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Les élections législatives en Grande Bretagne : défaite de la gauche de la bourgeoisie

samedi 9 mai 2015

L’élection législative produit un séisme politique en Grande-Bretagne

Le Parti conservateur a remporté de peu la majorité absolue à l’élection législative britannique de jeudi. Ayant obtenu 331 sièges à Westminster (parlement), il ne sera pas obligé de compter sur le soutien du Parti unioniste démocrate d’Irlande du Nord ou celui des Libéraux-Démocrates, comme certains l’avaient prédit.

Ce résultat ne doit rien à un soutien populaire. Les conservateurs ont obtenu environ 36 pour cent des voix, une légère hausse par rapport à 2010, mais en raison du système uninominal majoritaire à un tour de la Grande-Bretagne, il a gagné 24 sièges.

L’élection a été perdue par le Parti travailliste plutôt que gagnée par les Tories (conservateurs).

C’est en Ecosse que le vote du Parti travailliste est tombé de la façon la plus spectaculaire. Il y a été pratiquement éliminé par le Parti national écossais (SNP). Il n’y a plus qu’un seul député travailliste dans toute l’Ecosse – et juste un conservateur et un libéral-démocrate. Le raz de marée du SNP, qui a gagné 56 sièges contre six en 2010, les a balayé.

Le fort contraste dans les résultats des deux partis est surtout du au fait que le SNP s’est adressé au sentiment anti-austérité, alors que les travaillistes ne l’ont pas fait.

Le chef du Parti travailliste, Ed Miliband avait mis au centre de sa campagne l’argument que son parti était un défenseur plus "sensé" de l’austérité, ce qui permettrait encore une certaine croissance dans des zones très circonscrites. Il a combiné un engagement de "verrouiller la responsabilité budgétaire" à une promesse de sévir contre l’immigration, de défendre l’Union européenne et de maintenir le rôle de la Grande-Bretagne comme puissance militaire de premier plan.

Cela a permis au SNP d’exploiter une hostilité étendue vis-à-vis de Westminster et surtout vis-à-vis du Parti travailliste, et de canaliser ce sentiment derrière son programme nationaliste. En cela, il a été aidé et encouragé par les groupes de la pseudo-gauche comme le Scottish Socialist Party (Parti socialiste écossais) et Solidarity Scotland (Solidarité Ecosse), qui ont appelé à voter SNP.

Le SNP est maintenant le troisième parti à Westminster, ce qui aura des répercussions importantes pour la survie future du Royaume-Uni comme Etat unique. Dans de nombreuses circonscriptions en Ecosse le transfert de voix aux dépens des travaillistes a été bien supérieur à 30 pour cent.

Le taux élevé de participation en Ecosse dissimule un taux national qui sans lui aurait été inférieur à celui de 2010 à l’échelle nationale.

L’élection à coûté leurs postes à trois chefs de parti.

Le Parti travailliste a été décapité. Miliband a démissionné quelques heures seulement après l’annonce des résultats ; l’apport escompté d’un vote de dernière minute en faveur du Parti travailliste ne s’est pas produit. Ed Balls, le ministre fantôme des Finances et Douglas Alexander, le ministre fantôme des Affaires étrangères, ont perdu leurs sièges. Le Parti travailliste a été incapable de compenser ses pertes en Ecosse par des gains significatifs dans des circonscriptions conservatrices disputées et ses résultats ont été mauvais même dans les grandes agglomérations urbaines. Presque 100 sièges le séparent des Tories – son pire résultat depuis 1987.

L’UK Independence Party (UKIP, Parti de l’indépendance du Royaume-Uni) est arrivé troisième avec 13 pour cent du vote. Il a récupéré du soutien tant des conservateurs que du Parti travailliste. Il n’a obtenu qu’un siège à Westminster, bien qu’ayant reçu près de quatre millions de votes, significativement plus que le SNP.

Nigel Farage a démissionné comme chef de file de l’UKIP après avoir échoué dans sa circonscription de Thanet. Le principal bailleur de fonds de l’UKIP, Arron Banks avait appelé à voter pour les conservateurs dans cette circonscription parce que le premier ministre David Cameron avait promis d’organiser d’ici 2017 un référendum sur l’adhésion britannique à l’Union européenne.

Le résultat d’UKIP fait écho au succès du SNP, non pas du fait de ses panacées droitières, mais du point de vue de la dangereuse promotion d’un sentiment nationaliste.

Le dirigeant des libéraux-démocrates, l’ancien vice-premier ministre Nick Clegg, a également démissionné, après que son parti a subi ce qu’il a décrit comme une « nuit cruelle et punitive ». Clegg a réussi de justesse à conserver son siège en raison du vote tactique des conservateurs. Ces derniers ont obtenu la majorité de leurs gains aux dépens d’anciens sièges libéraux-démocrates. Tous les autres libéraux démocrates de premier plan, comme l’ancien ministre des Affaires, Vince Cable, et l’ancien secrétaire en chef du Trésor Danny Alexander, ont perdu leurs sièges – ce qui laisse au groupe parlementaire libéral-démocrate seulement huit députés qui pourraient se rendre à Westminster dans un minibus.

Caroline Lucas reste la seule députée du Parti des Verts, malgré le fait que ce parti a augmenté sa part du vote national en raison de son programme nominalement de « gauche ».

L’élite dirigeante britannique a obtenu le résultat qu’elle recherchait. Pratiquement tous les médias et dirigeants d’entreprises avaient insisté pour dire qu’une majorité conservatrice était nécessaire dans l’intérêt de la « stabilité » des marchés financiers – la seule base qui compte.

Mais c’est là une victoire à la Pyrrhus. Le Parti conservateur dirige un gouvernement qui pourrait présider non seulement à une sortie britannique de l’Union européenne, mais encore à l’éclatement du Royaume-Uni. En outre, il commande le soutien de seulement 22 pour cent de l’électorat – dans des conditions où il s’est engagé à de nouvelles réductions budgétaires féroces qui vont dévaster la vie de millions de personnes.

Le principal message de cette élection est que, pour la grande majorité des gens qui voulaient un changement, celui-ci ne proviendra pas du parlement et certainement pas du Parti travailliste.

Le Parti travailliste est une organisation bureaucratique sans base réelle dans la classe ouvrière et totalement incapable de faire appel aux préoccupations fondamentales de celle-ci. Il n’est pas considéré comme une tendance d’opposition, mais plutôt comme une pâle copie des conservateurs.

Il a déjà réagi à sa défaite en se plaignant de ce qu’il était allé trop loin à gauche et en appelant à retrouver la gloire passée de Tony Blair.

Jamais à aucun moment, l’écart entre les sentiments de la grande masse de la population et les structures de la politique officielle a été aussi grand. C’est seulement là le reflet idéologique du gouffre qui s’est ouvert entre l’oligarchie de super riches, qui dictent la politique de tous les grands partis, et la classe ouvrière.

Cette situation aura des conséquences politiques explosives.

La démocratie parlementaire est dans un état ​​de déliquescence avancée et ne peut être ranimée. La classe ouvrière doit intervenir indépendamment et en défense de ses propres intérêts pour être en mesure de lutter contre la destruction incessante des emplois, le déclin de salaires et des conditions sociales et le danger croissant du militarisme et de la guerre. (...)

Par Chris Marsden et Julie Hyland

WSWS

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