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Lutte de classes au Bangladesh et dans la Péninsule arabique : Solidarité avec les travailleurs bangladais arrêtés à Abu Dhabi ! A bas la base militaire française d’Abu Dhabi !
jeudi 8 août 2024
Lu dans la presse
Golfe. La répression contre les manifestants bangladais s’étend aux Émirats arabes unis
Des dizaines de travailleurs bangladais ont été condamnés à une peine de prison par la justice émiratie pour avoir “appelé à manifester” ou “participé à des émeutes” dans la pétromonarchie, alors qu’un mouvement de contestation secoue leur pays d’origine. C’est un avertissement aux immigrés, qui constituent plus de 90 % de la population : toute forme d’engagement à caractère politique est une ligne jaune pour les autorités.
“La cour d’appel fédérale d’Abou Dhabi a jugé ce dimanche [21 juillet] 57 ressortissants bangladais” qui avaient manifesté ou appelé à manifester, rapporte le quotidien émirati Gulf Today.
Trois d’entre eux ont été condamnés à la prison à vie, cinquante-trois à dix ans de prison, et un autre, également accusé de séjour illégal, à onze ans de prison. Ils ont été condamnés pour avoir voulu participer à distance au vaste mouvement de contestation qui agite leur pays d’origine, le Bangladesh, où les affrontements avec la police ont fait au moins 174 morts et mené à plus de 2 500 arrestations.
Aux Émirats, les premiers sont accusés d’avoir “appelé à manifester” et d’avoir manifesté, les autres d’avoir “participé aux émeutes”, selon les termes employés par les médias du pays.
“La cour a également ordonné leur expulsion du pays à la fin de leur peine de prison.”
Les investigations, ainsi que le procès, ont été menées tambour battant, selon un autre quotidien local, Gulf News, qui rapporte que l’enquête a été lancée dès le lendemain des faits, “sous la supervision directe” du procureur général, Hamad Saif Al-Shamsi, qui a également ordonné une procédure accélérée devant la cour.
L’ambassade du Bangladesh aux Émirats arabes unis a soutenu le verdict, ajoute Khaleej Times, dont la une cite un communiqué diplomatique appelant “tous les compatriotes [bangladais] à respecter les lois locales et à ne pas verser dans des activités interdites”, ainsi qu’à ne pas “prendre de photos ou de vidéos de telles activités”, et à s’abstenir de “partager des rumeurs et de la propagande”.
Il fallait de la “fermeté” pour ceux qui contreviennent à la loi et “bafouent la sécurité et la paix sociale” aux Émirats, commente sur son compte X Abdulkhaleq Abdulla, politologue émirati proche des cercles dirigeants du pays. “Les Émirats sont un État de droit, et personne n’est au-dessus de la loi, fût-il prince”, ajoute-t-il, contre toute évidence.
C’est un jugement en guise de “dissuasion”, estime de son côté Andreas Krieg, spécialiste du Golfe au King’s College de Londres, qui s’est lui aussi exprimé sur son compte X. “Les Émirats signifient clairement à leurs citoyens et aux résidents [étrangers] que toute forme de communication civile – sociétale ou politique –, sans même parler de militantisme, à défaut d’être autorisée par l’État, sera punie.”
Manifester sans autorisation est illégal aux Émirats arabes unis, précise pour sa part le site qatari Al-Jazeera. “Selon le Code pénal, il est également interdit d’offenser des pays étrangers ou de mettre en péril les relations [bilatérales] avec eux.”
Les ressortissants étrangers forment plus de 90 % de la population des Émirats, dont le total est d’un peu plus de 9 millions. Les Bangladais forment la troisième communauté du pays par la taille, après les Indiens et les Pakistanais. Ils occupent souvent des postes parmi les moins qualifiés, notamment dans la construction et les services.
Au Qatar, où la situation démographique est semblable, des manifestations auraient également eu lieu, affirme le site Doha News, qui publie une vidéo d’un défilé sur son compte X.