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La résistance nationale en France

samedi 22 juin 2024, par Robert Paris

L’ARMEE PERMANENTE ET L’ARMEE POPULAIRE

Parce que le maquis est composé en grande partie d’ouvriers et de paysans qui n’ont pas voulu partir en Allemagne, et parce qu’il est en lutte contre Vichy et l’armée allemande, on voudrait nous le présenter comme une armée véritablement démocratique, comme une "armée du peuple".

Mais pour savoir si une armée est véritablement une armée du peuple, il ne suffit pas qu’elle soit composée d’ouvriers et de paysans. En effet, toutes les armées modernes, quelles qu’elles soient, sont des armées populaires si on les envisage à ce point de vue. Car le perfectionnement des armements a depuis longtemps obligé la bourgeoisie à mobiliser tout "son" peuple pour mener les guerres.

Il faut examiner à quoi a abouti le maquis, quelle est sa base de classe. Or, s’il est possible qu’au début les travailleurs du maquis, guidés par leur méfiance instinctive, aient tenté de s’organiser sur une base de classe et aient manifesté leur hostilité à l’égard du vieux corps des officiers cagoulards, depuis, sous le commandement des De Gaulle, Giraud, Catroux et Koenig – qui vient d’être nommé commandant des Forces Françaises de l’Intérieur – c’est le vieux corps des officiers de Daladier qui s’est imposé au maquis : c’est l’ancienne armée impérialiste française qui s’est reconstituée. Ce qu’on voudrait nous présenter comme une armée du peuple, n’est qu’une nouvelle ARMEE PERMANENTE.

L’armée permanente enlève tous les ans des centaines de milliers de jeunes gens à leurs familles et à leur production, pour les enfermer pendant des années dans des casernes sous prétexte de formation militaire. Mais la formation militaire d’un soldat n’exige pas des années puisqu’en temps de guerre la bourgeoisie envoie au front des jeunes de 18 ans après quatre ou six mois d’instruction. Le service militaire consiste principalement à soumettre les hommes à qui l’on enseigne le maniement des armes à la pression exclusive de la discipline militaire représentée par le corps des officiers et sous-officiers de carrière liés à la bourgeoisie, et qui n’ont aucune fonction productive dans la société : comme les prêtres, ils sont spécialisés dans le "dressage" de "la troupe", leurs méthodes – les brimades dégradantes et l’abrutissement systématique – ont pour but de façonner une nouvelle mentalité à leurs hommes, de séparer les fils d’ouvriers et de paysans de leur classe et d’en faire des instruments dociles pour la répression.

Et ce sont les masses laborieuses qui, sous forme d’impôts écrasants, supportent la charge de cette armée d’hommes que l’on a retirés de la production, et payent la construction et l’entretien des casernes et la solde des généraux et officiers de carrière grassement appointés.

C’est ainsi qu’en cas de guerre la bourgeoisie peut rapidement, par la mobilisation générale, mettre en ligne des millions d’hommes sachant manier les armes, et sur lesquels les officiers n’ont aucun mal à reprendre leur emprise une fois qu’ils ont été happés par l’engrenage de l’armée permanente aidée de la gendarmerie et de la police.

On le voit donc, une telle armée, fondée sur l’exploitation du peuple et sur son utilisation comme chair à canon n’a rien de populaire. Elle est au contraire l’instrument principal de la bourgeoisie contre le peuple.

La classe ouvrière ne peut pas s’émanciper sans briser l’armée permanente. Le principal moyen d’y arriver, c’est qu’elle organise tout d’abord ses propres milices ouvrières. En soutenant la lutte des travailleurs-soldats contre la conscription, le service militaire prolongé, les Cours martiales et le régime des casernes, et en s’armant elle-même, la classe ouvrière facilite aux soldats leur émancipation de l’armée permanente et les lie à la cause des exploités.

La milice ouvrière est l’organisation des travailleurs en armes pour la défense sur place de l’usine, du chantier, de la mine ou du village contre la bourgeoisie.
Le peuple en armes n’a besoin ni de casernes, ni d’officiers de métier ; il ne retire pas de la production toute une partie de la population : l’entraînement militaire se fait en dehors des heures de travail et les chefs sont élus par les combattants parmi les plus dévoués et les plus qualifiés.

La victoire ouvrière et la chute de la bourgeoisie supprimeront pour la classe ouvrière la nécessité d’être en armes ; c’est donc seulement en s’organisant en milice ouvrière que les masses parviendront à briser les armées permanentes, que la bourgeoisie entretient constamment pour la défense de ses intérêts impérialistes, contre les masses et sur leur dos.

Tandis que l’armée permanente est un chancre qui ronge toute la société, et l’instrument de l’asservissement du peuple par la bourgeoisie, la MILICE OUVRIERE, organisation des travailleurs en armes, est l’instrument de leur émancipation.

Barta

https://www.marxists.org/francais/barta/1944/07/ldc32_070844.htm

Lire aussi sur la résistance en France

https://www.matierevolution.fr/spip.php?article6675

Voir ici le jésuitisme du prétendu courant officiel trotskyste qui s’est rallié à la défense nationale de la résistance derrière le PCF et De Gaulle et aux côtés de l’impérialisme anglo-américain :

« Le mouvement des partisans
Devant le caractère, en partie spontané, du mouvement des partisans, expression de la révolte ouverte et inévitable des larges couches travailleuses contre l’impérialisme allemand et contre l’ordre et l’État de la bourgeoisie indigène qui personnifient à leurs yeux les responsables de leur misère et de leurs souffrances actuelles, les B.L. sont obligés de prendre en considération cette volonté de lutte des masses et de tâcher, malgré les multiples dangers consécutifs aux formes nationalistes que revêt cette lutte, de l’orienter vers des buts de classe. »

Lire ici la prétendue « IVème internatioanle » en 1944 :

https://www.marxists.org/francais/4int/1944/01/4int_19440100.html

https://www.marxists.org/francais/mandel/works/1976/00/em19760000.htm

https://www.contretemps.eu/wp-content/uploads/14-044-00025-155-165.pdf

https://lanticapitaliste.org/videos/une-resistance-ouvriere-et-internationaliste-face-la-barbarie-nazie-entretien-avec-robert

Barta sur « la résistance »

Barta en 1944 :

AUTO-DEFENSE OUVRIERE CONTRE LES BANDES FASCISTES !

Tandis que la milice de Darnand et les bandes de Bucard, Déat et Doriot sont officiellement mobilisées en vue de maintenir "l’ordre", c’est-à-dire le régime de terreur policière et économique qui écrase la classe ouvrière, dans le maquis, sous prétexte de "libérer la France", se préparent sous les ordres des De Gaulle, Giraud et autres généraux et officiers cagoulards, des troupes sélectionnées pour réprimer par la force toute tentative ouvrière de réaliser concrètement les belles promesses "démocratiques" de Radio-Londres. Radio-Londres, inquiétée de la présence de certains éléments extrémistes, appelle inlassablement gendarmes, gardes-mobiles et policiers à rejoindre le maquis.

Sous des étiquettes différentes, la bourgeoisie prépare donc dès maintenant ses bandes armées destinées à réprimer dans le sang toute demande ouvrière. Voilà le danger dont tout ouvrier conscient doit se rendre compte aujourd’hui.

Il est temps, si l’on veut éviter le pire, de perdre toute illusion sur la bourgeoisie gaulliste et alliée. La bourgeoisie n’a jamais donné d’armes aux ouvriers : elle s’en est toujours servi contre eux. Mais aux bandes armées de la bourgeoisie, nous pouvons opposer nos MILICES OUVRIERES. C’est aux ouvriers conscients, organisés ou non, qui ont compris le danger, qui ont compris que sans armes la classe ouvrière non seulement ne sortira jamais de l’impasse actuelle, mais aura encore à subir des coups plus terribles, de prendre dans chaque usine, dans chaque quartier l’initiative et de constituer des embryons de milice ouvrière, en se réunissant en petits groupes clandestins qui éliront par en bas leurs responsables et se procureront des armes.

Mais comment se procurer des armes ? Ces petits groupes composés des éléments les plus aptes à la lutte physique peuvent s’entraîner progressivement à attaquer à plusieurs les policiers, gardes-mobiles, gendarmes ou fascistes isolés en vue de s’emparer de leurs armes et de se constituer ainsi un armement élémentaire. De plus, les déserteurs de l’armée allemande, dont le nombre ne cesse d’augmenter, peuvent nous être de grande utilité non seulement en nous cédant leurs propres armes, mais encore en nous indiquant des dépôts dont il serait facile de s’emparer, si nous savons leur inspirer confiance en les accueillant comme des frères de classe et en leur montrant que nous sommes des exploités comme eux, dont les intérêts communs sont contre la bourgeoisie allemande et contre la bourgeoisie alliée.

Enfin, il ne faut pas oublier que ces armes dont la bourgeoisie se sert contre nous, c’est nous qui les fabriquons : il ne tient donc qu’à nous, à notre entente avec les camarades des arsenaux et des cartoucheries, à la cohésion politique de la classe ouvrière, pour que ces munitions, au lieu de se retourner contre nous-mêmes, deviennent les instruments de notre affranchissement.

Mais n’est-ce vouloir s’armer trop tôt, n’est-ce pas aller à la guerre civile ? La guerre civile ne dépend pas de notre volonté : elle existe déjà ; la bourgeoisie la mène ouvertement depuis longtemps et se prépare à nous écraser.

Seule la milice ouvrière, seule la volonté inébranlable des ouvriers de se défendre jusqu’au bout, peuvent briser l’attaque de la bourgeoisie ou même l’empêcher. Seule la milice ouvrière pourra assurer le succès de nos grèves futures en les protégeant contre la troupe et les briseurs de grève. C’est seulement par les armes que le prolétariat regagnera ses conquêtes économiques et ses libertés de juin 1936. La place de tout ouvrier conscient est dans la milice du peuple : c’est là seulement qu’il peut lutter vraiment pour lui-même et pour sa classe.

Dans la milice aussi et surtout se trouve la place de tous les jeunes ouvriers. Pour eux se pose la question de savoir s’ils se laisseront mobiliser par la bourgeoisie pour lui servir de chair à canon, ou s’ils se mobiliseront eux-mêmes au service de leur propre classe dans sa lutte pour le socialisme.

Que tout opprimé fasse sienne la devise de Blanqui, qui résume ainsi l’expérience de toute sa vie militante au service de la classe ouvrière : "QUI A DU FER, A DU PAIN" !

https://www.marxists.org/francais//barta/1944/06/ldc31_062244.htm

Barta en 1944 :

QUI L’EMPORTERA ?

Pas de lutte de classes, union de tous les patriotes pour la libération du territoire", prêchent depuis juin 1941 les chefs ouvriers social-patriotes.

Mais que représentent les patriotes qui sont à la tête de la Résistance, ceux qui décident de tout et qui commandent à tous ? Les généraux et les politiciens d’Alger (radicaux, "socialistes", réactionnaires, fascistes) sont les serviteurs de la bourgeoisie, les serviteurs des 200 familles. La participation des "communistes" au gouvernement de la bourgeoisie formé par De Gaulle, n’en change pas le caractère, de même que la participation des "communistes" au "front populaire" n’a pas empêché les gouvernements successifs, issus de la Chambre "populaire" élue en 1936, de lutter pour reprendre au prolétariat les conquêtes de juin 1936 et accomplir tous les desseins de la bourgeoisie. Non seulement le Daladier de 1939 était tout ce qu’il y avait de plus "front populaire", mais il ne faut pas oublier que Pétain lui-même a été élu chef de l’Etat français par une majorité parlementaire.

Aujourd’hui comme demain, les intérêts de la bourgeoisie, représentés par n’importe quel gouvernement si "démocratique" soit-il, sont inconciliables avec les intérêts du prolétariat. Par l’intermédiaire de toutes ses fractions politiques – collaborationnistes ou résistantes, de droite ou de gauche – la bourgeoisie assure son maintien en tant que classe impérialiste qui exploite les ressources économiques et militaires de la France pour participer au brigandage colonial. Or, dans les conditions d’une économie mondiale décadente accompagnée d’une extrême aggravation de la concurrence entre capitalistes des diverses nations, la domination de la bourgeoisie française n’est possible que par l’emploi permanent de la force pour imposer à la classe ouvrière des salaires de famine.

En lançant le pays dans la guerre aux côtés des impérialistes alliés, en l’intégrant ensuite dans la guerre de l’impérialisme allemand, en saignant le peuple à blanc pour s’assurer sa part de bénéfices de guerre, la bourgeoisie française s’est démasquée devant les masses comme leur ennemi numéro un ; De Gaulle, en tant que champion de la nation "démocratique", etc... doit lui permettre de maintenir sa domination.

Les travailleurs au contraire n’envisageaient et n’envisagent la libération, que comme un retour à un niveau de vie supérieur et à leurs libertés.

Cet antagonisme complet entre les intérêts vitaux de la bourgeoisie et les intérêts vitaux du prolétariat devrait ouvrir les yeux de tous les travailleurs qui se donnent la peine de réfléchir sur leur avenir. Si la "libération nationale" devait satisfaire ne serait-ce qu’un quart des revendications des travailleurs, y aurait-il un seul bourgeois pour appuyer le gouvernement De Gaulle ? Or, "Aujourd’hui nous avons la preuve qu’ils (le Comité des Forges) poursuivent activement leurs menées souterraines et qu’ils réussissent parfois à glisser leurs hommes à des postes où ne devraient siéger que des patriotes sincères et éprouvés". (La Vie Ouvrière du 8 janvier 1944). La Vie Ouvrière s’étant fait l’organe de la "résistance" ne peut pas avouer aux travailleurs la domination des 200 familles sur la résistance. Elle présente ce fait plutôt comme une exception. Mais les "représentants" ouvriers participant au Front Populaire, notamment le parti "communiste", agissaient de même quand ils couvraient la domination de la bourgeoisie dans cette coalition politique. Ceux qui dénonçaient alors cette domination des politiciens bourgeois sur le Front Populaire étaient traités de "Trotskystes traîtres". Une fois de plus, les Trotskystes avertissent les travailleurs : la résistance est un organe politique de la bourgeoisie dirigé autant que l’Etat français de Pétain contre les travailleurs. Une première preuve de cette identité fondamentale vient de se produire. Le 1er Régiment de France formé par des canailles anti-prolétariennes sélectionnées par Pétain vient de se rallier (Radio-Londres) à la résistance.


Les chefs staliniens promettent de reprendre la lutte contre la bourgeoisie et pour le socialisme après la "libération". Mais les travailleurs savent ce que vaut cette promesse. Les tristes héros du PS et de la IIème Internationale promirent eux aussi pendant la guerre de 14-18 que leur collaboration avec la bourgeoisie devait assurer l’intégrité du territoire et la libération de l’Alsace-Lorraine et qu’après cela ils reprendraient leur lutte pour la victoire des travailleurs. Ils aidèrent ainsi dans tous les pays la bourgeoisie à mener à bonne fin son entreprise de brigandage et, la paix venue, ils continuèrent encore à servir la bourgeoisie, devenant même les policiers et les bourreaux de la classe ouvrière. Rappelons qu’en 1937, ce fut le "socialiste" Dormoy, ministre de l’Intérieur du gouvernement Front Populaire. qui fit tirer sur les ouvriers désarmés de Clichy...

Voilà quel sera le rôle des chefs staliniens, si les travailleurs communistes ne les obligent pas à rompre l’Union sacrée au profit de la bourgeoisie, à quitter leurs ministères et à reprendre une activité ouvrière autonome indépendante de la bourgeoisie et contre elle. Les masses qui les ont élus, qui leur font confiance et qui les suivent, leur ont donné un mandat prolétarien : il faut les contraindre à le remplir.

Une lutte mortelle, implacable, a commencé le 6 février 1934 entre la bourgeoisie, qui veut plonger le pays dans la nuit d’oppression du passé afin de maintenir sa domination, et le prolétariat qui veut s’émanciper du joug de la bourgeoisie afin de préserver le pays de la barbarie capitaliste.

La question de savoir qui de la bourgeoisie ou du prolétariat l’emportera, se résume à celle-ci : QUI L’EMPORTERA DU CHAUVINISME OU DE L’INTERNATIONALISME ?

La parole est aux travailleurs.

https://www.marxists.org/francais//barta/1944/06/ldc31_062244.htm

Barta en 1944 :

A L’ACTION !

Les Partis de la "résistance" ont inauguré leur arrivée au pouvoir par une série de promesses à la classe ouvrière : les 40 heures, augmentation de 40% sur les salaires, stabilisation des prix. A les entendre, on pouvait être persuadé que les ouvriers n’avaient qu’à s’en remettre aux nouveaux gouvernants pour l’inauguration d’une politique économique et sociale nouvelle : un nouveau juin 1936, réalisé non par la grève générale contre le patronat, mais issu du patriotisme national des partis groupés dans la "résistance" !

Il est vrai que les déclarations officielles témoignaient aussi du désir de ne léser en rien le patronat : on parlait des 40 heures, mais aussi de larges dérogations, de l’augmentation des salaires, mais sans toucher au profit.

Accorder soi-disant des satisfactions à la classe ouvrière sans les prendre sur le compte du patronat – c’était la politique impraticable de la conciliation de la chèvre et du chou.

Et il s’avère aujourd’hui, en absence d’une pression des masses ouvrières, et l’ordre de la reprise du travail ayant été donné, que toutes ces promesses n’étaient que des projets pour tromper l’attente des ouvriers, que les décisions ministérielles ne sont pas encore connues, que rien n’est sûr. La direction de la CGT, à plat ventre devant la bourgeoisie, demande timidement une majoration "substantielle" des salaires, sans en préciser le taux. Encore une fois, ce sont les patrons qui imposent leur volonté. Ainsi se trouve à nouveau démontré ce que les militants honnêtes ont répété tant de fois aux ouvriers : les travailleurs n’obtiennent des patrons et de leur gouvernement que ce qu’ils peuvent leur imposer par une attitude résolue et au besoin par la lutte. Si nous voulons arracher aux patrons nos légitimes revendications, la grève avec occupation doit être menée jusqu’à leur satisfaction.

Pendant ces cinq années de guerre, tous les capitalistes, avant ou sous l’occupation, ont fait des profits gigantesques. Le nouveau régime leur en promet d’autres, grâce à l’organisation de l’industrie de guerre, l’équipement de la nouvelle armée, etc... Pour les patrons les profits, pour la classe ouvrière la fatigue, la misère, les longues journées de travail, les salaires de famine. Il est temps que la classe ouvrière impose au patronat des revendications qui mettent un frein à cette exploitation éhontée :

1) RELEVEMENT IMMEDIAT DES SALAIRES, avec une augmentation minima de 50% pour les catégories d’ouvriers et d’employés les plus mal payés.
2)
2) ECHELLE MOBILE DES SALAIRES, les contrats collectifs devant assurer l’augmentation automatique des salaires en liaison avec la montée des prix.

3) LES 40 HEURES

4) ECHELLE MOBILE DES HEURES DE TRAVAIL. Pendant que le patronat entend faire travailler une partie des ouvriers pendant 60 heures, d’autres continueront à végéter dans le chômage. La longueur de la semaine de travail doit être déterminée par la répartition du travail existant entre toutes les mains ouvrières disponibles, le salaire de chaque ouvrier restant le même qu’avec l’ancienne semaine de travail.

5) A l’époque actuelle de crise du capitalisme, aucune mesure ne pourra être imposée d’une façon durable au patronat sans le CONTROLE OUVRIER sur la production et la comptabilité des entreprises, exercé par des comités d’usine élus et révocables par les ouvriers. Tout en menant la lutte dans les syndicats, les ouvriers doivent élire de pareils comités et lutter pour leur droit au contrôle.

6) En dépit des phrases et des promesses, c’est chose connue que le patronat organise et a déjà organisé des bandes armées du type fasciste en vue de la répression contre les ouvriers, au sein même des groupements de la "résistance". Pour défendre son droit à la vie, la classe ouvrière doit organiser non pas des milices patriotiques, mais des DETACHEMENTS OUVRIERS D’AUTO-DEFENSE !

https://www.marxists.org/francais/barta/1944/09/ldc35_090244.htm

Barta en 1945 :

Où est le reniement du trotskysme ?

Pour vous défendre contre la calomnie, vous revendiquez pour vous le titre de "premiers résistants". Or vous-mêmes, dans le numéro 23 (7/4) de La Vérité, écrivez " la résistance elle-même est basée sur une duperie : la duperie de la collaboration de classes ".

Déjà sous le Front Populaire, la politique trotskyste consistait à expliquer aux ouvriers la duperie de cette collaboration de classe, dont le prolétariat faisait les frais, et pour laquelle une partie de la bourgeoisie impérialiste s’était déguisée en " démocrate ". Le Front Populaire prétendait mener une politique en faveur des masses et avait comme mot-d’ordre démagogique la lutte contre les trusts. Pour les révolutionnaires ce mot-d’ordre était un but réel ; mais la similitude des formules permettait-elle à l’organisation révolutionnaire de se réclamer du Front Populaire, dans le but par exemple de ne pas se couper des masses ? C’eût été contribuer à les duper. La politique trotskyste a consisté à se délimiter du front populaire et à le combattre, malgré les calomnies staliniennes qui présentaient tous les adversaires du front populaire, surtout ceux de gauche (les trotskystes) comme des fascistes. Nous n’avons pas plus prétendu à l’époque être les meilleurs ou les premiers " front populaire ", du fait que nous avons été les premiers à préconiser le front unique socialiste-communiste.

Après 1940, les révolutionnaires devaient mener une politique de résistance (c’est¬à-dire de défense des masses) vis-à-vis de l’occupation impérialiste allemande. Mais ils continuaient en même temps l’opposition révolutionnaire vis-à-vis de leur propre bourgeoisie et tenaient compte des intérêts du prolétariat français aussi bien que des intérêts du prolétariat allemand, en ne renforçant pas, comme la résistance officielle, la domination de Hitler par le déchaînement chauvin. Cela ne nous empêchait pas de prendre "les pommes de terre" de l’impérialisme anglo-saxon et de la bourgeoisie gaulliste, comme l’ont fait les bolchéviks en 1918 dans la lutte contre l’impérialisme allemand, en acceptant l’aide technique de la bourgeoisie de l’Entente. Mais il fallait par-dessus tout affirmer à la face du monde entier que notre base politique restait la lutte de classe menée jusqu’au bout dans toutes les directions et que nous ne considérions pas l’impérialisme anglo-saxon comme un moindre mal par rapport à l’impérialisme fasciste, raisonnement stali¬nien qui entraînait automatiquement l’abandon de la lutte de classe en faveur de la lutte commune contre l’occupant.

Nous, internationalistes, étions les seuls défenseurs des intérêts des masses tout au long de cette guerre, avant et après l’occupation. Par contre, pour la bourgeoisie la résis¬tance n’était que l’opposition au capitalisme allemand ; elle lui a servi de mise sur le ta¬bleau impérialiste anglo-américain ; par l’intermédiaire des social-chauvins la bourgeoi¬sie a également réalisé, à travers la "résistance", l’union sacrée et a prolongé sa domi¬nation de classe. Comme le dénonçait LaVérité elle-même en 1943 et 44, la résistance servait de camouflage même aux organisations d’extrême-droite et aux partis fascistes. La résistance, d’après le sens qu’a pris ce terme à travers les événements, est une organisation politique de la bourgeoisie impérialiste. Le parti révolutionnaire peut-il s’en réclamer ? L’absurdité d’une réponse affirmative saute aux yeux.

En luttant pour votre légalisation, vous cherchez la consécration de votre titre de " résistants " par l’obtention d’un certificat public de la Résistance (personnifiée par les Bayet, Saillant, Frenay, Bidault, etc...). Au moment même où les querelles entre l’Angle¬terre et la France montrent aux masses la vraie nature impérialiste des alliés, au moment où les ouvriers ont déjà eu le temps de se rendre compte que la résistance s’est terminée par l’arrivée au pouvoir d’un gouvernement des trusts, au lieu de pouvoir en ce moment rehaus¬ser notre propre autorité morale pour avoir dénoncé à temps la duperie de la résis¬tance, vous cherchez à vous camoufler sous son masque répugnant ! Une pareille légalisa¬tion ne serait pas une victoire remportée sur notre propre terrain, celui de l’internationa¬lisme et de la révolution.

Dans la lettre à Bayet (18/9/44) le Comité central dit :

" Il s’agit de savoir si la IVème République naissante reprendra là où avait sombré la IIIème République glissant vers l’autoritarisme réactionnaire de Pétain, où si elle sera effectivement démo¬cratique ".

Qui pense-t-on tromper par un pareil raisonnement ? C’est la besogne des staliniens et des réformistes de vouloir faire croire aux masses que nous sommes encore de¬vant la perspective : IVème République démocratique ou réactionnaire. La tâche des révolu¬tionnaires est de montrer aux ouvriers que, les social-chauvins les ayant illusionnés sur l’épuration ", ils ont laissé subsister les organes de l’État gangrené de la IIIème République qui a servi avec succès à Daladier aussi bien qu’à Pétain, et que nous nous trouvons sous de Gaulle en pleine dictature bureaucratico-policière. Au moment où l’Humanité elle-même dénonce le régime dictatorial subi par la presse, pouvons-nous faire croire que la légalisation de La Vérité serait le critère d’une "démocratie effective" ? La tâche des révolutionnaires, enseignait Trotsky, est de nommer les choses par leur nom, et non de se faire les auxiliaires des " démocrates " pourris qui sèment des illusions dans les masses.

La Vérité, en s’adressant aux réformistes et aux stalinistes, use constamment du terme " camarade ". Il suffit pourtant de se référer à un texte de Trotsky pour découvrir ce qu’il y a derrière cette terminologie. L.T. écrit dans La révolution allemande et la bureaucratie stalinienne (Et Maintenant) (page 36) :

" Léon Blum, le défenseur des réparations, le compère socialiste du banquier Oustric, est traité de " camarade " dans les pages des journaux de Seydewitz. Est-ce de la politesse ? Non, c’est un manque de principes, de caractère, de fermeté. " Des chicanes ", dira un quelconque savant de cabinet. Non, dans ces chicanes, le fond politique se manifeste avec beaucoup plus de vérité et de clarté, que dans la reconnaissance abstraite des soviets, non étayée par l’expérience révolutionnaire. Il est inutile d’appeler Blum "fasciste", en se rendant ridicule. Mais celui qui ne ressent pas du mépris et de la haine pour cette espèce de politiciens, celui-là n’est pas un révolutionnaire ".

La Vérité a pris maintenant l’habitude de parler à chaque pas des " démocrates sincères et honnêtes " et, à l’occasion, des "démocrates apeurés".

Déjà sous la monarchie tsariste, les bolchéviks (ils faisaient partie de la social-démocratie), pour se distinguer légalement des autres démocrates, mettaient souvent l’accent sur le fait qu’ils constituaient, en tant que parti du prolétariat, les seuls démocrates conséquents.

Depuis 1934 Trotsky enseignait que dans les conditions de la décadence capitaliste et de l’exacerbation de la lutte de classe la démocratie bourgeoise était définitivement morte en France.

Voici ce qu’écrivait Trotsky dans Où va la France (pages 16-17) :

" La société contemporaine se compose de trois classes : la grande bourgeoisie, la prolétariat et les " classes moyennes " ou petite-bourgeoisie. Les relations entre ces trois classes déterminent en fin de compte la situation politique dans le pays. Les classes fondamentales de la société sont la grande bourgeoisie et le prolétariat. Seules ces deux classes peuvent avoir une politique indépendante, claire et conséquente. La petite bourgeoisie se distingue par sa dépendance économique et son hétérogénéité sociale. Sa couche supérieure touche immédiatement la grande bourgeoisie. La couche inférieure se fond avec le prolétariat et tombe même à l’état de lumpen-prolétariat. Conformément à sa situation économique, la petite-bourgeoisie ne peut avoir de politique indépendante. Elle oscille toujours entre les capitalistes et les ouvriers. Sa propre couche supérieure la pousse à droite ; ses couches inférieures, opprimées et exploitées, sont capables, dans certaines conditions, de tourner brusquement à gauche. C’est par ces relations contradic¬toires des différentes couches des " classes moyennes " qu’a toujours été déterminée la politique confuse et absolument inconsistante des radicaux, leurs hésitations entre le car¬tel avec les socialistes, pour calmer la base, et le bloc national avec la réaction capitaliste, pour sauver la bourgeoisie. LA DÉCOMPOSITION DÉFINITIVE DU RADICALISME COMMENCE AU MOMENT OU LA GRANDE BOURGEOISIE, ELLE-MÊME DANS L’IMPASSE, NE LUI PERMET PLUS D’OSCILLER. " (Souligné par nous.)

La décomposition du régime capitaliste met fin à la démocratie bourgeoise. Les représentants " démocratiques " de la bourgeoisie n’ont plus qu’une phraséologie à offrir. Dans ces conditions même un de Gaulle arrive à se prétendre démocrate. La tâche n’est donc pas de chercher à distinguer, par quelque introspection, les démocrates honnêtes et malhonnêtes, mais de poser devant les ouvriers la question : qui donnera le ton ? La bourgeoisie par l’intermédiaire de ses fascistes, réactionnaires, curés, professeurs, démocrates, ou le prolétariat qui en se détachant de la bourgeoisie et de ses agents ralliera à lui les autres couches opprimées ?

De même que, dans Et Maintenant, Trotsky était le plus acharné défenseur du front unique, mais méprisait ceux qui traitaient Blum de camarade, nous rappelons que dans la révolution espagnole nous défendions les libertés démocratiques des ouvriers contre le fascisme les armes à la main, mais il ne serait venu à l’idée d’aucun trotskyste d’analyser l’honnêteté d’Azana ou de Negrin. Ils analysaient leur nature de classe et les qualifiaient d’agents de la bourgeoisie, parés du masque de la démocratie.

En donnant les états de service des camarades du Comité directeur, La Vérité dit de Demazière : " Il milite illégalement dans les rangs du PCI jusqu’à la libération ". Et de Baufrère : " Il sait que la lutte ne s’arrête pas à la chute de Hitler ". Encore une fois, pouvons-nous, sous prétexte de nous défendre, bafouer notre propre idéologie ? La Vérité du 22/6/44 sous le titre " Ils se valent ", écrivait : " refuse de te faire mobiliser dans " l’armée de la libération ". En mai 1944, un numéro spécial de La Vérité disait : " Pas de libération possible sans les prolétaires allemands et contre eux ".

Mais puisqu’il s’agit de défendre les principes trotskystes, laissons la parole à Trotsky lui-même. Dans son étude Après la "paix" impérialiste de Munich – une leçon toute fraîche, il écrivait :

" Dans tous les cas où les forces contre-révolutionnaires tentent de revenir de " l’État démocratique " pourrissant, en arrière vers le particularisme provincial, vers la monarchie, la dic¬tature militaire, le fascisme, le prolétariat révolutionnaire, sans prendre sur lui la moindre responsabilité pour la " défense de la démocratie " (elle n’est pas défendable !), opposera à ces forces contre¬révolutionnaires une résistance armée, pour en cas de succès, diriger son offensive contre la " démocratie " impérialiste. Cette politique n’est applicable, cependant, que pour ce qui concerne les conflits intérieurs, c’est-à-dire dans le cas où l’enjeu de la lutte est véritablement la question du régime politique : c’est ainsi, par exemple, que s’est présentée la question en Espagne. La participation des ouvriers espagnols à la lutte contre Franco était leur devoir élémentaire. Mais c’est précisément et uniquement parce que les ouvriers n’ont pas réussi à remplacer à temps le pouvoir de la démocratie bourgeoise par leur propre pouvoir, que la "démocratie" a fait place au fascisme. Cependant, c’est pure tromperie et charlatanisme que de transporter mécaniquement les lois et les règles de la lutte des différentes classes d’une seule et même nation dans la guerre impérialiste, c’est-à-dire la lutte d’une seule et même classe de différentes nations. Actuellement, il n’est, semble-t-il, pas besoin de démontrer que les impérialistes luttent l’un contre l’autre non pour des principes politiques, mais pour la domination sur le monde, sous le couvert des principes qui leur semblent bons ".

Si l’on présente la défaite d’Hitler comme une première étape gagnée dans la lutte (" la lutte ne s’arrête pas là "), on utilise un raisonnement purement stalinien : " la lutte contre le fascisme extérieur et ses prolongements à l’intérieur ". La défaite de Hitler venant à la suite de la victoire d’un camp impérialiste sur l’autre, n’a pas été une victoire du prolétariat allemand, français, ou autre. Encore dans Après Munich Trotsky dit :

" La question du sort des Tchèques, des Belges, des Français, des Allemands, en tant que nations, nous ne la relions pas à des déplacements conjoncturels des fronts militaires lors d’une nou¬velle mêlée des impérialistes, mais à l’insurrection du prolétariat et à sa victoire sur tous les impérialistes ".

Sous le drapeau de la lutte impérialiste la chute de Hitler n’a été qu’un déplacement conjoncturel des fronts militaires. De même que la défaite de 1940 de la bourgeoisie fran¬çaise n’a pas été la victoire du prolétariat uniquement parce que cette défaite n’a pas été acquise par l’activité révolutionnaire du prolétariat. Le langage communiste eût été de dire je continue la lutte parce que plus que jamais les masses se trouvent écrasées par l’impérialisme. Plus que jamais la lutte entre les brigands impérialistes se poursuit sur le dos des masses. Imagine-t-on, en 1918, l’IC disant :" La lutte ne s’arrête pas à la chute du Kaiser ? " La défaite de l’impérialisme allemand était-elle une étape dans la lutte prolétarienne ?

La théorie révolutionnaire est l’expression et la garantie suprême de la nature de la direction d’une tendance prolétarienne. La fausse terminologie développe le confusionnisme, rabaisse le niveau des cadres révolutionnaires et ouvre une brèche à l’idéologie en¬nemie [1].

Voici ce que dit encore Trotsky (IVème tome de la Révolution Russe, page 229) : " Les distances indispensables à l’égard de l’idéologie bourgeoise étaient maintenues dans le Parti par une vigilante intransigeance dont l’inspirateur était Lénine. Il ne cessait de travailler du scalpel, tranchant les liens que l’entourage petit-bourgeois créait entre le Parti et l’opinion publique offi¬cielle. En même temps, Lénine apprenait au Parti à former sa propre opinion publique, s’appuyant sur la pensée et les sentiments de la classe qui montait. Ainsi, par sélection et éducation, dans une lutte continuelle, le Parti bolchévik crée son milieu non seulement politique mais aussi moral, indépen¬dant de l’opinion publique bourgeoise et irréductiblement opposé à celle-ci. C’est seulement cela qui permit aux bolchéviks de surmonter les hésitations dans leurs propres rangs et de manifester la virile résolution sans laquelle la victoire d’Octobre eût été impossible. "Comment se défendre contre la calomnie ?

Avec raison, La Vérité dit que le but de la bourgeoisie est de nous étouffer. Mais en même temps (numéro du 4/6) elle met en demeure de Gaulle de choisir entre le camp fas¬ciste qui étouffe les trotskistes, et le camp démocratique (Angleterre, etc...) qui ne les étouffe pas. Mesurez la hauteur de ce raisonnement !

La calomnie contre-révolutionnaire, comme l’antisémitisme et autres manifestations empoisonnées, élevées à une échelle politique, font partie de la lutte de classe et ne s’élèvent pas au-dessus d’elle. C’est pour cela que notre première tâche, pour combattre la calomnie, c’est une offensive politique énergique menée en direction des masses pour démasquer politiquement les calomniateurs, afin que celles-ci puissent se convaincre que ceux qui nous calomnient ne sont pas leurs amis mais bien leurs ennemis. Il faut ensuite un travail suivi d’éducation socialiste dans les rangs ouvriers (édition de brochures populaires).

Il faut aussi une lutte directe contre le gangstérisme staliniste ; nous avions fourni en automne dernier à votre direction une occasion précise d’une action à entreprendre pour le démasquer publiquement [2]. Votre direction s’y est dérobée. Après avoir fui le combat, quel est le sérieux des défis lancés par La Vérité invitant les staliniens à des commissions composées " de toutes les tendances du mouvement ouvrier et de la résistance " ? Nous sommes prêts à fournir à une commission de contrôle de votre parti tous les détails de cette affaire et de l’attitude criminelle de votre direction.

En ce qui concerne l’éducation socialiste, tâche fondamentale de travail commu¬niste, vous semblez l’ignorer. Dans les contacts que nos camarades ont pu avoir avec vous, il semble que même pour les membres de l’organisation ce travail passe au troisième plan (" la révolution est là, ce n’est pas le moment de lire Marx "). Comment voulez vous combattre l’obscurantisme et les préjugés, si vous ne remplissez pas votre rôle d’éducateurs socialistes ?

Sur le plan politique, les efforts de légalisation se sont transformés en piège pour votre organisation. Voici deux mois que La Vérité a abandonné toute propagande révolu¬tionnaire et qu’elle ne se fait plus le défenseur des masses devant les mesures réactionnaires du gouvernement.

Vous vous êtes réfugiés dans des justifications vis-à-vis de la bourgeoisie et les appels aux " démocrates ". Ainsi La Vérité du 4/6 dit :

"Nous ne sommes pas un groupe de conspirateurs... Nos tâches sont : éclairer en éduquant, guider en expliquant. Notre arme : c’est la propagande révolutionnaire, et rien d’autre".

Ce mensonge la bourgeoisie ne le croira pas et aux travailleurs nous n’avons pas le droit de mentir. Des centaines de fois Lénine a expliqué aux militants : la révolution est une guerre. Une guerre se fait-elle seulement à l’aide de la propagande ? Trotsky a écrit un livre intitulé : Défense du Terrorisme. Nous avons été les premiers et continuons à être les seuls défenseurs des Milices ouvrières et de l’armement du prolétariat. Nous ap¬prouvons la devise de Blanqui : qui a du fer a du pain. Comment peut-on avec une pareille doctrine présenter les révolutionnaires comme des prêcheurs et apôtres d’une propagande " de la vérité et du progrès social " (Vérité 4/6). Lénine a enseigné au Parti révolution¬naire la plus grande méfiance envers tout gouvernement bourgeois, même le plus démocratique. Une partie de l’appareil de l’organisation doit toujours rester dans l’illégalité pour parer à toute mesure arbitraire de la part du gouvernement bourgeois. Vous-mêmes ne prétendez pas livrer toute l’organisation à la légalité, quelles que soient les mesures de légalisation dont vous ferez l’objet. N’est-ce pas dans ce cas renforcer la calomnie contre nous que d’affirmer : " Nous ne sommes pas des conspirateurs " ? Au moment où le rapport de forces nous impose la lutte clandestine pour pouvoir exprimer des idées révolutionnaires en faveur des masses, le raisonnement léniniste ne serait-il pas plutôt de dire aux travailleurs : " la bourgeoisie conspire, couverte de sa propre légalité, contre le niveau de vie et la vie même des masses ? Nous, révolutionnaires, appelons les travailleurs conscients à se préparer, clandestinement s’il le faut, au renversement de la bourgeoisie. La propa¬gande ouverte n’est qu’une partie de notre travail. Demander aux ouvriers de cacher des armes, aux soldats de se réunir en cellules de caserne, aux ouvriers d’usine d’éditer des organes d’opposition sans adresse et sans nom, tout cela, n’est-ce pas un travail de conspirateurs ?

Il est inutile, nous l’espérons, d’ajouter que cela n’a rien de commun avec le terrorisme anarchiste, lutte individuelle contre des représentants isolés de la classe capitaliste.

En juillet 1917, le rapport de forces entre le prolétariat et la bourgeoisie a ouvert la voie à la calomnie capitaliste et social-chauvine contre les bolchéviks. Le regroupement des masses a fait sauter en l’air la calomnie quelques mois après. Combien réconfortant pour les révolutionnaires est le raisonnement de ce soldat russe, que rapporte Kroupskaïa dans sa brochure de Souvenirs sur Lénine : " Sais-tu que ton Lénine est un espion allemand ? dit un Monsieur instruit au soldat en faction. Non, je ne le sais pas, répond celui-ci, je n’ai pas assez d’instruction pour ça, mais ce que je sais, c’est que tout ce que Lénine dit sur la terre est juste ".

Mais faut-il seulement s’en référer à 1917 ? Les camarades voudront bien réfléchir à des exemples plus récents, que nous leur soumettons. A la fin du mois de mai, quand le gouvernement rejette les revendications présentées par la CGT à la suite des mouvements de grève, les social-chauvins n’osent bien entendu pas réfuter les arguments de la bourgeoisie dirigés contre les ouvriers. Notre organisation répand quelques milliers de tracts, signés par les trotskystes, par la IVème Internationale, pour prendre la défense des ouvriers, démasquer les bureaucrates et indiquer nos solutions. De multiples endroits nous parvient l’écho d’ouvriers du rang, qui constituent la grande masse, approuvant le tract et le faisant circuler, sans s’inquiéter de la signature.

Dans une usine importante de la région parisienne, des camarades ouvriers entreprennent un travail d’opposition syndicale entièrement sur des bases communistes et révolutionnaires [3]. La bureaucratie social-chauvine répand immédiatement le bruit qu’il s’agit de la 5ème colonne. Ne cédant pas à la pression des adversaires, le travail de l’opposi¬tion continue conspirativement, pour ne pas donner prise à la répression. N’est-ce pas à nous de tenir bon, de démontrer aux ouvriers les nécessités qui nous sont imposées par la lutte, ne s’apercevront-ils pas que ceux qui nous accusent les trahissent, mais que nous ne cesserons de les défendre ? Le journal de l’opposition est le seul qui dans toutes les occasions prend intelligemment et avec continuité la défense des ouvriers. Aussi le font-ils circuler, sans s’inquiéter des accusations des bureaucrates. Nos camarades organisent quelques ouvriers plus avancés en noyau de l’opposition syndicale ; ils adoptent la conspiration comme une nécessité faisant partie de notre travail. L’opposition arrive à imposer politiquement sa légalité : le représentant de la direction syndicale prend l’engagement de ne pas faire arrêter les représentants de l’opposition si ceux-ci se démasquent. Mais cette invitation manque son effet, car l’opposition ce n’est plus seulement un noyau isolé, c’est un courant politique dans l’usine.

Nous sommes-nous réclamés pour ce travail de la résistance ? Notre propagande est-elle tendancieuse dans le sens des préjugés existants ? Nullement. En voici un exemple : un camarade qui fait un travail syndical d’usine avec notre concours, écrit dans son projet de journal : la guerre étant finie rien ne s’oppose plus à nos revendications. Notre camarade lui explique que cette façon de s’exprimer peut laisser entendre aux ouvriers que la politique des bureaucrates ayant freiné les ouvriers à cause de la guerre (des capitalistes) pouvait se justifier. Or il ne faut en aucun cas utiliser de pareilles équivoques, parce que ce qui importe par dessus tout c’est d’élever la conscience des ouvriers. Notre camarade sympathisant convient de la justesse de ce raisonnement.

Mais voici que le raisonnement ci-dessus écarté d’un journal d’usine, nous le retrouvons dans l’organe central du PCI. La Vérité du 4/6 dit :

" Aujourd’hui la guerre est finie. Nous attendons du ministre l’autorisation de pa¬raître légalement. Rien ne justifie plus les mesures d’exception qui nous frappent ".

La guerre justifiait-elle donc les mesures d’exception ? Pendant la guerre la bourgeoisie prenait le prétexte de la " défense nationale ". Mais aujourd’hui la bourgeoisie dit par la voix des social-chauvins et de tous ses partis : " Nous avons gagné la première manche par tant de sacrifices, allons-nous maintenant tout compromettre ? Notre union qui était nécessaire contre l’ennemi est nécessaire maintenant pour refaire la France ". C’est à l’aide de cette argumentation que les Thorez et Cie veulent imposer à la classe ouvrière la politique du produire, produire, produire... Notre tâche ce n’est pas de passer l’éponge sur le passé et l’opposer au présent, car pour sa politique actuelle la bour¬geoisie tire justement argument du passé. Si des mesures contre nous étaient justifiées pendant la guerre, elles le sont encore aujourd’hui, parce que la guerre et la paix ne sont que la continuation de la politique de la bourgeoisie impérialiste, axiome que Trotsky a si souvent rappelé et que vous oubliez.

Nous avons voulu par ces quelques exemples démontrer aux camarades que pour combattre nos adversaires il ne faut pas se laisser imposer leur tactique et leur argumentation. C’est par une idéologie et une argumentation radicalement contraire à celle de nos ennemis que nous pouvons imposer notre point de vue prolétarien, et non pas en acceptant les prémisses du raisonnement de la bourgeoisie, pour en tirer d’autres conclusions. Si nous engageons la lutte contre la calomnie sur le terrain de nos adversaires, nous sommes battus d’avance.

Ainsi vous brandissez actuellement comme principal argument les morts de la résistance. Mais le PC se réclame de ses dizaines de milliers de morts pour la résis¬tance, connus dans tout le pays. C’est au nom de ces morts qu’il nous accuse et nous pourchasse.

Ce qui fait notre force, c’est notre politique énergique de défense des intérêts des masses, poursuivie sans hésitation et sans équivoque.

Mais au lieu de cette intransigeance vous lâchez prise dans chaque occasion grave, vous cédez à la pression ennemie au moment où il faudrait le plus y résister. Le 10 juin 1944 La Vérité écrivait :

" Les forteresses volantes et les tanks d’Eisenhower n’apporteront pas la libération des travailleurs de l’Europe. A la place de l’impérialisme allemand qui s’écroule, ils viennent imposer la domination du capital financier yankee et anglais ".

Deux mois après, au moment du plus grand déchaînement chauvin et du déferlement de la " libération ", La Vérité écrit (le 11 Août) :

" Hitler s’effondre. Les Américains approchent de Paris. La classe ouvrière doit mettre à profit la situation... "

La Vérité est-elle assez naïve pour croire qu’on pouvait transformer en insurrection prolétarienne une situation dont tout le cours antérieur avait préparé les masses à la " libération nationale ", notamment du fait du monopole d’influence des social-chauvins ? En réalité, La Vérité a ployé sous la pression des événements et le PCI a engagé ses militants à participer à " l’épuration ", duperie monstrueuse qui a permis à l’État bourgeois de traverser indemne les événements (rappelons-nous " l’insurrection " de la police).

De la même façon, La Vérité a dénoncé sous l’occupation la résistance d’union sacrée, mais lâche prise maintenant devant l’opinion publique petite-bourgeoise et en arrive à se réclamer de la résistance !

Pour nous, le levier pour le renversement de la situation, n’est pas dans des discussions avec " l’opinion publique ". Il est dans une politique révolutionnaire, hardie : à l’¬heure où les masses voient qu’elles sont trahies de toutes parts, à l’heure où l’offensive gouvernementale se poursuit contre elles et que les chefs " ouvriers " se perdent en discours, les trotskistes doivent montrer aux masses que, ne s’effrayant ni de la calomnie ni des menaces, ils restent seuls à prendre la défense de leurs intérêts. Les ouvriers sont fatigués d’années de souffrances et de privations. Ils arrivent à exécrer les chefs traîtres qui détiennent actuellement dans les usines le rôle de premiers garde-chiourme. Dans ces conditions, deux ouvriers révolutionnaires, par un travail clandestin et intelligent, tiennent en échec toute une direction syndicale, parce que les ouvriers ont pu se rendre compte qu’il y avait quelqu’un pour prendre leur défense.

Au lieu de mener son offensive, La Vérité se perd en discussions et en disputes avec " l’opinion publique éclairée ", avec les "démocrates sincères". Et les ouvriers assis¬tent à ces pleurnicheries, au lieu de rencontrer dans La Vérité un organe de combat et une réponse à leurs propres préoccupations.

Dans une interview de 1937, Trotsky a dit :

" Je suis sûr que dix ouvriers qui comprennent très bien la situation... gagneront une centaine d’ouvriers, et les cent ouvriers un millier de soldats. Ils seront victorieux à la fin de la guerre ; ça me semble très simple, mais je pense que c’est une bonne idée ".

Là se résument tous les problèmes de notre travail. Comment faire bien comprendre la situation à une centaine d’ouvriers, les gagner corps et âme à la politique révolutionnaire, en faire des cadres de la classe ouvrière et du trotskisme ; c’est par eux que nous pourrons apparaître aux masses comme leurs seuls défenseurs, dans ce monde où elles n’ont que des ennemis.

Ce sont là les problèmes de la construction du parti et de sa prolétarisation, de l’attitude envers les questions théoriques, du lien entre la théorie et la pratique. Ces problèmes il faut les poser devant l’ensemble du mouvement et à l’aide d’une discussion approfondie, à la lumière de l’expérience, poser un premier jalon dans la voie du redressement théorique et pratique du mouvement trotskiste en France. Hors de là un sort pire que celui du POUM attend notre mouvement.

La discussion du bilan de nos deux organisations ne serait pas à l’heure actuelle une concession de votre part, mais le devoir le plus élémentaire de notre travail révolutionnaire.

juillet 1945

UNION COMMUNISTE

(IVème Internationale)

https://www.marxists.org/francais/barta/1945/07/barta_19450702.htm

On reprend les mêmes et on recommence :

"Sous-officiers et Officiers, quelle qu’ait été votre attitude depuis l’armistice, rejoignez la résistance". (Radio-Londres).

Quand tous les militaires, les préfets, les juges, les policiers auront rejoint la résistance, il ne restera plus comme coupables à punir que... "les meneurs" ouvriers !

Après 1940, les révolutionnaires devaient mener une politique de résistance (c’est¬à-dire de défense des masses) vis-à-vis de l’occupation impérialiste allemande. Mais ils continuaient en même temps l’opposition révolutionnaire vis-à-vis de leur propre bourgeoisie et tenaient compte des intérêts du prolétariat français aussi bien que des intérêts du prolétariat allemand, en ne renforçant pas, comme la résistance officielle, la domination d’Hitler par le déchaînement chauvin. Cela ne nous empêchait pas de prendre "les pommes de terre" de l’impérialisme anglo-saxon et de la bourgeoisie gaulliste, comme l’ont fait les bolchéviks en 1918 dans la lutte contre l’impérialisme allemand, en acceptant l’aide technique de la bourgeoisie de l’Entente. Mais il fallait par-dessus tout affirmer à la face du monde entier que notre base politique restait la lutte de classe menée jusqu’au bout dans toutes les directions et que nous ne considérions pas l’impérialisme anglo-saxon comme un moindre mal par rapport à l’impérialisme fasciste, raisonnement stali¬nien qui entraînait automatiquement l’abandon de la lutte de classe en faveur de la lutte commune contre l’occupant.
Nous, internationalistes, étions les seuls défenseurs des intérêts des masses tout au long de cette guerre, avant et après l’occupation. Par contre, pour la bourgeoisie la résis¬tance n’était que l’opposition au capitalisme allemand ; elle lui a servi de mise sur le ta¬bleau impérialiste anglo-américain ; par l’intermédiaire des social-chauvins la bourgeoi¬sie a également réalisé, à travers la "résistance", l’union sacrée et a prolongé sa domi¬nation de classe. Comme le dénonçait LaVérité elle-même en 1943 et 44, la résistance servait de camouflage même aux organisations d’extrême-droite et aux partis fascistes. La résistance, d’après le sens qu’a pris ce terme à travers les événements, est une organisation politique de la bourgeoisie impérialiste. Le parti révolutionnaire peut-il s’en réclamer ? L’absurdité d’une réponse affirmative saute aux yeux.

https://www.marxists.org/francais/barta/1945/07/barta_19450702.htm

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Le Front Populaire prétendait mener une politique en faveur des masses et avait comme mot-d’ordre démagogique la lutte contre les trusts. Pour les révolutionnaires ce mot-d’ordre était un but réel ; mais la similitude des formules permettait-elle à l’organisation révolutionnaire de se réclamer du Front Populaire, dans le but par exemple de ne pas se couper des masses ? C’eût été contribuer à les duper. La politique trotskyste a consisté à se délimiter du front populaire et à le combattre, malgré les calomnies staliniennes qui présentaient tous les adversaires du front populaire, surtout ceux de gauche (les trotskystes) comme des fascistes. Nous n’avons pas plus prétendu à l’époque être les meilleurs ou les premiers " front populaire ", du fait que nous avons été les premiers à préconiser le front unique socialiste-communiste.

Barta en 1945

https://www.marxists.org/francais/barta/1945/07/barta_19450702.htm

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PAR OU COMMENCER ?

Quel est l’ouvrier de France qui ne se souvient avec fierté de la poussée révolutionnaire de juin 1936 ? Quel est celui qui ne se rappelle pas avoir pris part aux meetings, aux manifestations, aux défilés, aux grèves ? En ce temps-là la classe ouvrière, inquiétée par les attaques fascistes et par la menace croissante de la guerre, mettait en œuvre toute son énergie. Les meilleurs militants, syndicalistes, socialistes, communistes, se prodiguaient constamment, après le travail et le dimanche, dans les réunions et les meetings de grévistes. La vague révolutionnaire avait soulevé les couches les plus profondes du peuple opprimé, les ouvriers entraînant les employés, la ville entraînant la campagne. Les partis et les syndicats virent affluer dans leurs rangs de nouveaux membres et de nouveaux sympathisants. Effrayé par les occupations d’usine, sentant le revolver sur la tempe, le patronat dut céder ; une nouvelle vie sembla devoir commencer : ce furent la semaine de 40 heures, les congés payés, les contrats collectifs, le relèvement des salaires. A l’usine, l’ouvrier releva la tête ; au dehors, jouissant de plus de loisirs, il commença à vivre plus dignement. L’organisation de classe avait déterminé la victoire, à son tour, la victoire, par la diminution des heures de travail, permettait à l’ouvrier de consacrer du temps à la lutte organisée. A toute une vie de déboires et d’incertitudes l’ouvrier trouvait une issue dans l’action de classe qui, à son tour, déterminait une amélioration de ses conditions de vie.

Aux ouvriers avancés incombe aujourd’hui le devoir de donner l’exemple en faisant le premier pas dans cette voie. Le débrouillage au jour le jour n’a jamais rien résolu de grand ; la situation actuelle met en jeu l’avenir même du prolétariat.

Pour permettre à la classe ouvrière de se regrouper, prendre conscience de sa force et de ses tâches, il faut commencer le travail sur le terrain de l’usine. Les ouvriers les plus sûrs doivent se réunir régulièrement chez l’un d’entre eux pour envisager en commun les problèmes de l’usine, pour lire et commenter la littérature et les journaux ouvriers clandestins et, dans la mesure du possible, sélectionner parmi les jeunes les meilleurs éléments capables de s’instruire et de trouver dans l’étude du mouvement ouvrier la volonté et la méthode qui mèneront à la victoire dans les combats à venir.

Les ouvriers feront ainsi leur propre éducation démocratique, exerceront leur esprit critique et choisiront les meilleurs d’entre eux pour coordonner leur action et multiplier les liaisons sur une échelle de plus en plus large.

La classe ouvrière a pour elle le nombre, la place indispensable qu’elle occupe dans la production et l’incapacité de la bourgeoisie de faire vivre plus longtemps la société.

La conquête du pouvoir politique ne peut pas et ne doit pas se faire par d’autres au nom du prolétariat ; elle ne peut pas être la conséquence d’un coup de main. "La dictature du prolétariat qui aura pour tâche la socialisation des moyens de production, ne peut être le fait d’une masse menée par quelques-uns, elle doit être et elle sera l’œuvre des prolétaires eux-mêmes, devenus, déjà en soi et par une longue pratique, une organisation politique."

https://www.marxists.org/francais/barta/1944/02/ldc25_022344.htm

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