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Vent de révolte au Kurdistan irakien....

mercredi 23 février 2011

Plusieurs milliers de personnes ont défilé mardi à Souleimaniyeh, dans le nord de l’Irak, pour réclamer des réformes politiques et l’ouverture d’une enquête sur la mort de deux protestataires, tués par balles, la semaine dernière.

Cette manifestation pacifique, qui a réuni quelque 5.000 personnes dont plusieurs artistes, témoigne de la frustration croissante qu’éprouve la population face au contrôle étroit des partis au pouvoir sur l’économie et la politique dans la région autonome du Kurdistan d’Irak.

"Le meurtre des civils était une ligne rouge", a déclaré Nasik Kadir, 40 ans, l’un des contestataires présents au rassemblement organisé à Souleimaniyeh, ville située à 260km au nord de Bagdad. "Ce qui s’est passé ce jour-là" a marqué une "espèce de tournant".

Jeudi dernier, deux personnes ont été tuées et des dizaines d’autres blessées lors d’incidents qui ont éclaté pendant une manifestation de centaines de personnes, inspirée des soulèvements tunisien et égyptien, devant le siège du parti de Massoud Barzani, président du Kurdistan d’Irak. Certains protestataires ont jeté des pierres sur le bâtiment et les agents de sécurité ont ouvert le feu.

Depuis, des rassemblements quotidiens ont été organisés. Deux autres personnes sont mortes dans des heurts entre manifestants et forces de sécurité.

Aucun accord n’a pu être trouvé lundi soir à l’issue d’une réunion des principaux groupes politiques de la région qui se sont retrouvés pour tenter d’apaiser les tensions et répondre à certaines des revendications des manifestants.

Les Irakiens se préparent à manifester vendredi à l’occasion d’une "journée de la colère" comme l’ont baptisée les organisateurs afin d’exiger de meilleurs services et la fin de la corruption.

Un policier a été tué et un autre blessé mercredi à Halabja, au Kurdistan, lors d’une manifestation contre les deux partis traditionnels de cette région du nord de l’Irak, a indiqué le maire de la ville.

"Un policier a été tué et un autre a été blessé par les tirs de manifestants qui avaient des armes. Ils n’étaient pas d’ici, c’étaient des Arabes", a affirmé Goran Adham, membre de l’Union patriotique du Kurdistan (UPK) dirigé par Jalal Talabani, président de la République.

"Nous disposons de vidéos prouvant qu’ils étaient armés", a-t-il précisé aux journalistes.

Mais cette version est totalement démentie par les manifestants. "Nous n’avons pas d’armes. Ce sont les policiers qui ont tué un de leurs collègues et blessé un deuxième en tirant en l’air", a affirmé l’un d’eux, qui a tenu à garder l’anonymat par peur d’être arrêté.

"Les manifestants se sont rassemblés vers 14H00 (11H00 GMT) sur la place Hourriya, au centre de Halabja, puis se sont dirigés vers la mairie. J’ai entendu des tirs sans pouvoir en identifier la provenance et je me suis enfuie", a raconté à l’AFP une journaliste de l’hebdomadaire indépendant Awene.

Un médecin de l’hôpital de Halabja, à 50 km à l’est de Souleimaniyeh, a indiqué avoir reçu le corps d’un policier et prodigué des soins à un policier blessé par balle et quatre manifestants frappés à coup de bâton.

Il s’agit du second jour d’affrontements dans cette ville qui avait été gazée en 1988 par Saddam Hussein. Mardi, selon le maire, 32 policiers avaient été blessés.

Des témoins avaient affirmé que les manifestants, qui réclament la chute du gouvernement régional et la fin de la corruption, avaient tenté de prendre d’assaut un siège du Parti démocratique du Kurdistan (PDK) du président de la région autonome Massoud Barzani. La police les en a empêchés et les manifestants leur ont alors jeté des pierres.

Par ailleurs, comme ils le font depuis une semaine, 3.000 manifestants se sont rassemblés dans l’après midi à Souleimaniyeh pour réclamer la démission du gouvernement régional, la lutte contre la corruption et la traduction en justice des responsables de la mort de trois jeunes manifestants tués dans des accrochages avec les forces de sécurité et des gardes du PDK.

Ils scandaient : "Où est le président de l’Irak ? Où est le président de la région ?".

Lundi, le Premier ministre kurde, Barham Saleh, avait affirmé : "nous respectons la liberté individuelle, à condition qu’elle s’exerce dans le cadre de la loi ; nous nous opposerons à quiconque veut semer le chaos et provoquer des émeutes".

Le principal parti d’opposition, Goran, dont plusieurs bureaux ont été brûlés ces derniers jours, avait quitté la réunion car il exigeait le début de réformes avant la fin de la contestation alors l’UPK et le PDK exigeaient le contraire.

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