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La lutte et la grève des sans-papiers de Viry-Chatillon

27 octobre 2009, 21:15

Chez ADEC, ça sent l’roussi, mais les travailleurs "sans papiers" ne lâchent rien !

de Jules

Lundi 12 octobre, les ouvriers sans papiers d’ADEC investissent de bonne heure un chantier au 23 rue de la Pérouse dans le 16e arrondissement (métro Klebert). L’accueil est mauvais, les menaces fusent, le propriétaire des lieux parle de résilier le contrat d’ADEC, tandis que le chef de chantier clame qu’ « ADEC ne pourra pas embaucher tout le monde ». Alors que les grévistes tiennent un piquet de grève jour et nuit sur le chantier, les travaux se poursuivent dans l’immeuble. Tous les jours, le chef de chantier vient harceler les grévistes avec un huissier pour obtenir leurs noms. Ces derniers ne plient pas : le droit de grève est inaliénable, même pour les "sans papiers" !

Mardi 20 octobre, un incendie se déclare dans le chantier. Pour tous les grévistes, le feu était volontaire et prémédité : l’huissier qui passait tous les jours n’est pas venu ce jour là, et quand le délégué des grévistes à signalé la fumée noire émanant d’une pièce, le gardien n’a pas tout de suite réagi, attendant plusieurs dizaines de minutes avant d’appeler les secours. Etait-il au courant de la manœuvre ? Devant la volonté et l’organisation infaillible des salariés grévistes, la direction aurait-elle choisi un moyen moins conventionnel pour briser cette occupation ?

Les pompiers doivent intervenir pour maitriser l’incendie devenu important. La police en profite pour expulser les sans papiers du chantier : un travailleur sera frappé tandis qu’un autre sera emmené à l’hôpital à cause des gaz lacrymogènes … Devant la résistance des ouvriers en grève, les policiers leur promettent qu’ils pourront réintégrer le lieu après l’intervention des secours. Mais il ne faut jamais faire confiance aux forces de l’ordre, qui, dès que les salariés ont posé le pied sur le trottoir, ont laissé le patron ordonner qu’on ferme la porte principale avec un cadenas. C’est sans compter sur la détermination et le courage des travailleurs sans papiers qui parvinrent à réoccuper les lieux en passant par les fenêtres du bâtiment.

La nuit tombe sur le chantier occupé. L’électricité ayant été coupée sur le lieu d’occupation, l’obscurité commence à envahir la pièce qui sert maintenant d’entrée et de salle à manger, dans laquelle les soixante camarades préparent la cuisine et mangent ensemble. Des petites lanternes éclairent faiblement et seulement à certains endroits l’immeuble en chantier. Pour atteindre le dortoir improvisé on doit passer par la salle à manger collective encombrée de divers ustensiles, et traverser un couloir, salle de prière de fortune sombre et silencieuse dans laquelle certains prient et méditent, profitant du calme y régnant. Dans la « salle de couchage », des dizaines de matelas et de duvets s’alignent. Les grévistes se relaient pour monter la garde dehors : nous ne sommes pas à l’abri d’un autre mauvais coup du patronnât. Malgré le froid, les mauvaises conditions d’installation, le stress provoqué par la lutte, et la nostalgie de la famille « restée au pays », les travailleurs ne perdent pas leur sens de l’humour. Les éclats de rire fusent, les sourires persistent, l’espoir est là, l’esprit combatif demeure, et c’est déjà une victoire en soi. Une victoire contre la politique démagogue du gouvernement, une victoire contre l’exploitation infligée par leurs patrons. Leur rigueur dans l’organisation est frappante, « une armée en campagne » comme dirait l’un des cgtiste présent en renfort sur les lieux. Une armée qui se bat pour la justice et la liberté de circuler.

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