Jeunes qui refusez de devenir les victimes...

Jeunes qui refusez de devenir les victimes du chômage, de la misère, de la dictature, du fascisme, la chair à canons de la prochaine guerre mondiale, qui ne voulez pas vous soumettre à un ordre social et politique de plus en plus injuste et violent…

On vous dira que ce n’est pas quelques jeunes, même s’ils agitent de bonnes idées, qui vont changer le monde, qui vont arrêter la marche à la guerre mondiale, qui vont empêcher la militarisation de la société, qui vont éviter le krach économique, financier, social, qui vont trouver une solution aux dettes géantes, qui vont arrêter la chute sociale, idéologique, morale, psychologique, qui vont développer de nouvelles perspectives pour le monde, pour toute l’humanité. Eh bien, c’est faux : rien que la dernière vague des révoltes dans le monde a démontré à nouveau que la jeunesse est la flamme de la révolution et que tout changement réel de la société ne pourra se faire sans elle.

On vous dira que ce n’est pas une minorité révolutionnaire qui peut jouer un rôle historique de transformation sociale. Eh bien, c’est faux : la Révolution française (1789-1793) a bel et bien été menée par des minorités révolutionnaires et elle a déraciné le féodalisme de manière irréversible. Et ce n’est qu’un exemple. La société française qui se prétend républicaine oublie trop souvent que « républicain » voulait à l’origine dire un partisan de la révolution pour renverser l’ancien régime social et politique ! Aujourd’hui les hommes politiques qui se disent « républicains » sont des adversaires résolus de toute révolution sociale !

Mais qu’est-ce qui rend nécessaire cette révolution ? Une révolution, c’est un acte violent qui ne peut se produire que si l’autre alternative est bien pire. Et c’est le cas : si la révolution ne triomphe pas, le monde va basculer dans la guerre mondiale que tout le monde prépare déjà. Et pas seulement dans la guerre, mais aussi dans la misère, dans le chômage, dans l’affolement lié à la chute de toutes les forces économiques et sociales du capitalisme, dans les produits de cette peur, la dictature et le fascisme. On a vu ce que produisent ces situations. Chacun a eu l’occasion de voir des champs entiers plantés de croix sous lesquels reposent des millions de jeunes de 18-20 ans. Ceux qui veulent dire « pas moi ! » ont encore la possibilité de le faire… Cela nécessite de préparer un autre monde que celui du capitalisme qui mène inéluctablement à la barbarie et à la boucherie guerrière.

Oui, une minorité qui offre des perspectives à toute une société dans l’impasse, qui refuse d’obéir à un ordre social de plus en plus inique, qui refuse de reconnaitre des règles sociales dépassées, qui ne craint pas d’avancer vers un monde nouveau, qui n’a pas peur de s’adresser aux plus démunis, qui ne regrette pas que le capitalisme soit en train de vivre ses derniers instants mais veut au contraire en profiter pour ouvrir les portes à un monde nouveau, oui une telle minorité peut jouer un grand rôle historique dans la phase de chute généralisée, de panne géante, d’impasse de l’ancien système économique et social que nous vivons.

Ce n’est pas avec quelques idées généreuses qu’on va sauver le monde, nous diront certains… Pour reprendre l’exemple de la Révolution française, quelques idées qui ont été portées par les masses ont bel et bien secoué non seulement la France mais le monde de l’époque. Tout le monde reconnait l’influence des quelques philosophes des Lumières (Diderot, Voltaire et Rousseau notamment) et de quelques hommes (et femmes) politiques radicaux comme Marat, Babeuf, Robespierre et Olympe de Gouges. Des dirigeants des masses sont souvent moins cités mais tout aussi importants pour l’Histoire révolutionnaire : Roux, Leclerc et Varlet. C’est dans les esprits qu’il a fallu d’abord « prendre la Bastille » et cela signifiait cesser d’obéir dans les têtes à un ordre social et politique insupportable. C’est ce qu’ont fait par la suite les Blanqui, les Marx, les Lénine, les Trotsky, les Rosa Luxemburg et bien d’autres. Très jeunes, ils avançaient déjà des idées que très peu de gens admettaient mais que la suite des événements a amené des millions à reconnaitre au cours de grandes révolutions. Et c’est ce qu’il faut aujourd’hui à nouveau.

Ils n’ont pas réussi, nous diront ceux qui refusent une nouvelle révolution. Les ennemis de la Révolution française disaient aussi que le féodalisme avait triomphé et on sait ce qu’il en a été finalement. Révolution, socialisme et communisme ont échoué à transformer le monde, nous affirment-ils. S’il est vrai, et chacun le sait, que le capitalisme domine le monde entier et a encore cours y compris en Russie ou en Chine, il n’est pas exact que le socialisme et le communisme aient définitivement échoué même si ceux qui en défendent la perspective sont peu nombreux. Il est faux que le stalinisme représente le communisme et que ce dernier ait réellement été expérimenté. Le slogan de Staline du « socialisme dans un seul pays » n’a jamais été marxiste ni révolutionnaire. Ce sont les pays capitalistes qui ont isolé la révolution russe et l’ont transformé en caricature en se servant pour cela de la politique de la bureaucratie stalinienne. Le prétendu « socialisme » stalinien n’a pas renversé le capitalisme car il ne visait plus à ce but pas plus qu’au pouvoir aux travailleurs. Quant au capitalisme, certes il est toujours au pouvoir mais les classes dirigeantes elles-mêmes reconnaissent qu’il a atteint… une impasse parce qu’il est… mort (le pouvoir est là mais le mode de fonctionnement économique ne marche plus). Et c’est pour cela que se pose toujours la question d’une société qui n’ait pas pour but le capital.

En fait, le capitalisme touche à sa fin. Il est socialement et économiquement mort. Le système a atteint son plus haut niveau de capitalisation, c’est-à-dire d’accumulation du capital. Et tel était bien son objectif car le système n’a jamais visé à produire des biens, ni à les commercialiser, ni à améliorer le niveau de vie de la population, ni à améliorer les sciences et techniques, mais à augmenter le capital investi et à réinvestir dans la production d’une plus value, c’est-à-dire d’un nouveau capital additionnel extrait de l’exploitation du travail humain. Dans ce domaine, il a atteint une limite infranchissable : s’il parvient toujours à augmenter son capital (notamment en volant l’argent public ou en spéculant), ce n’est plus en investissant dans la production car il ne trouve pas assez d’investissements rentables en proportion de la croissance en capital. La part du capital total qui y est réinvestie diminue sans cesse. C’est cela qui est à la base de toutes les crises actuelles : crises financières, crises spéculatives, crises des dettes publiques et privées, faillites, crise sociale, etc. La voilà, la limite du capitalisme. Voilà ce qui impose de proposer un nouveau mode de production, une nouvelle étape pour l’humanité.

N’ayons pas peur de la mort du capitalisme ! Cette chute brutale et définitive peut paraitre difficile à comprendre. Comment une société parvenue au plus haut sommet de richesse et de puissance, de capacités économiques comme technologiques peut-elle basculer d’elle-même ? Toutes les ruines des vieilles sociétés antiques donnent des réponses là-dessus : quand ces sociétés ont atteint leurs limites, elles ont chuté dans des révolutions sociales.

Eh bien ! nous diront certains, le capitalisme est toujours là en 2025, même s’il a gravement chuté en 2008-2009, et il s’est toujours tiré des nombreuses crises qu’il a subies et même des guerres mondiales. C’est vrai mais les problèmes qui ont causé la chute sont plus graves que jamais. Le capital est bloqué dans son ascension et ce n’est pas provisoire car plus il grandit plus la part de ce capital qui ne parvient plus à s’investir grandit, plus la spéculation grimpe, plus les banques centrales et les Etats sont contraints de s’endetter pour éviter la chute des trusts, des banques, des bourses, des financiers, des assurances, de tout le grand capital. Les classes possédantes savent que leur système est au bout du rouleau. Ce sont les peuples qui n’en sont pas informés, qui ne savent pas qu’ils doivent absolument préparer une nouvelle perspective pour l’humanité. Tel est la tâche des jeunes qui veulent œuvrer à faire avancer la société humaine au lieu de se contenter de répéter qu’aucune société autre que le capitalisme n’est possible, sans l’avoir tenté, sans y avoir réfléchi sérieusement.

Oui, il est possible de préparer un autre avenir ! Cela ne consiste pas à réformer les institutions, à y participer, à revendiquer dans le cadre du système, à négocier avec les capitalistes et leurs représentants à la tête des Etats. La seule perspective vraiment révolutionnaire : le pouvoir des conseils du peuple travailleur ! Ces comités élus et révocables sont la seule véritable démocratie tant qu’existeront les classes sociales et la lutte des classes ! Les réformistes sont violemment hostiles à cette perspective. Loin de chercher à repenser le monde, ils se contentent d’un activisme sans efficacité contre la société d’exploitation, contre ses guerres, contre ses tendances dictatoriales ou fascistes.

La force, c’est le peuple travailleur lui-même à condition qu’il s’empare des idées révolutionnaires et les fasse siennes à la faveur d’une chute du système capitaliste. Cette chute, ce n’est pas nous qui allons la produire, nous en serions bien incapable si le système ne s’autodétruisait pas de lui-même. Mais c’est à nous de discuter et de mettre sur pieds un autre avenir. Toute société, tout système social a des limites et, une fois celles-ci atteintes, il s’effondre et ne permet une nouvelle avancée que s’il existe une force sociale capable de prendre le relais et disposant de programmes et de perspectives, d’idées et de théories révolutionnaires. A nous d’y pourvoir si nous souhaitons jouer un tel rôle historique !

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