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Deuxième partie de : Travailleurs révolutionnaires, quel est votre programme

lundi 23 juin 2025, par Abacar, Alex, Bianco, charlie, DD, F. Kletz, Faber Sperber, Karob, Max, Melissa, Ramata, Robert Paris, Waraa

Travailleurs révolutionnaires, quel est votre programme ? (Deuxième partie)

Lire ici la première partie de « Travailleurs révolutionnaires, quel est votre programme ? »

DEUXIEME PARTIE

A L’EPOQUE IMPERIALISTE, UN PROGRAMME REVOLUTIONNAIRE DOIT NECESSAIREMENT ETRE INTERNATIONAL ET NON NATIONAL

Les gens qui ne raisonnent pas dialectiquement confondent les vagues nationalistes avec un recul de la perspective d’union des prolétaires du monde et du socialisme mondial, comme ils confondent les périodes où les luttes réformistes politiques et syndicales échouent avec l’impossibilité de triomphe des luttes révolutionnaires. De même, ils croient que les périodes contre-révolutionnaires ne sont pas aussi des périodes où naissent les révolutions.

Le nationalisme est plus exacerbé que jamais dans les phases où le capitalisme n’a plus de perspective, à la fois parce qu’il est alors une manière inégalable de détourner la colère et les craintes des exploités et un moyen de renforcer l’Etat national des exploiteurs, une justification du fascisme et de la guerre. Mais cela ne signifie pas que le capitalisme soir réellement alors « national », même quand sa propagande l’est. Malgré les divisions des bourgeoisies, malgré leur concurrence, malgré leurs guerres, malgré les oppositions bien réelles des Etats capitalistes et des impérialismes, le capitalisme ne peut être qu’un système mondial et le combat contre lui ne peut qu’être mondial ou ne pas être. Les partis de gauche, de la social-démocratie au stalinisme, de gauche de la gauche et de la pseudo extrême gauche opportuniste ont un point commun : ils ne développent en réalité que des programmes nationaux. Les syndicats font de même. Les travailleurs ne sont jamais informés du fait qu’ils sont porteurs d’un programme international de transformation sociale. Ils ne savent pas que ce simple fait dénote le lien entre ces organisations et la classe possédante, que cela démontre leur trahison pure et simple de tous les intérêts historiques des prolétaires. Pour ces derniers, les frontières nationales, loin d’être une protection et une sauvegarde, sont des murs de prison. Et c’est encore plus vrai dans les pays impérialistes ! Depuis la première guerre mondiale, l’appel à la défense de l’intérêt national dans les pays les plus riches n’est rien d’autre que le tocsin des peuples qui sonne leur mise à mort en masse…

Le programme international socialiste du prolétariat n’a aucun caractère national. Il n’est même pas la somme des programmes nationaux des partis des travailleurs… On ne peut en effet concevoir un parti révolutionnaire qui ne soit pas une partie d’une organisation internationale, fût-elle encore à construire. Pas plus que le pouvoir aux travailleurs sur le monde ne peut être la somme de plusieurs « socialisme dans un seul pays » (selon l’expression criminelle et contre-révolutionnaire de Staline-Boukharine).

L’internationalisme n’est nullement un petit coup de chapeau aux prolétaires des autres pays mais la conscience que notre destin est un et un seul. Le nationalisme n’est pas seulement une tendance dangereuse, un sentiment condamnable qui gêne le développement de la conscience de classe, c’est le principal piège de l’ennemi de classe. Le nationalisme signifie tout simplement la trahison du prolétariat.

Il est parfaitement inconcevable de « faire le socialisme » dans un seul pays car on ne peut pas dépasser le mode de production capitaliste qui a atteint le niveau mondial sans la coopération des prolétaires des plus grands pays.

Il n’y a pas de perspective socialiste qui ne soit l’aboutissement de la chute du mode de production capitaliste mondial.

Il n’y a pas de programme socialiste et communiste qui ne soit énoncé comme une perspective mondiale.

Trotsky écrivait dans « La révolution permanente » :

« La théorie du socialisme dans un seul pays, qui a germé sur le fumier de la réaction contre Octobre, est la seule théorie qui s’oppose d’une manière profonde et conséquente à la théorie de la révolution permanente. »
« A notre époque, qui est l’époque de l’impérialisme, c’est-à-dire de l’économie mondiale et de la politique mondiale dirigées par le capitalisme, pas un seul Parti communiste ne peut élaborer son programme en tenant essentiellement compte, à un plus ou moins haut degré, des conditions et tendances de son développement national. Cette constatation est aussi pleinement valable pour le parti exerçant le pouvoir dans les limites de l’U.R.S.S. Le 4 août 1914 sonna et pour toujours le glas de tous les programmes nationaux. Le parti révolutionnaire du prolétariat ne peut se fonder que sur un programme international correspondant au caractère de l’époque actuelle, l’époque de l’apogée et de l’effondrement du capitalisme. Un programme international communiste n’est en aucun cas une addition de programmes nationaux ou encore un amalgame de leurs caractères communs.
Le programme international doit procéder directement d’une analyse des conditions et des tendances de l’économie mondiale et du système politique mondial dans leur ensemble dans tous ses rapports et dans toutes ses contradictions, c’est-à-dire avec l’interdépendance antagoniste de ses différentes parties. A l’époque actuelle, bien plus que par le passé, l’orientation nationale du prolétariat ne doit et ne peut que découler/provenir de l’orientation mondiale et non l’inverse. C’est en cela que réside la différence fondamentale et primaire entre l’internationalisme communiste et toutes les variétés de socialisme national… »
Il poursuit ainsi : « En reliant entre eux des pays et des continents qui se trouvent à des étapes différentes de développement par un système de dépendance et d’oppositions, en rapprochant ces divers niveaux de développement, en dressant impitoyablement les pays les uns contre les autres, l’économie est devenue une puissante réalité qui domine les réalités diverses des pays et des continents. A lui seul, ce fait fondamental confère un caractère très réaliste à l’idée même d’un Parti communiste mondial. »

Léon Trotsky écrivait en juin 1929 dans sa critique du projet de programme de l’internationale stalinienne :

« L’heure de la disparition des programmes nationaux a définitivement sonné le 4 août 1914. Pour les communistes, la date du 4 août 1914 marque la fin de la IIe Internationale (sa « faillite »). La fraction du S.P.D. au Reichstag avait en effet voté les crédits de guerre et accepté la Burgfriede (paix civile) alors que les députés socialistes français faisaient de même et s’engageaient dans l’union sacrée. Le Bureau socialiste international s’ajourna sine die : Lénine ironisait sans douceur mais pas sans douleur sur le fait que « ces gens-là » n’avaient plus besoin d’une Internationale en temps de guerre. Le parti révolutionnaire du prolétariat ne peut se baser que sur un programme international correspondant au caractère de l’époque actuelle, celle du couronnement et de l’écroulement du capitalisme. Un programme communiste international n’est nullement une somme de programmes nationaux ou un amalgame de leurs traits communs. Il doit prendre directement pour point de départ l’analyse des conditions et des tendances de l’économie et de l’état politique du monde, prises comme un tout, avec leurs liens et leurs contradictions, c’est-à-dire avec la dépendance mutuelle opposant ses composantes entre elles. A l’époque actuelle, infiniment plus que pendant la précédente, le sens dans lequel se dirige le prolétariat au point de vue national doit et ne peut se déduire que de la direction prise dans le domaine international, et non pas vice versa. C’est en cela que consiste la différence fondamentale qui sépare au point de départ l’Internationale communiste des diverses variétés de socialisme national. »

Quelle est donc « l’analyse des conditions et des tendances de l’économie et de l’état politique du monde » à l’époque actuelle ?

La première brique de construction du parti révolutionnaire prolétarien mondial est l’analyse de la situation du capitalisme mondial actuel (et pas celle d’un seul pays).

Le système capitaliste, une fois mondialisé, a atteint puis dépassé ses propres limites, non pas en devenant pérenne mais en devenant son propre destructeur. La masse de ses capitaux accumulés a dépassé les capacités d’absorption des marchés financiers. La part des capitaux incapables de trouver des investissements rentables n’a cessé de croitre. En 2007-2008, à la suite du plus grand effondrement financier, bancaire, boursier et industriel de l’Histoire, il a admis qu’il ne se relèverait plus, décidant de ne plus prendre que des mesures destinées à gagner du temps mais plus jamais à relancer l’économie réelle, celle des investissements productifs du capital privé. Depuis, il a montré que des dépenses massives de capitaux publiques permettaient de faire durer, mais aussi qu’elles ne faisaient qu’aggraver la chute des investissements productifs privés. Le rapport entre la masse phénoménale des capitaux privés et les investissements productifs insuffisants ne cesse de grandir, agrandissant par la même occasion le gouffre dans lequel plonge le système d’exploitation mondial. En effet, la chute relative des investissements productifs entraine celle de la plus-value extraite du travail humain, et la perte des profits réels, remplacés par des profits fictifs de la spéculation et des aides des Etats et des banques centrales (elles-mêmes de plus en plus ruinées). Dans ces conditions, tous les plans de relance nationaux et toutes les prétendues politiques nationales pour « aider le pays », pour « soutenir l’économie » ne sont que poudre aux yeux.

Il va de soi qu’on ne peut fonder un programme révolutionnaire sans prendre en compte le fait que le capitalisme est à l’agonie. C’est pourtant exactement à cette opération d’auto-aveuglement que se livrent tous les réformistes politiques et syndicaux et toutes les fausses extrêmes gauches opportunistes.

Et ce n’est pas tout. Le déroulement des luttes, des révoltes et des révolutions est effectivement marqué en premier par celui des effondrements du système. A preuve la vague de révoltes et de révolutions qui a parcouru le monde à la suite de la chute du système capitaliste en 2007-2008. Et elle n’a pas diminuer en force qu’à la faveur de la pandémie covid !

C’est le signe que la vieille civilisation capitaliste s’éteint, retournant à la barbarie, pendant qu’une nouvelle civilisation nait dans les douleurs.

https://www.matierevolution.fr/spip.php?article8166

Cette nouvelle civilisation, portée par le prolétariat révolutionnaire, ne pourra vraiment marquer l’Histoire qu’en développant les perspectives propres du peuple travailleur, à savoir les conseils révolutionnaires autrement appelés soviets (même si ce terme a été ensuite dévoyé par le stalinisme). Là encore la perspective des soviets et de leur prise de pouvoir n’a rien de national, rien de russe, rien non plus de vieillot. C’est bel et bien la seule perspective politique et sociale moderne, le sens même que l’histoire des luttes prolétariennes, qui peut seule permettre de sortir de l’ornière où nous jette le monde fini du capitalisme. Et cette perspective historique nécessite d’être celle de toutes les luttes, grandes comme petites, y compris de simples grèves à buts économiques ou sociaux.

On ne peut pas prétendre vouloir construire le parti ouvrier révolutionnaire, sans répondre aux conditions suivantes :

1°) Avoir une confiance profonde dans les capacités révolutionnaires auto-organisées de la masse du prolétariat et ne pas croire en sa seule avant-garde.

2°) Avoir une ferme conscience socialiste et ne développer la critique du monde capitaliste que d’un point de vue de l’avenir, c’est-à-dire du socialisme et jamais du démocratisme petit-bourgeois.

3°) Ne pas défendre des intérêts d’organisation, sous prétexte d’aller plus vite au parti, mais défendre seulement les intérêts du prolétariat. Ne pas se contenter de la défense des intérêts économiques immédiats mais favoriser toujours, chaque fois où c’est possible, l’intervention politique des prolétaires.

4°) Dans toute question locale, voir l’intérêt général des travailleurs et dans toute question à l’échelle nationale voir toujours l’intérêt international du prolétariat. Dans toutes les questions revendicatives, ne pas se contenter de revendications réformistes et poser toujours la question de manière à montrer comment la lutte mène à celle pour renverser le système capitaliste (revendications transitoires).

5°) Dans les interventions syndicales ou électorales, ne jamais considérer d’abord les intérêts de groupe mais les intérêts généraux des travailleurs. Toujours se préoccuper d’abord de défendre la conscience socialiste des travailleurs. Ne pas craindre de critiquer publiquement et virulemment les directions réformistes politiques et syndicales et démasquer toutes leurs tromperies et trahisons, critiques qui seront précieuses quand ces organisations, lors de la montée révolutionnaire, voudront se faire passer pour radicales afin de chevaucher la montée des luttes et de détourner la révolution sociale. Ne pas craindre de dénoncer les fausses extrêmes gauches opportunistes qui peuvent, dans des circonstances révolutionnaires, jouer un rôle extrêmement négatif.

6°) Ne jamais limiter son combat à la défense d’un peuple, d’une nation, d’une religion, d’une culture. Les travailleurs révolutionnaires n’ont pas de patrie, pas de nation, pas de religion, pas de communauté autre que la communauté humaine. Mais ils se battent contre toutes les formes d’oppression. Ne jamais craindre de se heurter aux préjugés nationalistes, racistes, corporatistes et autres qui trainent dans la classe ouvrière.

7°) Ne jamais isoler socialement et politiquement le prolétariat de toutes les couches sociales (artisans, petits commerçants, paysans, petits pêcheurs, petites professions libérales, jeunes, chômeurs, femmes, nationalités et religions opprimées) qui commencent à se révolter et qu’il est appelé à diriger pour gagner la révolution. Construire au contraire le programme du prolétariat pour que celui-ci prenne la tête de toutes ces couches et les sépare du grand capital.

8°) Ambitionner d’abord les meilleures idées pour les plus grandes avancées du prolétariat et pas seulement les meilleures avancées de son organisation.

9°) Ne pas s’adresser en priorité aux militants syndicalistes ou politiques de gauche ni à l’aristocratie ouvrière qui les fréquente et qui se croit adaptée au capitalisme.

10°) Développer une analyse de la situation des classes exploiteuses et pas d’abord des souffrances des exploités ! C’est cette situation qui détermine la politique des classes dirigeantes capitalistes et, du coup, la politique qui est nécessaire au prolétariat. La base d’une telle analyse est l’étude de l’effondrement historique du système mondial initiée en 2007-2008 et dont les conséquences sont encore en plein développement (vague des révolutions, pandémie, fascismes, guerres et montée de la guerre mondiale). Sans une telle analyse, pas question de parti révolutionnaire et la classe ouvrière se bat les yeux bandés !

LA LUTTE ANTI IMPERIALISTE ET ANTI COLONIALE CONTRE L’IMPERIALISME ET LE COLONIALISME : LA QUESTION DU DROIT A L’AUTO-DETERMINATION ET LA QUESTION NATIONALE

La « question nationale » est elle aussi une question dialectique. Ainsi, c’est le prolétariat qui, bien qu’il ne soit pas une classe nationale, est le seul capable de poser jusqu’au bout une question nationale.

Aspirer à disposer de son propre pays c’est-à-dire un Etat qui nous protègerait, est comme aspirer à être propriétaire, aspirer à disposer d’un petit capital, aspirer à un emploi fixe et bien payé, ce sont des aspirations petites-bourgeoises, illusoires dans une phase cataclysmique du capitalisme déliquescent. Cela ne signifie pas qu’on réprouve ces aspirations mais qu’on affirme que jamais la société aux mains du grand capital ne pourra vous assurer de tels buts. La seule perspective réelle pour toutes les aspirations qui ne soient pas celles de l’infime minorité de capitalistes est la révolution socialiste et elle ne peut réussir que si elle est dirigée par le prolétariat révolutionnaire. Les partis et les syndicats réformistes ne développent des revendications ouvrières que sur le mode des aspirations petites bourgeoises qui ne mènent nullement au renversement de la dictature des possesseurs de capitaux. Ce qu’il faut c’st l’inverse : que toutes les aspirations populaires, y compris petites bourgeoises, mènent à passer sous la direction du prolétariat révolutionnaire. Tel est l’un des buts du programme révolutionnaire : non à mépriser les aspirations non révolutionnaires mais à vouloir les diriger dans le sens de la révolution et du socialisme, c’est-à-dire de la mainmise du peuple travailleur sur la totalité du capital et de ses Etats.

Rejeter radicalement le nationalisme ne signifie nullement refuser tout droit national aux peuples opprimés et n’accorder aucun soutien aux luttes des peuples opprimés. Par contre, cela signifie mettre le prolétariat international à la tête des luttes de tous les opprimés. Cela signifie aussi refuser toute entente avec l’impérialisme, fût-ce soi-disant pour permettre à un peuple opprimé d’obtenir satisfaction. On ne doit jamais placer la lutte du prolétariat en second mais en premier ! C’est au prolétariat de diriger l’ensemble des luttes contre le grand capital et il doit diriger ces luttes vers la suppression mondiale du capitalisme. Toute alliance avec une couche sociale opprimée ne peut être qu’à ces conditions. A ces conditions, la lutte nationale des peuples peut participer largement au combat contre l’impérialisme et pour sa suppression totale et définitive sur toute la planète. L’exemple de la révolution russe, qui n’a triomphé qu’en étant une révolution ouvrière autant que paysanne et des nationalités, le prouve pleinement.

Qu’est-ce que l’impérialisme ?

Quand on pense à l’impérialisme, on pense souvent, à tort, aux seuls USA et surtout aux agressions guerrières et le fondement économique est oublié. Mais surtout, ce qui est omis, c’est le fondement en termes de luttes de classes de la société actuelle qui donne naissance à cet impérialisme. Car ce dernier est la forme prise par la domination d’une classe exploiteuse sur une classe exploitée et son avenir ne dépend pas des aspirations à la paix et à la démocratie mais de la capacité révolutionnaire de la classe exploitée de s’organiser en vue de la destruction planétaire et définitive du capitalisme.
En développant des métropoles où sont stockées les masses de capital tirées du monde entier, l’impérialisme a pu entretenir l’illusion que les peuples travailleurs des pays riches avaient intérêt à protéger le système. C’est l’une des plus dangereuses illusions réformistes qu’il faut démolir. Le prolétariat des pays riches n’a pas moins intérêt à la destruction de l’impérialisme que celui des pays pauvres. Le sort du prolétariat allemand sous Hitler en donne une cuisante démonstration.
Certains courants proposent d’affaiblir, de mettre dans sa poche même, la lutte des classes, afin de mieux - disent-ils - unir tous ceux que révolte l’impérialisme. C’est ôter au combat sa perspective communiste de destruction du système capitaliste. C’est faire croire qu’il y a une voix anti-impérialiste qui serait autre que l’action communiste du prolétariat. Cette dénonciation des crimes de l’impérialisme sans perspective de sa destruction, même quand elle est honnête, ne mène que dans le mur les luttes. Elle permet à des leaders, comme les nationaliste bourgeois et petits bourgeois, qui veulent seulement aménager à leur profit l’impérialisme, de prendre la direction des luttes prolétariennes à vocation révolutionnaire et de les amener dans une impasse.
Les prolétaires communistes révolutionnaires n’ont pas à nier ni à rejeter les aspirations nationales démocratiques et anti-impérialistes des masses populaires car cela reviendrait à rejeter ces masses entre les mains de leurs ennemis bourgeois et petits bourgeois. Ils doivent prendre la tête de ces luttes et donner une perspective communiste au combat contre l’impérialisme : la destruction de l’ordre capitaliste.
N’oublions pas que le peuple de Paris en 1871 était dirigé par des aspirations démocratiques et nationales et que c’est parce qu’il s’est organisé de manière autonome sur des bases de classe qu’il a donné à la la Commune de 1871 ce caractère de premier pouvoir prolétarien au monde...
La définition la plus couramment donnée, et tout à fait fausse, est la suivante :
"L’impérialisme est une stratégie politique de conquête visant la formation d’empires. Ce terme est parfois employé pour désigner plus particulièrement le néo-colonialisme. Par extension, impérialisme désigne tout rapport de domination établi par une nation ou une confédération sur un autre pays."
Une stratégie de conquête menant à des empires ne décrirait certainement pas l’impérialisme que nous connaissons qui est l’impérialisme du capitalisme bien différent de celui de l’empire d’Égypte, de l’empire romain ou de l’’empire arabe. L’impérialisme capitaliste n’est pas (ou pas seulement) la formation par conquête militaire d’un empire.
Le but n’est pas des territoires mais des investissements de capitaux.
Il ne s’agit pas d’une stratégie mais d’une phase historique du système. Dire que c’est une stratégie sous-entend que l’on pourrait changer de stratégie et avoir un capitalisme moins guerrier ou moins conquérant.
L’impérialisme n’est pas "une politique d’expansion" :
"L’impérialisme est une immense accumulation de capital-argent dans un petit nombre de pays." Lénine dans "L’impérialisme, stade ultime du capitalisme" (1916)

Dans son ouvrage « L’impérialisme, stade suprême du capitalisme », Lénine décrit l’impérialisme en 5 points :
1) concentration de la production et du capital parvenue à un degré de développement si élevé qu’elle a créé les monopoles, dont le rôle est décisif dans la vie économique ;
2) fusion du capital bancaire et du capital industriel, et création, sur la base de ce "capital financier", d’une oligarchie financière ;
3) l’exportation des capitaux, à la différence de l’exportation des marchandises, prend une importance toute particulière ;
4) formation d’unions internationales monopolistes de capitalistes se partageant le monde, et
5) fin du partage territorial du globe entre les plus grandes puissances capitalistes.

Il le qualifie de « stade suprême » et aujourd’hui, l’impérialisme a atteint son stade pourrissant !

Meurtrier pour les peuples, destructeur de la santé publique, pandémique, et en route vers la chute mondiale, économique, immobilière, industrielle, financière, bancaire, inflationniste et guerrière, c’est le stade de la barbarie fasciste de destruction massive, du massacre et de la terreur généralisée.
Les média et les gouvernements eux-mêmes sont obligés de reconnaitre que le monde tourne à l’horreur et que ceux qui n’y sont pas plongés eux-mêmes sont horrifiés… Ce n’est pas des jeux, ce n’est pas des films pour se faire peur, c’est l’actualité des répressions, des dictatures, des guerres et guerres civiles de la planète entière.
Des régions entières de la planète baignent dans le sang, des peuples entiers sont déplacés, apeurés, décimés, parqués dans des camps, violés, massacrés…
Le reste du monde assiste à ces scènes d’horreur, justifie généralement l’un des camps en guerre, le soutient, l’arme, le pousse à la guerre même, alors qu’il pratique aussi bien que son adversaire le massacre des civils, des milliers de gens désarmés, innocents, pris entre deux feux. Tout est fait pour faire croire que le seul choix est de soutenir l’un des camps, ou encore de se contenter d’appeler à la paix (ou même seulement au cessez-le-feu humanitaire), de manière plaintive, sans remettre en question le pouvoir de ceux qui s’en servent pour jeter la planète dans le sang et la mort.
Quand les gouvernants en sont réduits à la seule violence directe, c’est que la dynamique capitaliste est morte.

La politique révolutionnaire du prolétariat dans la question nationale, un produit de l’analyse de l’impérialisme

L’impérialisme prétend justifier ses interventions sanglantes partout dans le monde par la nécessité de lutter pour sauvergarder les peuples contre le terrorisme, la dictature, les pouvoirs guerriers, massacreurs et oppressifs, etc. Il affirme agir aussi pour défendre la paix et la sécurité de tous les peuples, à commencer par celui de son pays. Ce sont de grossiers mensonges et il serait aisé de les démasquer mais les gauches et les syndicats s’en gardent bien. Il est remarquable que les réformistes et les opportunistes qui ont du poids au sein de la classe ouvrière contribuent à faire croire à ces justifications mensongères.

On pourrait s’imaginer que les extrêmes gauches opportunistes n’auraient quand même aucun mal à se démarquer sur la question de l’impérialisme mais ce serait faire une grossière erreur. Certes, ils n’économisent pas les reproches moraux à l’égard de certains pays impérialistes, mais pas tous et pas en premier le leur quand ils militant dans un pays impérialiste. Et ils se gardent de s’attaquer publiquement à leur propre impérialisme. Ils sont trop attachés aux appareils syndicaux et à l’aristocratie ouvrière qui est pleine d’illusions petites bourgeoises pour être capables de porter une politique révolutionnaire contre l’impérialisme. Et justement cette pseudo extrême gauche se garde bien d’utiliser ses deux principales interventions publiques (les élections bourgeoises et les syndicats) pour combattre les positions impérialistes au sein du prolétariat et du grand public.

Quant aux gauchistes (gauche communiste), ils rejettent toute notion d’impérialisme, considérant que toutes les nations, tous les Etats sont bourgeois, que toute aspiration contre une oppression nationale est bourgeoise et que la petite bourgeoisie est identique à la grande, capitaliste, et affirmant que les pays pauvres sont aussi pourris que les pays riches, confondant ainsi la réprobation morale et la politique révolutionnaire. Bien entendu, nous ne prétons aucune qualité ni socialiste ni révolutionnaire ni rien aux bourgeoisie nationales des pays pauvres et opprimés par l’impérialisme. Mais, suivant ainsi la politique exprimée dans la théorie de l’impérialisme de Lénine et dans la théorie de la révolution permanente de Trotsky, nous estimons que ce serait désarmer le prolétariat révolutionnaire mondial que de lui ôter une bombe explosive pour détruire définitivement et mondialement l’impérialisme. Lénine comme Trotsky ont toujours eu à cœur que le prolétariat révolutionnaire prenne la tête des opprimés, y compris ceux victimes d’une oppression nationale, raciale ou religieuse, estimant que les couches petites-bourgeoises, seules, sont incapables de nuire fondamentalement au capitalisme et à l’iméprialisme mais que le prolétariat révolutionnaire, se portant à la tête de ces luttes, est parfaitement capable d’ne faire une arme révolutionnaire en vue du socialisme mondial. C’est l’un des points essentiels qui découlent de l’analyse de l’impérialisme et un point que les gauches communistes (gauchistes) récusent et que les extrêmes gauches opportunistes se gardent de se rappeler, ne voulant pas rompre avec leurs amis bureaucrates syndicaux et membres de l’aristocratie ouvrière.

Le prolétariat doit-il se battre aux côtés de la petite bourgeoisie révoltée, de la jeunesse, des femmes et autres couches sociales victimes du capitalisme ?

Dans toute l’extrême gauche, on trouve sous diverses formes des réticences à considérer que les luttes populaires avec une participation de la petite bourgeoisie ne concernent pas le prolétariat et n’ont rien à voir avec la lutte révolutionnaire pour le pouvoir aux travailleurs et le socialisme et on trouve également des prises de positions qui attribuent à l’inverse des capacités révolutionnaires aux directions petites bourgeoises. Les deux positions, apparemment inverses, s’éloignent tout autant de la vraie politique révolutionnaire prolétarienne. Les deux laissent les petits bourgeois révoltés sous une direction qui ne peut que les conduire dans l’impasse.

Ainsi, en France, l’extrême gauche (par exemple LO et NPA) s’est tenue en grande partie à l’écart de la lutte des Gilets jaunes et s’est gardé de combattre l’hostilité violente des appareils syndicaux à l’égard de ce mouvement. Elle a prétexté que des petits patrons (souvent en réalité des petits auto-entrepreneurs c’est-à-dire des travailleurs auto-exploités) y participaient. Et la France n’est pas une exception : bien des groupes d’extrême gauche ont considéré que le prolétariat n’était pas la direction politique des mouvements débutés avec la « vague des printemps » de 2010-2011.

La politique révolutionnaire du prolétariat est aux antipodes de telles prises de position. Ainsi, Trotsky comme Lénine n’ont cessé d’attribuer au prolétariat le rôle de direction des luttes de la petite bourgeoisie et notamment de la paysannerie. Et c’est en se portant à la tête de toutes les classes et couches sociales révoltées que le prolétariat devient non seulement capable de porter des coups au capitalisme et à l’impérialisme mais de prendre la tête de toute la société, de prendre le pouvoir et de le garder. Et c’est seulement ainsi que ces luttes participent de la lutte pour le socialisme.

Tous les exemples historiques sont clairs : il n’y a jamais eu de « pureté de classe » dans les révolutions prolétariennes ! Qui peut ignorer la participation directe de la petite bourgeoisie aux côtés du prolétariat dans les révolutions en France en 1848, en 1871, dans le pouvoir de la Commune de Paris, dans les révolutions de 1905 et 1917 (février et octobre) en Russie, dans la révolution espagnole, pour ne citer que celles-là !
Bien entendu, si ce discours, qui est actuellement tenu par certains anarchistes, certains gauches communistes, certains syndicalistes, certains anti-racistes et anti-fascistes, voulait dire que, dans les entreprises et les quartiers, les travailleurs doivent eux-mêmes mettre en place des comités de mobilisation au sein du mouvement, pas de problème !
Mais se tenir à l’écart et pousser les travailleurs à s’en désolidariser sous prétexte qu’il y a des petits bourgeois, ou même qu’il y a dedans des racistes ou des fascistes, c’est carrément catastrophique ! N’y avait-il aucun raciste dans les révolutions prolétariennes du passé ?!!! Suffit-il qu’un raciste ou qu’un fasciste participe à une grève ou une manifestation pour que nous refusions d’y participer ?!!!
A ce rythme là, personne ne risque de participer demain ni à une manifestation, ni à un piquet, ni à un rassemblement et encore moins à une révolution !!!!
La révolution prolétarienne n’a rien de pure socialement !!! Ceux qui l’ignorent n’ont jamais rien lu sur les révolutions !
Au lieu de pureté, ce dont le prolétariat a urgemment besoin c’est d’organisation, c’est de comités dans les quartiers et les entreprises !!! Les soviets qui étaient à leur naissance des organisations de quartier (et pas d’entreprises) mêlaient ouvriers et petits bourgeois !
Ce dont la classe ouvrière a besoin, c’est aussi d’objectifs de classe, qui ne soient pas des objectifs réformistes, qui ne craignent pas de s’attaquer au sacrosaint Etat bourgeois et à la sacrosainte propriété privée des capitaux et des moyens de production. C’est en défendant son programme de classe au sein du mouvement social que le prolétariat peut y jouer un rôle dirigeant.
Mais certainement pas en rejetant en bloc tous les « petits bourgeois » et en les poussant ainsi dans les bras de la grande bourgeoisie et des fascistes !!!

Les syndicats dirigés par la gauche : une politique constante de soutien ouvert ou caché à l’impérialisme national défendue au sein du prolétariat

Léon Trotsky écrit dans « Les syndicats à l’époque de la décadence impérialiste » :

« Il y a un aspect commun dans le développement ou, plus exactement, dans la dégénérescence des organisations syndicales modernes dans le monde entier : c’est leur rapprochement et leur intégration au pouvoir d’État. Ce processus est également caractéristique pour les syndicats neutres, sociaux-démocrates, communistes et anarchistes. Ce fait seul indique que la tendance à s’intégrer à l’État n’est pas inhérente à telle ou telle doctrine, mais résulte des conditions sociales communes pour tous les syndicats. Le capitalisme monopolisateur n’est pas basé sur la concurrence et sur l’initiative privée, mais sur un commandement central. Les cliques capitalistes, à la tête de trusts puissants, des syndicats, des consortiums bancaires, etc., contrôlent la vie économique au même niveau que le pouvoir d’État et, à chaque instant, elles ont recours à la collaboration de ce dernier. A leur tour les syndicats, dans les branches les plus importantes de l’industrie, se trouvent privés de la possibilité de profiter de la concurrence entre les diverses entreprises. Ils doivent affronter un adversaire capitaliste centralisé, intimement lié au pouvoir de l’État. De là découle pour les syndicats, dans la mesure où ils restent sur des positions réformistes - c’est à dire sur des positions basées sur l’adaptation à la propriété privée - la nécessité de s’adapter à l’État capitaliste et de tenter de coopérer avec lui. (…)

Le mot d’ordre essentiel dans cette lutte est : indépendance complète et inconditionnelle des syndicats vis-à-vis de l’État capitaliste. Cela signifie : lutte pour transformer les syndicats en organes des masses exploitées et non en organes d’une aristocratie ouvrière. Le second mot d’ordre est : démocratie dans Ies syndicats. Ce second mot d’ordre découle directement du premier et présuppose pour sa réalisation la complète liberté des syndicats vis-à-vis de l’État impérialiste ou colonial. En d’autres termes, à l’époque actuelle, les syndicats ne peuvent pas être de simples organes de la démocratie comme à l’époque du capitalisme librÉchangiste, et ils ne peuvent pas rester plus longtemps politiquement neutres, c’est-à-dire se limiter à la défense des intérêts quotidiens de la classe ouvrière. Ils ne peuvent pas être plus longtemps anarchistes, c’est-à-dire ignorer l’influence décisive de l’État sur la vie des peuples et des classes. Ils ne peuvent pas être plus longtemps réformistes, parce que les conditions objectives ne permettent plus de réformes sérieuses et durables. Les syndicats de notre époque peuvent ou bien servir comme instruments secondaires du capitalisme impérialiste pour subordonner et discipliner les travailleurs et empêcher la révolution, ou bien au contraire devenir les instruments du mouvement révolutionnaire du prolétariat. La neutralité des syndicats est complètement et irrémédiablement chose passée et morte avec la libre démocratie bourgeoise…

Tout comme il est impossible de revenir à l’Etat démocratique bourgeois, il est impossible de revenir à la vieille démocratie ouvrière. Le sort de l’un reflète le sort de l’autre. Il est un fait certain que l’indépendance des syndicats, dans un sens de classe, dans leur rapport avec l’Etat bourgeois, ne peut être assurée, dans les conditions actuelles, que par une direction complètement révolutionnaire »

La lutte contre les appareils bureaucratiques ne consiste pas seulement à militer contre la bureaucratie à l’intérieur des syndicats mais, d’abord et avant tout, à se battre pour la construction de conseils de travailleurs, indépendants des appareils et formés de délégués des assemblées prolétariennes élus et révocables, se fédérant, développant et diffusant le programme révolutionnaire, devenant progressivement le véritable pouvoir d’Etat des travailleurs en armes.

La « révolution permanente », seule théorie qui assume le caractère dialectique de la révolution prolétarienne

La « révolution en permanence » (encore appelée révolution permanente) est une philosophie du marxisme qui s’oppose à l’étapisme, au gradualisme, au progressisme, au réformisme et à l’opportunisme, depuis Marx et jusqu’à Trotsky, et pas une analyse conjoncturelle d’une situation exceptionnelle et surtout pas un moyen d’attribuer un caractère fondamentalement révolutionnaire à des forces sociales qui n’en possèdent pas.
L’Histoire ne progresse pas graduellement en suivant une par une les marches d’un escalier vers le ciel… Elle subit des régressions brutales et violentes autant que des progressions qui peuvent même sauter des étapes de la gradation historique. Des sociétés retardataires, des situations réactionnaires et même des régressions peuvent provoquer de brutales progressions révolutionnaires.
Le développement économique, social et politique est sujet au développement inégal et combiné (au sens que des morceaux avancés se combinent avec d’autres très en retard).
Le monde ne progresse pas ensemble ni au même rythme et les inégalités de développement peuvent rendre certains maillons de la chaîne de domination des classes possédantes mondiales plus fragiles que d’autres et la rupture de la chaîne en un point peut fragiliser mortellement l’ensemble.
Les contradictions qui découlent du développement inégal et combiné doivent être comprises et utilisées à fond par les révolutionnaires. Elles ont comme conséquences que la question nationale ne peut pas être résolue dans le cadre du capitalisme et doit être exploitée par le prolétariat. Elles ont pour conséquence que la lutte révolutionnaire doit pénétrer la lutte pour des réformes et s’en servir comme transition. Elles ont aussi pour conséquence que c’est le prolétariat qui est le seul à pouvoir réaliser des objectifs démocratiques, pacifiques, libérateurs pour les peuples opprimés, pour toutes les couches sociales non capitalistes, pour tous les opprimés. Et le programme révolutionnaire du prolétariat doit clairement mettre en avant ces objectifs. L’intervention des révolutionnaires doit se guider sur un programme de transition qui mène des luttes nationales aux luttes internationales, des luttes pour des réformes aux luttes pour le socialisme, des luttes pour la paix à la guerre révolutionnaire, etc…
Les communistes révolutionnaires ne doivent pas se tenir à l’écart ni appeler les prolétaires à se tenir à l’écart des luttes réformistes, sans sombrer eux-mêmes dans le réformisme, des luttes nationales, sans sombrer dans le nationalisme, des luttes petites bourgeoises, sans oublier le caractère prolétarien de leur combat, ils doivent allier les différents aspects contradictoires dans une seule lutte de classes révolutionnaire contre la classe capitaliste.
De nombreux points programmatiques, sociaux et politiques découlent de cette vision de la marche de la révolution sociale : programme de transition au lieu de la traditionnelle opposition entre programme révolutionnaire et programme réformiste, alliances possibles avec des couches petites bourgeoises et des peuples opprimés, front unique ouvrier, etc…

Le pseudo et faux anti-impérialisme de l’extrême gauche : un moralisme à vomir !

Au lieu de voir dans les crimes actuels du capitalisme et de l’impérialisme des moyens d’entrainer le prolétariat vers la conscience de ses tâches de transformation radicale, les fausses extrêmes gauches diffusent de la réprobation morale à pleine dose…

Les extrêmes gauches opportunistes ont abandonné la notion d’impérialisme de Lénine. Loin d’y voir une évolution objective du capitalisme liée aux limites de ce mode de production, ils dénoncent des politiques individuelles, celle de Nétanyahou, celle de Biden ou de Trump, celle de Poutine, etc.

Depuis que la guerre mondiale s’étend de la Syrie à l’Ukraine et de l’Arménie à la Palestine, les politiques pro-impérialistes se cachent sous la prétendue défense des peuples et sous le couvert de l’indignation morale.

Les moralistes, bien ou mal intentionnés, y compris d’extrême gauche ou prétendus tels, ne nous aident en rien à nous y retrouver dans les embrouillaminis de la situation mondiale ni à éviter les pièges impérialistes et capitalistes contre le peuple travailleur du monde et pour détruire ses potentialités révolutionnaires.

Les moralistes dénoncent tout ce qui leur déplaît mais n’expliquent rien, ne comprennent rien, n’arment en rien les travailleurs et les peuples, qu’ils dénoncent les violences d’un camp ou d’un autre ou des deux, les guerres, les fascismes, les dictatures et même éventuellement les classes possédantes et les gouvernants.

La morale n’explique rien, ni l’effondrement du capitalisme, ni les oppositions violentes entre impérialismes, ni les révolutions, ni les contrérévolutions dont les fascismes et les guerres. Elle ne permet rien, n’ouvre de perspective sur rien et surtout pas de perspective révolutionnaire prolétarienne qui libère l’humanité du cauchemar où le capitalisme déliquescent prétend l’engloutir,

Les moralistes, y compris l’extrême gauche opportuniste, demandent aux gouvernements de faire ce qui n’est pas l’intérêt du grand capital, une absurdité en somme. Ils refusent la politique révolutionnaire face à l’impérialisme : prôner la défaite de notre impérialisme y compris dans la guerre, appeler les travailleurs à détruire l’Etat capitaliste, y compris et surtout son armée et sa police, rappeler que les travailleurs vont devoir s’armer eux-mêmes et dénoncer le pacifisme qui désarme avant tout les travailleurs.

Contre l’Union sacrée ouverte de la CGT, hypocrite de l’extrême gauche électorale (LO, NPA), le programme de Zimmerwald des révolutionnaires contre la première guerre mondiale et le capitalisme reprend toute son actualité :

« La guerre impérialiste inaugure l’ère de la révolution sociale. Toutes les conditions objectives de l’époque actuelle mettent à l’ordre du jour la lutte révolutionnaire de masse du prolétariat. Les socialistes ont pour devoir, sans renoncer à aucun des moyens de lutte légale de la classe ouvrière, de les subordonner tous à cette tâche pressante et essentielle, de développer la conscience révolutionnaire des ouvriers, de les unir dans la lutte révolutionnaire internationale, de soutenir et de faire progresser toute action révolutionnaire, de chercher à transformer la guerre impérialiste entre les peuples en une guerre civile des classes opprimées contre leurs op-presseurs, en une guerre pour l’expropriation de la classe des capitalistes, pour la conquête du pouvoir politique par le prolétariat, pour la réalisation du socialisme. »

Les revendications et les tâches des communistes révolutionnaires et du prolétariat contre les puissances coloniales et impérialistes

Seul le prolétariat révolutionnaire est capable de combattre l’impérialisme et d’abattre le capitalisme, même si d’autres comme les terroristes se revendiquant de l’islam prétendent le contraire. Les révolutionnaires et les travailleurs ne doivent pas combattre davantage tel ou tel impérialisme et leur principale tâche est de combattre l’impérialisme de leur pays. Et cela passe par un programme anti-impérialiste dans les métropoles impérialistes :

Dénonciation des superprofits impérialistes sur le dos des peuples

Contrôle des capitaux qui pillent les pays dominés par l’impérialisme

Expropriation et réquisition des entreprises impérialistes

Droit à l’auto-détermination et la question nationale !

Suppression de toute opposition entre nationaux et étrangers

Union des peuples contre la domination impérialiste, les peuples des pays impérialistes soutenant tout effort des pays opprimés de se libérer

Suppression de l’exploitation des pays opprimés par l’impérialisme et les grands trusts et en rendre les richesses aux peuples

Suppression de toutes les législations fascistes qui suscitent la haine entre les peuples et qui autorisent les pays riches à faire mourir des migrants à leurs frontières

Suppression de tout profit sur le dos des exploités

Suppression des oppressions nationales, raciales, ethniques et religieuses

Suppression des restrictions nationales : quiconque vit de son travail a le droit de vivre dans le pays de son choix.

Les tâches des communistes révolutionnaires et du prolétariat dans les colonies et les pays dominés par l’impérialisme

Démasquer les buts impérialistes des grandes puissances :

https://www.matierevolution.fr/spip.php?article6673

https://www.matierevolution.fr/spip.php?article6406

https://www.matierevolution.fr/spip.php?article5969

https://www.matierevolution.fr/spip.php?breve231

https://www.matierevolution.fr/spip.php?breve482

https://www.matierevolution.fr/spip.php?article3811

Démontrer que toute défaite de « notre » impérialisme est une victoire des travailleurs

https://www.matierevolution.fr/spip.php?article2597

Démontrer qu’il n’y aura pas pour les pays opprimés de solution autre que le socialisme.

https://www.matierevolution.fr/spip.php?article3668

https://www.matierevolution.fr/spip.php?article3812

Unir les prolétaires et les peuples opprimés du monde dans le but clair et affiché d’abattre définitivement l’impérialisme !

https://www.matierevolution.fr/spip.php?article7091

https://www.matierevolution.fr/spip.php?article6278

Unir travailleurs « nationaux » et immigrés et développer la prise de conscience internationaliste du prolétariat

https://www.matierevolution.fr/spip.php?article262

Le prétendu antifascisme bourgeois ou réformiste, c’est la lutte contre la révolution socialiste !

Quand l’extrême gauche opportuniste a soutenu les ennemis du prolétariat sous prétexte de lutte contre le fascisme

https://www.matierevolution.fr/spip.php?article7014

La politique des communistes et du prolétariat révolutionnaire face à la guerre ce n’est pas le pacifisme ni bourgeois ni anarchiste :


https://www.matierevolution.fr/spip.php?article7509

https://www.matierevolution.fr/spip.php?article3400

https://www.matierevolution.fr/spip.php?article1107

https://www.matierevolution.fr/spip.php?article1927

https://www.matierevolution.fr/spip.php?article620

Défaitisme révolutionnaire, antimilitarisme et armement du prolétariat : le programme militaire de la révolution socialiste

Soit le prolétariat mondial met fin au capitalisme, soit le capitalisme met fin à l’humanité ! Quiconque rejette cette alternative dictature du prolétariat ou massacre mondial généralisé, rejette également toute chance d’avenir à la société humaine. La IV ème internationale sera celle du relèvera le drapeau du prolétariat révolutionnaire (le nombre quatre n’est pas un fétiche bien entendu et on peut aussi bien l’appeler 5ème internationale).
Toute la situation mondiale et, par conséquent, aussi la vie politique intérieure des divers pays, se trouve sous la menace de la guerre mondiale. La catastrophe imminente pénètre déjà d’angoisse les masses les plus profondes de l’humanité.
Partis de gauche, syndicats et leurs soutiens d’extrême gauche répètent la politique de trahison qui avait été celle de la première guerre mondiale de 1914 avec d’autant plus d’assurance qu’aucune organisation conséquente ne combat actuellement le chauvinisme et l’impérialisme, toutes se fondant d’abord sur l’aristocratie ouvrière et l’Etat capitaliste. Dès que le danger de guerre a pris un aspect concret, les staliniens, distançant de loin les pacifistes bourgeois et petits-bourgeois sont devenus les champions de la prétendue "défense nationale". Ils ne font d’exception que pour les pays fascistes, c’est-à-dire pour ceux où ils ne jouent eux-mêmes aucun rôle. La lutte révolutionnaire contre la guerre retombe ainsi entièrement sur les épaules de la IV° Internationale.
Le succès du prolétariat révolutionnaire dans la prochaine période (celle de la révolution et de la contrérévolution) dépendra, avant tout, de sa politique dans la question de la guerre. Une politique correcte comprend deux éléments : une attitude intransigeante envers l’impérialisme et ses guerres, et l’aptitude à s’appuyer sur l’expérience des masses elles-mêmes.
Dans la question de la guerre, plus que dans toute autre question, la bourgeoisie et ses agents trompent le peuple par des abstractions, des formules générales, des phrases pathétiques : "neutralité", "sécurité collective", "armement pour la défense de la paix", "défense nationale", "lutte contre le fascisme", etc. Toutes ces formules se réduisent, en fin de compte, à ce que la question de la guerre, c’est-à-dire du sort des peuples, doit rester dans les mains des impérialistes, de leurs gouvernements, de leur diplomatie, de leurs états-majors, avec toutes leurs intrigues et tous leurs complots contre les peuples.
La IV° Internationale rejette avec indignation toutes les abstractions qui jouent chez les démocrates le même rôle que, chez les fascistes, l’ "honneur", le "sang", la "race". Mais l’indignation ne suffit pas. Il faut aider les masses, à l’aide de critères, de mots d’ordre et de revendications transitoires, propres à leur permettre de vérifier, de distinguer la réalité concrète de ces abstractions frauduleuses.
"DÉSARMEMENT" ? Mais toute la question est de savoir qui désarmera et qui sera désarmé. Le seul désarmement qui puisse prévenir ou arrêter la guerre, c’est le désarmement de la bourgeoisie par les ouvriers. Mais, pour désarmer la bourgeoisie, il faut que les ouvriers eux-mêmes soient armés.
"NEUTRALITÉ" ? Mais le prolétariat n’est nullement neutre dans une guerre entre le Japon et la Chine, ou entre l’Allemagne et l’URSS. Cela signifiét-il la défense de la Chine et de l’URSS ? Evidemment, mais pas par l’intermédiaire des impérialistes, qui étrangleront la Chine et l’URSS.
"DÉFENSE DE LA PATRIE" ? Mais, par cette abstraction, la bourgeoisie entend la défense de ses profits et de ses pillages. Nous sommes prêts à défendre la patrie contre les capitalistes étrangers, si nous garrotons tout d’abord nos propres capitalistes, et les empêchons de s’attaquer à la patrie d’autrui ; si les ouvriers et les paysans de notre pays deviennent ses véritables maîtres ; si les richesses du pays passent des mains d’une infime minorité dans les mains du peuple ; si l’armée, d’instrument des exploiteurs, devient l’instrument des exploités.
Il faut savoir traduire ces idées fondamentales en idées plus particulières et plus concrètes, selon la marche des événements et l’orientation de l’état d’esprit des masses. Il faut, en outre, distinguer rigoureusement entre le pacifisme du diplomate, du professeur, du journaliste et le pacifisme du charpentier, de l’ouvrier agricole ou de la blanchisseuse. Dans le premier de ces cas, le pacifisme est la couverture de l’impérialisme. Dans le second, l’expression confuse de la défiance envers l’impérialisme.
Quand le petit paysan ou l’ouvrier parlent de la défense de la patrie, ils se représentent la défense de leur maison, de leur famille et de la famille d’autrui contre l’invasion, contre les bombes, contre les gaz asphyxiants. Le capitaliste et son journaliste entendent par défense de la patrie la conquête de colonies et de marchés, l’extension par le pillage de la part "nationale" dans le revenu mondial. Le pacifisme et le patriotisme bourgeois sont des mensonges complets. Dans le pacifisme et même dans le patriotisme des opprimés, il y a un noyau progressiste qu’il faut savoir saisir pour en tirer les conclusions révolutionnaires nécessaires. Il faut savoir dresser l’une contre l’autre ces deux formes de pacifisme et de patriotisme.
Partant de ces considérations, la IV° Internationale appuie toute revendication, même insuffisante, si elle est capable d’entraîner les masses, même à un faible degré, dans la politique active, d’éveiller leur critique et de renforcer leur contrôle sur les machinations de la bourgeoisie.
La guerre est une gigantesque entreprise commerciale, surtout pour l’industrie de guerre. C’est pourquoi les "200 familles" sont les premiers patriotes et les principaux provocateurs de guerre. Le contrôle ouvrier sur l’industrie de guerre est le premier pas dans la lutte contre les fabricants de guerre.
Au mot d’ordre des réformistes : impôt sur les bénéfices de guerre, nous opposons les mots d’ordre : CONFISCATION DES BÉNÉFICES DE GUERRE et EXPROPRIATION DES ENTREPRISES TRAVAILLANT POUR LA GUERRE. Là où l’industrie de guerre est "nationalisée", comme en France, le mot d’ordre du contrôle ouvrier conserve toute sa valeur : le prolétariat fait aussi peu confiance à l’État de la bourgeoisie qu’au bourgeois individuel.
 Pas un homme, pas un sou pour le gouvernement bourgeois !
 Pas de programme d’armements, mais un programme de travaux d’utilité publique !
 Indépendance complète des organisations ouvrières à l’égard du contrôle militaire et policier !
Il faut arracher, une fois pour toutes, la libre disposition du destin des peuples des mains des cliques impérialistes avides et impitoyables qui agissent derrière le dos des peuples. En accord avec cela, nous revendiquons :
– Abolition complète de la diplomatie secrète ; tous les traités et accords doivent être accessibles à chaque ouvrier et paysan.
 Instruction militaire et armement des ouvriers et des paysans sous le contrôle immédiat des comités ouvriers et paysans.
 Création d’écoles militaires pour la formation d’officiers venus des rangs des travailleurs, choisis par les organisations ouvrières.
 Substitution à l’armée permanente, c’est-à-dire de caserne, d’une milice populaire en liaison indissoluble avec les usines, les mines, les fermes, etc.
La guerre impérialiste est la continuation et l’exacerbation de la politique de pillage de la bourgeoisie ; la lutte du prolétariat contre la guerre est la continuation et l’exacerbation de sa lutte de classe. L’apparition de la guerre change la situation et partiellement les procédés de lutte entre les classes, mais ne change ni les buts ni la direction fondamentale de celléci.
La bourgeoisie impérialiste domine le monde. C’est pourquoi la prochaine guerre, par son caractère fondamental, sera une guerre impérialiste. Le contenu fondamental de la politique du prolétariat international sera, par conséquent, la lutte contre l’impérialisme et sa guerre. Le principe fondamental de cette lutte sera :
"L’ennemi principal est dans notre PROPRE PAYS", ou :
"La défaite de notre propre gouvernement (impérialiste) est le moindre mal".
Mais tous les pays du monde ne sont pas des pays impérialistes. Au contraire, la majorité des pays sont les victimes de l’impérialisme. Certains pays coloniaux ou semi-coloniaux tenteront, sans aucun doute, d’utiliser la guerre pour rejeter le joug de l’esclavage. De leur part, la guerre ne sera pas impérialiste, mais émancipatrice. Le devoir du prolétariat international sera d’aider les pays opprimés en guerre contre les oppresseurs.
Les ouvriers d’un pays impérialiste ne peuvent cependant pas aider un pays anti-impérialiste par l’intermédiaire de leur gouvernement, quelles que soient, à un moment donné, les relations diplomatiques et militaires entre les deux pays. Si les gouvernements se trouvent en alliance temporaire, et au fond incertaine, le prolétariat du pays impérialiste continue à rester en opposition de classe à son gouvernement et apporte un appui à l’ "allié" non impérialiste de celui-ci par ses propres méthodes, c’est-à-dire par les méthodes de la lutte de classe internationale (agitation en faveur de l’État ouvrier et du pays colonial, non seulement contre ses ennemis, mais aussi contre ses alliés perfides : boycott et grève dans certains cas, renoncement au boycott et à la grève dans d’autres, etc.).
Au début de la guerre, les sections de la IV° Internationale se sentiront inévitablement isolées : chaque guerre prend les masses populaires à l’improviste et les pousse du côté de l’appareil gouvernemental. Les internationalistes devront nager contre le courant. Cependant, les dévastations et les maux de la nouvelle guerre qui, dès les premiers mois, laisseront loin en arrière les horreurs sanglantes de 1914-1918 auront tôt fait de dégriser les masses. Le mécontentement et la révolte de celles-ci croîtront par bonds. Les sections de la IV° Internationale se trouveront à la tête du flux révolutionnaire. Le programme des revendications transitoires prendra une actualité brûlante. Le problème de la conquête du pouvoir par le prolétariat se dressera de toute sa hauteur.
Avant d’étouffer ou de noyer dans le sang l’humanité, le capitalisme empoisonne l’atmosphère mondiale par les vapeurs délétères de la haine nationale et raciale. L’antisémitisme est aujourd’hui l’une des convulsions les plus malignes de l’agonie du capitalisme.
La dénonciation intransigeante des préjugés de race et de toutes les formes et nuances de l’arrogance et du chauvinisme nationaux, en particulier de l’antisémitisme, doit entrer dans le travail quotidien de toutes les sections de la IV° Internationale comme le principal travail d’éducation dans la lutte contre l’impérialisme et la guerre. Notre mot d’ordre fondamental reste :
Face à la guerre mondiale qui vient le prolétariat révolutionnaire doit défendre un programme militaire socialiste qui s’appuie sur les points suivants :
Défaitisme révolutionnaire
Le défaitisme est la politique du prolétariat des pays impérialistes qui souhaitent la défaite de leur impérialisme et l’utilisation de celléci pour renverser définitivement l’impérialisme.
Il n’y a pas de vrai défaitisme révolutionnaire qui ne mène pas à la prise de pouvoir par les travailleurs en armes !
Nous ne sommes pas antimilitaristes en général mais anti-armement de la bourgeoisie et pro-armement du prolétariat et du peuple travailleur auto-organisé !
Une des erreurs des pacifistes de gauche est de considérer la guerre en soi comme l’ennemi et pas l’ensemble des politiques contrérévolutionnaires de la bourgeoisie capitaliste.
En employant cette politique, Marx dévoile ici le « secret » de l’efficacité suprême de l’art militaire du prolétariat révolutionnaire qui s’exprime en premier lieu dans le défaitisme qui désagrège l’appareil militaire adverse et le rend inopérant en face de la révolution. Le principe en est qu’en sabotant le militarisme dans son pays, celui où s’effectue la révolution, on sabote en même temps le militarisme adverse. La politique militaire du prolétariat parvenu au pouvoir dans un pays, si elle vise naturellement à la défense de la révolution victorieuse, continue d’appliquer la méthode qui consiste à agir sur les arrières des pays bourgeois, en y stimulant l’activité révolutionnaire des masses.

https://www.matierevolution.fr/spip.php?article7509
https://www.matierevolution.fr/spip.php?article3400
https://www.matierevolution.fr/spip.php?article7390

Antimilitarisme révolutionnaire

ORGANISER DES COMITES LOCAUX ANTI-GUERRE ANTI-IMPERIALISTE ET CONTRE LA GUERRE CIVILE MENEE PAR LES GOUVERNEMENTS CONTRE LE PEUPLE TRAVAILLEUR SUR UN PROGRAMME D’ACTION ANTI-IMPERIALISTE ET ANTI-GUERRE DONT LES MOTS D’ORDRE ET LES MOYENS DE LUTTE SERAIENT :
Le retrait des troupes impérialistes de toutes leurs zones d’occupation (néo-coloniales ou pas) et de toutes leurs bases dans le monde
Pas un homme, pas un sou pour les sales guerres de l’impérialisme français f
A bas le budget de guerre sociale ! A bas toutes les contréréformes anti-ouvrières
L’organisation d’arrêts de travail de solidarité !
Le sabotage de l’effort de guerre impérialiste et le blocage de l’envoi de troupes ou de matériel
L’organisation de manifestations devant les casernes
L’interpellation des soldats appelés à ne pas mourir pour les banquiers, les marchands de canons f soldats français, ne soyez pas la chair à canon des capitalistes ! refusez de faire une guerre dont le peuple ne veut pas
L’appel aux soldats à former des comités de soldats f à élire leurs délégués responsables et révocables et à retourner leurs armes contre les fauteurs de guerre
La mise en place de comités de grève et d’action anti-impérialistes dans les entreprises et leurs équivalents, dans les quartiers populaires et de leurs fédérations sur tout le pays !
L’abolition de l’armée permanente et l’armement général du peuple pour se protéger du gouvernement meurtrier et de guerre sociale des gouvernants et des capitalistes !

Reconstruire la quatrième internationale sur les bases de Trotsky

Depuis la mort de Lénine et la victoire de Staline contre la révolution en Russie nous sommes en lutte pour la nouvelle (quatrième) Internationale du prolétariat qui devra remporter et assurer la victoire. Nous forgeons le nouveau parti international de la révolution prolétarienne mondiale. Nous savons que seul le nouvel essor révolutionnaire couronnera nos efforts de succès. Nous savons aussi que ce nouvel essor révolutionnaire resterait sans résultat si nos efforts subjectifs d’aujourd’hui et de toujours ne préparaient pas l’arme de la victoire et de cette façon la victoire même.

L’Internationale révolutionnaire est un seul parti international, un parti mondial ; les partis nationaux sont des sections de l’Internationale révolutionnaire. Le prolétariat est une seule classe internationale.
Il nous faut savoir sur quelles bases Trotsky entendait reconstruire l’internationale communiste révolutionnaire :
https://www.marxists.org/francais/trotsky/oeuvres/1933/10/331001a.htm
Il nous faut savoir pourquoi l’internationale de Trotsky a échoué :
https://www.matierevolution.fr/spip.php?article4250
https://www.marxists.org/francais/4int/postwar/1947/06/nt_19470627.htm
https://www.marxists.org/francais/4int/urss/natalia.htm
L’internationale à construire ne se fondera pas sur un rassemblement sans principes mais sur les bases minimales suivantes :
 L’objectif reconnu publiquement dans toute la propagande de l’élimination mondiale du capitalisme et de l’impérialisme
 Le combat contre le principal trompeur : le réformisme (et son cousin l’opportunisme), qu’il soit syndical, politique ou associatif
 Le refus du sectarisme et de l’isolement des prolétaires à l’égard des autres fractions du peuple travailleur
 Les principes des quatre premiers congrès de l’Internationale de Lénine et Trotsky
 Le programme de transition de Trotsky
 La reconnaissance de la nécessité et la lutte pour un parti mondial de la révolution

 L’objectif du pouvoir aux travailleurs et de la dictature des soviets à l’échelle mondiale et la dictature du prolétariat
 Contre l’impérialisme et la guerre, le défaitisme révolutionnaire et l’armement du prolétariat
 La défense permanente et publique de l’auto-organisation et des comités/ conseils/ soviets comme organes de classe du prolétariat et du peuple travailleur et comme mode futur d’organisation de l’Etat ouvrier

L’EFFONDREMENT MONDIAL DU CAPITALISME ET LA LUTTE CONTRE LA 3ÈME GRANDE GUERRE MONDIALE INTER-IMPÉRIALISTE ET LA LUTTE POUR LA RÉVOLUTION SOCIALISTE !

Travailleurs, femmes et jeunes du monde, lançons un message clair et net : nous n’acceptons pas d’être la chair à canons de la prochaine boucherie mondiale d’un système d’exploitation en bout de course !

La puissance américaine, elle, a lancé un message clair : le « monde occidental » (cela n’a pas d’autre signification que les alliés des USA puisque cela englobe le Japon, l’Australie ou le Canada comme l’’Europe et l’Angleterre) est sommé de préparer la guerre mondiale à toute allure et tous les États qui font partie de cette alliance internationale s’alignent les uns après les autres et engagent leurs armées dans la course aux armements les plus sophistiqués et les plus meurtriers.

La concurrence économique exacerbée et les guerres qui se multiplient (de la Syrie au Yémen, de l’Ukraine à l’Arménie et à Israël) sont le prétexte invoqué. Le monde, autrefois unifié, est désormais divisé en deux économies capitalistes (l’une autour des USA et l’autre autour du bloc Chine/Russie). La guerre économique, financière et monétaire est engagée et la guerre tout court s’annonce. Dans tous les conflits actuels, un bloc est dans un camp et l’autre dans le camp adverse. La barbarie de ces guerres est sans cesse croissante comme le montrent tous les jours l’Ukraine et Gaza.

Cette division meurtrière du monde est un choix et pas une évolution involontaire de la part des grandes puissances qui dominent non seulement l’économie mais toute la vie de l’humanité. Ce choix est directement lié à l’état dans lequel est le système économique capitaliste depuis son effondrement de 2007-2008. Certes, le capitalisme n’a jamais rimé avec pacifisme mais, depuis sa chute historique de 2007 et depuis la vague des révolutions qui a débuté dans le monde entier en 2011, le bain de sang a été la nouvelle réponse des classes exploiteuses, l’un de ces massacres étant la pandémie covid avec ses millions de morts et de blessés. Car, contrairement au discours dominant, les classes dirigeantes n’ont rien fait pour combattre la maladie, bien au contraire, trop satisfaits qu’ils étaient qu’elle frappe les peuples en pleine vague des révolutions.

C’est seulement une crise comme le système capitaliste y est habitué, nous disent tous les menteurs du monde. Et c’est faux : dans une crise les trusts, banques et établissements financiers en rouge font faillite et ferment et, en 2008, c’est le choix inverse qu’a fait le système mondial. Tous ont été sauvés par l’intervention financière massive des États et des banques centrales. Et depuis, toutes les crises ont été traitées de même : renflouées sur fonds publics. Ils ont estimé alors que chaque trust ou banque, ou assurance et autre établissement financier de grande taille qui chuterait serait « systémique » c’est-à-dire qu’elle ferait chuter tout l’ensemble du capitalisme mondial ! Mais la dette des États et des banques centrales, due au sauvetage des capitalistes « quoiqu’il en coûte », selon leur propre expression, est devenue un véritable gouffre qui va engloutir le système tout entier. Et c’est cette perspective qui les affole adjointe à celle de la vague des révolutions qui amène les classes possédantes à orienter le monde vers des dictatures, des fascismes, des guerres civiles et des guerres tout court, voire la guerre mondiale, bien que celléci ne puisse amener que la destruction de l’humanité ellémême.

Il n’y a pas de solution à cette catastrophe si on reste au sein du système capitaliste. Dire non à la guerre généralisée, c’est dire non au capitalisme et à l’impérialisme (ce système de domination de quelques grandes puissances liées aux trusts et aux banques sur le monde entier et écrasant la majorité de la population du globe). La lutte contre la guerre n’est autre que la lutte pour le socialisme, c’est-à-dire pour en finir avec l’exploitation de l’homme par le capital et pour mettre en place un nouveau mode de production débarrassé de la propriété privée des capitaux et des entreprises. Il est mensonger que le libéralisme économique ait été synonyme de liberté au sein de la société et de liberté politique. Les peuples n’ont sous le capitalisme que le choix entre des politiciens interchangeables et aussi menteurs les uns que les autres mais ils n’ont aucun choix sur la politique que ceux-ci mènent une fois au gouvernement. Démocratie et possession des richesses par une infime minorité sont antinomiques. Il est caractéristique que les peuples n’ont jamais eu le droit de décider de ce qu’il fallait faire face aux crises économiques, face aux guerres ou face aux pandémies. Plus que jamais, en phase d’effondrement historique du capitalisme, il n’est pas question de démocratie, nulle part au monde, ni dans les pays riches ni dans les pays pauvres (et il n’y a jamais et autant de pauvres dans les pays riches). Partout, les fascismes et les dictatures reviennent pour servir de béquille à un système en chute. La violence de la répression grandit partout, y compris dans les métropoles les plus riches.

C’est au peuple travailleur, aux femmes et aux jeunes de donner une réponse claire à la barbarie qui monte : la lutte contre la guerre et pour le socialisme mené par des comités issus de la mobilisation élisant des délégués révocables et contrôlés par des assemblées générales ayant pouvoir de décision, voilà d’où viendra la véritable démocratie sur laquelle fonder une société nouvelle, qui ne soit pas soumise aux possesseurs du grand capital.

Au moment où tous les gouvernants n’ont à la bouche que les mots de réarmement, de mobilisation, de service militaire, où ils proclament avoir des joujoux de mort de plus en plus sophistiqués et les vendent partout sur la planète, en particulier dans les zones de guerre, au moment où même les États qui ne sont pas officiellement en guerre soutiennent les guerres des quatre coins du monde, il importe que nous, travailleurs, femmes et jeunes, nous nous engagions dans la lutte pour en finir avec ce système finissant et sanglant. Il n’est pas question pour nous de soutenir l’un des camps contre l’autre, pas question de soutenir des trusts et des banques « nationaux » contre leurs adversaires, pas question de s’attaquer à des peuples en soutenant nos propres exploiteurs et les gouvernants à leur botte. Nous devons être pour la défaite de toutes les grandes puissances et la victoire de tous les peuples qui cherchent à s’en libérer.
Aucun gouvernement au monde capitaliste ne nous apportera ce que nous voulons car les États, qu’ils se disent ou pas démocratiques, sont directement liés au grand capital et tous les partis, de gauche, de droite ou d’extrême droite sont en fait attachés au système capitaliste et le défendent plus ou moins ouvertement. Il nous faut un gouvernement issu des comités de base du peuple travailleur, des femmes et des jeunes comme il en est apparu par ci par là au cours de la dernière vague des révolutions dite des printemps. Il nous faut le gouvernement du peuple par le peuple, la démocratie directe auto-organisée et indépendante de toutes les institutions de la vieille société toute pourrie. On ne bâtira pas l’avenir avec les structures mises en place par ses ennemis directs. Ceux qui prétendent qu’il suffit d’élire de bons gouvernements nous trompent. Ceux qui font croire qu’on peut gagner des luttes sociales sans prétendre prendre le pouvoir politique nous mentent aussi. Ces réformistes ne réforment rien du tout et moins que jamais on ne réformera pas les tueurs du capitalisme, il faut les désarmer et armer le peuple travailleur.
En finir avec les guerres, c’est faire chuter les États et c’est organiser et armer le peuple ! Ne pas nous laisser envahir par la barbarie et la guerre généralisée, c’est bâtir le socialisme ! Il n’y a pas d’autre issue !

Le monde entier marche à la guerre…

https://www.matierevolution.fr/spip.php?article6783

Nos ennemis de classe s’arment massivement...

https://www.matierevolution.fr/spip.php?article7588


LA LUTTE CONTRE L’IMPÉRIALISME ET LA GUERRE SUPPOSE LA LUTTE CONTRE LE RÉFORMISME BOURGEOIS ISSU DE RÉFORMISME OUVRIER ET QUI GANGRÈNE ENCORE LE PROLÉTARIAT !

 1914 : la mort du réformisme ouvrier !
1/ la naissance de la gauche ou l’antithèse du socialisme (le cas millerand en France)
2/ La première guerre mondiale couronne la politique bourgeoise d’intégration des appareils politiques et syndicaux : de la collaboration de classe à la gouvernance de classe. De la lutte des classes contre la bourgeoisie a la lutte des classes contre le prolétariat : les faux amis du prolétariat !
Construire des fractions communistes dans les syndicats réactionnaires et impérialistes dirigées par les agents non déclarés de la bourgeoisie comme Binet et cie
3/ Du socialisme à la politique bourgeoise des organisations se réclamant de la classe ouvrière !
4/ le stalinisme ou la contre révolution fasciste sous les oripeaux du bolchevisme et l’élimination des révolutionnaires
5/ le rôle de l’aristocratie ouvrière : base sociale du réformisme et de la collaboration de classe !

 Réformisme bourgeois et pseudo progressisme : un véritable anticommunisme dans la  phase d’effondrement du capitalisme !

La remise en cause des lumières et de l’universalisme
Le wokisme
 Le féminisme bourgeois contre les femmes prolétaires
 La théorie critique de la race, un nouveau racisme et le communautarisme
La lutte contre l’opportunisme de l’extreme gauche electoraliste et syndicaliste (npa-lo-rp-ucl-cnt)
 Le cas français : LO, NPA, RP, Fraction, CNT, Alternatives libertaires….

Réquisition des entreprises qui s’engraisse de près de ou de loin par la guerre
 Dissolution des armées permanentes et armement du prolétariat (PIQUET DE GRÈVE, MILICE OUVRIÈRE)
Pas un homme pas un sou pour l’armée du capital
Réquisition des toutes les entreprises travaillant de près ou loin pour l’armement ou profitant de la guerre par des comités de travailleurs !
A la bande d’hommes en armes qui détient le monopole de la violence et des armes dans l’intérêt privée des classes dirigeantes, nous opposons l’armement du peuple travailleur ! Appeler à former des comités de policiers et de soldats qui seront responsable devant le peuple !

Pour conclure : Pour abattre le capitalisme qui nous mène à la guerre mondiale, il nous faut abattre l’impérialisme et son agent réformiste au sein de la classe ouvrière

Nous sommes à une époque où le monde entier est sous la domination d’un petit nombre de pays allant des USA à l’Europe, du Japon à la Russie, de la Chine au Canada, en passant par l’Inde et l’Angleterre, des pays que l’on appelle impérialistes, non pas parce qu’ils seraient plus méchants que les autres mais parce qu’ils concentrent entre leurs mains la quasi-totalité des capitaux et des armes de guerre. De nobreuses nations sont opprimées par les impérialismes, par des moyens économiques et financiers aussi bien que par la guerre directe. Bien sur, les autres États sont aussi des ennemis des prolétaires et du peuple travailleur, mais ils sont bien moins puissants et déterminants. Il faut dire aussi que le prolétariat est nombreux dans les pays impérialistes et qu’il est le seul à pouvoir à casser la chaîne de l’oppression impérialiste, même si dans ces pays, l’impérialisme a pu développer une aristocratie ouvrière qui donne un fondement à tous les réformistes. L’effondrement du capitalisme sera aussi celui de l’impérialisme et celui de l’aristocratie ouvrière comme des illusions réformistes mais, en attendant, ils conservent tous un point considérable dans l’opinion ouvrière et trompent encore les travailleurs. Il est indispensable que ces derniers soient instruits dans leur tâche : abattre leur impérialisme entièrement et définitivement, en particulier désarmer les États impérialistes. C’est une tâche vitale car ces États se préparent activement à nous massacrer en masse dans une nouvelle guerre impérialiste. L’un des pires crimes du réformisme et de l’opportunisme consiste à cacher que les États impérialistes sont nos ennemis mortels. Le faux anti-impérialisme démocrate, de gauche ou de fausse extrême gauche, dénonce les gouvernants sans dire que les travailleurs devront abattre les États impérialistes et construire l’état des conseils ouvriers et des comités du peuple travailleur.

LE PARTI COMMUNISTE RÉVOLUTIONNAIRE OU LE PARTI MONDIAL DE LA RÉVOLUTION SOCIALISTE

Classe, avant-garde et parti :

Nous tenons en premier lieu à dire ce que n’est pas un parti révolutionnaire ! Il n’est pas une organisation au-dessus du prolétariat, au-dessus de la société comme le fut le parti stalinien ! il n’est pas non plus l’image déformée que le stalinisme et ses débris prétendument d’extrême gauche donnent du bolchevisme aujourd’hui ! Il n’a bien sûr rien à voir non plus avec les partis et les syndicats réformistes et opportunistes.

Léon Trotsky :
"Toute l’histoire moderne atteste que le prolétariat n’est rien sans ses organisations de classe. En même temps, l’expérience démontre que des organisations ouvrières deviennent souvent un frein pour la lutte révolutionnaire. C’est plus d’une fois que le mouvement prolétarien s’est brisé contre cette contradiction. L’exemple le plus tragique en est la catastrophe allemande, dans laquelle les organisations ouvrières dirigeantes, chacune à sa manière, ont paralysé le prolétariat par en-haut et l’ont livré désarmé au fascisme."
A/ quel type de parti révolutionnaire faut-il à la classe ouvrière ?
Ce qui semble remarquable au premier abord c’est qu’il n’existe actuellement aucun parti au monde digne du nom de parti ouvrier ou de parti révolutionnaire au point que certains commentateurs s’imaginent qu’il n’y en aura plus. Mais c’est un peu comme certains commentateurs pensent qu’il n’y aura plus de révolution prolétarienne…
En fait, c’est très loin d’être la première période de l’histoire qui soit dans cette situation depuis que le capitalisme et le prolétariat industriel existent.
Voir ici : https://www.matierevolution.fr/spip.php?article1328
A la suite des grandes défaites prolétariennes, il y a eu à chaque fois de longues périodes où la classe ouvrière ne disposait plus de partis révolutionnaires, le capitalisme soit repartant pour une phase de croissance, soit l’humanité subissant un recul violent, les classes possédantes lui imposant un assassinat en masse et les masses retombaient dans le silence politique et parfois social. Il existe même des pays où les travailleurs n’ont jamais disposé d’un parti politique ouvrier. Il n’y a aucun mécanisme automatique qui définisse d’avance les progrès et les reculs de la conscience politique ni de l’organisation politique du prolétariat.
Les aléas de l’histoire sont aussi imprédictibles en la matière qu’en ce qui concerne les luttes de classes elles-mêmes. Des pays comme le Portugal, l’Italie, la France ou les USA ont connu à certains moments des explosions du nombre de gens qui voulaient militer en révolutionnaires, explosions que rien ne prédisait auparavant. Et du coup, des occasions brutales de construire des partis révolutionnaires. Mais pas forcément de véritables politiques révolutionnaires pour appuyer ces efforts…
Le combat d’idées sur le parti révolutionnaire a ses lois. Les trahir ne mène pas au succès. Les petits et les grands manipulateurs d’organisations ne conduisent pas le prolétariat révolutionnaire vers des victoires mais vers des impasses piteuses.
L’une de ces lois incontournables est celle de la connaissance des leçons du passé. Rappelons-nous que la Révolution française a été aussi loin parce qu’elle était amrée des leçons historiques des révolutions anglaises et américaines. Le prolétariat devra en être armé de cette connaissance quand il repartira à l’assaut. C’est l’une des tâches essentielles du parti révolutionnaire. Sans lui, les travailleurs ne peuvent avoir de telles connaissances. Ils n’ont aucun moyen d’emmagasiner les leçons des luttes passées et leur analyse à l’aide d’une méthode scientifique et révolutionnaire qu’ils n’ont jamais eu l’occasion d’étudier. Ils ont encore moins la possibilité de continuer à construire scientifiquement cette méthode, le marxisme. C’est la tâche numéro un des révolutionnaires : relier les lutes présentes aux leçons des luttes du passé, non seulement de celles des époques de Marx à Lénine et à Trotsky mais aussi des révolutions qui ont suivi, de la révolution vietnamienne à la hongroise et aux vagues révolutionnaires débutées en 2011 jusqu’à aujourd’hui. Leur analyse scientifique est un fondement indispensable des politiques des classes dirigeantes (c’est en tenant compte de ses leçons que celles-ci programment actuellement guerre mondiale, fascisme, dictature et guerres civiles intercommunautaires) et doit l’être aussi pour les exploités, pour contrer les pièges des exploiteurs.
La connaissance intime de tout le passé historique des luttes de classes (y compris celles des révolutions bourgeoises et même les révolutions de l’antiquité), c’est la première chose qui distingue l’avant-garde révolutionnaire de la masse du prolétariat, qu’elle soit ou pas influencée par les réformistes politiques et syndicaux. Et il ne s’agit pas seulement de la connaissance des faits mais aussi de la liaison de ceux-ci avec une analyse scientifique de classe de toute l’Histoire, reliée de manière dynamique à une méthode scientifique et philosophique. Nous voulons bien entendu parler du marxisme, celui de Marx et Engels, enrichi par Rosa Luxemburg, Trotsky, Lénine et quelques autres. Là encore, il ne s’agit pas de faire une courbette aux anciens grands révolutionnaires, une citation par ci par là, et un compliment joliment tourné. Non, il faut que nos études actuelles prennent la suite de ces grands auteurs, même si tout le monde nous dira qu’on n’en est pas capables, qu’on n’a pas le génie de ceux-là, qu’on n’a pas leur expérience des révolutions, etc. Et c’est vrai mais necessité fait loi… La science vivante des révolutionnaires (science des révolutions mais aussi des contrérévolutions) ne peut pas se contenter de vivre d’évocations du passé et elle doit pénétrer le présent et l’avenir sous peine d’être dépassée par celle des ennemis du prolétariat. Elle doit s’emparer des meilleurs résultats des sciences et de la philosophie sous peine d’être dominée par des idées fausses (issues de l’idéalisme et de la pensée non-dialectique par exemple) qui la bloqueraient dans ses raisonnements. Les idées ne sont pas un domaine secondaire pour les révolutionnaires mais l’organisation sans la théorie révolutionnaire c’est un peu comme l’arbre sans la sève : elle est morte, tout en pouvant conserver toutes les apparences du vivant. L’organisation sans théorie révolutionnaire ne fait plus que figer des formes passées sans avoir le moindre rôle dynamique de transformation du monde.
La classe ouvrière, sans avant-garde éclairée et formée, est contrainte de retomber dans toutes les erreurs et illusions qui l’ont amené précédemment dans des impasses, de refaire les fautes déjà connues et d’en faire d’autres en plus. C’est un rôle majeur du parti révolutionnaire. Il ne dépend pas du nombre de ses militants, même si celui-ci joue un rôle dans la diffusion des idées. Encore faut-il que ces idées ne s’en tiennent pas à répéter que la société est malade du capitalisme et qu’il faudra le renverser un beau jour. Et à répéter aussi qu’il faudra alors disposer d’un grand parti révolutionnaire prolétarien. Car il y manque l’essentiel, à savoir comment le prolétariat pourra-t-il disposer de la force de réaliser ce tour de force alors que les luttes réformistes qui échouent sans cesse lui font penser qu’il ne serait même pas capable de préserver ses acquis…
Il ne suffit pas d’être révolté par la situation présente pour comprendre ce qui est extraordinaire (non magique mais seulement hors de l’ordinaire) dans les révolutions sociales dans lesquelles des masses exploitées qui se sont tues politiquement pendant des décennies se mettent à faire par elles-mêmes de la politique, à se donner les moyens et la force d’affirmer et d’imposer leur loi, des organisations de masse à la base qui pénètrent partout, se mêlent de tout et veulent décider de tout. Nous voulons parler des conseils ouvriers révolutionnaires, autrement appelés les soviets parce que c’est la révolution russe (ou plutôt les deux révolutions de février et octobre 1917) qui leur a donné la première manifestation éclatante de capacité, de courage, de force et de dynamisme.
Cette dernière remarque impose que les révolutionnaires qui souhaitent construire le parti révolutionnaire de demain soient des militants, dès aujourd’hui et même dans une phase non révolutionnaire ou pré-révolutionnaire, de l’idée soviétique, des défenseurs permanents et inébranlables de l’auto-organisation des travailleurs en masse et à la base, qui soit une organisation politique sur des bases de classe et avec des buts ouvertement révolutionnaires (lesquels nécessitent à la fois les objectifs suivants : l’organisation économique et social de toute la société au service exclusif du plus grand nombre sans aucun respect pour les intérêts des plus riches, la fin du sacro-saint droit de propriété privée sur les capitaux et les entreprises du grand capital, l’armement du prolétariat organisée en milices révolutionnaires et le désarmement des capitalistes et de leurs Etats, la suppression de tous les organismes d’Etat et le renvoi de tous les hauts fonctionnaires, généraux compris, la suppression des lois mises en place par le grand capital contre les travailleurs et l’union des conseils ouvriers avec tous ceux qui, au sein du peuple travailleur, sont des professions libérales qui n’exploitent personne et ne veulent pas défendre le grand capital). Quiconque ne ferait pas sans relâche de la propagande pour ces buts, en public comme au sein des organisations ouvrières syndicales et politiques ne serait nullement habilité à construire demain le parti révolutionnaire qui est si nécessaire à la classe ouvrière pour jouer son rôle historique de transformation de la société humaine, de sa phase exploiteuse à celle débarrassée des barbaries du passé.
Les organisations qui, dans la phase non révolutionnaire ou pré-révolutionnaire, montraient de l’opportunisme envers les partis et syndicats réformistes doivent, au contraire, être marqués d’un signe de défiance aux yeux du prolétariat car ce seront les pires ennemis de la révolution, les plus sûrs moyens de la tromper !
Ceux qui répètent sans cesse que leur but unique est la construction du parti révolutionnaire ne sont pas les plus habilités à réussir cette tâche :
https://www.matierevolution.fr/spip.php?article4923

Diverses conceptions du parti révolutionnaire :
https://www.matierevolution.fr/spip.php?article3919
Karl Marx et les buts de l’organisation du prolétariat (1850) dans « Adresse du Comité Central à la Ligue des communistes » (1850) :
« Les ouvriers contribueront eux-mêmes à leur victoire définitive bien plus par le fait qu’ils prendront conscience de leurs intérêts de classe, se poseront dès que possible en parti indépendant et ne se laisseront pas un instant détourner - par les phrases hypocrites des petits bourgeois démocratiques - de l’organisation autonome du parti du prolétariat. Leur cri de guerre doit être : La révolution en permanence ! »
https://www.matierevolution.fr/spip.php?article7325
Rosa Luxemburg : le rôle du Parti prolétarien dans la grève de masse (1906) :
« S’il est donc vrai que c’est à la période révolutionnaire que revient la direction de la grève au sens de l’initiative de son déclenchement et de la prise en charge des frais, il n’est pas moins vrai qu’en un tout autre sens la direction dans les grèves de masse revient à la social-démocratie et à ses organismes directeurs. Au lieu de se poser le problème de la technique et du mécanisme de la grève de masse, la social-démocratie est appelée, dans une période révolutionnaire, à en prendre la direction politique. La tâche la plus importante de « direction » dans la période de la grève de masse, consiste à donner le mot d’ordre de la lutte, à l’orienter, à régler la tactique de la lutte politique de telle manière qu’à chaque phase et à chaque instant du combat, est réalisée et mise en activité la totalité de la puissance du prolétariat déjà engagé et lancé dans la bataille et que cette puissance s’exprime par la position du Parti dans la lutte ; il faut que la tactique de la social-démocratie ne se trouve jamais, quant à l’énergie et à la précision, au dessous du niveau du rapport des forces en présence, mais qu’au contraire elle dépasse ce niveau ; alors cette direction politique se transformera automatiquement en une certaine mesure en direction technique. Une tactique socialiste conséquente, résolue, allant de l’avant, provoque dans masse un sentiment de sécurité, de confiance, de combativité ; une tactique hésitante, faible, fondée sur une sous-estimation des forces du prolétariat, paralyse et désoriente la masse. Dans le premier cas les grèves de masse éclatent « spontanément » et toujours « en temps opportun » ; dans le deuxième cas la direction du Parti a beau appeler directement à la grève - c’est en vain. La révolution nous offre des exemples parlants de l’un et l’autre cas. »
https://www.marxists.org/francais/luxembur/gr_p_s/greve4.htm
Lénine écrit dans La Maladie infantile du communisme (1920) :
« Qu’est-ce qui cimente la discipline du parti révolutionnaire du prolétariat ? » , « Qu’est-ce qui la contrôle ? Qu’est-ce qui l’étaye ? C’est d’abord, la conscience de l’avant garde prolétarienne et son dévouement à la révolution, sa fermeté, son esprit de sacrifice, son héroïsme. C’est, ensuite, son aptitude à se lier, à se rapprocher et, si vous voulez, à se fondre jusqu’à un certain point avec la masse la plus large des travailleurs, au premier chef avec la masse prolétarienne, mais aussi la masse des travailleurs non prolétarienne. Troisièmement, c’est la justesse de sa stratégie et de sa tactique politiques, à condition que les grandes masses se convainquent de cette justesse par leur propre expérience. A défaut de ces conditions, dans un parti révolutionnaire réellement capable d’être le parti de la classe d’avant-garde appelé à renverser la bourgeoisie et à transformer la société, la discipline est irréalisable. Ces conditions faisant défaut, toute tentative de créer cette discipline se réduit inéluctablement à des phrases creuses, à des mots, à des simagrées. Mais, d’autre part, ces conditions ne peuvent pas surgir d’emblée. Elles ne s’élaborent qu’au prix d’un long travail, d’une dure expérience ; leur élaboration est facilitée par une théorie révolutionnaire juste qui n’est pas un dogme, et qui ne se forme définitivement qu’en liaison étroite avec la pratique d’un mouvement réellement massif et réellement révolutionnaire ».
« L’histoire en général, et plus particulièrement l’histoire des révolutions, est toujours plus riche de contenu, plus variée, plus multiforme, plus vivante, "plus ingénieuse" que ne le pensent les meilleurs partis, les avant-gardes les plus conscientes des classes les plus avancées. Et cela se conçoit, puisque les meilleures avant-gardes expriment la conscience, la volonté, la passion, l’imagination de dizaines de mille hommes, tandis que la révolution est, - en des moments d’exaltation et de tension particulières de toutes les facultés humaines, - l’œuvre de la conscience, de la volonté, de la passion, de l’imagination de dizaines de millions d’hommes aiguillonnés par la plus âpre lutte des classes. De là deux conclusions pratiques d’une grande importance : la première, c’est que la classe révolutionnaire, pour remplir sa tâche, doit savoir prendre possession de toutes les formes et de tous les côtés, sans la moindre exception, de l’activité sociale (quitte à compléter, après la conquête du pouvoir politique et parfois au prix d’un grand risque et d’un danger énorme, ce qu’elle n’aura pas terminé avant cette conquête) ; la seconde, c’est que la classe révolutionnaire doit se tenir prête à remplacer vite et brusquement une forme par une autre. »
Lénine dans « Le matérialisme militant » (1922) :
« Une des erreurs les plus grandes et les plus dangereuses que commettent les communistes (comme, d’ailleurs, les révolutionnaires en général qui ont mené à bien le début d’une grande révolution), c’est de se figurer que la révolution peut être accomplie par les mains des seuls révolutionnaires. Or, pour assurer le succès de toute action révolutionnaire sérieuse, il faut comprendre et savoir appliquer pratiquement l’idée que les révolutionnaires ne peuvent jouer un rôle que comme avant garde de la classe réellement avancée et viable. L’avant garde ne remplit sa mission que lorsqu’elle sait ne pas se détacher de la masse qu’elle dirige, lorsqu’elle sait véritablement faire progresser toute la masse. Sans l’alliance avec les non communistes dans les domaines d’activité les plus divers, il ne saurait être question d’aucun succès en matière de construction de la société communiste. »
Trotsky sur l’organisation révolutionnaire en 1923 :
« Si nous prenons maintenant notre Parti bolchevik dans son passé révolutionnaire et dans la période qui suit octobre, on reconnaîtra que sa qualité tactique fondamentale la plus précieuse est sa capacité inégalée à s’orienter rapidement, à changer rapidement de tactique, à renouveler son armement et à appliquer de nouvelles méthodes, en un mot, pour effectuer des virages brusques. Des conditions historiques orageuses ont rendu cette tactique nécessaire. Le génie de Lénine lui a donné une forme supérieure. Cela ne veut pas dire, naturellement, que notre parti est complètement libéré d’un certain traditionalisme conservateur : un parti de masse ne peut pas être idéalement libre. Mais sa force et sa puissance se sont manifestées dans le fait que l’inertie, le traditionalisme, la routine, ont été réduits au minimum par une initiative tactique clairvoyante, profondément révolutionnaire, à la fois audacieuse et réaliste.
C’est en cela que consiste et doit consister la véritable tradition du parti. La bureaucratisation relativement forte de l’appareil du parti s’accompagne inévitablement du développement du traditionalisme conservateur avec tous ses effets. Il vaut mieux exagérer ce danger que le sous-estimer. Le fait indéniable que les éléments les plus conservateurs de l’appareil sont enclins à identifier leurs opinions, leurs méthodes et leurs erreurs avec le « vieux bolchevisme », et cherchent à identifier la critique du bureaucratisme avec la destruction de la tradition, ce fait, dis-je. , est déjà à lui seul l’expression incontestable d’une certaine pétrification idéologique.
Le marxisme est une méthode d’analyse historique, d’orientation politique, et non une masse de décisions préparées d’avance. Le léninisme est l’application de cette méthode dans les conditions d’une époque historique exceptionnelle. C’est précisément cette union des particularités de l’époque et de la méthode qui détermine cette politique courageuse et assurée de virages brusques dont Lénine nous a donné les plus beaux modèles, et qu’il a plus d’une fois éclairé théoriquement et généralisé. »
https://www.matierevolution.fr/spip.php?article6309
Trotsky dans « Leçons d’octobre » (1924) :
« Considérée à la lumière de notre propre expérience, l’expérience des batailles des dernières années en Europe et principalement en Allemagne, nous montre qu’il y a deux catégories de chefs enclins à tirer le Parti en arrière au moment où il lui faut accomplir le plus grand saut en avant. Les uns sont portés à voir principalement les difficultés, les obstacles et à apprécier chaque situation avec le parti pris, inconscient parfois, de se dérober à l’action. Chez eux, le marxisme devient une méthode servant à motiver l’impossibilité de l’action révolutionnaire. Les mencheviks russes représentaient les spécimens les plus caractéristiques de ce type de chefs. Mais ce type ne se limite pas au menchevisme et, au moment le plus critique, se révèle dans le parti le plus révolutionnaire, chez les militants occupant les plus hauts postes. Les représentants de l’autre catégorie sont des agitateurs superficiels. Ils ne voient pas les obstacles tant qu’ils ne s’y heurtent pas de front. Leur coutume d’éluder les difficultés réelles en jonglant sur les mots, leur optimisme extrême dans toutes les questions se transforment inévitablement en impuissance et en pessimisme quand vient le moment de l’action décisive. Pour le premier type, pour le révolutionnaire mesquin, gagnépetit, les difficultés de la prise du pouvoir ne sont que l’accumulation et la multiplication de toutes les difficultés qu’il est habitué à voir sur son chemin. Pour le second type, pour l’optimiste superficiel, les difficultés de l’action révolutionnaire surgissent toujours soudainement. Dans la période de préparation, ces deux hommes ont une conduite différente l’un apparaît comme un sceptique sur lequel il est impossible de compter fermement au point de vue révolutionnaire ; l’autre, par contre, peut sembler un révolutionnaire ardent. Mais, au moment décisif, tous deux marchent la main dans la main, s’élèvent contre l’insurrection. Pourtant, tout le travail de préparation n’a de valeur que dans la mesure où il rend le Parti, et surtout ses organes dirigeants, capables de déterminer le moment de l’insurrection et de la diriger. Car la tâche du Parti communiste est de s’emparer du pouvoir afin de procéder à la refonte de la société. »
https://www.matierevolution.fr/spip.php?article1461
Trotsky dans « Les questions du régime intérieur du parti » (1928) :
« Lénine et nous avec lui, nous redoutions, avant tout, que le Parti communiste russe, disposant des puissantes ressources d’un État, n’exerçât une influence excessive, écrasante, sur les jeunes partis d’Occident qui venaient de s’organiser. Lénine, sans se lasser, multipliait les mises en garde contre un accroissement prématuré du centralisme, contre toute avance exagérée du Comité exécutif et du Présidium dans cette voie, et surtout contre des formes et méthodes d’assistance qui se transformeraient en commandement direct, n’admettant aucun recours en appel.
La rupture se produisit en 1924, sous le nom de " bolchevisation ". Si l’on entend, par bolchevisation, l’épuration du parti par l’élimination d’éléments et d’habitudes hétérogènes, celle des fonctionnaires sociaux-démocrates accrochés à leurs postes, des francs-maçons, des démocrates-pacifistes, des confusionnistes spiritualistes, etc., alors cette besogne s’accomplit dès le premier jour de l’existence de l’Internationale communiste ; lors du IVe Congrès, elle prit des formes très actives à l’égard du Parti communiste français. Mais cette bolchevisation véritable se liait indissolublement, autrefois, à l’expérience propre des sections nationales de l’Internationale communiste et s’étendait à partir de cette expérience ; elle avait comme pierre de touche les questions de politique nationale, qui s’élevaient jusqu’à devenir des problèmes internationaux. La " bolchevisation " de 1924 ne fut qu’une caricature ; on mit le revolver sur la tempe des organisations dirigeantes des partis communistes, en exigeant d’elles que, sans informations ni débats, elles prissent immédiatement et définitivement position sur les divergences internes du Parti communiste de l’U.R.S.S. ; elles savaient d’avance que les positions prises détermineraient leur maintien dans l’Internationale communiste ou leur rejet hors de ses rangs.
Pourtant, en 1924, les partis communistes européens n’avaient pas les moyens de résoudre les problèmes qui étaient posés dans la discussion russe, où s’ébauchaient à peine dans la nouvelle étape de la dictature du prolétariat deux tendances de principe. Il est évident qu’après 1924, le travail d’épuration demeurait indispensable, et, dans de nombreuses sections, des éléments hétérogènes furent éliminés à juste titre. Mais, considérée dans son ensemble, la " bolchevisation " consistait chaque fois à désorganiser les directions qui se formaient dans les partis communistes occidentaux, en utilisant comme un coin les différends russes que l’appareil d’État enfonçait à coups de marteau. Tout cela se dissimulait sous l’étendard de la lutte contre l’esprit de fraction.
Quand, au sein du parti de l’avant-garde prolétarienne, des fractions viennent à se cristalliser, menaçant de le rendre pour longtemps inapte au combat, il est évident que le parti est dans la nécessité de prendre une décision : faut-il laisser au temps la possibilité d’opérer une vérification supplémentaire, ou bien faut-il reconnaître immédiatement que la scission est inévitable ? Un parti de combat ne peut être une somme de fractions tirant à hue et à dia. Sous sa forme générale cette idée est incontestable. Mais user de la scission comme d’un moyen préventif contre les divergences de vues, amputer tout groupe ou groupement qui fait entendre la voix de la critique, c’est transformer la vie intérieure du parti en une succession d’avortements dans l’organisation. De telles, méthodes, loin de contribuer à la perpétuation et au développement de l’espèce, ne font qu’épuiser l’organisme générateur, c’est-à-dire le parti. La lutte contre l’esprit de fraction devient plus dangereuse que cet esprit lui-même.
A l’heure actuelle, les premiers fondateurs de presque tous les partis communistes du monde ont été mis en dehors de l’Internationale, sans excepter son ex-président. Dans presque tous les partis, les groupes qui en guidèrent le développement pendant deux périodes consécutives sont exclus ou mis à l’écart. En Allemagne, le groupe Brandler n’a maintenant qu’un pied dans le parti ; le groupe Maslow n’a pas franchi son seuil. En France, les anciens groupes de Rosmer-Monatte, Loriot, Souvarine, ont été exclus ; il en va de même pour le groupe Girault-Treint, qui occupa la direction pendant la période suivante. En Belgique, on a exclu le groupe de Van Overstraeten. Si le groupe de Bordiga, qui donna naissance au Parti communiste italien, n’est qu’à moitié exclu, cela s’explique par les conditions du régime fasciste. En Tchécoslovaquie, en Suède, en Norvège, aux États-Unis, en un mot dans presque tous les partis du monde, des événements plus ou moins analogues se sont produits depuis la mort de Lénine. »
https://www.matierevolution.fr/spip.php?article6671
Le parti révolutionnaire, vu par Trotsky en 1931 :
https://www.matierevolution.fr/spip.php?article1461
Trotsky dans "Réponse à des questions concernant les Etats Unis" (1940) :
« Avant tout, qu’est ce qui caractérise un parti prolétarien ? Personne n’est obligé de militer dans un parti révolutionnaire, mais, s’il le fait, il prend son parti au sérieux. Quand on ose appeler le peuple à un changement révolutionnaire de société, on porte une énorme responsabilité qu’il faut prendre très au sérieux. Et qu’est-ce que notre théorie, sinon, simplement l’outil de notre action ? Cet outil, c’est la théorie, marxiste, parce que, jusqu’à présent, nous n’en avons pas trouvé de meilleur. Un ouvrier ne se livre à aucune fantaisie avec ses outils : si ce sont les meilleurs outils qu’il puisse avoir, il en prend grand soin ; il ne les abandonne pas et n’exige pas des outils fantaisistes, qui n’existent pas »

Nombre de militants révolutionnaires croient résumer la pensée de Lénine en disant : il nous faut un parti révolutionnaire et la pensée de Trotsky en disant que la crise de la société se résume à l’absence d’une direction révolutionnaire.
Bien entendu, le parti est une question cruciale. Mais quel cuisinier dirait que la question de la gastronomie se résume à mettre beaucoup de sel ?
Bien entendu, nous sommes ici victimes de la version stalinienne de la révolution d’octobre et du bolchevisme.
Nous allons ici essayer de montrer que nos glorieux prédécesseurs ne voyaient pas les choses ainsi. Ils étaient pour que la classe ouvrière intervienne sur le terrain politique, contrairement aux anarchistes, brigue le pouvoir politique par la révolution. Mais ils n’isolaient pas cette question du parti d’une autre question cruciale : le lien avec l’action autonome des masses.
Bien des militants révolutionnaires oublient que les révolutionnaires communistes voyaient dans le prolétariat la classe révolutionnaire et non dans ses organisations, qu’elles soient révolutionnaires ou syndicales.
Le parti ou le syndicat ne remplacent pas la classe. Les militant du parti ou du syndicat qui estime que son organisation doit décider ... en lieu et place des travailleurs n’est pas révolutionnaire, même si honnêtement il ne le sait pas ...
Nous ne voulons pas développer une thèse selon laquelle la spontanéité des masses suffirait à régler tous les problèmes. Nous sommes partisans de la construction d’un parti révolutionnaire mais nous estimons que la signification de celui-ci est complètement perdue lorsque les militants estiment que l’organisation révolutionnaire est un but en soi.
https://www.matierevolution.fr/spip.php?article843
Léon Trotsky dans « La France à un tournant » (mars 1936) :
« Comprendre clairement la nature sociale de la société moderne, de son Etat, de son droit, de son idéologie constitue le fondement théorique de la politique révolutionnaire. La bourgeoisie opère par abstraction (« nation », « patrie », « démocratie ») pour camoufler l’exploitation qui est à la base de sa domination. (…) Le premier acte de la politique révolutionnaire consiste à démasquer les fictions bourgeoises qui intoxiquent les masses populaires. Ces fictions deviennent particulièrement malfaisantes quand elles s’amalgament avec les idées de « socialisme » et de « révolution ». Aujourd’hui plus qu’à n’importe quel moment, ce sont les fabricants de ce genre d’amalgames qui donnent le ton dans les organisations ouvrières françaises. »
Léon Trotsky dans « L’étape décisive » (juin 1936) :
« Le mot d’ordre de comités ne peut être abordé que par une véritable organisation révolutionnaire, absolument dévouée aux masses, à leur cause, à leur lutte. Les ouvriers français viennent de montrer de nouveau qu’ils sont dignes de leur réputation historique. Il faut leur faire confiance. Les soviets sont toujours nés des grèves. La grève de masse est l’élément naturel de la révolution prolétarienne. D’atelier en atelier, d’usine en usine, de quartier en quartier, de ville en ville, les comités d’action doivent établir entre eux une liaison étroite, se réunir en conférences par villes, par branches de production, par arrondissements, afin de couronner le tout par un congrès de tous les comités d’action de France. »
Un point à ne jamais oublier : ni le parti communiste révolutionnaire ni l’Etat ouvrier ne peuvent se substituer au prolétariat révolutionnaire
https://www.matierevolution.fr/spip.php?article4731
Léon Trotsky dans « La France à un tournant » (28 mars 1936) :
"L’émancipation des ouvriers ne peut être l’oeuvre que des ouvriers eux-mêmes. Il n’y a donc pas de plus grand crime que de tromper les masses, de faire passer des défaites pour des victoires, des amis pour des ennemis, d’acheter des chefs, de fabriquer des légendes, de monter des procès d’imposture, — de faire en un mot ce que font les staliniens. Ces moyens ne peuvent servir qu’à une fin : prolonger la domination d’une coterie déjà condamnée par l’histoire. Ils ne peuvent pas servir à l’émancipation des masses. Voilà pourquoi la IVe Internationale soutient contre le stalinisme une lutte à mort.
Il va sans dire que les masses ne sont pas sans péché. Nous ne sommes pas enclins à les idéaliser. Nous les avons vues en des circonstances variées, à diverses étapes, au milieu des plus grands bouleversements. Nous avons observé leurs faiblesses et leurs qualités. Leurs qualités : la décision, l’abnégation, l’héroïsme trouvaient toujours leur plus haute expression dans les périodes d’essor de la révolution. A ces moments, les bolcheviks furent à la tête des masses. Un autre chapitre de l’histoire s’ouvrit ensuite, quand se révélèrent les faiblesses des opprimés : hétérogénéité, insuffisance de culture, manque d’horizon. Fatiguées, déçues, les masses s’affaissèrent, perdirent la foi en elles-mêmes et cédèrent la place à une nouvelle aristocratie. Dans cette période les bolcheviks (les "trotskistes") se trouvèrent isolés des masses. Nous avons pratiquement parcouru deux cycles semblables : 1897-1905, années de flux ; 1907-1913, années de reflux ; 1917-1923, années marquées par un essor sans précédent dans l’histoire ; puis une nouvelle période de réaction qui n’est pas encore finie. Grâce à ces événements, les "trotskistes" ont appris à connaître le rythme de l’histoire, en d’autres termes la dialectique de la lutte des classes. Ils ont appris et, me semblét-il, réussi à subordonner à ce rythme objectif leurs desseins subjectifs et leurs programmes. Ils ont appris à ne point désespérer parce que les lois de l’histoire ne dépendent pas de nos goûts individuels ou de nos critériums moraux. Ils ont appris à subordonner leurs goûts individuels à ces lois. Ils ont appris à ne point craindre les ennemis les plus puissants, si la puissance de ces ennemis est en contradiction avec les exigences du développement historique. Ils savent remonter le courant avec la conviction profonde que l’afflux historique d’une puissance nouvelle les portera jusqu’à l’autre rive. Pas tous ; beaucoup se noieront en chemin. Mais participer au mouvement les yeux ouverts, avec une volonté tendue, telle est bien la satisfaction morale par excellence qui puisse être donnée à un être pensant !"
Léon Trotsky dans "Leur morale et la nôtre" :
"Lénine expliquait aux amateurs de "problèmes politiques concrets" que notre politique n’est pas de caractère conjoncturel mais principiel ; que la tactique est subordonnée à la stratégie ; que, pour nous, le sens fondamental de chaque campagne politique est de mener les travailleurs des questions particulières aux problèmes généraux, c’est-à-dire de les amener à la compréhension de la société moderne et du caractère de ses forces fondamentales."
Léon Trotsky dans "Défense du marxisme" dans le paragraphe "contre le pseudo "réalisme" politique" :
"Les époques réactionnaires comme la nôtre non seulement désagrègent et affaiblissent la classe ouvrière en isolant son avant-garde, mais aussi abaissent le niveau idéologique général du mouvement en rejetant la pensée politique loin en arrière, à des étapes dépassées depuis longtemps. Dans ces conditions, la tâche de l’avant-garde est avant tout de ne pas se laisser entraîner par le reflux général. Il faut aller contre le courant. Si le rapport défavorable des forces ne permet pas de conserver les positions politiques précédemment occupées, il faut se maintenir au moins sur les positions idéologiques, car c’est en elles qu’est concentrée l’expérience chèrement payée du passé. Une telle politique apparaît aux yeux des sots comme du "sectarisme". En réalité elle ne fait que préparer un nouveau bond gigantesque en avant, avec la vague de la prochaine montée historique."
Léon Trotsky dans "Bolchevisme contre stalinisme" :
« La situation politique mondiale dans son ensemble se caractérise avant tout par la crise historique de la direction du prolétariat. »
Léon Trotsky dans "Le programme de transition" :
« Engels a écrit un jour que Marx et lui-même étaient restés toute leur vie en minorité et qu’ils s’en étaient toujours " bien trouvés ". Les périodes où le mouvement des classes opprimées s’élève au niveau des tâches générales de la révolution représentent les très rares exceptions de l’histoire. »
Léon Trotsky dans "Moralistes et sycophantes contre le Marxisme" (1939) :
« Le parti révolutionnaire du fait qu’il représente les intérêts permanents de la classe ouvrière est obligé, pendant la plus longue période de son existence peut-être, de lutter contre le courant, contre les conceptions petitébourgeoises. Il y a des moments plus courts dans l’existence du parti où le groupement qui a su lutter contre le courant va avec le courant, les évènements viennent donner une confirmation éclatante à ses conceptions antérieures. »
Barta dans un texte de début août 1944 :
« Le parti, ce n’est pas d’abord un appareil de militants ni une masse d’adhérents, ce n’est pas d’abord des structures organisationnelles. Ce n’est pas seulement une direction mais surtout une orientation, des analyses, des perspectives et une politique. Ces dernières ne doivent pas avoir comme critère la sauvegarde du groupe, mais d’abord les intérêts de classe. Les communistes n’ont pas d’intérêts particuliers de leur groupe à défendre, disait Marx dans « Le Manifeste Communiste ». Etre communiste, ce n’est s’isoler du reste du mouvement ouvrier mais ce n’est pas non plus mettre son drapeau dans sa poche dès qu’il y a des affrontements entre perspectives opposées. La perspective communiste est celle qui n’oublie jamais la perspective du renversement total, mondial et définitif du capitalisme, même dans une période où ce changement pourrait sembler très éloigné, même si les travailleurs eux-mêmes semblent loin d’être sensibles à cette perspective. Les communistes révolutionnaires ne se servent pas de leur particularité pour se détourner du mouvement ouvrier réel et se mettre en retrait. Mais ils ne pratiquent pas non plus l’opportunisme consistant à s’adapter pour avoir plus de succès. En somme, ni sectarisme, ni opportunisme : le chemin est étroit. La confiance en l’avenir communiste ne résulte pas de la confiance dans des leaders suprêmes mais dans les capacités que les prolétaires ont déjà montré dans l’Histoire et dans la connaissance des lois de la lutte des classes.
Dans le passé, ce sont les groupes et partis révolutionnaires qui se sont souvent fait bien plus de mal que la bourgeoisie ne leur en a fait. Ce n’est pas dans les prisons, dans les tortures, face aux pelotons d’exécutions que des groupes révolutionnaires ont théorisé leurs reculs, leurs capitulations, leurs dérives ou leurs renoncements. Au contraire, c’est au plus haut sommet de leurs succès qu’ils ont cédé à la pression de la réussite. Même le parti bolchevique. C’est lorsqu’ils étaient en situation de jouer un rôle important et même décisif que les groupes communistes révolutionnaires (en tout cas qui se revendiquaient de cette perspective) ont reculé politiquement. Il ne suffit pas de dénoncer ces renonciations. Il faut aussi les analyser. Elles ne concernent pas que leurs auteurs mais tous les militants révolutionnaires. Sur ce terrain aussi, qui ne tire pas des leçons du passé sera rattrapé par lui. La première des leçons est que le sectarisme et l’opportunisme sont des frères jumeaux. La deuxième est que ceux qui placent l’organisation (ou sa direction) au dessus des perspectives, ceux qui renoncent à l’analyse théorique, se préparent des lendemains difficiles. Il ne suffit pas de prétendre faire d’un groupe un corps homogène, prétendument imperméable aux influences extérieures (surtout celle des autres groupes révolutionnaires) pour bâtir une cohésion politique. Il faut étudier, d’abord étudier et encore étudier… Etudier les luttes passées, les conditions des révolutions, les modes de fonctionnement de la société et de la nature. Celui qui continue à apprendre du monde en changement permanent n’est pas sujet à la maladie de l’auto-centrage. Le monde ne tourne pas autour de notre nombril. Le fixer avec admiration ou avec fascination ne peut pas être une politique. Se gargariser du mot de construction du parti n’est en rien une recette pour le construire. S’approprier la conscience des fonctionnements du monde y rapproche bien plus et permet bien plus aussi de rejoindre un jour un autre mouvement de la conscience : celui d’un prolétariat qui tirera les leçons de ses propres expériences. Les autres raccourcis ou prétendus tels mènent dans le mur… »

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