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Qu’est-ce que nous appelons un parti révolutionnaire ?

jeudi 17 septembre 2009, par Robert Paris

Nombre de militants révolutionnaires croient résumer la pensée de Lénine en disant : il nous faut un parti révolutionnaire et la pensée de Trotsky en disant que la crise de la société se résume à l’absence d’une direction révolutionnaire.

Bien entendu, le parti est une question cruciale. Mais quel cuisinier dirait que la question de la gastronomie se résume à mettre beaucoup de sel ?

Bien entendu, nous sommes ici victimes de la version stalinienne de la révolution d’octobre et du bolchevisme.

Nous allons ici essayer de montrer que nos glorieux prédécesseurs ne voyaient pas les choses ainsi. Ils étaient pour que la classe ouvrière intervienne sur le terrain politique, contrairement aux anarchistes, brigue le pouvoir politique par la révolution. mais ils n’isolaient pas cette question du parti d’une autre question cruciale : l’action autonome des masses.

Voyons, par exemple, quelles leçons Lénine tire de la révolution russe de 1905. Il aurait pu dire que l’essentiel est que le parti n’était pas prêt. Puisque la révolution ouvrière était là. Ce n’est pas ce qu’il dit. Il ne parle même pas du parti !


Lénine

Les enseignements de la Révolution

30 octobre 1910

Cinq ans se sont écoulés depuis que la classe ouvrière de Russie a porté en octobre 1905, le premier coup vigoureux à l’autocratie tsariste. Le prolétariat dressa, en ces grandes journées, des millions de travailleurs pour la lutte contre leurs oppresseurs. En quelques mois de 1905, il sut conquérir des améliorations que les ouvriers, pendant des dizaines d’années, avaient attendues vainement de leurs "autorités". Le prolétariat avait conquis pour l’ensemble du peuple russe, bien que pour un court délai, des libertés jamais vues en Russie, — liberté de la presse, liberté de réunion, d’association. Il balaya sur son chemin la Douma falsifiée de Boulyguine, il arracha au tsar le manifeste sur la constitution et rendit une fois pour toutes impossible le gouvernement de la Russie sans institutions représentatives.

Les grandes victoires du prolétariat s’avérèrent des demi-victoires, parce que le pouvoir tsariste n’avait pas été renversé. L’insurrection de décembre se termina par une défaite, et l’autocratie tsariste retira une à une les conquêtes de la classe ouvrière, à mesure que faiblissait sa poussée, que faiblissait la lutte des masses. En 1906 les grèves ouvrières, les troubles parmi les paysans et les soldats étalent beaucoup plus faibles qu’en 1905, mais cependant encore très forts. Le tsar fit dissoudre la première Douma, pendant laquelle la lutte du peuple avait repris son développement ; mais il n’osa pas modifier d’emblée la loi électorale. En 1907 la lutte des ouvriers faiblit encore plus et le tsar, après avoir fait dissoudre la deuxième Douma, opéra un coup d’Etat (3 juin 1907) ; il viola les promesses les plus solennelles qu’il avait faites de ne pas promulguer de lois sans le consentement de la Douma ; il modifia la loi électorale de sorte que la majorité dans la Douma revint immanquablement aux grands propriétaires fonciers et aux capitalistes, au parti des Cent-Noirs et à leurs valets.

Les victoires comme les défaites de la révolution ont fourni de grandes leçons historiques au peuple russe. En célébrant le cinquième anniversaire de 1905, nous tâcherons de comprendre le contenu essentiel de ces enseignements.

La première leçon, fondamentale , est que seule la lutte révolutionnaire des masses est capable d’obtenir des améliorations un peu sérieuses à la vie des ouvriers et à la direction de l’Etat. Aucune "sympathie" des hommes instruits pour les ouvriers, aucune lutte héroïque des terroristes isolés, n’ont pu miner l’autocratie tsariste et l’omnipotence des capitalistes. Seule la lutte des ouvriers eux-mêmes, seule la lutte commune de millions d’hommes a pu atteindre ce résultat ; et lorsque cette lutte se relâchait, on retirait aussitôt aux ouvriers leurs conquêtes. La révolution russe a confirmé ce qui se chante dans l’hymne international des ouvriers :

"Il n’est point de sauveurs suprêmes,

Ni Dieu, ni César, ni tribun ;

Producteurs, sauvons-nous nous-mêmes,

Décrétons le salut commun."

La deuxième leçon est qu’il ne suffit pas de miner, de limiter le pouvoir tsariste. Il faut le supprimer . Tant que le pouvoir tsariste n’est pas supprimé, les concessions du tsar seront toujours précaires. Le tsar faisait des concessions lorsque la poussée de la révolution s’accentuait ; il reprenait toutes les concessions faites, lorsque la poussée faiblissait. Seule la conquête de la république démocratique, le renversement du pouvoir tsariste, le passage du pouvoir entre les mains du peuple, peuvent délivrer la Russie des violences et de l’arbitraire des fonctionnaires, de la Douma des Cent-Noirs et des octobristes, de l’omnipotence des grands propriétaires fonciers et de leurs valets, à la campagne. Si les calamités dont souffrent les paysans et les ouvriers sont aujourd’hui, après la révolution, encore plus dures qu’auparavant, c’est une rançon qu’ils payent parce que la révolution a été faible, parce que le pouvoir tsariste n’a pas été renversé. L’année 1905 et puis les deux premières Doumas et leur dissolution ont beaucoup appris au peuple ; elles lui ont appris tout d’abord à lutter en commun pour des revendications politiques. Le peuple, en s’éveillant à la vie politique, avait d’abord exigé de l’autocratie des concessions : que le tsar convoquât la Douma ; que le tsar remplaçât les anciens ministres par de nouveaux ; que le tsar "donnât" le suffrage universel. Mais l’autocratie ne faisait pas et ne pouvait faire de telles concessions. Aux demandes de concessions, l’autocratie répondait par la baïonnette. Et c’est alors que le peuple commença à se rendre compte de la nécessité de lutter contre le pouvoir autocratique. Aujourd’hui Stolypine et la Douma noire des maîtres et seigneurs enfoncent, pourrait-on dire, avec encore plus de force, cette idée dans la tête des paysans. Ils l’enfoncent et finiront par l’enfoncer.

L’autocratie tsariste a également tiré de la révolution une leçon pour elle-même. Elle a compris qu’il n’était plus possible de compter sur la foi des paysans au tsar. Elle affermit maintenant son pouvoir par une alliance avec les propriétaires fonciers cent-noirs et les fabricants octobristes. Pour renverser l’autocratie tsariste, il faut que la poussée de la lutte révolutionnaire des masses soit, aujourd’hui, beaucoup plus vigoureuse qu’en 1905.

Cette poussée beaucoup plus vigoureuse est-elle possible ? La réponse à cette question nous amène à la troisième et principale leçon de la révolution : nous avons vu comment agissent les différentes classes du peuple russe. Avant 1905, beaucoup croyaient que tout le peuple aspirait également à la liberté et voulait une liberté égale ; du moins l’immense majorité ne se rendait pas du tout compte que les diverses classes du peuple russe envisagent différemment la lutte pour la liberté et ne revendiquent pas la même liberté. La révolution a dissipé le brouillard. A la fin de 1905, et puis aussi pendant les première et deuxième Doumas, toutes les classes de la société russe se sont affirmées ouvertement. Elles se sont fait voir à l’œuvre ; elles ont montré quelles étaient leurs véritables aspirations, pour quoi elles pouvaient lutter et de quelle force, de quelle ténacité et de quelle énergie elles étaient capables dans cette lutte.

Les ouvriers d’usine, le prolétariat industriel a mené la lutte la plus résolue et la plus opiniâtre contre l’autocratie. Le prolétariat a commencé la révolution par le 9 janvier et par des grèves de masse. Le prolétariat a mené la lutte jusqu’au bout, en se dressant dans l’insurrection armée de décembre 1905, pour la défense des paysans que l’on frappait, torturait, fusillait. Le nombre des ouvriers en grève, en 1905, était d’environ trois millions (avec les cheminots, les employés des postes, etc., il y en avait certainement jusqu’à quatre millions) ; en 1906, un million ; en 1907, ¾ de million. Le monde n’avait encore jamais vu un mouvement gréviste de cette force. Le prolétariat russe a montré quelles forces intactes renferment les masses ouvrières, lorsque s’annonce une véritable crise révolutionnaire. La vague gréviste de 1905, la plus grande que le monde ait connue, était loin d’avoir épuisé toutes les forces de combat du prolétariat. Ainsi dans la région industrielle de Moscou il y avait 567000 ouvriers d’usine et 540000 grévistes ; dans celle de Pétersbourg, 300000 ouvriers d’usine et un million de grévistes. C’est donc que les ouvriers de la région de Moscou sont encore loin d’avoir développé une ténacité dans la lutte, pareille à celle des ouvriers de Pétersbourg. Et dans la province de Livonie (Riga), sur 50000 ouvriers il y avait 250000 grévistes, c’est-à-dire que chaque ouvrier avait fait grève en moyenne plus de cinq fois en 1905. A l’heure actuelle, la Russie entière ne compte certainement pas moins de trois millions d’ouvriers d’usine, de mineurs et de cheminots. Et ce chiffre augmente chaque année. Avec un mouvement aussi fort que celui de Riga en 1905, ils pourraient mettre en ligne une armée de 15 millions de grévistes .

Aucun pouvoir tsariste n’eût pu tenir en face d’une telle poussée. Mais chacun comprend que cette dernière ne saurait être provoquée artificiellement, au gré des socialistes ou des ouvriers d’avant-garde. Elle n’est possible que lorsque le pays entier est emporté par la crise, par l’indignation, par la révolution. Pour préparer cet assaut, il est nécessaire d’entraîner à la lutte les couches d’ouvriers les plus retardataires, de mener pendant des années et des années un vaste travail, opiniâtre et tenace, de propagande, d’agitation et d’organisation en créant et consolidant toute sorte d’unions et d’organisations du prolétariat.

Par la vigueur de sa lutte, la classe ouvrière de Russie marchait en tête de toutes les autres classes du peuple russe. Les conditions mêmes de la vie des ouvriers les rendent aptes à la lutte et les incitent à combattre. Le capital rassemble les ouvriers par masses importantes dans les grandes villes ; il les groupe, leur apprend à s’unir dans l’action. A chaque pas les ouvriers se trouvent face à face avec leur principal ennemi : la classe des capitalistes. En combattant cet ennemi, l’ouvrier devient socialiste , arrive à comprendre la nécessité de réorganiser entièrement toute la société, de supprimer entièrement toute misère et toute oppression. En devenant socialistes, les ouvriers luttent avec un courage indéfectible contre tout ce qui se met en travers de leur chemin, et avant tout contre le pouvoir tsariste et les propriétaires féodaux.

Les paysans se sont dressés eux aussi pour la lutte contre les propriétaires fonciers et le gouvernement, dans la révolution ; mais leur lutte était beaucoup plus faible. On a établi que la majorité des ouvriers d’usine (jusqu’à 3/5) avait participé à la lutte révolutionnaire, aux grèves ; chez les paysans rien que la minorité : certainement pas plus d’un cinquième ou d’un quart. Dans leur lutte, les paysans étaient moins opiniâtres, plus dispersés, moins conscients, gardant encore assez souvent l’espoir en la bonté du petit-père le tsar. A vrai dire, en 1905-1906, les paysans ont simplement fait peur au tsar et aux propriétaires fonciers. Or, il ne s agit pas de leur faire peur ; il s’agit de les supprimer ; leur gouvernement — le gouvernement tsariste — il faut le faire disparaître de la surface de la terre. Aujourd’hui, Stolypine et la Douma noire des grands propriétaires fonciers s’appliquent à faire des paysans riches de nouveaux gros fermiers-propriétaires, alliés du tsar et des Cent-Noirs. Mais plus le tsar et la Douma aident les paysans riches à ruiner la masse des paysans, plus consciente devient cette masse, moins elle conservera sa foi dans le tsar, sa foi d’esclaves-serfs, la foi d’hommes opprimés et ignorants. Chaque année le nombre des ouvriers ruraux augmente à la campagne, — ils n’ont pas où chercher leur salut, si ce n’est dans une alliance avec les ouvriers des villes, en vue d’une lutte commune. Chaque année le nombre des paysans ruinés définitivement, paupérisés et affamés, augmente à la campagne ; des millions et des millions d’entre eux, lorsque le prolétariat des villes se soulèvera, engageront une lutte plus décisive, plus cohérente contre le tsar et les grands propriétaires fonciers.

La bourgeoisie libérale, c’est-à-dire les libéraux parmi les propriétaires fonciers, fabricants, avocats, professeurs, etc., ont également pris part à la révolution. Ils forment le parti de la "liberté du peuple" (c.-d., cadets). Ils ont beaucoup promis au peuple et fait beaucoup de bruit dans leurs journaux sur la liberté. Leurs députés étaient en majorité à la première et à la deuxième Douma. Ils promettaient d’obtenir la liberté "par la voie pacifique", ils condamnaient la lutte révolutionnaire des ouvriers et des paysans. Les paysans et beaucoup des députés paysans ("troudoviks") croyaient à ces promesses ; dociles et soumis, ils suivaient les libéraux, se tenant à l’écart de la lutte révolutionnaire du prolétariat. Là était l’erreur la plus grande des paysans (et de beaucoup de citadins) pendant la révolution. D’une main les libéraux aidaient, — et encore très, très rarement, — à la lutte pour la liberté ; mais ils tendaient toujours l’autre au tsar, auquel ils promettaient de garder et d’affermir son pouvoir, de réconcilier les paysans avec les propriétaires fonciers, de "pacifier" les ouvriers "turbulents".

Lorsque la révolution en vint à la lutte décisive contre le tsar, à l’insurrection de décembre 1905, les libéraux trahirent lâchement, tous tant qu’ils étaient, la liberté du peuple et abandonnèrent la lutte. L’autocratie tsariste profita de cette trahison de la liberté du peuple par les libéraux ; elle profita de l’ignorance des paysans qui, sur bien des points, faisaient confiance aux libéraux, et battit les ouvriers insurgés. Le prolétariat une fois battu, ni les Doumas d’aucune sorte, ni les discours sucrés des cadets, ni aucune de leurs promesses n’empêchèrent le tsar de supprimer tout ce qui restait des libertés, de rétablir l’autocratie et la toute-puissance des propriétaires féodaux.

Les libéraux en furent pour leurs frais. Les paysans avaient reçu une rude, mais utile leçon. Il ne saurait y avoir de liberté en Russie, tant que les grandes masses du peuple font confiance aux libéraux, croient à la possibilité d’une "paix" avec le pouvoir tsariste et se tiennent à l’écart de la lutte révolutionnaire des ouvriers. Aucune force au monde n’empêchera l’avènement de la liberté en Russie, quand la masse du prolétariat des villes se dressera pour la lutte, refoulera les libéraux hésitants et traîtres, entraînera derrière elle les ouvriers des campagnes et la paysannerie ruinée.

Le prolétariat de Russie se dressera pour cette lutte, il se mettra de nouveau à la tête de la révolution. C’est ce que garantit toute la situation économique de la Russie, toute l’expérience des années de révolution.

Il y a cinq ans le prolétariat portait un premier coup à l’autocratie tsariste. Le peuple russe vit briller pour lui les premiers rayons de la liberté. Maintenant l’autocratie tsariste est rétablie ; derechef les féodaux règnent et gouvernent : partout des violences sont exercées à nouveau sur les ouvriers et les paysans ; partout, c’est le despotisme asiatique des autorités, les lâches brimades infligées au peuple. Mais ces dures leçons n’auront pas été vaines. Le peuple russe n’est plus ce qu’il était avant 1905. Le prolétariat l’a dressé pour la lutte. Le prolétariat le conduira à la victoire.

Lénine

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« Ce qui caractérise toute révolution, c’est que la conscience des masses évolue vite : des couches sociales toujours nouvelles acquièrent de l’expérience, passent au crible leurs opinions de la veille, les rejettent pour en adopter d’autres, écartent les vieux chefs et en prennent de nouveaux, vont de l’avant, et ainsi de suite.

Les organisations démocratiques qui reposent sur le lourd appareil du suffrage universel doivent forcément, aux époques révolutionnaires, retarder sur l’évolution progressive de la conscience politique des masses. Il en va tout différemment des soviets. Ils s’appuient directement sur des groupements organiques, comme l’usine, l’atelier, la commune, le régiment, etc.

(…) Le délégué du Conseil municipal ou du zemstvo s’appuie sur la masse inorganique des électeurs qui, pour un an, lui donne pleins pouvoirs et puis se désagrège. Les électeurs du soviet, au contraire, restent toujours unis entre eux par les conditions mêmes de leur travail et de leur existence, et ils ont toujours l’œil sur leur délégué ; à chaque instant, ils peuvent l’admonester, lui demander des comptes, le révoquer ou le remplacer par une autre. »

Léon Trotsky

Dans « L’avènement du bolchevisme »

"Une des erreurs les plus grandes et les plus dangereuses que commettent les communistes (comme, d’ailleurs, les révolutionnaires en général qui ont mené à bien le début d’une grande révolution), c’est de se figurer que la révolution peut être accomplie par les mains des seuls révolutionnaires. Or, pour assurer le succès de toute action révolutionnaire sérieuse, il faut comprendre et savoir appliquer pratiquement l’idée que les révolutionnaires ne peuvent jouer un rôle que comme avant‑garde de la classe réellement avancée et viable. L’avant‑garde ne remplit sa mission que lorsqu’elle sait ne pas se détacher de la masse qu’elle dirige, lorsqu’elle sait véritablement faire progresser toute la masse. Sans l’alliance avec les non‑communistes dans les domaines d’activité les plus divers, il ne saurait être question d’aucun succès en matière de construction de la société communiste."

Lénine dans "Le matérialisme militant"

"Qu’est-ce qui cimente la discipline du parti révolutionnaire du prolétariat ? qu’est-ce qui la contrôle ? Qu’est-ce qui l’étaye ? C’est, d’abord, la conscience de l’avant-garde prolétarienne et son dévouement à la révolution, sa fermeté, son esprit de sacrifice, son héroïsme. C’est, ensuite, son aptitude à se lier, à se rapprocher et, si vous voulez, à se fondre jusqu’à un certain point avec la masse la plus large des travailleurs, au premier chef avec la masse prolétarienne, mais aussi la masse des travailleurs non prolétarienne. Troisièmement, c’est la justesse de la direction politique réalisée par cette avant-garde, la justesse de sa stratégie et de sa tactique politiques, à condition que les plus grandes masses se convainquent de cette justesse par leur propre expérience. A défaut de ces conditions, dans un parti révolutionnaire réellement capable d’être le parti de la classe d’avant-garde appelée à renverser la bourgeoisie et à transformer la société, la discipline est irréalisable. Ces conditions faisant défaut, toute tentative de créer cette discipline se réduit inéluctablement à des phrases creuses, à des mots, à des simagrées. "

Lénine dans "La maladie infantile du communisme"

"L’histoire en général, et plus particulièrement l’histoire des révolutions, est toujours plus riche de contenu, plus variée, plus multiforme, plus vivante, "plus ingénieuse" que ne le pensent les meilleurs partis, les avant-gardes les plus conscientes des classes les plus avancées. Et cela se conçoit, puisque les meilleures avant-gardes expriment la conscience, la volonté, la passion, l’imagination de dizaines de mille hommes, tandis que la révolution est, - en des moments d’exaltation et de tension particulières de toutes les facultés humaines, - l’œuvre de la conscience, de la volonté, de la passion, de l’imagination de dizaines de millions d’hommes aiguillonnés par la plus âpre lutte des classes. De là deux conclusions pratiques d’une grande importance : la première, c’est que la classe révolutionnaire, pour remplir sa tâche, doit savoir prendre possession de toutes les formes et de tous les côtés, sans la moindre exception, de l’activité sociale (quitte à compléter, après la conquête du pouvoir politique et parfois au prix d’un grand risque et d’un danger énorme, ce qu’elle n’aura pas terminé avant cette conquête) ; la seconde, c’est que la classe révolutionnaire doit se tenir prête à remplacer vite et brusquement une forme par une autre."

Lénine dans "Le gauchisme"

Le rôle de l’organisation autonome des travailleurs vue par Trotsky

La conception de Lénine sur l’auto-organisation des travailleurs

Bien des militants révolutionnaires oublient que les révolutionnaires communistes voyaient dans le prolétariat la classe révolutionnaire et non dans ses organisations, qu’elles soient révolutionnaires ou syndicales.

Le parti ou le syndicat ne remplacent pas la classe. Les militant du parti ou du syndicat qui estime que son organisation doit décider ... en lieu et place des travailleurs n’est pas révolutionnaire, même si honnêtement il ne le sait pas ...

Nous ne voulons pas développer une thèse selon laquelle la spontanéité des masses sufirait à régler tous les problèmes. Nous sommes partisans de la construction d’un parti révolutionnaire mais nous estimons que la signification de celui-ci est complètement perdue lorsque les militants estiment que l’organisation est un but en soi.

N’oublions jamais la fameuse phrase de Karl Marx : le socialisme sera l’oeuvre des travailleurs eux-mêmes !

La lutte sociale doit être dirigée par des travailleurs organisés en comités et non sous la dépendance d’un syndicat, d’un parti ou d’un Etat, même si ces organisations se prétendent ou sont révolutionnaires.

L’Etat ouvrier est défini par le fait qu’il a été bâti par des travailleurs organisés et armés. Il doit être dirigé par eux après la révolution. Jamais l’Etat ne doit être indépendant de travailleurs organisés et prenant les décisions. Jamais un Etat mis en place par d’auttres forces que la classe ouvrière organisée et armée et détruisant l’ancien appareil d’Etat ne peut être un Etat ouvrier. Il n’existe pas d’Etat ouvrier et paysan, ni d’Etat démocratique, ni encore d’Etat progressiste, ni d’Etat allant vers le socialisme. Toutes ces fictions, utilisées pour qualifier les Etats chinois, cubain ou des pays de l’Est ne servent qu’à couvrir des dictatures contre la classe ouvrière.

Ce n’est pas telle ou telle politique économique qui donne son caractère socialiste à l’oeuvre en cours, c’est la direction de la société par les opprimés eux-mêmes et pas par un parti gouvernant en leur nom !

Messages

  • malheureusement toutes les organisations sont sur cet axe la, on méprise les ouvriers .a chaque fois qu’une grève est réussie, ils ne disent pas que les ouvriers ont fait recule le patron, c’est soit les syndicats soit parce qu’il y a beaucoup de militant dans cette boite.

  • L’Etat ouvrier est défini par le fait qu’il a été bâti par des travailleurs organisés et armés. Il doit être dirigé par eux après la révolution. Jamais l’Etat ne doit être indépendant de travailleurs organisés et prenant les décisions. Jamais un Etat mis en place par d’auttres forces que la classe ouvrière organisée et armée et détruisant l’ancien appareil d’Etat ne peut être un Etat ouvrier. Il n’existe pas d’Etat ouvrier et paysan, ni d’Etat démocratique, ni encore d’Etat progressiste, ni d’Etat allant vers le socialisme. Toutes ces fictions, utilisées pour qualifier les Etats chinois, cubain ou des pays de l’Est ne servent qu’à couvrir des dictatures contre la classe ouvrière.

    Ce n’est pas telle ou telle politique économique qui donne son caractère socialiste à l’oeuvre en cours, c’est la direction de la société par les opprimés eux-mêmes et pas par un parti gouvernant en leur nom !

  • « Savoir trouver, pressentir, déterminer exactement la voie concrète ou le tour spécial des événements, qui conduira les masses vers la grande lutte révolutionnaire véritable, décisive et finale : tel est le principal objet du communisme actuel en Europe occidentale et en Amérique. »

    Lénine, La maladie infantile du communisme

  • Lénine écrit en avril 1920 dans La Maladie infantile du communisme :

    « Qu’est-ce qui cimente la discipline du parti révolutionnaire du prolétariat ? » , « Qu’est-ce qui la contrôle ? Qu’est-ce qui l’étaye ? C’est d’abord, la conscience de l’avant garde prolétarienne et son dévouement à la révolution, sa fermeté, son esprit de sacrifice, son héroïsme. C’est, ensuite, son aptitude à se lier, à se rapprocher et, si vous voulez, à se fondre jusqu’à un certain point avec la masse la plus large des travailleurs, au premier chef avec la masse prolétarienne, mais aussi la masse des travailleurs non prolétarienne. Troisièmement, c’est la justesse de sa stratégie et de sa tactique politiques, à condition que les grandes masses se convainquent de cette justesse par leur propre expérience. A défaut de ces conditions, dans un parti révolutionnaire réellement capable d’être le parti de la classe d’avant-garde appelé à renverser la bourgeoisie et à transformer la société, la discipline est irréalisable. Ces conditions faisant défaut, toute tentative de créer cette discipline se réduit inéluctablement à des phrases creuses, à des mots, à des simagrées. Mais, d’autre part, ces conditions ne peuvent pas surgir d’emblée. Elles ne s’élaborent qu’au prix d’un long travail, d’une dure expérience ; leur élaboration est facilitée par une théorie révolutionnaire juste qui n’est pas un dogme, et qui ne se forme définitivement qu’en liaison étroite avec la pratique d’un mouvement réellement massif et réellement révolutionnaire ».

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