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Quelle était la raison du génocide rwandais ? Pour les classes dirigeantes rwandaises ? Et pour l’impérialisme français ?

15 avril 2014, 18:07, par Robert Paris

Le 6 avril 1994, avec la destruction de l’avion portant le président rwandais, a commencé le génocide des Tutsis, l’élimination systématique d’un groupe sur des bases raciales, l’un des plus grands massacres de l’Histoire. Celui-ci n’a aucun fondement traditionnel ni ethnique contrairement à ce qui a été prétendu : c’est la mise en place d’un pouvoir fasciste au Rwanda et il n’a pas été voulu par la population mais par les classes dirigeantes rwandaises et réalisé sous l’égide directe de la France de Mitterrand et Léotard.

Beaucoup de Français ne parviennent pas à admettre que la France ait pu jouer le rôle de pourvoyeur du fascisme puisqu’en France même les classes dirigeantes et les hommes politiques de droite et de gauche alors au pouvoir n’ont pas eu une politique fasciste ! Vision à courte vue : toutes les classes dirigeantes du monde ont accueilli avec soulagement l’arrivée au pouvoir d’Hitler en Allemagne en janvier 1933 alors qu’elles n’en étaient pas encore à la souhaiter pour la plupart dans leur propre pays. Elles ont estimé que le risque qu’Hitler lance la guerre mondiale était moins important que le risque que représentait le prolétariat allemand, risque de début d’une révolution communiste mondiale menant à la fin de l’isolement de la révolution russe.

Bien sûr, il n’y a pas qu’un aveuglement provenant de l’ignorance communément partagée de ce qu’est la réalité du fascisme. Admettre le rôle de la France au Rwanda, c’est détruire toutes les croyances sur l’Etat français et la « démocratie » française qui fondent l’image que les gens ont de « leur pays ».

Pourtant l’incroyable est vrai. Il n’y a là aucune exagération : l’Etat français a bel et bien organisé, planifié, armé, financé les génocidaires fascistes depuis l’Elysée, avec la caution de la gauche et de la droite. Et cette action a toujours la caution de la gauche et de la droite puisqu’on trouve au bas du rapport Quilès qui blanchit la France au Rwanda les signatures du PS mais aussi de Buffet pour le PCF aussi bien que de Voynet pour les Verts ou de la droite.

Mais le grand organisateur demeure Mitterrand qui, président de la République, chef des armées, décideur de la diplomatie française, commandant aux ambassadeurs, a planifié l’action depuis la « cellule spéciale de l’Elysée pour le Rwanda ».

Là encore, on trouve la plus grande incrédulité des gens : pourquoi aurait-il fait cela, il n’y a pas de pétrole au Rwanda ! Le phénomène « fascisme » est largement inconnu du grand public même si chacun a entendu parler d’Hitler, de Mussolini et de Franco ou encore de Pinochet. Pour la plupart, c’est idéologique, on est pour la démocratie ou pour le fascisme. Ils n’imaginent nullement que cela ait un quelconque rapport avec la lutte des classes, avec la menace que représenterait le prolétariat révolutionnaire puisque les prolétaires eux-mêmes ne se voient pas comme une telle force de transformation de la société. Ils croient que les démocraties se sont opposées au fascisme et que c’est même la cause de la dernière guerre mondiale. En réalité, quand Hitler a pris le pouvoir, il l’a fait avec leur aval. Si une seule puissance impérialiste l’avait voulu, elle l’aurait immédiatement renversé car l’Allemagne nazie à sa naissance ne disposait d’aucune armée sérieuse, les accords de l’après première guerre mondiale ayant réduit celle-ci à la portion congrue. Le fascisme est bel et bien une transformation interne du mode de domination bourgeoise qui passe à un nouveau degré d’oppression et d’exploitation et ce n’est pas un nouvel Etat. L’Etat allemand n’a pas changé sous Hitler et n’a pas tellement eu à changer les lois du pays, seulement à les appliquer ! La collaboration avec les partis et syndicats ouvriers réformistes s’est transformée en leur destruction systématique et toute forme d’organisation des travailleurs a été abolie. La destruction des Juifs elle-même reposait sur la question de la révolution prolétarienne en Europe. La population juive de l’Europe de l’Est et de Russie subissait une oppression particulière qui l’avait rendue sensible à la vague révolutionnaire qui avait parcouru l’Europe après la première guerre mondiale. Les classes dirigeantes du monde s’étaient fait la remarque que ces Juifs de Pologne ou de Hongrie étaient une gêne considérable avec la nouvelle déstabilisation à prévoir avec la crise de 1929. Hitler était loin d’être le seul à penser qu’il valait mieux se débarrasser des Juifs. Les bourgeoisies occidentales pensaient la même chose et Staline aussi ! Quant au mythe de la démocratie contre le fascisme, c’est l’inverse qui est vrai : c’est la démocratie bourgeoise qui s’est partout livrée au fascisme, en Italie comme en Allemagne, en France ou en Espagne, sans parler du Chili.

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