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Comment les anticapitalistes du NPA-révolutionnaires "révisent" la brochure "Que Faire ?" de Lénine

jeudi 10 octobre 2024, par Alex

Pourquoi le NPA-R s’intéresse-t-il à Que Faire ? (1902) de Lénine, dans l’ exposé sur "Que Faire ?" donné à l’université d’été 2024 de ce parti ?

Disons-le tout de suite, le NPA ne répond pas à cette question.

Que Faire ? (abrégé en QF) est une brochure publiée par Lénine en 1902.

Etre marxiste aujourd’hui, c’est-à-dire pour nous léniniste ou encore trotskiste (le NPA-R ne se dit pas léniniste mais trotskiste, bienvenue dans la novlangue centriste confuse et contradictoire !) c’est être favorable à la dictature du prolétariat, et le parti bolchevik fondé par Lénine en 1903 est le premier parti qui, dans l’histoire de l’humanité, a réussi à prendre la direction d’une révolution prolétarienne pour mettre en place la dictature du prolétariat. C’est avant tout Lénine à la tête de ce parti bolchevik qui le 25 Octobre 1917 réalisa cet exploit. Les marxistes souhaitent imiter cet exemple à l’échelle mondiale. Que Faire est LA brochure de référence où Lénine décrit la construction de son parti, à la veille de sa fondation en 1903 lors du IIème congrès du POSDR.

Or le NPA-R ne parle jamais de dictature du prolétariat, ni de révolution prolétarienne, et ne proclame pas dans sa video, ni ailleurs, être favorable à la construction d’un parti de type bolchevik. Dans cette video, l’orateur affirme seulement : « le parti bolchevik a des choses à nous apprendre ». Lesquelles ? On ne le saura pas. D’où la question que nous posons au début de cet article !

Pour les marxistes modernes : non, le parti bolchevik n’a pas seulement « des choses » à nous apprendre, il a quasiment tout à nous apprendre. Nous sommes, concernant la question du parti, comme Trotsky de 1917 à 1940, des disciples de Lénine, pas de R. Luxemburg ou du Trotsky d’avant 1917. Les IV premiers congrès de l’IC (dont le Congrès de Bakou) ont récapitulé cette expérience bolchévique, et sont le manuel du révolutionnaire en campagne depuis 100 ans ! Si le NPA-R pense que QF ne décrit rien du modèle du parti bolchevik, pourquoi ne nous donne-t-il pas la version définitive donnée par le même Lénine dans les Thèses de ces IV congrès ? Car le NPA-R devrait admettre qu’il ne se réclame pas de ce modèle !

Malheureusement cette video du NPA-R est typique des anticapitalistes : ils se réclament du marxisme à la va-vite, sans préciser ce que cela signifie, seulement pour se donner un brevet de "spécialiste", "d’ami sincère" du marxisme. Puis ils passent leur temps à critiquer le marxisme, embrouiller les choses, de sorte qu’après un peu plus d’une heure l’auditeur, au mieux n’a rien appris et s’est ennuyé, au pire se souviendra d’un fouillis d’affirmations fallacieuses, dont le but est de le détourner de ces questions qui apparaissent compliquées, inutiles et laissées sans conséquences aux « érudits ». Les militants doivent ensuite faire "confiance" aux dirigeants qui eux ont assimilé tout cela.

Certes, les orateurs de cette video ont sans doute travaillé avec passion leur sujet. Mais un parti qui dénigre l’intérêt des idées ne peut produire des topos intéressants. Par exemple on apprend dans cette video que le livre II du Capital est illisible et sans intérêt ! Que le problème de la lutte contre les directions syndicales n’a pas été posé en 1902 alors qu’il aurait dû l’être !

Il y a autant de faits potentiellement intéressants que de contre-vérités dans cette video, les deux catégories se recoupant malheureusement trop largement.

Cette vidéo est au fond des choses une attaque contre le bolchévisme, indirecte et mielleuse dans le style anticapitaliste. Car le caractère bolchévik du parti que nous voulons construire est un acquis du mouvement ouvrier, de Lénine et Trotsky, et le NPA-R veut nous faire croire que c’est un concept mal défini et "en débat" chez les trotskistes. Trotsky voulut re-construire une internationale bolchévique de 1923 à 1940.

Se réclamer de Trotsky sans se dire bolchevik est une imposture.

Ce type de video met donc le NPA-R en dehors du courant trotskiste.

"Que Faire ?" ne serait qu’un texte de circonstances, daté et valable seulement pour les Russes

Procédé anticapitaliste typique, l’exposant, au lieu de rentrer dans le vif du sujet, commence par mettre en avant une version « marxiste orthodoxe » de l’histoire, mais qui serait fausse et que le NPA va donc « nuancer », « critiquer ».

Nous sommes au coeur de l’anticapitalisme, faux marxisme, vrai anti-marxisme : le NPA divise artificiellement le « camp marxiste » en deux, et attire le bourgeois en proclamant : oui, nous sommes divisés entre nous, le marxisme est en débat ! QF "n’est pas ce que l’on dit", il faut "nuancer", "prendre en compte" la brochure de Martov sur la propagande que vous n’avez pas lue, se rappeler que Lénine était contre les bolchéviks appelés "comitards", qu’il pensait tout et son contraire concernant le passage "spontané" des ouvriers à la conscience social-démocrate etc.

Quelle est donc cette version « marxiste orthodoxe » que l’orateur du NPA réfutera avec tout son bazar pseudo-érudit ?

On m’avait dit que c’était un peu le livre définitif concernant la construction du parti. En fait ce n’est pas du tout ça. Pour Lénine le modèle du parti existait déjà, c’était le parti social-démocrate allemand, celui qui bien après allait trahir en se rangeant du côté de la guerre impérialiste. En réalité Que Faire ? parle d’une étape de la construction d’un parti, le Parti Ouvrier Social démocrate russe »

« On m’avait dit …. Tu parles que des conneries », la confession de l’orateur rappelle la chanson de Patrick Bruel, dont le texte est presque un résumé de l’exposé du NPA-R sur QF.

D’après le NPA-R la version « marxiste » orthodoxe était « fausse » mais de plus 1) Que Faire ? ne décrit presque rien, une seule étape d’un loooong processus, et c’est tellement russe que c’est sans intérêt pour nous, incompréhensible, du Dostoïevesky 2) le modèle du parti existait déjà, et Lénine n’en dit pas un mot dans QF : c’est le modèle allemand. Lénine nous cacherait son vrai modèle dans QF ! Le modèle du parti bolchevik est décrit dans un autre document caché ou pire, non écrit, seulement implicite dans tous les écrits de Lénine !

Quelles sont les « autres étapes » avant ou après Que Faire ? ? Où dans Que Faire ? ou ailleurs, Lénine écrit-il que le parti social-démocrate allemand, qui trahira en 1914 (en fait c’est l’aile opportuniste de ce parti qui a trahi, l’aile marxiste de R. Luxemburg n’a pas trahi), est son modèle ? Lénine serait-il donc comme un constructeur de bateau qui aurait pris modèle sur le Titanic ? Où Lénine, qui a de nombreuses reprise a rappelé les grandes lignes de l’histoire du bolchévisme, a-t-il écrit tout cela ? Nulle part.

L’orateur sous-entend que la vérité sur Que Faire ? n’apparait pas dans le livre lui-même, mais ne cite aucune source d’où proviendraient ses affirmations.

Quel intérêt a donc QF pour le NPA ? Difficile de répondre. L’orateur ne répond pas clairement. Le but est de décourager les militants de lire QF.

Plutôt que de proposer d’autres théories fumeuses, basées sur une autre chanson à la P. Bruel, à propos de QF, citons Lénine.

Si, QF pose bien les fondements définitifs du bolchévisme !

Le NPA est incapable de décrire l’essence du futur bolchévisme décrite par Lénine dans QF, car cette essence est la lutte contre l’opportunisme à l’échelle internationale, et les modes d’organisation qui en découlent. Elle sera résumée dans les 21 conditions 18 ans plus tard, mais décrite dès le début de QF, que nous citerons :

La "liberté de critique" est, sans nul doute, le mot d’ordre le plus en vogue à l’heure actuelle, celui qui revient le plus fréquemment dans les discussions entre socialistes et démocrates de tous les pays. Au premier abord, rien de plus étrange que de voir une des parties en litige se réclamer solennellement de la liberté de critique. Se peut-il que, dans les partis avancés, des voix se soient élevées contre la loi constitutionnelle qui, dans la plupart des pays européens, garantit la liberté de la science et de l’investigation scientifique ? "Il y a là-dessous autre chose !" se dira nécessairement tout homme impartial qui a entendu ce mot d’ordre à la mode répété à tous les carrefours, mais n’a pas encore saisi fond du désaccord. "Ce mot d’ordre est évidemment un de petits mots conventionnels qui, comme les sobriquets, sont consacrés par l’usage et deviennent presque des noms communs."

En effet, ce n’est un mystère pour personne que, dans social-démocratie internationale d’aujourd’hui [1], il s’est formé deux tendances dont la lutte tantôt s’anime et brille d’une flamme éclatante, tantôt s’apaise et couve sous la cendre d’imposantes "résolutions de trêve". En quoi consiste la "nouvelle" tendance qui "critique" l’ "ancien" marxisme "dogmatique", c’est ce que Bernstein a dit et ce que Millerand a montré avec une netteté suffisante.
La social-démocratie doit se transformer de parti de révolution sociale en parti démocratique de réformes sociales. Cette revendication politique, Bernstein l’a entourée de toute une batterie de "nouveaux" arguments et considérations assez harmonieusement orchestrés. Il nie la possibilité de donner un fondement scientifique au socialisme et de prouver, du point de vue de la conception matérialiste de l’histoire, sa nécessité et son inévitabilité ; il nie la misère croissante, la prolétarisation et l’aggravation des contradictions capitalistes ; il déclare inconsistante la conception même du "but final" et repousse catégoriquement l’idée de la dictature du prolétariat ; il nie l’opposition de principe entre le libéralisme et le socialisme ; il nie la théorie de la lutte de classes, soi-disant inapplicable à une société strictement démocratique, administrée selon la volonté de la majorité, etc.

Ainsi, la revendication d’un coup de barre décisif de la social-démocratie révolutionnaire vers le social-réformisme bourgeois était accompagnée d’un revirement non moins décisif vers la critique bourgeoise de toutes les idées fondamentales du marxisme. Et comme cette critique était depuis longtemps menée contre le marxisme du haut de la tribune politique et de la chaire universitaire, en une quantité de brochures et dans une série de savants traités ; comme, depuis des dizaines d’années, elle était inculquée systématiquement à la jeune génération des classes instruites, il n’est pas étonnant que la "nouvelle" tendance "critique" dans la social-démocratie ait surgi du premier coup sous sa forme définitive, telle Minerve du cerveau de Jupiter. Dans son contenu, cette tendance n’a pas eu à se développer et à se former : elle a été transplantée directement de la littérature bourgeoise dans la littérature socialiste.

Poursuivons. Si la critique théorique de Bernstein et ses convoitises politiques demeuraient encore obscures pour certains, les français ont pris soin de faire une démonstration pratique de la "nouvelle méthode". Cette fois encore la France a justifié sa vieille réputation de "pays dans l’histoire duquel la lutte des classes, plus qu’ailleurs, était poussée résolument jusqu’au bout" (Engels, extrait de la préface au 18 Brumaire de Marx). Au lieu de théoriser, les socialistes français ont agi ; les conditions politiques de la France, plus évoluées sous le rapport démocratique, leur ont permis de passer immédiatement au "bernsteinisme pratique" avec toutes ses conséquences. Millerand a fourni un brillant exemple de ce bernsteinisme pratique ; aussi, avec quel zèle Bernstein et Vollmar sont-ils accourus pour défendre et louanger Millerand ! En effet, si la social-démocratie n’est au fond que le parti des réformes et doit avoir le courage de le reconnaître ouvertement, le socialiste non seulement a le droit d’entrer dans un ministère bourgeois, mais il doit même s’y efforcer toujours. Si la démocratie signifie, dans le fond, la suppression de la domination de classe, pourquoi un ministre socialiste ne séduirait-il pas le monde bourgeois par des discours sur la collaboration des classes ? Pourquoi ne conserverait-il pas son portefeuille, même après que des meurtres d’ouvriers par les gendarmes ont montré pour la centième et la millième fois le véritable caractère de la collaboration démocratique des classes ? Pourquoi ne saluerait-il pas personnellement le tsar que les socialistes français n’appellent plus autrement que knouteur, pendeur et déportateur ? Et pour compenser cet abîme d’avilissement et d’auto fustigation du socialisme devant le monde entier, pour compenser cette perversion de la conscience socialiste des masses ouvrières - seule base pouvant nous assurer la victoire - on nous offre de grandiloquents projets de réformes infimes, infimes au point qu’on obtenait davantage des gouvernements bourgeois !

Ceux qui ne ferment pas sciemment les yeux ne peuvent pas ne pas voir que la nouvelle tendance "critique" dans le socialisme n’est qu’une nouvelle variété de l’opportunisme. Et si l’on juge des gens, non pas d’après le brillant uniforme qu’ils ont eux-mêmes revêtu ou le nom à effet qu’ils se sont eux-mêmes attribué, mais d’après leur façon d’agir et les idées qu’ils propagent effectivement, il apparaîtra clairement que la "liberté de critique" est la liberté de la tendance opportuniste dans la social-démocratie, la liberté de transformer cette dernière en un parti démocratique de réformes, la liberté de faire pénétrer dans le socialisme les idées bourgeoises et les éléments bourgeois.

La liberté est un grand mot, mais c’est sous le drapeau de la liberté de l’industrie qu’ont été menées les pires guerres de brigandage ; c’est sous le drapeau de la liberté du travail qu’on a spolié les travailleurs. L’expression "liberté de critique", telle qu’on l’emploie aujourd’hui, renferme le même mensonge. Des gens vraiment convaincus d’avoir poussé en avant la science ne réclameraient pas pour des conceptions nouvelles la liberté d’exister à côté des anciennes, mais le remplacement de celles-ci par celles-là. Or, les cris actuels de : "Vive la liberté de critique !" rappellent trop la fable du tonneau vide.

Petit groupe compact, nous suivons une voie escarpée et difficile, nous tenant fortement par la main. De toutes parts nous sommes entourés d’ennemis, et il nous faut marcher presque constamment sous leur feu. Nous nous sommes unis en vertu d’une décision librement consentie, précisément afin de combattre l’ennemi et de ne pas tomber dans le marais d’à côté, dont les hôtes, dès le début, nous ont blâmés d’avoir constitué un groupe à part, et préféré la voie de la lutte à la voie de la conciliation. Et certains d’entre nous de crier : Allons dans ce marais ! Et lorsqu’on leur fait honte, ils répliquent : Quels gens arriérés vous êtes ! N’avez-vous pas honte de nous dénier la liberté de vous inviter à suivre une voie meilleure ! Oh ! oui, Messieurs, vous êtes libres non seulement d’inviter, mais d’aller où bon vous semble, fût-ce dans le marais ; nous trouvons même que votre véritable place est précisément dans le marais, et nous sommes prêts, dans la mesure de nos forces, à vous aider à y transporter vos pénates. Mais alors lâchez-nous la main, ne vous accrochez pas à nous et ne souillez pas le grand mot de liberté, parce que, nous aussi, nous sommes "libres" d’aller où bon nous semble, libres de combattre aussi bien le marais que ceux qui s’y dirigent !

En termes imagés, tout le Léninisme est bien dans ce tout début de QF. Les NPAs sont une composante du marais français moderne. Nous nous trompons ? Que le NPA-R nous explique si ces premiers paragraphes de QF sont encore valables, comment s’appellent les opportunistes, les parti du marais etc. C’est ainsi qu’une véritable discussion sur QF commencerait dans un cercle trotskiste vivant.

Un exposé utile pourrait donc commencer par cette lecture. De jeunes militants accèderaient peut-être pour la première fois à Lénine dans le texte. Ils auraient lu une partie de QF. Mais le NPA-R n’aime pas citer Lénine ! Expliquons-en la raison.

Pourquoi le NPA ne peut-il parler d’opportunisme ?

Qu’est-ce que l’opportunisme ? C’est un courant bourgeois dans le mouvement ouvrier socialiste, incarné par E. Bernstein dans le parti allemand à partir de 1898. Sophie Binet, la direction de Solidaires, sont des opportunistes. Besancenot et Poutou sont des opportunistes car ils se réclament encore du mouvement ouvrier, mais se sont ralliés au NFP et à F. Hollande, à une coalition de partis bourgeois.

Mais bien sûr le NPA-R est incapable d’être explicite sur ce point, car après avoir présenté pendant des années Poutou comme « notre candidat aux élections », il est difficile d’expliquer que Poutou est opportuniste depuis 2022 (scission du NPA), alors qu’il ne l’aurait pas été avant. Tout le monde voit que Poutou n’a absolument pas changé de discours, il a toujours été partisan d’une alliance avec LFI.

Le NPA-R ne discute donc pas en employant les mêmes catégories que Lénine dans QF, celle d’ opportunisme a disparu de son vocabulaire, car les militants du NPA se sentiraient visés, d’autres pourraient devenir vraiment léninistes. Il faut donc faire croire que QF est un texte écrit dans les circonstance particulières de la Russie Tsariste, de l’âme slave etc. Et surtout ne pas citer Lénine, abandonner le vocabulaire de Lénine et Trotsky : opportunistes, ministérialistes, centristes, staliniens etc.

Or justement Lénine, en note de bas de page des premiers paragraphes que nous avons cités, explique que le problème que l’opportunisme pose est pour la première fois dans l’histoire de la IIème internationale (organisation dont le NPA-R ne mentionne même pas l’existence !) et du socialisme en général, un problème qui n’est pas spécifiquement russe ou allemand ou français ou anglais, mais touche le socialisme de tous ces pays :

A propos. C’est là un fait presque unique dans l’histoire du socialisme moderne et extrêmement consolant dans son genre : pour la première fois une dispute entre diverses tendances au sein du socialisme déborde le cadre national pour devenir internationale. Naguère, les discussions entre lassalliens et eisenachiens (partisans allemands du marxisme - N.R.), entre guesdistes (partisans français du marxisme - N.R.) et possibilistes (forme française de réformisme - N.R.), entre fabiens (forme britannique de réformisme - N.R.) et social-democrates, entre narodovoltsy (partisans de la société secrète Narodnaïa Volia, populiste - N.R.) et social-démocrates, restaient purement nationales, reflétaient des particularités purement nationales, se déroulaient pour ainsi dire sur des plans différents. A l’heure présente (ceci apparaît clairement, aujourd’hui), les fabiens anglais, les ministérialistes français, les bernsteiniens allemands, les critiques russes (il s’agit des "marxistes légaux" très à doite - N.R.) forment tous une seule famille, tous s’adressent des louanges réciproques, s’instruisent les uns auprès des autres et mènent campagne en commun contre le marxisme "dogmatique". Peut-être, dans cette première mêlée véritablement internationale avec l’opportunisme socialiste, la social-démocratie révolutionnaire internationale se fortifiera-t-elle assez pour mettre fin à la réaction politique qui sévit depuis longtemps en Europe ? (Note de Lénine)

Millerand le ministérialiste (premier socialiste à devenir ministre en 1899, condamné par l’Internationale) est un nom que le NPA-R ne peut prononcer. Car toutes les polémiques du NPA-R sur les alliances avec Mélenchon reposent sur son électoralisme qui serait « inefficace ». Or Mélenchon fut un ministre bourgeois comme Millerand. Les révolutionnaires repoussent cette catégorie depuis 1899, voir cet article. Mais bien sûr, le NPA-R préfère parler de « tactique », le pot-aux-roses est moins visible, on peut donc discuter avec Besancenot pendant des années, au lieu d’écarter la question de Mélenchon en quelques minutes. Poutou était déjà un ami des ministérialistes comme Mélenchon au moins depuis 2009, la Fraction l’Etincelle (futur NPA-R) faisait semblant de ne pas le voir. Des partis comme le NPA-R reposent idéologiquement sur un château de carte, seul le culte de l’organisation, qui n’est qu’une forme collective du culte de la personnalité, cimente l’organisation. Et encore : après s’être côtoyées pendant 15 ans, les deux tendances qui forment le NPA-R n’ont toujours pas réussi à fusionner !

Opportunisme, ministérialistes sont des catégories fondamentales pour la description du paysage politique, elles apparaissent dès la page 1 de QF. Le NPA-R est incapable de citer ces paragraphes et de donner des noms correspondants dans la politique française actuelle, seule façon de les rendre compréhensibles, car le NPA-R est lui-même une composante du marais opportuniste dont le bolchévisme est l’ennemi, dans QF ou ailleurs.

Les opportunistes comme les ministérialistes, S. Binet comme Mélenchon sont des politiciens bourgeois, qui sont souvent dans le mouvement ouvrier (comme Binet, mais pas Mélenchon).
Le bolchvévisme c’est donc 1) lutter haut et fort en permanence contre les opportunistes dans le mouvement ouvrier, par l’action l’agitation et la propagande 2) se séparer d’eux organisationnellement concernant le parti.

Or alors que Poutou est devenu ouvertement opportuniste, le NPA-R proclame encore ne pas avoir voulu la scission avec lui en 2022 ! Le NPA-R est à l’opposé du bolchévisme.

La IIème internationale renvoya le ministérialiste Millerand, mais pas l’opportuniste Bernstein. Lénine était pour se séparer des deux.

C’est le sens de la scission entre bolcheviks et mencheviks en 1903. A partir de 1917, cela devint la règle pour tout parti communiste. Ce n’est plus l’enseignement supérieur du marxisme, mais son école élémentaire. Trotsky et R. Luxemburg étaient entièrement du côté de Lénine concernant le 1) depuis toujours, mais Trotsky se rallia au 2) en 1917 seulement, R. Luxemburg en 1918 en fondant le PC allemand, bien trop tard. Depuis ces deux dates, les marxistes ne "débattent" plus sur cette question pendant des heures.

En ce sens l’essence du bolchévisme, les points 1) et 2), n’ont rien de spécifiquement russe, tout est déjà écrit dans les premiers paragraphes de QF. La suite de l’histoire ne fut que le développement des principes et fondements organisationnels posés en 1903 par Lénine.

Dire comme le NPA que QF décrit "une étape" pour la l’histoire d’ "un seul parti particulier" est analogue aux formules staliniennes, qui prétendent que les soviets de 1917 ne furent qu’une des "formes possibles" de la révolution prolétarienne, qu’ensuite après 1945 le KGB suffisait pour fonder des démocraties populaires en Europe de l’est. Lénine a posé en 1903 les principes valables pour tous les partis communistes dans à peu près toutes les circonstances. (Oui, nous acceptons de nous faire reprocher la croyance en des "vérités éternelles" dans le marxisme !)

L’orateur s’évertue pour faire de 1903 "une étape pour un parti", mais ce sont bien les mêmes principes que ceux exposés dans QF qui inspirèrent les Thèses sur le "modèle du parti". L’orateur pourrait renvoyer à ce "modèle" si son but était vraiment de construire un parti bolchevik, or il ne le fait pas, nous laisse dans le flou complet concernant les prétendues "étapes" ultérieures.

Le NPA-R ne souhaite pas construire un parti bolchevik, et prétend abandonner ce modèle au nom du trotskisme, c’est un mensonge néo-stalinien, dans le sens où Staline poussait les militants communiste à constuire le Kuomintang, ou des Fronts populaires, etc.

Surtout à l’inverse de ce que prétend le NPA ce n’est pas le prétendu "modèle allemand" qui inspire Lénine, car le Parti allemand réunit les opportunistes (Bernstein) et les révolutionnaires (Luxemburg), et ce parti en 1904 par le biais l’Internationale, imposa à tous les pays de suivre ce modèle du « parti social-démocrate unique ». Les bolcheviks de Lénine furent justement ceux qui ne suivirent pas ce modèle allemand !

Conclusion

Le NPA-R déforme Que Faire ?, le bolchévisme de Lénine, le trotskisme sur toute la ligne, en masquant que le fil conducteur des vrais marxistes est la lutte idéologique et organisationnelle contre l’opportunisme, en 1902 comme encore aujourd’hui !

Le NPA-R est hostile à la conception bolchévique et au trotskisme, sous couvert de "débats". En plus d’une heure les orateurs du NPA-R ne lisent pas une seule ligne d’une brochure qu’ils prétendent expliquer !

Au contraire : lisons et commentons Que Faire ? dans des cercles de lycées, d’universités ou de syndicats !

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