Accueil > 03 - Livre Trois : HISTOIRE > 4ème chapitre : Révolutions prolétariennes jusqu’à la deuxième guerre mondiale > Aux origines du bolchévisme : Insurrection des décembristes (1825)

Aux origines du bolchévisme : Insurrection des décembristes (1825)

jeudi 26 décembre 2024, par Alex

Cet article est la suite du premier et du deuxième épisodes.

***

Gloire aux 5 décembristes exécutés : Pestel, Ryleïev, Bestoujev-Rioumine, Mouraviov-Apostol, Kakhovski, dont l’an prochain 2025 sera le bicentenaire du soulèvement !

*****

(Wikipedia, liste des décembristes)

*****
Gloire aux autres décembristes qui furent déportés, et moururent à petit feu un par un en déportation !

Gloire aux femmes des décembristes qui les suivirent en exil et dont la culture russe se souvient encore :

En Russie quand on parle de l’amour d’une femme pour son mari, on dit : « Etre comme la femme du Décembriste

Tout communiste révolutionnaire d’aujourd’hui est un décembriste du XXIème siècle, ou n’est pas communiste révolutionnaire !

Mettons-nous donc, comme Lénine et Trotsky, à l’école des décembristes, dont le courage, l’audace restent des modèles pour les marxistes du XXIème siècles, même si nos modèles théoriques, pouvons-nous croire, sont 100 fois plus perfectionnés que les leurs. N’oublions pas que l’arme de la critique ne remplace pas la critique des armes.

Rappelons donc les faits à propos d’une insurrection armée, modèle de celles contre toutes les monarchies féodales, contre toutes les dictatures bourgeoises. L’insurrection armée est un point faisant partie du programme qui était celui de Lénine, Trotsky et Rosa Luxemburg, et qui reste le nôtre aujourd’hui.

Toute révolution même moderne inclura un épisode analogue à celui des décembristes : une mutinerie, une insurrection armée contre les dirigeants civils et militaires de l’armée bourgeoise (France, USA etc) ou féodalo-bourgeoise (Maroc, Arabie Séoudite, nouveau régime en Syrie etc).

*****

Outre l’ouvrage cité ci-dessous une référence incontournable est le roman La gloire des vaincus d’Henri Troyat, troisième épisode de la pentalogie La Lumière des Justes, que l’éditeur résume ainsi :

A Saint-Pétersbourg, en décembre 1825, Nicolas Ozareff tente avec ses amis, groupe d’aristocrates et de militaires généreux, de renverser le régime aristocratique pour imposer une constitution libérale. Rassemblés sur la place du Sénat, les "décembristes" sont décimés par les canons du futur tsar Nicolas Ier. Les survivants, jetés dans les cachots de la forteresse Saint-Pierre et Saint-Paul, seront pendus ou déportés en Sibérie. Comment Sophie, qui vient d’apprendre l’infidélité de son mari, réagira-t-elle à la nouvelle du danger qui le menace ?

******

Le cercle des révolutionnaires est restreint. Ils sont très éloignés du peuple. Mais leur oeuvre n’est pas perdue (Lénine, Oeuvres complètes, Tome 16 en russe)

**********

Histoire de l’URSS. Editions de Moscou. 1948.

Alexandre Ier mourut subitement à Taganrog en novembre 1825 sans laisser d’héritier. Son frère Constantin devait monter sur le trône, mais encore du vivant d’Alexandre Ier, il y avait renoncé en faveur de son autre frère, Nicolas. Cependant qu’une correspondance s’échangeait entre les frères, et que des courriers faisaient la navette entre Pétersbourg et Varsovie (où résidait à ce moment Constantin), il y eut une période d"interrègne dans le pays.

Le trouble s’était emparé des milieurx militaires dirigeants , et les membres de la « Société du Nord » en profitèrent. Ils décidèrent de sortire dans la rue avec leurs troupes le 14 (26) décembre, jour de la prestation de serment à Nicolas et, après avoir refusé le serment, d’exiger une constitution.

Le matin du 14 décembre 1825, les régiments commandés par les décembristes se rendirent sur la place du Sénat. Plus de 3000 soldats et marins insurgés se formèrent en carré autour de la statue de Pierre Ier, mais ils n’en restèrent pas moins dans l’inaction. L’insurrection n’avait pas été préparée et ses chefs ne firent preuve d’aucune énergie.

Serguéï Troubetskoï, nommé dictateur, eut peur au dernier moment que les révoltés n’eussent pas suffisamment de forces, et ne se rendit pas sur la place.

La révolte privée de direction perdit l’initiative. Vers midi Nicolas fit avancer sur la place les troupes restées fidèles et l’artillerie. Les serfs, les artisans et la population pauvre de la ville affluaient sur la lace du Sénat. Les ouvriers occupés à la construction de la cathédrale de Siant-Isaac lançaient des bûches dans les rangs des troupes loyalistes.

Par l’ordre du tsar, des charges de cavalerie furent lancées à plusieurs reprises contre les révoltés, mais chaque fois elles furent repoussées par une grêle de balles.

Ni les essais de conciliation, ni les exhortations du métropolite ne parvinrent à faire plier la volonté révolutionnaire des soldats insurgés. Le gouverneur de Pétersbourg, Miloradovitch, fit une tentative pour les ramener à l’obéissance, mais fut mortellement blessé par Kakhovski, un des officiers les plus résolus. Un feu roulant fut ouvert par les insurgés sur le tsar qui avait voulu s’approcher.

Mais aucune de ces actions n’avait de caractère offensif. Le tsar, effrayé et craignant que la révolte ne se propageât à la « populace », ordonna de tirer à mitraille. Les colonnes insurgées furent dispersées. La place du Sénat, le quai de la Néva et les rues avoisinantes étaient jonchés de cadavres. Dans la nuit, la glace de la Néva fut brisée par endroits, et l’on jeta les morts et même les blessés dans ces trous. Les chefs de la révolte furent arrêtés.

L’insurrection du régiment de Tchernigov en Ukraine qui avait éclaté le 19 décembre 1825, (10 janvier 1826) échoua également. La veille dés événements de Pétersbourg, Pestel, dénoncé par un provocateur, fut arrêté ; la révolte était dirigée par Serguéï Mouraviev-Apostil, mais de même qu’à Pétersbourg, les Tchernigoviens n’osèrent pas entreprendre d’action offensives.

Les membres de la « Société des Slaves réunis », plus audacieux, proposaient d’envoyer sur Kiev un régiment insurgé afin de prendre cette ville où des unités militaires amies tenaient garnison. Mais le chefs modérés des décembristes, ayant à leur tête Serguéï Moraviev-Apostol conduisit ses troupes de Vassilkovo vers Bélaïa Tserkov et ensuite sur Jitomir espérant opérer sa jonction avec les unités commandées par les chefs de la « Société du Sud ». Mais ses calculs s’avérèrent faux. Le 3 (15) janvier 1826, le régiment insurgé se heurta près du village de Kovalevka aux troupes gouvernementales qui les accueillirent par un feu meurtrier.

La révolte fut écrasée. Le Tsar Nicolas Ier châtia cruellement les révolté. Le 13 (25) juillet 1826 cinq décembristes : Pestel, Ryléev, Kakhovski, Mouraviev-Apostol et Bestoujev-Rioumine furent pendus. Par maladresse ou négligence des bourreaux les cordes de trois décembristes — Ryléev, Kakhovski et Mouraviev — se rompirent et ils furent pendus une seconde fois. Un grand nombre d’officiers révoltés furent condamnés aux travaux forcés en Sibérie. Les soldats, qui avaient pris part à la révolte, furent bâtonnés par deux haies de soldats et ensuite déporté au Caucase. Le soldat Annoïtchenko succomba. Le tribunal l’avait condamné à 12 000 coups de bâton.

La révolte des décembristes avait échoué. Les aristocrates révolutionnaires n’avaient aucun appui dans le peuple et ne comptaient pas sur l’insurrection des masses. Partisans d’une tactique de complot essentiellement militaire, ils craignaient le mouvement de masse. C’est pourquoi ils échouèrent dans leur entreprise.

Mais la portée de leur révolte fut très grande. C’était la première insurrection ouverte, les armes à la main, contre le tsarisme. Jusque-là, il n’y avait eu en Russie que des révoltes spontanées de paysans. Pendant des dizaines d’années les mots d’ordre des décembristes inspirèrent les révolutionnaires russes.

**********

Un message, un commentaire ?

modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par les responsables.

Qui êtes-vous ?
Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.