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Ce n’est pas une lutte sanitaire mais une lutte de classes !

mardi 2 novembre 2021, par Alex, Waraa

Ce n’est pas une lutte sanitaire mais une lutte de classes !

La lutte des classes s’est aiguisée, avec le Covid, et surtout avec les politiques soi-disant anticovid et en réalité antisociales. Mais cette lutte de classe qui s’intensifie le fait aussi indépendamment du covid, depuis le début de l’effondrement capitaliste en 2008. Ce n’est pas propre à un pays même si cela se décline différemment dans chacun.

On constate cette aggravation de la lutte des classes non seulement dans la lutte que mène la classe capitaliste et ses gouvernants à la classe exploitée, mais aux combats que mène la classe travailleuse comme c’est le cas notamment aux Etats-Unis où une vague de grèves semble l’annonciateur d’un type nouveau de combats de la classe ouvrière mondiale. Les salariés américains estiment avoir été les sacrifiés des mesures de prétendue solidarité sociale face à covid et exigent des rattrapages de salaires. Mais ce n’est pas le cas seulement aux USA. « Moi ce qui m’effraie encore plus que Zemmour, c’est les discours intersectoriels du moment », déclarait récemment l’une des porte-parole du gouvernement français.Et elle qualifiait de « menace terroriste » le risque de montée d’une lutte de classe intersectorielle en France !

Un premier signe du fossé grandissant entre les classes est que, malgré la remise au goût du jour de la « fraternité des tranchées » face à l’épidémie contre laquelle les gouvernements feignent d’être en « guerre », les inégalités se sont accrues comme jamais. La misère sociale s’est développée considérablement en même temps que les capitalistes n’ont jamais été aussi riches.

En France, par exemple, le récent rapport Ehrel publié en mai concernant 4,6 millions de salariés dits de « deuxième ligne », essentiellement des non-soignants ayant continué à travailler pendant les confinements, est accablant. Ces employés, ouvriers appartenant à 17 métiers sont payés autour de 1650 euros mensuels. Ils sont moins payés, plus précaires que la moyenne des salariés, et c’est à eux qu’a été demandé le plus gros effort. Tous les discours sur les « héros » ont servi à cacher leur misère. Ni embauche en CDI, ni augmentation de salaires, ni même une comédie type « accords Ségur » ne les attend. A l’opposé, la fortune totale des milliardaires français est passée, selon le magazine Forbes, de 250 milliards d’euros en 2020 à 420 en 2021 !

La baisse des salaires dans certains secteurs se traduit par le fait que des offres d’emploi ne trouvent pas de preneurs, d’où les efforts du gouvernement pour baisser les indemnités chômage et forcer les travailleurs à accepter ces travaux sous-payés.

A l’autre bout de la chaine, les politiques sanitaires ont permis à l’industrie pharmaceutique de produire… sept nouveaux milliardaires mondiaux depuis le début de la pandémie. La France ne départ pas dans le lot avec ses 109 milliardaires en 2021 contre 95 en 2019, la plupart ayant profité de la spéculation plus que de la production de richesses.

Une réponse exemplaire à la baisse du niveau de vie des travailleurs vient des USA. Un site militant américain décrit la récente vague de grève qui balaye les USA, le plus souvent contre l’avis des syndicats, comme ici : « Plus de 10.000 travailleurs du secteur des équipements agricoles de John Deere ont lancé une grève dans les États du Midwest américain. Tandis que le syndicat United Auto Workers (UAW) conspire toujours avec la direction de l’entreprise pour étouffer la grève, il n’a aucune crédibilité auprès de la base. Les travailleurs de Deere ont rejeté à plus de 90 pour cent un contrat de concession présenté par l’UAW.

La rébellion des travailleurs de Deere est une escalade majeure du mouvement de grève qui balaie les États-Unis : 500 travailleurs d’une distillerie du Kentucky se sont mis en grève le 11 septembre ; 2.000 travailleurs hospitaliers de Buffalo, dans l’État de New York, sont en grève depuis le 1er octobre ; 1.400 travailleurs de chez Kellogg’s dans le Michigan, le Nebraska, la Pennsylvanie et le Tennessee ont débrayé le 5 octobre ; et 2.000 travailleurs des télécommunications de Frontier en Californie ont fait grève le 6 octobre. Plus de 1.000 mineurs de charbon de Warrior Met dans le nord de l’Alabama sont en grève depuis avril. Une série de débrayages et de protestations plus localisés indiquent l’ampleur et la profondeur du militantisme de la classe ouvrière : un débrayage mardi matin de 185 travailleurs de 28 foyers de groupe et programmes de jour dans le Connecticut pour protester contre des salaires et des avantages sociaux inférieurs au seuil de pauvreté ; des arrêts de travail pour exiger des augmentations de salaire de dizaines de chauffeurs de bus scolaires dans le comté de Bullitt (Kentucky) et le comté de Calvert (Maryland) cette semaine ; une grève de deux jours la semaine dernière de 400 travailleurs de la santé au McKenzie-Willamette Medical Center dans l’Oregon ; et une grève de cinq jours la semaine dernière de 350 travailleurs de la santé à Antioch, en Californie, pour protester contre le manque de personnel et les conditions de travail.Des dizaines de milliers de travailleurs d’autres secteurs ont approuvé la grève par une majorité écrasante, y compris 60.000 travailleurs de la production télévisuelle et cinématographique en Californie qui sont prêts à faire grève à partir de dimanche soir ; plus de 40.000 infirmières et travailleurs de la santé de « Kaiser Permanente » ont presque unanimement autorisé la grève sur toute la côte ouest ; et 3.500 travailleurs des pièces automobiles de Dana Cie »

Cette vague de grève aux USA a reçu le nom de Striketober (grèves d’octobre). Les organisations syndicales d’ici ne font rien pour la populariser et étendre ses mots d’ordre en France. Les candidats « révolutionnaires » aux présidentielles nous demandent d’attendre 6 mois pour, en votant pour eux, approuver à travers leur candidature le principe d’une augmentation des salaires, alors qu’ils pourraient dès aujourd’hui appeler à de « vraies » élections, celles de la démocratie ouvrière : voter des motions de solidarité avec ces luttes ouvrières, reprendre les revendications et défendre la perspective d’une grève de masse pour les défendre !

Il serait illusoire de mobiliser les travailleurs sur ces revendications économiques ? Les soudanais nous montrent l’exemple de manifestations politiques. Des embryons de telles manifestations ont lieu régulièrement en France ou les Maliens, les Ivoiriens, les Sénégalais manifestent ensemble depuis des mois contre les méfaits de l’impérialisme français en Françafrique, dont la présence de l’armée française au Mali.

Des milliers de travailleurs du secteur de la santé et autres ont fait plus que manifester, en refusant la vaccination forcée, allant jusqu’à perdre leur salaire, sans aucun soutien des organisations syndicales ou de l’’extrême-gauche qui au nom de la défense de la « science », se font les défenseurs sans nuances du « tous vaccinés ». Il n’est pas étonnant que l’abstention aux élections, le « dégagisme » mettent régulièrement dans le même sac toutes ces organisations qui ont pignon sur rue.

Cette défiance envers les organisations de gauche, des PS, PC, à Mélenchon, au NPA et à L0, de la CFDT à la CGT, est une défiance justifiée envers les organisations, pas envers les idées de lutte de classe et de révolution sociale, qui ne sont plus mise en avant par ces organisations dans notre pays, à grande échelle depuis longtemps.

Popularisons donc les grèves des USA, les manifestations au Soudan ! Un militant ouvrier révolutionnaire n’est pas celui ou celle qui « expliquera » aux travailleurs pourquoi ces luttes lesconcernent, mais ceux et celles qui organiseront une discussion, une réunion de solidarité, une AG syndicale, rejoindront un piquet des Gilets jaune pour y proposer un débat, des résolutions sur ces sujets. Des travailleurs y prendront sûrement la parole, certains ayant des liens avec ces pays, ou d’autres,ou des luttes sociales et politiques font rage. C’est cette peur d’assemblées où se libère la parole, montent les revendications, qui fait que les organisations politiques ou syndicales tentent de les tuer dans l’œuf.

Car les bureaucrates de la politiques et du syndicalisme savent que l’exploitation ne se fait pas sentir uniquement à l’usine par l’institution du salariat : le salarié est encore exploité comme consommateur à travers les impôts indirects, comme justiciable, comme locataire, comme malade, comme immigré, comme femme. Ce sont tous ces aspects de la vie des ouvriers qu’ils partagent avec d’autres exploités qui font de la classe ouvrière le dirigeant potentiel d’une révolution sociale et mondiale. La suppression de la TVA est par exemple une revendication traditionnelle du mouvement ouvrier que des candidats révolutionnaires aux élections pourraient mettre en avant actuellement à une large échelle.

Oui, la classe ouvrière est une classe mondiale et qui a un programme révolutionnaire pour tous les exploités, c’est ce qui fait notre force, dans ce contexte où l’effondrement du capitalisme, la dégradation générale des conditions de vie, la restriction des libertés se travestissent en « état d’urgence » permanent contre un virus ou le terrorisme.

Le problème du pouvoir se poserade plus en plus aujourd’hui sur un terrain extra-parlementaire avant tout. C’est le drapeau de la révolution sociale qu’il faut déployer hautement, largement. Les luttes économiques aux USA, politiques au Soudan et au Mali, sont les nôtres. Recréer une solidarité internationale des travailleurs est une étape essentielle pour changer le « rapport de force » ici-même !

Cette force potentielle des travailleurs, s’ils sortent des cadres nationaux, la révolutionnaire Rosa Luxemburg, jetée en prison pour avoir dénoncé l’impérialisme, l’avait annoncée à la veille de la première guerre mondiale, elle qui allait diriger la révolution en Allemagne quatre ans plus tard : « Une criminelle dangereuse se tient devant vous, une femme considérée comme déracinée par ceux qui l’ont accusée. En ce qui concerne mon état d’apatride, j’ai une patrie plus grande que n’en a aucun procureur, et je l’aime comme personne. Qu’est-ce que cette patrie, sinon la grande masse des travailleurs ? ». A l’heure où les impérialismes veulent nous détourner de la lutte des classes en nous embrigadant derrière leurs drapeaux, leurs patries, leurs armées dans des prétendues guerres de religions, de race ou de civilisation, en fait dans l’intérêt des capitalistes, la perspective de Rosa Luxemburg, l’union internationale des travailleurs derrière le drapeau des exploités, est plus que jamais actuelle.

Des USA au Soudan, de la France au Liban, du Brésil à l’Inde, c’est une même lutte de classes qui doit frapper la classe capitaliste et elle doit partout s’en prendre aux pouvoirs militaires, aux pouvoirs religieux, aux pouvoirs capitalistes, aux pouvoirs policiers et pas seulement les dénoncer mais les remplacer par le pouvoir des conseils du peuple travailleur !

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