l’exercice de la justice des sénateurs aux chevaliers, et fait du, corps des chevaliers un troisième ordre dans l’État. Il enlève au Sénat et à l’aristocratie une partie de leur influence dans les comices des centuries, en décidant que les centuries tireraient désormais au sort et qu’elles voteraient à chaque assemblée, selon le rang que leur assignerait le hasard. Il accorde enfin aux Latins et à tous les alliés de l’Italie, le droit de cité et le même droit de suffrage qu’aux citoyens romains.

En 122 Av. J.-C. Caïus propose l’octroi de la cité romaine aux latins et celui de la cité latine aux autres Italiens, il s’oppose à la noblesse. Un tribun de la plèbe, Drusus soutenu par le Sénat romain,se livre à des surenchères démagogiques (=promesses non faites) pour contrer Caïus Gracchus

Le Sénat oppose à Caïus un autre tribun M. Drusus, qui propose des lois encore plus démocratiques. Caïus se laisse envoyer par le Sénat en Afrique, pour la fondation d’une colonie à Carthage. Ses ennemis profitent de son absence pour ruiner sa popularité.

121 Av. J.-C. Caïus Gracchus échoue dans la poursuite d’un troisième tribunat. Le consul Opimius, son ennemi mortel, abroge plusieurs de ses lois. Caïus entreprend alors de défendre, par la force des armes, et occupe avec ses partisans le mont Aventin. Caïus et Fulvius se donnent la mort. 3000 de leurs partisans sont massacrés. Toutes les lois de Caïus Gracchus seront successivement abolies ou modifiées.

Lorsque Caius part superviser la construction de la colonie à Carthage, ses adversaires en profitent pour le discréditer. Lors de l’élection des tribuns pour l’année 121 av. J.-C., il n’est pas réélu. Aussitôt une loi ordonne le démantèlement de la colonie de Carthage.

Caius tente alors de faire sécession avec ses partisans comme la plèbe jadis avait fait sécession contre les patriciens au Mont Sacré. Le Sénat réplique en promulguant un senatus consultum ultimum qui autorise l’élimination de Gaius par n’importe quel moyen. Gaius et son esclave fuient et arrivent au bois sacré de Furrina, sur le Janicule, où ils trouvent la mort en 121 av. J.-C.

En -121, le Sénat, invoquant des prétextes religieux, tente de faire abroger la loi Rubria sur la colonie de Carthage. Fulvius Flaccus et Caius Sempronius Gracchus tentent de résister et rassemblent leurs partisans. Lors d’une rixe au Capitole entre leurs partisans et ceux du consul Opimius, représentant de l’oligarchie, un licteur d’Opimius est tué. L’aristocratie se hâte d’exploiter ce meurtre. Le Sénat vote le « sénatus-consulte ultimum », la loi martiale qui donne aux consuls le droit de condamner sans appel des citoyens.

Caius Sempronius Gracchus et Fulvius sont tués avec 3 000 de leurs partisans au cours d’une bataille sur l’Aventin contre les troupes du consul Opimius. Ses lois, ainsi que celles de son frère, sont abrogées. L’oligarchie triomphante garde le pouvoir jusqu’en -108. Elle abroge la loi coloniale : la colonie de Carthage est supprimée et celle de Capoue n’est pas fondée. Celle de Tarente subsiste, mais perd de son importance.

C’est la première fois, mais non la dernière, qu’un senatus consultum ultimum est prononcé et qu’une telle vague de violence envahit Rome à cause de divergences politiques.

Rome à l’époque des frères Gracchus

« L’Etat romain, tirant ses ressources du rapin, en vint à être déchiré par des querelles sur la division du butin. Pour la première fois, le legs d’Attale, roi de Pergame, qui avait légué ses trésors à l’État romain fut légitimé. Tibère Gracchus a avancé la proposition de la diviser entre les citoyens romains ; il a également renouvelé les lois agraires de Licinian, qui avaient été entièrement écartées pendant la prédominance d’individus dans l’état. Son principal objectif était de procurer des biens aux citoyens libres et aux habitants de l’Italie avec des citoyens au lieu d’esclaves. Ce noble romain a toutefois été vaincu par les nobles, car la constitution romaine n’était plus en état d’être sauvée par la constitution elle-même. Caius Gracchus, le frère de Tibère, poursuivit le même but noble que son frère et partagea le même sort. La ruine s’est maintenant brisée, et comme il n’existait aucun objet généralement reconnu et absolument essentiel auquel l’énergie du pays pouvait être consacrée, les individualités et la force physique étaient en ascension. L’énorme corruption de Rome se manifeste dans la guerre avec Jugurtha, qui avait gagné le Sénat par la corruption et s’était ainsi livré aux actes les plus atroces de violence et de crime. Rome était pénétrée par l’excitation de la lutte contre les Cimbri et les Teutones, qui prirent une position menaçante à l’égard de l’État. Avec beaucoup d’efforts, ces derniers furent complètement déroutés en Provence, près d’Aix ; les autres en Lombardie à l’Adige par Marius le conquérant de Jugurtha. Puis les alliés italiens, dont la demande de citoyenneté romaine avait été refusée, se soulevèrent ; et tandis que les Romains devaient lutter contre une vaste puissance en Italie, ils apprirent que, sous le commandement de Mithridates, 80 000 Romains avaient été mis à mort en Asie mineure. Mithridates était le roi du Pont, gouvernait Colchis et les terres de la mer Noire, jusqu’à la péninsule taurique, et pouvait appeler à son étendard dans sa guerre avec Rome les populations du Caucase, d’Arménie, de Mésopotamie et d’une partie de la Syrie. , à travers son gendre Tigranes. Sylla, qui avait déjà dirigé les armées romaines dans la guerre sociale, le conquit. Athènes, jusque-là épargnée, a été assiégée et prise, mais « pour l’amour de leurs pères » - comme l’a dit Sylla - non détruite. Il est ensuite retourné à Rome, a réduit la faction populaire, dirigée par Marius et Cinna, est devenu le maître de la ville et a commencé des massacres systématiques de citoyens romains considérés. Quarante sénateurs et six cents chevaliers ont été sacrifiés à son ambition et à sa soif de pouvoir. »

Source : « Le monde romain » de Hegel

Tibérius Gracchus

« Rome était désormais effectivement divisée en deux ou trois centres de pouvoir rivaux, reflétant les intérêts de différentes classes : le pouvoir officiel de l’État, le sénat, contrôlé par l’oligarchie à prédominance patricienne, les assemblées de vote ou les comices, contrôlés par les citoyens de la classe moyenne, et les assemblées populaires, où se rassemblaient les couches les plus pauvres de la population, le prolétariat, y compris les garçons des rues, les juifs, les égyptiens et la cohue des villes. La vie politique de la République devient maintenant beaucoup plus compliquée. Afin d’obtenir l’appui de sa lutte avec l’aristocratie, l’aile la plus radicale de ce que nous pourrions appeler le parti populaire a essayé de s’appuyer sur les masses, comme le faisaient les jacobins de la classe moyenne française à l’époque de la Révolution française.

Les assemblées populaires existaient, bien qu’elles n’aient aucun pouvoir légal pour décider quoi que ce soit - mais en pratique, elles contrôlaient les rues. Et le pouvoir de la rue à Rome grandissait. Les citadins pauvres formaient un lumpenproletariat composé de paysans dépossédés, aigris par leur expropriation et toujours prêts à émeuter. Plutarque décrit l’agitation populaire à Rome à cette époque. Dans la vie de Tibère Gracchus, il écrit à propos du peuple qui exprime son mécontentement en « plaçant des écritures sur les porches, les murs et les monuments », exigeant que les pauvres citoyens soient réintégrés dans leurs anciennes possessions. C’était le contexte explosif à l’apparition des Gracchi.

La période qui a conduit à la chute de la République a été caractérisée par une lutte féroce entre les classes, ainsi que par de féroces luttes de pouvoir entre généraux et hommes politiques ambitieux. Il y a une histoire officielle de cette période, mais il y a aussi une histoire secrète. Dans Capital, Marx a écrit : "Pour le reste, il suffit d’une connaissance minimale de l’histoire de la république romaine, par exemple, pour se rendre compte que son histoire secrète est l’histoire de sa propriété foncière". (Capital, vol. 1 p. 82, Le fétichisme des produits de base et leur secret).

Les Romains avaient pour habitude de confisquer une partie du territoire des villes et des États conquis, ce qui fut rendu public. Ce territoire était occupé par des locataires qui payaient un loyer, généralement sous forme de produits, à l’État. Depuis les temps les plus reculés, les patriciens détenaient la part du lion des terres publiques. En Italie, la possession de terres publiques tendait à devenir le monopole des riches. Cela confirme le vieil adage selon lequel la propriété correspond aux neuf dixièmes de la loi. Quels que soient les moyens douteux dont cette terre avait été acquise, elle était considérée comme une propriété de l’occupant une fois qu’elle avait été occupée pendant un certain temps. De cette manière, peu à peu, le peuple fut dépossédé des terres publiques, ce qui fut le point de mire de toutes les grandes batailles de classe de la dernière République romaine.

Il y a eu de nombreuses tentatives pour adopter des lois régissant la distribution des terres publiques, résultat de la lutte des classes les plus pauvres pour obtenir une part de l’ager publicus. Du fait que ces terres étaient occupées sans bail, d’un point de vue strictement juridique, cela n’aurait pas dû être difficile. Mais la loi, surtout en ce qui concerne la propriété, a toujours favorisé les riches et les puissants. Et comme la plupart des lois agraires contestaient la richesse et les privilèges des puissants, elles restaient lettre morte. Les classes riches étaient déterminées à conserver les terres qu’elles possédaient, et elles contrôlaient l’État et élaboraient les lois. En conséquence, les lois agraires étaient souvent désobéies ou simplement ignorées.

Les plus célèbres des premières lois agraires étaient les réformes licenciennes (367 av. J.-C.), qui limitaient la quantité de terres qu’un citoyen pouvait posséder et le nombre de moutons et de bovins qu’il pouvait paître sur des terres publiques. Certaines terres publiques ont été distribuées à des citoyens pauvres, mais vers 233 av. ces lois étaient déjà tombées en désuétude et la situation des paysans pauvres devenait de plus en plus difficile.

La prochaine tentative sérieuse de résolution du problème agraire a été la loi sempronienne de 133 av. Ce nom sera à jamais associé au nom d’une des figures les plus remarquables de l’histoire romaine : Tibère Sempronius Gracchus. Il n’était pas un plébéien mais un membre éminent de l’aristocratie romaine, dont le père avait exercé de hautes fonctions. Tiberius Sempronius Gracchus et son frère Gaius (connu sous le nom de « Gracchi ») sont issus d’une prestigieuse famille aristocratique. Ils étaient les fils de Sempronius Gracchus et de Cornelia, fille de Scipio Africanus, le célèbre général qui a vaincu Hannibal.

Avec un tel pedigree, Tibère serait normalement destiné à prendre sa place au sein de l’aristocratie au pouvoir et à occuper de hautes fonctions dans l’État. Mais au lieu de cela, il rompit avec sa classe et devint le chef le plus célèbre des plébéiens, les pauvres de Rome - le prolétariat. Malgré ses références aristocratiques irréprochables, Tiberius Gracchus était destiné à se lancer dans une voie qui détruirait l’équilibre social et politique de la République.

Ce n’est pas le seul cas dans l’histoire où des membres exceptionnels de la classe dirigeante se sont rangés du côté de la révolution. Dans le Manifeste du Parti communiste, Marx et Engels soulignent qu ’« à une époque où la lutte de classe approche de l’heure décisive, les progrès de la dissolution au sein de la classe dirigeante, en fait dans l’ensemble de la société ancienne, revêtent un caractère aussi violent et criard. , qu’une petite partie de la classe dirigeante se coupe à la dérive et rejoint la classe révolutionnaire, la classe qui détient l’avenir entre ses mains ». (Le Manifeste Communiste, Bourgeois et Prolétariens, Ouvrages Choisis, Vol. 1. p. 117)

Nous voyons le même processus dans les périodes précédentes également. Marx souligne que pendant la période de déclin du féodalisme, une partie de la noblesse est passée à la bourgeoisie. Ainsi, dans une période de lutte de classe intense dans la République romaine, certains individus se sont séparés de leur classe et ont tenté de représenter les intérêts des classes opprimées. On pourrait faire valoir que les Gracchi n’avaient pas de politique constamment révolutionnaire, qu’ils hésitaient et tentaient de faire des compromis et que cela conduisait finalement à la défaite. Mais quand on considère que ces hommes n’ont aucune raison de faire ce qu’ils ont fait et qu’ils ont donné leur vie pour se battre pour la cause, ils méritent assurément d’être commémorés pour leur courage et non pour leurs faiblesses.

Tibère Gracchus était clairement un homme de grands principes et d’un talent extraordinaire, un fait accepté à contrecœur même par ses détracteurs. Soixante-quinze ans après la mort de Gracchus, Cicéron considérait Gracchus comme l’un des meilleurs orateurs de Rome, mais il le voyait aussi comme un démagogue dangereux lorsqu’il écrivait : « Je souhaite seulement que Tibère Sempronius Gracchus ait eu des intentions politiques aussi bonnes. ses talents d’orateur », et il a ajouté :« Si c’était le cas, sa renommée aurait été la plus magnifique du monde. »(Cicéron, Lettres, p. 254)

Ses propositions de réforme ne nous paraissent pas excessivement radicales aujourd’hui, mais elles étaient véritablement révolutionnaires pour leur époque. Il était presque inouï pour les politiciens romains de traiter des problèmes sociaux ou économiques et ces problèmes ne participaient que très peu aux débats sénatoriaux. L’idée qu’un sénateur ou un politicien puisse représenter une classe sociale particulière était totalement étrangère aux Romains. Tibère fut le premier à s’attaquer aux problèmes croissants dans la ville même de Rome et tenta de résoudre la crise économique dans les campagnes par le biais de la réforme agraire.

Tibère affronte le sénat

Comment cet homme est-il devenu un révolutionnaire ? Il y avait probablement plusieurs raisons différentes. Cicéron a écrit : « Il n’a pris ses fonctions que parce qu’il était tellement furieux contre la noblesse. » (Ibid.) L’affrontement avec le Sénat semble provenir d’un incident survenu pendant la guerre de Numance en Espagne (153 av. J.-C.), lorsque le nom de Tiberius Sempronius Gracchus attire d’abord notre attention. Il s’est apparemment intéressé à la question foncière lors de son voyage en Espagne et a observé le déclin de l’agriculture en Étrurie. Plutarque écrit :

"Quand Tibère traversa l’Etrurie et trouva le pays presque dépeuplé et que ses époux et bergers importaient des esclaves barbares, il conçut d’abord la politique qui devait être la source d’innombrables maux pour lui-même et son frère." (Plutarque, La vie de Tibère) Gracchus dans The Makers of Rome, édition Penguin, p. 161)

Il a vu de ses propres yeux comment les petits exploitants italiens, dont Rome dépendait pour fournir des hommes à son armée, diminuaient en nombre, minés par la concurrence des énormes fermes gérées par des armées d’esclaves. Les petites propriétés étaient partout en déclin, bien qu’elles n’aient nullement disparu à cette époque. Tiberius Gracchus a conclu que la destruction de la classe des paysans libres minerait Rome elle-même.

En tant que membre d’une famille aristocratique, Tiberius Gracchus aurait pu s’attendre à une carrière sénatoriale distinguée, suivant les traces de son père à la fois au consulat et à la censure. Mais sa réputation a été minée par une décision téméraire qu’il a prise en Espagne. Dans la campagne numantienne, Tibère fit figure de questeur et mérita le respect des Espagnols pour son courage et son honnêteté. Sa réputation d’honnêteté et d’équité était telle que les Numantins insistèrent pour négocier avec le fils de l’homme qui avait traité les Ibères mieux que les autres Romains, qui souvent reniaient leurs promesses.

Mais sa conduite a donné lieu à un incident qui a changé sa vie et le cours de l’histoire romaine. Afin de sauver l’armée de Mancinus, prise au piège et confrontée à une destruction certaine, Tibère misa sur sa réputation en concluant un traité avec les Espagnols - sans consulter au préalable le sénat. Grâce à cet accord, Plutarque a crédité à Tibère Gracchus d’avoir sauvé la vie de 20 000 citoyens romains. Mais il y avait un problème. Le Sénat n’avait pas été consulté sur cet accord et l’a rapidement rejeté. Il a renvoyé le commandant Mancinus enchaîné à Numantia.

Les actions du sénat ont mortifié Tibère. Un aristocrate romain avait pour mission de privilégier par-dessus tout sa dignité, une idée plus complexe que la dignité en anglais. Cela ne signifie pas seulement la dignité, mais le statut et l’honneur. Tibère avait donné sa parole aux Espagnols et le sénat l’a violée. Il considérait cela comme un acte déshonorant, qui non seulement trahissait les Numantins, mais le déshéritait également. Le beau-frère de Tibère, Scipio Aemilianus, fit de son mieux pour le protéger du déshonneur de l’affaire numantienne, mais sans résultat. Cette trahison eut un profond effet sur Tibère Gracchus, qui s’offensa profondément et durablement devant le Sénat. Cela a déclenché une réaction en chaîne qui a eu une influence fatale sur l’histoire romaine pendant plus d’un siècle.

Tibère Gracchus devint l’ennemi mortel du sénat et de l’aristocratie romaine. Il entra dans l’arène politique et, en 133 av. J.-C., il choqua le système romain en ne se tenant pas pour le poste de magistrat, mais pour celui de tribune du peuple. Ce fut une étape audacieuse et fatidique à prendre. Le tribunat conférait d’importants pouvoirs : le droit de veto et de proposition de loi. Mais la classe dirigeante avait toujours supposé qu’elle pouvait acheter les tribunes et les utiliser pour contrôler les masses. Ils n’ont jamais pensé qu’une telle personnalité serait occupée par une personnalité politique aussi importante que Tiberius Gracchus, ou utilisée dans le cadre d’une tentative sérieuse de transformation de la société. Mais ils avaient tort.

Au moment où Gracchus se présentait, il était clair qu’il cherchait à utiliser son pouvoir pour rivaliser avec celui des consuls. Ce faisant, il agissait conformément à la lettre de la loi, mais il faisait des choses qui n’étaient pas dans le script d’origine. C’était extrêmement dangereux. C’était comme si les dirigeants travaillistes modernes devaient utiliser les mécanismes de la démocratie parlementaire formelle pour adopter des lois d’expropriation des capitalistes. Ce n’est pas non plus dans le script ! Cette action met Tiberius Gracchus en collision avec le sénat. La haine ressentie par l’aristocratie envers lui était si intense parce qu’ils le voyaient comme un traître à sa classe. Il fut le premier membre de la classe sénatoriale romaine à sortir des rangs. Ses actions ont heurté l’esprit de solidarité qui règne toujours au sein de la classe dirigeante. Ils voulaient le détruire complètement. Pour sa part, il cherchait un combat.

La question foncière

Tibère Gracchus était sans aucun doute un homme courageux et sincère, convaincu de la nécessité d’un changement. C’était un réformateur social, un idéaliste influencé par les doctrines philosophiques des stoïciens de la fraternité humaine. Ses critiques ont déclaré qu’il avait passé trop de temps à écouter les Grecs. Dans sa vie de Tibère Gracchus, Plutarque écrit :

« Des terres que les Romains ont conquises de leurs voisins, ils les ont vendues publiquement et ont transformé le reste en terres communes ; cette terre commune qu’ils assignèrent à des citoyens pauvres et indigents, pour lesquels ils ne paieraient qu’une petite somme au trésor public. Mais lorsque les hommes riches ont commencé à proposer des loyers plus élevés et à chasser les plus pauvres, il a été promulgué par la loi interdisant à quiconque de bénéficier de plus de 500 hectares de terrain. Cet acte a pendant quelque temps freiné l’avarice des plus riches et a été d’une grande aide pour les plus pauvres, qui ont conservé leurs proportions respectives de sol, car ils avaient été auparavant loués par eux. Par la suite, les hommes riches du quartier ont réussi à reprendre possession de ces terres, sous le nom d’autres personnes, et ne voulaient enfin pas revendiquer publiquement la plupart d’entre elles. Les pauvres, qui étaient ainsi privés de leurs fermes, n’étaient plus prêts, comme ils l’avaient été auparavant, à servir dans la guerre ou à veiller à l’éducation de leurs enfants ; de sorte qu’il restait relativement peu d’hommes libres dans toute l’Italie, peuplée d’ateliers remplis d’esclaves nés à l’étranger. Ces hommes riches employaient à cultiver leur terre, dont ils dépossédèrent les citoyens. »(Voir Plutarque, op. Cit., P. 159 à 60)

Comme nous l’avons noté, selon ses contemporains, il était un excellent orateur. Le discours suivant enregistré par Plutarque n’est probablement pas authentique, mais inventé par Plutarque (il s’agissait d’une procédure standard chez les anciens écrivains). Mais cela traduit sans aucun doute l’esprit, sinon la lettre, de son agitation :

« Les bêtes sauvages, dit-il, ont dans toute l’Italie des tanières, des lieux de repos et de refuge ; mais les hommes qui portent les armes et exposent leurs vies pour la sécurité de leur pays ne bénéficient plus de l’air et de la lumière et, n’ayant pas de maison ni d’établissement, sont contraints de se promener d’un endroit à l’autre avec leurs femmes et leurs enfants.

« Il leur a dit que les commandants étaient coupables d’une erreur ridicule lorsque, à la tête de leurs armées, ils ont exhorté les simples soldats à se battre pour leurs sépulcres et leurs autels ; quand aucun Romain n’a autant d’autel ni de monument, ni aucune maison à eux, ni foyer de leurs ancêtres à défendre. Ils se sont effectivement battus et ont été tués, mais c’était pour maintenir le luxe et la richesse des autres hommes. On les appelait les maîtres du monde, mais entre-temps, ils ne possédaient pas un pied de terre qui leur soit propre. »(Plutarque, Tiberius Gracchus, p. 162)

Malgré l’implacable opposition de l’aristocratie, Tiberius Gracchus a obtenu d’importants soutiens pour sa candidature au tribunat, notamment un certain nombre de sénateurs et d’anciens consuls de premier plan. Cela peut refléter le pouvoir d’anciens liens familiaux et d’amitiés personnelles, ou peut-être qu’ils n’ont pas pris sa propagande populiste très au sérieux. De la même manière, les membres de l’establishment britannique ne prenaient pas au sérieux les convictions communistes de Burgess, Maclean et Philby parce qu’ils appartenaient à la classe supérieure et avaient été éduqués à Eton et à Cambridge - jusqu’à ce qu’ils deviennent des espions soviétiques.

S’ils avaient examiné de plus près son programme de prise de fonction, ils auraient peut-être vu qu’il était vraiment sérieux.

Source

Tiberius Sempronius Gracchus (137 à 133 av. J.-C.)

Tiberius Gracchus était petit-fils de Scipion l’Africain par sa mère ; questeur de Mancinus en Espagne, il approuva le traité honteux fait avec les Numantins. Il courait le risque d’être livré aux ennemis ; mais son éloquence le sauva. Tribun du peuple, il rendit une loi qui défendait à tout citoyen d’avoir plus de mille arpents de terre. Comme son collègue Octavius s’y opposait, il le força, par un exemple inouï jusqu’alors, à se démettre de sa magistrature. Puis, au sujet de l’héritage du roi Attale, il fit publier une loi qui prescrivait de distribuer au peuple tous les biens et tout l’argent du prince. Il voulut ensuite proroger sou pouvoir, et se rendit â l’assemblée publique ; mais, voyant que les auspices lui étaient contraires, il prit aussitôt le chemin du Capitole, portant la main à sa tête : par ce signe, il recommandait sa vie au peuple. La noblesse s’imagina qu’il demandait le diadème ; et comme le consul Mucius restait dans une apathique immobilité, Scipion Nasica se fait suivre de tous ceux qui veulent le salut de la république ; il poursuit Gracchus jusqu’au Capitole, et le tue. Le corps de Gracchus fut jeté dans le Tibre par les mains de l’édile Lucretius, que cette action fit surnommer. Vespillo. Pour soustraire Nasica à la haine populaire, on l’envoya en Asie, sous prétexte d’y remplir une ambassade.

Caius Sempronius Gracchus (126 à 121 av. J.-C.)

Caïus Gracchus, désigné par le sort pour exercer la questure en Sardaigne, quitta volontairement cette île malsaine, sans attendre l’arrivée de son successeur. Il fut seul accusé de la défection d’Asculum et de Frégelle. Tribun du peuple, il porta la loi agraire, celle du partage du blé, et fit aussi envoyer des colons à Capoue et à Tarente. Afin de régler la division des terres, il établit un triumvirat composé de lui Caïus, de Fulvius Flaccus et de C. Crassus. Mais il rencontra une vive opposition à ses lois de la part de Minucius Rufus, tribun du peuple : il se rendit alors au Capitole : là, comme Antyllius, chargé de proclamer les ordres du consul Opimius, avait été tué dans le tumulte, Caïus descendit au forum, où il eut l’imprudence d’appeler à lui les citoyens assemblés auprès de Minucius. Cité, pour ce motif, devant le sénat, il refuse de comparaître, arme ses esclaves, et s’empare de l’Aventin. Là, vaincu par Opimius, tandis qu’il s’élance d’un bond hors du temple de la Lune, il se donne une entorse au talon ; Pomponius, son ami, près de la porte des Trois-Jumeaux ; P. Létorius, sur le pont de bois, résistent à ceux qui le poursuivent, et il peut enfin gagner le bois sacré de la déesse Fusilla. C’est là qu’il périt, où de sa propre main, ou de celle de sou esclave Euporus. On raconte que Septimuleius, son ami, apporta au consul Opimius la tête de Gracchus, et la lui vendit au poids de l’or, après y avoir, par avarice, coulé du plomb, pour la rendre plus pesante.

Source

L’assassinat des Gracques

Les Gracques rapportés par Napoléon Bonaparte

Révolution sociale dans la Rome antique

La Rome de Caïus Gracchus

Crise agraire et révolution à Rome

Etait-ce vraiment une révolution ?

Lutte des Gracques pour la liberté

Le point de vue de Plutarque

Honneur aux Gracques

La république romaine et le peuple

La gens et l’Etat à Rome

Tibérius Gracchus d’après Appien

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