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1943-1947 : la gauche communiste (bordiguiste) n’a pas vu passer la révolution à la fin de la deuxième guerre mondiale
dimanche 29 janvier 2023, par
1943-1947 : la gauche communiste (bordiguiste) n’a pas vu passer la révolution à la fin de la deuxième guerre mondiale
« La période historique actuelle est profondément contre-révolutionnaire… »
Bordiga, Parti communiste international, « Thèses caractéristiques du parti », décembre 1951
https://www.sinistra.net/lib/bas/progco/qioi/qioiipebof.html#u22
Selon l’écrit bordiguiste suivant, le plus grand mérite de la gauche communiste bordiguiste aurait été d’expliquer pourquoi une revolution prolétarienne n’était plus possible à la fin de la deuxième guerre mondiale, contrairement à ce qui s’était passé à la fin de la première guerre mondiale…
« Contrairement à bien des survivants du second massacre mondial, Amadeo Bordiga avait prévu que le schéma du premier après-guerre ne se répèterait pas, que la guerre impérialiste ne se transformerait pas en guerre civile… En ce qui concerne, de façon plus particulière, l’issue de la seconde guerre impérialiste, la Gauche montrait en outre que la victoire de l’Angleterre et surtout des U.S.A., gendarme de l’impérialisme mondial, sur les pays plus faibles de l’Axe capitaliste Berlin – Tokyo – Rome avait constitué la solution la plus défavorable à la reprise du mouvement prolétarien. Repoussant l’indifférentisme pour lequel toutes les issues ont les mêmes effets historiques, elle montrait que cette victoire assurerait au capitalisme mondial une stabilité qu’après la chute de la puissance anglaise, la victoire des États moins solides de l’Axe aurait été incapable de lui procurer… Dans les pays vaincus, l’occupation militaire bloqua toute reprise du mouvement de classe, comme c’était d’ailleurs son but, le capitalisme ayant, mieux que le prolétariat, tiré la leçon de l’histoire antérieure. Il ne fallait donc pas se taire d’illusions sur la durée de la vague contre-révolutionnaire… »
https://www.sinistra.net/lib/bas/progco/qioi/qioiipebof.html
En 1945, pour expliquer ce triomphe écrasant de la contre-révolution, Bordiga écrit :
« La deuxième guerre impérialiste et ses séquences déjà évidentes se caractérisent par l’influence prépondérante, dans toutes les régions du monde, même celles soumises aux formes les plus arriérées de la société indigène, non pas tant des formes économiques capitalistes puissantes, mais de l’irrésistible politique et le contrôle militaire exercé par les grandes forteresses impérialistes du capitalisme, actuellement organisées en une gigantesque coalition qui inclut l’État russe. »
C’est au point qu’il en arrive à affirmer que le but du parti révolutionnaire n’est pas de comprendre la révolution mais la contre-révolution !
En 1951, Bordiga estime qu’aucune lutte révolutionnaire n’a été possible depuis la deuxième guerre mondiale
On peut lire dans un écrit bordiguiste :
« Bordiga a lui aussi bien compris la défaite du prolétariat et le développement orgiaque du capital après 1945. C’est pourquoi il écrit : « Nous avons dit à maintes reprises que le manifeste est une apologie de la bourgeoisie, et aujourd’hui, après la Seconde Guerre mondiale, et après la résorption de la révolution russe, nous ajoutons qu’il faut en écrire une autre." ( Il Marxismo dei cacagli , 1952) Le développement du capital à l’échelle mondiale augmenterait, pensait-il, le prolétariat et la crise résultant de l’extraordinaire boum repousserait à nouveau le prolétariat dans les anciennes métropoles, l’Allemagne en particulier. Ce pays était considéré comme le centre de la future révolution. Les diverses récessions, ainsi que les contre-coups des révolutions anticoloniales n’ont nullement conduit à la restauration de l’agitation révolutionnaire en Europe de l’Ouest et aux USA. La passivité du prolétariat semble même être devenue permanente au début des années 60… La défaite de 1945 a signifié l’impossibilité pour le prolétariat de se substituer et de remplacer le capital dans la zone esclavagiste, et dans d’autres zones, qui se sont soulevées après 1945, et d’empêcher le capital de réaliser sa domination réelle sur le plan social, d’abord et avant tout. immédiatement à l’Ouest, puis sur l’ensemble de la planète (dans la mesure où c’est même la forme supérieure qui domine les autres). Nous avons dit que le capital ne peut y parvenir qu’en réalisant la domination de l’être immédiat du prolétariat, le travail productif. »
https://www-marxists-org.translate.goog/archive/camatte/capcom/revolution.htm?_x_tr_sl=en&_x_tr_tl=fr&_x_tr_hl=fr&_x_tr_pto=sc
« Cela démontrait la justesse de la position de la Gauche italienne qui, considérant la seconde guerre mondiale comme impérialiste, et l’occupation des pays vaincus comme contre-révolutionnaire, prévoyait la totale impossibilité d’une reprise révolutionnaire immédiate. »
https://www.sinistra.net/lib/bas/progra/vami/vamimfebif.html#u3c
C’est une position étonnante pour un révolutionnaire, connaissant la dialectique des contraires : pas de situation contre-révolutionnaire sans situation ou menace révolutionnaire. Or, Bordiga considère que toute la période est définie comme contre-révolutionnaire…
Lire ici les positions du courant bordiguiste en 1945 :
https://www.pcint.org/40_pdf/15_Textes_Theses/FR/1945_plateforme-pcinternazionalista.pdf
Mais ce schéma est faux : à la fin de la guerre débute une vague révolutionnaire, révolution dans les camps de la mort des juifs, révolution à Varsovie, révolution en 1945 au Vietnam, en Corée, en Indonésie, en Inde, en Algérie, à Madagascar, etc… Les révolutions qui succèdent à la deuxième guerre mondiale sont légion.
Elles sont combattues et trahies par le stalinisme allié aux « démocraties » capitalistes occidentales.
Celles qui n’ont pas eu lieu proviennent de la trahison stalinienne qui pactise avec l’impérialisme et des bombardements alliés qui ont massivement détruit la classe ouvrière, notamment en Allemagne et au Japon…
La révolution en Corée en 1945
https://www.matierevolution.fr/spip.php?article1680
La revolution en Indonésie en 1945
https://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9volution_nationale_indon%C3%A9sienne
https://www.matierevolution.fr/spip.php?article1825
La révolution au Vietnam en 1945
https://www.matierevolution.fr/spip.php?article6153
https://www.matierevolution.fr/spip.php?article578
https://www.matierevolution.fr/spip.php?article5073
https://www.matierevolution.fr/spip.php?article6148
https://www.matierevolution.fr/spip.php?article440
Menace prolétarienne au Japon et réponse impérialiste alliée
https://www.matierevolution.fr/spip.php?article104
https://www.matierevolution.fr/spip.php?article3773
https://www.matierevolution.fr/spip.php?article4327
La révolution prolétarienne en Asie à la fin de la deuxième guerre mondiale
https://www.matierevolution.fr/spip.php?article63
Situation révolutionnaire en Inde
https://www.matierevolution.fr/spip.php?article439
Révolte des ghettos juifs et camps de la mort
https://www.matierevolution.fr/spip.php?article1264
https://www.matierevolution.fr/spip.php?article827
https://www.matierevolution.fr/spip.php?article5647
Soulèvement aussi en Italie en 1943
http://www.matierevolution.fr/spip.php?article94
Insurrection à Athènes en 1944
https://www.matierevolution.fr/spip.php?article1483
Insurrection de Varsovie
https://fr.wikipedia.org/wiki/Insurrection_de_Varsovie
Insurrection de Prague
https://fr.wikipedia.org/wiki/Insurrection_de_Prague_(1945)
Insurrection aux Philippines
https://www.cairn.info/revue-strategique-2012-2-page-95.htm
https://translate.google.fr/translate?u=https://en.wikipedia.org/wiki/Hukbalahap_Rebellion
Insurrection algérienne de 1945
https://www.matierevolution.fr/spip.php?article3657
http://www.matierevolution.org/spip.php?article4690
Insurrection malgache de 1945
https://www.matierevolution.fr/spip.php?article731
En France la prétendue résistance détourne des potentialités révolutionnaires
https://www.matierevolution.fr/spip.php?article6675
La révolte des travailleurs de Douala (Cameroun) en septembre 1945
https://www.matierevolution.fr/spip.php?article3711
La guerre de Mao empêche une révolution chinoise
https://www.matierevolution.fr/spip.php?article1291
En Amérique latine, le prolétariat se radicalise
https://www.matierevolution.fr/spip.php?article108
Aux USA aussi… Il est peu connu que des grèves éclatèrent aux États-Unis pendant la Seconde guerre mondiale et que 3 millions 470 000 travailleurs firent grève en 1945 et 4 millions 600 000 en 1946 ! C’était la plus grande vague de grèves de grèves de toute son histoire !
https://www.matierevolution.fr/spip.php?article1830
Et il y avait aussi une montée révolutionnaire parmi les Noirs !
Les grèves de cheminots se multiplient dans toute l’Afrique : en 1945, de Matadi à Léopoldville, en Afrique centrale, en 1945-46 à Douala (Cameroun) et en 1947 au Zaïre. On atteint alors le sommet de la mobilisation, avec à la fois la grève générale de 11 jours au Kenya, la mobilisation de 15.000 ouvriers à Mombasa, celle de 10.000 cheminots soudanais, celle des cheminots et mineurs de Gold Coast, avec une émeute populaire à Abidjan, en Côte d’Ivoire, luttes qui se déroulent en pleine grève générale des cheminots de la ligne du Dakar-Niger. Cette mobilisation ouvrière dure jusque dans les années 1950 dans toute l’Afrique.
https://www.matierevolution.fr/spip.php?article5788
Pourquoi le stalinisme avait encore plus peur que le monde occidental impérialiste d’une vague révolutionnaire à l’après-guerre
Lors de la troisième conférence de Moscou (octobre 1943), ils se mettent d’accord sur le principe d’une capitulation sans condition de l’Allemagne, ce qui exclut, bien sûr, tout accord avec un gouvernement de type demi-nazi ou militaire, mais qui, sur demande du secrétaire d’Etat Cordell Hull, exclut aussi toute perspective de paix avec un gouvernement socialiste qui naîtrait d’un soulèvement populaire. Un reporter états-unien témoigne que les négociateurs russes partageaient ce souci :
« De nombreux Russes, avec lesquels l’auteur a parlé franchement, discutaient les dangers d’une Allemagne communisée. Ils pensaient qu’elle pourrait éventuellement se tourner vers ; le trotskysme et pourrait ainsi provoquer des dangers pour l’Union soviétique, - une possibilité qui doit être évitée à tout prix. » (C. L. Sulzberger dans le New-York Times du 31 octobre, cité dans Pierre Broué, Le parti bolchévique, 1963)
Le stalinisme et l’impérialisme alliés pour étouffer la révolution
https://www.matierevolution.fr/spip.php?article100
https://www.matierevolution.fr/spip.php?article93
https://www.matierevolution.fr/spip.php?article59
La pensée de Bordiga en 1946
https://www.marxists.org/archive/bordiga/works/1946/orientation.htm
Au cours de la deuxième guerre mondiale, quels étaient les sentiments de la classe ouvrière dans un pays impérialiste occidental comme l’Angleterre ?
« Au fur et à mesure que la Seconde Guerre mondiale avançait, les mentalités commencèrent à changer. Rien de tel que de demander aux travailleurs de sacrifier leur vie pour leur faire remettre en question la légitimité du système et de la société pour laquelle ils le sacrifient. Les coups de marteau des événements ont éliminé toute trace de patriotisme et ouvert la voie à une radicalisation de masse. C’est en général le cas des guerres, qui tendent à s’ouvrir avec une période d’unité nationale mais conduisent à une polarisation de classe accrue. C’est pourquoi la guerre conduit si souvent à la révolution. Les travailleurs britanniques voulaient toujours vaincre le fascisme, mais ils étaient de plus en plus mécontents de la façon dont leur gouvernement s’y prenait. Les patrons faisaient d’énormes profits, tandis que les droits des travailleurs étaient érodés ; les rations étaient insuffisantes et la protection contre les raids aériens était inférieure aux normes. Ce changement de conscience s’est exprimé politiquement tout au long de 1942 et 1943, au cours desquelles un parti libéral de gauche appelé le parti Common Wealth a présenté des candidats aux élections partielles contre le gouvernement de coalition multipartite. Il a réussi à gagner des sièges dans les cœurs conservateurs tels qu’Eddisbury, Skipton et Chelmsford, ce qui a secoué les commentateurs bourgeois qui ont utilisé les pages du Times et d’autres journaux pour avertir du mécontentement bouillonnant des masses.
Sur le front industriel, le nombre de grèves en Grande-Bretagne a augmenté d’année en année chaque année de 1939 à 1944, date à laquelle plus de 3,7 millions de journées de travail ont été perdues à cause des grèves - le chiffre le plus élevé depuis une décennie et celui qui ne serait pas égalé pour une autre décennie. Et ce malgré l’existence de l’ordonnance gouvernementale sur les conditions d’emploi et d’arbitrage national, connue sous le nom d’ordonnance 1305, qui a effectivement interdit les grèves pendant la guerre et qui a été largement acceptée par la direction syndicale. En 1941, des apprentis ingénieurs ont fait grève pour obtenir un meilleur salaire dans le Clydeside, ainsi qu’à Coventry, dans le Lancashire et à Londres. Ces travailleurs n’étaient pas syndiqués et avaient peu de réputation d’action militante, et pourtant ils furent les premiers à défier le gouvernement et les employeurs. En janvier 1942, une grève de 19 jours pour un meilleur salaire pour des conditions de travail plus dures par les mineurs de la mine Betteshanger dans le Kent s’est soldée par la poursuite de 1 050 mineurs et l’emprisonnement de trois responsables syndicaux. En réponse, d’autres stands sont sortis en solidarité avec les grévistes et, à la fin, le gouvernement a reculé, libérant les responsables syndicaux et abandonnant les poursuites. Les mineurs étaient des travailleurs clés pour l’effort de guerre qui, associé à une bonne organisation et à un militantisme, leur a donné le pouvoir de défendre leur salaire et leurs conditions.
Au début de 1943, les travailleurs du chantier de réparation navale Neptune à Tyneside ont fait grève pendant six semaines pour défendre l’accord de « atelier fermé », renforçant les organisations de la classe ouvrière. Les ingénieurs de Barrow ont également fait grève cette année-là au chantier Vickers Armstrong sur la question des salaires, qui n’avaient pas augmenté depuis 29 ans malgré les profits énormes de l’entreprise grâce à la production d’armements. La grève de Barrow n’était pas officielle, mais elle avait le soutien de la branche locale de l’Amalgamated Engineering Union, ce qui a effrayé les dirigeants syndicaux nationaux qui tentaient de maintenir une trêve industrielle avec les patrons. Des luttes industrielles comme celle-ci tout au long de la guerre ont poussé de nombreux travailleurs à critiquer, non seulement les patrons et le gouvernement, mais aussi les dirigeants du mouvement ouvrier.
Toujours en 1943, les ouvriers de l’usine Chrysler de Londres, reconvertie pour la production de guerre, s’unissent pour exiger un meilleur traitement au travail et une augmentation du salaire minimum, ce qu’ils obtiennent. Beaucoup de ces travailleurs étaient des femmes dont les maris étaient dans l’armée. Ils ont vu leur combat, en tant que familles ouvrières, se dérouler sur deux fronts - l’un contre les nazis et l’autre contre les patrons profitant de la situation de guerre. L’un de ces ouvriers de Chrysler a déclaré pendant le conflit : "Si je ne me bats pas pour les conditions et les salaires ou si je les laisse s’aggraver, mon mari me tuera quand il rentrera à la maison". Ces "travailleurs en uniforme" qui composaient l’armée savaient clairement de quel côté ils se tenaient dans la lutte des classes. Au printemps 1943, à la suite d’une grève des mineurs de charbon gallois, le titre du journal produit par la Huitième Armée, alors stationnée en Afrique du Nord, était "Le droit de grève fait partie de la liberté pour laquelle nous luttons". Dans ce numéro du journal militaire figurait une pétition adressée au ministre de l’Intérieur signée par 82 soldats du Royal Engineers protestant contre l’arrestation de quatre trotskystes. Malgré tous les efforts du gouvernement et de la presse bourgeoise pour dresser les grévistes contre les soldats pendant la guerre, c’est souvent la solidarité de classe qui a triomphé.
En 1944, 180 000 mineurs de charbon ont fait la grève des salaires et des conditions dans les mines. Le salaire minimum industriel était de 6 10 £ par jour, mais les mineurs devaient se contenter de 5 £ seulement. En plus de cela, les normes de sécurité avaient été tellement érodées qu’en 1944, vous étiez plus susceptible d’être blessé en tant que mineur que dans l’armée. En réponse à la grève, et compte tenu de l’importance du charbon dans l’effort de guerre, le gouvernement a tenté de recruter des apprentis d’autres métiers et de les envoyer dans les mines. Cela provoqua une énorme opposition et, en mars 1944, 26 000 apprentis étaient en grève sur la Tyne, à Glasgow, Huddersfield et Teesside, exigeant la fin de la conscription et la nationalisation des mines. Le niveau de colère de classe était tel que, quelle que soit la direction prise par le gouvernement, il a été accueilli par une couche organisée et militante de travailleurs prêts à enfreindre la loi pour défendre leur salaire et leurs conditions. Ce qui précède ne représente qu’une fraction des conflits du travail qui ont eu lieu pendant les années de guerre. Il a fallu quelques années pour que la fureur contre le profit et la mauvaise gestion de l’effort de guerre par la classe capitaliste trouve son expression dans la grève, et quelques années de plus pour que celle-ci trouve sa première expression politique confuse. Mais une fois en mouvement, le filet des conflits sociaux est vite devenu un torrent.
La fin de la guerre a révélé le tournant brutal vers la gauche que de nombreux travailleurs avaient pris pendant le conflit. Une vague révolutionnaire a balayé l’Europe, The Economist écrivant à l’époque que « l’effondrement de cet ordre nouveau a donné un grand élan révolutionnaire en Europe. Il a stimulé toutes les impulsions vagues et confuses mais néanmoins radicales et socialistes des masses. En Grande-Bretagne, les effectifs syndicaux étaient passés de 6 053 000 en 1938 à 7 803 000 en 1945. La croissance n’était pas seulement numérique mais s’accompagnait d’un militantisme accru. Cela s’est reflété dans le congrès du TUC de 1944 adoptant un programme radical pour la reconstruction d’après-guerre, qui a ensuite été repris dans le programme électoral du parti travailliste de 1945 qui déclarait que l’objectif principal du parti était "l’établissement du Commonwealth socialiste". Avec un programme socialiste radical pour rompre avec la pauvreté, la misère et le chômage des années de guerre, le Parti travailliste est arrivé au pouvoir en 1945. La classe ouvrière nouvellement organisée et radicalisée en Grande-Bretagne a propulsé le parti travailliste au pouvoir avec un nombre sans précédent de 393 sièges à la Chambre. des Communes, et avec de grandes attentes quant aux changements fondamentaux que le Labour allait apporter.
Malheureusement, les dirigeants de ce gouvernement travailliste se sont bornés à modifier le capitalisme plutôt qu’à le déraciner et à le remplacer par une société socialiste. Ils ont gaspillé l’humeur et l’énergie des masses qui auraient soutenu un gouvernement travailliste portant des coups fondamentaux au système capitaliste, qui a causé tant de morts et de destructions. C’est cet échec qui a jeté les bases de la victoire électorale des conservateurs en 1951. Mais bien que les dirigeants travaillistes se soient montrés réticents à enfreindre les règles du système capitaliste, l’attitude des "travailleurs en uniforme" après la fin de la guerre offre un contraste et une indication de l’état d’esprit de la classe ouvrière britannique à cette époque. Les hommes de la classe ouvrière servant dans l’armée britannique en Asie du Sud-Est n’avaient pas été autorisés à rentrer chez eux après la fin de la guerre, car les impérialistes britanniques tentaient de conserver une partie de l’influence et des atouts de l’Empire dans la région. Exaspérés par cela, les soldats ont estimé qu’ils rataient l’enthousiasme pour le nouveau gouvernement travailliste radical de 1945, et tout ce qu’il promettait en termes de nouveaux emplois et d’enseignement supérieur, simplement pour continuer à se battre pour quelque chose en quoi ils ne croyaient pas. Le résultat fut qu’en Malaisie, les troupes britanniques assistaient ouvertement aux rassemblements communistes. En janvier 1946, la RAF de Karachi se met en grève. Cela a été suivi par 4 000 soldats, dont des officiers, frappant la base aérienne de Seletar à Singapour. Et 5 000 autres qui sortent de la base aérienne de Cawnpore en Inde.
La frappe de la RAF s’est rapidement étendue au-delà de l’Asie du Sud-Est à travers le Moyen-Orient jusqu’à l’Égypte et l’Afrique du Nord, jusqu’à Gibraltar. À son apogée, 50 000 militaires de la RAF étaient en grève. Face à la répression des autorités militaires, la grève s’est étendue à la marine lorsque le HMS Northway dans le port de Singapour a refusé les commandes et que la Royal Indian Navy à Mumbai s’est mutinée. En mai 1946, il s’était propagé à l’armée lorsque le régiment de parachutistes de Malaisie s’est rebellé contre les ordres. Au début, 240 soldats ont été condamnés à la prison, mais le tollé a été tel en Grande-Bretagne que les condamnations ont été annulées. L’humeur des soldats sur la ligne de front était d’une telle colère et frustration qu’ils ne voyaient aucun des avantages pour lesquels ils se sont soi-disant battus, qu’ils étaient prêts à enfreindre la loi militaire par des mutineries. Ce mouvement était si puissant que les autorités militaires britanniques ne pouvaient pas punir les soldats, mais accédaient simplement à leurs demandes le plus rapidement possible grâce à une démobilisation rapide. Non seulement ce fut une victoire pour ces hommes de la classe ouvrière qui ont participé aux mutineries, mais cela a également porté un coup énorme à la puissance de l’impérialisme britannique qui avait été un fléau pour les masses d’Asie du Sud-Est pendant des décennies.
Malgré toute la lutte industrielle pendant la guerre, les dirigeants du Parti travailliste ont maintenu une coalition de guerre avec les conservateurs. C’est un ministre du Travail qui a poursuivi les grévistes ! Pendant ce temps, les dirigeants syndicaux étaient déterminés à maintenir une trêve industrielle pour maintenir la production en marche pour aider l’effort de guerre, ce qui les a conduits à s’organiser contre les grévistes. Après la guerre, malgré l’aspiration à un changement fondamental de la société, le gouvernement travailliste de 1945 ne s’appuie pas sur les masses radicalisées pour rompre avec le capitalisme. Au lieu de cela, il a fini par rendre le pouvoir aux conservateurs en 1951. La mesure dans laquelle les dirigeants du mouvement ouvrier ont été déconnectés de la classe ouvrière radicalisée pendant et après la guerre devrait être une leçon pour nous aujourd’hui. »
https://www.marxist.com/world-war-ii-from-war-to-revolution.htm
Messages
1. 1943-1947 : la gauche communiste (bordiguiste) n’a pas vu passer la révolution à la fin de la deuxième guerre mondiale, 17 février 2023, 06:52, par Robert
La Gauche communiste n’a pas vu la révolution
https://fr.internationalism.org/rinte27/ldc.htm