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La reine est morte, à mort la royauté !

mercredi 14 septembre 2022, par Alex, Waraa

La reine d’Angleterre qui vient de décéder était la descendante d’une famille allemande nazie, les Windsor-Saxe-Cobourg-Gotha

La reine est morte, à mort la royauté ! Vive les James Connolly !

Contrairement aux apparences qui font de la royauté un amour anglais, le peuple d’Angleterre est le premier à avoir, par sa révolution sociale, renversé la monarchie et condamné à mort son roi 140 ans avant la France (exécution du roi Charles Ier le 30 janvier 1649 à Whitehall près de Westminster). Non seulement la royauté coûte extrêmement cher au peuple anglais et à tous les peuples colonisés, mais elle reste comme un fantôme d’un passé révolu, les rois et reines d’Angleterre n’étant même pas d’origine anglaise, étant une source permanente de scandales et ne décidant de rien en termes politiques ou sociaux. Si la grande bourgeoisie maintient ces vielles structures politiques surannées, elle a ses raisons et la principale, c’est qu’elle est devenue elle-même la principale classe réactionnaire...

La mort d’Elizabeth II est l’occasion de constater que la liste des monarchies qui ont subsisté sur tous les continents est très longue.

En Europe : les Windsor du Royaume-Uni et du Commonwealth ; les Bourbons d’Espagne, les Saxe-Cobourg de Belgique, les Orange-Nassau des Pays-Bas, les Nassau du Luxembourg, les Oldenbourg du Danemark, les Bernadotte de Suède, , les Oledenbourg de Norvège, les Grimaldi de Monaco, les princes de Liechtenstein .

En Afrique les allaouites du Maroc, les Bakoena du Lesotho, les Dlamini du Swaziland.

Au Moyen-Orient les dynasties des Séoud d’Arabie, des Hachémites de Jordanie, des Al Bou Saïd d’Oman, des Al Sabah du Koweit, des Al-Nahyan d’Abu-Dhabi, des Al-Maktum de Dubaï, des Al-Thani du Qatar, des Al-Khalifa du Bahrein.

En Asie l’empereur du Japon, les Varman Norodom du Cambodge, les Yang di-Pertuan Agong de Malaisie, les Chakri de Thaïlande, les sultans de Brunei, les Wangchuck du Boutan, les Tupou des îles Tonga, le O le Ao le Mao des îles Samoa.

Toutes les monarchies sont des régimes profondément réactionnaires, une revendication du mouvement ouvrier aussi ancienne que la Révolution française est donc : abolition de toutes les monarchies ! Aucun parti ni syndicat, de l’extrême gauche à l’extrême droite, tous républicains jurés, n’a repris ce slogan !

En Espagne c’est le dictateur fasciste Franco, avec la bénédiction de l’Europe, qui restaura la monarchie en désignant, en 1969 Juan Carlos le fils d’Alphonse XIII comme son successeur. Alphonse XIII avait été détrôné par la République proclamée suites aux élections municipales de 1931 dont les résultats l’avaient fait abdiquer.

Il n’est pas étonnant que le président d’extrême-droite du Brésil ait décrété trois jours de deuil, que J. Biden ait mis les drapeaux en berne (solidarité entre Etats impérialistes oblige) en l’honneur d’Elizabeth II.

Un des aspects réactionnaires des monarchies résulte premièrement de leurs liens avec les hiérarchies religieuses : papes, confréries musulmanes, moines bouddhistes etc. Le site religieux Evangélique info rappelle la situation en Angleterre : l’Eglise d’Angleterre a un statut légal privilégié depuis la Réforme au 16eme siècle. Notamment, des évêques siègent de droit à la chambre des Lords, et le souverain doit professer la religion anglicane. De plus, les écoles ont l’obligation légale de dispenser un enseignement des grandes lignes de la foi chrétienne.

Le roi d’Angleterre est statutairement le chef de l’Eglise anglicane.
En mai 2019 RFI rapportait un des nombreux épisodes montrant comment les coupables de crimes sexuels envers les enfants ont la protection de l’Etat à travers celle de la monarchie : Dans un rapport publié jeudi 9 mai, une commission d’enquête britannique indépendante sur les agressions sexuelles contre les mineurs accuse l’Église d’Angleterre d’avoir fait passer sa « réputation » avant les victimes du clergé et critique le prince Charles d’avoir soutenu un évêque reconnu coupable d’abus sexuels sur de jeunes garçons.
Lorsqu’en 1992 l’évêque Peter Ball a été accusé d’abus sexuels sur 18 jeunes garçons, l’archevêque de Canterbury de l’époque s’est empressé de lui apporter son soutien en lui écrivant des lettres de réconfort. Il a même encouragé son retour à son poste. Dans son rapport, la commission d’enquête britannique reproche également à l’Église d’Angleterre, dans son ensemble, d’avoir fait preuve de faiblesse et hésité trop longtemps avant de faire face aux accusations de pédophilie en son sein

Penser que ces questions des monarchies ne concernent pas la France dont les Révolutions de 1789, 1830 et 1848 ont aboutit au renversement des monarchies, où la monarchie ne serait défendue que par les partisans marginaux de Louis XX, XXI ou XXII, serait une erreur.

La nostalgie de la bourgeoisie française pour la monarchie est flagrante. C’est la prise du palais des Tuileries le 10 août 1792 qui renversa la monarchie, événement qui n’est jamais célébré par aucun gouvernement. La fête nationale du 14 juillet ne célèbre pas la prise de la Bastille de 1789, elle ne célèbre rien ! Lors de sa première élection Macron choisit le Louvre, la résidence royale pour la fêter. En 2022 il choisit le Champ de mars, en souvenir de la fête de Fédération du 14 juillet 1790 qui avait pour but de réconcilier le peuple et Louis XVI.

Mais au-delà des symboles, la bourgeoise française, du fait qu’elle fut coloniale, et impérialiste, a promu, aux côtés de la bourgeoisie anglaise, des monarchies, des régimes féodaux apparentés à des monarchies, dans le monde entier.

La monarchie en Belgique a été mise en place par la France et l’Angleterre, pour mettre fin à la révolution belge de 1830. Il n’y avait pas de roi belge, ces deux puissances ont été en chercher un.

Napoléon est l’incarnation de cette bourgeoisie révolutionnaire qui enterra les Lumières dès qu’elle eut prit le pouvoir. Lors de l’Expédition d’Egypte, dans sa proclamation aux Egyptiens du 27 juin 1798, Bonaparte, pour assoir sa domination, cherche à s’appuyer sur le clergé musulman, en commençant par une profession de foi suggérant sa conversion à l’Islam : « Au nom de Dieu le Bienfaiteur, le Miséricordieux, , et il n’y a pas de dieu que Dieu, il n’a pas de fils ni d’associé dans son règne. Qadi, shaykh, shorbagi, dites au peuple que nous sommes de vrais musulmans. Trois fois heureux ceux qui seront avec nous ! Ils prospèreront dans leur fortune et leur rang ; les shaykhs, les qadi et les Imams conserveront les fonctions de leurs places ; chaque habitant restera chez lui et les prières continueront comme à l’ordinaire. Chacun remerciera Dieu de la destruction des Mamelouks et criera : gloire au Sultan, gloire à l’armée française son ami ! » Promesse faite au clergé de s’embourgeoiser au nom de Dieu et du Sultan en collaborant avec la bourgeoisie française, c’est le programme de la bourgeoisie française pour les pays dominés dès sa prise du pouvoir ! La politique étrangère coloniale puis impérialiste de la bourgeoise française fut et reste à ce jour pro-monarchiste, pro-religieuse, pro-tribale. En témoignent la monarchie marocaine sauvée par l’impérialisme français, le régime tribal raciste de la Mauritanie créé artificiellement par la gauche républicaine en 1899, sur les conseils de Xavier Coppolani, qui, grâce à ses origines corses, comprenait le fonctionnement des clans et tribus, et grâce à son enfance en Algérie le rôle pro-colonial potentiel des confréries musulmanes.

L’Internationale communiste de Lénine et Trotsky résumait cette situation en 1922 : l’impérialisme étranger ne se fait pas faute de transformer dans tous les pays arriérés la couche supérieure féodale de la société indigène en instrument de sa domination. La liaison qui existe entre la bourgeoisie indigène et les éléments féodalo-réactionnaires permet aux impérialistes de tirer largement parti de l’anarchie féodale, de la rivalité qui règne entre les divers clans et tribus, de l’antagonisme entre la ville et les campagnes, de la lutte entre castes et sectes nationalo-religieuses pour désorganiser le mouvement populaire

Ne pas se déclarer anti-monarchiste, plus généralement anti-féodal (contre l’esclavage, les castes, les privilèges des aristocrates et des religieux, l’oppression des femmes) réserver ce paragraphe à l’Angleterre, comme s’il était obsolète en France c’est renoncer à la lutte contre l’impérialiste français, c’est le programme du réformisme !

Les monarchies existant aujourd’hui sont toutes non pas des reliquats de l’Histoire, mais des régimes bourgeois au service de l’impérialisme. Les abolir est au programme du prolétariat du monde entier.

Aux ouvriers marocains de Maroc et de France, ne pas proposer : A bas Mohamed VI ! à bas les rois du Maroc, valets de l’impérialisme français ! c’est tout faire pour que ces travailleurs rangent l’extrême gauche électorale (LO, NPA, RP) dans la même catégorie que le PC et la CGT : organisations ayant renoncé à l’internationalisme prolétarien.

Dans les pays dominés actuellement par l’impérialisme, la dénonciation des monarchies religieuses a été faite bien avant les Lumières en Europe.
L’historien Ibn Khaldoun né vers 1330 dans le Califat de Tunis dénonçait déjà les monarchies se voilant de la religion : après la disparition de l’esprit de corps des Arabes, la fin de leur puissance et la dissolution qui a atteint leurs moeurs, le califat a disparu et n’est restée alors que la royauté pure, telle qu’elle existait chez les rois païens de l’Orient, où l’obéissance formelle au calife était recherchée pour le prestige religieux qu’elle conférait, alors que la totalité du pouvoir et de ses moyens leur restait acquis

En l’absence de l’équivalent de la Révolution française, ce courant s’est maintenu en gardant son importance. Les propos suivants ne sont pas ceux d’un « islamophobe », mais ceux d’Ali Abderraziq, théologien égyptien, cheikh (docteur) de l’Université d’Al-Azhar, juge au tribunal islamique de Mansourah. Ce savant musulman écrivait en 1925 dans son ouvrage L’Islam et les fondements du pouvoir, anarchiste et religieux, antimonarchiste : L’observation des faits appuyés par la raison, les enseignements de l’histoire ancienne et récente nous montrent que la conduite des rites ainsi que les autres aspects de la religion ne nécessitent en rien le genre de gouvernement que les théologiens appellent califat, pas plus qu’ils n’exigent l’existence des dirigeants que l’on appelle calife. Il convient d’ajouter que les intérêts matériels des musulmans ne dépendent pas non plus de telles instituions. Nous n’avons donc pas besoin du califat ni pour la conduite de notre vie spirituelle, ni pour la direction de nos affaires temporelles

Ce même religieux, égyptien n’avait aucun regret pour les monarchies de son pays : Quel intérêt y avait-il pour les musulmans d’avoir ces fétiches impotents dressés par les rois d’Egypte et affublés du titre de Calife ? Que leur apportaient ces idoles manipulées, ces animaux bien domestiqués ? Qu’en est-il de ces larges contrées islamiques en dehors de l’Egypte qui ont été débarrassées des entraves du califat, qui ont renié son autorité, qui ont renié son autorité, qui ont vécu et vivent encore loin de l’ombre des califes et de leur soumission à leur prétendue majesté religieuse ? Les rites religieux y ont-ils été, plus qu’ailleurs, négligés ? Leurs affaires y ont-elles été frappées de dérèglement particuliers . Les bienfaits du ciel et de la terre se sont-ils évanouis lorsque les califes les ont quittées ? Non, rien de tout cela ne s’est produit : ils ont disparu, le monde n’a point pleuré leur mort.

Cette lutte contre les monarchies religieuses, menée par les ouvriers débarrassés des préjugés religieux, suivie par certains croyants, dont la masse seront des exploités, reste une des tâches fondamentale dans la plupart des pays dominés par l’impérialisme.

Ce n’est pas en s’alliant avec l’extrême-droite islamique (comme le fait le NPA de P. Poutou ou le groupe RP d’Anasse Kazib issu du NPA en s’impliquant à outrance dans la lutte contre l’expulsion de l’imam Hassan Iquioussen), que les révolutionnaires ouvriront une perspective pour les opprimés. Mais déjà en se battant pour la liberté politique dans des pays comme le Maroc, la Mauritanie, les Emirats arabes unis, en dénonçant ces régimes à partir de la métropole impérialiste qui les soutient : la France. Ni le NPA ni RP ne mettent en avant le mot d’ordre d’abolition des monarchies, qu’elles soient chrétiennes ou musulmanes.

Cette extrême gauche de France a manqué l’occasion de la mort d’Elizabeth II pour dénoncer toutes les monarchies. Pourquoi ? car des partis comme LO, NPA, RP, par manque de confiance dans la classe ouvrière, veulent se développer en occupant des positions dans les bureaucraties syndicales de la CGT et SUD. Or ces organisations, réformistes, s’interdisent et interdisent à leurs adhérents de politiser les revendications. Ces organisations syndicales sont dans une Union sacrée ininterrompue depuis 1914, soumises politiquement à leur Etat bourgeois.
Il n’est pas étonnant que les syndicats britanniques aient appelé à suspendre les grèves en période du deuil de la Reine. L’extrême-gauche syndicaliste (LO, NPA, RP) a feint de s’en indigner, en criant à la trahison. Comme d’habitude, les traîtres sont avant tout des étrangers. Mais cette extrême gauche, lors du début de la grève de Grande-Bretagne, avait unanimement applaudi ce mouvement, sans signaler que les syndicats qui la dirigent sont des traîtres en puissance, comme ceux de France, sans expliquer que partout, c’est en formant des comités de grève, des soviets,que la classe ouvrière peut combattre les bureaucraties syndicales !

Car l’avoir fait aurait obligé cette extrême gauche à dénoncer pour les mêmes raisons la CGT, SUD et autre qui ne sont pas moins traîtres des mouvements que leurs homologues britanniques.

Lorsqu’une grève générale menace d’éclater en Grande-Bretagne, tout travailleur conscient, qu’il soit en France ou en Angleterre, met en garde ses camarades en leur rappelant qu’en 1926 eut lieu en Grande Bretagne une des plus grandes grèves générales de l’histoire moderne. La bureaucratie stalinienne inaugura ses crimes contre la classe ouvrière en s’alliant au sein d’un comité anglo-russe avec les chefs syndicaux réformistes, pour trahir cette grève. Lorsqu’en 1929 Trotsky expulsé d’URSS organisa une opposition internationale au stalinisme, une des conditions d’adhésion était la dénonciation des bureaucraties syndicales, dont celle de la CGT. Les groupes comme LO et NPA qui se réclament plus ou moins de Trotsky ont abandonné ce point fondamental de son programme.

Mélenchon a adopté un ton juste, qui désacralise Elizabeth II, en déclarant « on va bouffer de la reine », mais sans plus. N. Arthaud de Lutte Ouvrière prétend aller plus loin en mentionnant la lutte des classes dans cette question.

Mais N. Arthaud prétend qu’elle ne concerne que les britanniques : « Les antimonarchistes britanniques dénoncent le coût de la monarchie pour le contribuable. » Cette déclaration est choquante.

Premièrement elle dénigre les « antimonarchistes britanniques », en ne citant qu’un aspect de leur combat contre la monarchie, l’argument comptable. On sait que le combat contre la monarchie française, qui commença certes avec le problème des finances fut aussi politique, philosophique, religieux. Les antimonarchistes anglais sont-ils donc tous si bornés pour se limiter à l’aspect financier ?

Une des figures du mouvement antimonarchiste anglais est l’universitaire Fred Halliday, dont un des livres portait justement le titre : L’Arabie sans les sultans. Il y décrit comment les régimes monarchiques, tribaux ou religieux d’Arabie Séoudite, du Yémen Sud et Nord, d’Oman, ont été combattus par des ouvriers (les travailleurs du pétrole, des ports comme Aden), des paysans pauvres et conclut son livre ainsi : La seule certitude est que l’impérialisme continuera à intervenir dans la péninsule arabique et à soutenir les régimes locaux oppressifs jusqu’à ce que les peuples de cette région, unis et guidés par des organisations révolutionnaires, se lèvent pour affirmer leur liberté. Même si nous n’avons plus de monarchie en France, les anciennes colonies ou protectorats comme le Maroc, la Mauritanie, sont pour la France analogues à ceux décrits par Halliday pour son pays l’Angleterre. La lutte anti-impérialiste dans ces régions est une lutte en partie anti-féodale, et donc également anti-monarchique.

En sous-entendant que les antimonarchistes ne se trouvent qu’en Angleterre, il y a un mouvement antimonarchiste en France que N. Arthaud veut faire oublier : c’est la tendance des marxistes révolutionnaires, des Trotskistes, dont la lignée remonte à Blanqui ! Trotski est un de ceux qui ont aboli la monarchie des Romanov en 1917, monarchie qui avait été soutenue par la finance française « républicaine » pendant des décennies. Même si la France a une République : A bas Mohamed VI roi du Maroc, à bas le régime esclavagiste basé sur les castes de Mauritanie ! sont des slogans qui font partie du programme des authentiques révolutionnaires !

N. Arthaud ajoute : La famille royale est surtout une grande famille bourgeoise, à la tête d’une entreprise bien gérée, les flonflons, les chapeaux et le cirque royal en plus.
Alors, aussi écœurante soit-elle, cette débauche d’hommages réactionnaires ne doit pas nous faire oublier les véritables rois des temps modernes : les dynasties bourgeoises.

Ecarter la question des survivances du féodalisme sur les deux tiers de la planète, les discriminations basées sur les castes, les tribus, les religions, contre les femmes, c’est réduire la lutte des exploités à celle des augmentations de salaires pour les salariés des métropoles impérialistes !

La lutte pour l’abolition de toutes les monarchies de toute la planète, est, en France comme ailleurs, plus que jamais d’actualité !

La reine d’Angleterre y est chef de la religion

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