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Qu’est-ce que le parti ouvrier révolutionnaire...
jeudi 24 juillet 2025, par ,
Qu’est-ce que le parti ouvrier révolutionnaire que nous voulons construire ?
Un peu partout dans le monde, fleurissent des groupes d’extrême gauche, qu’ils se disent trotskistes, anarchistes, gauchistes (gauche communiste), marxistes, maoïstes, anticapitalistes, écologistes, staliniens ou autres. Ils affirment la plupart œuvrer à la construction d’un parti révolutionnaire qui prétendrait à la direction de la lutte révolutionnaire à venir. Sur quels critères se fonder pour apprécier s’ils s’orientent véritablement en ce sens, même s’ils divergent sur tel ou tel point avec nous. Qu’est-ce qui est essentiel et qu’est-ce qui ne l’est pas ?
Sur quels points portent nos principaux reproches qui nous amènent à penser qu’ils sont des impasses par rapport à ce but affiché : la construction d’un parti des travailleurs révolutionnaires ?
Le point essentiel selon ces groupes est de recruter des militants, de construire de grandes organisations qui aient un poids social et politique important. Recruter, oui, mais sur quelles bases ? Suffit-il que ceux qui les rejoignent sachent qu’ils se proclament « révolutionnaires », que la révolution est leur but ? Non, ce qui est déterminant, c’est dans quelle activité réelle ils ont été recrutés. Les mots comptent bien sûr, mais à condition qu’ils correspondent aux actes. En politique, les étiquettes ne peuvent pas suffire. On a eu l’exemple de quantités de partis et de syndicats aux belles déclarations et dont la pratique ne correspond nullement aux prétendues intentions.
Nous constatons que la plupart de ces groupes d’extrême gauche recrutent sur des bases qui ne sont pas du tout révolutionnaires. Ils le font en militant dans les appareils syndicaux, sans s’en démarquer publiquement, même lors de trahisons graves. Ils le font en participant sans critique aux inactions syndicales (les mobilisations, les manifestations, les journées et même les vraies grèves) sans jamais offrir aux travailleurs des alternatives réelles (auto-organisation, action directe, objectifs correspondants réellement aux situations, etc…), sans dénoncer les dirigeants syndicaux qui s’y refusent au sein des syndicats comme à l’extérieur, dans leurs tracts syndicaux ou politiques. Des militants recrutés sur ces bases ne sont pas véritablement des partisans des comités de travailleurs, des conseils ouvriers, des soviets, de la prise du pouvoir des travailleurs sur l’Etat (en détruisant de fond en comble l’Etat capitaliste) et toute la société. Si rien dans l’activité quotidienne de ces militants en formation ne les amène à se marquer en faveur des soviets, on ne voit par quel miracle il suffirait que l’organisation utilise de temps en temps, dans des textes à usage limité, non diffusés dans les entreprises, se revendique de la révolution russe des soviets pour que la nature de ces militants ou futurs militants change par un coup de baguette magique.
Les organisations en question nous répondent qu’elles ont le sens des réalités et qu’il ne sert à rien de s’agiter de manière pseudo-révolutionnaire dans une situation qui n’est pas favorable à la révolution et face à des travailleurs nullement préparés pour un discours aussi radical. Ils affirment qu’il est beaucoup plus positif de faire un travail large, concret, réaliste, s’adressant à la masse des travailleurs, de faire avancer réellement une fraction d’entre eux plutôt que leur adresser des discours prétendument radicaux mais qui ne correspondent nullement à la situation.
« Les travailleurs n’en sont pas là », nous avons entendons mille fois ce discours pour justifier de s’en tenir aux actions réformistes des syndicats, aux discours réformistes dans les élections bourgeoises, aux manifestations sociales, politiques ou écologistes tout aussi réformistes.
Que pourraient donc faire ces organisations et qu’elles ne font pas ? Y compris dans une situation qu’elles qualifient de « pas révolutionnaire » ?
Tout d’abord celles qui militent dans des pays impérialistes pourraient saisir toutes les occasions de mettre publiquement en cause « leur » propre impérialisme, dévoiler ses interventions, dénoncer ses buts de guerre, démasquer ses alliances avec les dictateurs et les tueurs. Elles pourraient le faire dans les syndicats, dénonçant les directions syndicales qui camouflent ces crimes, elles pourraient le faire en profitant de la tribune des élections, elles pourraient le faire dans leurs tracts politiques publics. Elles ne le font pas. Elles pourraient le faire en manifestant sur la voie publique sur ces questions. Elles ne le font pas.
Etonnez-vous, par exemple, qu’en France l’extrême gauche opportuniste a sans cesse manifesté contre l’impérialisme américain mais n’est quasiment pas descendue dans la rue pour les crimes de l’impérialisme français au Rwanda, au Nigeria, au Tchad, en Côte d’Ivoire, en Yougoslavie, en Haïti et on en passe… En paroles, ces organisations reconnaissent la parole révolutionnaire qui affirme que « ton principal ennemi est l’Etat impérialiste de ton propre pays ». En actes, elles ne recrutent pas et ne forment pas des militants sur ces bases-là. Certains de leurs dirigeants ont eu en mains le micro de la télévision avec des millions d’auditeurs en pleine guerre de Yougoslavie sans démasquer le rôle de leur propre impérialisme !
A l’époque de la deuxième internationale (1889-1914), l’aile révolutionnaire (dont une partie de la CGT) adoptait des programmes qui comportaient des considérants invoquant le but final (dictature du prolétariat, socialisme), puis des programmes "minimum" politique et économique. Aujourd’hui, ces groupes d’extrême-gauche suppriment les "considérants", et leur programme minimum consiste à reprendre les revendications des directions syndicales.
Les anciens partis divisaient l’activité de leurs organisations en propagande, agitation, action. Or aujourd’hui ces groupes d’extrême-gauche prétendent qu’être révolutionnaires, c’est seulement "agir" et réduisent la propagande et l’agitation aux revendications du syndicalisme bourgeois, abandonnant la propagande et l’agitation pour le socialisme, les soviets, la dictature du prolétariat etc, car le niveau de conscience des ouvriers serait "trop bas". Ces groupes d’extrême-gauche prétendent que "un jour", le prolétariat "en colère" passera à l’action, et ne pourra qu’être d’accord avec la propagande et l’agitation communiste que le parti sortira alors du placard. Le prolétariat suivra le parti comme un mouton. La phase de la révolution permanente, entre Février et Octobre 1917, où les bolchéviks passèrent d’une petite minorité à une grosse majorité dans les Soviets, est niée par cette extrême gauche, qui n’y prépare pas ses militants dès aujourd’hui.
De même, elles recrutent des militants au travers de leur activité électorale sans démasquer les appareils pseudo-démocratiques de la bourgeoisie impérialiste, se contentant d’appeler à bien voter (pour les listes révolutionnaires) et sans illusions sur la démocratie mais sans réellement démasquer celle-ci, ses buts, ses tromperies, les rivières de sang dans le monde sur lesquelles cette « démocratie » est fondée.
Ces organisations n’auraient pas besoin, pour cela, que la situation soit révolutionnaire, mais seulement que leur situation à elles au sein des syndicats, au sein des entreprises, au sein de la démocratie bourgeoise, que leur réussite d’organisation ne soit pas leur but numéro un. Or, Marx ne disait-il pas dans le Manifeste Communiste que les communistes « n’ont pas d’intérêt d’organisation à défendre ».
Ces organisations n’ont pas pris non plus de positions révolutionnaires dans les conflits sociaux, ne voulant pas, là non plus, perdre du poids au sein des appareils syndicaux et être considérés comme trop radicaux dans les élections bourgeoises.
Non seulement, dans les conflits sociaux, petits et grands, ils se gardent bien de militer ouvertement contre l’emprise des appareils bureaucratiques des syndicats. Mais ils militent même très activement contre le petit nombre de militants qui travaillent en faveur de l’auto-organisation des travailleurs, qui dénoncent le bureaucratisme syndical, qui font élire des délégués en assemblées générales, qui forment des comités de grève.
Et, là, cela a des conséquences directes sur le type de militants qu’ils recrutent et forment : cela ne peut pas être des militants de la cause des soviets et de leur prise du pouvoir, même si eux-mêmes ne le savent pas, n’en ont pas conscience.
On se comporte toute sa vie comme un réformiste de gauche et, un beau matin, quand le soleil de la révolution sera là, il suffira de ressortir le programme révolutionnaire dont on n’a cessé de dire qu’on s’en revendiquait. Eh bien, non ! Cela ne marche pas. On se comporte toute sa vie militante (sous prétexte de la situation, du rapport de forces, du réalisme, etc.) en réformiste, en opportuniste, on devient réformiste et opportuniste. On est passé de l’autre côté.
Ces organisations se disent : profiter du travail syndical, profiter du travail électoral, profiter des activités réformistes dans un pays démocratique, c’est tout bon pour construire un grand groupe révolutionnaire, embryon du futur parti révolutionnaire et, en faisant cela, on est déjà bien plus radicaux que la plupart des travailleurs, que la population, on est encore très en avance. Eh bien, non, cela ne marche pas comme cela !
Ces organisations se disent, et parfois le disent même à leurs militants : la social-démocratie a bien réussi à construire des organisations de masse par cette méthode, les partis staliniens, eux aussi, y sont bien parvenus. Nous pouvons en faire de même. Sauf que la social-démocratie et le stalinisme ont réussi à bâtir des organisations politiques de masse qui ont été de très grands obstacles sur la route du prolétariat, mais jamais des organisations qui ont fait avancer le prolétariat ni dans ses luttes, ni dans sa conscience, ni dans son organisation.
Nous ne disons pas tout cela parce nous désirons nous maintenir dans un isolement sectaire. Il n’y a pas de sectarisme au sein de l’auto-organisation des travailleurs. Tout le monde peut se présenter aux suffrages de ses camarades de travail. Ce sont les organisations qui défendent des intérêts de groupe qui sont sectaires en même temps qu’elles sont opportunistes, parce qu’elles défendent les petits bouts de pouvoir au sein des institutions bourgeoises qu’elles ont réussi à conquérir et sont, pour cela, en concurrence avec les autres groupes.
Le propre de tels groupes est de discuter davantage des moyens que des buts. Presque jamais, elles ne diffusent leurs programmes mais leurs buts immédiats d’action, plaçant la tactique avant la stratégie et la stratégie avant l’analyse de la situation réelle, ainsi que l’analyse avant la théorie, et la théorie avant la philosophie, ce qui est le propre des opportunistes. Mais, en fait, la plupart ont des tactiques mais pas de stratégie, pas d’analyse, pas de théorie, pas de philosophie et s’en passent très bien pour ne pas gêner leurs objectifs qui sont purement internes et organisationnels.
Leurs tactiques consistent en leurs manières de se comporter avec les appareils syndicaux, en évitant de les heurter, en tentant de les pénétrer discrètement, de se rendre utiles, indispensables, de prendre position au sein de ces appareils, d’y recruter, d’y gagner des points d’appui. Des programmes, des principes et des stratégies, ouvertement dévoilées, ne pourrait que nuire à cette pénétration occulte. De la même manière, ils discutent des moyens sur le terrain électoral : recrutent des candidats, prennent contact avec des maires, tentent de gagner des voix et, se faisant, de faire adhérer le plus de gens possible, sans beaucoup de distingo sur les gens qui les rejoignent sur ces bases, puisqu’ils ne font que rejoindre le parti électoral large, pas le groupe politique d’extrême gauche qui reste assez fermé organisationnellement…
Ces groupes se gardent d’une véritable analyse de l’état du monde capitaliste. Ils se contentent d’une analyse politicienne « d’extrême gauche » des politiques des gouvernants, plus à gauche que la gauche mais pas plus révolutionnaire parce qu’elle n’emploie pas du tout l’arme de la théorie révolutionnaire pour étudier l’état du système d’exploitation et en tirer les tâches du prolétariat dans la période historique.
Pour ne pas se trouver face aux vraies tâches des travailleurs révolutionnaires, et gêner ainsi leurs petits calculs d’organisation, ils ne débutent pas par l’analyse de l’état du capitalisme mais par la dénonciation du capitalisme, ce qui n’est nullement identique. Ils répètent à satiété que « c’est la faute du capitalisme », « c’est de la faute des dirigeants capitalistes ou de tel ou tel d’entre eux qu’il faut combattre ». Un tel discours a l’avantage d’être parfaitement admissible au sein de la société bourgeoise et des institutions dont notamment les syndicats.
Ce discours leur donne un petit air radical, et fait semblant de se démarquer des appareils réformistes, politiques, syndicaux et associatifs, sans le faire du tout. « La faute au capitalisme, la faute aux gouvernants », voilà qui ne gêne en rien ces bureaucraties qui gangrènent la classe travailleuse.
Puis elles dénoncent l’influence de la petite bourgeoisie et des grands médias. Ce qui leur permet de prétendre que leur travail politique serait en rupture avec le courant dominant des idées dans le monde capitaliste.
Ensuite, ces organisations passent direct à la dénonciation du niveau de combativité, de conscience des travailleurs, sans même citer le problème de l’auto-organisation qui est la condition des deux autres !
Dans tout cela, ces organisations n’ont jamais pointé clairement du doigt ce qui se passe vraiment au sein du monde capitaliste. Elles reconnaissent une marche à la guerre, une marche vers l’extrême droite, une marche vers la contre-révolution sans même soupçonner que tout cela nécessite que la classe dominante craigne la révolution. Elles laissent croire qu’elles pourront indéfiniment participer à la démocratie bourgeoise, aux syndicats et aux élections notamment, pour continuer tranquillement à construire leurs organisations sans que cela gêne une bourgeoisie en guerre contre le prolétariat !
Et sans du tout armer politiquement, socialement, organisationnellement, les travailleurs face à cette attaque violente.
A tout cela, ils font semblant que la réponse est : « construisons le parti révolutionnaire » et ne nous laissons pas distraire de cette tâche par tous ces événements, petits et grands. Ils affirment que plus ces événements sont grands et plus… ils doivent servir à… construire le groupe révolutionnaire. Peu importe si ce groupe a de réelles perspectives à offrir à la situation. Il n’est pas besoin de le chercher, de le montrer, de le prouver, de s’en assurer soi-même, il suffit d’avoir confiance, en paroles, dans l’ancienne perspective dressée depuis Marx et jusqu’à Trotsky ! Comme si ces prédécesseurs avaient raisonné ainsi !
Ils prennent même prétexte de cette confiance dans les anciens théoriciens du marxisme révolutionnaire pour ne pas réaliser la tâche stratégique, théorique, philosophique, principielle que ces derniers mettaient au premier plan. Et, dans les faits, ils jettent immédiatement à la poubelle toutes les stratégies révolutionnaires (à commencer par la principale qui s’appelle la théorie de la révolution permanente) en revenant à des discours « de gauche » éculés.
Seule la stratégie de la révolution permanente permet, s’appuyant sur une analyse de l’effondrement capitaliste, de mettre sur pied une politique partant du niveau de conscience et de combativité des travailleurs et des peuples pour défendre, à partir de là, un programme vraiment révolutionnaire socialiste, menant vraiment au pouvoir des soviets. Au contraire, ces groupes en restent au programme minimum des réformistes.
Ils en restent aussi au programme réformiste des écologistes, des nationalistes, des petits bourgeois et des militaires radicaux (le radicalisme englobant les islamistes), des démocrates de tous poils. Ils ne veulent que soutenir ceux qui agissent, quels qu’ils soient, sans faire en sorte que le prolétariat soit à la tête de la lutte et fasse en sorte non seulement qu’elle abatte le capitalisme mais aille au socialisme. C’est le contraire des buts de la stratégie de la révolution permanente…
Ces organisations d’extrême gauche, soi-disant réalistes et en réalité opportunistes, prétendent toutes que c’est prendre ses désirs (de révolutionnaire) pour des réalités que de croire que le capitalisme, en tant que système dynamique ayant des perspectives, est définitivement mort. Cela leur permet de prétendre que leur manière réformiste de militer n’est pas définitivement morte, autant que toutes les formes de la démocratie bourgeoise et du réformisme sur lesquels elles comptent pour « construire le parti révolutionnaire ».
Mais pourtant ces organisations s’affirment radiclement opposées au système capitaliste et favorables à sa suppression et au socialisme ? Dénoncer le capitalisme, c’est affirmer qu’il est plus que jamais inégalitaire, que les riches s’enrichissent et les pauvres s’appauvrissent et subissent plus de guerres et de dictature. Etudier l’état du système, c’est examiner dans quelle mesure le grand capital parvient à accumuler du capital, ce qui suppose qu’il parvient à réinvestir dans la production. Cela n’a rien à voir. Ce n’est pas parce que les riches sont toujours plus riches et ont plus de pouvoir que cela signifie que le capitalisme reste viable, vivant, dynamique et a un avenir à long terme.
Si le système est au bout du rouleau, à l’inverse, on comprend qu’il ait besoin des guerres, des dictatures, des fascismes et de moins en moins de la démocratie. On comprend aussi qu’il se tourne vers la contre-révolution, sachant parfaitement que le peuple travailleur ne pourra que se tourner vers la révolution sociale et politique.
Par contre, toutes les forces réformistes ne peuvent absolument pas reconnaitre que le capitalisme est historiquement mort, qu’il n’est pas capable de se relancer. Et cela pour une raison objective aisément vérifiable : plus le temps passe, plus la part des capitaux qui ne trouve pas d’investissement productif grandit, c’est-à-dire la part qui ne crée pas de la plus-value. Le rôle des réformistes est de refuser de l’admettre et de refuser aussi que les travailleurs le sachent et se préparent en conséquence.
La conséquence est directe : cela signifie que l’on est entrés dans l’ère des révolutions et des contre-révolutions. Les deux sont bien entendu inséparables. La stratégie actuelle des classes possédantes est de provoquer de manière anticipée la contre-révolution sociale. La stratégie du prolétariat doit être, en contrant celle des capitalistes et de leurs gouvernant, d’utiliser la contre-révolution afin de rendre consciente et organisée la révolution au près de tous les travailleurs, et d’abord en cassant les mensonges des réformistes et des opportunistes.
Il existe de multiples exemples historiques dans lesquels on a pu voir le prolétariat transformer une contre-révolution en révolution. Il existe un encore plus grand nombre de situations dans lesquelles cela aurait été possible et cela n’a pas été fait parce qu’il manquait de militants révolutionnaires conscients de la politique de révolution permanente indispensable pour retourner ces situations.
Des guerres ont permis au prolétariat de gagner à lui la base de l’armée. Des guerres ont permis aussi de gagner au prolétariat des peuples opprimés. Des dictatures violentes ont permis au prolétariat de gagner la masse de la population, la petite bourgeoisie, les jeunes, les femmes, etc. Des poussées vers le fascisme ont poussé le prolétariat à se radicaliser, à s’auto-organiser et à gagner la base de l’armée, le peuple travailleur, à les pousser eux aussi à s’auto-organiser en soviets…
Ce dernier point est crucial : toute organisation qui se refuse à faire dores et déjà campagne pour les comités, les conseils, les assemblées décisionnelles, en somme les soviets, qui se refuse à auto-organiser les travailleurs dans toutes les circonstances où des problèmes se posent à eux, qui, au lieu de cela, fait appel aux syndicats ou à la démocratie bourgeoise, de telles organisations trahissent d’avance la révolution à venir et ne peuvent nullement prétendre que leur travail de recrutement, de formation d’une organisation fasse partie de la construction du parti révolutionnaire, même si on ne considérait pas celle-ci au sens de Marx, d’Engels, de Lénine, de Rosa Luxemburg et de Trotsky.
N’oublions pas que le succès des soviets dans la révolution d’Octobre 1917 est le produit de la dialectique de stratégie politique et sociale de Trotsky et Lénine de transformation de la contre-révolution en révolution, de la guerre impérialiste en révolution mondiale, de la tentative de coup d’état fasciste de Kornilov en offensive des soviets, de l’embrigadement et du massacre des masses paysannes et de l’oppression des nationalités à leur alliance avec le prolétariat soviétique, etc…
Là où les réformistes ne voient que des reculs, des attaques, des contre-révolutions, des fascismes, d’un côté, et des avancées, des progrès, des évolutions et des révolutions, de l’autre, la dialectique de la stratégie révolutionnaire voit la transformation dialectique du négatif en positif. L’attaque de l’ennemi casse toutes les barrières réformistes qui liaient les prolétaires, qui attachaient les peuples aux capitalistes, etc.
Loin de diffuser de tels points de vue, la plupart de ces groupes d’extrême gauche ont de petites inclinaisons polies à l’égard de la révolution russe d’Octobre 1917, ce qui les amène à parler de soviets. Mais ils se gardent bien de diffuser dans la classe ouvrière la connaissance de l’ensemble des expériences révolutionnaires dans lesquelles les travailleurs ont fondé des soviets et on en trouve aux quatre coins du monde. On croirait à les entendre que les soviets ont été fondés par le parti révolutionnaire russe ! Ils ne diffusent pas davantage la politique qui serait indispensable de défendre au sein de soviets. Ils estiment que c’est trop tôt, que la situation n’est pas propice ? Non ! Ils estiment que cela ne favoriserait pas leurs intérêts organisationnels de diffuser cela, que cela les gênerait dans leur recrutement, dans le succès de leur activité syndicale et électorale ! Ils n’ont pas besoin pour ces petits calculs organisationnels ni de la dialectique, ni de la philosophie, ni de la théorie, ni de la révolution permanente ! Et surtout pas d’en appliquer les leçons à leur politique actuelle !
Du coup, ils se gardent de parler de soviets dans les grèves, dans les manifestations, dans les rassemblements, dans les syndicats, dans leurs éditoriaux d’entreprise, dans les élections, partout.
Et ils se gardent de fonder réellement une politique d’auto-organisation des travailleurs dans leurs luttes.
Pour ces organisations, pas d’appels aux soviets face à la guerre, pas non plus face au fascisme, toujours pas face à la dictature, encore pas face à des attaques massives antisociales, donc jamais ! Le rappel de la révolution d’Octobre dans leurs textes est juste une manière de se servir de la grandeur du drapeau pour… se cacher derrière, pour impressionner travailleurs et militants.
Quand ces organisations s’adressent aux travailleurs sur l’Ukraine, sur le Yémen, sur Gaza, sur la guerre mondiale, sur la chute mondiale du capitalisme, sur les sacrifices imposés aux travailleurs, sur la montée de la dictature et du fascisme, le mot soviets (ou conseils ouvriers) ne vient pas sous leur plume. Cette perspective n’est pas la leur ou, du moins, ils n’estiment pas judicieux d’en faire part aux travailleurs sans doute pour ne pas se fâcher avec les responsables syndicaux. Ils n’imaginent même pas devoir défendre cette perspective révolutionnaire dans les syndicats où ils militent.
Ils n’ont jamais mis en avant la perspective du pouvoir des conseils de travailleurs dans les grèves, dans les manifestations, dans les rassemblements, dans les les affiches, dans les tracts…
Ils laissent souvent entendre que le pouvoir aux travailleurs pourrait être celui des syndicats et des partis ouvriers, ce qui signifierait se passer des soviets !
Certains groupes imaginent même que le changement de pouvoir pourrait être facilité par les élections bourgeoises, le pouvoir ouvrier étant élu en leur sein. Balivernes grossières !
A l’inverse, Trotsky a toujours défendu que n’est militant qui construit le parti révolutionnaire que celui qui se bat sans cesse pour les conseils de travailleurs comme les comités de grève et se bat pour les amener à la conscience de leur tâche essentielle : devenir le nouveau pouvoir d’Etat en balayant l’ancien pouvoir capitaliste. Il le disait dans « Bilan et perspectives » en 1906 comme dans « Le programme de transition » en 1938 et jusqu’à sa mort.
Toute action du groupe ou du parti révolutionnaire au sein de la classe ouvrière refuse le substitutisme (le syndicat ou le parti se substituant à la classe ouvrière). Elle expose le problème aux travailleurs eux-mêmes. Elle débat en leur sein de la manière d’y faire face dans des réunions ouvertes à tous les travailleurs et à toutes les organisations. Elle soumet les propositions des uns et des autres, des révolutionnaires mais aussi des réformistes, débat avec les travailleurs eux-mêmes des avantages et des inconvénients. Ce sont les travailleurs réunis qui décident du point de vue qu’ils vont ensuite défendre. Et ils vont commencer par débattre ouvertement et largement des moyens à employer. C’est de cette manière que la classe exploitée se dote des capacités de gouverner demain. Ceux qui passent par les appareils syndicaux et politiques sans se soumettre aux travailleurs ne sont pas des partisans du pouvoir aux travailleurs et ne construisent pas un parti révolutionnaire.
Et nous n’avons exposé là que la première condition, mais la plus importante, de formation d’un parti révolutionnaire : toute son action, de la simple protestation à l’insurrection est fondée sur la confiance dans les capacités révolutionnaires du prolétariat. Ceux qui disent « les travailleurs n’en sont pas là » n’ont pas confiance dans le prolétariat révolutionnaire et pensent que seule leur organisation est porteuse de la révolution, pas les travailleurs eux-mêmes.
C’est la première condition. Quelles sont les autres ? Il y a le combat ouvert et public contre les réformistes politiques et syndicaux, l’internationalisme, la lutte pour la théorie révolutionnaire, le combat philosophique, la guerre aux institutions bourgeoises et notamment aux églises, la défense des perspectives socialistes et communistes et notamment la saisie de la totalité du grand capital et de ses entreprises, la suppression de la propriété privée des moyens de production, la suppression de l’Etat capitaliste, l’armement du prolétariat et le désarmement de l’armée et de la police bourgeoises. Inutile de dire que les groupes réformistes et opportunistes ne veulent nullement défendre ces perspectives là, pourtant les seules qui offrent un avenir aux prolétaires et aux peuples !
Quel type de parti révolutionnaire faut-il à la classe ouvrière
https://www.matierevolution.fr/spip.php?article8173
La révolution et le parti politique révolutionnaire
https://www.matierevolution.fr/spip.php?article7149
Il nous reste des mois, plus des années, pour construire un nouveau parti de la révolution prolétarienne
https://www.matierevolution.fr/spip.php?article8211
Les tâches principales
https://www.marxists.org/francais/inter_com/1920/ic2_19200700c.htm
Ce que nous voulons et ce que nous ne voulons pas
https://www.matierevolution.fr/spip.php?article842
Les conditions d’adhésion
https://www.marxists.org/francais/inter_com/1920/ic2_19200700b.htm
Messages
1. Qu’est-ce que le parti ouvrier révolutionnaire..., 25 juillet, 06:26, par Florent
.
A l’heure où l’impérialisme internationalise chaque conflit local (même très ancien comme celui sur la Palestine), toute organisation révolutionnaire (c’est-à-dire visant ouvertement la chute de tout impérialisme) se doit d’avoir un programme international et non pas national même si elle est très petite et n’a pas encore construit d’internationale.
Le groupe qui vise au parti révolutionnaire doit se battre aussi pour internationaliser chaque grève, chaque révolte, chaque révolution, faisant ainsi prendre conscience au prolétariat de chaque pays qu’il n’est qu’une partie du prolétariat mondial.
On remarquera qu’il existe extrêmement peu de groupes d’extrême gauche à agir ainsi actuellement.
2. Qu’est-ce que le parti ouvrier révolutionnaire..., 25 juillet, 06:34, par Laurence
Les médias et les gouvernements occidentaux font comme si la guerre d’Ukraine n’était atroce que du côté russe et angélique du côté ukrainien et c’est archi faux !
Les syndicats, partis de gauche et groupes les plus « à gauche » se gardent de casser cette propagande de leur impérialisme.
Pourtant l’armée ukrainienne commet des horreurs que couvrent les impérialismes occidentaux.
Les drones ukrainiens propagent, par exemple, un virus dévastateur pour les soldats russes
Les troupes ukrainiennes torturent les soldats russes.
https://www.msn.com/fr-fr/actualite/other/les-russes-tombent-dans-le-pi%C3%A8ge-ces-drones-ukrainiens-propagent-un-virus-d%C3%A9vastateur/ar-AA1J7uPx
https://www.bfmtv.com/international/europe/la-russie-accuse-l-armee-ukrainienne-d-avoir-torture-des-soldats-russes-et-ouvre-plusieurs-enquetes_AN-202204140680.html
Là aussi, on constate très clairement ce qui distingue les fausses extrêmes gauches de ceux qui veulent vraiment construire le parti révolutionnaire…
Par exemple, le syndicat français SUD milite ouvertement pour le pouvoir ukrainien et les extrêmes gauches opportunistes qui y militent se gardent d’y défendre une dénonciation de l’armée ukrainienne.
Pourtant celle-ci innove dans l’horreur guerrière...
3. Qu’est-ce que le parti ouvrier révolutionnaire..., 30 juillet, 05:34, par alain
.
Face aux attaques multiples du grand capital, quelle est la stratégie de l’extrême gauche opportuniste : demander à la classe ouvrière de faire pression sur les réformistes pour... faire pression sur le pouvoir et... faire pression sur la classe possédante et la faire reculer...
https://www.matierevolution.org/spip.php?article3415