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Emeutes en Chine

dimanche 2 mars 2014

Tout sur les émeutes en Chine

Juin 2011

Pékin doit faire face depuis quelques jours à une vague d’émeutes sérieuses, aujourd’hui des travailleurs migrants dans le sud du pays, après que la Mongolie-Intérieure a été secouée par la colère de bergers et d’étudiants mongols. Dans les deux cas domine le sentiment d’être victime de discriminations.

Le point le plus chaud se situe à Zengcheng, à une heure de Canton, le cœur de la grande province exportatrice du pays. Un simple incident, au cours duquel des vigiles ont maltraité une jeune marchande ambulante, jetée à terre alors qu’elle est enceinte, a mis le feu aux poudres. La colère a dégénéré en émeutes auxquelles participent plusieurs centaines de travailleurs migrants, originaires de la province centrale du Sichuan. Des télévisions de Hongkong ont montré des scènes de guérilla urbaine, avec des bâtiments publics vandalisés, des véhicules de police en feu et des magasins saccagés. Des blindés de la police antiémeute ont été déployés en renfort.
Scandales alimentaires

Toujours dans le Sud, des centaines - voire des milliers - de personnes ont affronté la police et détruit des véhicules à Chaozhou, après l’agression à l’arme blanche d’un ouvrier réclamant son salaire impayé. Plus au nord, à Lichuan, dans la province du Hubei, plus de 1500 personnes se sont affrontées avec la police. Elles protestaient contre la mort d’un élu local, décédé alors qu’il était interrogé au commissariat. L’homme s’opposait à des expropriations par l’exécutif local. À chaque fois, l’ampleur de la colère en dit long sur le climat d’exaspération.

La Chine connaît chaque année des milliers d’émeutes ou jacqueries, mais ces dernières sont particulièrement violentes et interviennent dans un contexte sensible, alors que les dirigeants chinois s’alarment de « contradictions et tensions sociales exacerbées ». Mardi, un rapport du Centre de recherche sur le développement du Conseil d’État a mis en garde contre la menace que finiront par faire peser des dizaines de millions de travailleurs migrants - 153 millions officiellement, plus en réalité - si leur situation ne s’améliore pas. Il constate que ces derniers sont « marginalisés dans les villes, traités comme une main-d’œuvre bon marché, non intégrés et même discriminés » .

L’inflation qui continue à grimper attise le mécontentement. Le fossé entre les revenus, qui ne cessent de s’élargir, aussi. Les autorités en sont bien conscientes, qui ont demandé de limiter les signes ostentatoires de richesse, comme les publicités de luxe. Les scandales alimentaires et les cas graves de pollution, aux métaux lourds notamment, alimentent aussi la grogne.

L’histoire de la petite marchande de Zengcheng est prise au sérieux par les dirigeants chinois, qui veulent éviter qu’une poussée de fièvre locale ne se transforme en mouvement social, voire politique, de grande ampleur. Ils savent que la révolution en Tunisie a été déclenchée par l’immolation d’un jeune marchand maltraité par la police.


Septembre 2012

L’usine du géant de l’électronique Foxconn, souvent critiqué pour des conditions de travail très dures, avait fermé lundi, en Chine, à la suite d’une bagarre générale entre ouvriers à vigiles, impliquant 2.000 salariés et mobilisant 5.000 policiers.

Une usine du géant taïwanais de l’électronique Foxconn dans le nord de la Chine, à Taiyuan, a rouvert ce mardi après avoir été fermée la veille suite à une bagarre qui a impliqué 2.000 ouvriers et mobilisé 5.000 policiers.

Foxconn, numéro un mondial des composants pour ordinateurs, assemble notamment des produits pour Apple, Sony et Nokia et emploie un million de personnes en Chine. Un total de 40 personnes ont été blessées après une "dispute entre plusieurs salariés pour motifs personnels" qui a dégénéré en bagarre impliquant 2.000 personnes dans un dortoir, selon un communiqué diffusé par Hon Hai, la société mère de Foxconn.

"L’usine de Foxconn à Taiyuan a rouvert", a déclaré à l’AFP un de ses responsables, qui n’a donné que son nom de famille, Yang. Les échauffourées, qui avaient commencé dimanche en fin de soirée et ont opposé des salariés originaires de différentes provinces, avaient donné lieu à un attroupement d’environ 10.000 spectateurs, selon des responsables de la sécurité cités par l’agence Chine nouvelle.

D’après le Quotidien du Peuple, l’origine de la bagarre est un conflit entre des vigiles de l’usine et des ouvriers originaires de la province du Shandong, dans l’est de la Chine. L’agence Chine nouvelle a également indiqué qu’il s’agissait d’un conflit entre vigiles et ouvriers. Les vigiles "ont poussé les ouvriers dans une camionnette pour les passer à tabac. D’autres ouvriers du Shandong ont voulu leur rendre justice, des salariés du Henan s’en sont mêlés, et finalement un grand nombre d’ouvriers ont pourchassé et frappé les vigiles, provoquant une situation de chaos", selon le Quotidien du Peuple.

"Pour préparer le lancement de l’iPhone 5, de nombreux ouvriers des provinces du Shandong et du Henan sont venus en renfort", a précisé de son côté M. Yang. Alors que Foxconn "a toujours pratiqué une gestion militarisée, les vigiles jouent un rôle important dans le travail quotidien : à l’usine de Taiyuan, leur nombre approche les 1.500", précise le Quotidien du Peuple qui ajoute que le personnel de sécurité est "trop sévère envers les ouvriers" et que "c’est une des raisons à l’origine de l’incident".

Foxconn a fait l’objet de critiques sévères ces dernières années en raison de conditions de travail excessivement dures dans ses usines chinoises. En 2010, au moins 13 salariés du groupe en Chine se sont apparemment suicidés. L’usine de Taiyuan emploie 79.000 ouvriers et fabrique des composants électroniques pour des produits de grande de consommation et des automobiles, ainsi que des moulages de précision.


Octobre 2013

A la suite de violents affrontements entre les forces de l’ordre et des milliers de manifestants mardi 15 octobre à Yuyao dans l’est de la Chine, la police anti-émeutes a été déployée mercredi dans cette ville d’un million d’habitants pour prévenir de nouvelles mouvements antigouvernementaux.

Mardi, les milliers de manifestants dénonçaient l’incurie des pouvoirs publics à la suite des pires inondations ayant frappé la région depuis un siècle, conséquence du passage du typhon Fitow au début du mois. Près des trois quarts de la ville ont été inondés, 800 000 habitants ont été touchés et les dégâts sont estimés à près de 7 milliards de yuans (846 millions d’euros).

La foule a saccagé le siège de la municipalité en demandant la démission du maire, qui est également secrétaire local du Parti communiste. Sur cette photo diffusée sur Twitter, on peut voir les manifestants détachant le slogan du parti, "Au service du peuple", à l’entrée du bâtiment.

Des photographies publiées sur Internet montrent plusieurs personnes blessées à la tête, comme sur ce Tumblr. De nombreux blogueurs ont par ailleurs dénoncé la violence de la police.


Mars 2014

Des résidants d’une petite municipalité chinoise rendus furieux par la pollution rejetée dans l’environnement par une usine de leur localité ont saccagé les installations de la compagnie avant d’affronter la police, vendredi dernier.

La violence a éclaté dans le village de Baha, dans la province du Yunnan, dans le sud-ouest de la Chine, à une cinquantaine de kilomètres de la frontière avec le Vietnam. Des résidants de la ville ont indiqué mercredi que les policiers étaient à arrêter des suspects.

Selon ce que rapporte l’agence officielle Chine nouvelle, la police a identifié 16 suspects qui auraient aussi vandalisé le poste de police.

Des habitants de Baha rejoints par téléphone, mercredi, affirment que la colère des villageois a augmenté récemment. L’usine de produits métalliques de leur localité rejetterait une épaisse fumée noire dans l’air et de l’eau polluée dans le sol.

Quand le patron de l’usine a refusé de rencontrer les villageois la semaine dernière, ceux-ci ont vandalisé des voitures, de l’équipement, des bureaux et des dortoirs, ont révélé deux villageois, Nong Dingting et Huang Liangzheng.

« Nous vivons avec cette usine depuis 14 ans et nous vivons dans la poussière pratiquement tous les jours et nous ne pouvons pas vendre notre riz ou d’autres produits agricoles, a dénoncé M. Huang. Nous devons survivre. »

La police ordonnait aux villageois ayant participé à l’émeute de se rendre, selon Chine nouvelle. M. Huang affirme qu’il était en route pour le commissariat.

« Oui, je fais partie de ceux qu’ils recherchent et je n’ai rien à craindre », a-t-il lancé.

Les manifestations contre les problèmes environnementaux sont de plus en plus nombreuses en Chine, surtout dans les régions côtières du pays.

La suite

Messages

  • Sur les récentes émeutes au Guangdong, lire ici

  • Les émeutes anti-pollution se multiplient en Chine :

    émeutes contre un incinérateur à Luoding (Guangdong)

    Il y a eu aussi une émeute anti-pollution marquée par les affrontements avec la police et des voitures renversées, et enfin l’occupation du siège du gouvernement local.

    Cela s’est passé fin juillet à Qidong, dans l’estuaire du fleuve Yangtsé, dans l’Est de la Chine.

    La raison pour cela a été un pipeline transportant des eaux usées. Il est difficile d’avoir plus d’informations, car dans « l’usine du monde » qu’est la Chine il y a de telles émeutes tous les jours, mais alors tous les moyens locaux de communication sont bloqués. Ici, c’est le triomphe populaire de la révolte et aussi la nationalité japonaise du propriétaire du pipeline qui a permis à l’information de sortir.

    Des responsables chinois ont promis de suspendre l’activité de plusieurs usines chimiques, alors qu’une manifestation contre la pollution de ces dernières a été marquée par des violences, au nord du pays.

    Tout serait parti d’une manifestation qui a eu lieu ce week-end contre la pollution de certaines usines au nord du pays dans la Bannière de Naiman (subdivision administrative de la région autonome de Mongolie-Intérieure en Chine). Les manifestants s’étaient donné rendez-vous afin de dénoncer les pollutions causées par des raffineries, accusées de déverser leurs substances polluantes dans la steppe, pâturages ancestraux des éleveurs locaux.

    Les "rebelles du troisième âge" exposent les trophées de leur "victoire", témoignages d’une brutale explication populaire avec les forces de l’ordre : un casque, une poignée d’uniformes, deux boucliers anti-émeutes marqués "police" en caractères chinois et en lettres latines... Mercredi 13 avril, la photo qui s’étalait à la "une" du South China Morning Post de Hongkong illustrait bien les émeutes de dimanche à Huaxi, un village de la province du Zhejiang, au sud de Shanghaï. Après un mois de protestation pacifique menée par deux cents personnes âgées contre la pollution provoquée par une usine de produits chimiques, plusieurs dizaines de milliers de citoyens, selon des témoins ­ une dizaine de milliers, selon des sources officielles ­, ont affronté, en fin de semaine, plusieurs centaines de policiers.

    Une rumeur selon laquelle deux femmes auraient été tuées, lorsque des policiers ont tenté de démanteler des tentes installées autour de l’usine par les protestataires, aurait provoqué un redoublement de la violence : la foule en colère, les jeunes se joignant désormais aux "vieux", s’est mise à jeter des pierres contre les forces de l’ordre, à les attaquer au couteau, à retourner leurs véhicules. Un policier, cité par l’AFP, raconte que "de partout, depuis des maisons de deux ou trois étages, on nous balançait des pierres sur la figure. On n’avait nulle part où s’enfuir"... Finalement, la police a dû déguerpir et, jeudi matin, elle n’avait toujours pas osé revenir dans Huaxi, se contentant d’en garder les alentours et d’empêcher la presse d’y pénétrer. Une trentaine de personnes ont été hospitalisées, surtout des membres des forces de sécurité.

    Depuis 2001, et la construction de treize unités d’un complexe d’industrie chimique, la colère grondait dans cette petite localité située dans l’une des plus riches provinces de Chine. Selon les habitants, la pollution est désormais telle que plus rien ne pousse dans les champs, forçant les paysans à abandonner leurs activités. "Nous avons protesté auprès des autorités locales, mais nous n’avons jamais eu gain de cause. Un officiel nous a même prévenus que les usines ne seraient pas déplacées même si tout le village en mourait...", a raconté l’un d’eux au quotidien hongkongais.

    La presse officielle n’a pas soufflé mot de cette émeute, emblématique de la poussée croissante de mouvements sociaux dans la Chine en décollage économique, et qui intervient alors que des manifestations antijaponaises ­ tolérées ­ ont eu lieu dans plusieurs villes. Autre accroc à l’"harmonie sociale" avancée par le premier ministre Wen Jiabao, plus de 2 000 militaires en retraite ont manifesté, lundi et mardi, à Pékin, devant les bâtiments du département politique de l’armée, pour protester contre la maigreur de leurs pensions. Encore une manifestation qui n’était pas prévue au programme...

  • Les policiers de Hong Kong armés de matraques ont tiré des coups de semonce aux premières heures mardi après une émeute survenue lors d’une tentative des autorités de disperser des vendeurs à la sauvette le jour du Nouvel an chinois.

    Des images tournées par la télévision montraient un officier en train de pointer son arme en direction de protestataires qui lançaient des briques, des bouteilles et des palettes en bois sur les policiers de l’ancienne colonie britannique.

    Ces incidents survenus à Mongkok, quartier très densément peuplé situé dans la partie continentale de Hong Kong, sont les plus graves depuis les manifestations prodémocratie de l’automne 2014.

    D’après plusieurs médias, la police a tiré au moins deux coups de semonce en l’air.

    Les troubles ont éclaté lorsque les autorités ont tenté de disperser des vendeurs à la sauvette.

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