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Les travailleurs face à la crise

mercredi 3 décembre 2008, par Robert Paris

3 décembre 2008

Un capitalisme, qui ne survit que grâce à des injections massives et répétées d’argent public, n’a pas d’avenir

Toutes les semaines, on apprend qu’un Etat, qu’une banque centrale ou qu’une institution financière internationale distribue des milliards, des dizaines de milliards et des centaines de milliards aux capitalistes privés, banquiers, assurances, finance, bourses et patrons de l’industrie ou du bâtiment. Les Etats-Unis et l’Angleterre ont été les premiers à se lancer dans ces distributions massives qui dépassent largement toutes les sommes jamais vues dans des interventions étatiques ou institutionnelles. Elles dépassent même le capital détenu par ces institutions au point qu’elles vont maintenant emprunter. La France n’est pas en reste, comme Sarkozy vient encore de le démontrer jeudi dernier. L’explication qui nous en est donnée est la nécessité de « combattre la crise », « de soutenir le crédit » et d’ « aider l’emploi et les petites entreprises ». L’itinéraire de cet argent montre bien que ce ne sont que des mensonges. Le plan Paulson pour « sauver les banques américaines » a été une distribution de centaines de milliards : environ 10 milliards en moyenne par banque. Il ne comportait aucune condition, aucun contrôle de l’utilisation des fonds, aucun organisme pour surveiller leur destination. Si bien que, de l’aveu des autorités elles-mêmes, sept sur les dix milliards ont été données en gratification personnelle aux patrons de ces banques américaines et non pour combler le trou. Et pour cause : le trou avoisine les quatre mille milliards de dollars d’actifs dits « pourris », c’est-à-dire que ne vaudront plus jamais rien, du type subprimes. Il s’agit d’actions en bourse fondées seulement sur des dettes .et des hypothèques, qu’il s’agisse de dettes immobilières, financières, boursières, ou autres. Le grand capital s’est lancé dans ces opérations invraisemblables parce qu’il était incapable de proposer des investissements fondés sur une production, sur un capital industriel, commercial ou productif quelconque. Les banques y ont jeté leurs capitaux et ceux de leurs clients. Les industriels, les collectivités locales, les Etats, tout le monde a joué à ces actions pourries parce qu’elles se revendaient toujours plus cher. Jusqu’au krach de 2008. Et maintenant qu’ils ont noyé l’économie sous ces dettes et les dettes de la dette, il leur reste à noyer les fonds d’Etat de la même manière. Jusqu’à quand ? Jusqu’à avoir vidé les coffres des Etats ? C’est déjà fait ! Jusqu’à ce que la crise de confiance dans les monnaies et la crédibilité des Etats et des banques emporte le tout.
Sauver le système, les grands capitalistes et les chefs des Etats n’y croient sans doute plus depuis longtemps. Ils essaient surtout de gagner du temps pour trouver les moyens que les classes ouvrières de tous les pays ne comprennent pas trop vite ce qui est en train de se passer.
Sarkozy est tout à fait dans cette optique. Il prétend aider l’emploi ou encore la lutte contre le réchauffement. Mais, il est caractéristique que lui non plus n’a mis en fait aucune condition aux sommes qu’il a donné aux banquiers, aux assurances, aux financiers et aux patrons privés. Cela signifie qu’il ne leur demande nullement de faire repartir les investissements, de ne pas supprimer des emplois, de ne pas fermer des usines, de ne pas jeter à la rue des salariés. Il ne leur demande rien en contrepartie de sommes colossales qui sont prises sur l’argent public et qui vont être enlevées aux hôpitaux, à l’Education, aux collectivités locales, …
Il est d’ailleurs frappant que droite comme gauche, et aux USA Bush comme Obama, soient tout à fait pour ces distributions massives de fonds publics en pure perte et sans aucune garantie, sans aucune contre-partie. Les petites entreprises, les petits paysans, les artisans ne seront pas mieux traitées que les salariés. C’est seulement le grand capital qui est l’objet de tous leurs soins. Plus que jamais, la politique des Etats est au service d’une seule classe sociale : la classe liée au grand capital.

Plus que jamais, il est nécessaire à la classe ouvrière d’avoir sa propre politique, de mener se s propres combats et d’abord de ne donner aucune caution aux distributions de fonds qui prétendent sauver telle ou telle entreprise. Les banques américaines ont été « sauvées » par une telle intervention et maintenant on y annonce des suppressions massives d’emplois.
L’aide à l’emploi, l’aide à l’économie, l’aide au crédit, l’aide à l’automobile, l’aide à l’écologie, derrière lesquels se cachent les Sarkozy, tout cela n’est rien d’autre que du vol de richesses publiques pour engraisser des profiteurs privés. On abien vu que l’Etat américain n’a pas aidé les propriétaires endettés à ne pas perdre leur maison ni les salariés à ne pas perdre leur emploi, ni les petits paysans, artisans ou commerçants à ne pas faire faillite. L’aide à l’industrie ne signifie nullement que les industriels ne vont pas réduire massivement leur production et licencier massivement comme vient de le montrer le sidérurgiste Mittal. Nous ne pouvons pas compter sur l’Etat et sur les patrons pour résoudre nos problèmes face à la crise. Nous devons compter sur nous-mêmes, nous travailleurs.

Pour défendre leur avenir et celui de toute la société, les travailleurs doivent se désolidariser du système, des gouvernants et de toute la classe capitaliste et défendre leurs propres perspectives :

Interdiction des distributions de fonds publics

Interdiction des suppressions d’emplois (dits « volontaires » ou non)

Interdiction des fermetures camouflées en chômage technique ou « congés » imposés

Aide massive aux plus démunis, aux salariés précaires

Réquisition des logements vides

Interdiction des expulsions

Réquisition des logements vides et des usines fermées

Imposition d’un revenu minimum garanti pour tous, salariés et chômeurs

Santé gratuite pour les plus démunis

Confiscation des capitaux spéculatifs, des capitaux des entreprises qui ferment, des revenus des sociétés et des propriétés et biens de leurs propriétaires privés

Organisation des travailleurs et des petits travailleurs indépendants pour imposer et contrôler ces mesures.

Réquisition des logements vides

Interdiction des licenciements et du chômage technique

Après la mort, dans la rue et dans le froid, de plusieurs SDF, Sarkozy a le culot de prétendre être indigné … par le comportement des SDF. Comment ces sans-logis peuvent-ils refuser d’être logés dans des foyers, risquant ainsi leur vie « de leur plein gré » dit-il ?
Comme si on n’avait pas entendu les responsables eux-mêmes expliquer que ces asiles sont bondés. Sans compter que ces foyers sans confort, sans vie individuelle, où on risque d’être volé, frappé, mal traité, mettent en plus les résidents à la rue pendant la journée.
Les sans-logis ont frappé vainement à toutes les portes, notamment celles de l’Etat, avant d’en être réduits à se débrouiller seuls avec des abris de fortune. Alors que Sarkozy a déjà distribué des milliards à pleines poignées aux grands financiers, alors qu’il s’apprête ce jeudi à annoncer de nouvelles distributions aux patrons, l’argent pour le logement populaire, le 1% patronal par exemple, a été réduit à la portion congrue. Pire encore : l’Etat punit ceux qui défendent les droits des SDF, comme l’association Droit au Logement, condamnée à 12.000€ d’amende pour avoir installé des tentes pour les sans-logis dans la rue de la Banque à Paris.

Mais ce qui gêne le gouvernement, c’est que les SDF pourraient prétendre rester dans ces abris de fortune, ces tentes, ces bidonvilles. Au bout d’un certain temps, ils pourraient légalement prétendre être des « occupants réguliers » des lieux et ne plus pouvoir en être délogés. D’où la proposition, malintentionnée de Christine Boutin, ministre du Logement, de profiter du risque de mourir de froid pour démanteler leurs abris durant l’hiver.

Les foyers de la misère sont-ils les seuls logements libres et habitables ? Pas du tout ! Des quantités de logements vacants pourraient être occupés par les sans-logis. Une loi récente dite « du logement opposable » prétendait assurer à chaque citoyen un « droit au logement » légal. En réalité, ce n’est certainement pas les gouvernants qui veulent défendre de tels droits. Il est même rare de voir partis de gauche ou syndicats reprendre le vieux mot d’ordre des sans-logis révoltés : « occupation des logements vides ».

Pour le reste de la population, la question du logement n’est pas davantage réglée. Les salariés les plus mal lotis ne peuvent même plus payer un loyer. Au point que des familles qui ont un travail se retrouvent avec leurs enfants dans des squats insalubres et sans sécurité. Et nombre d’entre nous, pour avoir un logement, sont contraints de payer les mensualités et les intérêts de la dette d’un achat immobilier. Or, la crise des subprimes aux USA vient de nous démontrer que même les travailleurs ayant un salaire correct risquaient, avec la crise, de se retrouver à la rue. Et quand tous les jours, on annonce des suppressions d’emplois massives, l’accès au logement est aussi remis en cause.

Nous devons être conscients que, dans cette situation de crise, c’est la défense de nos intérêts en tant que classe sociale qui va être déterminante.

La classe des capitalistes cache la défense de ses propres intérêts sous couleur de « solutions » pour sauver le système. Leurs solutions, en fait, consistent à distribuer l’argent public aux patrons, à rallonger les durées de chômage technique sans limite, à licencier et fermer des usines … tout en exigeant de nous faire travailler jusqu’à 70 ans, pour supprimer le paiement de nos retraites.

La seule perspective, pour nous, travailleurs, c’est de réagir tous ensemble, en cassant les divisions entre secteurs et catégories professionnelles. Les luttes des salariés des aéroports, de la vente par correspondance, des grands magasins, de la Poste, de l’automobile, des enseignants et de la Caisse d’Epargne auraient intérêt à se rejoindre. Travailleurs du privé et du public, en CDI, en CDD, précaires, chômeurs, si nous sommes capables de nous unir pour défendre nos intérêts communs, alors nous sommes une force considérable.

Quant à l’avenir, il ne consiste pas à replâtrer un système complètement vermoulu mais à le renverser. Là aussi, c’est notre classe sociale qui offre un futur : pas celle des profiteurs !

7 décembre

Prime à la casse ou prime aux casseurs ?

Sarkozy est, une fois de plus, arrivé avec, dans sa hotte de père Noël, un tas de cadeaux : 26 milliards. Bien des travailleurs se demandent ce que tout cela signifie et d’où vient l’argent. Le même Sarkozy déclarait les caisses vides quand il s’agissait d’augmenter les salaires ? Caisses qui n’étaient plus vides pour faire cadeau du « paquet fiscal » aux « moins démunis ». Et qui se révélaient capables de sortir, cash et immédiatement, plus de 300 milliards d’euros pour les banquiers, les financiers et l’ensemble des patrons.
Les prétextes ont varié considérablement. Au début, il s’agissait d’éviter un effondrement de la confiance du public dans le système bancaire et boursier. Ensuite, il a été question d’éviter une crise du crédit entre banques. Puis, le gouvernement a prétendu combattre une crise du crédit bancaire pour les petites entreprises et pour les particuliers. Enfin, il a été question d’aides à l’Automobile pour l’aider à lutter contre la pollution et le réchauffement. Maintenant, le motif invoqué est de relancer l’économie face à la récession.
Si beaucoup de publicité a été faite aux mesures de crédit au logement et aux achats de véhicules, curieuse manière de combattre une crise paraît-il causée par trop d’endettement, l’essentiel du plan consiste à distribuer des sommes folles aux patrons : 11 milliards de soi-disant remboursements de dettes plus 2,5 milliards à EDF plus 4 milliards aux patrons de « secteurs stratégiques » plus 4 milliards aux patrons des entreprises liées à la recherche. Le « soutien à l’emploi » consiste à supprimer les charges patronales. Les distributions d’argent public servent toujours la même classe sociale : la classe capitaliste. A celle-là les milliards et aux futurs bénéficiaires du RSA une prime exceptionnelle de 200€, la comparaison est choquante.
Aux USA, il en va de même : des centaines de milliards pour aider les capitalistes mais pas un centime pour aider les expulsés de leur logement, les salariés licenciés massivement (500.000 aux USA rien qu’en novembre). Les banques à peine « sauvées », ont été les premières à licencier massivement. Le plan Paulson pour « sauver les banques américaines » a été une distribution de centaines de milliards : environ 10 milliards en moyenne par banque. Il ne comportait aucune condition, aucun contrôle de l’utilisation des fonds, aucun organisme pour surveiller leur destination. Si bien que, de l’aveu des autorités elles-mêmes, sept sur les dix milliards ont été données en gratification personnelle aux patrons de ces banques américaines et non pour combler le trou. Et pour cause : le trou avoisine les quatre mille milliards de dollars d’actifs dits « pourris », du type subprimes, actions en bourse fondées seulement sur des dettes, immobilières, financières, boursières, ou autres.
Sauver le système, les grands capitalistes et les chefs des Etats n’y croient sans doute plus depuis longtemps. Ils essaient surtout de gagner du temps pour trouver les moyens que les classes ouvrières de tous les pays ne comprennent pas trop vite ce qui est en train de se passer.
Sarkozy prétend sauver l’emploi et les salaires en versant des milliards aux capitalistes mais il n’exige nullement des patrons aidés qu’ils ne licencient pas, qu’ils ne ferment pas d’usines, qu’ils ne mettent pas les salariés au chômage technique, qu’ils ne ponctionnent pas les salaires.
C’est ceux qui cassent la société qui sont aidés par les Etats dans le monde entier. C’est seulement le grand capital qui est l’objet de tous leurs soins.
Plus que jamais, il est nécessaire à la classe ouvrière d’avoir sa propre politique, de mener se s propres combats et d’abord de ne donner aucune caution aux distributions de fonds qui prétendent sauver tel ou tel secteur, telle ou telle entreprise.

Pour défendre leur avenir et celui de toute la société, les travailleurs doivent imposer :

Interdiction des distributions de fonds publics

Interdiction des suppressions d’emplois

Interdiction des fermetures d’usine

Interdiction du chômage technique

Réquisition des logements vides

Confiscation des capitaux spéculatifs, des capitaux des entreprises qui ferment, des revenus des sociétés et des propriétés et biens de leurs propriétaires privés

Revenu minimum pour tous : 1500€/mois.

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