Accueil > 16- EDITORIAUX DE LA VOIX DES TRAVAILLEURS > En Iran comme en France et ailleurs, libération des femmes et libération (...)

En Iran comme en France et ailleurs, libération des femmes et libération des exploités sont inséparables

mardi 18 octobre 2022, par Alex, Waraa

La libération des femmes et la révolution sociale sont les conditions inséparables menant au renversement du capitalisme et à l’instauration du communisme !

Religieux, néo-féministes et réformistes enferment les femmes derrière des religions ou un progressisme qui ne combat ni la propriété privée capitaliste, ni l’État,ni ses gouvernements !

Alors qu’en Iran, suite à l’assassinat par le pouvoir de Mahsa Amini, le combat des femmes et des travailleurs contre le pouvoir se poursuit et s’intensifie même dans les rues, qui sont ceux qui soutiennent réellement ce combat ? Ni les gouvernants dits démocratiques, ni les gauches, ni les féministes bourgeois et petits bourgeois, ni les syndicats, ni même les extrêmes gauches officielles… Les uns sont gênés de combattre directement la religion, les autres de soutenir un combat révolutionnaire.

Le constat d’E. Badinter sur l’Iran et la lutte des femmes

La philosophe féministe E. Badinter, a été interrogée sur la radio d’État France Inter à propos des soulèvements qui ont lieu en Iran depuis la mort de Mahsa Amini. Après avoir salué le courage des femmes iraniennes et exprimé son sentiment contradictoire entre « craintes et espérances », E. Badinter a déploré à juste titre le silence assourdissant des pseudo-féministes :

« Il y a féministes et féministes : les plus jeunes, les néo-féministes, je ne suis pas frappée par leurs indignations, leurs manifestations à propos du voile et pour une bonne raison : elles défendent les filles voilées en France. Dans le système de « l’intersectionnalité », les trois groupes que sont les gens de couleurs, les néo-féministes et les islamistes il y a une entente : aucun des trois ne bouge contre l’autre. Les islamistes ne disent jamais un mot contre les militantes LGBT. »

La contre-attaque de la radio-État ne se fit pas attendre : la « néo-féministe » A-C Mailfer eut un droit de réponse, qui tourna à l’exécution médiatique d’E. Badinter qui d’après cette néo-féministe : ignore la soif de justice des femmes, et face aux violences, leur indignation. Mais A-C Mailfer ne dit rien concernant l’absence de soutien à la lutte menée contre l’obligation du port du voile en Iran, mais aussi en France ! Qui ne dit mot consent, le néo-féminisme ne fait pas sienne la lutte des femmes contre le voile.

Néo-féminisme, LGBT, théorie des genres, lutte dégenrée mais racisée, ou dé-racisée mais genrée, tous ces mots envahissent la politique, mais les travailleurs doivent-ils se préoccuper de tels débats, au moment les questions des salaires et des retraites sont à l’ordre du jour ?

La question de la condition féminine dans les révolutions bourgeoises et ouvrières

La question de la situation des femmes a été posée de fait par les femmes d’Iran qui se sont soulevées et par celles qui dans le monde entier se sont rassemblées spontanément pour leur exprimer leur soutien.

Toute révolution qui mérite ce nom voit l’entrée en scène des femmes derrière des revendications qui les concernent particulièrement elles ainsi que celles qui concernent toutes les classes populaires. La marche (armée) des femmes sur Versailles le 5 octobre 1789, la manifestation du 8 mars 1917 à Petrograd sont emblématiques de ces « journées » qui marquèrent les grandes révolutions. Un des derniers exemples en fût la marche des femmes du Mali qui fit tomber la dictature en 1991.

Si la Révolution française maintint les femmes dans leur statut de citoyennes de seconde classe, c’est qu’elle resta une révolution bourgeoise ; les nouveaux droits des femmes conquis par la Révolution d’Octobre 1917, bien avant qu’ils fussent donné en France (égalité juridique complète, droite de vote etc.), furent le fruit d’une révolution dirigée par les ouvriers appuyés par les paysans pauvres.

Seule une révolution internationale menée par la classe ouvrière donnera tous leurs droits aux femmes, et sans une lutte des femmes pour leur émancipation aucune révolution ouvrière ne pourra triompher, c’est un des acquis, devenu un principe, du mouvement ouvrier révolutionnaire ! Le fait que le plus grand dirigeant révolutionnaire d’Europe occidentale au XXème siècle fut une femme, militante du mouvement ouvrier révolutionnaire, à savoir Rosa Luxemburg, est l’illustration de ce principe. Opprimée en tant que femme, en tant que femme juive, en tant que femme juive polonaise, touchée par toutes les formes d’oppression et d’exploitation de l’homme et de la femme, c’est en rejoignant l’Internationale ouvrière socialiste d’Engels, Lénine et Jaurès que Rosa Luxemburg choisit de combattre.

Les réformistes et la question des femmes ! Le cas de la France

A la lumière de ce principe, la journée des confédérations syndicales du 29 septembre en France, et même la grève menée par les syndicats dans les raffineries mettent en lumière le caractère profondément réactionnaires des directions syndicales qui les mettent en scène, les dirigent, et en limitent la portée, faisant des manifestations les plus nombreuses et des grèves les mieux suivies des échecs annoncés.

Ce 29 septembre, toutes les organisations syndicales (dont la CFDT, la CGT, SUD) qui appelaient à cette journée se sont refusées à en modifier un peu le programme, en y incluant un hommage à Mahsa Amini, assassinée par le pouvoir iranien. Dans son communiqué du 23 septembre, intitulé « La CGT soutient les iraniennes et iraniens mobilisés pour défendre leurs libertés », on lit que la CGT « en Iran comme partout dans le monde, s’oppose et condamne les violences faites aux femmes, la répression des manifestations, les violences policières, les arrestations arbitraires et l’impunité de ceux qui les commettent ! »

La France n’y est pas nommée, et à part un principe général, aucun appel à l’action ! Comme si la question de la situation de la femme n’était pas à l’ordre du jour autant en France autant qu’en Iran. Comme si les femmes n’étaient pas les premières à subir les coups du capitalisme contre le prolétariat ! Comme si la fraction prolétarienne représentée par les femmes n’était pas la plus exploitée et la plus opprimée dans cette France du Grand Capital !

E. Badinter a balayé devant sa porte en dénonçant la passivité des néo-féministes, les travailleurs peuvent faire de même et mettre la CGT dans le même panier concernant la solidarité avec les femmes d’Iran. Rien d’étonnant, les néo-féministes et les syndicalistes réformistes sont souvent liés aux même partis politiques : PC, PS, LFI, EE- les Verts. Ces mêmes partis qui se font le chantre de la défense du port du voile sous couvert d’un progressisme frelaté et ont soutenu les politiques anti-covid dont les femmes ont pourtant été les premières victimes !

La question de la femme en France

Il n’y pas qu’en Iran que les femmes sont méprisées. Le monde occidental dit démocratique n’est-il pas celui des féminicides en hausse continuelle, celui des violences contre les femmes, celui de l’inégalité hommes/femmes, celui de la pornographie, celui de la pédophilie (des prêtres et des autres), celui d’une police raciste contre les femmes autant que contre les jeunes de banlieue, celui des harcèlements de jeunes filles et de femmes dans des écoles et des entreprises, etc… Les femmes de France n’ont-elles pas été les plus frappées par la dégradation de la situation sanitaire depuis covid ? Ce sont des femmes qui ont été le plus sanctionnées (suspendues de leur poste de travail) refusant de se plier à la pseudo-vaccination en milieu hospitalier pendant le Covid19. Au début de l’épidémie, des femmes âgées mourantes ont été privées de tout contact avec leurs proches, traitement inhumain. La police des mœurs d’Iran a toujours trouvé des confrères dans la police médicale avant tout masculine des médecins. En France, les travailleuses les plus exploitées et précaires ne sont-elles pas, voilées ou non, les travailleuses venues d’Afrique et d’Asie (comme les "catholiques des Philippines"), travaillant dans des secteurs comme le nettoyage, souvent sous-traitants du secteur public ? Même en France, le voile imposé aux femmes est une discrimination quotidienne d’un trop grand nombre de femmes. La féministe iranienne C. Djavann l’avait dénoncé dans « Bas les voiles » en des termes qui restent valables aujourd’hui : Nous sommes en France, pays de droit, et certaines familles s’arrogent le pouvoir de voiler leurs filles mineures. Cela signifie en faire des objets sexuels, des objets. Une fille n’a aucun droit, le garçon a tous les droits.

Le combat révolutionnaire des femmes ne concerne pas seulement l’Iran, ce n’est pas simple solidarité. Il concerne le monde, y compris les pseudo démocraties ! Mais tel n’est pas le cas ! Les bureaucraties syndicales appuyées par l’extrême gauche opportuniste et par les néo-féministes, ne mènent plus les combats féministes ; le féminisme bourgeois présente la lutte des femmes seulement comme un combat pour des droits démocratiques dans le cadre d’un capitalisme qui ne serait pas à remettre en cause, à l’heure où c’est l’effondrement du capitalisme qui fait reculer dans le monde la plupart des avancées qui avaient été arrachées notamment le droit à l’avortement de plus en plus contestés quand il n’est pas tout simplement à nouveau interdit comme aux Etats-Unis sous l’action des conservateurs, de l’extrême droite et des religieux !

Pas question pour les réformistes de tous poils, déclarés ou non, de dire que pour les femmes et les hommes du prolétariat l’heure est à l’action révolutionnaire contre le capitalisme ! Pas question pour les réformistes, féministes ou non, de faire le lien entre la lutte des femmes et du prolétariat d’Iran, notamment dans le secteur pétrolier, l’insurrection populaire au Sri-Lanka qui a fait tomber le dictateur à défaut de la dictature, et avec la lutte de des classes en France ! Pas question pour les réformistes de montrer que toutes ces insurrections sont celles d’une seule et même classe sur toute la planète, le prolétariat international et sont les fruits d’une chaine de révolutions ouvrières qui mettent à l’ordre du jour la révolution sociale c’est-à-dire le renversement du capitalisme à l’échelle mondiale et la lutte pour le communisme et la fédération internationale des comités de travailleurs !

Les « journées d’action syndicale » sont à ce titre révélatrices de la politique réactionnaire de la gauche politique et syndicale et de ses extrêmes gauches et autre néo-féministes, sous couvert de luttes pour les salaires ou de luttes progressistes ! Aucune perspective révolutionnaire n’y est défendue ! Et ne comptons pas sur les extrêmes gauches du capital pour le faire !

L’extrême-gauche et les journées syndicales d’inaction

Journée d’inaction routinière passant inaperçue, le 29 septembre à la lumière des soulèvements en Iran, des voiles brûlés par les femmes iraniennes, a en effet vu son programme syndical limité aux salaires, transformé en programme ouvertement réactionnaire. L’aspect positif de cette journée est pour les travailleurs l’éclairage donné, si besoin en était, sur ces courants incluant ceux qui se veulent l’aile « radicale » de ces journées pour mieux faire avaler les couleuvres « réformistes » des appareils syndicaux inféodés au capitalisme et liés historiquement à la social-démocratie et au stalinisme, deux courant profondément contre-révolutionnaire, ayant sauvé à maintes reprises les capitalistes de la révolution sociale en France !

Cette pseudo-aile radicale au sein du syndicalisme jaune en France représentée par LO, le NPA ou ses satellites, Révolution Permanente (moréniste) d’Anissa Kazib, la Fraction étincelle ou encore l’UCL (dite communiste libertaire) n’ont proposé le moindre changement au programme du 29 septembre et se font ainsi les défenseurs de ce syndicalisme bureaucratique qu’ils prétendent combattre !

JP Mercier, porte-parole de la pseudo-trotskiste N. Arthaud, dénonça énergiquement à la dernière fête de l’Huma, la « démocratie bafouée à la CGT » mais seulement parce qu’il voulait sauver son poste bureaucratique de délégué syndical central. Le même dirigeant syndical pseudo révolutionnaire appelle les travailleurs à faire confiance à la CGT dans la lutte actuelle, dont il dit le 11 octobre : « Vive la lutte des travailleurs des raffineries ! L’essentiel est que la lutte soit dirigée démocratiquement par les travailleurs qui veulent se battre ». Pas un mot de critique sur la CGT ! Pas un mot sur le fait que le seul moyen qu’une lutte soit dirigée démocratiquement par les travailleurs, c’est la création de comités de grèves ! Pas de pouvoir des travailleurs sans auto-organisation et encore moins de libération des femmes sans celle-ci !

Pourtant en 1978, les femmes d’Iran alliées aux travailleurs du secteur pétrolier organisés dans les comités de grèves appelés Shurah, ont mis à terre le régime du Shah d’Iran. En France aussi, ce sont les femmes alliées aux ouvriers qui ont cent fois le pouvoir de renverser le capitalisme et son serviteur Macron, à condition de ne pas commettre l’erreur des ouvriers d’Iran : ils ne doivent pas faire confiance à d’autres qu’en eux-mêmes pour exercer le pouvoir.

Alors qu’en Iran comme ici, le capitalisme est à bout de souffle, toutes ces tendances politiques bourgeoises ou petites bourgeoises, qu’elles se veuillent radicales ou pas, sont également dans l’impasse politique comme le capitalisme car elles sont dans l’incapacité de proposer des perspectives politiques révolutionnaires.

Quelles pourraient être ces perspectives ! La grève du 29 et au-delà toutes les luttes notamment dans les raffineries aurait pu rappeler à la lumière des luttes de classes en Iran en 1978 et en 2022 le rôle joué par les femmes dans les révolutions et comment seule l’auto-organisation du prolétariat a permis de faire tomber la monarchie iranienne avant d’être trahis par une extrême gauche pro-mollah, voyant dans l’islam un anti-impérialisme qu’il n’est pas !

En ne faisant aucun lien avec leurs frères de classes que sont les travailleurs du secteur pétrolier des femmes travailleuses d’Iran, ou ceux du Kazakhstan réprimé début 2022, c’est le voile du nationalisme, du corporatisme étroit, de l’impérialisme que les travailleurs des raffineries revêtent même sans le vouloir. Le radicalisme implique souvent des luttes difficiles, physiques, mais c’est en se limitant à cet aspect que les bureaucrates syndicaux, sous les applaudissements des faux révolutionnaires, que les bureaucrates syndicaux font mener des luttes politiquement très modérées et très divisées aux travailleurs, avec pour résultat une démoralisation puisque la classe ouvrière, "entrée en guerre", n’obtient souvent rien. Sans entrée en guerre contre les directions syndicales, aucune guerre réelle contre le patronat n’aura vraiment commencé. En élargissant la dimension de leur combat à l’Iran même symboliquement, les travailleurs des raffineries seraient bien plus forts.

Pour se libérer, les femmes comme les hommes, tout le prolétariat, devront faire tomber tous les voiles qui nous enchaînent à la société de classe !

Si c’est contre une dictature certes en partie masculine qui leur impose le voile obligatoire que les femmes en Iran sont en lutte c’est avant tout contre un État capitaliste bourgeois, dont le voile de la religion aide à voiler à la nature de classe. Mahsa venait du Kurdistan Iranien. Le slogan « Femmes, vie, liberté » qui est le mot d’ordre provient de milieux proches du PKK. Les femmes kurdes sont opprimées en tant que femme et en tant que Kurde, mais les partis nationalistes kurdes qui prétendent les libérer sont les pires complices de tous les impérialismes. Les femmes kurdes devront se débarrasser du machisme kurde, mais aussi du nationalisme kurde et du capitalisme kurde ! La fin de leur oppression en tant que femme et en tant que Kurde ne sera réalisable que si elles se battent en tant que prolétaires, qu’elles le soient ou non, contre la dictature bourgeoise mondiale, dont l’Iran et tous les nationalistes ne sont que des relais locaux.

Et comme les femmes iraniennes qui combattent et brûlent le voile de la religion, nous travailleurs et travailleuses de France c’est en nous débarrassant également de nos propres voiles qu’ils soient nationalistes, impérialistes, bourgeois, d’extrême droite, réformistes ou encore syndicaux, imposés par les apôtres du capitalisme ou les prêtres syndicaux, que nous aurons une chance de gagner.

C’est avec des Gilets jaunes, en mettant en place des comités de grève et des comités de quartier sous le drapeau de la classe ouvrière, que les travailleurs et les travailleuses l’emporteront.

Messages

Un message, un commentaire ?

modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par un administrateur du site.

Qui êtes-vous ?
Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.