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Pourquoi Lutte Ouvrière ment en intitulant son meeting du 27 septembre d’Arthaud-Mercier : « Aux travailleurs de diriger la société »…
vendredi 31 octobre 2025, par ,
Pourquoi Lutte Ouvrière ment en intitulant son meeting du 27 septembre d’Arthaud-Mercier : « Aux travailleurs de diriger la société »…
Voici le discours de Nathalie Arthaud, dirigeante de Lutte Ouvrière, que nous allons commenter et démonter point par point dans la suite :
Disons tout de suite que nous sommes tout à fait pour que la classe ouvrière gouverne toute la société et l’avons affirmé maintes fois de manière publique, en paroles et en actes, mais que nous ne croyons pas du tout que l’organisation opportuniste de fausse extrême gauche Lutte ouvrière soit réellement favorable à cette perspective ni qu’elle dise un seul mot réellement dans ce sens et moins encore fasse le moindre geste pour cela… C’est ce que nous allons tenter de démontrer une fois de plus.
Sur chaque point, nous allons montrer que chaque affirmation qui pourrait apparaitre juste ne l’est pas parce qu’il y manque l’essentiel.
Sur ce premier point, le titre de la conférence, et le point crucial du pouvoir aux travailleurs, on ne trouvera dans le texte du meeting de Arthaud aucune qualification d’un quelconque type de pouvoir aux travailleurs, ni même aucun parallèle avec d’autres prises de pouvoir des travailleurs dans le passé, la Commune de Paris de 1871 ou la révolution russse ou d’autres révolutions prolétariennes. On ne trouvera ni le mot république des conseils ouvriers, ni pouvoir des comités du peuple travailleur, ni dictature des soviets, ni auto-organisation révolutionnaire des travailleurs, ni assemblées souveraines et décisionnelles du peuple travailleur. Tout cela n’est pas dans ce discours et n’est pas non plus dans aucun texte ou discours de la même organisation. Ce n’est pas dans leur programme. Ce ne peut pas être dans leurs réalisations politiques de demain car ce n’est pas dans leurs gènes d’aujourd’hui… Le seul but de Lutte Ouvrière qui a, formellement, un rapport avec une construction actuelle en rapport avec la préparation en vue d’un demain révolutionnaire, c’est la construction d’un parti révolutionnaire, ou du moins qui se dit tel.
Mais comment distinguer un parti révolutionnaire d’un qui ne le serait que mensongèrement ? Par le fait qu’il milite ou pas pour le pouvoir de soviets révolutionnaires ! LO non seulement ne milite pas pour des soviets de travailleurs mais n’en parle même pas, ne rappelle même pas de manière historique en relation à la situation actuelle que c’est cela la voie…
Vous avez le texte. Cherchez-y les mots « soviets », « comités », « conseils », « dictature du prolétariat », « auto-organisation », « commune » et on en passe. Rien !
Cherchez un mot de description du futur gouvernement des travailleurs ? Qu’est-ce qu’il sera ? Comment il sera ? Sur qui il se fondera ? Quelle forme il prendra ? Comment il s’imposera ? Comment il se défendra contre la classe capitaliste ? Rien ! Rien de rien !
Pas un mot, pas une phrase, pas un paragraphe, pas une allusion !
LO ne se lie pas les mains (elle ne s’engage à rien) par des déclarations ou des programmes par trop réellement révolutionnaires. On ne risque pas de la critiquer de développer un programme révolutionnaire ni même d’y faire allusion… Qui pourrait le critiquer de faire cela ? La gauche syndicale à laquelle elle appartient, la gauche politique, la bourgeoisie et son Etat qui lui permettent de se présenter aux élections, qui lui permettent de passer dans la presse, qui lui permettent d’occuper des positions dirigeantes ou pas dans les appareils syndicaux, etc…
Un autre point, lorsqu’on explique que la situation politique, économique et sociale amène à penser que les travailleurs vont devoir prendre le pouvoir, vont devoir supprimer le capitalisme, c’est que le système est à bout de souffle, n’a plus d’avenir, est dans le gouffre. Trouve-t-on dans le texte les termes et les explications d’une « situation révolutionnaire », d’une « période pré-révolutionnaire » ? Absolument pas ! LO ne croit pas du tout que la situation est révolutionnaire, ni pré-révolutionnaire et ne l’affirme absolument pas. La référence à la nécessité, un jour, dans un an ou un siècle ou plusieurs siècles, de faire la révolution pour renverser le pouvoir capitaliste est hors actualité, du fait moins aux yeux des dirigeants de LO. Du coup, toutes les analyses de la situation actuelle ne visent absolument pas à démontrer que le capitalisme doit être renversé de manière plus urgente qu’il y a dix ans ou dans dix siècles.
Arthaud démarre en disant qu’elle ne va pas perdre de temps à discuter des difficultés du Premier ministre. Elle ne discute pas davantage des « difficultés » du précédent qui l’avaient amené à démissionner. Pourtant, la suspension de la réforme des retraites alors que les actions de la gauche syndicale et politique n’avaient jamais amené une telle suspension, la démission de Bayrou, et bien d’autres affolements des capitalistes ont montré que les classes dirigeantes ont été affolées à l’idée de la montée à partir de septembre d’un mouvement issu de la base, non dépendant des partis et syndicats de gauche et non muselé par eux, un mouvement qui aurait été du type des Gilets jaunes et qui avait la sympathie de l’ensemble des milieux populaires.
Le discours d’Arthaud analyse-t-il ce fait déterminant pour les luttes de classes en France et surtout dans la perspective de la révolution sociale que LO prétend représenter politiquement ? Absolument pas ! Pas un mot sur la tentative d’un mouvement issu de la base, d’un mouvement auto-organisé, se dirigeant lui-même, contestant le fondement même de l’Etat.
Comment LO analyse la situation de crise spécifique que tout le monde constate actuellement en France ? Eh bien, pour LO, il n’y a absolument pas de crise particulièrement aigüe mais seulement le résultat classique des classiques du capitalisme.
Que se passe-t-il actuellement dans l’économie française ? Eh bien, il se passe que « dans cette société, il n’y a pas de riches sans pauvres ! Les riches capitalistes ne prospèrent qu’en produisant plus d’exploités et plus de précarité. Pour que les capitalistes concentrent entre leurs mains des centaines de millions et des milliards, il faut des millions de travailleurs qui triment payés au lance pierre. » Pas de situation particulièrement critique donc !
Ou encore, on lit dans cette analyse de la situation que : « le profit, la plus-value, est accumulée entre les mains de la classe capitaliste, et transformée en capitaux, c’est-à-dire en nouveaux moyens d’exploiter d’autres travailleurs, leurs enfants, et ainsi de suite… »
Manque de chance, c’est justement ce que le capitalisme ne parvient plus à faire et qui a aentrainé l’effondrement de 2007-2008, étant donné que la fraction du capital qui n’exploite plus du travail humain est de plus en plus grande et ne peut plus réaliser de la plus-value extraite du travail humain. En effet, nous sommes dans une situation dite de suraccumulation du capital, ce qui signifie que le capital accumulé est trop grand par rapport aux possibilités d’investir de manière rentable dans la production. Le capitalisme a trop bien réussi au point qu’il ne peut plus continuer à se maintenir en place. Ce n’est pas LO qui le dira. LO veut seulement dire que le capitalisme sera un jour dépassé et pas qu’il est déjà fini, mort comme système rentable et dynamique, et que la révolution est d’ores et déjà à l’ordre du jour.
Rien de tout cela ne se trouve dans l’analyse de la situation du capitalisme selon LO :
« La crise économique n’est pas le fruit d’une politique trop libérale, elle est dans l’ADN du capitalisme.
Quand la production est laissée à l’initiative de milliers d’entreprises privées qui se font concurrence, comment éviter la surproduction ou à l’inverse la sous-production ?
Quand le seul but est la course aux profits, comment empêcher que les capitaux se concentrent dans les secteurs les plus rentables au détriment des autres ? Les crises sont les respirations naturelles et monstrueuses du capitalisme.
Et depuis les années 1970 et les deux krachs pétroliers, la crise est le mode d’existence du capitalisme car les forces productives ont très largement dépassé les capacités d’absorption du marché solvable.
Tant que les marchés n’étaient pas saturés et que de nouveaux remplaçaient les anciens, tant que la reconstruction de l’après Seconde Guerre mondiale n’était pas achevée, la guerre commerciale n’avait pas la même intensité. Désormais c’est l’embouteillage, ce qui exacerbe la guerre économique entre les multinationales et en fait, pour elles, une question de vie ou de mort.
Cette crise économique se double d’une autre menace : celle de la crise financière. Comme des milliards de capitaux ne trouvent pas à s’investir de façon rentable dans la production de biens matériels et de services, ils s’investissent dans la finance. D’où une financiarisation croissante de l’économie, et des mouvements de spéculation démesurés. »
C’est marginalement que LO constate « une financiarisation », « des capitaux qui ne trouvent pas à s’investir ». En effet, LO écrit que la crise économique se double d’une… menace. Or, la menace est plus que réalisée, elle a déjà été réalisée en 2007. Elle n’a fait qu’augmenter depuis. Cela fait que le système est déjà mort et que LO dit qu’il est en plus… menacé !
Bien entendu, quand on ne pense pas que le capitalisme ne parvient plus du tout à fonctionner, on ne pense pas non plus que la révolution sociale soit… à l’ordre du jour !
En fait, LO se contente de regrouper des gens qui admettent l’idée qu’un jour (dans une période absolument imprédictible et pas forcément proche) il faudra une révolution communiste et pas qui pensent qu’il la faut maintenant… Et donc pas des gens qu’ils pensent qu’il faut agir tout de suite en fonction de cette perspective. Du coup, les soviets ne sont absolument pas à l’ordre du jour…
Est-ce que tout est prêt à exploser dans le monde capitaliste, pour LO ? Oui, mais pas plus hier qu’aujourd’hui ni que demain car la raison que LO trouve de ce « risque » est sans époque, de toujours : « Nous dormons sur un volcan parce que l’économie capitaliste est par nature spéculative. »
L’économie capitaliste serait ainsi depuis toujours de nature spéculative ? C’est absolument faux ! La fraction du capital qui se consacre à la spéculation est infiniment plus importante depuis 2007 que jamais dans toute l’histoire du capitalisme. La « nature » du capitalisme n’était absolument pas spéculative mais investisseuse dans la production et LO lui-même l’affirmait deux lignes plus haut ! Tout cet embrouillamini de fausse analyse de la situation du capitalisme pour cacher que LO ne veut pas voir que le capitalisme n’a plus d’avenir, non pas un jour mais tout de suite !
LO passe alors à un domaine où elle se croit plus à l’aise : dénoncer la marche à la guerre.
C’est bien de la dénoncer mais encore faut-il la comprendre. Pourquoi les capitalistes se jetteraient-ils dans une boucherie généralisée qui détruirait une grande partie de la planète si le système capitaliste n’est pas immédiatement menacé ?
En tout cas, LO écrit que la planète est menacée directement et rapidement par une guerre mondiale. Quelles conséquences politiques et sociales immédiates en découlent ? Quelles tâche LO attribue-t-elle aux militants révolutionnaires, dans les entreprises, dans les quartiers, dans les syndicats, dans la jeunesse, parmi les femmes, etc ? Pas un mot là-dessus ! Faut-il appeler les soldats à refuser d’obéir, à rompre avec leur hiérarchie belliciste, à s’organiser en comités aux côtés de comités de travailleurs eux-mêmes organisés contre la guerre ? Pas un mot là-dessus ! Faut-il des prises de positions dans les syndicats et une organisation de fractions anti-guerre impérialiste dirigée par les militants révolutionnaires ? Pas un mot là-dessus ! Est-ce que LO développe la perspective léniniste consistant à prôner la défaite de l’armée impérialiste de son propre pays, ou défaitisme révolutionnaire ? Ni le mot ni l’objectif révolutionnaire de dissolution, de démoralisation, de destruction des armées impérialistes par le peuple travailleur auto-organisé appelant les soldats à faire de même ne sont dans le texte du meeting de Lutte Ouvrière, ni dans aucun autre texte de cette organisation ! C’est pourtant une constante pour les dirigeants communistes révolutionnaires, notamment Lénine, Trotsky et Rosa Luxemburg. Comment peut-on écrire que la guerre mondiale est une perspective proche, se dire révolutionnaire et ne pas proposer aux travailleurs la lutte révolutionnaire pour dissoudre les armées impérialistes !
LO se contente d’ironniser sur ces messieurs-dames qui préparent la guerre, alors qu’il s’agit de préparer le prolétariat à la riposte ! Pas un mot sur le fait que le prolétariat est capable lui-même d’entrer en guerre contre son impérialisme, qu’il peut s’armer, qu’il peu former des milices ouvrières, qu’il peut mener une propagande anti-militariste dans les rangs de l’armée, etc. Rien !
LO dit juste : « ne nous laissons pas embrigader ». Ou encore elle écrit : « Les impérialistes sont les grandes puissances occidentales, à commencer par les États-Unis. » Tiens, tiens ! Une organisation de France qui ne commence pas par dénoncer son propre impérialisme, alors que Lénine affirmait que tel était le devoir de tout groupe révolutionnaire, aussi petit soit-il, d’un pays impérialiste au bord de la guerre impérialiste !
Que dit LO sur l’impérialisme français ? « Grande-Bretagne et France se sont partagé les dépouilles de l’empire Ottoman, après la Première Guerre mondiale.
La France a mis la main sur la Syrie dont elle a détaché une partie, le Liban, pour mieux contrôler son port, son commerce et ses banques. La Grande Bretagne a mis le grappin sur la Palestine, la Jordanie et l’actuel Irak. » Oulala ! Il lui faut remonter à la première guerre mondiale pour illustrer les méfaits de l’impérialisme français !
Il serait plus judicieux de rappeler comment la France intervient militairement dans le monde, au point que tous les peuples de l’Afrique ne veulent plus de l’armée française, non ?
Il serait judicieux de rappeler que l’impérialisme français vient de soutenir le dictateur malgache contre son peuple, sans succès ! Mais LO n’a pas appelé les travailleurs français à se solidariser du peuple malgache en révolte contre l’impérialisme français, et ne le fait pas davantage maintenant que ce dictateur est tombé !
En fait, l’impérialisme français est intervenu pour soutenir toutes les dictatures contre toutes les révoltes et révolutions, notamment celles qui ont éclaté lors des « printemps ». Là non plus aucun appel des militants de LO, notamment dans les syndicats où cette organisation milite, pour combattre les menées contre-révolutionnaires de l’impérialisme français !
Dans le passage du discours d’Arthaud où il est fait allusion aux révoltes en question, il n’est jamais dit que le prolétariat du pays impérialiste doit absolument se solidariser avec la révolte, combattre les visées et les menées de son propre impérialisme, le discréditer auprès du peuple du pays impérialiste, démoraliser l’armée, etc… Rien d’une politique révolutionnaire en pays impérialiste en somme !
Si LO fait allusion à la responsabilité de l’impérialisme dans des guerres récentes, c’est pour discuter de la responsabilité d’un Sarkozy, pas de celle du prolétariat français, pas de celle des révolutionnaires de France ! Et pas de la perspective révolutionnaire de démoralisation de l’armée, de destruction de l’appareil militaire et policier de l’impérialisme !
Pas plus que LO ne parle, dans le passage où cette organisation fait une petite allusion à la vague internationale des révoltes (juste en citant Madagascar et le Népal), de la nécessité d’une politique révolutionnaire dans ces pays, notamment de l’armement du prolétariat. Cet objectif de base sans lequel toute dénonciation de la guerre impérialiste n’est qu’un mot pacifiste et creux, est absolument absent de la propagande de Lutte ouvrière et pas seulement dans ce meeting.
Si LO dénonce l’impérialisme, c’est pour dire qu’« il n’y a pas un signe égal à mettre entre l’impérialisme américain et la Russie et la Chine » que LO ne traite pas ces deux derniers pays d’impérialismes ! Alors que l’impérialisme mondial se sépare en deux blocs et que toute la politique révolutionnaire de Lénine consistait justement à mettre un signe égal entre tous les blocs impérialistes ! LO écrit : « La Russie et la Chine ont les moyens de résister aux pressions de l’impérialisme occidental, mais cela n’en fait pas encore des puissances impérialistes. »
Alors, voilà, LO a découvert des grands pays capitalistes développés qui, dans l’état actuel du capitalisme arrivé à son stade suprême comme le disait Lénine, rompent cependant avec la loi de Lénine en n’étant pas impérialistes ! Quand LO fait dans l’originalité théorique par rapport avec ses glorieux prédécesseurs révolutionnaires, ce n’est justement pas glorieux du tout !
Et de nous expliquer aussi que l’Union européenne n’est pas impérialiste puisqu’elle s’est couchée sans combat face à Trump dans la guerre commerciale et douanière !
La seule phrase exacte de tout ce passage sur la guerre impérialiste qui vient est : « Seul le renversement du pouvoir de la bourgeoisie et la domination de l’impérialisme sur le monde peut écarter la menace de la guerre mondiale et assurer des relations fraternelles entre les peuples. »
Mais même la caractérisation de la guerre mondiale qui vient est fausse : LO la traite de guerre impérialiste parce qu’elle implique l’impérialisme des USA et pas de guerre inter-impérialiste comme si Russie et Chine ne constituaient pas un bloc qui essaie lui aussi de dominer le monde ! Comme si ce deuxième bloc ne menaçait pas la domination du dollar, comme si ce deuxième bloc ne s’implantait pas dans les pays où les impérialismes occidentaux sont discrédités, notamment en Afrique ! Comme si le pacifisme que LO prête à la Chine notamment mais même à la Russie ne cachait pas des perspectives guerrières énormes !
Même lorsque LO fait allusion à Israël et à la Palestine, ce n’est nullement pour développer une politique anti-impérialiste. Ainsi, pas un mot pour dire que l’impérialisme a continuer tout au long du massacre de Gaza à armer Nétanyahou ! Pas un mot pour dire qu’il fallait une propagande dans les entreprises, dans les syndicats pour bloquer les armes en direction d’Israël ! Jamais LO ne souligne la responsabilité du peuple travailleur de France dans la lutte contre son propre impérialisme. Cette organisation là encore se contente de propos vague et sans conséquence, qui ne la mouillent pas par rapport aux appareils syndicaux où elle milite.
Ainsi, pas un mot dans ce meeting pour dénoncer les propos guerriers et bellicistes des syndicats, en faveur de l’Ukraine notamment et particulièrement ceux du syndicat SUD où militent Mercier et de nombreux militants de LO !
LO parle juste de « solidarité à l’égard des Palestiniens » sans dire un mot de plus sur en quoi consiste cette solidarité !
LO entre alors dans un grand développement moraliste contre le nationalisme en général. Là encore, séparation totale avec la politique de Lénine et des révolutionnaires communistes du passé qui établissaient une séparation entre les pays impérialistes et les autres, dénonçant le nationalisme des grandes puissances, pas celui des petits peuples opprimés. Lénine a même mené toute une politique montrant qu’en prenant la tête des petits peuples opprimés sur la plan national, le prolétariat pouvait devenir une force considérable capable de battre les armées impérialistes car sa propagande dissolvait les liens entre l’impérialisme et sa propre armée. Rien de tout cela bien entendu dans le discours de LO sur le nationalisme.
LO, dans ce passage, parle juste de dénoncer, pas de combattre. Tout le temps, LO affirme « il faut dénoncer ces politiques comme le produit du capitalisme ».
Mais dénoncer le capitalisme et l’impérialisme ne nous indique pas la voie pour les renverser. Même le fait de dire qu’un jour il faudra faire la révolution pour le renverser n’est pas une indication suffisante. Qu’est-ce que cela change dans notre politique d’aujourd’hui, dans les luttes, dans les mouvements, dans les manifestations, dans les syndicats ? Pas un mot de réponse à part : « dénoncer le capitalisme qui est responsable tout ».
Un seul passage est juste : « Il n’y a qu’une seule politique à mener face à la guerre, la seule qui a marché lors de la Première Guerre, parce qu’elle a arrêté la guerre, c’est la politique du parti Bolchevik, de Lénine et des révolutionnaires qui ont préparé les esprits pour que le ouvriers et les paysans retournent leurs armes contre leurs propres généraux et qu’ils se lancent à la conquête du pouvoir. » On croirait que cela allait être le début d’un développement sur comment LO entend mener actuellement la même politique. Eh bien pas tout. C’est juste le petit coup de chapeau qui a pour but de grandir LO et de faire passer cette organisation comme très révolutionnaire auprès du bon public ! Ensuite, plus rien là-dessus !
LO passe direct à une autre dénonciation moraliste, celle du racisme. Comme si la guerre impérialiste, tout comme le nationalisme et le racisme, était un défaut moral de la société.
Et Arthaud de monter le ton : « Ce nationalisme, il faut le combattre, autant si ce n’est plus que le racisme. »
Mais rappelez-vous, pour LO, combattre c’est juste dénoncer moralement et verbalement, sans démasquer les racines réelles, sans proposer des perspectives politiques réelles, sans un véritable programme révolutionnaire en somme…
Là LO passe aux révoltes qui éclatent un peu partout dans le monde. Est-ce pour expliquer quelle politique les trompe et quelle politique les ferait réussir ? Qu’est-ce qui a manqué au peuple égyptien, au peuple tunisien, au peuple marocain, au peuple algérien, au peuple yéménite, au peuple haitien, au peuple albanais, pour ne citer que les première révoltes et révolutions des printemps ? Ce n’est pas dans le meeting de LO que vous trouverez une tentative de réponse. LO ne cherche rien de tout cela. Vous ne le trouverez pas plus dans ce meeting que dans les autres textes de LO portant sur ces révoltes. Juste une seule répétition : seule la révolution, seule la classe ouvrière peuvent renverser l’ordre social. Comment y parvenir ? Pas un mot ! En quoi cela consisterait dans ces pays ? Rien ! En quoi cela consiste précisément en France aujourd’hui ? Rien à part le mot d’ordre « développer la conscience de classe ».
Est-ce que marcher comme des petits soldats derrière les dirigeants syndicaux pro-impérialistes, démobilisateurs et réformistes, comme le fait systématiquement LO, c’est développer la conscience de classe, ce n’est pas LO qui nous le dira ! Notamment dans la lutte des retraites en France, LO n’a pas levé le petit doigt pour élever la conscience de classe. Dans le mouvement de septembre dernier, LO n’a pas levé le petit doigt pour élever la conscience de classe, pas plus que lors du mouvement des Gilets jaunes où LO proclamait ne pas porter le gilet jaune, se désolidarisant de la révolte sociale pour rester en phase avec l’appareil syndical contre-révolutionnaire !
A propos du Népal et du Bangladesh, LO affirme : « Dans ces deux pays, ce qui a manqué aux insurgés, ce n’est pas le courage, c’est la conscience de savoir qui sont leurs véritables ennemis et qui sont leurs faux amis. »
Mais pas un mot sur comment distinguer ces faux amis réformistes et opportunistes ! Comment le fait LO en France ? Montrez-nous ! Pas un mot dans le texte sur les faux amis syndicaux français !
Qu’est-ce qui nous montre comment LO se distingue des fameux faux amis ? Quelle politique démontre qu’on rompt avec eux ? Pas de réponse !
Pourtant, cette réponse existe. Le premier signe qu’on a affaire à des faux amis, c’est qu’ils ne militent pas pour l’auto-organisation des travailleurs sous forme de comités, de conseils, d’assemblées souveraines et décisionnelles, pour des organisations de base indépendantes des appareils syndicaux et politiques, que ce soit dans les grèves, dans les mobilisations, dans les journées d’action, dans les mouvements de base. LO ne le dit pas et ne le fait pas et fait donc partie des fameux faux amis.
La réponse de LO est étonnante par son caractère vague, lointain, sans précision : « Une révolte ne peut se transformer en révolution victorieuse qu’au travers d’un combat politique qui pose la question de qui va prendre le pouvoir gouvernemental entre ses mains. Qui va diriger la société. La bourgeoisie pour maintenir l’ordre social capitaliste ou la classe ouvrière pour édifier une société communiste ? Si cette question n’émerge pas au cours d’une crise révolutionnaire, l’ordre social ne peut pas être renversé. »
Poser la question « qui va prendre le pouvoir » d’accord, mais entre qui et qui ? La classe ouvrière et la bourgeoisie, encore d’accord. Mais comment la classe ouvrière peut prendre le pouvoir ?
Qu’entend LO par prise de pouvoir par la classe ouvrière ? La venue au pouvoir de partis et de syndicats dits « ouvriers » ? LO ne le dit pas mais ne dit pas le contraire non plus ! Elle n’entre pas dans de tels détails, parce que ce serait de la politique fiction ? Ou pour le pas gèner les syndicalistes réformistes qu’elle cultive en son sein ?
En tout cas, pas un mot ni là ni nulle part dans la politique et les actes de LO qui dise en clair : les soviets révolutionnaires de travailleurs doivent prendre la totalité du pouvoir !
Et la conclusion n’est pas « construisez les soviets » mais rejoignez notre organisation ce que LO dit sous la forme « construisez le parti révolutionnaire ».
Démontrez-nous d’abord, camarades de LO, que vous êtes vraiment révolutionnaires, militez en paroles et en actes pour la construction des conseils de travailleurs sans lesquels l’idée meme que la classe ouvrière doit prendre le pouvoir est un mot vide de sens !