Accueil > 04 - Livre Quatre : HISTOIRE CONTEMPORAINE > 02- La deuxième guerre mondiale et l’alliance impérialisme/stalinisme contre (…) > La guerre civile en Grèce en 1944

La guerre civile en Grèce en 1944

mercredi 16 avril 2025, par Robert Paris

La guerre civile en Grèce en 1944

VIVENT LES TRAVAILLEURS GRECS DEFENSEURS DE LA CAUSE PROLETARIENNE !

Après les fusillades de Belgique, le sang coule à flots à Athènes. Qui donc verse ainsi le sang des travailleurs grecs ? Serait-ce les troupes allemandes en retraite, ou la "toute-puissante" 5ème colonne ? Non ! Voilà deux mois que la Grèce a été libérée, et pour autant qu’il a été fait allusion à la 5ème colonne dans les événements de Grèce, c’est seulement pour accuser les travailleurs grecs d’agir précisément sous son commandement !

Ce sont les troupes du général anglais Scobie et les troupes sélectionnées du gouvernement "démocratique" Papandréou qui mitraillent, bombardent, exécutent les travailleurs hellènes.

Devant ces faits d’une brutalité sans fard, les chefs ouvriers (les bureaucrates qui font carrière au nom des ouvriers) nous disent à peu près ceci : "Nos amis" (Huma du 7/12) les Anglais et le gouvernement émigré de Papandréou les mitraillent et ne veulent pas s’appuyer sur le peuple ; cependant l’action de l’ELAS et de l’EAM n’a pas d’autre but que de former un gouvernement "démocratique" (c’est-à-dire en union avec le même Papandréou et pro-allié) !

L’attitude odieuse de ces prétendus "chefs" sera accueillie avec mépris par les travailleurs qui ont appris quelque chose de l’expérience d’avant-guerre et notamment de la défaite de l’Espagne rouge, vendue par les "démocrates" du camp républicain et assassinée avec la complicité de Paris et de Londres.

De même que les événements d’Espagne décidaient de notre propre sort en France, les événements de Belgique et de Grèce nous donnent l’avertissement : "c’est de toi qu’il s’agit dans cette histoire". Car tandis que Churchill, ce pionnier de l’anti-communisme dès 1919, déclare cyniquement aux Communes : "Je persisterai" (dans l’écrasement des travailleurs grecs), les chefs social-patriotes staliniens et "socialistes" nous disent : ce qui se passe en Belgique et en Grèce doit être évité en France. Notre union nous sauvera. En France plus que jamais union !

Mais la crise politique profonde qui ronge les pays d’Europe épuisés par cinq années de guerre et qui a mené aux événements de Grèce et de Belgique, a précisément sa base dans cette "union" prêchée par les chefs social-patriotes : union avec les Daladier de la "démocratie", union avec le camp impérialiste allié. C’est cette union des chefs ouvriers avec De Gaulle et l’intégration de la France dans le camp impérialiste allié qui nous prépare précisément en France des événements semblables à ceux de Grèce et de Belgique.


Pourquoi, ayant à peine succédé à l’Etat-major allemand et aux gouvernements "collaborateurs" belge et grec, les alliés et les gouvernements "démocratiques" se sont-ils mis à tirer sur le peuple ? L’Humanité du 28/11 affecte une grande surprise : "c’est là une chose vraiment incroyable..." Ces "grands camarades" et "guides géniaux" sont-ils donc plus naïfs qu’un journaliste de province ? Bien entendu ils ne sont pas aussi bêtes. S’ils affectent la surprise, c’est uniquement pour faire oublier que ce sont eux qui ont prêché aux peuples la cause alliée et celle des gouvernements "démocratiques" réfugiés à Londres ou au Caire.

Mais nous, qui ne sommes pas de "grands camarades", nous avons clairement averti les travailleurs dans "Les Leçons d’Italie", le 10 octobre 1943 : "Ce qui se passe dans le Sud de l’Europe depuis le 25 juillet, c’est l’image des événements qui demain déferleront sur tout le continent... Il doit être maintenant clair pour tous les ouvriers que la lutte des masses, à la première occasion favorable, pour la conquête de la paix, du pain et de la liberté, se heurtera non seulement à la résistance de l’impérialisme allemand, mais également à l’impérialisme allié et à la bourgeoisie des différents pays en dépendant".

Entre la démocratie réelle, c’est-à-dire les travailleurs en armes (Lénine disait : une classe exploitée sans armes mérite d’être traitée en esclave) et la domination de la bourgeoisie, de quelque étiquette qu’elle se couvre, il n’y a pas de cohabitation possible. Churchill est certainement un "démocrate", bien plus il est un des chefs de la "démocratie en lutte contre le fascisme". Cependant sur la véritable démocratie, c’est-à-dire les travailleurs armés pour la défense de leurs droits, il s’exprime ainsi : "la dernière chose au monde qui ait le droit de représenter la démocratie, c’est une foule désordonnée, ce sont des bandes armées d’engins meurtriers, qui prétendent faire la loi..." Papandréou lui est non seulement un "démocrate", mais aussi un "socialiste". Cependant, devant les "foules armées", "démocrates" et "socialistes" agissent de la même façon que les SS. La "démocratie" de Churchill et le "socialisme" de Papandréou ne sont que des phrases creuses qui ne peuvent pas nourrir le ventre affamé des exploités ; c’est pourquoi la possession des armes devient une question de vie et de mort pour ces derniers. C’est pourquoi aussi devant les travailleurs "ne voulant plus être traités en esclaves", c’est-à-dire en armes, TOUT "DEMOCRATE" SE SENT UN MUSSOLINI OU UN HITLER. Les gouvernements soi-disant démocratiques au service de la bourgeoisie ne reculent devant rien pour briser l’élan des ouvriers, pour leur enlever les armes seule garantie de leurs droits, pour les soumettre à la discipline aveugle de l’exploitation capitaliste et à la discipline meurtrière de la guerre impérialiste.
Ce sont ces vérités fondamentales que les chefs staliniens s’évertuent à cacher, car elles démasquent leur politique de trahison à l’égard des exploités.

En effet, qu’ont fait les alliés "démocratiques" des staliniens, en Belgique et en Grèce ? En Belgique, Pierlot dont les staliniens se sont fait les garants devant les masses en participant à son premier Ministère, a mené l’attaque appuyé sur la "démocratie" et au nom de la "démocratie". Les sommets démocratiques de ce qu’on appelle la Résistance ont soutenu Pierlot et son action anti-démocratique. La Résistance a ainsi prouvé sa nature contradictoire : en bas, les masses luttant contre l’exploitation, en haut les partisans de l’impérialisme allié faisant dévier la lutte anti-impérialiste des masses en une lutte impérialiste pro-alliée. Le regroupement politique de la "démocratie" officielle contre les masses travailleuses s’est fait avec le même ensemble que celui de la "démocratie" du Front Populaire, de Daladier à Blum, se tournant contre la classe ouvrière (1939-1940) sous prétexte de lutter contre le PC. En Grèce même regroupement des forces : tandis que toute la politique des staliniens consiste à vouloir contraindre Papandréou à maintenir "l’unité démocratique", TOUTE LA "DEMOCRATIE" OFFICIELLE EST DU COTE DE LA REPRESSION, du côté gouvernemental, qui utilise les bandes fascistes armées sous l’occupation allemande, et le général Zervas, général de la Résistance, commande ses troupes contre les ELAS.


Les staliniens ont prêché aux ouvriers la renonciation à leurs revendications qui provoquent – répètent-ils après les capitalistes – le fascisme, pour sauver au moins la démocratie. Les travailleurs ont attendu patiemment les "libérateurs" pour lesquels ils ont versé leur sang, ils ont renoncé à lutter pour leur propre cause, pour se contenter de la démocratie, c’est-à-dire d’un minimum de bien-être et de liberté. Quelle a été l’œuvre des "libérateurs" alliés et des "démocrates" au pouvoir ? Comme le disait le chef stalinien Marty lui-même, dans les territoires "libérés" "nulle part, rien n’a été changé dans aucun domaine". Les instruments de répression créés par les gouvernements soutenus par les Allemands, sont utilisés tels quels par les gouvernements "démocratiques" ; si en Grèce il s’agissait d’une nécessité pressante, en France c’est par mesure de prévoyance que De Gaulle "transforme les G.M.R. (troupes de répression de Vichy) en G.R.S. – groupes républicains de sécurité (sic).
N’avions-nous pas raison d’écrire (au moment du débarquement) : "...les masses ont subi dans cette guerre tous les plans des impérialistes. Toutes les cliques politiques à leur service nous ont bercés tour à tour de promesses. Mais les travailleurs savent ce que deviennent ces promesses chaque fois qu’ils aident un clan bourgeois contre l’autre : DE LA MITRAILLE POUR LES OPPRIMES QUI RECLAMENT LEUR DROIT A LA VIE".

A propos de l’attitude des staliniens en Belgique, Le Populaire du 6/12 écrit : "Les communistes posent comme condition de leur appui au cabinet Pierlot qu’il n’y aura pas de bloc de puissances occidentales en Europe". Nous avons ici l’explication pourquoi les staliniens, contrairement à ce qu’ils ont fait en Belgique et en Grèce, continuent à participer en France à un gouvernement qui ne se distingue en rien de celui d’un Pierlot ou d’un Papandréou.

Supposons cependant que De Gaulle ne complote pas contre les masses populaires : qu’il ne se fasse pas le paravent derrière lequel se préparent les forces de répression capitalistes, fascistes et autres ; supposons que par l’armée et la police, il veuille seulement maintenir "l’ordre". Cependant comme les 200 familles (grâce à la politique "démocrate" des staliniens) n’ont pas été expropriées, la source du fascisme reste vivante ; tous les jours nous avons la preuve, entre autres par les attentats qui se multiplient, que les bandes anti-ouvrières sont à l’œuvre. Et le gouvernement, même s’il n’est pas complice de cette activité, ne peut en tout cas pas la réprimer car elle est dirigée par les capitalistes, maîtres de l’administration et de tous les leviers de commande économiques. La classe ouvrière exaspérée peut d’un jour à l’autre riposter à ces attaques et descendre dans la rue – comme cela a été fait par l’unanimité du prolétariat le 12 février 1934, à la suite du 6 février. Mais dans un conflit ouvert, où les masses entreraient en lutte directement par leurs propres moyens, celles-ci seraient aux yeux du général De Gaulle, défenseur de "l’ordre", une "foule désordonnée" (voir Churchill) contre laquelle devraient se liguer tous les représentants de la bourgeoisie (en premier lieu le gouvernement et l’Etat-major allié).


Le capitalisme britannique, appuyé sur les gouvernements collaborateurs Pierlot et Papandréou, mène l’attaque en Belgique et en Grèce dans le but de s’assurer, en matant toute opposition politique dans ces pays, des positions stratégiques sur le Continent ("bloc occidental" contre l’URSS). La "neutralité" américaine n’est que la volonté de Roosevelt d’intervenir comme arbitre dans le conflit.

Personne ne s’est élevé effectivement contre l’action de l’impérialisme anglais en Grèce. Cette action il la mène avec l’appui des chefs travaillistes, misérables social-patriotes qui protestent platoniquement, mais assurent Churchill de leur appui inconditionné jusqu’à la victoire, c’est-à-dire jusqu’au triomphe de l’impérialisme.Cependant il n’y a aucune différence entre l’impérialisme anglais et l’impérialisme allemand ; car il n’y a pas d’impérialisme "démocratique" et d’impérialisme fasciste, il n’y a que l’impérialisme, c’est-à-dire la nécessité pour les quelques vieux pays capitalistes à se disputer périodiquement leurs brigandages sur le dos des peuples. La démocratie, en Angleterre, signifie pour les travailleurs anglais le droit de décider toutes les quelques années quels représentants bourgeois les représenteront et opprimeront au Parlement (Marx). Mais les soldats britanniques, malgré l’étiquette démocratique, on le voit en Grèce, accomplissent la tâche commandée par l’Etat-major de la même façon que les soldats allemands. Est-ce qu’ils ont eu la possibilité de protester contre la tâche que leur a commandée Scobie ? Non. Ils sont enchaînés aussi solidement que les soldats allemands au corps des officiers et à l’Etat-major impérialiste, par la discipline militaire, c’est-à-dire les Cours martiales, et l’abrutissement des casernes. Ici comme partout il faut briser les chaînes idéologiques et matérielles qui font du soldat l’esclave du corps des officiers.
Et nous arrivons ainsi à la différence essentielle qui nous sépare nous, les internationalistes, des social-patriotes. Le 19 septembre Duclos dénonçait les Trotskystes comme les agents de l’impérialisme allemand, parce qu’ils mettaient "les Anglais et les Américains sur le même plan que les Boches" et qu’ils blâmaient "les patriotes s’appliquant à descendre les Allemands".

Nous étions contre l’assassinat des soldats allemands enchaînés à leur Etat-major. Nous étions pour une action qui devait unir les travailleurs français aux travailleurs-soldats allemands, pour briser précisément les chaînes matérielles et morales qui attachaient ces derniers à leur Etat-major. Les staliniens étaient pour la lutte sans distinction contre l’occupant, c’est-à-dire pour enchaîner tous ceux qui portaient l’uniforme allemand à la même nécessité de combattre en bloc le peuple français Les staliniens préconiseraient-ils aujourd’hui en Grèce qu’on descende tout Anglais qui combat le peuple grec ? Quant à nous, nous avons exposé plus haut notre conception : elle est de lutter pour l’union et la fraternisation de tous les travailleurs, quel que soit leur uniforme.

Aujourd’hui il est prouvé par les faits que les Trotskystes avaient raison d’identifier les Etats-majors de tous les pays ; l’Etat-major anglais ne diffère en rien de l’Etat-major allemand dans son attitude vis-à-vis des masses travailleuses. Les Trotskystes avaient raison et les chefs staliniens sont de vulgaires calomniateurs. "Les trotskystes", disaient-ils, "sont des agents de la Gestapo parce qu’ils sont contre les alliés". Voilà qu’aujourd’hui, le chef des alliés, Churchill, fort de l’investiture "démocratique" des staliniens, proclame : "Les éléments de l’ELAS (dirigés par les staliniens) qui nous combattent en Grèce sont dirigés par des Allemands".

Les staliniens sont des calomniateurs sans vergogne, mais les Trotskystes ont cent fois raison quand ils accusaient et accusent les staliniens d’être, malgré tous les coups de pied qu’ils en reçoivent, les agents vulgaires et méprisables de l’impérialisme "démocratique" allié.


Le conflit entre la "démocratie" impérialiste et les masses travailleuses en Belgique et surtout en Grèce, quelles qu’en soient les péripéties immédiates, a déjà une signification révolutionnaire décisive dans la marche de la guerre civile qui, comme la guerre, est engendrée constamment par l’impérialisme : ce conflit déchire le voile idéologique ("démocratie contre fascisme") dont se couvrent les brigands capitalistes pour entraîner les masses sur les champs de bataille.

L’influence de ce conflit ne se limite pas au camp "démocratique" : les travailleurs allemands verront aussi que les peuples d’Europe ne sont pas "anti-boches", mais anti-impérialistes. "L’anti-bochisme n’est qu’une marchandise impérialiste alliée" : les peuples d’Europe qui ont combattu ou qui combattent l’occupation impérialiste allemande, quelles que soient les formules imposées par leurs dirigeants, ne veulent en réalité que se débarrasser de toute exploitation, de toute oppression. "L’Allemagne seule", argument suprême des dirigeants allemands pour la poursuite de la guerre, apparaîtra dès lors aux travailleurs allemands comme une conséquence des relations impérialistes entre les peuples.

Mais si les peuples montrent qu’ils veulent lutter contre le monde impérialiste lui-même, c’est-à-dire gagner la liberté, le pain et la paix contre tous les exploiteurs, dès lors leur union devient, d’une possibilité, un fait déjà existant.

C’est à l’activité révolutionnaire consciente, à la IVème Internationale, d’utiliser ce fait pour mener à la victoire socialiste. Quelle que soit notre faiblesse, les événements travaillent pour nous. Dans la lutte décisive contre l’exploitation barbare et la guerre impérialiste, nous nous renforcerons (et nous nous renforçons déjà), si nous savons exprimer dans notre politique, non pas l’hésitation devant la politique des Partis officiels, mais l’intransigeance et le radicalisme des masses les plus profondes.
Les masses sont cent fois plus à gauche que leurs dirigeants, disait Lénine. Et les travailleurs de Grèce le prouvent effectivement, car ils n’ont pas un instant hésité à combattre les alliés "démocratiques", quand ceux-ci ont montré leur véritable visage.
Dévoiler aux masses, envers et contre tous, le véritable visage de l’impérialisme et de ses serviteurs social-patriotes, être avec elles jusqu’au bout dans la lutte, voilà la tâche des véritables révolutionnaires.

A eux appartient l’avenir, dussent-ils le "payer" des plus grands sacrifices.
En avant avec la IVème Internationale !

https://www.marxists.org/francais/barta/1944/12/ldc40_121244.htm

"CAPITULATION SANS CONDITIONS"

Cette formule qui a tant enthousiasmé les dupes de la politique impérialiste alliée, c’est aux travailleurs et paysans grecs d’en faire les premiers l’expérience.

Le jour même où les journaux annonçaient une offensive allemande vers la Belgique, ils annonçaient également une offensive des troupes anglaises contre... la Grèce.

Malgré les essais de compromis de la part des ELAS par l’acceptation de leur désarmement, le général Scobie oppose le "prestige britannique", c’est-à-dire la volonté esclavagiste de l’Empire, et exige la "capitulation sans conditions".

"Si aucun compromis n’intervient, les ELAS poursuivront le combat, même sans espoir..." a déclaré le stalinien Prophyrogénis (Le Populaire 21/12). Avec la politique des dirigeants staliniens, union avec les Daladier de la démocratie bourgeoise, il n’y a non seulement aucun espoir de victoire, mais même pas de compromis "démocratique" possible pour les travailleurs grecs. Car à notre époque de capitalisme pourrissant, la "démocratie" bourgeoise n’est que l’étouffement de la lutte des masses par des combinaisons politiciennes, jusqu’au moment où le fascisme est suffisamment fort pour établir la dictature ouverte de la bourgeoisie. Nous l’avons vu notamment en Espagne (1931-1939) et en France (34-1939). L’union avec les Daladier de la démocratie bourgeoise trahit, au nom de l’ordre bourgeois, la lutte des masses pour leurs objectifs réels (le pain, la liberté, la paix) et les voue ainsi à l’inertie et à la défaite.

Mais à peine les travailleurs grecs ont-ils reçu une leçon de plus au sujet des démocrates, que les chefs staliniens, hier encore membres et soutiens du gouvernement Papaandréou, ont offert leur soutien à un autre "grand démocrate", cette fois-ci non plus un socialiste, mais un pope, le métropolite Damaskinos. Et voici ce que déclare le pope démocrate : "Cette rébellion n’est pas une révolution fondée sur une idée, mais c’est un coup de force d’une minorité d’extrême-gauche pour s’emparer du pouvoir" (Le Monde, 22/12).

La voie de la victoire des travailleurs grecs est dans l’union autour des ouvriers d’usine, de toutes les petites gens et des paysans, trahis par tous les politiciens bourgeois. Ils ne doivent pas laisser leur direction actuelle "converser" avec Scobie, pendant que celui-ci mène une lutte sans merci au peuple grec, mais s’adresser directement au prolétariat anglais, à tous les exploités d’Europe et du monde : au nom de la révolution prolétarienne ils obtiendront l’appui efficace de tous les peuples qui souffrent de la guerre et ploient sous la dictature bourgeoise, "démocratique" ou fasciste.

Les ouvriers réaliseront autour d’eux l’union de tous les exploités seulement s’ils se montrent capables de détruire l’exploitation capitaliste défendue non seulement par les fascistes, mais aussi par les "démocrates". Dans cette voie, seule la IVème Internationale lutte pour la "capitulation sans conditions" du vieux monde pourri qu’aucune "démocratie" ne peut plus rajeunir !

https://www.marxists.org/francais/barta/1944/12/ldc41_122444.htm

Quand les mercenaires de la police grecque ouvrirent le feu sur la manifestation tenue le dimanche 3 décembre à Athènes pour protester contre la décision du gouvernement de désarmer coûte que coûte les partisans, la foule était sans armes. Mais, le soir même, un vent révolutionnaire soufflait dans les quartiers et les faubourgs prolétariens d’Athènes et du Pirée ; les armes, quand elles existaient, sortaient de leurs cachettes ; d’autres étaient
fabriquées avec des moyens de fortune. On a vu ainsi le lendemain, quand la grève générale se déclencha comme un ouragan à travers tout ce pays, les dockers du Pirée
manifester « armés de simples couteaux et de bâtons, de bois et de fer ». La lutte s’annonçait longue, âpre, incertaine, mais le peuple l’acceptait comme nécessaire.
Entre le 3 décembre 1944 et le 5 janvier 1945, date à laquelle la résistance cessa dans la région d’Athènes, les masses ont déployé une activité révolutionnaire qui restera parmi les plus beaux exemples du mouvement prolétarien. Elles ont fait face, pendant plus d’un mois, aux forces combinées de l’impérialisme britannique et de la réaction grecque, en plein hiver, sans nourriture, sans chauffage, sans lumière, sans médicaments et même sans vêtements et sans souliers (rapport du médecin de l’armée des États-Unis, Max Milberg).

Les usines et les maisons des quartiers populaires d’Athènes et du Pirée étaient devenues autant de forteresses de résistance qui ne prenait fin que lorsque les bombes des canons,

des tanks et des avions anglais les démolissaient entièrement. Les pierres des maisons d’Athènes et du Pirée ont servi à ériger les barricades qui ont tenu en échec pendant plusieurs semaines le mouvement des forces blindées britanniques. Les combattants avaient l’appui « de la plupart des quartiers ouvriers d’Athènes » est obligé d’avouer le journal conservateur anglais Daily Express du 11-12-44. « Les femmes traversent les rues avec les armes cachées sous leurs jupes et des grenades cachées dans leurs paniers. Les enfants apportent la nourriture à leurs parents qui combattent des toits des maisons. » (Ibidem.)

La grève générale eut un succès complet tant dans la région d’Athènes que dans le reste du pays. Les ouvriers et les paysans, pendant un mois, ont consenti à tous les sacrifices.

Quant la résistance cessa en Attique, il y avait seize mille tués et prisonniers du côté du peuple et six mille habitations ouvrières complétement rasées.

Les renseignements sont encore rares sur ce que fut l’activité politique et sociale des masses pendant cette période. Nous savons seulement que la Milice Populaire avait désarmé et remplacé partout les restes des forces réactionnaires et policières ou autres ; que des tribunaux populaires avaient remplacé les juges bourgeois ; qu’à Salonique, les ouvriers contrôlaient le ravitaillement et le logement.

https://www.marxists.org/francais/pablo/works/1945/01/pablo_19450100.pdf

Churchill donnait comme consigne au commandement britannique des forces armées occupant la Grèce : « N’hésitez pas à ouvrir le feu sur tout homme armé qui, à Athènes, s’attaque à l’autorité britannique ou à l’autorité grecque avec laquelle nous travaillons. N’hésitez pas à agir comme si vous vous trouviez dans une ville conquise où se développe une rébellion locale. »

Pendant près de trois ans, l’Épire (sauf la côte) et la majeure partie de la Macédoine-Occidentale, ainsi que des zones de la Thessalie et de la Macédoine centrale, furent le territoire de la République (communiste) de Konitza, tandis que le reste de la Grèce forma un Royaume (avec toutefois des poches de résistance communiste dans les quartiers modestes des grandes villes). Dans les zones frontalières de la République de Konitza, un véritable front se mit en place, avec bombardements (y compris aériens du côté royaliste), offensives et contre-offensives, tandis qu’attentats et répression ensanglantaient les villes. Seules les îles furent épargnées. Des dizaines de villages changèrent de mains plusieurs fois et furent finalement abandonnés par leurs habitants, sommés de choisir un camp et accusés de trahison par l’autre. Le rapport de force fut tout d’abord favorable à l’ELAS, du fait de la connaissance du terrain et de l’expérience de ses 50 000 hommes. D’autre part, les troupes royalistes étaient mal formées et très peu motivées à combattre la résistance communiste. Les tentatives pour reprendre le contrôle des régions du Nord se soldèrent par des échecs.

Le sang des ouvriers grecs trompés est versé à flot pour les intérêts de la bourgeoisie grecque et ceux de la bureaucratie russe. Pour le moment, le prolétariat grec n’a pas réussi à rompre avec sa bourgeoisie, à se mettre sur son terrain de classe en opposition à la bourgeoisie nationale et aux impérialismes étrangers. Et c’est cette situation tragique du prolétariat, se faisant massacrer pour les intérêts de son ennemi de classe, que les trotskistes français représentent comme la Révolution prolétarienne. Il montre l’exemple à tous les opprimés, etc. Naturellement quand on représente la tragédie du prolétariat grec comme la révolution, on doit aussi la considérer comme "la première entrée" et passer sous silence "la transformation de la guerre impérialiste en guerre civile" commencée par le prolétariat italien en juillet 1943. Il n’y a rien de commun entre la position de classe du prolétariat italien luttant contre la guerre impérialiste - contre les deux occupants impérialistes, allemands et anglais, contre l’Etat capitaliste aussi bien sous sa forme fasciste que démocratique – et la position du prolétariat grec se faisant massacrer sur le terrain de classe du capitalisme.

https://www.matierevolution.fr/spip.php?article1483

Lire encore :

https://www-marxists-org.translate.goog/archive/shachtma/1944/12/greece.htm?_x_tr_sl=en&_x_tr_tl=fr&_x_tr_hl=fr&_x_tr_pto=sc

https://www.marxists.org/francais/cmo/n70/cmo_070.pdf

https://www.marxists.org/history/etol/writers/archer/Revolution%20and%20Counter%20Revolution%20in%20Greece.pdf

https://www-marxists-org.translate.goog/subject/greek-civil-war/revolutionary-history/stinas/memoirs.htm?_x_tr_sl=en&_x_tr_tl=fr&_x_tr_hl=fr&_x_tr_pto=sc

https://fr.wikipedia.org/wiki/Guerre_civile_grecque

https://www-marxists-org.translate.goog/subject/greek-civil-war/index.htm?_x_tr_sl=en&_x_tr_tl=fr&_x_tr_hl=fr&_x_tr_pto=sc

https://journals.openedition.org/ceb/756

https://www.marxists.org/history/etol/revhist/backiss/vol3/no3/kke.htm

Un message, un commentaire ?

modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par les responsables.

Qui êtes-vous ?
Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.