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Le NPA-R : une flotille politique opportuniste à la dérive entre anti-sionisme et antisémitisme

jeudi 9 octobre 2025

Le récent article du NPA-R intitulé L’antisémitisme est un crime, l’antisionisme est un devoir est un symptôme de la dérive opportuniste de cette organisation. On y lit en conclusion :

Alors, oui, les révolutionnaires luttent contre le racisme, l’antisémitisme et le sionisme !

Certes, pour l’agitation dans une manifestation, ce slogan peut sonner juste. Mais ce slogan est pour le NPA-R son programme complet sur la question.

Or en tant que programme, ce slogan est contradiction totale avec, celui proclamé en mai 1915 par Karl Liebknecht au nom de Spartacus (le groupe du même nom sera fondé plus tard, le 1er janvier 1916) :

l’ennemi principal est dans notre propre pays

Pour un parti révolutionnaire français, l’ennemi principal est donc l’impérialisme français, le nationalisme bourgeois français, pas le nationalisme bourgeois juif.

Prétendre, comme le fait le NPA-R, que le nationalisme bourgeois juif serait d’une espèce spécifique, tellement pire que les autres qu’il mérite que lui soit dédiée une lutte spécifique, est une forme d’antisémitisme, car elle met les juifs "à part".

C’est en tant que nationalisme bourgeois instrument volontaire au service des impérialismes français et britannique, puis états-uniens, que les marxistes combattent le sionisme.

La première dérive du NPA-R est de ne pas analyser le sionisme en termes de classes sociales, le terme "bourgeoisie" n’est même pas employé dans l’article cité, le terme de nationalisme non plus. Or c’est bien la question nationale qui se posait pour les juifs, le sionisme étant une des réponses.

le NPA-R remplace l’explication de l’histoire en termes de lutte des classes par des analyses en termes de luttes entre les idéologies racistes et les idéologies non racistes :

L’antisémitisme a été à l’origine de crimes de masse, des pogroms de la Russie tsariste aux six millions de Juifs tués par le régime nazi et ses alliés durant la Seconde Guerre mondiale. Les révolutionnaires luttent contre toutes les oppressions. La lutte contre le racisme sous toutes ses formes et donc, bien entendu, contre l’antisémitisme, fait donc partie de nos combats.

C’est ce que nous enseigne l’école française bourgeoise, Macron pourrait signer !

Pour le NPA-R, l’antisémitisme est donc à l’origine des actes antisémites, c’est une explication idéaliste, du "bon sens" à la base des campagnes réactionnaires que mène actuellement l’Etat français au nom de la "lutte contre l’antisémitisme".

C’est l’impérialisme français qui finança le régime du tsar qui mis en place une politique antisémite d’état, dont les pogroms furent des sous-produits, dirigés avant tout contre la révolution prolétarienne. Ce sont les impérialismes français par le traité de Versailles, l’écrasement des révolutions prolétariennes et l’impérialisme allemand qui sont coupables de l’extermination des juifs d’Europe. Staline, allié de Hitler lors du pacte germano-soviétique, est un autre responsable. Il a massacré les juifs polonais dirigeants du parti communiste.

L’impérialisme français est absent de l’article du NPA-R !

Pour justifier son slogan, le NPA-R avance les arguments suivants :

L’antisémitisme est un crime, l’antisionisme est un devoir. Cette formule choc, qui a fait flores, est due à Pierre Stambul, ancien président de l’Union juive française pour la paix (UJFP), qui combat à la fois l’antisémitisme et le sionisme. Pour lui, l’antisémitisme est une forme de haine des juifs multiséculaire qui, comme tous les racismes, est un crime. Tandis que le sionisme, qu’il soit de droite ou de gauche, est à l’origine de la colonisation et de l’occupation de la Palestine au détriment de son peuple. Le sionisme est donc responsable non seulement du génocide qui se poursuit à Gaza, mais aussi de la confiscation de terres et des expulsions systématiques de leur maison des habitants de Cisjordanie et de Jérusalem-Est. Sans oublier l’apartheid à l’égard des Arabes d’Israël qui sont toujours considérés comme des citoyens de seconde zone ne bénéficiant pas des mêmes droits que leurs concitoyens juifs.

Notons enfin qu’il existe une fédération des Juifs européens pour une paix juste qui défend les mêmes objectifs que l’UJFP, et qu’aux États-Unis milite sur la même ligne la très active association Jewish Voice for Peace (Voix juive pour la paix) qui se veut « la plus grande organisation juive au monde soutenant la Palestine ».

Tout cela est très intéressant, on voit que le nationalisme juif bourgeois comporte certains courants qui sont hostiles au sionisme. Si des nationalistes bourgeois juifs ont pour slogan : "à bas l’antisémitisme et le sionisme !", les révolutionnaires peuvent faire connaitre leur point de vue, s’en déclarer solidaire.

Mais tous ces "exemples" cités par le NPA-R, ce parti oublie de le souligner, ce sont des démocrates nationalistes bourgeois. Ce qu’on peut attendre de mieux d’un nationaliste bourgeois juif, ne peut pas être repris tel quel par des révolutionnaires prolétariens sans un examen approfondi. Mais le point de vue du prolétariat révolutionnaire n’est pas ce qui préoccupe le NPA-R.

Ce que les révolutionnaires peuvent saluer chez ces nationalistes bourgeois juifs, c’est qu’ils appliquent, dans une certaine mesure, le principe de Liebknecht : l’ennemi principal est dans notre propre nation. Que des bourgeois juifs critiquent le nationalisme juif bourgeois qu’est le sionisme, c’est très bien. Que l’allemand Liebknecht crie "A bas l’impérialisme allemand !", c’est très bien. Mais ce sont les socio-patriotes qui en France applaudissaient et criaient : "Liebknecht a raison, a bas l’impérialisme allemand !"

Etre d’accord avec liebknecht, consistait à crier en France : "A bas l’impérialisme français !"

L’entourloupe du NPA-R se cache dans le fait que ce parti fait croire qu’on peut transformer le très bon slogan démocrate-bourgeois :

nous, nationalistes bourgeois juifs, luttons contre le racisme, l’antisémitisme et le sionisme !

en

Alors, oui, les révolutionnaires luttent contre le racisme, l’antisémitisme et le sionisme !

De véritables révolutionnaires remarqueraient déjà que ces slogans démocrate-bourgeois n’émanent pas de la démocratie bourgeoise révolutionnaire, la seule alliée du prolétariat dans la bourgeoisie : lorsque de jeunes français sont partis pour rejoindre l’armée israélienne, aucune action n’a été entreprise par ces "associations" que flatte le NPA-R

Quoi qu’il en soit, de véritables révolutionnaires écriraient par exemple :

Alors, oui, les révolutionnaires luttent contre le racisme, l’antisémitisme et le sionisme ! Car le sionisme n’est qu’une variété du nationalisme bourgeois. et nous le combattons exactement comme nous combattons le patriotisme français et son colonialisme dans nos Palestines (Antilles, Nouvelle Calédonie, Mayotte). Comme le disait Liebknecht, l’ennemi principal est dans notre propre pays. A bas le drapeau bleu-blanc rouge, a bas les drapeaux pan-arabes, vive le drapeau rouge du prolétariat ! Vive la lutte de la jeunesse du Maroc, victime de l’impérialisme français " , Pour une République laïque au Maroc ! Mohamed VI= Louis XVI ! A bas les accords Sykes-Picot ! A bas Hitler, Staline, Netanyahou, le Hamas ! Vive Liebknecht, Rosa luxemburg et Marek Edelman !

Maladroits nos slogans ? Peut-être, c’est pour cela que nous mentionnons Liebknecht et Rosa Luxemburg, les "insatisfaits" pourront se référer à leurs écrits sur la question juive et en tirer de "meilleurs" slogans !

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