La fausse extrême gauche, vraiment social-patriote

L’armée (social-patriote) des ombres dans l’Union sacrée, à l’abri des directions syndicales (CGT, SUD) : les partis pseudo-révolutionnaires (LO, NPAs, RP)

« Contre l’Union sacrée ! », « Pas un sou, pas un homme ! » sont de vieux slogans du mouvement ouvrier qui sont plus que jamais d’actualité, vu la marche à la guerre proclamée sous toute ses formes et dans toutes les langues (russe, ukrainien, français, anglais, allemand).

Mais ce qui est nouveau par rapport à 1914, c’est le dévoiement de ces vieux mots d’ordre par les pseudo-révolutionnaires qui les singent, telle N. Arthaud de Lutte Ouvrière dont le titre de l’éditorial est « Ni chair à canons, ni chair à patrons ! » le 24 mars dernier.

Car s’afficher comme des porte-parole d’une tendance anti-guerre dans la tradition de Lénine, R. Luxemburg ou Jaurès, tout en pratiquant la politique de l’Union sacrée comme Jouhaux, secrétaire général de la CGT en 1914, incarnation de la trahison de l’internationalisme prolétarien, est le pire de crimes politiques : dilapider l’héritage précieux que constitue la politique le l’aile révolutionnaire de la IIème internationale, reprise par la IIIème internationale dans ses quatre premiers congrès (1919-1922) et qui reste notre programme politique : transformer la guerre impérialiste en guerre civile, en révolution prolétarienne.

La CGT et les socio-patriotes dans l’Union sacrée depuis 1914

Le syndicaliste CGT P. Monatte avait en 1914 dénoncé l’entrée de la CGT dans l’Union sacrée, dont un aspect fut la nomination de Jouhaux comme "Commissaire de la Nation" :

Camarades,

Après le vote émis dans sa séance du 6 décembre par le Comité Confédéral, je considère comme un devoir de renoncer au mandat que vous m’aviez confié.

Voici les raisons qui ont dicté ma détermination : au cours de ces cinq derniers mois, c’est avec stupeur, avec douleur, que j’avais vu le Comité Confédéral enregistrer purement et simplement l’acceptation par son secrétaire général d’une mission officielle de commissaire de la nation.

(...)

Les travailleurs conscients des nations belligérantes ne peuvent accepter dans cette guerre la moindre responsabilité ; elle pèse, entière, sur les épaules des dirigeants de leurs pays. Et loin d’y découvrir des raisons de se rapprocher d’eux, ils ne peuvent qu’y retremper leur haine du capitalisme et des Etats. Il faut aujourd’hui, il faudrait plus que jamais conserver jalousement notre indépendance, tenir résolument aux conceptions qui sont nos nôtres, qui sont notre raison d’être.

(...)

je crains fort que nos organisations centrales, en France comme en Allemagne, C.G.T. comme Parti socialiste, Union Syndicale internationale comme Internationale socialiste, n’aient signé leur faillite.

Lettre de démission au Comité Confédéral de la C.G.T.

La CGT, le Parti socialiste ne sont jamais sortis de cette union sacrée derrière l’impérialisme français. Ils y sont encore aujourd’hui. Le PCF y est entré avec la politique de Front populaire en 1935, corollaire de l’accord militaire impérialiste France-URSS.

Reprenons le drapeau planté par Monatte en décembre 1914 !

Au Congrès de la CGT en septembre 1919, Monatte reprit après-guerre ce combat contre la direction de la CGT :

Camarades, vous avez accepté une responsabilité dans la guerre, vous l’avez partagée avec les gouvernants. Pour nous, cette guerre, c’est le grand crime que nous devons imputer au régime capitaliste ; c’est au nom de cela, de cet assassinat de la civilisation, que nous devons prononcer la condamnation du régime capitaliste et dire à ses dirigeants : "Vous n’avez plus le droit moralement de conduire le monde ; vous l’avez mené à la boucherie ; vous ne pouvez l’en sortir ; vous l’y rejetterez."

Discours au congrès de la C.G.T.

Reprenons le drapeau re-planté par Monatte en 1919 dans la CGT contre la politique d’Union sacrée de Jouhaux !

Au Congrès de 1921 Monatte dénonçait encore à juste titre la politique d’Union sacrée suivie par la CGT pendant la guerre :

Nous disons que l’Union Sacrée de guerre, qui a permis aux gouvernements capitalistes, aux impérialistes assassins de faucher quinze millions d’hommes en Europe, nous disons que cette Union Sacrée de guerre, de laquelle on s’est servi pour calmer la classe ouvrière, pour lui fermer la bouche, pour l’empêcher de crier sa volonté de paix, nous disons qu’à cette Union Sacrée de guerre a succédé l’Union sacrée industrielle d’après-guerre, pour la remise en état des dévastations de guerre, pour la réorganisation économique de ce pays, par l’accord entre toutes les classes.

Discours au congrès de Lille de la C.G.T.

L’Union sacrée industrielle, c’est l’économie de guerre prônée par le gouvernement et Sophie Binet, qui réclame seulement que les ouvriers aient leur part des profits de guerre.

Sophie Binet n’est qu’un clone petit-bourgeois de Jouhaux.

Reprenons le drapeau planté par Monatte en 1921 dans la CGT contre la politique d’Union sacrée industrielle de Jouhaux !

En contraste avec ces interventions du syndicalisme révolutionnaire incarné par Monatte en 1914, 1919 et 1921, étudions une démonstration de la capitulation de ceux qui se prétendent aujourd’hui contre l’Union sacrée.

Les cadres syndicaux de Lutte Ouvrière, paillassons de la CGT

A l’opposé de Monatte, suivons un cadre ouvrier typique du Lutte Ouvrière, incarnation de cette armée de réserve social-patriote, cachée dans les syndicats.

De même qu’une comédie s’intitulait « Pinot simple flic », LO présente toujours ses candidats aux élections comme de « simple travailleurs » sur ses affiches de campagne :

13 - BOUCHES-DU-RHÔNE - 8ème circonscription
Patrick PERETTI
Ouvrier de l’aéronautique

Législatives 2024

Du 0% aux élections donne a ces candidats l’aura de militants courageux, isolés et incompris.
Pourtant, la profession de fois des élections sonne faux, discrédite ces candidats, malgré les apparences :

On remarque en effet que la CGT, que dénonçait Monatte, est absente de ces déclarations « radicales ». C’est une des raisons qui explique que des partis comme LO ont en 20 ans divisé par 10 leurs résultats électoraux.

Car ce militant, figure locale typique d’un parti comme LO, constitue avec d’autres militants de LO ... la direction du syndicat CGT d’Airbus Marignane. Dans un congrès national de la CGT, ce militant de Lutte Ouvrière, candidats aux élections, dont le journal peut titrer : "A bas l’Union sacrée", se rallie servilement aux dirigeants de l’UD CGT 13 lors d’un congrès national, en adressant ses remerciements aux staliniens :

Patrick PERETTI, du syndicat CGT d’Airbus Marignane, candidat de LO aux législatives, est publiquement un larbin de la direction de CGT !

Attaques personnelles contre un militant ? Malheureusement non, car premièrement toutes ces déclarations sont publiques et font la fierté des militants de LO, et deuxièmement ce militant n’est qu’un clone parmi les dizaines, les centaines que produisent les partis comme les NPAs, LO, RP. Ils constituent les adjudants, lieutenants et capitaines de l’armée de réserve du social-patriotisme. Ils proposent à la bourgeoisie de faire entrer le drapeau de Trotsky et Lénine dans l’Union sacrée. Dans ses tracts syndicaux, la CGT Airbus Marignane n’écrit pas un mot contre la guerre :

Ils restent peu visibles car les places sont restreintes dans l’ « assiette au beurre ». JP Mercier, porte-parole de LO qui avait tenté de s’attribuer un grade d’officier supérieur dans la CGT, en a été exclu ! Son camarade Peretti, membre de la même Fédération de la métallurgie, n’a pas défendu publiquement son camarade, il voulait garder son poste !

0%, c’est le score électoral que donnent à juste titre les travailleurs conscients à ces margoulins du syndicalisme, qui se drapent du drapeau révolutionnaire pendant les élections.

Pour l’instant, cette extrême gauche reste peu visible dans son ralliement sans ambiguïté au réformisme dans les congrès syndicaux, grâce aux élections politiques où elle éreinte le PC, le PS, voire LFI.

Mais cette armée de l’ombre est la pire qui soit. Car ces cadres du syndicalisme jaune sont en contact avec la base des syndicats. Après la bourgeoisie impérialiste, les secrétaires des syndicats, les délégués syndicaux, sont les pires ennemis des travailleurs concernant la question de la guerre, car ils sont les garants quotidiens du maintien des syndicats dans l’Union sacrée.

Tout secrétaire d’un syndicat, tout délégué d’une fédération, tout secrétaire d’Union locale qui ne lève pas aujourd’hui le drapeau de Monatte est, qu’il le veuille ou non, un pilier solide de l’Union sacrée.

Le rôle clé des cadres syndicaux était souligné par Trotsky à propos de la lutte contre le nazisme en Allemagne :

Un seul ouvrier communiste élu au comité d’usine ou à la direction d’un syndicat a une importance beaucoup plus grande que mille nouveaux membres, racolés par ci, par là, entrés aujourd’hui dans le Parti pour le quitter demain.

Révolution Permanente prêche un faux syndicalisme révolutionnaire

Le parti Révolution Permanente rivalise avec Lutte Ouvrière de servilité à l’égard des directions syndicales. Ce parti présente comme le summum d’une politique révolutionnaire le communiqué du secrétaire de l’Union locale CGT de Saint-Avold

Malgré le ton « radical », cet appel est un vote de confiance en faveur de la direction de la CGT, saluant une prétendue « rupture » de la CGT dans la gestion des retraites sous la tutelle du patronat et de l’Etat. « Pas une vie, pas un euro pour leurs guerres » ajoute RP après cet article. Un antimilitarisme tendance Jouhaux-Binet, c’est le poison que veut distiller RP dans la conscience des travailleurs.

Lutte Ouvrière et Révolution Permanente ont des porte-parole (Mercier et Kazib) délégués de Solidaires, organisation qui est un pilier du Réseau Européen de Solidarité avec l’Ukraine, voix de l’OTAN dans le mouvement syndical en France, qui accepte les drapeaux noir-rouge des pro-nazis banderistes dans ses rassemblements en France. LO et RP sont bien dans l’Union sacrée, gardant le silence sur le sale travail de Sud-Solidaires.

Ne laissons pas le drapeau de la lutte prolétarienne contre la guerre impérialiste aux pseudo-révolutionnaires qui veulent, avec les staliniens, enterrer Monatte.

Conclusion

A bas les sociaux-patriotes, à bas les pseudo léninistes, pseudo trotskistes, pseudo luxemburgistes de l’extrême -gauche électoraliste (LO, NPA, RP) ! Reprenons le vrai programme de Lénine, Trotsky, R. Luxemburg : armement du prolétariat pour renverser l’Etat bourgeois qui veut les envoyer à la guerre..

Dans ou en dehors des syndicats, se dire révolutionnaire à la veille de la guerre sans diffuser les textes de Monatte contre Jouhaux ne peut être qu’une imposture. Reprenons le drapeau de Monatte et Rosmer contre le social-patriotisme, les héritiers de ceux de 1914, et les nouveaux venus : les faux révolutionnaires !

Depuis que la guerre mondiale s’étend de la Syrie à l’Ukraine et de l’Arménie à la Palestine, les politiques pro-impérialistes se cachent sous la prétendue défense des peuples et sous le couvert de l’indignation morale.

Les moralistes, bien ou mal intentionnés, y compris d’extrême gauche ou prétendus tels, ne nous aident en rien à nous y retrouver dans les embrouillaminis de la situation mondiale ni à éviter les pièges impérialistes et capitalistes contre le peuple travailleur du monde et pour détruire ses potentialités révolutionnaires.

Les moralistes dénoncent tout ce qui leur déplaît mais n’expliquent rien, ne comprennent rien, n’arment en rien les travailleurs et les peuples, qu’ils dénoncent les violences d’un camp ou d’un autre ou des deux, les guerres, les fascismes, les dictatures et même éventuellement les classes possédantes et les gouvernants.

La morale n’explique rien, ni l’effondrement du capitalisme, ni les oppositions violentes entre impérialismes, ni les révolutions, ni les contre-révolutions dont les fascismes et les guerres. Elle ne permet rien, n’ouvre de perspective sur rien et surtout pas de perspective révolutionnaire prolétarienne qui libère l’humanité du cauchemar où le capitalisme déliquescent prétend l’engloutir,

A bas la guerre de tous les impérialismes ! Guerre de classe contre l’impérialisme et le capitalisme !

La seule opposition réelle à la guerre impérialiste : la construction des soviets révolutionnaires du peuple travailleur !