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Le pouvoir aux travailleurs et le socialisme sont des nécessités vitales pour l’humanité
mercredi 1er janvier 2025, par ,
Editorial
Le pouvoir aux travailleurs, le socialisme et le communisme ne sont pas des prédictions. Ce sont des nécessités vitales pour l’humanité.
Il n’y a pas besoin d’être devin ni révolutionnaire pour sentir le parfum de fin du monde capitaliste. Il n’est même pas besoin d’être inquiet pour le climat de la Terre. Il suffit de constater que, depuis 2007, le système n’a tenu que par des aides des banques centrales et des Etats et que ceux-ci sont désormais ruinés. Cela ne signifie pas, bien sûr, que l’on puisse faire une prédiction du moment et de la manière dont tout cela va chuter. Pas plus qu’on ne sait à quel moment une boule sur une pointe peut tomber et ni en combien de morceaux elle peut se fracturer. Il est certain que le caractère inévitable de la fin du capitalisme est lié à la montée des fascismes et de la guerre mondiale, sans que là non plus on puisse fixer des échéances et des détails sur la manière dont toutes ces horreurs vont se développer. La chute du capitalisme est aussi nécessaire que l’a été son développement. C’est une nécessité économique et sociale et, en cela, elle est inévitable quelque soient les politiques menées par les Etats et les classes possédantes. Même la guerre mondiale n’évitera pas l’effondrement capitaliste.
Pour bien des opposants au marxisme, celui-ci aurait prédit, avec la chute du capitalisme, l’avènement du socialisme. Ce n’est pas exact, ce n’était pas une prédiction mais une étude des lois inévitables du système et cette étude menait à la conclusion que l’humanité ne peut progresser vers une société qu’en remettant en cause la propriété privée des moyens de production mais que, si elle ne le fait pas, elle peut aussi régresser violemment vers la barbarie.
La science, et le marxisme en est une, ne cherche que des nécessités, pas des prédictions. On ne peut pas dire que la Physique serait invalidée parce qu’elle ne peut pas prédire. Bien sûr, les non-scientifiques croient que la science prédit mais ils se trompent. Ce n’est pas seulement la météo, le climat, la turbulence, la physique quantique, le chaos déterministe qui sont des sciences non-prédictives, c’est toute la physique qui est probabiliste. On ne peut même pas prédire comment une roche va se casser, en combien de morceaux et de quelle taille et forme. On peut seulement dire qu’il est nécessaire que, dans telles ou telles condition, elle se rompe. On ne peut nullement prédire l’avenir de la planète Terre, pas plus au plan physique que sur celui du Vivant de l’Homme ainsi que de sa société.
D’ailleurs, dans la situation mondiale actuelle, de plus en plus de gens ont conscience que l’avenir est tout à fait incertain… C’est au point qu’un nombre croissant de terriens suspectent l’avenir de la planète. Ils croient en voir la raison dans le climat alors que c’est bel et bien le système social dominant qui ne fonctionne plus et dont l’effondrement peut donner des résultats très inattendus.
Ce qui est nécessaire, voilà le but de la science. « Nécessité fait loi », dit le proverbe. Par exemple, on peut dire que la science marxiste (notamment l’ouvrage « Le Capital » de Marx, a démontré que l’accroissement du capital obtenu par l’accumulation du profit extrait du travail humain et son réinvestissement est une nécessité vitale pour le système capitaliste. Cet accroissement peut être brièvement interrompu lors de crises éconmiques mais il est vital pour le système que ce mécanisme se rétablisse après la crise. Dès qu’une fraction croissante du capital ne trouve plus d’investissements productifs, permettant l’accroissement du capital, c’est un signe de mort du système que l’on a appelé « crise systémique », terme un peu trompeur. Il ne s’agit pas en fait d’une crise (une récession), mais d’un signe historique terminal de ce mode de production.
Dès lors que la chute du système est avérée, à partir du moment où tous les palliatifs sont épuisés, en particulier l’aide des banques centrales et institutions financières internationales, les entreprises capitalistes et banques vont massivement faire faillite, licencier, fermer et les Etats chutent en même temps que les bourses, et la confiance des capitalistes entre eux… Ce n’est nullement une prédiction, c’est une nécessité. Cela signifie que les salariés, qu’ils soient du public ou du privé, vont cesser d’attendre du système un bien-être, fut-il minimum. Cela signifie aussi que, partout dans le monde, les révolutions sociales et politiques lancées en 2011 suite à l’effondrement économique et social de 2007-2008, momentanément éteintes par la répression, par la pandémie, par la mise en place des dictatures, par les guerres, vont reprendre. C’est ce qui pousse les classes possédantes à préparer la guerre mondiale qu’elles déclencheront sans doute dès lors que l’effondrement ne sera plus camoufable, plus retardable, plus détournable.
Le capitalisme est un système social voué à disparaître comme les autres systèmes sociaux avant lui, et, depuis 2007, il pose pour la première fois la nécessité immédiate de le remplacer en même temps que la possibilité de dépasser les sociétés divisées en classes sociales basées sur la production de marchandises, sur l’exploitation du travail humain. Le capitalisme n’a pas fait qu’atteindre ses limites en 2007, c’est un an après en 2008 qu’a débuté une vague mondiale des révolutions sociales appelée celle des « printemps ». Paradoxalement, c’est à ce moment crucial, à ce tournant historique que la plupart des militants se réclamant de la classe ouvrière se détournent de cette perspective et sont engagés dans des activités électoralistes et syndicalistes opportunistes qu’ils présentent comme le moyen de construire le parti révolutionnaire et qui les attachent à la vieille société dépassée !
Avec l’effondrement du capitalisme et la reprise de la révolution socialiste, le rôle du le prolétariat en tant que sujet historique conscient et auto-organisé redevient d’une actualité brulante ! La seule perspective, non seulement pour les travailleurs mais pour toute l’humanité, est à nouveau celle du pouvoir des soviets. Ces organisations de masse, politiques et pas seulement revendicatives mais révolutionnaires, sont le fondement indispensable du pouvoir aux travailleurs. Ils permettent d’allier le prolétariat aux autres couches sociales du peuple travailleur. Quiconque ne défend pas en permanence cette perspective, dans la propagande comme dans les luttes sociales et politiques, n’est et ne sera qu’un adversaire du prolétariat révolutionnaire.
La révolution sociale est une phase rare de l’histoire de l’humanité, un des moments cruciaux de celle-ci car elle en change radicalement le cours et c’est le seul moment où la masse des exploités et des opprimés décide elle-même de son sort, fait de la politique et s’organise en masse. C’est pour de tels moments que les révolutionnaires doivent se préparer. La phase la plus cruciale est celle de la prise du pouvoir par les travailleurs organisés et en armes. L’insurrection est un art, rappellent tous les révolutionnaires et cet art doit être étudié de tous les militants qui veulent préparer leur classe révolutionnaire à sa tâche historique.
Pour exercer sa souveraineté politique future et se gouverner par lui-même et pour lui-même, le peuple travailleur doit faire l’expérience de ses capacités à diriger en le faisant directement dans ses grèves et ses luttes. Les comités de grève, conçus ainsi, sont des embryons d’un futur gouvernement du peuple travailleur. Fédérés à l’échelle d’une ville ou d’une région, ils deviennent la colonne vertébrale de futures communes révolutionnaires. La fédération de ses communes sera alors l’expression de la volonté du peuple sur sa propre destinée. Être contre, c’est laisser le pouvoir aux grandes fortunes. Tout ennemi de l’auto-organisation des luttes est également ennemi de la perspective du pouvoir aux travailleurs. C’est pour cela que même une simple grève catégorielle a besoin d’une perspective révolutionnaire pour être conduite de manière efficace et victorieuse et que toute direction réformiste des luttes mène dans le mur, même quand ces luttes ne visent que des objectifs limités qui ne comprennent nullement la perspective du renversement du système.
La seule manière de combattre à la fois l’effondrement de la confiance des prolétaires en leur propre force liée à la perte des emplois, la perte de boussole liée au désaveu de la démocratie capitaliste et à la montée de l’extrême droite et aux dévastations de la misère, de la peur, de la guerre, de la haine qui montent dans le monde capitaliste est d’affirmer la perspective socialiste liée à l’auto-organisation du peuple travailleur. La principale force du peuple travailleur, c’est d’être la seule classe sociale porteuse d’une nouvelle société débarrassée de toutes les tares du système d’exploitation aujourd’hui historiquement dépassé avant même d’avoir été renversé de manière révolutionnaire.
Engels, compagnon de Marx, écrivait dans « Socialisme utopique et socialisme scientifique » :
« En conséquence, le socialisme n’apparaissait plus maintenant comme une découverte fortuite de tel ou tel esprit de génie, mais comme le produit nécessaire de la lutte de deux classes produites par l’histoire, le prolétariat et la bourgeoisie. Sa tâche ne consistait plus à fabriquer un système social aussi parfait que possible, mais à étudier le développement historique de l’économie qui avait engendré d’une façon nécessaire ces classes et leur antagonisme, et à découvrir dans la situation économique ainsi créée les moyens de résoudre le conflit. Mais le socialisme antérieur (utopique) était tout aussi incompatible avec cette conception matérialiste de l’histoire que la conception de la nature du matérialisme français l’était avec la dialectique et les sciences modernes de la nature. Certes, le socialisme antérieur critiquait le mode de production capitaliste existant et ses conséquences, mais il ne pouvait pas l’expliquer, ni par conséquent en venir à bout ; il ne pouvait que le rejeter purement et simplement comme mauvais. Plus il s’emportait avec violence contre l’exploitation de la classe ouvrière qui en est inséparable, moins il était en mesure d’indiquer avec netteté en quoi consiste cette exploitation et quelle en est la source. Or le problème était, d’une part, de représenter ce mode de production capitaliste dans sa connexion historique et sa nécessité pour une période déterminée de l’histoire, avec par conséquent, la nécessité de sa chute… »
Engels écrit dans « Contre Dühring » :
« La conception matérialiste de l’histoire part de la thèse que la production, et après la production, l’échange de ses produits, constitue le fondement de tout régime social, que dans toute société qui apparaît dans l’histoire, la répartition des produits, et, avec elle, l’articulation sociale en classes ou en ordres se règle sur ce qui est produit et sur la façon dont cela est produit ainsi que sur la façon dont on échange les choses produites. En conséquence, ce n’est pas dans la tête des hommes, dans leur compréhension croissante de la vérité et de la justice éternelles, mais dans les modifications du mode de production et d’échange qu’il faut chercher les causes dernières de toutes les modifications sociales et de tous les bouleversements politiques ; il faut les chercher non dans la philosophie, mais dans l’économie de l’époque intéressée. Si l’on s’éveille à la compréhension que les institutions sociales existantes sont déraisonnables et injustes, que la raison est devenue sottise et le bienfait fléau, ce n’est là qu’un indice qu’il s’est opéré en secret dans les méthodes de production et les formes d’échange des transformations avec lesquelles ne cadre plus le régime social adapté à des conditions économiques plus anciennes. Cela signifie, en même temps, que les moyens d’éliminer les anomalies découvertes existent forcément, eux aussi, - à l’état plus ou moins développé, - dans les rapports de production modifiés. Il faut donc non pas inventer ces moyens dans son cerveau, mais les découvrir à l’aide de son cerveau dans les faits matériels de production qui sont là.
Quelle est en conséquence la position du socialisme moderne ?
Le régime social existant, - ceci est assez généralement admis, - a été créé par la classe actuellement dominante, la bourgeoisie. Le mode de production propre à la bourgeoisie, appelé depuis Marx mode de production capitaliste, était incompatible avec les privilèges des localités et des ordres, de même qu’avec les liens personnels réciproques du régime féodal. La bourgeoisie a mis en pièces le régime féodal et édifié sur ses ruines la constitution bourgeoise de la société, empire de la libre concurrence, de la liberté d’aller et venir, de l’égalité juridique des possesseurs de marchandises et autres splendeurs bourgeoises. Le mode de production capitaliste pouvait maintenant se déployer librement. Les forces productives élaborées sous la direction de la bourgeoisie se sont développées, depuis que la vapeur et le nouveau machinisme ont transformé la vieille manufacture en grande industrie, avec une rapidité et une ampleur inouïes jusque-là. Mais de même que, en leur temps, la manufacture et l’artisanat développés sous son influence étaient entrés en conflit avec les entraves féodales des corporations, de même la grande industrie, une fois développée plus complètement, entre en conflit avec les barrières dans lesquelles le mode de production capitaliste la tient enserrée. Les forces de production nouvelles ont déjà débordé la forme bourgeoise de leur emploi ; et ce conflit entre les forces productives et le mode de production n’est pas un conflit né dans la tête des hommes comme, par exemple, celui du péché originel et de la justice divine : il est là, dans les faits, objectivement, en dehors de nous, indépendamment de la volonté ou de l’activité même de ceux des hommes qui l’ont provoqué. Le socialisme moderne n’est rien d’autre que le reflet dans la pensée de ce conflit effectif, sa réflexion, sous forme d’idées, tout d’abord dans les cerveaux de la classe qui en souffre directement, la classe ouvrière. »
Contre Dühring, Engels affirmait que « le socialisme est un produit nécessaire de l’évolution historique ».
Il conclue :
« Résolution des contradictions : le prolétariat s’empare du pouvoir public et, en vertu de ce pouvoir, transforme les moyens de production sociaux qui échappent des mains de la bourgeoisie en propriété publique. Par cet acte, il libère les moyens de production de leur qualité antérieure de capital et donne à leur caractère social pleine liberté de s’imposer. Une production sociale suivant un plan prédéterminé est désormais possible. Le développement de la production fait de l’existence ultérieure de classes sociales différentes un anachronisme. Dans la mesure où l’anarchie de la production sociale disparaît, l’autorité politique de l’État entre en sommeil. Les hommes, enfin maîtres de leur propre mode de vie en société, deviennent aussi Par là même, maîtres de la nature, maîtres d’eux-mêmes, libres.
Accomplir cet acte libérateur du monde, voilà la mission historique du prolétariat moderne. En approfondir les conditions historiques et par là, la nature même, et ainsi donner à la classe qui a mission d’agir, classe aujourd’hui opprimée, la conscience des conditions et de la nature de sa propre action, voilà la tâche du socialisme scientifique, expression théorique du mouvement prolétarien. »
Lénine rajoute dans son article « Karl Marx » :
« On voit par ce qui précède que si Marx conclut à la transformation inévitable de la société capitaliste en société socialiste, c’est entièrement et exclusivement à partir des lois économiques du mouvement de la société moderne. »
Messages
1. Le pouvoir aux travailleurs et le socialisme sont des nécessités vitales pour l’humanité, 1er janvier, 05:38, par alain
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Le socialisme, ce n’est pas l’étatisme !
https://www.matierevolution.fr/spip.php?article148
2. Le pouvoir aux travailleurs et le socialisme sont des nécessités vitales pour l’humanité, 4 janvier, 06:40, par toto
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Qu’est-ce qui permet de dire que partis et syndicats ne militent pas à leur manière dans le sens du socialisme ?
3. Le pouvoir aux travailleurs et le socialisme sont des nécessités vitales pour l’humanité, 4 janvier, 06:42, par Robert
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On peut remarquer qu’aucun parti politique ni aucun syndicat ne réclame :
1°) Le remboursement immédiat des sommes versées par l’Etat aux trusts
2°) Le retrait immédiat de toutes les troupes occupant des pays étrangers et des colonies
3°) La saisie de toutes les entreprises qui suppriment massivement des emplois
4°) Le désarmement de la bourgeoisie et l’armement du prolétariat
5°) L’union des travailleurs révolutionnaires dans une organisation internationaliste
4. Le pouvoir aux travailleurs et le socialisme sont des nécessités vitales pour l’humanité, 9 janvier, 05:26, par alain
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Paul Nizan écrivait dans "Les chiens de garde" : « Travaillant pour elle seule, exploitant pour elle seule, massacrant pour elle seule, il est nécessaire à la bourgeoisie de faire croire qu’elle travaille, qu’elle exploite, qu’elle massacre pour le bien final de l’humanité. Elle doit faire croire qu’elle est juste. Et elle-même doit le croire. M. Michelin doit faire croire qu’il ne fabrique des pneus que pour donner du travail à des ouvriers qui mourraient sans lui ».
C’est pour cela que cette classe est tout le temps mobilisée : les riches ont sans cesse besoin de légitimer leur fortune, l’arbitraire de leurs richesses et de leur pouvoir. Ce n’est pas de tout repos ! Ils sont obligés de se construire en martyrs. Un pervers narcissique, un manipulateur, passe en permanence du statut de bourreau à celui de victime, et y croit lui-même. C’est ce que fait l’oligarchie aujourd’hui, par un renversement du discours économique : les riches seraient menacées par l’avidité d’un peuple dont les coûts (salaires, cotisations...) deviennent insupportables.
5. Le pouvoir aux travailleurs et le socialisme sont des nécessités vitales pour l’humanité, 9 janvier, 05:40, par Eric
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À mon avis, nous serons contraints de dépasser le stade capitaliste puisque sa logique aboutit à une espèce de désintégration de la société et de l’humanité. Si nous ne le remplaçons pas, l’avenir du monde s’annonce catastrophique. L’idéal marxiste de la pleine réalisation des potentialités de l’homme est devenu possible, il me semble, grâce à l’extraordinaire développement des forces de production. N’importe quel homme dispose aujourd’hui de voies de réalisation bien plus grandes que celles de son grand-père. Ce qui l’en empêche, c’est que le capitalisme fixe l’épanouissement humain dans la thésaurisation financière, le niveau de revenu, donc dans l’accélération de la production. Tant que cela prévaudra, ce rêve restera inaccessible : l’homme ne se réalise pas tant qu’il n’aspire qu’à améliorer sa vie matérielle.