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Gradualité et bonds, Friedrich Hegel

vendredi 11 décembre 2009, par Robert Paris

« On dit que la nature ignore les bonds (...) or le changement n’est pas seulement quantitatif mais aussi qualitatif et consiste dans quelque chose de nouveau, d’autre, dans la rupture de la forme ancienne de l’être. »

Le philosophe G.W.F Hegel dans « Science de la Logique »

Philosophie de Hegel

« La pensée dialectique est à la pensée vulgaire ce que le cinéma est à la photographie. Le cinéma ne rejette pas la photo, mais en combine une série selon les lois du mouvement. La dialectique ne rejette pas le syllogisme, mais enseigne à combiner les syllogismes de façon à rapprocher notre connaissance de la réalité toujours changeante. Dans sa « Logique », Hegel établit une série de lois : le changement de la quantité en qualité, le développement à travers les contradictions, le conflit de la forme et du contenu, l’interruption de la continuité, le passage du possible au nécessaire, etc, qui sont aussi importantes pour la pensée théorique que le simple syllogisme pour des tâches plus élémentaires. »

Léon Trotsky, dans « Défense du marxisme »


MOTS CLEFS :

dialectique
discontinuité
physique quantiquerelativité
chaos déterministeatome
système dynamiquestructures dissipativespercolation
non-linéaritéquanta
émergence
inhibition
boucle de rétroactionrupture de symétrie - turbulencemouvement brownien
le temps -
contradictions
crise
transition de phasecriticalité - attracteur étrangerésonance
auto-organisationvide - révolution permanente - Zénon d’Elée - Antiquité -
Blanqui -
Lénine -
TrotskyRosa Luxemburg
Prigogine -
Barta -
Gould - marxisme - Marx - la révolution - l’anarchisme - le stalinisme - Socrate


Hegel dans "La Grande Logique" :

"La nature ne fait pas de sauts" dit-on ; et l’opinion ordinaire, quand il s’agit de comprendre l’avènement ou la disparition, s’imagine, comme nous l’avons vu, les comprendre en se les représentant comme un avènement ou une disparition graduels. Mais il s’est déjà manifesté que les changements de l’être ne sont pas le passage d’une quantité à une autre quantité, mais le passage du qualitatif au quantitatif et inversement, la transition en un autre qui est une interruption du graduel et un changement qualitatif par rapport à l’être déterminé antérieur. L’eau refroidie ne devient pas peu à peu dure, de façon à se gélifier et à durcir peu à peu jusqu’à la consistance de la glace, mais devient dure d’un seul coup ; ayant déjà atteint la température de la glace, elle peut encore conserver son état liquide si elle demeure immobile, mais à la moindre secousse elle passe alors à l’état solide. (...)
De la même façon, des Etats, à cause de leur différence de grandeur, tout autre facteur étant égal, acquièrent un caractère qualitatif différent. les lois et la constitution deviennent autres quand l’étendue de l’Etat et le nombre de citoyens s’agrandissent. Il y a une mesure quantitative de l’Etat au delà de laquelle il s’écroule intérieurement sous la même constitution qui, avant son extension, faisait son bonheur et sa force."

Hegel dans « Phénoménologie de l’esprit » :

« Il n’est, d’ailleurs, pas difficile de voir que notre temps est un temps de la naissance et du passage à une nouvelle période. (…) De même que, chez l’enfant, après une longue nutrition silencieuse, la première respiration interrompt un tel devenir graduel de la progression de simple accroissement, - c’est là un saut qualitatif -, (…) de même se désintègre fragment après fragment l’édifice du monde précédent, tandis que le vacillement de celui-ci n’est indiqué que par des symptômes isolés (…) l’insouciance, l’ennui qui viennent opérer des fissures dans ce qui subsiste, le pressentiment indéterminé de quelque chose d’inconnu, sont des signes avant-coureur que ce quelque chose d’autre est en préparation. Cet effritement, progressant peu à peu, qui n’altérait pas la physionomie du tout, est interrompu par l’explosion du jour qui, tel un éclair, installe d’un coup la configuration d’un monde nouveau. (…) La substance vivante est (…) la négativité simple en sa pureté, par la même scission en deux de ce qui est simple (…) le devenir lui-même (…) le sérieux, la douleur, la patience et le travail du négatif (…) et, d’une façon générale, l’auto-mouvement de la forme. »

Hegel dans "La Grande Logique" :

"D’une part, la disparition apparaît comme inattendue quand on peut changer la quantité sans toucher à la qualité et à la mesure, - d’autre part, on croit la rendre intelligible par l’idée de gradualité. On se rabat avec tant de facilité sur cette catégorie pour représenter ou pour expliquer la disparition d’une qualité ou de quelque chose, parce que de cette façon la disparition semble s’accomplir devant vos yeux ; en effet, la quantité étant déterminée comme limite extérieure, la transformation purement quantitative se comprend d’elle-même. Mais en fait on n’explique rien ; la transformation est essentiellement le passage d’une qualité en une autre. (...) Ce qui est faux, c’est le comportement ... de notre conscience ordinaire qui considère une quantité comme une limite indifférente seulement... La ruse du concept consiste à saisir un être déterminé par le côté où sa qualité ne semble pas entrer en jeu."

Hegel dans "Petite Logique" :

"Le nombre est une pensée, mais il est la pensée en tant qu’être qui est extérieur à lui-même. (...) La mesure est la quantité qualitative. (...) La quantité spécifique est, d’une part, une pure quantité, et elle ne peut être diminuée ou augmentée, sans que la mesure, en tant que règle, soit pour cela détruite, et d’autre part, le changement de la quantité entraîne le changement de la qualité."

Messages

  • "Expliquer une naissance ou une disparition par la gradualité du changement entraîne l’ennui d’une tautaulogie ; une telle explication présuppose que le naissant ou le disparaissant sont prêts d’avance, le changement devient un simple déplacement d’une différence."

    Hegel dans "Phénoménologie de l’Esprit"

  • « On exprime de différents côtés l’opinion que le point de vue dialectique est au fond parfaitement identique au point de vue de ce qu’on appelle l’évolution. Ces deux points de vue ont sans doute plus d’un point commun, pourtant une différence essentielle les sépare, défavorable à l’« évolution ». Les évolutionnistes modernes aiment à l’opposer aux révolutionnaires, et, dans toute circonstance convenable ou non, ils cherchent à expliquer qu’il n’y a de sauts ni dans la nature, ni dans l’histoire. De tels raisonnements sont la contre-partie, de ceux des anarchistes qui, eux, ne veulent pas connaitre l’évolution. Mais la dialectique a montré, il y a longtemps, le moyen de sortir de la contradiction abstraite entre l’évolution et la révolution. Elle sait qu’il y a des sauts, aussi bien dans la pensée que dans la nature et dans l’histoire. Elle ne peut arriver à nier un fait qui se produit partout et à tout moment. Elle cherche à distinguer les conditions où la transformation successive doit conduire nécessairement à un saut, mais Messieurs les évolutionnistes s’inquiètent beaucoup, dès qu’on incline à dire que l’ordre social actuel est capable de périr comme tout ce qui existe, qu’il devra faire place à un autre, et cela grâce à un certain saut politique, la conquête du pouvoir politique par le prolétariat. »

    Plekhanov, "La philosophie de Hegel"

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