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Le croisement d’espèces vivantes, une question dialectique

vendredi 12 juillet 2024, par Robert Paris

Le croisement d’espèces vivantes, une question dialectique

Pour bien des gens, l’idée que l’homme actuel soit issu d’un croisement d’espèces (ne pas confondre avec le croisement des races ou sous-espèces) est étonnante car ils en restent à l’assertion selon laquelle le croisement d’espèces est sans descendance (infertile).

Voir cette citation de Darwin :

« Quant à la stérilité presque générale que présentent les espèces lors d’un premier croisement, stérilité qui contraste d’une manière si frappante avec la fécondité presque universelle des variétés croisées les unes avec les autres, je dois renvoyer le lecteur à la récapitulation, donnée à la fin du neuvième chapitre, des faits qui me paraissent prouver d’une façon concluante que cette stérilité n’est pas plus une propriété spéciale, que ne l’est l’inaptitude que présentent deux arbres distincts à se greffer l’un sur l’autre, mais qu’elle dépend de différences limitées au système reproducteur des espèces qu’on veut entre-croiser. La grande différence entre les résultats que donnent les croisements réciproques de deux mêmes espèces, c’est-à-dire lorsqu’une des espèces est employée d’abord comme père et ensuite comme mère nous prouve le bien fondé de cette conclusion. Nous sommes conduits à la même conclusion par l’examen des plantes dimorphes et trimorphes, dont les formes unies illégitimement ne donnent que peu ou point de graines, et dont la postérité est plus ou moins stérile ; or, ces plantes appartiennent incontestablement à la même espèce, et ne diffèrent les unes des autres que sous le rapport de leurs organes reproducteurs et de leurs fonctions.

Bien qu’un grand nombre de savants aient affirmé que la fécondité des variétés croisées et de leurs descendants métis est universelle, cette assertion ne peut plus être considérée comme absolue après les faits que j’ai cités sur l’autorité de Gärtner et de Kölreuter.

La plupart des variétés sur lesquelles on a expérimenté avaient été produites à l’état de domesticité ; or, comme la domesticité, et je n’entends pas par là une simple captivité, tend très certainement à éliminer cette stérilité qui, à en juger par analogie, aurait affecté l’entre-croisement des espèces parentes, nous ne devons pas nous attendre à ce que la domestication provoque également la stérilité de leurs descendants modifiés, quand on les croise les uns avec les autres. Cette élimination de stérilité paraît résulter de la même cause qui permet à nos animaux domestiques de se reproduire librement dans bien des milieux différents ; ce qui semble résulter de ce qu’ils ont été habitués graduellement à de fréquents changements des conditions d’existence.

Une double série de faits parallèles semble jeter beaucoup de lumière sur la stérilité des espèces croisées pour la première fois et sur celle de leur postérité hybride. D’un côté, il y a d’excellentes raisons pour croire que de légers changements dans les conditions d’existence donnent à tous les êtres organisés un surcroît de vigueur et de fécondité. Nous savons aussi qu’un croisement entre des individus distincts de la même variété, et entre des individus appartenant à des variétés différentes, augmente le nombre des descendants, et augmente certainement leur taille ainsi que leur force. Cela résulte principalement du fait que les formes que l’on croise ont été exposées à des conditions d’existence quelque peu différentes ; car j’ai pu m’assurer par une série de longues expériences que, si l’on soumet pendant plusieurs générations tous les individus d’une même variété aux mêmes conditions, le bien résultant du croisement est souvent très diminué ou disparaît tout à fait. C’est un des côtés de la question. D’autre part, nous savons que les espèces depuis longtemps exposées à des conditions presque uniformes périssent, ou, si elles survivent, deviennent stériles, bien que conservant une parfaite santé, si on les soumet à des conditions nouvelles et très différentes, à l’état de captivité par exemple. Ce fait ne s’observe pas ou s’observe seulement à un très faible degré chez nos produits domestiques, qui ont été depuis longtemps soumis à des conditions variables. Par conséquent, lorsque nous constatons que les hybrides produits par le croisement de deux espèces distinctes sont peu nombreux à cause de leur mortalité dès la conception ou à un âge très précoce, ou bien à cause de l’état plus ou moins stérile des survivants, il semble très probable que ce résultat dépend du fait qu’étant composés de deux organismes différents, ils sont soumis à de grands changements dans les conditions d’existence. Quiconque pourra expliquer de façon absolue pourquoi l’éléphant ou le renard, par exemple, ne se reproduisent jamais en captivité, même dans leur pays natal, alors que le porc et le chien domestique donnent de nombreux produits dans les conditions d’existence les plus diverses, pourra en même temps répondre de façon satisfaisante à la question suivante : Pourquoi deux espèces distinctes croisées, ainsi que leurs descendants hybrides, sont-elles généralement plus ou moins stériles, tandis que deux variétés domestiques croisées, ainsi que leurs descendants métis, sont parfaitement fécondes ?

Source : https://fr.wikisource.org/wiki/L%E2%80%99Origine_des_esp%C3%A8ces/Chapitre_XV

Une des réponses vient de la théorie des mutations :

« Lorsque, au contraire, l’espèce est dans sa période de mutation, elle offre une abondance de variations spécifiques, que leur caractère distingue des petites variations individuelles. Elles sont, en effet, brusques, nettement tranchées, permanentes, fixées et héréditaires dès leur apparition, et elles entraînent l’infertilité du croisement de la forme nouvelle avec la forme souche. Elles conduisent en un mot à la transgression des limites de l’espèce.

Telle est l’hypothèse nouvelle de la mutation. Avant d’en exposer les fondemens expérimentaux et de fournir les justifications de fait, il convient d’en bien fixer la signification, la portée et les conséquences.

Cette théorie est une sorte de réhabilitation de l’idée de l’espèce. Elle n’en fait pas, sans doute, l’entité fixe, la catégorie spéciale et immuable de la Pensée créatrice, qu’admettaient les anciens naturalistes à la suite de Linné. C’est vraiment une doctrine transformiste ; elle admet l’existence possible d’un nombre infini d’espèces descendant les unes des autres. Néanmoins il ne faut pas se dissimuler qu’elle confère à l’espèce une existence objective, une sorte de réalité que l’école transformiste avait perdu l’habitude d’envisager. « Les espèces apparaissent, dit H. De Vries, comme les unités invariables dont a besoin la systématique… Leur existence est réelle comme celle des individus. L’espèce naît, traverse une courte jeunesse, pendant laquelle elle est sujette à la mutation spécifique, se maintient à l’état adulte pendant une période qui peut être extrêmement longue, puis disparaît finalement. »

La doctrine de H. De Vries s’oppose à celle de Darwin sur presque tous les points. La théorie darwinienne a pour cheville ouvrière la variation individuelle ; la théorie nouvelle, la mutation spécifique. »

Source :

https://fr.wikisource.org/wiki/Une_Nouvelle_th%C3%A9orie_de_l%E2%80%99origine_des_esp%C3%A8ces

Le croisement de deux espèces est l’hybridation :

https://www.tandfonline.com/doi/pdf/10.1080/00378941.1954.10834995

Il existe des hybrides viables (fertiles), contrairement à ce qui est souvent dit :

https://revistapesquisa.fapesp.br/fr/quand-les-hybrides-sont-fertiles/

https://www.lemonde.fr/archives/article/1969/03/27/le-probleme-des-croisements-contre-nature_2436386_1819218.html

https://horizon.documentation.ird.fr/exl-doc/pleins_textes/divers14-03/010062097.pdf

Pourtant bien des chercheurs affirment l’inverse :

https://www.larecherche.fr/les-hybrides-sont-toujours-st%C3%A9riles

1°) La notion d’espèce

https://fr.wikipedia.org/wiki/Esp%C3%A8ce

https://www.cosmovisions.com/espece.htm

https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-01207135/file/C21Bardat.pdf

https://jeretiens.net/quest-ce-quune-espece-au-sens-biologique-du-terme/

Les considérations sur l’hybridation reposent la question de la notion d’espèce :

https://lepidoptera.forumactif.com/t1548-hybridation-et-sterilite

2°) le croisement d’espèces

S’agit-il réellement de croisements d’espèces ou de sous-espèces ou variétés, ou encore races au sein d’une même espèce ?

Toutes les espèces ne se croisent pas avec la même facilité : on serait assez naturellement tenté de croire que la disposition au croisement est d’autant plus grande que les affinités organiques sont mieux marquées ; il n’en est pourtant pas toujours ainsi. M. Gärtner s’est assuré que des espèces végétales très voisines ne se marient pas entre elles, tandis qu’il a obtenu la fécondation mutuelle de plantes qui, par les fleurs, les caractères extérieurs, la longévité, les stations géographiques naturelles, sont essentiellement dissemblables. La fertilité dépend d’ailleurs du sens même du croisement : l’étalon peut être croisé avec l’ânesse, comme l’âne avec la jument ; mais la fécondation est souvent beaucoup plus facile d’une manière que de l’autre. Kölreuter, par exemple, dit que la mirabilis jalappa est aisément fécondée par le pollen de la mirabilis longiflora, et que les hybrides ainsi obtenus sont encore assez fertiles, tandis que pendant huit ans il essaya en vain, à plus de deux cents reprises, de fertiliser la seconde espèce par le pollen de la première. Quand le croisement réciproque peut être accompli, il y a pourtant toujours quelque différence dans la fécondité des hybrides obtenus par l’un ou l’autre moyen. M. Darwin se demande s’il faut conclure de ces lois complexes et singulières que l’infertilité des mariages entre espèces est destinée uniquement à empêcher celles-ci de se confondre dans la nature ; il ne le pense pas. « Pourquoi, remarque-t-il, la stérilité varierait-elle entre des limites aussi éloignées, quand différentes espèces sont croisées ? Pourquoi le degré de stérilité serait-il inné et variable dans les divers individus appartenant à une même espèce ? Pourquoi certaines espèces se marieraient-elles facilement, tout en ayant des hybrides très stériles, et d’autres avec une très grande difficulté, tout en donnant des hybrides suffisamment féconds ? Pourquoi y aurait-il souvent une différence si notable entre les résultats des croisemens réciproques entre deux espèces ? pourquoi, peut-on même demander, la production des hybrides a-t-elle été autorisée ? Permettre que l’espèce puisse engendrer des hybrides, puis en arrêter la propagation ultérieure par des degrés variables de stérilité, qui ne sont pas exactement en rapport avec la facilité de la première union entre les parens, constitue, ce nous semble, un bien étrange arrangement. »

La fécondité des métis, qui proviennent du mariage, non plus d’espèces différentes, mais de simples variétés de la même espèce, est soumise à des irrégularités tout aussi extraordinaires que celle des hybrides proprement dits. Le nombre de ces anomalies serait sans doute beaucoup plus frappant si les botanistes ne s’empressaient de ranger dans des espèces différentes deux plantes, considérées d’abord comme de simples variétés, aussitôt qu’ils ont constaté qu’elles se stérilisent mutuellement. On tourne ainsi dans un véritable cercle vicieux ; mais voici pourtant quelques observations placées à l’abri de toute critique. On a constaté que dans une même espèce certaines variétés se marient plus volontiers que d’autres avec des plantes étrangères et donnent plus facilement des hybrides. Ainsi le chien aux oreilles et au museau pointus qu’on nomme en Allemagne spitz s’unit plus volontiers au renard que tous les autres chiens. Il y a dans l’Amérique du Sud des races de chiens qui ne s’accouplent pas avec des chiens d’Europe. Gärtner a observé que des variétés particulières de maïs se fécondent très difficilement entre elles, bien qu’elles se distinguent à peine par les caractères externes ; il a vu aussi les deux variétés blanche et jaune d’une même espèce de verbascum donner par le croisement beaucoup moins de graine que lorsque chacune d’elles était fertilisée par son pollen particulier. Suivant Kölreuter, il y a un tabac qui se marie plus aisément à d’autres plantes que tous les autres.

Que devons-nous conclure de tous ces faits ? C’est que la fécondité et la stérilité variables des hybrides et des métis tiennent à une multitude de circonstances encore obscures, dont l’étude réclame le zèle des plus patiens et des plus habiles observateurs. On peut même, sans trop s’aventurer, affirmer que la connaissance en restera toujours incomplète, parce qu’il n’est aucun phénomène qui échappe aussi bien à l’analyse que celui de la génération. La nature l’a couvert de ses voiles les plus épais ; c’est l’éternel secret du grand Pan, que tout œil, toute bouche, que la pensée même doit respecter. La stérilité des êtres qui, comme les hybrides et les métis, sortent de la règle commune est déterminée sans doute par des différences, peut-être très légères, qui affectent surtout les organes et le système même de la reproduction. Sauf en ce qui concerne la facilité de la propagation, on ne peut observer aucune distinction bien essentielle entre les hybrides et les métis. Quand on croise deux espèces, il y en a toujours une qui lègue la ressemblance la plus frappante à l’hybride et laisse en quelque sorte l’empreinte la plus forte ; la même chose a lieu pour deux variétés et les métis qu’elles engendrent. Les hybrides dus à un croisement réciproque sont généralement ressemblans ; on peut en dire autant des métis dans le même cas. Les uns et les autres peuvent enfin, par des croisemens bien opérés, être ramenés par degrés à l’une quelconque des deux formes originaires. Il faut donc admettre, pour tirer de ces faits une conséquence générale, que les lois en vertu desquelles se règle la ressemblance des parens et des descendans sont toujours les mêmes, qu’elles ne dépendent en rien de l’affinité plus ou moins grande des parens, ni de leur place particulière dans la classification systématique.

Dès lors il n’est guère possible, en se plaçant à un point de vue vraiment philosophique, d’établir une distinction fondamentale entre les espèces animales et les variétés. Ce cours d’eau n’est pas très large, vous le nommez torrent ; il grossit en descendant la plaine, vous l’appelez rivière. Dites-moi, je vous prie, à quel point précis le torrent finit et la rivière commence. La stérilité relative des hybrides s’explique suffisamment par les anomalies de leur organisation exceptionnelle ; mais qui nous assure qu’il n’a pu souvent se présenter des cas où, en s’unissant entre eux, les hybrides ont donné naissance à des êtres plus féconds qu’eux-mêmes, précisément parce qu’à chaque génération les différences organiques entre les parens allaient en s’atténuant ? La fertilité, au lieu de décroître, a pu quelquefois augmenter si rien dans les circonstances extérieures n’y mettait obstacle. Si, comme beaucoup de naturalistes sont enclins à le penser, toutes nos races de chiens sont dues au croisement de quelques espèces primitives, il faut admettre forcément qu’il y a eu à un certain moment des hybrides féconds. M. Darwin suppose, peut-être avec raison, que cette fécondité a été favorisée par la domesticité, qui, en soumettant les animaux à la vie commune, à un régime uniforme, opère entre eux des rapprochemens nouveaux, et fait en quelque sorte passer les organismes les plus variés sous un même niveau.

Dès qu’il est admis qu’il n’y a aucune différence essentielle entre les espèces et les simples variétés zoologiques, on comprend aisément qu’une race particulière aura droit au titre d’espèce aussitôt qu’elle aura atteint un très notable développement et qu’elle possédera des caractères suffisamment originaux. Le principe de l’hérédité naturelle, en même temps qu’il conserve les espèces, tend à les morceler ; il les subdivise en groupes destinés à devenir des espèces à leur tour. On comprend pourtant que ce résultat ne pourrait être atteint, s’il ne s’opérait fatalement dans l’ordre de la nature quelque chose d’analogue à la sélection, qui a permis à l’homme de créer tant de races parmi les animaux soumis à son empire. Les particularités organiques prennent naissance avec l’individu ; si les individus doués de caractères distincts étaient confondus dans une continuelle promiscuité, les variétés ne pourraient pas mieux se particulariser qu’un tableau ne pourrait naître du mélange fortuit de toutes les couleurs. Il faut que les variétés, à mesure qu’elles se prononcent plus franchement, s’isolent davantage pour atteindre, après une longue série de générations, le rang hiérarchique des espèces.

Pour bien comprendre l’histoire de la nature, il faut y voir le jeu éternel d’une double action ; tandis que le principe conservateur de l’hérédité préside à la transmission régulière des caractères, la sélection naturelle, principe de mouvement et de progrès, les localise, les classe, met certaines formes au rebut, en admet de nouvelles. Cette conception neuve est due à M. Darwin ; l’on en sent du premier coup la grandeur et l’originalité. Mais comment, dira-t-on, agit cette prétendue sélection ? quels moyens emploie-t-elle ? quelle puissance, remplaçant dans le monde animé la main de l’homme, a si souvent renouvelé la face de la terre ? C’est la souveraine puissance de la mort. Corrigeant pour ainsi dire la vie, elle arrête les écarts, les monstruosités ; elle jette les faibles en sacrifice aux forts, elle fait grâce à certaines races, elle condamne les autres. Chaque jour, chaque heure, chaque instant, replongent des milliers d’êtres dans cet abîme inerte de la matière inorganique, d’où la vie les avait pour un instant tirés. Quand il a été dit : « Croissez et multipliez, » il a été sous-entendu : « Multipliez, mais détruisez-vous les uns les autres. » Que deviendrait la terre, si la progression géométrique dont Malthus a fait tant de bruit pour l’espèce humaine s’appliquait à toutes les plantes et à tous les animaux ? Il ne resterait pas assez de place dans l’air, dans les mers, sur les continens, pour les innombrables descendans de la population primitive, et toutes les plaies d’Égypte affligeraient chaque pays. Rien de semblable n’est heureusement à craindre ; il ne suffit pas de naître, il faut encore pouvoir vivre. L’homme, ce fier souverain de la nature, est lui-même obligé de lutter perpétuellement pour obtenir sa subsistance ; il l’arrache péniblement à la terre, il la dispute aux animaux, il la tire de ceux qu’il peut asservir. Vivre ! n’est-ce pas le grand souci et presque le seul objet de l’immense majorité des hommes ? Nous mangeons les animaux, les animaux se mangent entre eux. La baleine, chaque fois qu’elle ferme ses larges mâchoires, engloutit des milliers de mollusques, de crustacés et de zoophytes. « Nous voyons, dit M. Darwin, la nature brillante de beauté, et souvent nous y apercevons en abondance tout ce qui peut servir à nourrir les êtres ; mais nous ne voyons pas ou nous oublions que les oiseaux qui chantent paresseusement autour de nous vivent principalement d’insectes ou de graines, et sont ainsi toujours occupés à détruire ; nous oublions comment ces chanteurs, leurs œufs ou leurs nids sont détruits par des oiseaux ou des bêtes de proie ; nous ne nous rappelons pas toujours que la nourriture que nous voyons aujourd’hui abondante ne l’est pas dans toutes les saisons. Quand on dit que les êtres luttent pour vivre, il faut entendre ce mot dans le sens le plus large et le plus métaphorique, y comprendre la dépendance mutuelle des êtres, et, ce qui est encore plus important, les difficultés qui s’opposent à la propagation. Dans un temps de famine, on peut dire que deux carnassiers sont en lutte pour obtenir de quoi soutenir leur existence ; mais on peut dire aussi que la plante jetée au bord du désert lutte pour vivre contre la sécheresse. Un arbuste qui annuellement donne un millier de graines, sur lesquelles une seule en moyenne vient à maturité, lutte en réalité contre les plantes de la même espèce ou d’espèces différentes qui déjà couvrent le sol. »

Il est souvent très difficile de discerner les causes qui, en certains lieux, arrêtent le développement d’espèces particulières : quand elles ne trouvent point d’obstacles, on voit ces espèces se propager avec une merveilleuse rapidité. Les animaux domestiques importés en Australie et dans les grandes plaines de l’Amérique du Sud s’y sont multipliés dans une proportion presque incroyable. Peu d’années ont suffi à certaines plantes européennes acclimatées dans l’Inde anglaise pour se répandre depuis le cap Comorin jusqu’à l’Himalaya. Cependant les espèces ne sont ni toutes, ni toujours aussi favorisées : il s’établit dans chaque province géographique une façon d’équilibre entre tous les membres de la faune et de la flore ; cet équilibre est dérangé par des accidens climatériques, des épidémies, des émigrations ou des immigrations, mais il tend sans cesse à se rétablir. Des rapports plus intimes, plus resserrés que les mailles du tissu le plus fin, relient entre elles toutes les parties de la création. Cette dépendance met chaque être à la merci non-seulement des circonstances physiques qui l’enveloppent, mais des événemens qu’entraîne la compétition perpétuelle de tout ce qui est vivant. La nature prononce son vœ victis avec une inflexible sérénité : heureuses les races douées de quelque caractère qui puisse leur devenir un avantage ! Toutes les autres seront obligées de disparaître, souvent sans lutte ouverte ; dépossédées, trouvant toute place prise, toute subsistance enlevée, elles finiront nécessairement par s’éteindre.

On voit ce que M. Darwin entend par la sélection naturelle. De même que la domesticité a opéré tant de variations organiques utiles à l’homme, d’autres variations utiles à des êtres divers pour la grande et complexe bataille de la vie ont pu quelquefois se produire naturellement dans le cours de plusieurs milliers de générations. « Comme l’homme peut produire et certainement a produit de grands résultats par une sélection soit méthodique, soit inconsciente, que ne peut faire la nature ! L’homme ne se préoccupe que de caractères externes et visibles ; la nature n’a pas souci des apparences, sauf en ce qu’elles peuvent entraîner d’utile. Elle agit sur tous les organes internes, sur toutes les nuances et les différences constitutionnelles, sur la machine entière de l’existence. L’homme ne fait de sélection que pour son propre bien, la nature que pour celui de l’être même sur lequel elle agit. Elle donne aux caractères qu’elle choisit un développement complet, et place les êtres dans les conditions vitales qui leur sont propices. L’homme garde dans le même pays les produits de tous les climats ; il exerce rarement la sélection des caractères de la façon la plus convenable : il donne à un pigeon au bec court et à un pigeon au bec long la même nourriture ; il expose les moutons à longue laine et à courte laine aux mêmes intempéries. Il ne permet point aux mâles de lutter entre eux pour obtenir les femelles. Il ne détruit pas impitoyablement tous les animaux inférieurs, mais il protège tous ses biens dans toutes les saisons, autant qu’il est en son pouvoir. Il commence souvent la sélection par quelque forme à demi monstrueuse, ou du moins par une modification assez frappante pour attirer son regard, ou lui être d’une évidente utilité. Dans la nature, la plus légère différence de structure ou de constitution peut faire pencher la balance en faveur d’une variété. Combien sont instables les vœux et les efforts de l’homme ! de quel court temps il dispose ! et conséquemment combien son œuvre sera pauvre, comparée à celle où la nature a accumulé son travail pendant les longues périodes géologiques ! Pouvons-nous donc nous étonner que les productions de la nature aient quelque chose de plus vrai que celles de l’homme, qu’elles soient infiniment mieux adaptées aux conditions complexes de l’existence, et qu’elles portent clairement la marque d’un art bien supérieur ? On peut dire que la sélection naturelle scrute chaque jour et chaque heure le monde, pour y reconnaître les variations les plus légères, rejetant ce qui est mauvais, conservant tout ce qui est bon pour s’en enrichir, travaillant silencieusement et insensiblement, partout où s’offre une occasion favorable, à perfectionner les êtres et à les mettre mieux en harmonie avec les conditions organiques et inorganiques de l’existence. Ces changemens graduels ne nous sont révélés que lorsque la main du temps a marqué un long laps d’années, et le tableau des âges géologiques écoulés arrive à nos yeux si effacé qu’il nous apprend seulement que la vie a revêtu jadis d’autres formes qu’aujourd’hui. »

L’idée originale de M. Darwin consiste, on le voit, à expliquer par la sélection naturelle toute l’histoire de la création : il reste à discuter les objections que soulève la théorie qui vient d’être exposée, ainsi qu’à en tirer toutes les conséquences relatives au problème de l’origine des races humaines et au rôle qui leur est attribué dans le monde organique.

https://fr.wikisource.org/wiki/Nouvelle_th%C3%A9orie_d%E2%80%99histoire_naturelle_-_L%E2%80%99Origine_des_esp%C3%A8ces

http://vminfotron-dev.mpl.ird.fr:8080/masto2_2/archives/2012-HybridationRappFinal.AC.pdf

https://www.liberation.fr/sciences/archeologie/croisement-despeces-ca-fait-au-moins-4500-ans-que-lhomme-fait-des-aneries-20220115_O4ZYF2OGVVAPNMYPTQGSU55IGI/

3°) Spéciation par hybridation

La spéciation par hybridation est une forme de spéciation où l’hybridation entre deux espèces différentes conduit à une nouvelle espèce, isolée de l’espèce parente sur le plan reproductif. Auparavant, l’isolement reproductif entre les hybrides et leurs parents était considéré comme particulièrement difficile à réaliser, et les espèces hybrides étaient donc considérées comme extrêmement rares. L’analyse de l’ADN étant devenue plus accessible dans les années 1990, il a été démontré que la spéciation par hybridation est un phénomène assez courant, en particulier chez les plantes.

https://fr.wikipedia.org/wiki/Sp%C3%A9ciation_par_hybridation

https://books.google.fr/books?id=RXU8DwAAQBAJ&printsec=frontcover&redir_esc=y#v=onepage&q&f=false

https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/21236911/

https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/16049486/

https://www.annualreviews.org/doi/10.1146/annurev.ecolsys.28.1.593

https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/29170277/

4°) Des conséquences pour l’espèce humaine

https://fr.wikipedia.org/wiki/Hybridation_entre_les_humains_archa%C3%AFques_et_modernes

https://www.hominides.com/html/actualites/sapiens-adn-hybridation-autre-homo-0490.php

https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/23315957/

https://repository.arizona.edu/handle/10150/216971

https://www.pourlascience.fr/sd/paleontologie-humaine/homo-sapiens-une-espece-mosaique-18065.php

https://www.matierevolution.fr/spip.php?article2981

https://www.matierevolution.fr/spip.php?article5760

https://www.matierevolution.fr/spip.php?article5037

https://www.matierevolution.fr/spip.php?article3908

https://www.matierevolution.fr/spip.php?article6610

https://www.matierevolution.fr/spip.php?article5470

5°) L’hybridation, un phénomène bien plus courant qu’il n’y paraît

https://www.nationalgeographic.fr/animaux/2022/10/lhybridation-un-phenomene-bien-plus-courant-quil-ny-parait

https://jeretiens.net/la-speciation-par-hybridation/

https://blog.vegenov.com/2016/04/lhybridation-entre-especes-pas-si-simple/

6°) La dialectique de l’espèce

https://www.pourlascience.fr/sd/biologie-animale/l-espece-entre-stabilite-et-evolution-1474.php

https://www.matierevolution.fr/spip.php?article5673

https://www.matierevolution.fr/spip.php?article5491

https://www.matierevolution.fr/spip.php?article4437

https://www.matierevolution.fr/spip.php?article5143

https://www.matierevolution.fr/spip.php?article3271

https://www.matierevolution.fr/spip.php?article5126

https://www.matierevolution.fr/spip.php?article4321

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