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On ne mélange pas les torchons et les serviettes !

jeudi 9 janvier 2020, par Robert Paris

Le yacht du milliardaire de Microsoft

Edito

On ne mélange pas les torchons et les serviettes !

La fin de la période des fêtes de fin d’année, il n’y a pas meilleur moment pour mesurer l’écart social, et même le gouffre de classes entre exploiteurs et exploités, notamment en comparant les manières de faire la fête, de faire des cadeaux, de dépenser ! Pas de « trêve des confiseurs » non seulement dans les manifestations, les révoltes et les grèves, mais aussi dans la vie quotidienne, y compris devant l’arbre de Noël et les festivités de nouvelle année !

Eh oui, il n’y a pas besoin de mêler artificiellement les classes sociales même à la fête, car elles sont bel et bien présentes et les cacher c’est se mentir ou nous mentir…

La première des réalités, c’est que le budget des plus riches pour les fêtes est en hausse phénoménale, historique, alors que celui des plus pauvres est en chute libre ! On peut même dire que les riches se soulent d’autant plus aux dépenses folles qu’ils ont moins confiance dans l’avenir des investissements, mais on y reviendra. Et les petites gens qui veulent profiter des fêtes sont choqués devant les hausses de prix qui les obligent à se serrer la ceinture dans un moment où ils voudraient, quitte à économiser pour cet instant pendant toute l’année, oublier qu’ils sont pauvres et le faire oublier à leurs familles !

Les média, qui ont plutôt tendance à donner des moyennes (budget médian ou budget moyen des Français) entre dépenses des riches et celles de pauvres, ne disent rien des réalités sociales

Amoureuse du « Français moyen », la presse nous indique que « En 2018, les consommateurs « moyens » (qui n’existent pas) vont resserrer les cordons de leur bourse : alors que leur budget médian s’élevait à 460€ l’an dernier, il retombe cette année à 448€. En parallèle, le budget moyen s’élève quant à lui à 571€ : Cofidis ayant modifié son mode de calcul sur cet indicateur cette année, il n’est pas possible de le comparer avec le résultat de 2017. Un cinquième des Français compte dépenser moins d’argent cette année, là où deux tiers d’entre eux gardera un budget stable par rapport à 2017. Seuls 13% d’entre eux acheteurs comptent augmenter leur budget. Plus précisément, en moyenne, les Français ont tout de même augmenté leur budget prévisionnel pour les cadeaux, à 340€ cette année contre 323 euros en 2017. »

Très vaseux et comique ce commentaire qui cherche à nier les classes sociales ! A nier que les riches sont embarrassés d’un trop-plein d’argent et que les pauvres le sont de ne pas pouvoir joindre les deux bouts ou de craindre de tomber dans la misère.

« Alors qu’il était de 571 euros en 2018, le budget global moyen des Français devrait baisser pour Noël 2019, et passer sous la barre des 550 euros. » nous dit cette presse qui doit cependant citer les cadeux exceptionnels des très très riches, du genre quelques centaines de millions de dollars, qui nuisent un peu… à la moyenne ! Et aux revenus des plus pauvres, salariés, chômeurs et retraités !!!

Déjà dans l’année, la presse avait été contrainte de dire le plus rarement possible que « Les 10% des ménages les plus modestes ont subi une hausse des prix à la consommation de 29,2% de 1998 à 2013, tandis que les 10% les plus riches ont connu une hausse de 24,4%. »

Les moyennes concernent aussi les « prix moyens à la consommation des ménages ». Mais, même la grande presse, sans faire trop de bruit autour, reconnaît que « Les prix à la consommation ont augmenté de 27,2 % pour l’ensemble des ménages sur le territoire métropolitain de 1998 à 2013. Mais tous n’ont pas ressenti l’inflation de la même façon, explique l’Insee (Institut national de la statistique et des études), dans une étude mise à jour jeudi 11 septembre. Ainsi les 10% des ménages les plus modestes ont subi une hausse des prix à la consommation de 29,2%, deux points de plus que l’inflation d’ensemble. À contrario les 10% les plus aisés ont connu une hausse des prix de 24,8%, soit 4,4% de moins que les plus modestes. Un écart qui a grandi chaque année entre 1998 et 2013, selon l’Insee. »

Certains média qui aiment le sensationnel, ont quand même été pleins d’admiration devant les dépenses des riches : de la bague au diamant bleu de Chopard, de 9 carats, qui vaut un peu plus de 16 millions de dollars, du rubis rouge de Garrard avec ses 14 millions de dollars, cadeau d’un riche propriétaire de club de football, du sapin de Noël à vingt millions de dollars, ou cet iPhone à 3,2 millions de dollars (avec coque en or assortie de diamants) achetés par un milliardaire australien, ou encore ce jean Levi’s vendu à 27 mille dollars. Et de citer cette jeune millionnaire chinoise qui a dépensé la modique somme de 582 000 dollars pour acquérir un jeune dogue du Tibet, ou encore la société britannique PG Tips qui a eu l’idée, pour fête dignement ses 75 ans, de concevoir un sachet de thé affublé de 280 diamants (quatorze mille dollars le sachet). La location de la villa Ephrussi de Rothschild, pour un bal se négocie à 57 000 euros la nuit. On cite également volontiers le salmanazar Perrier-Jouët à 100 000 euros aux Caves du Roy. Et de citer également l’armateur Javed Fiyaz qui a réglé, pour prix d’une fête, la note de 900 000 euros. Ce n’est pas une presse contestatrice qui donne ces chiffres mais la presse bourgeoise admirative…

Même les simples serviteurs gouvernementaux des millardaires se sucrent. On le voit par exemple avec les dépenses somptuaires de Macron, l’homme des milliardaires, comme sa dépense de 1200 pièces de vaisselle pour la coquette somme de 500.000 euros et les 34.000 euros pour une piscine présidentielle au fort Brégançon, 500.000 euros pour des simples réfections à l’Elysée. On se rappelle du Macron qui s’indignait qu’on dépense l’argent de l’Etat pour les pauvres « On met un pognon de dingue dans les minimas sociaux et les gens ne s’en sortent pas. Les gens pauvres restent pauvres, ceux qui tombent pauvres restent pauvres. »

Certains pourraient s’imaginer que nous voulons ici dénoncer moralement les capitalistes, ou leurs gouvernants, comme le font souvent les "gauches" et les syndicalistes réformistes, pour affaiblir le crédit de leur système mais nous n’avons aucune illusion de ce type. Nous ne jalousons en rien les plus riches et nous ne comptons pas discréditer le capitalisme en lui faisant de la mauvaise morale égalitaire et réformiste à la Piketty. L’inégalitaire capitaliste ne date pas de la situation actuelle ni des gouvernants actuels.

Certes, les travailleurs, les précaires, les chômeurs, les démunis, les femmes, les jeunes sont à juste titre scandalisés mais ce n’est pas pour cela que le système capitaliste va changer de fonctionnement ni s’amender. Il se moque de l’opinion publique. Par contre, il s’inquiète de la perte de rentabilité de tous les investissements.

Cet article vise plutôt à souligner que la lutte des classes a atteint un stade déterminé, un niveau tel que les riches eux-mêmes ont des comportements de fin d’un monde, le leur… Ils ne croient plus à l’avenir du système et d’abord à celui des investissements. Ils voient plutôt un effondrement général et ne savent plus où donner de… leurs milliards…

Ainsi, le Canard Enchaîné rapporte : « Les banques centrales se grattent la tête : plus elles impriment de billets, plus ils disparaissent on ne sait où selon une enquête du « Wall Street Journal ». Le quotidien note ainsi que plus de la moitié des mille sept cent milliards de dollars imprimés par la réserve fédérale se trouvent aujourd’hui dans des endroits indéterminés, hors des Etats-Unis… La Banque centrale européenne a bien essayé d’y voir plus clair : « L’argent se trouve forcément quelque part ». » Elle souligne que les fortunés planquent de l’argent liquide malgré tous les efforts des institutions financières pour l’empêcher.

Du coup, les dépenses folles des milliardaires ne sont que la partie immergée de l’iceberg. Au moins, ces sommes sont dépensées et c’est un investissement économique alors que des sommes de plus en plus colossales ne se retrouvent pas du tout dans les circuits économiques déjà surchargés…

Les média économiques de la grande bourgeoisie essaient de faire de la morale aux riches : il faut investir, il y a des bons créneaux. Et de répéter la vieille déclaration de Warren Buffett : « Les actions seront toujours rentables… Si une troisième guerre mondiale se déclarait, j’achèterais encore des actions »

Sauf que même Warren Buffett reconnaît qu’il « ne sait plus que faire de son argent, ni où l’investir » parce que les investissements suffisamment rentables pour le grand capital se sont taris ou qu’en tout cas ils sont bien inférieurs aux sommes colossales détenues par la grand capital. Les capacités d’absorption du capital par l’activité économique se sont taries (relativement), ce qui est un symptôme du fait que le système atteint ses limites d’investissement et d’accumulation du capital. Comme l’accumulation du capital est le but réel du système, ce dernier est plus que malade : il est à l’article de la mort… Même si personne ne sait quand tout cela va s’effondrer dans un vaste krach ou dans une guerre mondiale, ou encore dans une révolution sociale.

En effet, les capitalistes ne savent que faire de leur argent qui s’accumule plus que jamais alors que les investissements rentables dans l’activité réelle se tarissent plus que jamais. Du coup, ils hésitent à le dépenser en achetant des actions, des entreprises, en prenant des parts à une activité économique ou financière, car ils sont plus que pessimistes sur l’avenir du système depuis que sa dernière chute en 2007-2008 n’a pas pu être combattue.

Les milliers de milliards de dollars qui ont été jetés sur les marchés par les Etats et les banques centrales n’ont pas servi, de l’aveu même de ces derniers, à irriguer l’économie et sont tout simplement thésaurisés à un niveau des dizaines de milliers de fois plus importants que les dépenses les plus somptueuses imaginables.

Les fortunes de l’élite financière, gonflées par l’injection continuelle de crédits publics en masse dans les marchés, ont atteint des niveaux astronomiques. Les 500 individus les plus riches au monde (0,000006 pour cent de l’humanité) détiennent collectivement un patrimoine de 5900 milliards de dollars, soit 1200 milliards de dollars de plus que l’année dernière. Cette augmentation surpasse le PIB annuel (la valeur des biens et services produits) dans tous les pays du monde sauf 15. Aux États-Unis, les 400 individus les plus riches ont plus de richesses qui les 64 pour cent les plus pauvres ; les 0,1 pour cent les plus riches ont une plus grande part qu’à n’importe quel moment depuis 1929, juste avant la Grande dépression. Selon Bloomberg, les 500 plus grosses fortunes mondiales, lesquelles ont progressé de 23 % en un an. Et c’est d’autant plus remarquable qu’en même temps, l’économie ne donne que des signaux de recul. Cela signifie que la classe capitaliste vit sur le dos de l’économie au lieu de la faire fructifier et que le système est devenu une sangsue de la société. Il est significatif que les plus riches sont ceux qui produisent le moins comme les capitalistes dits « de plateforme » qui ne produisent rien, qui ne construisent aucune plus-value et n’embauchent que peu de salariés.

Toutes ces richesses, qui pourraient donner à penser que le capitalisme se porte bien puisqu’il enrichit les capitalistes comme jamais, est très loin de la prospérité au point qu’il doit s’interdire ce qui a toujours permis de le réguler : les crises économiques périodiques car celles-ci deviendraient systémiques (traduisez mortelles).

On peut aligner toutes les dépenses les plus folles comme les grands yachts, les grandes villas de folie, les jets privés, les soirées dingues, les achats de diamants incroyables, tout cela ne peut compenser les investissements productifs que les milliardaires ne parviennent plus à faire.

Le capitalisme se terminera peut-être dans une fête de folie où jamais autant de champagne de luxe n’aura été bu, mais alors les riches ne seront pas les seuls à la fête et les prolétaires prendront le relai de la direction de la société et cela changera fondamentalement… le monde…

Le vin le plus cher au monde est une bouteille française du domaine de la Romanée-Conti qui se négocie en moyenne à 17 966 dollars, soit 15 451 euros. On peut laisser les capitalistes boire ainsi leurs dernières bouteilles. Et, comme le disait Karl Marx, clamer « mange tes gélinottes, bourgeois, et que la dernière bouchée t’étouffe ! » Et Karl Marx précisait qu’une société n’étouffe que lorsqu’elle ne peut plus continuer à développer les forces productives. C’est exactement ce qui se produit actuellement et qui fait que le capitalisme est condamné à mettre le mot FIN sur sa longue histoire d’exploitation et d’oppression.

Si les capitalistes cultivent la sinistrose, c’est bel et bien qu’ils sont les plus au courant de la non pérennité de leur système et ils savent aussi que les gouvernants n’hésiteront pas à jeter le monde dans une guerre mondiale dès qu’ils penseront que la chute est proche.

Les prétextes ne manquent pas et l’Iran n’est que l’un d’eux. On voit d’ailleurs que les prétendues nations démocratiques ne seront pas gênées de lancer la nouvelle boucherie mondiale et s’alignent déjà derrière les bellicistes… Cela aussi est un signe que le crêpe est déjà porté au bras du capitalisme et que l’enterrement est déjà commandé… Ne nous laissons pas enterrer avec le système d’exploitation et préparons la révolution mondiale !

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