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République du crime ou pouvoir aux travailleurs

vendredi 30 mai 2025, par Alex, Waraa

De Robert Boulin à Henri Curiel, de Jaurès à R. Luxemburg et Trotsky : quand la gauche et la droite bourgeoises assassinent.

Introduction

Le massacre en masse des Palestiniens de la bande de Gaza par l’armée israélienne a remis à l’ordre du jour les assassinats collectifs, par une armée, d’une population où les innocents, comme pendant l’occupation allemande en France, sont déclarés « solidaires » des assassins (en l’occurrence du Hamas), c’est-à-dire devant être « punis » solidairement.

Les révélations publiques récentes concernant l’Affaire Robert Boulin, ont remis à l’ordre du jour la question des assassinats de « personnalités » par des tueurs recrutés par l’Etat, qui en 1979 était dirigé par le centre-droit V. Giscard d’Estaing et Raymond Barre mais souvent aux mains des « gaullistes ».

Pourquoi tous les partis de gauche et d’extrême-gauche, comme les syndicats, gardent-ils le silence sur l’affaire Boulin dont les dernières révélations pourraient en faire un nouveau scandale de Panama ? Pour la même raison qu’ils gardent le silence sur l’affaire Bétharram. Ils protègent l’Etat bourgeois, se gardant de dissiper les illusions dans la démocratie, comme si l’extrême droite était le seul danger mortel pour la classe ouvrière.

Assassinat de R. Boulin

Robert Boulin était ministre du Travail, ministre de droite depuis près de vingt ans, lorsqu’il mourut assassiné, le 29 octobre 1979. Ni Giscard président de la République (1974-1981), ni Chirac ancien premier ministre (1974-1976), futur président de la République (1995-2007), n’assistèrent à son enterrement. Le 1er ministre « modéré » Raymond Barre (1976-1981) fit semblant de faire confiance aux enquêteurs, qui dès le premier jour inventèrent de toutes pièces la thèse du suicide de son ministre.

Les responsabilités, sans doute de Chirac, avec certitude de Pasqua (ministre de l’intérieur 1986-1988 puis 1993-1995) et du SAC (Service d’action civique fondé par de Gaulle en 1960) dans l’assassinat de Robert Boulin, plus ou moins connues depuis longtemps, ont été rendues publiques par un media d’extrême droite qui a donné la parole, à visage ouvert, à Elio Darmon, témoin dès novembre 1979 des aveux des deux tueurs, confirmant leur nom déjà évoqués dans la presse : Henri Geliot (mort en 1986) et Jean-Pierre Maïone-Libaude (mort en 1982). Ces deux tueurs étaient membres du SAC, une bande d’exécutants des basses œuvres de l’Etat, allant jusqu’au meurtre, aux ordres du parti gaulliste RPR, obéissant à Debizet chef du SAC, et travaillant occasionnellement comme tueurs à gages pour la police (Office central pour la répression du banditisme).

Boulin n’était pas un politicien du "camp des travailleurs", mais, en 1979, il était en passe de devenir premier ministre, puis candidat gaulliste en 1981, élection présidentielle où Chirac ne supportait pas la concurrence d’un gaulliste social historique. Face à un Boulin, Chirac n’aurait pu se présenter comme le recours gaulliste alors qu’il usurpait cette étiquette, détesté qu’il était par bien des « barons » historiques du gaullisme (Chaban Delmas, Pons, Guichard, Sanguinetti). Dès le jour du meurtre de Boulin, l’enquête fut bâclée, les pièces gênantes disparurent. Fabienne Boulin, sa fille, expliquait récemment « C’est un crime couvert par la raison d’Etat. Des gens se servent de l’Etat pour régler leurs comptes personnels. Ce ne sont pas tous les policiers, pas tous les magistrats. Dans ce dossier le SAC est omniprésent. Il y avait une violence extrême à cette époque, les droites s’affrontaient. C’est une affaire énorme. Quand les français voudront bien regarder leur pays tel qu’il est, avec les maffieux qui font partie de l’Etat, on progressera dans l’affaire Boulin. Nous avons ouvert une action contre l’Etat. La juge voulait déclarer un non-lieu, l’arrivée à la dernière minute du témoin Elio Darmon l’a empêchée d’écarter la thèse de l’assassinat. Je le remercie de son courage. Toujours rien ne se passe, mais je suis têtue, je crois en la vérité ».

C’est donc une radio d’extrême-droite, qui a donné la parole à F. Boulin et à un témoin décisif ! Après quarante-cinq ans de mensonges, c’est encore la thèse du suicide que maintient la « justice ». Ce témoin de l’affaire Boulin a pris contact avec la justice début 2025, et a décidé de témoigner publiquement. Car, âgé de 78 ans, malade, il a voulu soulager sa conscience avant de mourir. Parler avant l’aurait fait condamner à mort par cette mafia de l’Etat, ainsi que sa famille.

Elio Darmon, truand à l’époque, fréquentait un club sordide à Ville d’Avray, où se retrouvaient voyous, juges et flics, comme dans les films de Belmondo. Le procureur de la République de Versailles (le Procureur général près la Cour d’appel de Versailles, Louis-Bruno Chalret, circonscription où le corps de Robert Boulin a été retrouvé), les policiers de la SRPJ de Versailles chargés de l’enquête sur la mort de R. Boulin, qui protégeaient le club, y trinquaient avec les assassin de R. Boulin, avec les services secrets (Jean Piere Lenoir), et Pierre Debizet, le président du SAC, orchestrateur de l’assassinat de R. Boulin sous les ordres Charles Pasqua. Car, raconte le témoin, Debizet à la Toussaint 1979 eût un entretien avec deux de ses hommes de main qui firent un compte-rendu de leur meurtre : « on l’a tabassé, et il est mort dans nos mains ». C’était lors d’une fête arrosée au champagne, où Debizet se vantait d’avoir récupéré auprès de Boulin des dossiers compromettant sur le RPR. Au dessus de Debizet président du SAC se trouvait Pasqua, au dessus de Pasqua, Chirac. « A l’époque je n’avais pas les épaules pour lutter contre Pasqua et sa clique. Ils m’auraient descendu ». C’est la raison pour laquelle pendant 45 ans le témoin a gardé le secret sur ce dialogue.

Bernard Fonfred, secrétaire et assistant parlementaire de Robert Boulin, a témoigné dans le même sens.

L’ « affaire Boulin » réapparait donc. Mais elle n’est pas isolée. Elle fait partie d’une série. En effet, d’autres ministres ont été éliminés de manière aussi bizarre et à la même époque.
On y retrouve aussi le nom de Sarkozy. Bien des affaires louches le concernant sont restées secrètes. Et pour cause.

Il a démarré dans les petits papiers de Pasqua et du SAC, une milice fasciste et barbouze, dans ceux du maire de Neuilly, Péretti, chef d’un clan corse et aussi du SAC. Vous savez, c’est l’époque où les ministres valsaient, De Broglie, Boulin, Fontanet, qu’on retrouvait « suicidés » bizarrement et peut-être aidés en cela par le SAC, disent certaines mauvaises langues, service d’élimination auquel appartenait le jeune Sarkozy. C’est bien entendu un parfait hasard si c’est sous le ministère de l’intérieur de Sarkozy que le dossier Boulin a été "malencontreusement" vidé de son contenu...

Il y a en a des choses où on retrouve Sarkozy, des détournements de fonds de l’affaire Karachi à l’affaire de l’assassinat du préfet Erignac. Saviez-vous, pour ne prendre qu’un seul exemple, que le présumé assassin appelé "le berger de Cargèse" est tellement connu de la famille Sarkozy que le jeune Sarkozy avait lui-même fait "un stage de berger" en Corse. Et où ? A Cargèse ? Et pourquoi ? parce que Sarkozy père a épousé une parente de Péretti pour devenir maire de Neuilly et ainsi, a intégré un clan corse juste à côté de Cargèse. Il est donc lui-même directement mêlé à l’affaire Erignac !!! Mais personne ne l’a dénoncé...

Les truands du patronat - L’assassin était chez Citröen

Tels sont les titres de deux livres parus peu avant l’assassinat de R. Boulin par les agents du SAC aux ordres de Pasqua. Car le SAC ne s’arrêtait pas aux conflits entres serviteurs du patronat (Boulin, Chirac etc). Le SAC fournissait aussi des tueurs au service du patronat, pour éliminer des syndiqués CGT pourtant serviteurs dociles d’un appareil stalinisé :

Dans la nuit du 5 juin 1977 à Reims, les « truands du patronat » abattaient Pierre Maître, ouvrier en grève des Verreries Mécaniques Champenoises, syndiqué à la CGT. Dès le lendemain du meurtre il s’avérait que l’assassin était employé chez Citroën, membre de la milice patronale C.F.T., membre du S.A.C. et du RPR.

L’assassin était chez Citroën

L’assassin était chez Citroën (1978), faisait suite à Les truands du patronat (1977) deux livres écrit par Marcel Caille, secrétaire de la CGT, dont la promotion par les Editions Sociales du PC affirmait

« Après « Les truands du patronat », livre explosif bourré de noms, de faits précis, d’accusations claires et nettes, après « Henri Rollin, militant chez Simca-Chrisler », de nouvelles révélations sur le chantage, la corruption, la séquestration, les passages à tabac, les attentats, les opérations de commando contre les grévistes, les milices patronales, les formations anti-syndicales, les hold-up, le fichage, la surveillance, la filature, etc. Avec ce véritable dossier réquisitoire, c’est l’oppression des travailleurs qui apparait au grand jour, ce sont les multiples atteintes aux libertés qui sont révélées. Des assassins de Reims au casse de Nice, la France des gangsters et protégés apparaît en son entier. »

La C.F.T était la Confédération Française du Travail, organisation syndicale jaune d’extrême-droite, créé en 1959, et qui changea de nom en 1977, devenant Confédération des Syndicats Libres (CSL), justement à cause des scandales créés par les assassinats organisés par la CFT, dénoncés dans ces livres. Le premier secrétaire général de la CFT fut Jacques Simakis, proche de Pierre Debizet.

Dans son livre « L’établi », le militant maoïste P. Linhardt décrivait ainsi la CFT :
« Nous avons parmi nous des mouchards de toutes nationalités, et surtout le syndicat maison, la C.F.T., ramassis de briseurs de grève et de truqueurs d’élections. ce syndicat jaune est l’enfant chéri de la direction : y adhérer facilite la promotion des cadres et, souvent, l’agent de secteur contraint des immigrés à prendre leur carte, en les menaçant de licenciement, ou d’être expulsés des foyers Citroën  »

Un ouvrier témoigne à l’époque :

« Actuellement je travaille aux usines Aulnay-Citroën. Je m’appelle Topal Ismaël, je suis de nationalité turque. Depuis 34 jours, chaque fois que je me présente à l’usine, je me fais appeler au bureau de l’agent de secteur et là, ils me battent systématiquement, ils me donnent des coups. Après m’avoir battu sérieusement, ils me disent « il faut que tu signes cette lettre » qui est la lettre de démission de la CGT. « Sinon nous te tuerons ». Je leur réponds que je ne veux pas ».

Assassinats d’H. Curiel et P. Goldman

L’assassinat de R. Boulin en 1979 n’est donc que la partie émergée d’un iceberg de meurtres similaires. Parmi eux ceux de H. Curiel, P. Goldman (demi-frère du chanteur connu Jean-Jacques Goldman), revendiqués à l’époque par l’organisation « Honneur de la Police ». Plusieurs témoignages ont récemment, comme dans l’affaire Boulin, donné publiquement les noms des tueurs. Ce ne sont pas des dénonciations, les tueurs eux-mêmes avant de mourir voulaient accéder à la célébrité, entrer au Panthéon bourgeois des tueurs anti-communistes !

Par exemple l’un d’eux a fait écrire sa biographie sous le titre « Le roman vrai d’un fasciste français » :

« En ce printemps 1976, toutes les têtes brûlées que compte l’extrême-droite s’enthousiasment pour la guerre civile qui ravage Beyrouth. Beaucoup de cathos traditionalistes qui, soucieux de soutenir leurs « frères » libanais contre les « islamo-progressistes » ont initié ce début de croisade. (...) Très paradoxalement, ces hérauts de l’Occident chrétien partis risquer leur vie dans ce Moyen-Orient compliqué, avouent retrouver dans les jeunes de banlieue en partance pour le jihad une sorte de continuité. Olivier Lenormand ne dit pas autre chose : « Les petits beurs des cités qui partent en Syrie ou ailleurs au nom de l’Islam sont nos lointains homologues. Nous détestions, comme eux, le Système. Nous étions jeunes et rebelles, dangereux et violents, et nous croyions en quelque chose qui dépassait de loin la seule politique. (...) La filière est connue de toutes les chapelles de l’extrême-droite qui se refilent les bonnes adresses : un aller simple pour Lacarna Airport à Chypre, puis le couvent de bonnes soeurs qui offent le gîte et le couvert ; et de là embarquement pour le port de Jounieh au Liban (...) On nous a situé Curiel comme un agent de la subversion internationale, ce qui était vrai et l’article de Suffer dans « Le Point » était très clair là-dessus. Mais au profit de qui on l’a flingué, ça je n’en sais rien. A l’époque j’ai le sentiment que nous avons sous-traité l’opération pour un autre Etat.

 C’est qui les donneurs d’ordre ?

 On bosse pour Debizet, point final. A l’époque les attentats et les cimes politiques c’était monnaie courante (...) D’ailleurs Aldo Moro, assassiné par les Brigades Rouges, c’est quelques jours après Curiel le 9 mai. Mais encore faut-il savoir ce qu’il y a derrière les Brigades Rouges. »

L’éditeur résume ainsi ce livre de "confidences" d’un fasciste au service de l’Etat "démocratique" :

« En 2012, peu avant de mourir, un homme revendique - à visage couvert - sa participation à l’assassinat de Pierre Goldman. Quant à son implication dans l’exécution d’Henri Curiel, elle est pour la première fois révélée dans ce livre. Cet homme, c’est René Resciniti de Says. Membre de l’Action Française en mai 68, parachutiste parti guerroyer dans les Phalanges libanaises et en Afrique aux côtés de Bob Denard, instructeur militaire en Amérique latine. Dans ce roman « vrai », Christian Rol revient sur les assassinats commandités au plus haut niveau. Au-delà de l’affaire d’Etat dont Resciniti de Says fut la main armée par les « services », il parle d’une jeunesse militante au coeur des groupuscules d’extrême droite : Occident, ou Ordre Nouveau qui furent un vivier riche en gros bras pour les services parallèles du pouvoir de l’époque et en futur leaders politiques de la France d’aujourd’hui. »

Oui, c’est la mort d’une génération qui fait sortir peu à peu des noms, mais celle qui leur a succédé, celle de Hollande, Sarkozy, et qui a maintenu le secret sur tous ces dossiers, est bien encore présente !

Asassinats de R. Luxemburg et K. Liebknecht

Alors que ni Boulin, ni Curiel, ni Goldman, n’étaient des militants du mouvement ouvrier, les ouvriers conscients doivent dévoiler ces mécanismes de l’Etat bourgeois, car ils en restent les cibles privilégiées. De plus, dissiper les illusions sur la "démocratie" est une question de vie ou de mort. Les 6 millions de juifs exterminés par Hitler avaient été anesthésiés avant par la gauche politique.

La social-démocratie à partir de 1914, les staliniens à partir de la fin des années 20, ont été les pires assassins des militants révolutionnaires de la classe ouvrière, meurtres individuels ou collectifs.

La gauche réformiste (PS, CGT, rejoints par le PCF en 1935) a inauguré en 1914 sa participation gouvernementale par le crime de masse contre le prolétariat que fut la boucherie impérialiste déclenchée en 1914. C’est par l’assassinat individuel de Jaurès que la bourgeoisie française commença l’assassinat collectif que fut la guerre.

Les soulèvements révolutionnaires qui balayèrent l’Europe à à partir de 1917 furent réprimés par la terreur blanche, mise en place par la gauche réformiste main dans la main avec les troupes fascistes (Corps-francs en Allemagne, généraux blancs dans l’ancien empire russe), comme le dénoncèrent Lénine et Trotsky :

« Le système capitaliste fut dès son début un système de rapine et d’assassinats massifs. (...) Lorsque la guerre impérialiste commença à se transformer en guerre civile, et que les classes dominantes, ces malfaiteurs les plus grands que l’histoire du monde ait jamais connus, se trouvèrent menacés du danger immédiat de l’effondrement de leur régime sanglant, leur bestialité devint encore plus cruelle.(...) La bourgeoisie allemande et autrichienne ainsi que les social-traîtres ont bien montré leur nature de cannibales, lorsqu’en Ukraine ils pendirent à des potences transportables en fer, les ouvriers et les paysans qu’ils avaient pillés, ainsi que les communistes, leurs propres compatriotes, nos camarades allemands et autrichiens. En Finlande, pays de la démocratie bourgeoise, ils ont aidé la bourgeoisie finlandaise à fusiller plus de treize à quatorze mille prolétaires et à en torturer à mort plus de quinze mille dans les prisons.(...) A l’intérieur de leur pays, la bourgeoisie et la social-démocratie allemande, par la répression sanglante de l’insurrection ouvrière communiste, par l’assassinat bestial de Liebknecht et de Luxemburg, en tuant et en exterminant les ouvriers spartakistes, ont atteint le degré extrême de la rage réactionnaire. La terreur massive et individuelle des blancs - voilà le drapeau qui guide la bourgeoisie. (...) Les assassins bourgeois ne reculent devant aucune infamie. Pour raffermir leur domination ils déchaînent le chauvinisme et organisent par exemple la démocratie bourgeoise ukrainienne, avec le menchevik Petlyura à sa tête ; celle de Pologne avec le social-patriote Pilsudsky et ainsi de suite ; des pogromes immenses contre les juifs qui dépassent de loin ceux qu’organisaient les policiers du Tsar. Et si la racaille polonaise réactionnaire et « socialiste » a assassiné les représentants de la Croix Rouge russe, ce n’est là qu’une goutte d’eau dans la mer de crimes et d’horreurs du cannibalisme bourgeois décadent. »

Congrès de l’Internationale communiste - Résolution sur la terreur blanche (1919)

Les socialistes polonais évoqués par Lénine et Trotsky sont Pilsudski et Daszynski, anciens membres de la IIème internationale et du Parti Socialiste Polonais. Or c’est dès 1893 que Rosa Luxemburg avait commencé la lutte contre ces deux « socio-patriotes », « socio-traîtres », antisémites qui couvrirent les pogroms de 1919 dans la nouvelle « Pologne libre », avec l’appui d’officiers de l’armée française (de Gaulle, Weygand).

Depuis 1914 et l’Union sacrée, on sait que les assassinats politiques ne sont pas le seul fait des forces "réactionnaires", mais qu’ils sont essentiellement une politique de l’Etat bourgeois. La terreur blanche était pratiquée en Russie par les généraux blancs, mais avec le soutien de Léon Blum et Alexandre Millerand.

Un des pires dangers face à cette violence d’Etat est que l’extrême-gauche pseudo-révolutionnaire en France a rompu complètement avec ce vocabulaire, tout en se faisant passer pour communiste, révolutionnaire, trotskiste etc. Des partis comme LO, le NPA-R, RP, dénoncent seulement au moments des élections politiques la gauche gouvernementale, afin d’essayer de lui subtiliser des voix, mais sans jamais dénoncer haut et fort ses assassinats politiques. Et pour cause, cette même extrême-gauche pseudo-révolutionnaire veut des postes, mêmes modestes, et participe aux mêmes listes que la gauche gouvernementale aux élections professionnelles.

G. Seguy, le stalinien secrétaire général de la CGT de l’époque, écrivit dans la Préface d’un des livres de Marcel Caille cité plus haut :

« Puisse ce livre contribuer à élever la conscience de toutes celles et de tous ceux dont le rassemblement largement majoritaire permettra d’engager la France sur le chemin d’une démocratie progressiste dans une perspective socialiste. »

Patriote, démocrate, socialiste et progressiste ! C’est exactement ce vocabulaire que reprend aujourd’hui l’extrême-gauche, en dénonçant l’extrême-droite (électorale), mais plus la gauche réformiste. Or les socio-patriotes, au service de la bourgeoisie, sont souvent les pires à combattre car ils avancent masqués. Un exemple typique de cette extrême gauche a été fourni par le parti "Révolution Permanente" lors de son dernier "meeting internationaliste" le 25 mai. Ce parti s’affirme souvent communiste, mais à ce meeting son drapeau n’était pas rouge avec une faucille et un marteau, c’était le drapeau dit palestinien, un drapeau nationaliste bourgeois.
Aucun ouvrier d’usine ne s’est exprimé. Une oratrice d’Allemagne cita les noms de Liebknecht et Luxemburg, mais "oublia" de dénoncer leur assassinat organisé par F. Ebert, socialiste, premier président de la République de Weimar. Le "progressisme" affiché par le stalinien Séguy il y a 50 ans est remplacé, chez les pseudo-trotskistes, par l’anti-islamophobie, l’anti-racisme. C’est comme chez les staliniens un communisme sans dictature du prolétariat, sans soviet, sans combat contre les socio-patriotes, les socio-traîtres, termes qui ont disparu du vocabulaire.

Conclusion

Tous les partis de l’extrême gauche à l’extrême droite gardent le silence sur l’affaire Boulin comme sur l’affaire Bétharram (pas seulement un établissement scolaire catholique mais l’ensemble des établissements où des crimes ont été commis). Les pseudo-révolutionnaire montrent par là qu’ils ne préparent pas la classe ouvrière à détruire l’Etat bourgeois, objectif que les fondateurs du socialisme scientifique Marx et Engels avaient à juste titre fixé au prolétariat international en tirant les leçons de la commune de Paris. Tous ces partis connaissent ces histoires d’assassinat, parfois pour en avoir été les acteurs. Mais aujourd’hui ils ne se sentent pas menacés et restent solidaires de l’Etat par leur silence, et l’extrême gauche électoraliste qui a accès à l’assiette au beurre depuis la fin de l’URSS, a rangé le slogan de dictature du prolétariat aux oubliettes.

Or nous ne devons pas attendre la prochaine vague d’emprisonnements, d’assassinats ciblés, pour faire méditer avec tous les militants du mouvement ouvrier l’avertissement salutaire que donna Lénine en 1919, dénonçant « la bêtise ou leur hypocrisie » des vrais réformistes et faux révolutionnaires :

« Dans le pays capitaliste le plus développé d’Europe, en Allemagne, les premiers mois de cette complète liberté républicaine, apportée par la défaite de l’Allemagne impérialiste, ont révélé aux ouvriers allemands et au monde entier le caractère de classe de la république démocratique bourgeoise. L’assassinat de Karl Liebknecht et de Rosa Luxemburg est un événement d’une importance historique universelle, non seulement par la mort tragique des hommes et des chefs les meilleurs de la vraie Internationale prolétarienne et communiste, mais encore parce qu’il a manifesté dans l’Etat le plus avancé d’Europe et même, on peut le dire, du monde entier, la véritable essence du régime bourgeois. Si des gens en état d’arrestation, c’est-à-dire pris par le pouvoir gouvernemental des social-patriotes sous sa garde, ont pu être tués impunément par des officiers et des capitalistes, c’est que la république démocratique dans laquelle un pareil événement a été possible n’est que la dictature de la bourgeoisie. Les gens qui expriment leur indignation au sujet de l’assassinat de Karl Liebknecht et de Rosa Luxemburg, mais qui ne comprennent pas cette vérité, ne font que montrer par là leur bêtise ou leur hypocrisie. La liberté, dans une des républiques du monde les plus libres et les plus avancées, dans la république allemande, est la liberté de tuer impunément les chefs du prolétariat en état d’arrestation, et il ne peut en être autrement, tant que subsiste le capitalisme, car le développement du principe démocratique, loin d’affaiblir, ne fait que surexciter la lutte de classes qui, par suite des répercussions et des influences de la guerre, a été portée à son point d’ébullition. »

La démocratie bourgeoise sombre donc dans les scandales et les crimes. Il est plus que temps que les travailleurs assemblés élisent leurs délégués, révocables à tout moment, reconstituent des conseils de travailleurs se fédérant, prenant toutes les décisions et redonnant une vie nouvelle aux fameux soviets et à leur pouvoir sur toute la société.

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