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Egypte : qui sont les Frères musulmans ?

lundi 7 février 2011

Officiellement bannis de la sphère politique depuis 1954, les Frères Musulmans viennent d’entamer un dialogue avec le président Hosni Moubarak et les autres partis d’opposition. Ils légitiment, malgré leurs critiques, la démarche d’organisation d’une "transition" organisée en fait par Moubarak !!! Ils s’opposent ainsi au sens de la révolte. Remarquons que ces derniers mois et années, il s’étaient opposés aux grèves ouvrières et mouvements de protestation populaire et qu’ils ont mis quatre jour (quatre jours très chauds !!!) pour se décider à participer mollement au mouvement populaire...

Utilisée puis réprimée, aussi bien par Anouar el-Sadate (assassiné par des islamistes d’un groupe issu d’une scission des Frères musulmans) que par son successeur Hosni Moubarak, la confrérie a appris à vivre des miettes que lui concédait le pouvoir. Les Frères ont installé leur stratégie dans le temps et dans le compromis ambigu. Ils occupent tout l’espace de l’action sociale en Egypte, que le gouvernement leur a dévolu. Et, bien qu’officiellement interdits, ils ont présenté des candidats aux élections législatives de 2005 sous l’étiquette « indépendants », raflant 88 sièges sur 454 à l’Assemblée du peuple. A l’automne dernier, en revanche, ils se sont retirés du scrutin entre les deux tours, pour dénoncer les fraudes massives opérées par le régime. En bourrant les urnes, Hosni Moubarak voulait en effet éviter un retour massif des Frères sur les bancs du Parlement, phénomène qu’il avait pourtant toléré lors du scrutin précédent.
Les Frères musulmans seraient une - sinon « la » - force majeure d’une scène politique faussement pluraliste et faussement démocratique qui sauverait surtout les classes dirigeantes.

Le danger des Frères musulmans n’est pas seulement l’islamisme, c’est leur faveur pour des solutions pour les classes exploiteuses. Les Frères musulmans ne veulent pas que l’on présente en ces termes la contestation, qui n’est pas "une révolution islamique", mais bien "un soulèvement du peuple égyptien". Mais ils n’ont soutenu aucune revendication sociale contre les classes dirigeantes et gouverneraient contre les travailleurs, les femmes et les jeunes.

La révolte n’est nullement la leur même si ils représentent une fraction des manifestants.

Il importe que la révolution s’organise en comités, en coordinations, en conseils de travailleurs et me "risque des Frères musulmans" sera éradiqué !!!

Un gouffre social infranchissable sépare les travailleurs de l’industrie et les fellahin appauvris, de l’élite privilégiée et de ses représentants politiques, de Moubarak et Suleiman à ElBaradei et aux Frères musulmans. Ces divisions se sont déjà manifestées dans la formation spontanée de comités de quartiers – dans les zones ouvrières, pour s’opposer aux attaques des voyous de Moubarak et dans les quelques communautés gardées de la bourgeoisie, pour se protéger contre la menace de la "populace".

La nécessité la plus urgente est que les travailleurs s’auto-organisent, indépendamment de tous les agents politiques de la bourgeoisie. Cela signifie qu’il faut construire des assemblées d’usines et de quartiers, l’équivalent égyptien des soviets, pour mobiliser le vaste pouvoir social des masses opprimées.

Concrètement, des responsables de la confrérie doivent s’entretenir ce dimanche matin avec le vice-président Omar Souleimane qui les avait invités jeudi à prendre part au "dialogue national". Ils ont des intérêts communs, un langage commun, avec les classes dirigeantes.

le régime discute avec eux alors qu’il ne dialogue pas avec la révolte. Les manifestants arrêtés sont toujours en prison !!! Les Frères musulmans ne demandent même pas leur libération en préalable pour négocier ... avec les assassins !!!!

"Nous y allons principalement pour discuter de la transition, de l’élection d’un nouveau président et d’un nouveau Parlement qui représente le peuple" a expliqué à l’AFP un responsable du mouvement Essam al-Aryane, ajoutant que les Frères musulmans souhaitent ainsi "protéger la révolution" et du reste exigeront que "les jeunes qui ont lancé le mouvement de contestation" soient représentés.

Obama ne leur est pas opposé. Lorsque le journaliste de Fox lui a demandé si les Frères musulmans représentaient une "menace", Barack Obama a répondu : "je pense qu’ils sont une des factions en Egypte. Ils n’ont pas le soutien de la majorité des Egyptiens, mais ils sont bien organisés. Ils ont certains accents anti-américains, c’est une évidence". Il voit tout l’intérêt de s’appuyer sur eux du fait du manque d’autres solutions... Les Frères musulmans vont donc être les sauveurs de l’ordre impérialiste. le seul fait qu’ils se comparent maintenant aux islamistes turcs en dit assez long...

Ils ont surtout servi toutes ces dernières années de justification au régime pour ne rien changer ...

Ils sont un danger mais pas pour les classes dirigeantes : pour le peuple travailleur, pour les femmes, pour les jeunes...

Les Frères Musulmans sont tolérés dans les faits et disposent d’influents réseaux d’aide sociale. La confrérie est particulièrement active dans les mosquées, où elle mène des actions d’aide aux défavorisés, dans les universités et au sein des syndicats.

Au cours de leur histoire, les Frères Musulmans ont oscillé entre opposition violente au pouvoir et collaboration.

Les Frères Musulmans correspondent au mouvement le plus ancien de l’islamisme sunnite. Il a été fondé en Egypte en 1928 par Hassan al-Banna, le grand-père de Tariq Ramadan. La pensée de Banna fait du pouvoir politique l’un des piliers de l’islam.

Dans les années 1940, le mouvement a perpétré des actes sanglants, dont l’assassinat du Premier ministre Mahmoud Fahmi al-Noqrachi en 1948. Ses membres deviennent alors l’objet d’une répression brutale.

Durant la guerre Froide, dès 1956, Les Frères Musulmans bénéficient d’une aide financière et militaire de la CIA américaine, prête à tout pour affaiblir un pouvoir soutenu par l’URSS.

Entre 1954 et 1974, le président Gamal Abdel Nasser leur fait la vie dure, après une tentative d’assassinat contre sa personne, imputée au mouvement. Ses membres sont arrêtés par milliers.

En 1971, le successeur de Nasser, Anouar el-Sadate, fait libérer les Frères musulmans et proclame une amnistie générale. Mais dès 1979, ils vivent très mal le revirement de Sadate et les accords de paix avec Israël.

En 1981, Sadate sera assassiné par d’ex-membres de la confrérie passés à l’extrémisme.

Aux élections législatives de 2005, ils obtiennent 88 sièges à l’Assemblée, en présentant des candidats qualifiés « sans étiquette ».
"Le Coran est notre Constitution"

Les Frères Musulmans oscillent entre plaidoyers pour un Etat islamique et assurances de respecter le jeu démocratique. Leur doctrine s’organise autour du dogme du "tawhid" (unicité de Dieu), la fusion du religieux et du politique. Ils entendent instaurer le règne de la Loi de Dieu (sharia). La devise du mouvement est : "Le Coran est notre Constitution", cela implique le recours aux rares notions politiques contenues dans le Livre.

Les Frères Musulmans ont boycotté le second tour des élections de décembre 2010, dénonçant des fraudes massives et des violences au profit du parti au pouvoir du président Hosni Moubarak. La confrérie islamiste, qui présentait ses candidats comme "indépendants", n’avait eu aucun élu au premier tour fin 28 novembre.

Le président Hosni Moubarak n’avait pas caché sa volonté d’affaiblir leur représentation avant la présidentielle de septembre 2011. En novembre, un rapport du département d’Etat américain avait souligné que les Frères musulmans étaient "sujets à des détentions arbitraires et à des pressions de la part du pouvoir".

Depuis le début de la contestation au régime de Moubarak, les Frères Musulmans sont une force d’opposition importante dans la contestation, mais refusent de présenter le mouvement actuel comme une révolution islamique.

Les Frères Musulmans ont entamé jeudi 3 février des discussions avec le pouvoir. Ils ont toutefois affirmé qu’ils ne présenteraient pas de candidat à la présidentielle.

La force la plus implantée parmi la population, y compris celle des quartiers pauvres des villes, est incontestablement le parti des Frères musulmans (« Ikhwan Al Muslimin »). Même si la confrérie a toujours affirmé cantonner son action à la prédication de l’islam, elle s’est en fait toujours comportée en parti. Elle est peut-être sur le point de le faire encore plus aujourd’hui.

Après sa fondation en 1928 par Hassan Al-Banna, la confrérie avait bénéficié du soutien des représentants britanniques. Ceux-ci voyaient dans cette force conservatrice et réactionnaire un contrepoids aux tendances nationalistes et progressistes qui agitaient l’Égypte alors que le pays, qui avait accédé à l’indépendance formelle en 1922, n’en restait pas moins sous la coupe de l’impérialisme.

Les Frères musulmans ont encore joué ce rôle dans les années qui ont suivi la Deuxième Guerre mondiale, alors que l’on assistait à une montée générale des revendications et de la mobilisation et de l’organisation de la classe ouvrière. La confrérie affirmait ouvertement son anti-communisme, voire ses sympathies fascistes.

Mais surtout, en s’affirmant partisans d’un « État islamique », en se consacrant à la défense de la pratique religieuse, les Frères musulmans ont pu cristalliser autour d’eux les tendances les plus conservatrices de la société égyptienne.

Celle-ci avait connu jusque vers les années soixante-dix une laïcisation et une modernisation des moeurs. Mais depuis plus de vingt ans, on assiste à une véritable réislamisation de la société sous l’action de l’ensemble des forces religieuses, au sein desquelles la confrérie joue un grand rôle.

Sa présence dans les mosquées et dans les associations locales qui les entourent lui a permis de tisser de multiples liens avec la population. Ces associations remplissent souvent un rôle d’aide sociale indispensable, apportant des secours aux plus pauvres, offrant une aide scolaire ou, par exemple, offrant des repas gratuits à l’occasion du Ramadan et de la rupture du jeûne ou à l’occasion des autres fêtes musulmanes. Mais les « Frères » gèrent aussi directement des dispensaires ou des cliniques où une partie de la population peut trouver un accès aux soins, souvent plus facilement que dans les hôpitaux publics délabrés et surchargés.

Mais, en même temps, l’influence des Frères musulmans dans la population contribue à imposer l’observation de plus en plus stricte des règles religieuses et un retour en arrière des conditions sociales, à commencer par celle des femmes. En une vingtaine d’années, le port du voile est devenu la règle pour 90 % d’entre elles, dans un pays où l’habillement moderne « à l’occidentale » s’était pratiquement imposé, au moins dans les grandes villes. Des wagons séparés réservés aux femmes ont été instaurés dans le métro du Caire. L’observation du jeûne de Ramadan est devenue presque absolue, un décret gouvernemental venant même à la rescousse pour imposer la fermeture des restaurants aux heures de jeûne. Plus notable encore, la religion s’impose presque en permanence grâce aux cinq appels quotidiens du muezzin à la prière et aux prêches religieux, désormais relayés pratiquement partout par de puissants haut-parleurs qui ne permettent à personne de leur échapper. Bien souvent, la rue elle-même, les lieux publics, sont devenus des lieux de prière où, aux heures de celle-ci, le passant non religieux a l’impression de déranger les fidèles. À tel point que, dans le grand hall de la gare du Caire, aux heures de prière, les haut-parleurs retransmettant les prêches sont bien plus puissants que ceux qui annoncent le départ des trains !

Dans un pays qui compte une importante communauté chrétienne copte - estimée entre six et dix millions de personnes -, cette évolution attise aussi les oppositions communautaires. Celles-ci sont sciemment avivées par certains groupes islamistes, voire par des provocateurs, comme ce mois d’octobre à Alexandrie. Un DVD émanant de l’église copte, et présenté comme injurieux à l’égard des musulmans, y a été reproduit et diffusé largement, sans qu’on sache bien par qui, de façon à provoquer des émeutes anti-chrétiennes.

Ainsi, chacun a de plus en plus tendance à se définir par son appartenance à une communauté religieuse, musulmane ou chrétienne, et cela ne peut que renforcer l’emprise des autorités religieuses de chaque communauté, et, au-delà, des « Frères » en ce qui concerne les musulmans.

La présence moléculaire des islamistes est un puissant moyen de contrôle de la population, mais en même temps elle est un facteur de conservatisme social et un frein à toute expression de revendications. Dans un pays que la détresse d’une grande partie de la population met à tout instant au bord de l’explosion de mécontentement, l’islam, et le parti des « Frères » qui en est en grande partie l’expression politique, sont devenus - ou redevenus - un facteur de stabilité essentiel.

Cependant, les Frères musulmans s’étaient abstenus, jusqu’à une période récente, de toute intervention politique directe. Celle-ci était d’ailleurs combattue par le pouvoir qui, voyant en elle un concurrent possible, interdisait la confrérie et emprisonnait une partie de ses membres les plus en vue.

Mais c’est précisément ce rapport avec le pouvoir qui s’est modifié. Après la fin de la période nassérienne, il a fait place peu à peu à une relation plus complexe, comportant à la fois l’interdiction officielle de la confrérie et une tolérance, voire une collaboration de fait.

À partir des années quatre-vingt, les Frères musulmans ont de plus en plus tenté d’intervenir sur l’arène politique, notamment en présentant des candidats aux élections législatives, ceux-ci étant admis en tant que candidats indépendants ou bien présentés en collaboration avec d’autres partis. Les Frères musulmans obtinrent ainsi dans les années quatre-vingt jusqu’à 35 députés, élus dans le cadre d’une « Alliance islamique ». En même temps, ils présentaient des candidats aux élections des syndicats professionnels, gagnant la majorité dans les syndicats des médecins et des pharmaciens, et s’en approchant dans les syndicats des avocats, des journalistes ou des ingénieurs.

Cette présence politique institutionnelle a aussi contribué à modifier le discours politique des Frères musulmans. L’idéologie de « l’État islamique » leur permettait de se présenter comme porteurs de revendications d’égalité et de justice sociale, et donc comme les représentants des aspirations des couches les plus pauvres de la société, joignant le geste à la parole par leur action dans les associations de bienfaisance. Mais leurs prises de position politiques ont été celles d’un parti bourgeois réactionnaire.

Ainsi, les Frères musulmans ont appuyé la politique d’« infitah » (l’« ouverture »), par laquelle Anouar Al Sadate inaugura la libéralisation progressive de l’économie après des années de dirigisme nassérien. Celle-ci allait se traduire à la fois par l’enrichissement spectaculaire de la bourgeoisie et d’une classe de nouveaux riches, et par l’appauvrissement des classes populaires. Mais elle fut aussi l’occasion de vérifier que le discours prétendument égalitaire des Frères musulmans ne cachait rien d’autre qu’une politique bourgeoise favorable au plus grand libéralisme économique et ne les distinguant guère des autres partis.

Plus récemment encore, en 1997, les Frères musulmans ont appuyé la loi de contre-réforme agraire aboutissant à chasser de ses terres une partie de la paysannerie pauvre.

En même temps, les petits et grands bourgeois, les notables, ont joué un rôle grandissant au sein des Frères musulmans, leur fournissant une partie de leurs cadres. L’adhésion aux « Frères » pouvait apparaître, dans bien des cas, comme le moyen de faciliter des questions administratives, d’élargir des relations commerciales. Les milieux d’affaires eux-mêmes ont pris du poids au sein de la confrérie.

Cette évolution n’est pas allée sans traverser des crises, dans lesquelles les jeunes loups arrivistes s’affrontaient aux militants traditionnels, partisans du maintien de la confrérie dans son rôle de gardienne d’un islam pur et dur. Les tendances les plus activistes se sont détachées des Frères musulmans, donnant naissance notamment, à partir de la fin des années soixante-dix, à la Gamaa-Al-Islamiya (la « Société Islamique »), qui se lança dans un affrontement armé avec le pouvoir. Responsable de l’assassinat d’Anouar Al-Sadate en 1981, celle-ci fut aussi l’organisatrice de nombreux attentats, dont l’attaque menée contre des touristes à Louxor en 1997, qui fit 62 morts.

Le parti des Frères musulmans apparaît aujourd’hui comme débarrassé de ses militants les plus extrémistes, et comme un parti où l’orientation vers la participation aux institutions et la coexistence, voire la participation au pouvoir, ne sont pratiquement plus contestées. C’est désormais le parti d’une véritable fraction « islamiste » de la bourgeoisie égyptienne, avide de prendre toute sa place dans les rouages du pouvoir et qui le proclame à sa façon dans le slogan électoral des Frères musulmans : « L’islam est la solution ».

Cependant l’affirmation de plus en plus ouverte de sa politique bourgeoise n’empêche pas jusqu’à présent le parti de conserver ses liens et son influence au sein des couches les plus pauvres, auprès desquelles il n’a guère de concurrent. Et c’est bien cela, les dirigeants des Frères musulmans en sont certainement conscients, qui peut faire d’eux à un certain moment un interlocuteur indispensable du pouvoir.

Le problème ne se limite pas aux élections, parlementaires ou autres. De toute façon, le nombre d’inscrits sur les listes électorales n’est qu’une petite fraction des ayants droit au vote, et les votants effectifs en sont une fraction encore plus faible. Cela rend possible, et systématique, le système d’achat des votes par les candidats, qui vient lui-même s’ajouter aux divers truquages et manipulations effectués par les représentants du pouvoir. D’autre part, lorsque le PND ne réussit pas à empêcher l’élection de candidats indépendants, il lui reste la possibilité d’attirer ensuite ces élus dans son groupe parlementaire et de s’assurer ainsi une majorité, comme cela s’est produit lors des précédentes élections, en 2000.

Mais au-delà des élections, et tout dictatorial qu’il soit, le régime de Moubarak a besoin de disposer de relais dans le pays et la population. Jusqu’à présent, outre l’administration elle-même, ceux-ci lui sont fournis par les notables du PND et par les clientèles qu’ils contrôlent. Mais les divisions du PND et son usure politique rendent ces relais moins efficaces. Par ailleurs, le pouvoir, moins assuré des réactions de la population, hésite à recourir systématiquement à la répression.

Dans ce contexte, le régime est tout à fait conscient de l’apport que peuvent constituer les Frères musulmans, grâce à leurs liens dans la population, et c’est pourquoi depuis des années, il dose savamment son attitude à leur égard. Procédant à des arrestations massives de cadres du parti lorsque celui-ci lui paraît faire preuve de trop d’arrogance, il en libère ensuite une partie. Il tolère que le parti se présente aux élections par le biais de candidats indépendants, mais facilement reconnaissables. Et, tout en maintenant en prison un grand nombre de militants des Frères musulmans, il instaure avec la confrérie, à divers niveaux, une collaboration feutrée qui concourt à encourager la ligne légaliste qui y prévaut désormais.

Jusqu’où peut aller cette collaboration ? Cela dépendra, bien sûr, du degré d’usure du régime dans les mois et les années qui viennent, et de la profondeur que prendra la crise sociale. Mais,d’ores et déjà, les Frères musulmans apparaissent comme une alternative ou un soutien possible, d’autant plus crédible qu’ils ont déjà, de fait, acquis le pouvoir dans une grande partie de la société.

Messages

  • Comment peut-on comprendre la neutralité et la non-implication des Frères Musulmans dans les récentes grèves ouvrières en Egypte ?

    D’abord, et depuis leur création dans les années 1920, les Frères Musulmans n’ont jamais été intéressés par les questions dites « sociales » et se situent à droite en matière de politique économique.

    Pour eux, les ouvriers représentent plus une matière à propagande religieuse que des sujets sociopolitiques à part entière.

    Ils ont, par exemple, approuve une loi récente sur les baux agricoles qui liquide la réforme agraire des années 1950 et permet aux propriétaires fonciers de récupérer leurs terres au détriment des paysans ;

    ils ne se sont jamais opposes aux politiques de privatisation du secteur public mis en oeuvre par le gouvernement depuis plus de vingt ans, la seule réserve qu’ils avaient émise concernait la vente à des investisseurs étrangers…

    Les Frères Musulmans se sont donc toujours positionnes en matière économique dans le camp de l’économie capitaliste radoucie par quelque intervention sociale des pouvoirs publics pour alléger les malheurs des pauvres.

    L’origine sociale des Frères Musulmans peut fournir une explication : issus des classes moyennes, comme leur fondateur Hassan Banna, les Frères Musulmans recrutent traditionnellement et majoritairement des cadres moyens et des étudiants de l’enseignement supérieur.

    Cependant, la société égyptienne a connu ces dernières années des transformations radicales qui ont mis en avant l’urgence de la question sociale. En effet, les politiques de privatisation, de restructuration et de transformation économiques ont profondément déstabilisé la société égyptienne : effondrement des classes moyennes, paupérisation des ouvriers et paysans, accroissement du chômage
    et disparition des petits métiers qui permettaient la survie d’une importante partie des classes populaires.

    Plus récemment, une inflation record et la flambée des prix des produits alimentaires et des loyers ont déclenché des mouvements de protestation et de revendication qui ont rassemblé, au-delà des ouvriers et des artisans, de larges secteurs d’employés et de salariés (enseignants, médecins, journalistes, juges).

    Les Frères Musulmans se sont trouves impliqués dans un mouvement qui touchait désormais les classes moyennes.

    C’est ainsi que leur groupe parlementaire a participe à des discussions concernant la politique sociale au sein de l’assemblée nationale pendant les années 2000-2005 et plus récemment a des débats houleux sur les privatisations du secteur public, les revendications sociales et salariales, la gestion des administrations locales, les comptes des organismes sociaux, la flambée des prix des matières de première nécessité.

    Signalons en outre qu’en 2006, les Frères Musulmans ont présenté pour la première fois de leur histoire des candidats aux élections syndicales ouvrières.

    Pourtant, lors de la grève des ouvriers du textile de Al Mahallah al Koubra du 6 avril, les Frères Musulmans n’ont ni appelé ni participé à la grève, ni dénoncé la féroce répression policière consécutive.

    Ils ont même choisi ce moment pour boycotter les élections municipales tandis que des centaines de leurs adhérents ont été (et sont toujours) détenus et, n’en doutons pas, torturés.

    Alors, les Frères Musulmans, qui pourraient jouer un rôle dans l’organisation des mouvements de classe et de masse actuels, vont-ils réussir à tromper, ou à trahir, la bourgeoisie moyenne désormais embarquée dans le même naufrage avec les classes les plus déshéritées de la société égyptienne.

  • oui on peut dire que les frères musulmans representent l’un des partis les plus carismatiques de la vie politique égyptienne . en dépit de son influence sur l’ensemble du térritoire ,à mon humble avis je pense que la tâche qui leur sont assignée est très vaste car en plus des beaux discourts il leur faut rassembler l’ensemble du peuple égyptien sans partir sur des bases réligeuses radicales !!!!!
    frères musulmans ou pas vivre la justice sociale qui garantie d’une paix durable.

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