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Quand le capitalisme coule le capitalisme

mercredi 10 février 2021, par Karob

Comme un navire trop plein, le capitalisme coule d’avoir trop accumulé de capital au point d’être capable d’en réinvestir une fraction de plus en plus petite dans la production de plus-value extraite du travail humain…

Quand le grand capital coule le capitalisme

Ou

Les prémisses objectives de la révolution sociale

Depuis le premier confinement, les politiques mises en œuvre par les différents gouvernements dans le monde coulent non seulement la petite entreprise mais également tout redémarrage économique ! Et ils ne le font pas par souci de la santé des populations mais parce qu’ils savent être incapables de relancer le système capitaliste.

L’effondrement, ils essaient de l’attribuer à covid et il est impressionnant ! L’Inde a annoncé une chute record de son PIB (− 23,9 %), tandis qu’en Europe le Royaume-Uni subit la pire récession du continent, avec une baisse de 20,4 % au deuxième trimestre. La première économie d’Amérique latine a fait part mardi d’un effondrement record de 9,7 % de son PIB entre avril et juin. La première économie mondiale a enregistré une chute de 9,5 % au deuxième trimestre. Les statistiques gouvernementales américaines publient des variations en rythme annualisé (− 32,9 % au deuxième trimestre), comme le Canada qui a déploré vendredi une baisse sans précédent de 38,7 % de son PIB au printemps. Quant au Japon, au deuxième trimestre, son PIB s’est effondré de 7,8 % par rapport à celui de janvier à mars. De son côté, l’ensemble de la zone euro a vu son PIB se contracter de 12,1 % au printemps après − 3,6 % au trimestre précédent, soit « de loin » le recul le plus important « depuis le début des séries temporelles en 1995 » d’Eurostat, l’office européen de statistiques.

(source : https://www.lemonde.fr/economie/article/2020/09/01/la-pandemie-de-covid-19-plonge-l-economie-mondiale-dans-une-recession-record_6050618_3234.html)

La presse s’en fait d’ailleurs l’écho et parle de « tsunami de dépôts de bilan », de « vague de faillites », mais aussi de tsunami de licenciements !Et l’une des chutes les plus frappantes n’est pas seulement celle des grandes entreprises mais celle des petites qui sont carrément étranglées par les politiques des États.Pourquoi ces gouvernements qui prétendent défendre les PME-PMI, l’artisanat ou la libre entreprise coulent-ils la petite entreprise, en menant des politiques ruinant les petits capitalistes et au-delà sabordant le capitalisme lui-même !

Pour le comprendre, il faut remettre le capitalisme dans une perspective historique ! Depuis 2008, il connaît une situation inédite dans son histoire ! Même si la plupart des commentateurs politiques ou économiques, fervents défenseurs déclarés ou non du capitalisme ainsi que ses opposants, ont tendance à comparer la situation actuelle à une crise majeure comme celle de 1929 de loin dépassée à tous les points de vue, il n’en est rien ! Le capitalisme ne connaît pas une énième crise majeure qui resterait malgré tout une crise de régulation permettant au capital de se déployer à une échelle supérieure permettant de régler momentanément les contradictions qui découlent directement de son mode de production comme Marx l’a démontrée à son époque alors que le capitalisme n’était encore qu’un capitalisme de libre concurrence entre une multitude de petits capitaliste avant devenir un capitalisme de monopole opposant aujourd’hui entre eux une petite minorité de grand capitalistes ! Pour cela nous devons comprendre quelle fût la dynamique du capital depuis cette époque !Auquel cas nous ne pourrons pas comprendre situation historique à laquelle le capitalisme doit faire face et de facto les agissements politique des classes dirigeantes qui en découlent !

La dynamique du capitalisme est l’accumulation sans fin de richesses (marchandises) sous formes de capital ! Cette nouvelle richesse extraite du travail humain (salariat), le capitaliste l’accapare en tant que propriétaire des moyens de productions (capital). Si le capitalisme émerge sur la base de la petite propriété, son développement qui se fait au travers de phase d’expansion et de crise de régulation qui, au travers de l’élimination des capitaux les moins rentables (c’est-à-dire ceux qui tirent le moins de plus-value de l’exploitation des salariés), débouche sur une concentration toujours plus grande des richesses sous forme de capital entre grands capitalistes qui se constituent monopole ! Le grand capital naît de cette concentration de richesses ! Les petites capitalistes périclitant face au grand capital ! Ces derniers ne peuvent occuper que certaines niches économiques car jugées peu rentable par le grand capital !

Le capital ainsi accumulé doit immédiatement être réinvestit et participer au processus d’accumulation ! Mais face à la concurrence des autres capitalistes, le capitaliste doit engager toujours plus de capitaux (élargir l’échelle de la production) pour abaisser les coûts de production et être concurrentiel ! Cette concurrence entre capitalistes provoque au final un surplus de marchandise qui inonde le marché incapable d’absorber ce surplus, et provoque une crise de surproduction de marchandises ! La crise joue alors son rôle en éliminant les capitalistes dont le capital est le moins rentable provoquant non seulement une concentration de capital mais la recherche de nouveaux débouchés pour les capitaux afin qu’ils s’accumulent ! Car du capital qui ne s’accumule est du capital mort ! c’est cette dynamique que nous connaissons depuis l’émergence du capitalisme au sein des sociétés féodales occidentales ! Et à chaque crise cyclique ou même crises majeures, le capital n’a pu s’en sortir sans élargir l’échelle de la production jusqu’à occuper toutes les sphères de la production ! Si jusqu’à maintenant le capitalisme était connu pour ces crises de surproduction de marchandises et a pu s’en sortir en élargissant à chaque fois l’échelle de la production, depuis la fin des années 70, le grand capital s’est trouvé dans une situation nouvelle ! Il connaît un surplus de capital : trop de capital et pas assez de champs de valorisation, c’est-à-dire de secteur où investir en exploitant le travail salarié afin de produire de nouvelles richesses qu’il accumulerait ! Ce surplus de capital a trouvé comme solution le crédit, la dette publique et la spéculation financière ! Si la financiarisation du capitalisme n’est pas nouvelle (Marx en parlait déjà à son époque comme processus logique de développement du capitalisme), celle-ci a pris un nouveau tour dans les années 70 !Depuis cette période, le capital qui s’investit de plus en plus dans la sphère financière apporte des rendements supérieurs à ceux de la sphère productive où sont produites les marchandises ! On voit alors apparaître une masse toujours plus grande de capital fictif à côté du capital réelle issu de la production de marchandises ! Depuis lors, à chaque crise cyclique, le capitalisme fuit-il toujours un peu plus vers le crédit, la dette publique et la spéculation au détriment de la production de marchandises ! Si pendant toutes ces années, la crise continue à jouer son rôle de régulation et d’aiguillon pour les capitaux à la recherche d’une productivité toujours plus grande pour le capital, en 2008, le capitalisme fait face à une situation nouvelle !Il n’accepte plus la chute, l’effondrement même partiel de son économie comme ressort nécessaire à une nouvelle phase d’expansion !

En effet, pour la première fois de son histoire, le capitalisme ne laisse pas agir les mécanismes de régulation de la crise qui assainisse l’économie en éliminant les capitaux les moins rentables permettant ainsi de restaurer le taux de profit nécessaire à un redémarrage sur des bases capitalistes et à une échelle élargie ! Pour la première fois, le capitalisme ne laisse pas couler les entreprises non rentables et n’élargit pas l’échelle de la production !On assiste en fait à l’opposé ! Les États soutiennent tous les capitalistes mêmes les moins rentables et la production dans tous les secteurs s’effondrent ! Le monde capitaliste empêche la crise cyclique de jouer son rôle de régulateur ! L’interpénétration entre grand capitaux et l’augmentation sans précédent de capital fictif est tels que laisser couler un grand capitaliste c’est laisser couler l’ensemble du capitalisme qui fermerait du jour au lendemain !Covid 19 n’est donc pas coupable de l’arrêt de l’économie mondiale ! C’est la suite de l’effondrement de 2008 qui se joue en ce moment ! Oui, effondrement et non crise de régulation du capitalisme fut-elle majeure ! la production réelle de marchandises chute dans le monde entier alors que la spéculation ou les dettes publiques explosent ! Les capitaux fictifs sont tels que la production réelle de richesses s’effondre et empêche l’accumulation de capital c’est-à-dire de nouvelles richesses que se partagent normalement entre-eux les capitalistes ! Mais cette production s’effondrant et le fait de maintenir ce partage entre capitalistes intensifie comme jamais le pillage en ruinant la petite bourgeoisie, la petite production, le petit capital mais aussi les revenus du travail ! Si le pillage a été une des sources de l’accumulation primitive du capital, il est aujourd’hui son chant du cygne !

Le capitalisme meurt de son succès, d’avoir trop bien réussi ! Le mode de production capitaliste se retourne contre le capitalisme !

Pour Marx :

« Lors d’une prospérité générale, au cours de laquelle les forces productives de la société bourgeoise se développent avec toute la luxuriance possible dans les rapports sociaux bourgeois, il ne peut être question de véritable révolution. Celle-ci n’est possible qu’aux périodes où deux facteurs, les forces productives modernes et les formes bourgeoises de production, entrent en conflit les unes avec les autres… Une nouvelle révolution ne sera possible qu’à la suite d’une nouvelle crise : l’une est aussi certaine que l’autre. »

Il remarquait ainsi dans « L’Idéologie allemande » :

« Voici les résultats qui découlent, entre autres, de la conception de l’histoire, telle que nous l’avons développée : A un certain degré de développement des forces productives, surgissent des forces de production et des moyens de communication tels que, dans les conditions existantes, ils ne font que provoquer des catastrophes. Ce ne sont plus alors des forces de production mais des forces de destruction (la machine et l’argent)… »

Si, pour Marx, chaque crise est susceptible d’être favorable aux révolutions, alors que ces dernières n’étaient que des crises de croissance permettant au capital de surmonter ses propres contradictions ; en période d’effondrement mondial du capitalisme, la situation ne sera jamais aussi favorable pour son renversement !Car la chute actuelle provient des fondements même du capitalisme, à savoir sa capacité à réinvestir ses profits dans la production. Ayant atteint ses limites, le capitalisme s’autodétruit.

« Le capitalisme ne sera jamais aussi vulnérable que quand il atteindra son apogée. » disait Karl Marx affirmant ainsi que « La véritable barrière de la production capitaliste, c’est le capital lui-même ».

La pandémie ne sert aujourd’hui qu’à couvrir cette chute inexorable de l’ancien mode de production, incapable de se survivre malgré les aides financières massives des États et des banques centrales. La hausse de mortalité que paie aujourd’hui l’humanité ne sert même pas à sauver le capitalisme, mais juste à camoufler sa chute et à faire durer un tout petit peu la survie de sa dictature. Pour réduire les sacrifices que paient les peuples, il faut accélérer la fin de l’exploitation capitaliste, la fin de la propriété capitaliste et des pouvoirs d’État capitaliste.La mort du capitalisme ouvre la voie à la révolution sociale et ne sera jamais aussi favorable que maintenant à la prise du pouvoir par les exploités et les opprimés dans le monde entier !

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