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Georges Bernanos avait prévu l’exploitation fasciste d’une pandémie

vendredi 9 avril 2021, par Robert Paris

Quand un écrivain chrétien monarchiste d’extrême droite prédit que le capitalisme mène à la pandémie mondiale et à l’ordre sanitaire fasciste

« Puisque les gauches exploitent la terreur que leur clientèle a du fascisme, nous (la bourgeoisie de droite) exploitons la terreur que la nôtre a du communisme…

Bref, on agit actuellement vis-à-vis de la classe ouvrière, ensemencée par le virus moscovite, comme les services d’hygiène à l’égard des populations contaminées…

En sorte que les Prêcheurs ont fini par fournir les cadres d’une vaste entreprise d’épuration analogue de celle que j’ai vue fonctionner en Espagne et qui porte dans l’Histoire le nom de d’Inquisition…

Nous commençons à comprendre que la Paix Militaire doit s’acheter tous les vingt ans par le sacrifice de quelques millions d’hommes. Si la paix sociale coûte aussi cher, c’est probablement que le système ne vaut rien. Allez-vous-en !...

Pour moi, j’appelle Terreur tout régime où les citoyens, soustraits à la protection de la loi, n’attendent plus la vie ou la mort que du bon plaisir de la police d’Etat….

Qu’est-ce que le Régime des Suspects ? Un régime où le pouvoir juge licite et normal non seulement d’aggraver démesurément le caractère de certains délits, dans le but de faire tomber les délinquants sous le coup de la loi martiale (le geste du poing fermé puni de mort), mais encore d’exterminer préventivement les individus dangereux, c’est-à-dire suspects de le devenir. Pour repérer ces éléments indésirables, il convient de s’assurer le service de délateurs. Le régime des Suspects est donc aussi le régime de la délation…

Je l’ai écrit. Je l’écrirai encore : la guerre qui vient ne sera rien d’autre qu’une crise d’anarchie généralisée. Puisqu’il s’agit simplement de dépeupler un continent qui compte trop de bras, trop de mains pour la perfection de sa machinerie, rien n’oblige plus à user de moyens aussi coûteux que l’artillerie.

Lorsqu’un petit nombre d’espions ravitaillés par les laboratoires et menant de ville en ville une confortable existence de touristes , suffiront à réduire de cinquante pour cent la population, en développant la peste bubonique, généralisant le cancer et empoisonnant les sources, appellerez-vous ça aussi la guerre, hypocrites ?...

Il n’y aura même plus moyen de fêter un Armistice, puisqu’il n’y aura pas plus d’armistice qu’il n’y aura eu de déclaration de guerre, les gouvernants protestant, la main sur le cœur, de leur volonté pacifique et jurant leurs grands dieux qu’ils ne sont absolument pour rien dans ce curieux déchainement d’épidémies…

La Société s’accommode assez bien de ses pauvres, aussi longtemps qu’elle peut absorber les malcontents soit dans les hôpitaux soit dans les prisons. Lorsque la proportion des malcontents s’augmente dangereusement elle appelle ses gendarmes et ouvre en plein ses cimetières…

Le nombre des misérables va croissant et nous voyons croître en proportion les budgets de guerre. Il y a là une coïncidence troublante. Après tout, détruire à coups de canon le surplus des misérables, ou consumer par le feu des récoltes entières de froment, jeter au ruisseau des tonnes de lait sont des mesures absolument identiques.

Si la société nous demandait d’approuver solennellement, par exemple, l’extermination des chômeurs, nous lui répondrions certainement par un refus. Remarquez que ce procédé aurait pourtant des conséquences moins inhumaines qu’une abstention impuissante, car en laissant se multiplier les misérables, c’est-à-dire les éléments antisociaux inassimilables, on aboutit fatalement à des répressions sanglantes qui toujours dépassent le but, remplissent les cimetières, vident les caisses de l’Etat, sont la cause de crises économiques, génératrices de nouveaux misérables – ainsi se ferme le cycle infernal. N’importe ! l’extermination des chômeurs tombe d’elle-même sous nos censures. Mais nous ne saurions interdire à la Société de se défendre contre les éléments de désordre. D’autant que nous sommes, de ces désordres, les premières victimes…

Je vois bien, par exemple, l’aide qu’apportent, en temps de guerre civile, les hommes de bonne volonté aux hommes d’argent… Et, la paix rétablie – ou du moins ce que la police appelle de ce nom – il est infiniment probable que l’homme d’argent fera recevoir l’homme de bonne volonté par son secrétaire.

L’ordre n’est-il pas sauvé ? Que demandez-vous de plus ?

Imaginons une collectivité riche comme les Etats-Unis, ou même la Grande Bretagne ou la France, où l’on fasse table rase de tous les préjugés et qu’on y décide, un beau jour, d’un accord unanime de produire au maximum sans se soucier des demandes de la clientèle. Aussitôt les usines perfectionnent leur outillage et tournent, avec roulement d’équipe, nuit et jour ; pareillement dans les campagnes, la production des céréales, la culture maraîchère, l’élevage amplifient leur rendement.

Qu’arrive-t-il ? Le volume de cette production industrielle et agricole au bout de X… années une telle dimension que l’on peut raisonnablement déclarer qu’une juste répartition serait susceptible d’octroyer à chacun et à tous un large confort et un grand bien-être.

Pourquoi faut-il que la routine de nos méthodes, la camisole de nos préjugés s’opposent à la marche du progrès et arrêtent ce mieux-être au cri de « Tu ne passeras pas ! »

Qu’y a-t-il donc de vicié dans notre système économique qui l’emprisonne dans un cercle infernal, où la production est comprimée par l’insuffisance d’une consommation solvable, tandis que cette consommation est rendue à son tour insuffisamment solvable…

Avouez que dans ces conditions les hommes d’ordre, d’un tel ordre, peuvent s’habiller en rouge, en jaune ou en vert, les dictateurs grincer des dents et montrer le blanc de l’œil… même une salle de théâtre composée d’enfants devrait s’effondrer dans un vaste éclat de rire…

Je ne suis pas, je n’ai jamais été, je ne serai jamais national, même si le gouvernement de la République m’accorde un jour des obsèques de ce nom. Je ne suis pas national parce que j’aime savoir exactement ce que je suis, et le mot national, à lui seul, est absolument incapable de me l’apprendre. J’ignore même son inventeur… Même cyniquement exploité par la propagande russe, le mouvement de solidarité qui porte les ouvriers français vers leurs copains d’Espagne dans le malheur s’inspire d’un sentiment noble, que vous avez tort de bafouer par des niaiseries…

Un chimiste roumain vient de découvrir, dit-on, un gaz qui, mêlé à l’air, même dans des proportions insignifiantes, est capable d’endormir presque aussitôt quiconque le respire. J’imagine très bien les maîtres de demain disposant ainsi dans chaque ville d’une canalisation perfectionnée d’un tel gaz. Quelques robinets qu’on tourne et la population tout entière plongée dans le sommeil, la police n’aura plus qu’à choisir tranquillement les mécontents, qui se réveilleront sur la chaise électrique. Evidemment, le fou qui prétendrait, dans ces conditions, opposer sa volonté à la volonté totalitaire n’exciterait plus que la pitié. »

Georges Bernanos, « Les grands cimetières sous la lune »

Remarque : nous ne soutenons absolument pas les écrits de Bernanos et pas même cet écrit là qui a le mérite cependant d’être une dénonciation virulente du fascisme et de l’église espagnols. Nous avons librement coupé dans un texte originel qui a des passages bien pires et notamment celui-ci :

« La Réforme de Lénine a été gâtée par la nécrose juive… Lénine et Trotsky ne furent que les prophètes juifs… »

Pas besoin de faire de commentaire.

Nous n’oublions pas que Bernanos est lui-même un militant d’extrême droite, militant chrétien, militant royaliste…

Lire un autre extrait du même ouvrage de Bernanos

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