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Intervention d’un Gilet Jaune à l’Assemblée Populaire du 4 octobre à Poitiers

lundi 7 octobre 2019, par Robert Paris

Intervention d’un Gilet Jaune à l’Assemblée Populaire du 4 octobre à Poitiers

On nous mène une guerre sociale. Si les attaques ne datent pas d’hier, elles se passent aujourd’hui dans un nouveau contexte historique ouvert en 2007/2008 par la crise des subprimes déclenchant un effondrement économique mondial. Les banques centrales l’ont enrayé momentanément à grands coups de milliards permettant d’éviter que la « grande récession » de 2008-2009 ne se transforme en une « grande dépression » comme dans les années 1930. Mais elles ne font que repousser l’inévitable. La reprise ou croissance économique est purement fictive. Sans une perfusion constante d’argent public l’économie mondiale se serait déjà effondrée. Malgré cela, les nuages continuent de s’amonceler. Mais c’est bien plus que cela. Ce n’est pas seulement la finance mais tout le capitalisme qui est en faillite. C’est son fonctionnement même qui est atteint.

Certains se poseront à juste titre les questions suivantes : Pourquoi parler d’effondrement alors que Les milliardaires sont plus nombreux et plus riches que jamais. N’y a-t-il jamais eu autant de profit et de capitaux ? La société n’a-t-elle jamais été aussi riche ? Après tout, ce ne sera pas la première ni la dernière crise avant une nouvelle période de croissance et d’expansion.

Et pourtant il y a bien effondrement.

Un symptôme de cette situation est l’automobile.
« C’est la fin d’une époque pour l’industrie automobile. » titrent « Les Echos ». Nous assistons à une baisse des ventes de PSA, de Renault, dans toute l’automobile allemande, et même en Chine. La chute est mondiale. « Pour la première fois, depuis des dizaines d’années, les trois principaux moteurs de la croissance automobile mondiale seront soit en stagnation, soit en déclin. ». Les termes dorénavant employés pour le secteur Automobile sont « désert de profits » « chute », « faillite », « pertes » et « suppressions d’emplois » !!!! Mais au-delà, c’est l’ensemble de la production industrielle qui est en voie d’effondrement.
La recherche effrénée de rentabilité se retourne contre lui. En effet, alors que le capitalisme repose sur l’investissement privé, les capitalistes n’investissent plus dans la production préférant la spéculation bien plus rentable. La production est maintenue artificiellement uniquement grâce à l’argent de nos retraites, de la sécu, des baisses d’APL, et à la planche à billet. Et on continue de leur payer les dividendes ou de compenser leurs pertes... Il ne tient que par un pillage toujours plus violent sapant sa propre stabilité sociale.
Alors pourquoi les gouvernements et capitalistes mènent-ils ses attaques s’il savent qu’elles ne relanceront pas l’économie ? Gagner du temps pour mettre en place des politiques qui permettront de dévoyer les luttes qui surgiront comme à Hong Kong, au Soudan, en Algérie ou en France avec les Gilets Jaunes pouvant déboucher sur des révolutions rapidement car ils ne veulent pas lâcher le pouvoir.
En effet, cette situation engendre des soulèvements populaires et l’irruption spontanée, massif et insurrectionnel des Gilets Jaunes est un épisode révolutionnaire de notre histoire. le mouvement fût avant tout une lutte des plus démunis. Tout sépare le mouvement des Gilets Jaunes et les luttes menées ces dernières années par les directions syndicales. Nos revendications étaient économiques et politiques : vivre mieux tout de suite mais aussi mettre un terme à la misère et aux inégalités, donner le pouvoir politique au peuple pour qu’il décide de tout en toute matière. Nous ne cherchons pas à débattre ou négocier quoique ce soit avec le pouvoir. Et nous essayons de diriger nous-mêmes notre lutte en nous organisant de manière autonome, indépendante et a-partisane. Nous ne voulons pas suivre benoitement les stratégies perdantes des organisations syndicales.
Malgré la vitalité au début du mouvement, la répression, la non extension de la lutte au reste du peuple, les désillusions, l’absence d’organisation entre autres font qu’aujourd’hui le mouvement connaît un recul. Cependant des milliers de Gilets Jaunes restent organiser, continuent de discuter, d’agir. Véritable épine dans le pied du gouvernement, il a peur que les braises reprennent. Le Figaro titre que le Budget 2020 a pour but de ne pas réveiller les Gilets Jaunes. Au travers des « reculs » momentanés sur les retraites, le gouvernement veut gagner du temps mais si l’effondrement survient, il n’aura plus aucune marge de manœuvre.

Voilà pourquoi nous devons faire le bilan des 11 derniers mois pour nous préparer au prochain soulèvement qui viendra et ne pas tomber dans les pièges qu’on nous tend déjà. Nous avons eu à faire face à des tentatives de récupérations par des politiciens, des leaders auto-proclamés ou encore derrière des Généraux putschistes. Seul le maintien des assemblées, leur coordination a permis de l’éviter pour l’instant et faire en sorte que les GJ parlent en leur propre nom. Sans oublier les tentatives pour nous faire revenir sur le terrain institutionnel, aller négocier, participer aux fausses élections démocratiques. Les tentatives d’encadrement du mouvement au nom de la convergence des luttes avec les directions syndicales. Et pour lutter contre toute véritable convergence dans le peuple, le gouvernement soi-disant immigrationniste joue sur la peur de l’étranger, du musulman radicalisé et j’en passe pour nous diviser. Dans ces conditions, nous devons nous préparer avec le plus grand nombre aux taches qui vont se poser à nous. L’effondrement est là. Nous ne pouvons l’éviter. Et les classes dirigeantes ont montré qu’elles sont prêtes à s’affronter au peuple quand il se soulève. Pour éviter l’explosion révolutionnaire qui en résulterait , ellespeuvent faire le choix nous entrainer dans des fascismes ou des guerres qui permettraient de nous enrôler, de remettre en cause toutes les libertés démocratiques et de se maintenir ainsi au pouvoir.

Alors que faire ?

Continuer déjà à s’adresser au reste du peuple. Nous pouvons mener une campagne publique, des actions qui restent à discuter pour entrainer le plus grand nombre et populariser notre perspective qui est que le peuple travailleur doit être son propre souverain et se diriger lui-même. Et cela signifie déjà de diriger nous-mêmes nos luttes. Cela suppose de défendre la constitution d’assemblées sur les lieux de travail, dans les quartiers, les villes, de se fédérer nationalement pour que les assemblées soient un lieu de convergence, de contrôle et de direction des luttes.

Aux revendications immédiates nécessaires pour vivre mieux il faut mettre en avant le contrôle de l’économie par le peuple travailleur sur la production, le système bancaire par exemple… Sans contrôle, comment décider quoi produire avec quels moyens et comment nous le redistribuons ? Plus aucune décision ne doit être prise sans l’accord du peuple. Est-ce le petit 1% d’ultra riche qui doit décider de la vie de millions de personnes en France ou de milliards de par le monde ou les peuples travailleurs qui doivent se diriger eux-mêmes. La société des milliardaires s’écroule, alors ne cherchons pas la réformer, la colmater, renversons là pour permettre à l’humanité de faire un bond en avant. Finissons-en une bonne fois pour toute avec l’exploitation, les différentes oppressions, pour une société où la peur de ne pas finir la fin du mois et ou l’avenir n’est pas synonyme de misère pour le plus grand nombre.

Ce n’est qu’à ces deux conditions que nous pourrons rendre effectif ce que le mouvement a clamé :

 à bas la misère !

 à bas les inégalités sociales !

 à bas l’Etat au service des milliardaires !

 à bas l’impôt public qui ne sert pas l’intérêt public !

 à bas la casse des services publics !

 à bas la baisse des salaires, des retraites, des allocations chômages et des aides sociales !

 à bas la société du 1% des riches qui s’impose aux pauvres !

Un ancien tract des Gilets jaunes de Poitiers

Messages

  • Dans le secteur de la construction aéronautique en région parisienne , les intérimaires sont mis à la porte : les raisons officielles sont l’arrêt du développement d’un nouveau moteur pour Dassault (avion d’affaire), la baisse des commandes des moteurs militaires comme le Rafale, les 2 accidents mortels concernant des Boeing 737 équipés de moteur Leap, le transfert de production vers le Mexique pour un secteur de l’usine de Colombes. Pour le soit disant fleuron de l’industrie française , "locomotive des investissements" , "exemple d’innovations pour la recherche & développement et la montée en cadence du montage et fabrication des moteurs", c’est une douche froide...pourtant l’indice boursier, lui , est en surchauffe...entre fusion de multinationales, ventes d’entreprises du groupe, subventions à tout va françaises et européennes, et coup de pub permanents sur les promesses de commandes, le décalage est flagrant .
    Le chomage et le blocage des salaires est à l’ordre du jour pendant que les actionnaires se gavent...jusqu’à quand !

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